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13 mai 2024 1 13 /05 /mai /2024 08:42

Capacité des batteries des VEB et bornes de recharge, la course à l'échalote.

13 Mai 2024

Comme rappelé dans les articles précédents, les technologies actuelles de batteries de VEB ne permettent pas d'offrir les qualités attendues par le marché de masse tel qu'il est prévu dès 2035.

( Ou plutôt « imposé » par Bruxelles ).

Les points faibles des batteries actuelles sont le coût, la capacité, le poids, les performances, et la sûreté de fonctionnement.

Donc du pain sur la planche pour les bureaux d'études, qui ont bien réalisé que les premiers qui trouveront le saint Graal seront maîtres du marché.

Le problème est simple ( à énoncer, pas à résoudre...).

On entend parfois le raisonnement lénifiant suivant :

Pour circuler pépère, dans la moyenne des usagers, c'est-à-dire 30 km par jour ( les fameux 12 000 km par an des statistiques ) une batterie de 20 kWh utiles est amplement suffisante.

Hélas cet usager moyen n'existe pas, il n'est qu'une entité mathématique sans consistance, comme bien souvent dans ce genre de statistique.

( Pour être honnête, il faut préciser qu'il y a bien un marché pour ce type de voiture, mais il est trop faible pour servir de base à une stratégie...)

L'usager de chair et d'os a des besoins de déplacements dont chacun peut évoluer d'un jour à l'autre entre 0 et 800 km, voire davantage.

Idem pour le kilométrage annuel, qui pourra varier, d'un usager à l'autre, entre moins de 5000 km et plus de 100 000 km.

Pour être accepté spontanément comme substitut du véhicule thermique, Le VEB devra donc offrir plus ou moins les mêmes services, entre autres une grande autonomie* et un ravitaillement aisé et rapide, et si possible pour un prix comparable.

* L'autonomie des voitures n'a jamais posé de problème aux usagers jusqu'à présent, il serait fâcheux qu'avec le VEB elle devienne une préoccupation permanente.

Qu'en est-il des points faibles des batteries actuelles ?

Le coût.

Compte tenu des frais déjà imposés aux consommateurs dans le cadre de la transition énergétique et de l'évolution du prix des énergies, y compris l'électricité, le surcoût du VEB par rapport au thermique doit demeurer gérable ( C'est une évidence, mais que certains ont du mal à admettre, qui proposent des voitures, dites de gamme moyenne, à 40 000 euros...).

Les différences importantes entre une voiture électrique et une thermique sont la motorisation, la batterie, le bloc onduleur et gestion de la charge, le renforcement du châssis pour le support et la protection de la batterie. D'autre modifications sont nécessaires pour améliorer la pénétration dans l'air, réduire les frottements, renforcer l'isolation thermique, et ajouter une pompe à chaleur.

Tout cela pour remplacer une motorisation thermique : Moteur, boîte, radiateur, échappement.

La plus grande partie du surcoût du VEB est due à la batterie elle-même, mais aussi à l'ensemble des modifications rendues nécessaires pour accueillir cette batterie très lourde et fragile, et pour atténuer les inconvénients liés à sa « faible » capacité.

Les coûts actuels des VEB ne sont pas représentatifs des coûts futurs de la grande série et doivent être en partie compensés par des subventions conditionnelles.

Le difficile challenge des constructeurs de VEB consiste à se passer des subventions tout en améliorant les performances des batteries, sans très bien savoir de quelles batteries nous aurons réellement besoin en 2035.

( Entre la petite batterie de 20 kWh que l'on recharge tous les jours et le monstre de 150 kWh pour faire Paris-Nice sans recharger, le choix est vaste et encore incertain.

Cette incertitude sur le besoin réel se complique de l'impossibilité de changer d'option de batterie en cas de besoin car la voiture est construite autour de sa batterie.

La capacité de la batterie.

Pour obtenir la même commodité d'emploi que les modèles thermiques, la voiture électrique doit améliorer significativement son autonomie.

Selon ce critère, l'objectif souhaitable pour l'autonomie est de 5 à 600 km REELS sur autoroute à 130 km/h, ce qui correspond à une dépense énergétique d'environ 100 à 120 kWh pour une voiture de gamme moyenne, et donc à une batterie de l'ordre de 150 kWh.

Aujourd'hui la valeur « classique » est de 50 kWh. Difficile de faire mieux à cause du poids et du coût.

Il faudrait donc gagner un facteur trois, sans éclater le coût et sans dépasser les 300 kg !

(Bien sûr, on peut toujours essayer d'imposer aux clients des performances dégradées, mais le pari serait très risqué, car les concurrents d'en face ne restent pas les deux pieds dans le même sabot, et ont bien compris que cette histoire de voiture électrique était une formidable opportunité pour leur permettre de porter l'estocade aux concurrents européens...).

Les performances de la batterie.

Sur une voiture électrique, la puissance est celle de la batterie, à condition bien sûr que le moteur associé soit apte à transmettre cette puissance aux roues avec un bon rendement énergétique, ce qui est le point fort des moteurs électriques, qui échappent aux lois de la thermodynamique.

(A condition d'utiliser de l'électricité verte, mais sommes-nous assurés d'avoir 100% d'électricité verte en 2035 ?)

La puissance délivrée par la batterie est égale au produit de la tension par le courant.

Actuellement la tension est normalisée autour de 400 V sur les modèles de gamme moyenne, souvent même 370 V..

Mais quel est le courant maximum que peut fournir une batterie ?

Le courant maximum est celui à partir duquel la batterie commence à se détériorer. Il dépend au premier chef de la qualité de fabrication, et du temps de passage du courant.

La détérioration se traduit au mieux par une chute du SOH ( State Of Health ) et une augmentation de la résistance interne, une baisse du cyclage ( durée de vie de la batterie ), et au pire par une perte de capacité, un emballement thermique et/ou un court-circuit interne, suivi d'un incendie.

Les fabricants de batteries spécifient une valeur de régime de courant max de référence exprimée en général par rapport à la capacité C. ( la quantité d'énergie que la batterie peut stocker ).

Le régime 1C correspond à un courant qui décharge la batterie en 1 heure.

2C pour une demi-heure, 3C pour vingt minutes, etc...

( Les « bonnes » batteries admettent des régimes 3C, voire plus, mais c'est un peu tiré par les cheveux et risqué...).

Une batterie qui serait sollicitée au-delà de la valeur max spécifiée perdrait sa garantie...

( L'historique de la charge imposée à la batterie est mémorisé par le BMS...).

Les batteries de 50 kWh actuellement montées sur les VEB de gamme moyenne sont spécifiées pour le régime 2C, soit une puissance de 100 kW max, qui correspond à un courant de 250A pour une batterie de 400 V.

Une telle batterie peut donc être chargée avec une puissance max de 100 kW, et alimenter un moteur de 135 CV* ( 1 cheval = 736 W ).

*( Cette puissance, relativement confortable, n'est disponible que durant 45 minutes environ, au terme desquelles la batterie est pratiquement vidée ( en dessous des 10% de charge ). Encore une différence à l'avantage du thermique, qui peut de rouler « plein pot » beaucoup plus longtemps...)

Rouler « plein pot » est très fortement déconseillé sur une voiture électrique équipée d'une batterie de 50 kWh, pour plusieurs raisons :

- Comme montré ci-dessus, la batterie se vide en 45 minutes, ce qui fait désordre.

- A cause de l'absence de boîte de vitesses, le régime moteur atteint des valeurs extrêmes pour lesquelles le rendement est très mauvais, la consommation aussi. On peut alors consommer 25 à 30 kWh/100 km !

- Le moteur chauffe, la batterie aussi, le pire est à craindre.

- Pour des raisons commerciales, certains constructeurs annoncent des vitesses max dépassant de beaucoup les 130 km/h. Un conseil, méfiez-vous, tout le monde ne monte pas des roulements spécifiés à 18 000* tours/mn...).

* Limite actuelle pour ce type de roulement qui concerne le moteur et le convertisseur.

Notre batterie de 50 kWh pourra donc être chargée au régime 2C par une borne capable de délivrer 100 kW.

( La borne de charge est informée de cette valeur limite par le circuit de communication entre le BMS et la borne, et limitera d'elle-même la puissance à 100 kW, même si elle est capable d'en fournir davantage.

Les recommandations de la commission européenne imposent au moins une borne 150 kW dans chaque station établie sur l'itinéraire RTE-T.

Brancher une batterie spécifiée 100 kW sur une borne de 300 kW n'aurait aucun sens car la borne refuserait et limiterait d'elle-même la puissance à 100 kW ).

Pour raccourcir le temps de charge, il faut donc développer des technologies de batteries capables de supporter des régimes de charge/décharge supérieurs à 2C.

C'est le cas sur certains modèles haut de gamme, qui annoncent des valeurs jusqu'à 4C, mais le prix est en proportion....inaccessible aux gammes moyennes aujourd'hui, et très risqué. 

( La prochaine génération de batteries au Lithium, dite « à l'état solide », devrait améliorer ce facteur, son introduction est planifiée pour « demain matin », et sa généralisation dépendra des résultats et du coût. Il vaut mieux ne pas trop compter sur elle avant 2028, du moins dans la gamme moyenne...).

L'augmentation de la capacité de batterie, à tension constante, permet d'augmenter l'autonomie du véhicule, mais aussi le courant maximum disponible pour le même régime :

Une capacité de 50kWh peut fournir une puissance de 100 kW en régime 2C.

Si la capacité est de 100 kWh, la puissance disponible en régime 2C passe à 200 kW.

Dans le premier cas la puissance disponible est de 135 CV, dans le second cas elle passe à 270 CV.

Cette augmentation spectaculaire peut être utilisée de deux façons par les constructeurs:

Soit pour augmenter l'autonomie, en conservant un moteur de 135 CV.
Soit en doublant la puissance du moteur pour
surclasser la voiture, au détriment de l'augmentation de l'autonomie.

Une voiture de 270 CV se vendra toujours (beaucoup) plus cher qu'une de 135 CV.

Certes, l'autonomie sera un peu augmentée, mais certainement pas doublée...

L'augmentation de la capacité d'une batterie entraîne évidemment une augmentation du courant disponible, et donc des besoins en Cuivre d'une part, et des problèmes de refroidissement d'autre part ( effet Joule ).

Aujourd'hui, l'augmentation des capacités de batterie est surtout utilisée pour augmenter la puissance des voitures et donc passer dans une gamme supérieure plus rentable commercialement.

Mais on peut « imaginer » que dans l'avenir ces grandes capacités serviront à augmenter l'autonomie, en conservant des valeurs de courant raisonnables.

Mais il restera le problème de la recharge.

Pour recharger une batterie de 150 kWh de 10% à 80% en mode 4C et en moins de 15 minutes, il faut un courant de 375 A en 400V.

Pour éviter ces courants très élevés, gros consommateurs de Cuivre ( effet Joule ), il a été décidé de créer une catégorie de motorisations portée à 800 V.

( Encore très peu répandu aujourd'hui sur les VEB )

Pour le moment cette catégorie ne concerne que le très haut de gamme, le « reste » demeure à la tension actuelle de 400 V.

Le passage à 800 V entraîne des problèmes de surcoût au niveau des semiconducteurs, de l'isolation des composants passifs, des bobinages, des roulements du moteur, et de la sécurité en général.

Cette migration est déjà réalisée sur certains modèles haut de gamme, avec plus ou moins de bonheur...Et il faut trouver des bornes de 800 V pour recharger...

La réduction du temps de charge entraîne l'augmentation du courant de charge, qui lui-même entraîne un échauffement de la batterie et donc une dépense énergétique qui doit être évacuée par un système de climatisation. L'énergie « utile » stockée par les cellules est donc inférieure à l'énergie pompée à la borne. Le rapport des deux est le « rendement de charge ».

Il existe de même un « rendement de décharge », qui affecte le rendement énergétique global. A fort régime d'utilisation on peut ainsi perdre quelques pourcents sur le rendement global, selon la qualité de la batterie..

( Le rendement énergétique global d'une voiture électrique n'est pas de 95% comme on le lit parfois ici et là, mais plutôt de 60 à 70% si l'on tient compte de ces pertes au niveau batterie, et au niveau de l'onduleur ).

Le temps de recharge.

On parle ici de la recharge rapide sur les bornes de puissance, celles que l'on est supposé pratiquer sur les aires d'autoroutes... Mais pas dans son garage évidemment.

Le temps de recharge minimum d'une batterie est défini par sa capacité en kWh et par son régime de charge spécifié par le fournisseur de batterie.

Une charge rapide s'effectue généralement entre 10% et 80% de la capacité de la batterie branchée.

Les 10% sont la limite basse que les fabricants de batteries conseillent de respecter en régime de charge rapide.

Les 80% sont la valeur au-dessus de laquelle le courant de charge doit baisser progressivement jusqu'à zéro( pleine charge ), étape qui peut durer des heures et n'est pas du tout compatible avec la notion de charge rapide, ni avec l'impatience des clients qui attendent que la borne soit libérée....

( Cet exercice est effectué sous le contrôle du BMS de la voiture et du logiciel de la borne elle-même. La borne lit d'abord le SOC sur le BMS ( Battery Management System ) de la voiture, et décide si elle est éligible à la charge rapide. Si le SOC indique moins de 10%, la charge rapide peut (doit être) refusée, il faut alors passer sur une autre borne pour une charge « normale ».

La charge rapide peut être également refusée pour d'autres raisons : batterie trop chaude, ou trop froide, trop vieille, en trop mauvais état ( SOH), tension suspecte, etc...

Si la voiture est acceptée, la borne envoie le courant correspondant à la valeur indiquée par le BMS ( régime de charge xC ) dans les limites de ses propres possibilités de puissance !!. La charge s'arrête lorsque l'énergie emmagasinée par la batterie atteint 80% de sa valeur max spécifiée par le BMS.

Une station de charge possède normalement plusieurs bornes de charge. Cette station a souscrit auprès du fournisseur d'énergie électrique un contrat de puissance max, cette puissance est répartie entre les différentes bornes. En cas d'affluence il peut alors être nécessaire de réduire la puissance de certaines bornes, selon les besoins.

En cas d'affluence, on peut avoir la surprise de constater qu'une borne rapide n'accepte de fournir que 30 ou 50 kW...Tout cela est décidé par le logiciel de la compagnie qui gère les bornes, et les tarifs.

Une batterie de 50 kWh spécifiée en régime 2C recevra donc 70% de 50 kWh, soit 35 kWh, en un temps de 20 minutes sur une borne rapide capable de lui fournir 100 kW.

Entre deux recharges semblables, l'autonomie sur autoroute sera donc de 200 km environ, à une allure raisonnable, consommant environ 17 kWh aux 100 km.

( C'est une moyenne évidemment ).

Il n'est pas dramatique de devoir s'arrêter tout les 200 km pour récupérer 35 kWh en 20 minutes !

A condition d'accepter de rallonger d'une bonne heure* le temps de trajet sur un parcours de 600 km.

* ( Temps passé pour réaliser au moins trois recharges de 20 minutes sur bornes rapides capables de délivrer 100 kW . Sans compter les éventuels temps d'attente dus au « queuing ».

On ne sait pas si les usagers accepteront cette contrainte, ou s'ils attendront 2035, (ou 2040 ?) en espérant que les batteries auront évolué vers les 100 kWh, même dans la gamme moyenne.

Il existe une rengaine autour de la possibilité de recharger une batterie en cinq minutes !

Il faudrait pour cela utiliser un régime de charge de 12 C, ce qu'aucune batterie n'est capable de supporter sans exploser dans les trois minutes !

De toutes façons la puissance requise n'est disponible sur aucune borne à ce jour.

( Pour recharger en 5 minutes une batterie de 100 kWh il faudrait une borne de 1,2 Megawatt , ce qui est absurde).

De telles annonces polluent les médias et sont de nature à jeter le trouble dans l'esprit des futurs acheteurs, et les inciter a reporter leur achat puisque demain on rasera gratis...

La technologie actuelle permet d'utiliser le régime charge/décharge de 3C avec des précautions particulières. Ce régime permet une recharge 10%-80% en 15 minutes environ, à condition évidement de trouver une borne capable de délivrer la puissance requise, 150 kW pour une batterie de 50 kWh, et 350 kW pour une batterie de 100 kWh.

Des bornes de 350 kW existent sur certains itinéraires, qui permettent de recharger en 90 minutes des grosses batteries de camions...Jusqu'à 500 kWh.

La sécurité.

Les batteries au Lithium actuelles sont des objets fragiles qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu.

La température est optimale entre +20°C et +40 °C.

Le maximum est autour de 60°C, et le minimum autour de – 10 °C.

Au-delà de 60°C, les cellules se détériorent, et un emballement thermique peut se produire, avec incendie.

En dessous de – 10°C, les performances sont très dérériorées, et la batterie peut refuser tout service.

C'est évidemment très inconfortable pour un objet soumis à toutes les conditions climatiques possibles et à toutes les causes internes de réchauffement dues à l'usage normal de la batterie, dont les éléments chauffent en usage normal, avec des écarts différentiels qui ne doivent pas dépasser certaines limites.

La batterie est ainsi une sorte d'usine à gaz dont la gestion est confiée au BMS (Battery Management System ) dont le rôle est de surveiller chaque élément afin que l'ensemble demeure dans des conditions de fonctionnement sûres.

La gestion de température est l'un des points essentiels.

La batterie est équipée d'un système de climatisation plus ou moins sophistiqué selon la classe de la voiture et des conditions d'utilisations tolérées par le cahier des charges.

Ainsi les batteries actuelles supportent très mal les températures extrêmes estivales ou hivernales, qui peuvent diminuer sérieusement la disponibilité et les conditions de recharge.

Une borne de charge rapide refusera de charger une batterie trop froide ou trop chaude. Il faudra donc préalablement la réchauffer, ou la refroidir, grâce au climatiseur de batterie présent dans toute voiture électrique bien élevée ( du moins on l'espère ).

A condition qu'il reste assez d'énergie dans la batterie .

Ne jamais laisser une voiture électrique coucher dehors en hiver avec une batterie presque vide.

Même si la batterie est bien chargée, une voiture électrique n'aiment pas coucher dehors en hiver, et peut le faire savoir en bridant la puissance durant un petit quart d'heure, le temps de se réchauffer elle-même avant de consentir à « lâcher » les chevaux.

Question de savoir vivre... en voiture électrique.

Toutes améliorations technologiques qui pourraient améliorer ces points seraient bien venues.

A voir lorsque la batterie « solid state » arrivera sur le marché...

Toutes ces petites tracasseries devraient normalement disparaître avec les prochaines technologies de batteries, qui devraient arriver dans nos voitures dans trois à cinq ans, ou pas...

Le poids.

La batterie de 50 kWh d'une voiture électrique actuelle induit un surpoids considérable :

La batterie elle-même, son logement, qui doit résister aux agressions que l'on peut imaginer au cours d'un « crash test », et les renforcements du châssis de la voiture pour la protection contre les chocs, des suspensions qui doit supporter ce surpoids et des pneumatiques évidemment ainsi que des freins plus puissants.

Ce surpoids représente le poids de trois ou quatre passagers, ce qui pénalise le rendement énergétique et accroît le coût de fabrication.

Il devient incompatible avec la notion de gamme moyenne, et constitue le principal obstacle à l'augmentation de capacité dans la technologie actuelle.

L'amélioration significative de ces cinq points est la condition de la généralisation de la propulsion électrique souhaitée par Bruxelles.

Certes, les progrès dans ces domaines de haute technologie ne se décrètent pas, mais le diktat du Parlement Européen aura peut-être pour résultat l'accroissement des moyens donnés à la filière pour booster les technologies de pointe dans le domaine, mais aussi le volontarisme des Etats dans les prises de décisions pour les investissements dans les nouvelles filières, notamment les « giga factories » dont on parle beaucoup mais qui tardent à sortir de terre.

Faute de quoi l'ukase de 2035 n'aura servi qu'à ouvrir un peu plus le marché européen à des « amis » qui n'en demandaient pas tant...

 

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7 mai 2024 2 07 /05 /mai /2024 10:36

Voiture électrique, le dilemme de la batterie.

7 Mai 2024

La voiture électrique tire son énergie de la batterie embarquée.

Mais de quelle quantité d'énergie a-t-elle besoin ?

Comme disait feu Fernand Raynaud à propos du temps de refroidissement du fût du canon, çà dépend...

Selon le poids de la voiture, sa vitesse, les performances aérodynamiques, le Cx (Gabarit), la façon de conduire, la vitesse du vent, la déclivité de la route, la qualité des pneumatiques, l'utilisation, ou pas, des accessoires ( Climatisation surtout ), l'utilisation ou pas de la récupération d'énergie au freinage, la présence, ou pas, d'un coffre de toit ou d'une remorque, et bien entendu le rendement énergétique du moteur, de l'onduleur, de la transmission, et de la batterie elle-même, le tout dépendant de la qualité de fabrication, le besoin énergétique pourra varier entre 10 kWh/100 km et plus de 25 kWh/ 100 km.

Et ceci pour la même voiture évidemment ; il s'agit ici d'un modèle de gamme moyenne.

( Cette grande dépendance de la consommation d'un VEB à toutes les conditions d'utilisation est la rançon de l'excellent rendement de la motorisation électrique. Le rendement est en effet élevé et relativement constant dans toute la gamme d'utilisation ; l'énergie consommée est alors directement proportionnelle à l'énergie demandée, donc très variable..

Dans un moteur thermique le rendement est très variable selon le régime et le remplissage des cylindres. Le moteur est conçu pour avoir un bon rendement aux allures de forte demande de puissance, au prix d'un rendement plus faible aux allures intermédiaires.Les variations de consommation sont ainsi contenues dans une fourchette de 30 à 40%, alors qu'elles atteignent plus de 150% sur un VEB).

Une voiture thermique de gamme moyenne consomme environ 7L/100 km ; un réservoir en tôle de 60 L lui confère une autonomie d'environ 800 km.

Pour avoir une autonomie équivalente avec une motorisation électrique, il faudrait donc une batterie de 150 à 200 kWh.

Les technologies actuelles des batteries ne le permettent pas* dans la classe des voitures de gamme moyenne, qui représentent la majorité des cas.

*( Trop lourdes, trop chères, trop encombrantes ).

D'autre part, pour éviter des courants de charge déraisonnables avec les pertes Joule associées, il faut travailler en haute tension ( 800V au lieu de 400V ), et disposer de bornes de charge de haute puissance ( 3 à 400 kW ).

De tels modèles existent sur le marché, offrant des puissances indécentes* et à des prix qui les éloignent définitivement de la gamme moyenne.

* ( La puissance d'une voiture électrique est celle de sa batterie. Une batterie de 200 kWh en régime 3C peut délivrer 600 kW ( 800 CV ) si on lui accole une motorisation capable de les utiliser... Dans ces cas on utilise plutôt deux moteurs, l'un à l'avant, l'autre à l 'arrière...).

Le kilométrage annuel moyen des VPL en France est de 12 000 km, soit 33 km par jour.

Ces chiffres peuvent laisser penser que, pour une voiture utilisée journellement en agglomération, en trajet-travail, et rechargée le soir au domicile, ou dans la journée sur une borne de parking, une batterie de 20 kWh est largement suffisante.

Mais, si certains n'utilisent la voiture que pour des courts trajets, et prennent le train ou l'avion pour les déplacements plus importants, d'autres utilisent le même véhicule pour tous leurs déplacements, même de plusieurs centaines de km.

Si certains disposent de bornes de recharge à domicile ou sur leur lieu de travail, d'autres doivent « galérer » pour faire le plein de kWh.

Il existe donc de grandes disparités dans les modes d'usage du VEB, et un automobiliste donné peut passer ( veut pouvoir passer ) d'un mode à l'autre selon ses besoins professionnels ou particuliers du moment.

Le VEB à « petite » batterie se voit ainsi cantonné dans le rôle de seconde voiture, ce qui est en soi un marché significatif, mais réservé à une clientèle relativement « aisée », qui l'appréciera en particulier pour circuler dans un environnement ZFE.

Le coût et le poids des batteries actuelles augmentent avec la capacité d'une manière non linéaire ( Au surcoût de la batterie il faut ajouter les surcoûts liés aux renforcements des structures de sécurité associées, à l'accroissement du poids du véhicule nécessitant le renforcement des suspensions et des amortisseurs, de la rigidité du chassis, etc...).

Aujourd'hui le compromis coût-performances conduit à utiliser des batteries de 50 kWh pour les véhicules de gamme moyenne.

Ces véhicules ont une autonomie réelle de l'ordre de 300 km en usage courant, et moins de 200 km sur autoroute.

Ce qui est considérablement inférieur à l'autonomie des véhicules à pétrole, et surtout pose le problème de l'usage de ces véhicules sur autoroute.

Soixante-quinze années d'accoutumance à la voiture thermique ont fait de la voiture à pétrole un objet multi-usages apte à accompagner les enfants à l'école, se rendre au travail, ou partir en vacances et parcourir quelques milliers de kilomètres, ou monter à la station de ski.

«  Faire le plein » est une formalité qui n'a jamais fait débat, sinon à propos du prix du litre de carburant.

Et voici qu'aujourd'hui, au début du troisième millénaire, il nous faut renoncer à cette tranquillité d'esprit, et faire de « l'autonomie restante » de la voiture notre préoccupation essentielle, et de la recherche d'une borne de charge compatible et disponible une sorte de jeu de piste pour enfants attardés.

Car, en 2024, nous en sommes arrivés là.

Et il nous faudra faire avec, jusqu'à nouvel ordre* en tout cas...

*( Certains esprits frondeurs militent en faveur d'autres systèmes de propulsion pour nos bagnoles ; il est question de biocarburants, de e-fuels, d'Hydrogène, de turbines, de piles à combustibles, qui pourraient venir compléter, ou remplacer, ce système à batterie décidément très encombrant...

Quant au système hybride, il contient dans son concept sa propre contradiction, et son coût l'exclut de la gamme moyenne...Pour le moment ).

En utilisation trajet-travail journalier la voiture électrique est parfaite, pour peu que la recharge au domicile soit possible et/ou que le réseau de bornes publiques soit convenable. Le temps de trajet est alors surtout une affaire de densité du trafic.

Mais, pour les usages autoroutiers, le temps de trajet est important, c'est même la raison d'être des autoroutes...payantes...

Une voiture électrique consomme alors environ 20 kWh/100 km à une vitesse voisinant les 130 km/h. ( Les « vrais » chiffres sont même souvent très supérieurs à 20 kWh …).

Pour récupérer cette quantité d'énergie il faudra donc une heure sur une borne de 20kW, ou une demi-heure sur une borne de 40 kW.

L'impact sur le temps de trajet est donc considérable, le temps gagné grâce à la vitesse est perdu à la borne de charge.

Pour une trajet effectif de une heure à 130 km/h, il faut ainsi dépenser 26 kWh, qui seront récupérés en une demi-heure à une borne de 50 kW. Le temps de trajet est augmenté de 50% .

Or, on prend l'autoroute pour gagner du temps, pas pour en perdre.

( Notons que les bornes de 50 kW sont déjà considérées comme des bornes « rapides »).

Cette absurdité n'a pas échappé aux concepteurs du système, qui on rendu obligatoire l'implantation de bornes de 150 kW sur les stations d'autoroutes sur le réseau RTE-T européen.

La récupération des 26 kWh s'effectue alors en 11 minutes, ce qui est raisonnable*.

A condition que la borne soit disponible au moment voulu... et que la batterie soit spécifiée* pour accepter 150 kW, ce qui n'est pas le cas des batteries de 50 kWh de certaines voitures actuelles de gamme moyenne .

( Il faut rappeler ici qu'une batterie ne supporte pas n'importe quel régime de charge ; ce régime max s'exprime par rapport à la capacité C de la batterie.

Si le courant est trop élevé pour une technologie donnée, il se produit des dégâts internes qui peuvent conduire à une perte de capacité, la destruction de certains éléments, des court-circuits internes, voire même un emballement thermique et un incendie.

Les batteries au Lithium des voitures de gamme moyenne actuelles ont un régime de charge limité à 2C environ, soit 100 kW max pour une batterie de 50 kWh.

Donc inutile de se brancher sur une borne de 150 kW, la borne limitera automatiquement la puissance à 100 kW ! Cette limite est transmise par le BMS à la borne via le câble de branchement.

Notons qu'une borne de charge bien élevée limitera d'elle-même le courant de charge pour des raisons de sécurité,notamment si la température de la batterie est déjà élevée, ou trop basse !

Pour augmenter l'autonomie des voitures électriques, certains ont proposé de réduire la vitesse max sur autoroute à 100 ou 110 km/h.

Techniquement la consommation d'énergie des véhicules serait réduite, mais sans résoudre radicalement le problème ( le « gain » serait inférieur à 20% ), et surtout les usagers n'accepteraient pas de payer pour un service qu'ils peuvent avoir gratuitement sur les routes nationales et d'autre part les exploitants d'autoroutes n'accepteraient pas de renoncer à leurs revenus ( ! ).

La solution n'est donc pas de ce côté.

Sur autoroute il est conseillé de s'arrêter à la borne rapide lorsque la batterie est au niveau de capacité de l'ordre de 20%. La distance alors parcourue dépend évidemment de la capacité de cette batterie.

( Le nombre de cycles charge/décharge supporté par une batterie actuelle ( cyclage ) est optimal lorsque le cycle est contenu dans les limites 20%- 80% .Si l'on abuse des charges rapides profondes, il se produit une perte de capacité prématurée ).

Les bornes de charge rapide ne délivrent toute leur puissance que jusqu'à un niveau de 80% de la capacité de la batterie. Sur autoroute, la batterie travaille donc entre 20% et 80% de sa capacité.

Pour une autonomie décente, environ 300 km sur autoroute, il faut donc une batterie de 100 kWh environ.

( 60 kWh « utiles » entre 20% et 80% de 100 kWh ).

Aujourd'hui les batteries de 100 kWh sont encore beaucoup trop lourdes et beaucoup trop chères pour équiper les véhicule de gamme moyenne. On ne les trouve que sur certains modèles haut de gamme.

La « norme » actuelle se situe plutôt sur des batteries de 50 kWh, avec un régime de charge maximum de 2C , donc 100 kW max , et une autonomie autoroutière de 30 kWh ( 20% à 80%), soit moins de 200 km sur autoroute.

Ces résultats montrent clairement qu'un effort de recherche et développement très important est encore nécessaire pour améliorer les performances des batteries au niveau prix, poids, et performances, et aussi sur la sécurité, qui est un autre problème lui aussi préoccupant.

(Le marché mondial de l'automobile électrique risque fort de passer sous le contrôle de ceux qui auront le savoir-faire dans la chimie des batteries modernes, et qui contrôleront l'accès aux sources et au traitement des matériaux de base nécessaires.

Ce dont les industriels européens de l'automobile sont parfaitement conscients ).

D'autre part il demeure le problème de la capacité des réseaux électriques à fournir les pointes de puissance soutirées par toutes ces batteries à certaines heures.

Toutes les stations de charge ne pourront pas délivrer leur puissance nominale simultanément.

De plus, et c'est prévu dans la charte européenne, la puissance souscrite par une station de charge est répartie entre les différentes bornes de cette station ; en cas d'affluence aux bornes, la puissance fournie par chaque borne pourra être réduite, ce qui rallongera d'autant les temps de charge.

Et ceci concerne également les bornes de charge à domicile...

Le « marché » de la voiture électrique est encore en phase de démarrage, et donc très sensible aux réactions de la clientèle qui a besoin d'être rassurée car ces problèmes d'autonomie, plus ou moins glissés sous le tapis, n'en sont pas moins réels au point de devenir l'argument clé de la plupart des publicités.

Le client qui découvre ce problème d'autonomie réelle sur autoroute en informe les réseaux sociaux, ce qui ruine les efforts des publicitaires et ramène le curseur à zéro, ce qui n'est bon pour personne.

La panoplie des problèmes de batteries ( Prix-Poids-Performances-Sécurité ), ne va pas disparaître en 2035 parce que Bruxelles en a décidé ainsi. La baguette magique de la Commission ne peut pas remplacer les efforts des bureaux d'études qui ont besoin de temps pour progresser dans un domaine où le REX ( Retour d'EXpérience ) est essentiel.

Précipiter les choses ne servirait qu'à inonder le marché de voitures à la fiabilité douteuse, au prix mal maîtrisé, et difficiles à revendre en seconde main car très vite dépassées par les nouveaux modèles.

 

 

 

 

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2 mai 2024 4 02 /05 /mai /2024 10:13

 

2 Mai 2024

Jusqu'aux années soixante du siècle dernier, la voiture était un objet utilisant des technologies familières, des matériaux eux-mêmes dans la lignée familière de tout les instruments de cette société, utilisant des procédés classiques, et dont le fonctionnement reposait sur une science robuste et compréhensible du citoyen moyen un peu dégourdi.

Les réparations étaient à la portée de tout un chacun et les pièces détachées disponibles sans problèmes.

L'électricité, pourtant déjà bien implantée dans la société, n'y avait qu'une place réduite au strict nécessaire, à savoir une petite batterie au plomb d'un coût modeste, un petit moteur électrique pour le démarrage, un autre pour les essuie-vitres, une dynamo pour recharger la batterie, une bobine pour l'allumage, et des ampoules pour l'éclairage. Quelques relais électromécaniques complétaient cette panoplie rustique.La voiture électrique, la contamination électronique.

Toutes des pièces étaient fabriquées sur place, les matériaux n'avaient rien d'exotique, sauf le caoutchouc des pneus et des chambres à air..

C'était l'âge d'or des grands constructeurs européens...Et de l'Industrie en général.

On ne parlait pas alors d'électronique, de semi-conducteurs, de puces, de circuits intégrés, de microprocesseurs, de programmation, qui n'existaient pas encore.

Et puis l'électronique a commencé à pointer son nez ; d'abord dans l'allumage, puis le régulateur d'alternateur, puis les freins à disques avec l'antipatinage, et l'injection électronique.

Ensuite, les puces électroniques ont permis d'élargir ce domaine en généralisant la centrale électronique pilotant l'ensemble de la motorisation, avec de multiples capteurs, permettant le diagnostic avec la « valise », éloignant définitivement l'automobiliste de la compréhension de l'engin auquel il confie sa vie et celle de sa famille.

Mais l'invasion électronique ne s'arrête pas là.

Le peu d'initiative qui restait à l'automobiliste disparaît au profit des équipements de « navigation » et de communication, et d'aide à la conduite.

Et ceci « grâce » au contournement d'une réglementation autrefois draconienne concernant l'interdiction de placer un écran vidéo à la vue du conducteur. Interdiction dont la justification était évidente pour tout conducteur ayant un minimum de cerveau.

( C'est pourquoi nous ne la rappelons pas ici, par respect pour nos lecteurs...).

Désormais les écrans ont envahi les tableaux de bord*, et bien entendu l'abondance d'informations dispensées et le nombre de « tapotages » nécessaires pour y accéder constituent des détournements d'attention générateurs d'accidents.

* ( Parfois même le tableau de bord est remplacé par un écran énorme....)

Et le pire est à venir « grâce » à l'IA qui prendra en « mains » la conduite du véhicule, dans lequel l'automobiliste est réduit au rôle de passager.

Cette mutation, qui tend à faire de l'automobiliste un abruti incapable de lire une carte routière, de s'orienter dans l'espace, de se garer convenablement, de respecter la ligne jaune, de ralentir dans une file, et tout simplement de vivre « hors connexion », transforme la voiture en objet électronique comme un autre.

Et l'on sait ce qui est arrivé aux « objets électroniques comme les autres » :

Les téléviseurs, les ordinateurs, les téléphones portables, sont eux aussi devenus des objets électroniques comme les autres, mais ils ne sont plus fabriqués chez nous.

( C'était, au demeurant, l'objectif des partisans de la désindustrialisation...).

C'est ( peut-être ) le sort qui attend la voiture, devenue à son tour un « objet électronique comme les autres » dans sa version électrique, qui devient une sorte de robot dans lequel, éventuellement, des êtres humains seront autorisés à voyager.

Il ne lui reste plus qu'à rejoindre la cohorte de l'IoT ( Internet Of Things ), les « objets » en question étant eux aussi fabriqués en Orient...

Ce qui nous amène à considérer les affrontements entre partisans du thermique contre partisans de l'électrique comme une sorte de guerre picrocholine dont l'issue serait en fait arbitrée par ceux qui on déjà gagné les guerres précédentes des objets électroniques de grand diffusion dont nous ne pouvons plus nous passer...

 

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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 18:00

Les carburants liquides au secours de l'électricité ?

29 Avril 2024

Depuis plus d'un siècle l'exploitation des réserves fossiles a ouvert l'accès à des quantités fabuleuses d'énergie qui ont permis le développement de la société actuelle des machines.

La nécessité de renoncer à ces fossiles place maintenant l'Humanité devant l'obligation de leur trouver des substituts sous peine d'avoir à gérer une situation catastrophique que personne ne souhaite.

La transition énergétique a pour but premier l'arrêt des émissions de CO2 fossile, qui ont déjà atteint des valeurs nocives.

Il serait irresponsable d'attendre que les réserves fossiles soient épuisées, il est désormais vital d'agir avec la plus grande urgence.

( Idéalement il faudrait même capturer et séquestrer le CO2 déjà présent en excès dans l'atmosphère, mais l'entreprise est colossale...).

Nos ancêtres se contentaient d'utiliser les sources naturelles d'énergie avec les moyens du bord : Du vent pour faire avancer les bateaux et tourner les ailes des moulins ; le courant de la rivière ou les courants de marées pour actionner la turbine des moulins ou le marteau de la forge ; du bois pour se chauffer et faire la cuisine, un âne ou un cheval pour les travaux pénibles, la force des bras pour les petits travaux et le Soleil pour faire pousser la végétation.

La notion même d'énergie était alors inconnue.

Ces méthodes rustiques pouvaient suffire, l'essentiel des besoins vitaux étant couverts ( pas toujours ) par des productions agricoles locales et un artisanat de proximité.

On ignorait ( du moins le peuple ) qu'il existait d'autres « besoins » que les besoins vitaux.

La découverte des réserves d'énergie fossile a changé tout cela en permettant le développement d'un monde de machines, lesquelles ont transformé les rêves en besoins désormais considérés comme un dû dans nos sociétés dites « développées ».

La société de consommation était née, sa prospérité étant assise sur toujours plus de besoins à satisfaire grâce à toujours plus de machines, lesquelles consomment toujours plus d'énergie.

( Mon grand père se rendait à la ville dans une charrette tirée par 1 cheval ; aujourd'hui, pour faire le même déplacement de la même maison à la même ville je fais appel à 136 chevaux...)

Les fossiles alimentent aujourd'hui 80 % de la consommation mondiale d'énergie.

Nous allons devoir nous en passer, alors que la population mondiale va croître de 8 Milliards en 2020 à 11 Milliards d'ici 2050.

Il n'est pas certain que cet aggiornamento puisse être mené à bien sans de profonds bouleversements sociétaux, qui viendront s'ajouter aux bouleversements engendrés par le réchauffement climatique désormais inéluctable...

Les sources d'énergie de substitution aujourd'hui identifiées peuvent être classées en deux groupes :

A- Les anciennes sources naturelles renouvelables traditionnelles de nos ancêtres:

- Les sources renouvelables décarbonées : Eolien, Rayonnement solaire, Hydraulique, Aéro-thermie, Géothermie.

- Les sources renouvelables à carbone recyclable : Biomasse.

B- Les nouvelles sources naturelles renouvelables:

- La fission de certains atomes radioactifs ( Energie nucléaire ).

( La fission des atomes d'Uranium est un phénomène naturel dans la croûte terrestre. Ce sont ces atomes qui, après concentration, sont placés dans les chaudières nucléaires ).

- L'Hydrogène naturel, identifié mais non encore validé ( nature de flux ou de réserves, quantités, exploitation ).

Ces sources naturelles sont déjà entrées en exploitation ( sauf l'Hydrogène naturel toujours en phase d'évaluation ), à une échelle modérée mais avec de grandes perspectives de croissance, grâce précisément à ces « machines » qui nous viennent du monde des fossiles, et qui ont permis de construire des convertisseurs d'énergie très efficaces :

Centrales thermiques, pour obtenir de l'électricité à partir de la biomasse et/ou de la fission de l'atome, ou de la géothermie profonde à haute température, ou du rayonnement solaire concentré.

Turbines à vapeur pour produire de l'électricité.

Turbine à eau réversibles pour transformer en électricité l'eau des barrages.

Moteurs « thermiques » par combustion de la biomasse.

Moteurs électriques pour obtenir de la force motrice à partir de l'électricité.

Brûleurs pour obtenir de la chaleur par combustion de biomasse.

Panneaux solaires pour obtenir de l'électricité à partir du rayonnement solaire.

Champ d'éoliennes, pour obtenir de l'électricité à partir du vent.

Barrages hydroélectriques, pour obtenir de l'électricité à partir de réserves d'eau.

Batteries électrochimiques pour le stockage de l'électricité.

Electrolyseurs, pour produire de l'Hydrogène à partir de l'électricité.

Piles à combustible, pour produire de l'électricité à partir de l'Hydrogène.

Pompes à chaleur réversibles, pour valoriser la chaleur disponible en climatisation des locaux.

Etc.

Cet arsenal de machines, construites grâce aux énergies fossiles, permettra de tirer le meilleur parti possible des sources naturelles d'énergie, mais sans avoir la certitude que cela suffira aux besoins des sociétés « modernes ».

L'électricité jouera un rôle très important, mais ne pourra pas suffire sans la participation de la Biomasse.

Et même alors, le challenge ne pourra être relevé qu'avec l'appoint d'un programme drastique d'économies d'énergie.

Les outils pour mettre en œuvre cette grande mutation énergétique sont donc déjà disponibles. Il s'agit essentiellement de remplacer les fossiles par de l'électricité ou de la biomasse dans toutes les applications, en tâchant au passage de réduire les pertes énergétiques car « il n'y en aura pas pour tout le monde ».

Tous les secteurs sont concernés, à des degrés divers.

Mais celui qui focalise l'attention est le secteur des transports, pour plusieurs raisons :

- Il est le plus visible,

- Il représente une part très importante de la consommation de fossiles et donc des émissions de CO2,

- Il intéresse tous les autres secteurs d'activités,

- Il est la principale source de pollution atmosphérique par les rejets d'échappements,

- Son rendement énergétique est le plus mauvais et, cerise sur le gâteau,

- Le pétrole qu'il consomme est une denrée stratégique qui pèse lourdement sur les relations internationales.

Donc de multiples raisons de s'en débarrasser...

D'autant plus que, sur le papier, la solution est simple  : il « suffit » de remplacer les moteurs thermiques par des moteurs électriques. Les rendements sont multipliés par trois, et il « suffira » de quelques éoliennes bien placées pour obtenir le courant nécessaire...

C'est du moins ce qu'on peut penser à première vue.

( Hélàs à seconde vue également, à en croire certaines études prospectives...)

Car il y a loin de la coupe aux lèvres.

Le pétrole possède deux énormes qualités qui lui ont permis de conquérir le Monde :

La première est son énorme capacité énergétique spécifique, 11,6 kWh/kg

( Contre 0,2 kWh/kg pour une batterie au Lithium d'automobile ...)

La seconde qualité est qu'il est à l'état liquide dans les conditions normales de température et de pression, donc aisément transportable et simple à distribuer.

( Un réservoir en tôle de 60 L permet à une voiture de parcourir 1 000 km).

Pas de problème d'approvisionnement : Une petite camionnette peut livrer 300 L de fuel au fin fond de la brousse.

Aucun autre combustible ne possède ces qualités, et de loin.

L'électricité est bien loin de cette rusticité et de cette commodité d'emploi.

Elle n'est disponible que s'il existe un réseau de distribution, et pas n'importe quel réseau ; la puissance disponible doit être en rapport avec le besoin des différentes bornes de charge qui y sont raccordées.

Le véhicule électrique doit embarquer une batterie de plusieurs centaines de kg pour une autonomie de quelques centaines de km. Autonomie qui peut être drastiquement réduite si les conditions de route sont dégradées. Et l'itinéraire doit être équipé de bornes de recharge convenablement disposées.

De vastes zones de certains territoires ne pourront pas gérer un parc de voitures électriques.

Ce problème est déjà perceptible dans nos régions développées, on imagine sans peine la situation dans les régions à faible densité de peuplement et/ou dépourvues d'infrastructures adéquates.

De plus l'entretien et la maintenance de ces véhicules requiert des précautions particulières et des compétences qui ne sont pas disponibles partout.

Concernant les transports lourds, les transports maritimes, fluviaux, et aériens, l'électricité ne convient pas pour les mêmes raisons, mais en pire.

Il existe donc une grande part du secteur des transports, y compris transports légers, qui ne pourra pas être électrifiée, et qui devra trouver ailleurs les solutions de sa décarbonation.

Plusieurs voies sont explorées, voire même déjà en exploitation :

Les biocarburants, le biogaz, les e-fuels, l'Hydrogène avec pile à combustible, dont certaines conviendraient également aux véhicules légers à moteurs thermiques.

Compte tenu des besoins et des enjeux, nul doute que ces solutions seront l'objet de recherches et de développements très actifs dans les prochaines années.

Dans ce contexte, les moteurs thermiques auront encore leur place et rempliront au moins la partie la plus importante du contrat : l'arrêt des émissions de CO2 fossile.

D'autant plus que quand il s'agira d'électrifier des centaines de millions de VPL et de VUL, la production d'électricité ne suffira peut-être pas.

( Le parc mondial de véhicule particuliers dépasse le Milliard...)

La messe n'est donc pas dite en matière de moteurs thermiques, et il est peut-être temps de trouver la vraie place de la voiture électrique qui devrait pouvoir cohabiter avec sa consœur thermique, mais pas avec les mêmes ambitions, ni les mêmes prix évidemment.

Dans l'état actuel de la technologie des voitures, des batteries, des structures de distribution d'électricité, et des réseaux de rechargement, il est prématuré de prendre des décisions définitives et d'imposer des choix technologiques aux industriels alors que ces choix n'ont pas été validés par le marché.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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22 avril 2024 1 22 /04 /avril /2024 18:05

La recharge des voitures électriques, enfin un peu d'ordre dans le capharnaüm ?

22 Avril 2024

Les voitures électriques à batterie apportent des solutions aux deux principaux problèmes de la transition énergétique :

- Leur motorisation est exempte d'émissions de CO2 fossile.

( Mais l'empreinte carbone liée à l'extraction des matériaux nécessaires, à leur fabrication et à leur recyclage subsiste, de même que les émissions de particules liées à l'usure des pneus et des plaquettes de freins, et bien entendu selon la provenance de l'électricité...).

- Leur rendement énergétique est considérablement amélioré par rapport à la motorisation thermique.

( Dans un rapport de trois à quatre selon l'utilisation de la voiture, et bien sûr à condition de n'utiliser que de l'électricité décarbonée ).

Mais la substitution à 100% des thermiques par des électriques n'est envisageable que dans les régions du Globe disposant d'un réseau électrique capable de fournir la puissance requise, d'un réseau de bornes de charge suffisamment maillé pour desservir la totalité du territoire, et bien entendu d'une production l'électricité décarbonée..

Aujourd'hui les régions du Globe conformes à ces trois critères se  comptent sur les doigts d'une seule main.

La généralisation de la voiture électrique dans un monde où l'électricité est encore produite à 60%* par des centrales thermiques brûlant des combustibles fossiles est donc pour le moins discutable...

* Source AIE pour 2022.

On peut légitimement penser que le moteur thermique a encore de beaux jours devant lui...

( Le parc mondial de VPL et VUL dépasse le Milliard d'unités, et sa croissance est à la mesure de l'amélioration des conditions de vie des pays en voie de développement ).

L'Europe se veut un exemple de l'électrification totale du parc de VPL et de VUL, et a légiféré en ce sens en fixant la limite des émissions de CO2 des moteurs de VPL à zéro à partir de 2035 sur les véhicules commercialisés en zone Européenne, pensant que cet ukase suffirait à obtenir le résultat souhaité.

( S'il suffisait d'exprimer un souhait pour qu'il se réalise, cela se saurait depuis longtemps...).

Le secteur des VPL et VUL à moteurs thermiques n'a pu se développer que grâce à un réseau de distribution de carburant capable de desservir l'ensemble des territoires avec des spécifications compatibles et un « hardware » standardisé.

La voiture électrique n'échappera pas à cette obligation.

Pour assurer les mêmes performances avec un parc électrifié, il est nécessaire de poser des règles communes afin d'éviter l'effet « souk de Marrakech » tel qu'on peut le constater ici et là au grand dam des usagers qui découvrent que la recherche d'une borne de charge disponible ressemble davantage à un jeu de piste* qu'à la démarche anodine à laquelle ils étaient habitués avec leur voiture à pétrole...

* ( plutôt à un jeu video « escape game » dans lequel il faut négocier avec un logiciel embarqué afin de trouver les bornes de charge de tel fournisseur auprès duquel on a négocié un contrat, sur tel itinéraire, avec quelle puissance disponible, et quelle fréquentation à la borne, etc.).

Ajouté au problème d'autonomie et au prix trop élevé, ce problème de bornes de charge achève de dissuader les candidats et met un frein à la croissance du marché.

Pour y mettre bon ordre, la Commission de Bruxelles a ratifié en Juillet 2023 une recommandation ( Alternative Fuel Infrastructure Reglementation, AFIR ), applicable dès 2025 et concernant les installations de charge de batteries pour les différents cas de figures.

Le document est disponible ici :

https://data.consilium.europa.eu/doc/document/PE-25-2023-INIT/fr/pdf

En voici quelques extraits, non exhaustifs, concernant les véhicules légers :

( Le texte en italique est extrait directement de la recommandation ).

Sur la nécessité d'une normalisation :

« Le déploiement d'infrastructures de recharge ouvertes au public pour les véhicules légers

électriques est inégal dans l'Union. La persistance d'une répartition inégale des

infrastructures de recharge compromettrait l'essor des véhicules légers électriques, limitant

ainsi la connectivité à travers l'Union »  .

Sur la nécessité d'une coopération inter-états :

« La divergence persistante des ambitions et des approches stratégiques nationales entrave la transition durable indispensable au secteur des transports et n'est pas propice à la création de la sécurité à long terme nécessaire à un investissement commercial substantiel sur le marché ».

Sur la nécessité de produire l'électricité ( ! ):

« Les États membres devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que le réseau électrique réponde à la demande d'électricité des infrastructures de recharge prévues par le présent règlement. À cette fin, les États membres devraient moderniser et entretenir le réseau électrique afin qu'il puisse répondre à la demande actuelle et future d'électricité du secteur des transports. »

Sur le principe du maillage du réseau :

« Aux fins du déploiement de l'infrastructure de recharge électrique le long du réseau routier

du RTE-T, toutes les stations de recharge à déployer le long du réseau RTE-T devraient se

situer sur une route du réseau RTE-T ou à moins de 3 km de distance de la sortie la plus

proche d'une route du réseau RTE-T ».

Sur l'intégration des stations de charge dans le réseau intelligent :

« Les systèmes intelligents de mesure, tels qu'ils sont définis dans la directive (UE) 2019/944

du Parlement européen et du Conseil1, permettent de produire des données en temps réel,

ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité du réseau électrique et encourager une

utilisation rationnelle des services de recharge. En fournissant une mesure de la

consommation d'énergie en temps réel et des informations précises et transparentes sur le

coût, les systèmes intelligents de mesure encouragent, en combinaison avec des points de

recharge intelligents, la recharge à des moments où la demande générale d'électricité est

faible et où les prix de l'énergie sont bas ».

Sur la structure des stations de charge et leur implantation :

À cette fin, les États membres veillent à ce que:

a) le long du réseau routier central du RTE-T, des parcs de recharge ouverts au public,

réservés aux véhicules légers électriques et répondant aux exigences énoncées

ci-après soient déployés dans chaque sens de circulation, à un intervalle maximal de

60 km entre chaque parc:

i) au plus tard le 31 décembre 2025, chaque parc de recharge fournit une

puissance de sortie d'au moins 400 kW et comprend au moins un point de

recharge d'une puissance de sortie individuelle d'au moins 150 kW; 

ii) au plus tard le 31 décembre 2027, chaque parc de recharge fournit une

puissance de sortie d'au moins 600 kW et comprend au moins deux points de

recharge d'une puissance de sortie individuelle d'au moins 150 kW; 

« Le long du réseau routier global du RTE-T, des parcs de recharge ouverts au public,

réservés aux véhicules légers électriques et répondant aux exigences énoncées

ci-après soient déployés dans chaque sens de circulation, à un intervalle maximal de

60 km entre chaque parc:

i) au plus tard le 31 décembre 2027, sur au moins 50 % de la longueur du réseau

routier global du RTE-T, chaque parc de recharge fournit une puissance de

sortie d'au moins 300 kW et comprend au moins un point de recharge d'une

puissance de sortie individuelle d'au moins 150 kW;

ii) au plus tard le 31 décembre 2030, chaque parc de recharge fournit une

puissance de sortie d'au moins 300 kW et comprend au moins un point de

recharge d'une puissance de sortie individuelle d'au moins 150 kW;

iii) au plus tard le 31 décembre 2035, chaque parc de recharge fournit une

puissance de sortie d'au moins 600 kW et comprend au moins deux points de

recharge d'une puissance de sortie individuelle d'au moins 150 kW »

Sur le partage de la puissance entre bornes :

« Lorsque plus d'un véhicule se recharge à la station de recharge à un moment donné,

la puissance de sortie maximale est répartie entre les différents points de recharge, de sorte

que la puissance fournie à chaque point de recharge individuel est inférieure à la puissance

de sortie de cette station de recharge »

Sur le libre accès aux bornes :

« Indépendamment de la marque de leur véhicule, les utilisateurs finals devraient pouvoir

accéder à des stations de recharge ouvertes au public et les utiliser de manière conviviale et

non discriminatoire ».

Sur la communication :

« Ces spécifications techniques devraient en particulier porter sur la communication entre le

véhicule électrique et le point de recharge, la communication entre le point de recharge et

le système de gestion du logiciel de recharge (arrière-plan), la communication relative au

service d'itinérance du véhicule électrique et la communication avec le réseau électrique,

tout en assurant le plus haut niveau de protection de la cybersécurité et des données à

caractère personnel des clients finals ».

Sur les modes de paiements :

«  Les utilisateurs de véhicules fonctionnant avec des carburants alternatifs devraient pouvoir

recharger ou ravitailler leur véhicule sur une base ad hoc et payer facilement et aisément à

tous les points de recharge et de ravitaillement ouverts au public, sans devoir conclure un

contrat avec l'exploitant du point de recharge ou de ravitaillement ou avec un prestataire de

services de mobilité. Par conséquent, dans le cas d'une recharge ou d'un ravitaillement ad

hoc, tous les points de recharge et de ravitaillement ouverts au public devraient accepter les

instruments de paiement qui sont largement utilisés dans l'Union, et notamment les

paiements électroniques effectués par l'intermédiaire des terminaux et dispositifs utilisés

aux fins des services de paiement. S'agissant des infrastructures déployées avant la date

d'application du présent règlement, l'application de ces exigences devrait être différée. Ce

mode de paiement ad hoc devrait toujours être mis à la disposition des consommateurs,

même lorsque des paiements contractuels sont proposés au point de recharge ou de

ravitaillement »

Sur les évolutions futures :

«  Le marché des carburants alternatifs, et en particulier des carburants à émissions nulles, se

trouve encore aux premiers stades de développement et la technologie évolue rapidement.

Ce développement est susceptible d'avoir une incidence sur la demande de carburants

alternatifs et, par conséquent, sur les infrastructures pour carburants alternatifs dans tous

les modes de transport ».

Sur les prix :

« La transparence des prix est essentielle pour garantir une recharge et un ravitaillement

faciles et fluides. Les utilisateurs de véhicules fonctionnant avec des carburants alternatifs

devraient disposer d'informations précises sur les prix avant le début de la session de

recharge ou de ravitaillement. Les prix devraient être communiqués d'une manière

clairement structurée afin de permettre aux utilisateurs finals de distinguer les différents

éléments du prix facturé par l'opérateur pour calculer le prix d'une session de recharge ou

de ravitaillement et d'anticiper le coût total. Les exploitants de stations de recharge

devraient également être autorisés à facturer des frais supplémentaires, notamment en vue

d'éviter de bloquer l'utilisation du point de recharge par d'autres utilisateurs, pour autant

que ces frais soient clairement indiqués et communiqués avant le début de la session de

recharge ».

Etc...

De l'efficacité de l'application de cette réglementation dépendra le succès de la voiture électrique à l'horizon 2035.

Mais une réglementation ne suffira pas à corriger les points faibles des modèles électriques actuels qui demeurent la faiblesse de l'autonomie et le prix élevé des véhicules.

Cette réglementation AFIR a au moins le mérite de fixer un cadre pour l'établissement d'un réseau de charge européen. Il n'augmentera pas l'autonomie des véhicules et ne fera pas baisser les prix, mais il est de nature à lever certaines réticences, à condition d'être mis en œuvre promptement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 15:42

Quelle électricité pour la voiture électrique ?

11 Avril 2024

La France fonctionne ( entre autres ) grâce à l'aide de 35 millions de voitures particulières*.

97% utilisent les carburants fossiles, environ 3% utilisent l'électricité fournie par une batterie.

*( Hors utilitaires légers...).

La généralisation de la propulsion électrique à l'ensemble du parc conduirait à une demande supplémentaire d'électricité de l'ordre de 70 TWh, soit +15%.

Cette quantité d'énergie, qui correspond à la production annuelle de 6 réacteurs EPR, demeure

somme toute raisonnable*, et sera parfaitement gérable à condition d'être prise en compte dans les plans.

*(La France gère déjà 57 réacteurs nucléaires, six de plus ne devraient pas changer la face des choses de l'atome....).

Le problème n'est donc pas là, l'énergie sera disponible.

Les puissances délivrées par les bornes de recharge sont variables, entre quelques kW pour les prises domestiques, et jusqu'à 350 kW pour les bornes « ultra rapides » ( aujourd'hui ), et peut-être plus d'un MW demain...

A l'exemple des chauffe-eau électriques, qui sont raccordés toutes les nuits ( et parfois le jour pour une « petite » charge complémentaire ), les voitures seront susceptibles d'être branchées la nuit pour être disponibles au matin.

Le parc de chauffe-eaux électriques en France est de 11 millions, selon l'ADEME.

Il correspond à une puissance max soutirée de 20 à 30 GW environ, qui est déjà préoccupante pour le gestionnaire du réseau qui a du établir des créneaux horaires ( Heures creuses...).

Les voitures électriques vont se comporter un peu comme des chauffe-eaux, beaucoup seront branchées la nuit, et d'autres, parfois les mêmes, seront branchées le jour ou la nuit sur des bornes publiques.

Si, par analogie avec les chauffe-eaux, les 35 millions de VEB sont branchés le soir sur des « petites » prises de 8 kW, la puissance atteindra près de 280 GW, soit près de trois fois la puissance maximale actuelle supportée par le réseau avant disjonction !!!

( Et il ne s'agit que des petits branchements domestiques ; il est facile d'imaginer le résultat avec des branchements sur des prises publiques de plusieurs dizaines de kW !! )

Il n'est donc pas question de lâcher dans la nature des millions de voitures électriques sans avoir préalablement pris des dispositions pour gérer les énormes demandes de pointes de puissance que le réseau ne pourrait pas supporter.

Or, des voitures électriques, il y en aura, car si elles ne seront pas toutes européennes, les chinois se chargeront de nous en procurer...Le chiffon rouge* de 2035 étant le meilleur argument de vente.

*( Non pas le drapeau de la RDC, mais celui brandi par Bruxelles...quoique ).

Tout cela est bien connu des gestionnaires de réseau.

Quelles sont les solutions pour éviter les embouteillages électriques sur le réseau RTE ?

Pour les bornes de charge domestiques, dont la puissance demeurera dans les limites des contrats « particuliers » ( entre 7 et 22 kW ), un système de créneaux horaires sera mis en place, le compteur Linky est fait pour cela. Mais la quantité d'énergie délivrée à chaque client sera évidemment modulée en proportion du nombre de VEB branchés sur le même transformateur de quartier, et du SOC ( State Of Charge ) de chaque batterie demandeuse.

( Par exemple, une batterie à 10% de charge sera prioritaire sur une autre déjà à 50%...L'état de charge de la batterie est « lisible » dans le BMS ).

Les chauffe-eaux seront priés de réduire leurs appétits électriques, soit en s'accouplant avec une pompe à chaleur*, soit en faisant appel à quelques panneaux solaires éventuellement mixtes, et si possible une batterie domestique.

*( Chauffe-eaux et chauffage des locaux, même combat )

Quant aux bornes publiques, elles sont déjà équipées pour ne délivrer que la puissance autorisée* par le réseau en fonction des possibilités du raccordement RTE ou du stockage local le cas échéant.

* ( Une borne de 350 kW pourra ne délivrer que 100 kW, voire moins, si le réseau régional est en surcharge à ce moment...).

Dans un deuxième temps, et afin de répartir la demande d'énergie dans le temps, on pourra recourir à la batterie domestique, déjà utilisée notamment en Allemagne. C'est une retombée de la production intermittente éolienne...

Voir :

https://siecledigital.fr/2023/07/03/batterie-domestique-adoption-europe/

Il est clair que la voiture électrique à batterie ne pourra remplacer à 100% son homologue à pétrole que si les infrastructures sont prêtes à l'accueillir :

- Augmentation des capacités du réseau de distribution électrique ( RTE ) .

- Développement du parc de bornes de recharge ( Domestiques et publiques ).

- Développement du réseau intelligent .

- Renforcement des capacités de puissance du réseau existant.

- Développement de l'intégration du système V2G ( Vehicle to Grid ) avec batterie domestique et panneaux solaires.

- Développement des moyens de compensation de l'intermittence des renouvelables.

Ces travaux devront être réalisés à temps ( 2035 ) pour accueillir en France les deux millions* de VEB qui doivent être mis annuellement en circulation conformément à l'ukase de Bruxelles.

* ( C'était le marché automobile en France avant la crise...).

On n'ose imaginer quelle serait la situation en cas de non préparation des structures nécessaires à leur utilisation, notamment les réacteurs nucléaires supplémentaires, les renforcements du réseau électrique pour la charge à domicile, la promotion du « smart grid », et bien sûr les bornes de charge rapide du réseau public.

Indépendamment des ukases de Bruxelles, il y a les réalités du marché qui imposent un rythme dépendant des moyens financiers des ménages, qui ont par ailleurs à engager des dépenses lourdes sur l'isolation des logements, la modernisation des appareils de chauffage, etc.

En France, le renouvellement du parc de voitures particulières ( Thermiques et électriques ) suit un rythme de 1,8 millions d'unités par an ( moyenne entre avant et après Covid ), dont environ 20% d'électriques.

Pour passer de 20% à 100% , un décret ne suffira pas si les structures sont insuffisantes, et si les prix demeurent trop élevés.

( Et si les défauts actuels des électriques ne sont pas corrigés ).

Selon l'évolution de ce taux de pénétration, et dans le meilleurs des scénarios, le remplacement complet du parc par des VEB serait réalisé autour de 2050.

Il nous faudra donc cohabiter avec les modèles thermiques encore pendant trois décennies.

Mais le marché de l'automobile ne concerne par que la France, ni même l'Europe.

Le parc mondial de véhicules légers dépasse le milliard d'unités.

De nombreux territoires ne pourront pas utiliser des véhicules électriques faute de réseau pour charger les batteries.

Le marché mondial des véhicules thermiques ne disparaîtra donc pas parce que Bruxelles l'aura décidé !

Ces véhicules peuvent cependant être décarbonés en utilisant des carburants issus de la biomasse ou de synthèse, qui sont proposés ici et là.

Les avantages de cette solution sont nombreux :

- Pas de révolution technologique, les modèles thermiques existants sont compatibles, avec des modifications mineures ( certains modèles existent déjà ).

- Pas d'émissions de CO2 fossile, donc conformité à la première exigence de la transition énergétique.

- Pas de dépendance au pétrole.

- Pas de dépendance à des matériaux exotiques, rares et/ou chers.

- Pas de problèmes de batterie, laquelle est un boulet pour la voiture électrique actuelle.

- Prix de revient ( des véhicules ) inférieur à l'électrique.

- Pas de problème d'autonomie.

- Réseau de distribution de carburant déjà existant. Le réseau actuel convient.

- Pas de nécessité d'un réseau de bornes de recharge électrique d'une puissance déraisonnable.

- Préservation du potentiel d'exportation dans les régions de la planète dépourvues de réseau de distribution électrique et condamnées à conserver les moteurs thermiques.

En contrepartie, le rendement énergétique du thermique demeure très inférieur à l'électrique,

Mais l'ennemi No 1, le CO2 fossile, est bien éliminé.

La Biomasse constituera, de toutes façons, une part importante des futures sources d'énergies car l'électricité ne pourra pas tout faire. Cette biomasse est donc appelée à un développement important.

( Centrales thermiques pour la compensation de l'intermittence des renouvelables, production de chaleur basse et moyenne température, remplacement des carburants fossiles dans les transports routiers, etc ).

Il n'est donc pas absurde d'envisager aussi son usage pour une partie des VPL et des VUL .

De là à proposer des voitures hybrides, il n'y a qu'un pas.

Il nous faudra peut-être gérer un marché où cohabiteront les électriques à batterie, les électriques à Hydrogène et pile à Hydrogène, les thermiques à biocarburants et e-fuels, les hybrides, ou quelque autre type non encore identifié.

Seuls les constructeurs les plus avisés pourront tirer leur épingle du jeu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 17:28

Voiture électrique, l'obsession de l'autonomie.

4 Avril 2024

L'arrivée de la voiture électrique a fait naître chez certains usagers un nouveau motif d'anxiété qui est l'obsession de l'autonomie engendrant la crainte de la panne sèche.

Les constructeurs en sont parfaitement conscients, qui rivalisent d'ingéniosité pour minimiser l'importance de ce « petit » défaut en affichant des performances d'autonomie qui, tout en étant parfaitement conformes aux normes officielles de mesures ( WLTP ) n'ont que de très lointains rapports avec la réalité de tous les jours.

C'est alors la double peine : l'autonomie réelle n'est pas celle que l'on attendait, et de plus elle

dépend des conditions de conduite, de la vitesse, et des conditions météo !!!

Précisons que ce « petit » problème n'a rien à voir avec le savoir faire des constructeurs d'autos, il est dû aux limites actuelles de la chimie des batteries, qui ne permet pas d'emporter toute l'énergie nécessaire, dans les limites d'un poids et d'un coût acceptables, et qui est très sensible à la température.

( On découvre à cette occasion la formidable supériorité du pétrole sur les autres sources d'énergie : Un petit bidon de 10 L en tôle suffit à transporter la même quantité d'énergie qu'une batterie de 500 kg dont le coût est 500 fois celui du petit bidon !

Certes, dans les moteurs, la différence de rendement atténue cet écart, qui demeure cependant énorme, et qui permet de comprendre combien il sera difficile de se débarrasser du pétrole ).

Dans un avenir, que l'on espère proche, la chimie des batteries va évoluer vers plus d'efficacité, et l'on pourra emporter deux ou trois fois plus d'énergie sans augmentation du poids, et même avec un coût plus raisonnable. On parle de l'horizon 2030...

Mais alors se posera un autre problème, qui est celui du temps de rechargement de cette super batterie, qui exigera des puissances électriques de bornes de recharge qui seraient inacceptables par le réseau ( On parle de Mégawatts!!!).

Il s'agit donc d'un problème sérieux, et non d'un simple contretemps que les bureaux d'études pourraient résoudre facilement.

On peut donc craindre que cette course à l'échalote entre la capacité de la batterie, son coût, son poids, le temps de rechargement, et la puissance des bornes de charge, ne perdure encore longtemps comme inhérente au principe même de la traction électrique à batterie.

Dans ce cas, il nous reste à espérer que ce vice congénital soit accepté par les utilisateurs, comme une rançon versée à la fée électricité en échange de ses bienfaits décarbonés*.

*( La voiture électrique permet à la fois de supprimer les émissions de CO2 fossile du véhicule et de diviser par trois le besoin en énergie.

Son intérêt n'est donc pas remis en cause.

Encore faut-il avoir de l'électricité elle-même décarbonée ).

Voyons de plus près cette histoire d'autonomie :

Une voiture thermique de gamme moyenne consomme environ 7 L/100 km dans les conditions classiques d'utilisation.

Avec un réservoir de 60 L son autonomie atteint donc 800 km. Le plein est réalisé en cinq minutes sur une borne standard.

7 L de carburant contiennent environ 70 kWh d'énergie ( moyenne entre super et gazole ).

Le rendement maximal d'un moteur thermique est d'environ 40% au banc, mais peut descendre à 15% en dehors de la zone la plus favorable de régime et de charge.

Le rendement moyen effectif est autour de 25%, ce qui correspond à une consommation énergétique de l'ordre de 18 kWh/100 km.

( Energie nécessaire pour faire avancer le véhicule ).

Le reste des 70 kWh est dissipé en chaleur...Un scandale à une époque où l'énergie va se faire rare.

La même voiture, avec une motorisation électrique, aura donc besoin de la même quantité d'énergie pour le même type d'utilisation.

( En fait, lors du passage à l'électrique, des modifications sont apportées pour réduire les pertes notamment au niveau des pneumatiques, et de la transmission, en sorte que la consommation est plutôt autour 15 kWh/100 km).

L'électricité est alors fournie par une batterie.

L'autonomie de la voiture dépend donc de la capacité de cette batterie.

La technologie actuelle des batteries permet d'embarquer 50 kWh dans une voiture moyenne.

( Le surpoids est ainsi « limité » à 3 ou 400 kg mais le prix demeure encore très élevé...).

Pour préserver la bonne santé de la batterie, on doit éviter de la décharger complètement, la capacité utile est donc autour de 90% de la valeur nominale, soit 45 kWh dans notre cas.

Ce qui donne à cette voiture électrique une autonomie théorique de l'ordre de 300 km, très loin des 800 km de notre pétrolette.

Mais ici intervient une particularité qui différencie le thermique de l'électrique, et qui change tout :

Sur une voiture thermique, le rendement varie entre 40% et 15% selon le point de fonctionnement du moteur. Sur route, à puissance élevée et à régime stabilisé, sur le cinquième rapport, il pourra être de 40%, alors qu 'en ville avec des changement de rapports et de régime fréquents, mais à puissance faible, il tombera à 15 ou 20%.

En sorte que le produit de l'énergie demandée par le rendement sera « relativement » constant.

La consommation sera donc elle aussi relativement constante.

( Une voiture thermique consomme quasiment autant en ville que sur la route...)

Par contre, sur une voiture électrique, le rendement est relativement constant, et très élevé, et donc la consommation est directement proportionnelle à l'énergie demandée.

On constatera par exemple une consommation de 10 kWh/100km en ville avec récupération d'énergie au freinage, et 20 kWh/100 km sur autoroute à 130 km/h.

( Quelquefois nettement plus que 20 kWh selon les marques… ) .

L'autonomie de la voiture électrique dépend donc au premier degré des conditions d'utilisation.

Une autonomie de 300 km en conduite « apaisée » à moyenne vitesse pourra alors se trouver réduite à 150 km sur autoroute à 130 km/h....

C'est donc la double peine :

Une autonomie déjà intrinsèquement faible, limitée par la capacité de la batterie, et en plus une autonomie variable du simple au double selon les conditions d'utilisation.

Que disent les catalogues et la publicité ?

La référence catalogue pour l'autonomie d'un VEB est le résultat obtenu lors des tests WLTP.

(Encore faut-il préciser s'il s'agit des tests en cycle mixte ou en cycle urbain avec récupération d'énergie au freinage. Le second est plus flatteur...).

La norme WLTP a ceci de commode qu'elle est parfaitement définie dans la suite des conditions de mesures, et donc incontestable, tout en étant parfaitement incompréhensible du commun des mortels.

( Les mauvaises langues diront que c'était un peu le but...).

Passer d'une voiture thermique à une électrique signifie donc quitter une autonomie assurée de 800 km pour une autonomie réduite à 300 km, voire beaucoup moins, fluctuante selon les conditions d'utilisation.

Et si, en plus, le réseau de bornes de recharge des batteries n'est pas à la hauteur des besoins, le succès commercial de ce nouveau produit de trouve compromis.

Ces limitations congénitales auraient pu être outrepassées par l'attractivité du prix de vente. C'est le contraire qui s'est produit puisque le prix des électriques dépasse de 20% celui des thermiques !

( Seuls les « geeks » et les écologistes convaincus achèteront le produit …).

Le lancement a cependant été couronné d'un certain succès grâce aux subventions de l'Etat et à certains avantages fiscaux; mais le procédé n'est pas tenable sur la durée et ne correspond à aucun modèle commercial viable. Il doit donc disparaître dès que les ventes atteignent un volume significatif, ce qui est le cas en 2023.

L'autre façon d'encourager les ventes consiste à développer les ZFE d'une part, et annoncer l'arrêt des ventes de voitures thermiques en 2035 d'autre part.

Mais, tous ces artifices n'effacent pas les problèmes décrits ci-dessus.

D'ici 2035, le marché du VE sera ainsi ballotté entre les réglementations dissuasives, les menaces, les incertitudes concernant les solutions alternatives comme l'hybride, la pile à Hydrogène, ou les biocarburants, et bien sûr les progrès, ou pas, sur les batteries, sans oublier les menaces de taxation du carburant électrique.

Le tout dans une chaleureuse ambiance de guerre économique entre l'Europe, l'ASIA PAC, et les USA, orchestrée par les détenteurs des cartes pétrolières, et/ou des gisements de cuivre, de Lithium, de Cobalt, ou quelques autres non encore identifiés et qui serviront de Joker pour les futurs affrontements.

Annexe.

Dans la vie de tous les jours les performances annoncées sous cycle WLTP sont rarement atteintes, c'est le moins que l'on puisse dire.

C'est pourtant cette valeur WLTP qui est mise en avant dans les placards publicitaires.

Prenons l'exemple de la E 308 Peugeot ( Exemple récent typique du modèle de moyen de gamme et de ce qui se fait de mieux aujourd'hui en la matière ), qui est plutôt dans le peloton de tête du point de vue efficacité énergétique :

Sur le modèle équipé d'une batterie de 54 kWh ( 51 kWh utiles ) l'autonomie WLTP en Cycle mixte est annoncée à 400 km environ, et 520 km en cycle urbain, grâce à la récupération d'énergie au freinage, et à la vitesse réduite évidemment.

Soit environ 13 kWh/100 km en cycle mixte et 10 kWh/100 en cycle urbain.

( Ce qui correspond à respectivement 1,3 et 1 Litre de super aux 100 km, saluons la performance...)

Mais sur autoroute il en va tout autrement. Et l'autonomie sur autoroute n'est pas prise en compte par le WLTP.

Ce qui signifie que l'on peut trouver n'importe quoi en pratique.

A 130 km/h, le moteur électrique d'une voiture de gamme moyenne est soumis à très rude épreuve, avec des régimes dépassant largement les 10 000 tr/mn* et des rendements qui commencent à sortir de la zone de confort, résultant en une consommation qui peut devenir exotique...

( Les voitures électriques sont dépourvues de boite de vitesse. Le régime de rotation du moteur est donc directement proportionnel à la vitesse de la voiture.

Le rapport de proportionnalité est un compromis entre la nécessité d'avoir un couple max dès le démarrage de la voiture, tout en gardant un régime de rotation dans les limites technologiques à vitesse max du véhicule.

Actuellement il est difficile de vendre une voiture, même en gamme moyenne, dont la vitesse max annoncée est inférieure à 150-170 kmh.

Il y a des moteurs conçus pour des régimes jusqu'à 18 000 tr/mn, mais dans les voitures de gamme moyenne, les prix interdisent ce type de moteurs, et les régimes sont alors limités à 10 ou 12 000 tr/mn, avec des vitesse max de 150 à 170km/h.

A 130 km/h ces moteurs sont déjà es des limites et les rendements baissent, entraînant des consommations parfois excessives ( 20 à 25 kWh/100 km ) affectant grandement l'autonomie.

C'est un paramètre très important à vérifier...)

On prend rarement l'autoroute pour rouler à 90 km/h, surtout pour un voyage de plusieurs centaines de km.

Or, à la vitesse autoroutière de 130 km/h une voiture, quelle qu'elle soit, consomme 25 à 30 % d'énergie de plus qu'aux vitesses sur routes limitées, ce qui nous fait environ 17 kWh/100 km pour la E 308. ( Ce sont des valeurs plutôt conservatives, la valeur exacte n'a pas été communiquée ).

L'autonomie est alors réduite à 300 km, en partant avec une batterie bien chargée et jusqu'à un point de décharge acceptable de la batterie ( ici environ 5%).

(On est déjà loin des 520 km du cycle urbain, et même loin des 400 km du cycle mixte WLTP).

Sur autoroute, on utilise la charge rapide ( Qui irait payer l'autoroute pour accepter de perdre une heure ou plus à chaque recharge?).

La batterie de la E-308 accepte une puissance de charge de 100 kW, correspondant au régime 2C qui est maintenant la norme.

Pour maintenir la batterie en bon état et la faire durer longtemps, il est recommandé de ne pratiquer les charges rapides fréquentes que dans les limites de 20% et 80% de sa capacité.

C'est une règle générale dont le respect est fortement conseillé par les fabricants de batteries.

( Les bornes rapides bien conçues savent cela et limitent d'elles-même la charge à 80% . Au-delà le courant de charge est alors réduit considérablement, ce qui dissuade le client de persister, surtout si d'autres clients attendent leur tour...).

Notre batterie de E-308 récupérera donc au maximum 30 kWh lors d'une charge rapide sur une borne de 100 kW , en vingt minutes environ,

( 60% de 50 kWh ).

Avec ces 30 kWh, la voiture pourra donc parcourir 180 km, qui lui permettront d'atteindre la prochaine borne de charge ( s'il y en a une disponible...).

Donc, pour un long voyage sur autoroute, à vitesse autoroutière, notre 308 pourra parcourir 270 km en partant avec une batterie chargée à 100%, jusqu'à atteindre les 20% de réserve de capacité et donc le premier arrêt à une borne rapide.

Ensuite il lui faudra recharger ( de 20% à 80% ) tout les 180 km.

Adieu l'autonomie WLTP...

Il lui faudra donc recharger quatre fois sur borne rapide pour un trajet de 800 km...

Dans le meilleur des cas, une recharge de 20% à 80% sur borne de 100 kW dure vingt minutes pour une batterie de 50 kWh.

Soit une heure et vingt minutes, sans compter le temps perdu bien sûr, surtout s'il y a un peu d'affluence aux bornes...

Cette gymnastique de trapèze volant de borne en borne n'est pas du goût des usagers habitués à faire huit-cent km avec leur bon vieux quatre cylindres à gazole en s'arrêtant une ou deux fois quelques minutes pour une petite vidange personnelle..

Cette « particularité » de la voiture électrique de gamme moyenne n'est pas claironnée dans les dépliants publicitaires, et à peine évoquée dans les entretiens avec le vendeur, dont le rôle est de conclure une vente et non pas de s'attarder sur les points faibles.

Ces « petits » embarras sont rapportés par le bouche à oreille, et diffusés par les réseaux sociaux, distordus selon les opinions préconçues des rédacteurs.

Quant à la Presse spécialisée, sa liberté d'expression est inversement proportionnelle à ses ressources publicitaires.

Il en résulte que, plutôt qu'être pris en compte comme une caractéristique inhérente à la voiture électrique, le problème de l'autonomie réduite des VEB est devenu une rumeur dont on ne sait plus très bien sur quoi elle est fondée.

Il y a en France 30 Millions de ménages, dont 84% sont motorisés, soit 25 Millions.

40% de ces ménages possèdent deux voitures.

Le total du parc atteint ainsi 35 Millions de véhicules particuliers.

Source :

https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277714?sommaire=4318291

Aujourd'hui, le parc de voitures électriques ( VEB ) en France est très faible* ( < 3% selon l'AVERE ). Les problèmes évoqués ici n'affectent encore qu'une faible part de ces 3%.

* (Les hybrides ne sont pas comptés ici. Ils ne sont évidemment pas concernés par les problèmes d'autonomie. Ils appartiennent à la catégorie PHEV).

Les usagers de VEB déjà confrontés à ce problème d'autonomie sur autoroute ne sont donc pas encore nombreux.

La question demeure encore de savoir quel sera le bon compromis entre la capacité des batteries, le nombre de bornes de charge, leur puissance, le régime de charge des batteries ( 1C, 2C, 3C, davantage ? ), les tarifs de recharge dans ces différents modes, et la taxation sur cette électricité.

Toutes questions qui n'incitent pas à investir dans un domaine aussi manifestement encore en phase de mise au point.

 

 

 

 

 

 

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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 17:47

La nouvelle mode de l' « Electric car bashing »

12 Mars 2024

On sait ( Voir écoles de commerce ) qu'un système de subventions d'Etat mis en place pour inciter les consommateurs à acheter tel produit ou tel équipement ne peut pas perdurer bien longtemps car il ne correspond à aucun modèle économique d'une part, et représente d'autre part une charge financière considérable insupportable budgétairement en cas de succès au-delà d'un certain seuil.

De plus il n'est pas une incitation pour l'industriel à rechercher une optimisation des coûts de production, surtout si les subventions représentent une part significative de ce coût.

La subvention s'apparente alors à une rente de situation dont le seul bénéficiaire est l'actionnaire.

La suppression brutale de cette subvention est alors un coup dur qui impacte à la fois les constructeurs qui sont confrontés aux vrais prix du marché concurrentiel, et les clients qui voient les prix augmentés du montant de l'ex-subvention.

Il est donc normal de constater un impact sérieux sur le niveau des ventes.

Un nouvel équilibre doit alors être recherché pour revenir dans une phase commerciale classique et retrouver la physionomie « normale » du marché.

( Si tant est que l'on puisse définir ce que l'on entend par physionomie normale, généralement une part de marché...).

C'est vrai pour la voiture électrique, mais aussi pour la pompe à chaleur, la rénovation des bâtiments, etc.

La voiture électrique en est arrivée au stade où elle pourrait lâcher ses béquilles et avancer toute seule vers la conquête de parts de marché non subventionné. Ce passage doit normalement créer un trou d'air sur les ventes, variable selon la brutalité avec laquelle les subventions sont supprimées.

Ce coup de mou devrait être comblé rapidement si le produit répond aux attentes des clients.

Mais la voiture électrique est un cas particulier :

Pour la première fois dans l'histoire de la technologie, il s'agit de remplacer un produit qui donne déjà toutes satisfactions aux clients, par un nouveau produit plus onéreux mais dont les prestations sont d'un niveau inférieur à celui atteint par l'ancien modèle.

Notre école de commerce nous apprend qu'une telle démarche est assurée de l'échec, sauf si de nouveaux arguments de vente sont mis en valeur, qui amènent le futur client à passer outre les défauts ( de jeunesse?) du nouveau produit.

Pour la promotion de la voiture électrique, les arguments choc avancés sont les suivants :

- Participer activement à la réduction des émissions de CO2.

- Participer activement aux économies d'énergie grâce au rendement énergétique des VE très supérieur à celui des thermiques.

- Accéder librement aux zones ZFE.

D'autres arguments, moins convaincants car non vérifiables sur la durée :

- Se préparer à la disparition du pétrole.

- Réduction drastique du budget carburant.

- Réduction des frais d'entretien.

Les éventuels inconvénients tels que l'autonomie faible, très dépendante des conditions de conduite, le maillage sporadique du réseau de rechargement, la grande sensibilité aux conditions climatiques, la difficulté de revente, le coût exorbitant d'un éventuel remplacement de la batterie, etc, sont minimisés grâce à une argumentation ambiguë et une publicité très volontariste.

( Par exemple celui-ci : « on appréciera l'avantage d'une recharge longue, qui laisse le temps d'aller casser la croûte »...Avec deux enfants qui attendent : papa, on arrive quand ? ).

C'est avec ce sac à dos de pour et de contre, abondamment relayés par les réseaux sociaux, que le VE doit désormais faire son chemin, sachant que les modèles thermiques se portent toujours bien, merci, qu'ils sont nettement moins chers que les électriques, que le pétrole coule toujours à flot pour un prix encore acceptable, et que les ZFE ne concernent encore qu'une minorité d'automobilistes.

Les autorités elles-mêmes n'ont qu'une confiance limitée dans les arguments « pour » le VE, au point qu'elles ont estimé devoir faire appel à la force pour éliminer la concurrence thermique, qui se trouve ainsi, de la par la Loi européenne, condamnée à l'exil à partir de 2035, date à partir de laquelle il sera interdit de proposer à la vente des voiture neuves thermiques en Europe.

( C'est dire assez la confiance mise dans l'aptitude du VE à se faire une place sur ce marché exigeant ! ).

L'idée de départ est honorable :

Il s'agit en fait de ramener à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves.

( Pour les « vieilles » on verra plus tard...)

Mais les émissions de CO2 des voitures sont une chose, et l'empreinte carbone de l'automobile en est une autre.

Or cette empreinte CO2 du VE est significative si l'on prend en compte toutes les étapes du processus automobile :

Extraction des matériaux, raffinage des produits bruts, transport, fabrication des véhicules, production de l'électricité, construction et entretien des stations de rechargement, recyclage des VE en fin de vie, traitement des déchets, toutes étapes que le VE doit parcourir, et qui toutes génèrent du CO2.

Avec en plus, l'inconvénient pour le VE de faire appel à des matériaux au coût élevé et dont l'approvisionnement pose problème ( Cuivre, Lithium, Cobalt, etc ).

L'analyse comparative de la véritable empreinte carbone des deux types de motorisation, électrique et thermique, laisse planer un doute ( c'est un euphémisme ) sur la supériorité « à priori » de l'électrique, surtout si l'on tient compte de l'origine de l'électricité utilisée.

Reste alors les avantages indéniables de l'électrique, l'absence d'émissions toxiques et la réduction de la consommation énergétique finale.

Un autre débat collatéral qui n'a pas été abordé est le rôle possible des biocarburants.

Sauf décision qui serait passée inaperçue de nos radars, la biomasse fait partie du panier de la ménagère soucieuse de sauver le climat de la Planète.

D'ailleurs cette biomasse est largement évoquée à propos de l'alimentation des centrales électriques chargées de la compensation de l'intermittence des renouvelables.

Par ailleurs, les biocarburants et le biogaz sont déjà utilisés pour alimenter les véhicules à moteurs thermiques, avec succès.

Pourquoi ces sources d'énergie seraient-elles bannies du secteur des transports ?

Elles pourraient largement contribuer à assurer la décarbonation des transports, permettant de faire cohabiter l'électrique et le thermique pendant plusieurs décennies et laisser le marché s'équilibrer entre les différentes solutions, y compris même peut-être l'hybride sous conditions.

Toutes ces considérations sont abondamment relayées par les réseaux sociaux et la presse spécialisée, qui fait volontiers le « buzz » sur les inconvénients (réels ou imaginaires ) plutôt que sur les points positifs tant il est vrai que les trains qui arrivent à l'heure n'intéressent personne...

La presse, relayée par les réseaux, remplit son rôle d'informateur en diffusant l'état des technologies en rapport avec la voiture électrique, état qui donne l'image d'un foisonnement de nouveautés témoignant d'un manque de maturité évident. D'où il ressort que la meilleure voiture électrique, c'est celle qui sera mise sur le marché le mois prochain ou l'année prochaine. Cette information est nécessaire, mais aussi peut être dissuasive car elle suggère que le VE n'est pas le meilleur placement, pour un acheteur qui croit encore faire une « bonne affaire » en achetant un produit qu'il pourra revendre dans quelques années, alors qu'en réalité il est en train d'essuyer des plâtres...

La dernière en date des vraies fausses nouvelles est l'arrivée prochaine d'une taxation sur les voitures électriques.

Aujourd'hui les carburants fossiles de nos autos sont lourdement taxés, constituant pour l'Etat français une recette annuelle de plus de 50 Milliards d'euros.

Dans l'hypothèse d'une électrification totale de ce parc auto, cette recette fiscale disparaîtra.

Elle devra être bien évidemment compensée par une autre recette d'un montant équivalent.

Actuellement ce changement de portage n'a pas été annoncé, ce qui laisse le champ libre aux imaginations débridées qui nous prédisent l'avenir sur les réseaux sociaux.

Il y aurait donc dans l'air un projet de taxation des voitures électriques, purement imaginaire* pour le moment, mais …

* ( pas si imaginaire que çà puisque nous avons déjà la taxe sur le surpoids, qui doit s'appliquer dès cette année...et le surpoids, le VE le connaît bien ).

Voilà donc un nouveau caillou dans la chaussure du VE, qui se serait bien passé de cette menace sur son principal avantage, son budget carburant annoncé « dérisoire ».

Il y a bien une solution radicale pour provoquer l'abandon des voitures thermiques et la ruée vers l 'électrique, c'est la taxe carbone.

Hélas, ce malheureux pétrole est surtaxé, la place est donc déjà prise et toute nouvelle surtaxe entraînerait le retour de l'explosion sociale déjà expérimentée il y a peu d'années.

( Rappelons que les carburants pétroliers supportent déjà une taxe sur la taxe, l'ensemble résultant en un sac à dos fiscal de 50% ).

Par ailleurs, le vrai prix du carburant électrique est un peu l'arlésienne, il dépend de l'origine de l'électricité achetée : domicile, borne publique basse puissance, borne gratuite (?), borne de station routière de puissance moyenne, ou d'autoroute, de forte puissance, de très forte puissance, charge rapide ou pas, gestionnaire(s) des bornes, etc.

En sorte qu'il est pratiquement impossible d'établir un budget carburant, ce qui est « gênant » pour un projet d'achat supposé générer un forte économie sur le carburant !

Bien sûr ces inconvénients sont le propre d'une nouvelle application, et la situation ne peut que se clarifier avec le temps.

Mais quel temps ? Cinq ans, Dix ans ?

La voiture électrique existe depuis déjà plus de dix ans.

Elle est technologiquement au point et a apporté la preuve de son efficacité.

Mais il subsiste un gros problème lié à la batterie.

La capacité spécifique des batteries actuelles ( kWh embarqués par kg de poids ) ne permet pas économiquement de proposer des voitures utilisables à la fois pour des trajets journaliers urbains ou péri-urbains et des trajets de longue distance, alors que la voiture thermique n'a pas ce problème.

Le client éventuel d'un VE doit donc faire un choix budgétaire :

Soit acheter un véhicule « raisonnable » équipé d'une batterie de 30 kWh pour l'usage quotidien, mais il devra conserver sa voiture thermique pour les besoins longue distance.

Soit acheter une voiture de haut de gamme avec une batterie de 150 kWh permettant les longues distances, mais complètement déraisonnable budgétairement pour les trajets journaliers.

Cette équation n'a pas encore reçu de solution.

( Ou plutôt si, mais çà nous ramène à l'hybride, qui donne des boutons aux écologistes et ne respecte pas l'ukase de Bruxelles. Et n'est pas budgétairement dans les clous...)

Tant que ce dilemme subsistera, la voiture électrique sera essentiellement une seconde voiture en complément d'une thermique. Mais le thermique étant banni à partir de 2035, sa survie est compromise, même en occasion. Ce qui nous ramène au cas précédent.

Tout ces vrais ou faux problèmes, et toutes ces rumeurs entravent l'enthousiasme des éventuels futurs acheteurs de VE, habitués aux voitures thermiques dépourvues d'états d'âme et toujours prêtes à remplir leur mission sans exiger préalablement des soins attentifs, et sans devoir établir préalablement une feuille de route en fonction de la présence, ou pas, de bornes de rechargement.

Ces « petits » inconvénients sont amplifiés par les réseaux sociaux et deviennent des repoussoirs pour une clientèle peu soucieuse d'acquérir un objet qui leur posera plus de problèmes qu'il n'en résoudra.

Et que dire de la valeur de revente, pour un véhicule qui dans deux ou trois ans fera figure d'ancêtre dépassé par les progrès des nouveaux modèles, et dont la batterie aura perdu 15 ou 20% de sa capacité d'usage et dont le remplacement coûte plus cher que la voiture ?

( Une voiture électrique avec une batterie morte n'est plus qu'un morceau de fer...).

 

Dans ce contexte, pour le moins incertain, il peut paraître raisonnable de choisir la location ( LOA ou LLD ) plutôt que l'achat classique.

Mais cette solution est limitée en kilométrage annuel, le premier loyer est souvent salé, et les frais de remise en état peuvent être « surprenants ».

Les mises en garde propagées par une certaine presse, et relayées par les réseaux sociaux sont parfois fantaisistes, mais certaines correspondent à des réalités auxquelles le futur acheteur doit attacher une attention particulière en fonction de l'usage qu'il envisage pour son futur achat, sous peine de devoir subir des déboires qui seront à leur tour rapportés sur les réseaux sociaux, grossissant ainsi la rumeur et alimentant le « bashing ».

Entre le matraquage publicitaire portant le VE aux nues et le bashing tous azimuts des réseaux sociaux, le client éventuel ne dispose pas des éléments concrets pour un choix de « bon père de famille » ; l'attentisme est alors souvent la solution la plus raisonnable.

2035 c'est encore loin, et une directive européenne peut toujours en cacher une autre...

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4 mars 2024 1 04 /03 /mars /2024 19:00

 

La transition énergétique à la croisée des chemins.

4 Mars 2024

- La période des grands discours au sujet de la meilleure façon d'effectuer cette transition énergétique est terminée. Maintenant est venu le temps d'agir.

Et donc se se colleter avec les vrais problèmes, ceux qui ne peuvent pas se résoudre avec de beaux rapports illuminés de graphiques multicolores.

Quelques-uns de ces problèmes de terrain commencent à apparaître.

On aurait pu croire que la transition énergétique consistait « simplement » à remplacer quelques installations d'extraction de produits fossiles par d'autres installations de production, certes un peu plus sophistiquées, mais déjà identifiées et validées, donc sans surprise et sans problèmes de fond. Il n'y avait qu'à...

Que nenni.

- Pour l'essentiel, notre monde de machines fonctionne sur le principe de la combustion des fossiles. Même les besoins d'électricité sont satisfaits majoritairement par des machines à combustion ( Centrales électriques à fuel, Gaz naturel, beaucoup fonctionnant encore au charbon... ).

Or, les nouvelles sources d'énergie renouvelables produisent principalement de l'électricité, qui ne peut pas servir à alimenter des moteurs thermiques ( Turbines ou moteurs à combustion interne ).

Il y a donc deux voies possibles : soit remplacer les fossiles par de la biomasse, soit remplacer toutes les machines thermiques par des électriques.

Nous devrons probablement faire les deux.

La solution de la biomasse rencontre ses limites dans la déforestation induite, le conflit avec les cultures vivrières, et l'absence de gain sur les rendements énergétiques.

Quant à l'électrification des machines, elle suppose préalablement l'établissement de réseaux de distribution, ce qui limite son usage à des pays déjà développés.

( Et, sauf erreur, la transition énergétique sera mondiale, ou ne sera pas...).

La première inconnue est donc la future répartition entre électricité et biomasse ; cette incertitude n'est pas favorable à la planification des investissements qui nécessitent un minimum de visibilité à long terme.

D'autant plus qu'il y a encore beaucoup de questionnements sur les biocarburants de troisième génération, et quant à l'Hydrogène naturel, qui n'est encore qu'un fantasme, il est cependant suffisamment crédible pour susciter un certain attentisme chez les décideurs en créant un espoir qui sera peut-être déçu.

- La croissance de la production d'électricité éolienne et solaire a mis en évidence les inconvénients d'une production soumise aux caprices des éléments, qui peuvent générer une forte baisse de production de longue durée ( plusieurs semaines, voire plusieurs mois).

La nécessité de compenser ces périodes maigres par des installations de production de base pilotables n'est désormais plus contestée.

( L'illusion d'un foisonnement de la production a été démentie par l'expérience ).

L'hydroélectrique ou les batteries sont pilotables avec des temps de réponse très courts, mais leur capacité énergétique est trop faible pour intervenir sur des durées supérieures à quelques heures.

Aujourd'hui les moyens de secours long terme sont des centrales à Gaz naturel ou à fuel, voire même des centrales à charbon, qui devront demain être alimentées avec du Biogaz ou de la Biomasse solide ou liquide.

Mais, faire de l'éolien et du solaire pour échapper aux centrales thermiques, et se retrouver avec des centrales thermiques pour compenser l'intermittence de l 'éolien et du solaire, voilà qui n'est pas sans rappeler certains Shadoks de notre enfance...

Ce problème de fond n'est toujours pas résolu.

En France, l'Hydroélectrique de barrages a pu être considérée comme un excellent moyen de pallier les défaillances de l'éolien et du solaire, mais d'une part les quantités d'énergie disponibles seront vite épuisées ( Quelques jours...) et d'autre part cette eau sera précieuse pour aider l'agriculture dans les périodes de sécheresse qui sont annoncées ; elle ne pourra donc pas servir pour les deux fonctions...

A ce problème de fond vient s'ajouter le problème de l'emprise territoriale et maritime des parcs de production éolienne et solaire.

La montée en puissance de cette production intermittente pose en effet un problème d'acceptabilité difficilement surmontable, qui conduira à en limiter la part dans le mix énergétique.

Ces évaluations n'ont toujours pas été effectuées.

Les rôles respectifs des énergies renouvelables sont donc encore à définir, ce qui complique les prévisions d'investissements dans telle ou telle filière.

( Il va de soi qu'il n'est pas question d'investir massivement dans toutes les filières, il faudra donc faire des choix...).

Certains ont tenté de glisser ce problème d'intermittence sous le tapis en évoquant la possibilité d'inverser le système de distribution électrique actuel qui consiste à adapter la production à la demande.

Bons sang mais c'est bien sur, il suffirait d'adapter la demande à l'offre d'énergie !

Nous leur souhaitons bien du plaisir...

D'autres encore ont suggéré de reporter ce problème d'intermittence à la charge des utilisateurs grâce à la généralisation d'un système de production locale à base de panneaux solaires et de batteries domestiques, le tout couplé à la batterie d'un véhicule électrique ( genre « cybertruck » de Tesla ) , une sorte d'usine à gaz d'intérêt local mais dont on ne voit pas le début du commencement de la réalisation.

Les amoureux de la pile à combustible voient dans l'électrolyse la solution pour le stockage de longue durée, l'Hydrogène obtenu pouvant de plus être utilisé à toutes les sauces dans la filière Hydrogène, l'électricité étant reconstituée grâce aux piles à Hydrogène.

Aucune de ces « solutions » n'a encore pu être validée, en sorte que le problème de la compensation de l'intermittence des renouvelables demeure entier.

- Ce contexte peu rassurant conduit inévitablement à reconsidérer la production d'électricité nucléaire comme un moyen honorable de recours permettant au moins de passer cette phase d'incertitude concernant les capacités des renouvelables à prendre le relais des fossiles dans toutes les applications.

Mais il s'agit d'une technologie à ne pas mettre entre toutes les mains, et donc qui ne peut être disséminée comme l'éolien, le solaire, l'hydroélectrique, la géothermie, ou le thermique à biomasse, que l'on peut installer partout.

D'autre part, il y aura des choix à faire entre le « gros » nucléaire ( genre EPR ) et le « petit » nucléaire type « SMR » ou « Nuward », choix qui engageront l'avenir pour plusieurs décennies.

Donc, pour le nucléaire également, les prévisions d'investissements manquent encore de bases de décisions car certains problèmes de fond ne sont pas encore éclaircis.

Ainsi, le choix des systèmes de production d'énergie renouvelable est très loin d'être arrêté. Sachant qu'il faudra investir des milliers de Milliards, on comprend que les décideurs ne soient pas pressés.

Mais ce n'est pas tout.

- Le choix des sources d'énergie de substitution est une chose, l'utilisation de cette énergie en est une autre. Quelles que soient les futures sources d'énergie renouvelables utilisées, tout le monde s'accorde à reconnaître que les quantités disponibles seront très inférieures à celles que les fossiles nous dispensent jusqu'à présent, et pour encore quelques années.

Il nous faudra donc les utiliser avec parcimonie.

Ce programme d'économie est donc un autre volet de la transition, tout aussi important que le changement des sources d'énergie.

D'abord il faudra réduire drastiquement l'écart entre énergie primaire et énergie finale.

C'est le remplacement des moteurs thermiques par des moteurs électriques là où c'est possible, et à condition que l'électricité soit produite à partie de sources décarbonées ou à carbone recyclable.

C'est également utiliser la cogénération pour valoriser la chaleur perdue.

( Y compris peut-être pour les centrales nucléaires ? ).

C'est enfin puiser dans l'immense réservoir d'énergie géothermique de surface en généralisant les pompes à chaleur pour la production de chaleur basse température.

Dans le même temps il « faudra » développer un programme pour l'utilisation rationnelle de l'énergie.

Non seulement pour l'isolation thermique des bâtiments et leur conception, mais aussi pour l'optimisation des transports routiers, ferroviaires, maritimes, aériens, et pour l'ensemble des usages de l'énergie dans toutes les activités, y compris les loisirs et le sport.

Il s'agit donc, non seulement de puiser notre énergie à des sources différentes, mais également reconditionner toutes les utilisations de l'énergie pour les adapter à un régime de parcimonie afin de remplacer le régime actuel de gaspillage sans contrôle.

Sans parler de la nécessaire remise en question de certains modes de vie très énergivores, mais peut-être pas tout à fait indispensables au bien-être des peuples...

( La fameuse « règle » des quatre voyages touristiques en avion par an est une proposition provocatrice, mais c'est un peu l'idée...).

Le principal obstacle à une mobilisation planétaire est la disponibilité persistante des énergies fossiles, à un coût encore gérable. Cette situation n'incite pas vraiment à mobiliser des investissements colossaux pour renverser la table et prendre le risque de déstabiliser un équilibre industriel, économique, et social, qui amorcerait une phase de désordres permanents incontrôlables.

( On connaît hélas l'issue des crises économiques...)

Un exemple des conséquences possibles d'une décision en accord avec la volonté de réduire la consommation d'énergie fossile nous est donné par le remplacement des voitures thermiques par des voitures électriques.

Ce changement de technologie comporte naturellement quelques difficultés, comme toute innovation.

Les difficultés rencontrées portent non pas sur le véhicule lui-même, dont la conversion ne pose aucun problème vraiment nouveau, mais sur l'alimentation du véhicule en électricité.

A la fois la quantité d'énergie embarquée pour assurer une autonomie acceptable, et le réseau de recharge des batteries pour éviter de passer plus de temps à recharger qu'à rouler, posent problèmes pour lesquels les solutions tardent à arriver.

A ces deux problèmes vient s'en ajouter un troisième, peut-être le plus important, qui est la nécessité d'un réseau de distribution électrique d'une part, et capable de délivrer les puissances nécessaires à la recharge des batteries d'autre part.

Conditions qui ne sont satisfaites que dans les pays développés. Ailleurs, seules les agglomérations disposent des structures électriques suffisantes.

.Dans ces conditions il est clair que la voiture électrique ne pourra pas satisfaire la totalité du marché mondial, qui concerne un parc de plus de un Milliard de véhicules.

Les constructeurs devront donc s'adapter à ce double marché, les choix ne sont pas évidents car ils mettent enjeu l'avenir de l'industrie automobile.

Seuls ceux qui auront fait les bons choix survivront après 2050...

La transition énergétique ne sera donc pas un long fleuve tranquille.

D'autant plus que d'autres milliers de milliards devront être dépensés pour réparer les dégâts déjà inévitables causés par le changement climatique.

Il reste encore à évaluer le problème de fond qui est de savoir s'il y aura assez d'énergie pour donner aux onze Milliards de terriens, prévus par l'ONU au siècle prochain, un niveau de vie décent en rapport avec les standards des pays développés actuels.

Sinon, on fait quoi ?

Parler de « croisée des chemins » est un euphémisme. Il s'agit en fait d'un gigantesque chantier sans chef de chantier, où s'affrontent des intérêts contradictoires, où chacun tâche de préserver ses propres intérêts et son indépendance tout en renforçant ses positions sur les marchés internationaux.

Le tout dans une atmosphère délétère de changement des équilibres mondiaux, voire d'affrontements guerriers, où il devient plus important de fabriquer des obus que des batteries de voitures électriques...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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24 février 2024 6 24 /02 /février /2024 15:02
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