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18 mars 2020 3 18 /03 /mars /2020 19:41

L'électricité demain, ou après-demain...

18 Mars 2020

Il est donc entendu que tôt ou tard l'essentiel de notre électricité sera produite par une multitude de « petits » générateurs utilisant des sources d'énergie renouvelable : éoliennes, panneaux solaires, petites turbines hydrauliques, petites unités thermoélectriques à biogaz ou biomasse, qui viendront compléter l'apport des grands barrages et des STEP associées pour le stockage de compensation.

Le système actuel est issu de la Loi de 1946 sur la nationalisation des entreprises de production, de transport, et de distribution de l'électricité.

EDF devenait un Etablissement public.

Dès 1945 le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) était créé, ouvrant la voie au programme de centrales nucléaires qui nous a conduits à la situation actuelle.

La technologie électronucléaire ne supporte pas la dissémination, pas plus hier qu'aujourd'hui. Le parc nucléaire fut donc conçu sur la base d'un petit nombre d'installations de puissances individuelles élevées.

Ce parc se compose de 19 centrales regroupant chacune plusieurs réacteurs de très forte puissance.

( 900 MW pour les premiers réacteurs commerciaux, jusqu'à 1 400 MW pour les dernières versions en service, et 1 650 MW pour la version EPR prévue à l'origine pour remplacer les centrales vieillissantes).

Il fut complété par des centrales thermiques utilisant des combustibles fossiles, et par un parc de centrales hydrauliques.

L'électronucléaire, nettement majoritaire, fournir encore 75% de notre énergie électrique.

Ce concept fortement centralisé, prévu pour ajuster la production à la demande grâce à des centrales pilotables, n'est plus compatible avec les exigences et les contraintes nées de la transition énergétique.

Alors que des installations utilisant des combustibles fossiles ou nucléaires ont une emprise territoriale faible de quelques dizaines d'hectares, leurs homologues utilisant le rayonnement solaire ou l'énergie du vent sont très gourmandes en superficie, ce qui impose de les disperser pour des raisons d'acceptabilité.

Il faut 600 grandes éoliennes de 8 MW pour produire autant d'électricité qu'une centrale comportant deux réacteurs de 1 400 MW. Encore fait-il préciser que ces turbines énormes et puissantes sont réservées à l'offshore, les turbines terrestres doivent se contenter de 2 ou 3 MW qui sont la limite d'acceptation.

Les centrales thermiques ( à Uranium ou avec des fossiles) sont « pilotables », leur production est en permanence ajustée à la demande des consommateurs.

Il en ira différemment avec l'éolien et le solaire.

Le vent est capricieux et le Soleil ne brille pas la nuit, la production électrique sera donc intermittente ( prévisible, mais intermittente). Pour éviter des délestages sur le réseau il faudra impérativement disposer d'installations de stockage d'énergie.

Qu'il s'agisse de stockage hydraulique (Stations de pompage) ou sur batteries, ou tout autre dispositif, il faudra également disperser les installations pour éviter le gigantisme.

Le gaz naturel fossile sera remplacé par du biogaz, lequel sera majoritairement produit localement à partie des déchets de l'agriculture et des industries de transformation, et aura vocation à produire de l'électricité et/ou de la chaleur qui sera distribuée sur place car la chaleur ne se transporte pas sur de longues distances.

Avec les technologies éolienne et solaire photovoltaïque, qui ne présentent aucun des caractères de dangerosité du nucléaire, il est possible de réaliser des installations de taille « humaine » économiquement viables et adaptées aux besoins d'un territoire particulier.

Il devient ainsi possible de fabriquer une électricité qui sera consommée sur place, comme tout autre produit ou service pouvant être cultivé ou fabriqué localement.

Ce qui est aujourd'hui réalisé avec les produits de la terre et de l'élevage devient possible avec l'électricité.

Tout cela converge vers un nouveau concept basé sur une production locale de l'énergie sous des formes diverses selon les prédispositions du territoire concerné, et regroupant sous forme de « clusters » les besoins des usagers particuliers et professionnels.

Des exemples existent déjà sous forme de coopératives pour exploiter soit un mini parc éolien, soit une petite centrale hydroélectrique, avec un niveau d'autoconsommation variable.

Le degré d'autosuffisance de ces clusters sera variable selon le degré de développement et le choix des clients actionnaires, et dépendra du tarif proposé par le gestionnaire du réseau national, si toutefois il existe encore...

Quel serait le rôle du réseau national de distribution ?

Conçu à l'origine pour distribuer la totalité de l'énergie électrique depuis quelques grosses centrales vers les 35 millions de clients, le réseau fut bâti sur une structure arborescente monodirectionnelle.

Un seul réseau, une seule entreprise, le tout régi par les règles du service public de l'électricité.

Aujourd'hui ce schéma vole en éclats.

L'Entreprise unique d'Etat est devenue Société Anonyme ; certes l'Etat y est encore actionnaire largement majoritaire, mais déjà se dessine le projet de séparation des activités électronucléaires qui seraient prises en charge par l'Etat d'une part, des autres activités ( essentiellement électricité renouvelable) qui seraient gérées par une SA sur le marché ouvert.

(Voir projet hercule).

Par ailleurs le quasi monopole de EDF a déjà disparu depuis l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence, et plus de trente fournisseurs alternatifs se partagent le marché français, certains étant à la fois fabricants d'électricité et fournisseurs, d'autres seulement fabricants, et d'autres seulement fournisseurs.

Dans le même temps la puissance de EDF s'est vue sapée par le dispositif ARENH qui l'oblige à céder à la concurrence le quart de sa production électronucléaire à un prix de braderie.

D'autre part de nombreux particuliers fabriquent de l'électricité, essentiellement photovoltaïque, pour l'injecter dans le réseau ou pour pratiquer l'autoconsommation.

Cet éclatement du système de production ne peut que se développer, avec un basculement vers les renouvelables incluant le solaire photovoltaïque, l'éolien terrestre, le petit éolien, et le thermique à biogaz et biomasse solide.

Mais pour que ce système à acteurs multiples puisse fonctionner avec la rigueur et la fiabilité nécessaire, il est indispensable de redéfinir les règles du service public de l'électricité.

La qualité de l'électricité fournie doit respecter tous les paramètres tels qu'ils sont en vigueur aujourd'hui, ce qui n'est possible que grâce à un coordinateur au niveau national ayant pouvoir de gérer les échanges inter-régionaux mais aussi les échanges transfrontaliers, de contrôler le système des garanties de capacités, et de veiller au bon fonctionnement du réglage système.

Pour que le réseau de distribution électrique ne devienne pas une jungle ingouvernable génératrice de dysfonctionnements intolérables, une entité à caractère national restera donc nécessaire, ce qui laisse du grain à moudre pour prendre le relais de EDF en assurant les fonctions aujourd'hui prises en charge par RTE et ENEDIS, avec peut-être en plus la gestion des grands barrages, des parcs éoliens offshore, des STEP, et pourquoi pas de quelques centrales solaires héliothermodynamiques .

A moins que quelques compagnies étrangères ne profitent de la situation actuelle, quelque peu chaotique, pour prendre quelques parts du gâteau...

Le réseau électrique de demain devra être non seulement « intelligent », mais aussi quelque peu autoritaire...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 17:02

Eolien offshore, çà vient, çà vient....

1er Mars 2020

Après plus de dix ans d'atermoiements, d'hésitations, de recours, l'Eolien offshore est enfin sur les rails.

Les ultimes recours ont été jugés, le Conseil d'Etat a statué, les programmes sont alloués, le prix d'achat des MWh produits sont décidés, les pelleteuses sont sur la plage, les ateliers ont déjà découpé les premières tôles.

Il s'agit bien sûr du projet de six parcs éoliens offshore de la côte atlantique, qui offriront à terme une puissance installée totale d'environ 3 GW.

(6 parcs de 80 turbines de 6 MW chacune, dans le projet actuel).

Intéressons-nous au parc de Saint-Nazaire, qui semble le plus avancé.

Installé au niveau du banc de Guérande, il comprendra 80 machines de 6 MW chacune, montées sur des tours, elles-mêmes fixées au fond de la mer. La puissance totale installée sera donc de 480 MW.

Les turbines seront des « Haliade 150 »  de General Electric, d'une puissance de 6MW.

L'énergie produite dépendra évidemment de la force et de la régularité du vent.

Pour un régime de vent théorique permanent optimal, l'énergie recueillie annuellement serait de 4,2 TWh.

( 80 x 6 MW x 8 760 Heures)

Mais, compte tenu du régime de vent réel et des périodes d'arrêt pour maintenance, le facteur de charge sera d'environ 50%, selon les résultats obtenus sur d'autres parcs offshore utilisant les mêmes machines.

L'énergie réellement produite sera donc d'environ 2,1 TWh par an.

(Si le régime des vents à l'endroit choisi est du même ordre que celui qui a permis d'homologuer les turbines Haliade 150, ce qui n'est pas encore démontré, loin s'en faut).

Cette énergie n'est pas pilotable, autant en apporte le vent...

Les services météo peuvent certes fournir des prévisions précises, mais ne peuvent évidemment pas commander la force du vent pour le moment le plus opportun.

La production éolienne sera donc affectée d'une composante variable inévitable dont il faudra tenir compte pour la gestion du réseau, ce qui représente un coût supplémentaire notamment pour les installations de stockage tampon. Ce coût, jamais évoqué, pourra être très élevé.

(Il peut s'agir de stockage sur batteries, sur stations de pompage-turbinage, ou par le filière Hydrogène réversible).

Lorsque les six parcs éoliens seront opérationnels, on attend d'eux qu'ils participent au remplacement de la production des 14 réacteurs nucléaires dont l'arrêt a été décidé à l'échéance de 2035, et dont deux sont déjà arrêtés ces jours-ci.

Qu'en sera-t-il exactement ?

 

Ces vieux réacteurs produisent encore aujourd'hui annuellement une énergie de 50 TWh, alors que l'ensemble des six parcs éoliens ne produira que 10 TWh environ, soit 5 fois moins.

Lorsqu'ils donneront leur production optimale, les six parcs éoliens offshore ne pourront donc remplacer qu'à hauteur de 20% la production des 14 réacteurs nucléaires arrêtés d'ici 2035.

Pour tenir le programme d'arrêt des 14 réacteurs nucléaires, il faut donc rapidement mettre en chantier des installations nouvelles de production d'électricité capables de fournir annuellement 40 TWh, en plus des six parcs éoliens atlantique, et beaucoup plus par la suite au fur et à mesure des arrêts de réacteurs pour réduire la part l'électricité nucléaire à 50% du mix à l'échéance de 2050.

Après l'arrêt des 14 réacteurs, la puissance nucléaire installée restante sera de 50,6 GW, pour une production annuelle de 380 TWh environ, soit 69% de la production électrique, qui sera encore de 550 TWh environ, en comptant les consommations internes et les pertes réseau.

Nous sommes encore loin des 50% de part du mix électrique, qui constitue l'objectif de 2050.

Pour tenir l'objectif des 50% de nucléaire, ce ne sont pas 14 réacteurs qu'il faudra arrêter, mais bien plutôt 34 !

Dans une entreprise, quelle qu'elle soit, il n'est jamais recommandé de s'arrêter au milieu du gué.

La réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d'énergie électrique est évidemment une première étape, l'objectif devant être la fermeture de tous les réacteurs.

En effet, vu les arguments retenus pour justifié la décision de réduire cette production, essentiellement le risque d'accident majeur du type Tchernobyl ou Fukushima, on ne voit pas très bien en quoi ce risque serait significativement réduit par la fermeture de la moitié des sites.

Ce risque demeurerait entier pour les populations voisines des centrales restées en activité, ce qui poserait le problème du choix : Qui aura le droit de dormir tranquille, et qui sera condamné à demeurer sous une menace avérée.

Car enfin, si l'on arrête des centrales, c'est bien qu'il y a un risque...

A terme, c'est donc bien la totalité des centrales qu'il faudra fermer.

Or rien n'a jamais été dit à ce sujet, ce qui laisse planer un doute sur le futur mix électrique français après 2050.

Ce projet de six parcs éoliens offshore, très ambitieux lors de sa conception en 2010, se trouve un peu dépassé dix ans plus tard en 2020 alors qu'aucune éolienne n'a encore été posée.

En effet aujourd'hui la turbine Haliade 150 de 6 MW est déjà largement dépassée car la technologie évolue rapidement en raison de la très forte demande du marché.

Actuellement, General electric négocie ses futurs marchés offshore à partir de sa nouvelle turbine Haliade X de 12 MW, avec des performances d'efficacité améliorées (Facteur de charge annoncé de 57%).

Cette nouvelle turbine de 12 MW pourra fournir annuellement une quantité d'énergie de 60 GWh, soit plus du double de celle fournie par le modèle 6 MW, avec un coût de production du MWh significativement inférieur.

Les Espagnols (Siemens-Gamesa) ont déjà une turbine de 8 MW, et les américains développent une 15 MW...

Le parc de Guérande, qui ne sera pas opérationnel avant 2022, est donc déjà assuré d'une rentabilité opérationnelle plus que douteuse ; il en est bien sûr tenu compte dans le calcul des coûts actualisés puisque le tarif d'achat a été fixé à 135 euro par MWh ce qui représente trois fois le prix actuel du marché !

Ce surcoût sera supporté par le consommateur/citoyen à travers les taxes alimentant le fond pour le développement des énergies renouvelables.

Que doit-on penser de ce « modèle économique » ?

Précisons tout de suite que la proximité du littoral, et son caractère hautement touristique, interdisent de remplacer les turbines Haliade 6 par les modernes Haliade X plutôt réservées à des sites plus discrets en raison de leurs dimensions colossales. De toutes façon une telle modification exigerait de reprendre à zéro le processus d'homologation et les enquêtes diverses, dix ans de plus de perdus...

Voici un extrait du compte-rendu N°37 du 4 Juin 2019 de la Commission d'enquête de l'Assemblée Nationale, sur l'impact économique, industriel, et social, des énergies renouvelables, exposé de Monsieur Jérôme Pécresse , PDG de GE Renewable Energy :

« Monsieur le président, nous avons dû renoncer à deux de nos trois projets avec EDF car nous ne pouvons pas à Saint-Nazaire faire à la fois des turbines de 6 MW pour des projets remportés en 2012 et des turbines de 12 MW pour des projets que nous sommes en train de gagner aujourd’hui. Nous avons dû faire des choix douloureux ».

Tout est dit dans cet extrait ; les dix ans de retard français dans l'éolien offshore seront durs à rattraper.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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24 février 2020 1 24 /02 /février /2020 11:33

24 Février2010

Enfin des actes, il y aurait donc une cellule de décision en haut, il ne faut jamais désespérer.

Mais, pour tempérer l'enthousiasme des pourfendeurs du nucléaire, il faut préciser que l'arrêt de la vieille centrale nucléaire n'a rien à voir avec la promesse de réduire la part de l'électronucléaire dans le mix énergétique.

En fait, cette vieille centrale (42 ans d'exploitation) n'est plus en état de remplir les conditions de sûreté exigées par les nouvelles règles post-Fukushima.

Sa mise en conformité aurait coûté extrêmement cher, sans garantir l'élimination du risque de pollution de la nappe phréatique d'Alsace en cas de rupture de cuve avec fuite de corium.

L'euthanasie était donc inévitable, mais elle ne sera pas sans douleurs, les médias s'en font déjà l'écho.

Nos voisins allemands, qui réclament cet arrêt depuis longtemps, se réjouiront, tandis que côté français c'est un site industriel qui disparaît, avec ses emplois et l'activité tertiaire associée.

(Un emploi industriel génère cinq ou six emplois dans le tertiaire).

Cette vénérable installation était tout de même encore capable de fournir annuellement une quantité d'énergie de 8,4 TWh en 2016, pour une puissance installée de 1,8 GW.

Ceci correspond à un facteur de charge de 53%, qui traduit son grand âge et la nécessité de soins attentifs et constants.

(La moyenne des facteurs de charge est entre 0,8 et 0,9, cette dernière valeur étant le saint Graal difficilement atteignable sur la durée).

8,4 TWh, ce n'est pas rien ; c'est pratiquement la quantité d'énergie que pourra fournir l'ensemble des six parcs éoliens offshore de la côte atlantique, dont l'ouverture des chantiers vient à peine de recevoir le feu vert, pour un début de production dans deux ou trois ans pour les premiers parcs.

( 6 parcs de 500 MW chacun, soit 3 GW de puissance installée. La production d'énergie dépendra de la force des vents).

8,4 TWh, c'est 1,8 % de la production totale du parc nucléaire.

Cette baisse de capacité ne mettra pas en péril la production électronucléaire, grâce à une plus grande disponibilité des 56 réacteurs restants rendue possible par l'achèvement des travaux « post Fukushima » destinés à mettre les installations en conformité avec les nouvelles règles de sûreté.

Et en cas de besoin il sera toujours possible de recourir aux centrales thermiques existantes, ou d'importer un appoint d'énergie.

( La production actuelle hydroélectrique, éolienne, et solaire PV étant déjà utilisée au mieux des possibilités d'exploitation).

Les règles instituées par l'ASN imposent de démarrer les travaux de démantèlement immédiatement après l'arrêt définitif, pour la raison évidente que le personnel qualifié sur cette centrale est encore présent et pourra apporter son expertise au cours des travaux.

Les travaux de démantèlement « au niveau de l'herbe » peuvent durer une vingtaine d'année et leur coût, incluant le traitement et le stockage des déchets, sera important sans pour autant être compensé par un chiffre d'affaire puisque rien ne sera fabriqué, il s'agira d'une perte sèche du point de vue industriel, pertes que les provisions ne compenseront pas forcément car le vrai coût d'un démantèlement est inconnu.

Il était prévu de n'arrêter Fessenheim que lorsque l'EPR de Flamanville entrerait en production, ce qui se produira au mieux fin 2022 selon les dernières annonces de EDF.

La raison du changement de calendrier est inconnue.

Les mauvaises langues parlent d'élections prochaines, mais ces rumeurs ne sont pas fondées...

Que va-t-il se passer ensuite ?

Le paquet Fessenheim est accompagné d'un bonus, la promesse d'arrêter 12 autres réacteurs également entrés dans l'âge canonique.

Ces douze réacteurs de 900 MW produisent annuellement environ 50 TWh pour un facteur de charge moyen relativement faible de 55 %.

Là c'est une autre paire de manches ; il s'agit d'une baisse de production de 11,5 % , qui ne pourra pas être compensée par les moyens simples précédemment décrits. Il faudra impérativement trouver ailleurs les 50 TWh de base manquants, et les 11 GW de puissance qui feront défaut lors des pics de consommation.

(N'oublions pas qu'un outil de production électrique doit non seulement fournir la quantité d'énergie demandée, mais aussi la puissance nécessaire lors des pics de consommation. Ce paramètre est souvent « oublié » dans les évaluations).

C'est pourquoi la date d'exécution de cette sentence a été prudemment fixée à 2035, autant dire aux calendes grecques en langage codé.

Ce qui laisse aux imaginations débridées des prévisionnistes le temps de proposer des scénarios divers :

Les visionnaires postulent l'aboutissement du projet ITER, voire même des générateurs exploitant la fusion froide, toutes choses qu'il vaut mieux oublier, du moins pour 2035. A revoir au prochain siècle.

Les écologistes fondent leurs espoirs sur le principe de parcimonie ; l'énergie ne doit être qu'un pis-aller, la société de consommation a vécu, la France gaspille 500 TWh, alors que 50 TWh suffiraient, ya-ka économiser.

Nous voilà habillés pour les quinze prochaines années ; retenons la nécessité d'économiser l'énergie électrique, évitons donc d'acheter des voitures électriques et renonçons aux pompes à chaleur...Oui, c'est idiot, mais il en est ainsi de toutes les préconisations à l'emporte-pièce.

Les pragmatiques, attachés au principe de réalité, ne souhaitent pas jeter le bébé avec l'eau du bain, admettent qu'il faut économiser les ressources, mais ne souhaitent pas revenir au moyen-âge. Considèrent qu'en matière de transition énergétique rien de sérieux ne pourra être fait sans des changements profonds, très profonds, de nos modes de vie et même de nos structures sociales. Pour cela quinze ans ne suffiront pas, il faudra le siècle entier avec des pleurs et des grincements de dents. Proposent une stratégie des petits pas pour ne pas renverser la table.

Les énergéticiens, du moins ceux qui ont les mains dans le cambouis, suggèrent d'évoluer dans la continuité et de capitaliser sur les compétences acquises ; en clair, avant de songer à remplacer les fossiles et le nucléaire, il faut d'abord forcer sur l'éolien, le solaire thermique et photovoltaïque, le stockage d'énergie, la filière Hydrogène, la biomasse, le biogaz, l'hydraulique, grâce à un programme pluriannuel sur vingt ans, au terme duquel il sera possible de faire un bilan sérieux et d'imaginer un avenir sur des bases concrètes.

Le débat reste donc ouvert, et il risque de le rester longtemps.

Quelle que sera la ou les solutions mises en œuvre, il faudra investir beaucoup d'argent.

Au siècle dernier, lors de la construction du parc électronucléaire, la dette de l'Etat était au niveau de 20% du PIB. En 2018 elle atteignait 110% du PIB, soit 2 200 Milliards.

Dans ces conditions il est totalement illusoire d'attendre de l'Etat le financement, même partiel, d'une politique de grands travaux .

L'accumulation de plans, de colloques, de débats, de raouts internationaux, de consultations des citoyens, ne mène à rien de concret sinon à des des manœuvres d'évitement qui permettent de gagner du temps afin de laisser à d'autres, plus tard, les décisions déchirantes.

Face à cet abîme d'incertitudes, l'arrêt de Fessenheim est une décision de forme qui ne préjuge rien sur le fond.

Nous ne sommes, hélas, pas plus avancés qu'avant.


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 

 


 

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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 16:21

Transition énergétique cherche stratégie désespérément.

 

19 Février 2020

 

La transition énergétique s'inscrit dans la nouvelle doxa écologique étendue. Il ne s'agit plus seulement d'en finir avec les émissions anthropiques de gaz à effet de serre, mais également de rompre avec les « mauvaises habitudes » de consommation qui génèrent des nuisances au moins aussi pernicieuses que les émissions de GES.

Dans ce contexte, les ennemis à combattre sont devenus légions :

Les énergies fossiles bien sûr, mais aussi toutes formes de pollution et de destruction de l'environnement, toutes atteintes à la biodiversité, et toutes actions pouvant nuire gravement aux prochaines générations, comme les déchets nucléaires à vie longue.

Mais la nécessaire transition énergétique ne doit donc pas occulter les indispensables actions sans lesquelles la vie sur la planète serait compromise, même dans une atmosphère redevenue virginale.

 

La France ne possède (n'exploite) aucune ressource minière énergétique dans son sous-sol métropolitain.

Les fossiles ne sont plus qu'un lointain souvenir, et l'Uranium présent ne se prête plus à une exploitation industrielle.

Les seules ressources intérieures pérennes exploitables, et exploitées, sont les ressources renouvelables : Energie Hydraulique, Biomasse solide (bois énergie), biocarburants, biogaz, énergie éolienne, énergie solaire thermique et photovoltaïque, énergie géothermique .

Ces énergies contribuent à hauteur de 15 % environ de la consommation totale du pays.

Source :

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-09/datalab-59-chiffres-cles-energie-edition-2019-septembre2019.pdf

 

85 % de nos besoins énergétiques doivent donc être couverts par des importations, ce qui correspond à 1 500 TWh d'énergie finale (130 Mtep) qui doivent être achetés à des états dont les dirigeants ne partagent pas toujours nos idéaux sociaux et politiques, et que pourtant nous soutenons par ce commerce, par ailleurs ruineux pour nos finances.

La facture énergétique de la France s'élevait à 50 Milliards en 2018...

 

C'est une dépendance énorme qui compromet gravement notre liberté d'action et de choix d'alliances au plan international, et nous place en situation de vulnérabilité maximale en cas de crise énergétique et/ou géopolitique.

 

La question essentielle est :

Allons-nous continuer ainsi  ?

 

La transition énergétique, qui nous est imposée par les circonstances, doit être l'occasion d'une remise en question de notre politique d'approvisionnements avec l'objectif de redonner à la France un rang plus noble que celui de quémandeur de ressources énergétiques, avec les inévitables compromissions que cela implique dans certains cas ( Russie, Moyen Orient , Afrique, Algérie,...).

 

Evidemment, passer du rôle de client de supermarché peu regardant sur l'origine des produits à celui de producteur responsable ne s'improvise pas.

Fabriquer du biogaz, des biocarburants, de l'électricité éolienne et solaire, est une autre chose que signer des chèques pour se faire livrer ces produits prêts à l'usage .

(D'autant plus difficile dans un pays ayant choisi de faire de la désindustrialisation un facteur de progrès...)

 

Mais il faut au moins essayer, du moins si l'on prétend éviter la politique du chien crevé au fil de l'eau.

Les 50 milliards versés chaque année aux émirs, au Tsar, et à d'autres potentats et dictateurs, seraient mieux utilisés chez nous s'ils servaient à soutenir des activités industrielles nationales.

 

Aujourd'hui notre autonomie énergétique se limite donc à 15 % des besoins.

La première démarche stratégique devrait donc porter sur la définition d'un nouvel objectif pour l'indépendance énergétique future de la France.

Ce qui n'a jamais été évoqué à notre connaissance par aucun gouvernement.

Car enfin il n'est pas indifférent d'aborder la transition énergétique avec un objectif d'autonomie modeste de 15 % comme aujourd'hui, ou de 50 % voire plus si nous décidons une stratégie ambitieuse.

 

A 15 %, c'est une stratégie d'alliances commerciales qu'il nous faudrait mettre en place, puisque 85 % de notre énergie devrait être importée, sous forme décarbonée évidemment.

Il nous faudrait demain trouver des fournisseurs pour le biogaz, les biocombustibles, et une grande partie de notre électricité.

Qui seront ces futurs fournisseurs ? Et à quels prix ? Et avec quelles nouvelles compromissions ?

 

A 50 % d'autonomie, c'est une stratégie industrielle ambitieuse qu'il nous faudrait mettre en place, tout en important encore 50 % de nos besoins.

L'effort sur les renouvelables seraient beaucoup plus important, la filière Hydrogène deviendrait un must, et d'importants moyens de stockage électrique deviendraient indispensables. Nous en sommes très loin.

 

Quant aux 100 % d'autonomie énergétique, il vaut mieux ne pas trop rêver, laissons cela aux prévisionnistes de la « Next year society » .

 

Aujourd'hui ces choix ne sont pas faits, nous sommes donc en situation de devoir aborder la transition énergétique sans avoir la moindre idée de l'effort qui serait demandé aux forces vives du Pays.

Cette indécision institutionnelle ne peut mener qu'à la plus grande confusion.

 

Cette confusion est renforcée par l'indécision des gouvernements successifs, réticents à mettre en pratique des promesses papier par ailleurs contradictoires :

D'un côté on s'engage (?) à réduire la part du nucléaire à 50 % du mix électrique, pour une date glissante proche de la saint glin-glin , tout en évitant soigneusement de préciser le montant du mix électrique de référence.

 

De l'autre côté on déclare limiter la puissance du parc nucléaire à 63,2 GW, qui est la puissance installée actuelle, ce qui ne va pas exactement dans le sens d'une diminution !

 

Enfin on annonce la décision d'arrêter quelques vieux réacteurs, qui sont d'ailleurs en fin de vie, tout en maintenant le chantier de l'EPR, ce qui serait plutôt l'indice d'une persévérance dans cette technologie.

Et pour ceux qui auraient encore quelques doutes, nous apprenons que le Gouvernement vient de demander à EDF une étude chiffrée pour la réalisation de six réacteurs de troisième génération.

 

Ces quelques éléments donnent à penser que, sauf événement inopiné*, l'électronucléaire a encore de « beaux » jours devant lui, mais sans autre certitude que celle que pourrait nous donner notre chère Madame Irma.

 

* Selon Larousse :  inopiné  = Ce à quoi on ne pensait pas... Comme à Fukushima et à Tchernobyl.

 

En France, ce problème de l'électronucléaire plombe toute réflexion saine sur la transition énergétique.

L'absence de décision claire, confirmée par des mesures immédiates levant toute ambiguïté, interdit toute réflexion sur la production d'énergie électrique dans l'avenir, et notamment dissuade les investissements dans les technologies de substitution comme l'éolien, le solaire, le stockage d'énergies intermittentes, la filière Hydrogène, la pile à combustible.

Qui irait investir massivement dans ces technologies, sans un minimum de clarté sur les futurs marchés ?

 

En fait cet électronucléaire est un peu l'arbre qui cache la forêt car aujourd'hui il ne concerne « que » 21 % du besoin total d'énergie.

( 380 TWh sur 1 800 TWh)

Quand on aura résolu le problème des 79 % restants, on aura aussi résolu le problème électrique.

 

Aujourd'hui ces 79 % restants, chaleur et force motrice, sont fournis par les fossiles essentiellement, avec l'apport de la biomasse ( bois énergie), du biogaz, du solaire thermique, et d'un peu de géothermie basse température .

Il faudra donc remplacer environ 1 300 TWh de fossiles par autre chose, décarboné ou à carbone recyclable, en plus des 380 TWh d'électronucléaire évidemment.

On voit bien que le nucléaire n'est pas le plus gros morceau…

 

Actuellement ces 1 300 TWh de fossiles sont tout simplement importés comme nous l'avons déjà dit, essentiellement en produits pétroliers et Gaz naturel fortement émetteurs de CO2 .

Qui connaît aujourd'hui les projets du Gouvernement pour remplacer cette énorme quantité d'énergie par des renouvelables ?

 

La croisade pour les économies d'énergie est bâtie sur l'idée fausse que les français gaspillent l'énergie par plaisir ou perversion, alors que la réalité est plus prosaïque : Il faut beaucoup d'argent pour devenir énergétiquement vertueux, et les français qui en auraient le plus besoin n'ont pas cet argent.

Et ce n'est pas en les pénalisant encore davantage par des augmentations du coût de l'énergie que l'on remplira leurs poches de monnaie.

 

Cette guerre de tranchée entre le Gouvernement qui attend des citoyens des efforts qu'ils n'ont pas les moyens d'assumer, et les citoyens qui attendent de l'Etat qu'il prenne l'initiative des grands travaux indispensables pour sortir des fossiles, peut s'éterniser et nous mener jusqu'au une situation de crise de l'énergie.

Le TGV, AIRBUS, les autoroutes, les grands barrages, les aménagements portuaires, les grands aéroports, les centrales nucléaires, l'usine marémotrice de la Rance, n'ont pas été décidés par les citoyens mais par l'Etat lorsqu'il possédait réellement le pouvoir d'entreprendre et de décider.

 

Ces temps seraient-ils révolus ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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5 février 2020 3 05 /02 /février /2020 16:48

Le mythe de la réduction du nucléaire.

 

5 Février 2020

 

En France, la production brute annuelle d'électricité a atteint 550 TWh en 2018 (hors autoconsommation).

 

La production brute fut ainsi répartie :

 

480 TWh de consommation finale intérieure.

50 TWh d'exportation (Bilan positif des échanges transfrontaliers).

12 TWh de perte réseau (entre 2 et 3,5% selon RTE).

8 TWh de consommation du secteur énergétique électrique.

 

Cette production est le cumul de différentes contributions :

393 TWh Electronucléaire.

68 TWh Hydroélectrique.

39 TWh Thermique fossile

28 TWh Eolien.

10 TWh Solaire PV.

10 TWh Thermique à Bioénergies ( Biogaz, Bois énergie)

2 TWh Géothermie.

 

Ce parc électrogène est composé d' installations variées dont la puissance totale installée atteint 133 GW :

 

63,2 GW Electronucléaire.

25,5 GW Hydroélectrique.

18,6 GW Thermique fossile.

15,1 GW Eolien.

8,5 GW Solaire PV.

2 GW Thermique à Bioénergies.

 

( Source RTE )

 

Ces données appellent quelques remarques :

 

78,5 % de la production brute provient de sources contestées, le nucléaire et le thermique fossile.

Le nucléaire, à cause du risque potentiel inhérent à cette technologie, et au risque imposé aux générations futures par la gestion incertaine des déchets radioactifs.

Le thermique fossile, à cause des émissions de CO2 liées au réchauffement climatique.

Les 21,5 % restant sont issus d'énergies renouvelables, dont plus de la moitié provient du parc historique de centrales hydroélectriques préexistant.

L'éolien, le solaire PV, le thermique à bioénergie, encore appelés « Energies nouvelles » ne représentent que 9 % de la production totale d'électricité.

Cette modeste part donne la mesure des efforts à accomplir pour substituer l'électricité nucléaire…

 

Les 58 réacteurs Nucléaires totalisent une puissance installée de 63,2 GW, qui correspond à une quantité d'énergie théorique de 553 TWh si le facteur de charge était de 100 %.

La production effective n'a été « que » de 393 TWh, pour un facteur de charge de 71 %.

En effet, le facteur de charge d'un parc électronucléaire n'est jamais de 100 %.

Chaque réacteur doit être arrêté périodiquement pour remplacer le combustible et pour la maintenance courante. Des arrêts de longue durée sont également prévus pour les visites décennales qui conditionnent la prolongation de la durée d'exploitation. De plus, depuis la catastrophe de Fukushima, les normes de sûreté des installations ont été relevées, imposant d'importants travaux nécessitant des arrêts de tranches .

Ces divers arrêts de tranches sont, dans la mesure du possible, programmés par la COPAT ( Commission d'Organisation de la Programmation des Arrêts de Tranches), de manière à disposer de la meilleure puissance possible pendant la période hivernale.

La puissance max disponible du parc nucléaire à un moment donné peut ainsi varier entre environ 40 GW et 60 GW au gré de ces arrêts.

En 2018, la quantité d'énergie électronucléaire produite correspondait à une puissance moyenne de 45 GW environ.

Cette faible valeur traduit la vétusté de certaines installations et l'importance des travaux post-Fukushima.

 

La production brute d'électricité de 550 TWh correspond à une puissance moyenne de 63 GW environ.

En comparaison, la puissance installée du parc, 133 GW soit le double, peut paraître surdimensionnée par rapport aux besoins.

Il n'en est rien.

Cette apparente anomalie est due aux très grandes variations de la puissance instantanée demandée par le réseau, qui peut varier entre 30 GW et 95 GW en fonction de l'activité du pays, d'une heure à l'autre, d'un jour à l'autre, et d'une saison à l'autre.

Le parc de production doit pouvoir répondre en temps réel à ces variations, du moins avec des délais très courts.

La puissance max du parc nucléaire étant de 57 GW environ (Dans les meilleures conditions d'exploitation, avec un facteur de charge de 90 %), il est nécessaire de recourir à des sources d'appoint lorsque le réseau demande davantage de puissance. Ces sources ne fonctionnent qu'une partie du temps* mais elles sont indispensables.

En contrepartie, lorsque la demande est faible, la production nucléaire peut être en partie exportée. Elle est également utilisée pour recharger les STEP.

 

*La puissance installée des sources d'appoint, 70 GW environ, n'est jamais disponible à 100 %.

L'éolien est aléatoire et intermittent.

Le solaire idem, et surtout ne produit rien la nuit.

L'hydraulique n'est pas toujours au top quand on en a besoin (Facteur de charge).

Les centrales thermiques idem.

 

 

Contrairement à une idée très répandue, le parc électronucléaire n’est donc pas surdimensionné :

En effet, d’une part la quantité d’énergie qu’il produit annuellement est très inférieure à l’énergie nécessaire au réseau ( 393 TWh pour un besoin de 500 TWh hors export), et d’autre part la puissance qu’il peut offrir dans le meilleur des cas n’est « que » de 57 GW alors que le réseau réclame 95 GW en période de pointe, voire davantage ( Le pic historique a été de 102 GW).

Parfois, en cas de très forte demande de puissance sur le réseau, il devient nécessaire d’importer de l’électricité, et même de procéder à certains délestages négociés préalablement avec des clients industriels moyennant avantages tarifaires.

 

Les sources d’appoint ne fonctionnent qu’une partie du temps, lorsque la puissance demandée est supérieure à la puissance disponible du nucléaire. Mais leur présence est incontournable, tant que les fluctuations de puissance du réseau n’auront pas été fortement atténuées.

Ceci est le but du futur réseau intelligent dont le Linky est le premier maillon.

 

Quid de l'avenir ?

 

La demande finale d'énergie électrique de 2018 n'est qu'une photographie à priori non représentative de son évolution future.

Or les grands choix de la transition énergétique, qui doivent être décidés aujourd'hui, devront répondre aux besoins de 2050, et préfigurer ceux de la fin du siècle.

Certes, la consommation d'aujourd'hui nous intéresse mais, en matière de stratégie de développement, c'est la demande de 2035, voire 2050, qui servira de base.

Une vision à deux ou trois décennies est nécessairement biaisée par la tentation de prendre ses désirs pour des réalités, et tout simplement par notre ignorance des événements futurs susceptibles d'influencer les marchés de l'énergie.

Une certaine modestie dans l'évaluation des aléas possibles suggère d'adopter une stratégie adaptative, c'est-à-dire capable d'intégrer rapidement les nouvelles technologies, les nouveaux combustibles, et les aléas du marché.

 

A défaut de lire l'avenir, le passé peut nous donner des indications :

Depuis 2000, la consommation finale d'énergie électrique a cru de 1,5 % par an, pour atteindre 480 TWh en 2008, valeur demeurée à peu près stable depuis.

Cette arrêt de la croissance, coïncidant avec la crise de 2008, est attribué en partie à ce soubresaut économique et financier, mais aussi aux efforts entrepris dans le domaine des économies d'énergie.

Quelle sera la demande en 2035, en 2050 ?

Il est possible d'identifier des facteur de croissance, et des facteurs de décroissance, mais il est impossible de prévoir la tendance résultante.

Une chose est sure :

Le nombre des ménages augmentera conformément aux prévisions démographiques, constituant une tendance de fond à l'accroissement de la demande d'énergie.

D'autre part, la forte pression pour la lutte contre les émissions de CO2 se traduira par un report d'intérêt sur l'électricité, la mobilité électrique n'étant que l'aspect le plus voyant. Le développement des pompes à chaleur et des climatiseurs est déjà visible ; il faut également envisager la conversion à l'électricité de certaines applications utilisant actuellement des combustibles fossiles.

Par contre on peut prévoir le développement du marché de l'autoconsommation, soit individuelle, soit par zones d'habitation, ce qui réduirait d'autant les quantités d'énergie à produire pour les fournisseurs du réseau.

Ces nouvelles habitudes de consommation pourraient même entraîner une révision des règles du service public de l'électricité, mais ceci est une autre histoire.

 

S'il est impossible de planifier quantitativement un programme de production d'électricité, du moins est-il possible de développer les technologies qui seront nécessaires dans les décennies à venir, et de préparer le terrain à les recevoir.

 

Les actions incontournables sont connues :

 

La première, popularisée par Negawatt, consiste à réduire la demande d'énergie électrique par des mesures d'économie, et/ou d'amélioration du rendement énergétique des matériels. Ce qui est entrepris grâce à l'évolution des normes diverses concernant les appareils et l'isolation des bâtiments par exemple, ainsi que l'évolution des modes de vie.

Mais ces mesures d'économies suffiront-elles à compenser les facteurs d'accroissement de la demande ? 

 

La seconde mesure, peut-être la plus importante, sera de réduire les pics de puissance demandée sur le réseau ; le compteur communicant Linky doit être mis à profit pour mettre en œuvre une gestion intelligente des soutirages de puissance afin de limiter les pics de demande à 80 GW par exemple, au lieu de 95 GW aujourd’hui.

(On pourrait faire mieux mais les consommateurs seront très réticents à changer leurs habitudes).

La mise en œuvre du réseau intelligent permettra cette meilleure gestion, après négociation avec l’abonné dont l’installation sera équipée d’un gestionnaire d’énergie pouvant dialoguer directement en temps réel avec le gestionnaire du réseau.

Mais cette mise en œuvre nécessitera un changement de mentalité des consommateurs, réticents à toute contrainte touchant l’énergie électrique.

Le compteur communicant n’est pas encore généralisé, ses opposants sont toujours actifs, et les abonnés ne sont pas prêts à renoncer à leur liberté d’utiliser « leur » électricité à leur guise.

L’idée de devoir surveiller sa consommation d’électricité et surtout d’accepter qu’un tiers, même accrédité, vienne y fourrer son nez, est encore très loin d’être acceptée par les consommateurs.

On comprend mieux les réticences des gouvernements successifs à décider l’arrêt de tranches nucléaires, personne ne veut endosser le risque de mettre la France en panne de courant un soir de Février…

 

La troisième mesure, la plus difficile peut-être, sera non seulement de développer les parcs éoliens et solaires, mais en même temps de construire les installations permettant le stockage tampon de l'énergie intermittente de ces sources. Le seul procédé permettant les capacités de stockage suffisantes est l'hydraulique en pompage réversible, qui a fait ses preuves mais qui devra être développé sur une grande échelle pour rendre utilisables les énergies intermittentes.

Il n'existe à ce jour aucun programme de construction de STEPs, ce qui constitue une grave lacune.

Des projets existent certes, mais leur adoption est bloquée pour deux raisons :

D'une part ils entraînent inévitablement une atteinte à l'environnement et à la biodiversité et suscitent donc une opposition farouche, et d'autre part il existe une incertitude sur le devenir de la juridiction sur la gestion des ces installations dans le cadre de l'ouverture à la concurrence, ce qui évidemment n'est pas de nature à encourager les initiatives.

Personne n'a envie d'investir pour que des tiers viennent tirer les marrons du feu ; l'expérience de l'AREHN a servi de leçon, au moins chez EDF...

 

Une quatrième mesure, lié à l'intégration du grand réseau européen de l'électricité, consiste à augmenter très significativement les capacités d'échanges transfrontaliers d'énergie électrique, afin de mutualiser les outils de production européens car les énergies nouvelles nécessiteront une gestion des flux de production dépendant des conditions météo des différentes régions d'Europe.

Un tel programme de développement existe et est pris en charge par RTE.

Là encore se pose le problème du coût : qui doit dépenser pour ces installations, et qui en tirera bénéfice ?

Rappelons que EDF se voit déjà dépouillé, à bas prix, du quart de sa production nucléaire au bénéfice de concurrents qui n'ont pas à supporter le vrai coût.

 

Une cinquième mesure, dans l'esprit de la quatrième, consiste à développer des capacités d'échanges avec des pays du Nord de l'Europe pour l'Hydroélectrique et l'éolien, et du Sud de la Méditerranée pour le solaire.

 

Une sixième mesure, liée aux énergie nouvelles, est un impératif généralement admis, mais qu'il est bon de rappeler car il tarde à sortir des cartons, c'est la filière Hydrogène, indispensable pour pouvoir utiliser les énormes capacités de stockage de gaz existantes.

 

Last but not least,

Quelle que sera la composition du futur parc, il y aura une production de base et une production d'appoint, et dans l'hypothèse d'un nucléaire disparu et de fossiles bannis, le thermique aura toujours sa place.

Il sera certainement nécessaire de conserver, voire développer, un parc de centrales thermiques.

La décence imposera de n'utiliser dans ces centrales que des combustibles décarbonés ou à carbone recyclable, et donc de prévoir dès à présent le type de combustible, la fabrication et /ou l'approvisionnement.

 

Un quelconque programme de réduction de la production électronucléaire ne pourra être mis en œuvre qu'après la mise en chantier de ces sept travaux d'Hercules

 

Ces contraintes, de caractère technique, ne sont pas les seules.

 

Le désir de réduire la part de la production électronucléaire est justifié par les risques incontestables que cette technologie fait courir aux générations présentes et futures, ceci n’est contesté par personne.

Mais la volonté d’écarter ce risque le plus tôt possible ne doit pas, ne peut pas, ne pas tenir compte de la nécessité de continuer à garantir au pays la fourniture d’une énergie électrique de qualité et de manière régulière.

Par ailleurs, trop de précipitation pourrait entraîner le risque de reporter sur les générations futures le problème de la gestion des déchets à vie longue, si la technologie de gestion de ces déchets n’est pas au point, ce que l’on peut craindre aujourd’hui au vu des polémiques enflammées autour de ce sujet.

 

La nécessité de garantir au Pays la fourniture permanente de l’énergie électrique est prise en compte dans le cahier des charges de tous les fournisseurs d’électricité agréés par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) sous la rubrique

« Obligations du service public de l’électricité »

Ces contraintes sont inscrites dans la Loi et il n’a jamais été question de revenir sur ses dispositions.

Il en résulte que toute réduction de capacité de production envisagée doit être préalablement compensée par la mise à disposition d’une capacité de production équivalente.

La réduction de production du parc nucléaire n’échappe évidemment pas à cette règle, sauf à modifier la loi sur les obligations de service public, ce qui n’est encore venu à l’idée de personne, pas même aux anti-nucléaires de souche.

 

La campagne pour la réduction du nucléaire, pour aussi justifiée qu’elle soit, ne peut pas jeter aux orties l’autre campagne écologique tout aussi importante, qui est la lutte contre les émissions de CO2 fossile.

Or l’électricité nucléaire est décarbonée, c’est à tout le moins une caractéristique incontestable.

Son remplacement ne peut donc être envisagé que par d’autres sources décarbonées ou, à la rigueur, basées sur un cycle de carbone recyclable.

Ceci est également une évidence, mais qu’il est utile de rappeler.

Il doit être en particulier exclu de recourir massivement à des centrales à gaz, sauf si celui-ci est conforme aux exigences de la transition énergétique, ce qui exclut d’emblée le Gaz naturel fossile.

L’idée courante de réduire le nucléaire et de le remplacer par des centrales à Gaz naturel fossile est tout à fait discutable, et devrait être discutée.

 

Enfin, fournir de l’électricité c’est bien, mais il ne faut pas oublier nos accords internationaux ( et le simple bon sens) qui nous imposent de constituer des réserves stratégiques d’énergie.

Aujourd’hui ces réserves sont constituées de carburants pétroliers, de Gaz naturel (fossile évidemment), de charbon pour mémoire, et de combustible nucléaire.

Que seront-elles lorsque ces produits auront disparu ?

Rappelons que le soleil et le vent ne se stockent pas.

Avant d’entamer la découpe du parc existant, il faudra apporter des réponses sur la pérennité de nos réserves stratégiques. Cela va se soi, mais encore mieux en le disant.

 

Ces diverses contraintes sont hélas incontournables, sauf à remettre en question la loi sur les obligations de service public, et nos engagements internationaux.

Ce qui n’est pas à l’ordre du jour à notre connaissance.

 

D’autre part, la France est l’un des maillons du système Européen interconnecté de distribution d’électricité. A ce titre elle a des obligations également incontournables et définies par Bruxelles.

Toute opération de restructuration de notre réseau national de production et de distribution d’électricité devra donc s’effectuer sur la toile de fond de ces contraintes diverses, sous peine de risquer de déstabiliser une situation déjà très complexe à gérer, et d'être refusée.

 

On voit que toucher aux infrastructures de production d'électricité est une affaire extrêmement complexe, dont les implications dépassent de très loin les analyses sommaires conduisant à des conclusions à « l'emporte-pièce » pour des stratégies de comptoir.

 

Dans le cadre de la PPE pour la période 2 019- 2 028, le Gouvernement a rappelé l’engagement de faire tomber la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% aujourd’hui à 50% en 2 035, grâce à la fermeture de 14 réacteurs de 900 MW, pour commencer...

 

Ces 14 réacteurs totalisent une puissance installée de 12,6 GW.Ce sont des installations vétustes, qui auront bientôt dépassé la date limite de consommation, et dont la fermeture est de toutes façons inéluctable pour des raisons de sécurité.

Il ne serait pas raisonnable d'effectuer à prix d'or des travaux très importants de renforcement de la sûreté sur des installations ayant dépasser l'âge canonique.

Ces vieilles machines ont une efficacité réduite compte tenu des travaux de maintenance exigés, et leur production annuelle plafonne à environ 90 TWh pour une puissance efficace de 10GW.

 

Ces 90 TWh représentent quand même 18% de la consommation finale l’électricité, et les 10 GW de puissance sont fort utiles pour passer les pics de demande hivernale.

Il faudra donc remplacer l’un et l’autre.

 

Le programme éolien offshore de la côte Atlantique constitue un étalon permettant de prendre la mesure de l'effort à accomplir pour remplacer le nucléaire par des renouvelables.

La puissance totale installée des six parcs sera de 3 GW, pour une production annuelle espérée de 10 TWh.

Or c’est 90 TWh qu’il faudra pour remplacer les vieux réacteurs, soit neuf fois plus…

Quant à la puissance instantanée disponible, elle est totalement inconnue puisqu’elle dépendra de la force du vent au moment du pic de consommation…

(Rappelons qu'aucune installation de stockage d’électricité n’est prévue.

 

Le Gouvernement est bien conscient de ces problèmes; aussi a-t-il demandé à EDF d’établir un pré-programme de construction de six réacteurs EPR, dont la production compenserait l’arrêt des 14 vieux réacteurs REP de 900 MW.

La décision d’y aller ou pas serait prise en 2023, en fait elle sera laissée à l’initiative du prochain Président*.

La réduction à 50% de la part du nucléaire attendra encore un peu…

 

*La raison pour laquelle il faut attendre 2 023 pour prendre une telle décision n’a pas été communiquée par l’Elysée.

Madame Irma m’a cependant rappelé que le prochain Président sera élu en 2022, je n’ai pas vu le rapport…

 

 

 

 

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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 11:44

 

15 Janvier 2020

L'année automobile 2018 a marqué l'entrée dans une ère nouvelle caractérisée par un changement de paradigme imposé par la nécessaire transition énergétique et écologique.

Rappelons succinctement que cette transition impose aux véhicules une réduction drastique des émissions de CO2 fossile et des polluants gazeux et solides (particules).

Les normes Euro successives traduisent progressivement ces obligations en termes de seuils limites d'émissions contrôlées au cours des tests d'homologation réalisés conformément aux protocoles en vigueur.

Jusqu'en 2015, cette réglementation (NEDC) n'était pas trop pénalisante.

D'une part, les valeurs seuils d'émissions n'étaient que très peu éliminatoires, leur fonction était surtout d'inciter les constructeurs à développer des solutions innovantes pour dépolluer leurs moteurs, ce qui a conduit à généraliser par exemple les pots catalytiques, et d'autres systèmes comme l'allumage cartographique, les filtres à particules, le downsizing, etc.

D'autre part, le protocole d'homologation alors en usage était extrêmement bon enfant, pour ne pas dire très laxiste.

Cependant l'abaissement progressif des seuils critiques d'émission, imposés par les normes euro, a rendu les homologations suffisamment difficiles pour inciter « certains » constructeurs à tricher en exploitant les failles du protocole.

L'affaire est connue, inutile d'y revenir.

Pour tenter d'assainir l'ambiance, devenue un peu nauséabonde, et regagner la confiance des clients, un nouveau protocole d'homologation (en préparation depuis longtemps mais gardé sous le coude car très dissuasif) a été adopté.

Il s'agit du WLTP, auquel a été ajouté un test routier en conditions réelles de conduite (RDE), les gaz d'échappement et la consommation étant mesurés en temps réel sur un parcours type lui-même spécifié.

La plupart des nouveaux modèles thermiques ne satisfont pas ce test s'il est appliqué strictement et avec les seuils définis par la dernière norme euro.

(Certains modèles ont même dû être retirés de la vente...).

Il a donc été nécessaire de ménager une période de transition pour permettre aux constructeurs de trouver des solutions satisfaisantes.

On sait ce qu'il en est des périodes de transition, quel que soit le domaine concerné ; en l'occurrence il faut s'attendre à dix ans de flou pas toujours artistique, dont l'usager devra se contenter en étant prié de ne pas trop chercher à comprendre où on veut l'emmener.

On peut même se demander si cette situation ne sonne pas le glas du moteur thermique. En effet, certains pays, régions, villes, ont déjà proclamé leur volonté de les éliminer d'ici 2040.

Il est vrai qu'en la matière, 2040 n'est que la version moderne des calendes grecques...

Les véhicules tout électrique utilisant de l'électricité verte, ne sont pas concernés par ces tests puisque leurs émissions sont nulles.

Pour une fois règne la clarté, pour peu que l'on ne soit pas trop regardant sur l'empreinte carbone des batteries et l'origine des éléments constitutifs.

La période est néanmoins propice à une promotion vigoureuse de ce type de véhicule.

Mais nous allons voir que les choses ne sont pas aussi simples, et qu'il existe encore « quelques » obstacles à l'explosion de ce marché.

Parmi les nombreux obstacles (voir nos divers articles sur le sujet), l'autonomie demeure le principal, du moins pour l'acheteur potentiel.

Aujourd'hui, l'utilisateur d'une auto traditionnelle ignore le problème de l'autonomie.

Il faut rappeler qu'aux débuts de l'automobile le choix s'est porté sur le pétrole au détriment de l'électricité (déjà!) au motif qu'il était impossible d'emporter un bidon d'électricité …

Sommes-nous bien sûrs que les choses soient très différentes aujourd'hui ?

 

N'importe quel modèle thermique relativement récent, fonctionnant au pétrole et muni d'un réservoir en tôle de 70 litres, peut parcourir mille kilomètres, et pas seulement avec du diesel.

D'autre part il existe en France environ 11 000 stations services prêtes à lui vendre autant de carburant que nécessaire, de jour comme de nuit.

Enfin le remplissage du réservoir ne prendra que cinq à dix minutes, donc pas de temps perdu.

A l'usage la consommation variera assez peu entre la conduite en ville et la conduite sur route. Dans le premier cas le moteur, utilisé dans une zone de rendement non optimal, aura une consommation spécifique élevée ; dans le second cas la puissance demandée est plus élevée mais le rendement moteur sera meilleur, ce qui modère la consommation spécifique.

Il n'est pas rare de consommer par exemple 7 litres en ville et 8 litres sur autoroute.

Avec une voiture électrique il n'en va pas de même, loin s'en faut.

Le rendement d'un moteur électrique est élevé et relativement constant, grâce à la gestion électronique et surtout à l'absence des inconvénients du cycle de Carnot qui plombe le moteur thermique.

Il va donc consommer moins d'énergie que son confrère thermique pour fournir la même énergie en sortie, celle qui est transmise aux roues motrices.

Avec l'avantage supplémentaire offert par la possibilité de récupérer de l'énergie au freinage, puisqu'un moteur électrique est réversible.

Ce qui permet à une voiture électrique de consommer moins en ville qu'à la campagne !

En contrepartie le rendement spécifique étant plus ou moins constant, la consommation variera en proportion directe de la puissance demandée.

On pourra ainsi constater une différence de 1 à 3ou 4 entre la consommation en ville avec récupération d'énergie au freinage, et la consommation sur autoroute.

L'utilisateur non prévenu pourra être surpris, voire même regretter son achat.

L'autonomie du véhicule électrique dépend donc directement de l'utilisation qui en est faite.

C'était déjà vrai avec le pétrole, çà l'est beaucoup plus avec l'électricité, au point de constituer une source d'anxiété.

Pour un modèle de gamme moyenne, genre ZOE, la consommation peut varier entre 10 kWh/100 km en ville avec récupération d'énergie au freinage, et 25 kWh/ 100 km sur autoroute, voire beaucoup plus selon la déclivité du parcours et la façon de conduire.

Un trajet de quelque importance ne peut donc pas être envisagé sans avoir fait au préalable une évaluation de la consommation en fonction du trajet envisagé, et des conditions météo ; ceci nécessite évidemment de disposer des outils informatiques nécessaires, et de savoir s'en servir...

De plus, évidemment, il faudra identifier les points de rechargement disponibles, leur capacité à fournir la puissance nécessaire, leur disponibilité, le type de prise accepté, le coût d'utilisation, et bien sûr l'inévitable temps d'attente ( queuing ).

Ce « petit » inconvénient peut se révéler anxiogène pour un usager non prévenu et peu soucieux d'ajouter aux problèmes de la route celui de la panne sèche inopinée.

Une voiture comme la nouvelle Zoé embarque une batterie de 52 kWh.

La décharge d'une batterie au Lithium ne doit pas descendre en dessous de 5%, et la recharge rapide ne fournit que 80% de la capacité ( au-delà ce n'est plus de la charge rapide puisque le courant doit être fortement réduit pour éviter la détérioration des éléments, voire leur explosion).

La capacité utile disponible est donc de 39 kWh environ sur autoroute et charge sur bornes rapides.

La distance max possible entre deux recharges et à 130 Kmh sera donc d'environ 200 Km ( 19 kWh aux 100 km), dans le meilleur des cas, avec le pied léger et sans vent contraire.

Ce qui représente, pour faire 800 km, plusieurs arrêts et entre trois et quatre heures de recharge sur des bornes de 50 kW, sans compter les délais d'attente si les bornes ne sont pas immédiatement disponibles.

(Sans parler de la limitation du temps de charge à 30 minutes en cas d'affluence, ce qui devient carrément grotesque).

Voilà donc ce qui attend l'usager qui se risquerait à un tel voyage.

Nous sommes évidemment très loin des chiffres mirobolants affichés par certains dépliants publicitaires, qui n'hésitent pas à tutoyer le Saint Graal des 400 km avec une batterie de 50 kWh.

A ces problèmes d'autoroutes, il faut ajouter ceux de tous les jours, liés à l'absence d'un réseau de recharge digne de ce nom en agglomérations.

Il n'aura échappé à personne que les acheteurs de voitures neuves ne se sont pas précipités sur le tout électrique, malgré la prime mirobolante* accordée aux amateurs de sensations fortes.

Les petits inconvénients cités plus haut ne leurs ont donc pas échappé.

* 6 000 euros, soit plus de 50% du coût de fabrication du véhicule, du jamais vu dans les annales, et parfaitement insoutenable sur la durée. Ne correspond d'ailleurs à aucun modèle économique.

Les choses étant ce qu'elles sont, tous les constructeurs savent que la voiture électrique n'existera en volume qu'à deux conditions techniques :

D'une part monter une batterie d'au moins 120 kWh.

D'autre part disposer d'un réseau de bornes de recharge de 350 kW.

Auxquelles il faut ajouter une condition économique, le prix.

Nous sommes encore (très) loin du compte...

Il nous faudra donc encore faire avec le pétrole, en attendant que l'horizon électrique s'éclaircisse.

Mais il y a ces fichues normes Euro qui n'arrêtent pas nous embêter, comme dirait Volkswagen et tous les autres.

Surtout depuis l'entrée en vigueur (vigueur est vraiment le mot juste) du nouveau protocole WLTP et son acolyte le test complémentaire RDE.

Les constructeurs sont à la peine.

Ils savent évidemment que, transition énergétique oblige, la raison voudrait que l'automobile à pétrole disparaisse ou adopte un profil bas en réduisant drastiquement ses émissions de CO2 et de polluants gazeux et solides ne serait-ce que pour respecter les normes.

Ce qui suppose des modèles de performances modestes équipés de moteurs de faible puissance.

Mais leur survie commerciale exige des résultats financiers qu'ils ne savent obtenir que par une couverture généraliste de la demande des clients.

La voiture étant encore, et de loin, le principal marqueur social ( Il suffit de lire les publicités pour s'en convaincre), il existe un fort marché pour les « grosses bagnoles » et, heureux hasard ?, c'est sur ces modèles que les marges sont les plus élevées.

Les constructeurs qui veulent survivre doivent donc produire des engins que la morale écologiste réprouve, mais que les clients (certains) adorent.

Mais, encore faut-il homologuer ces véhicules .

Car on comprendra sans peine que des voitures de plus de deux tonnes avec des moteurs à pétrole de quatre cent chevaux, voire plus, émettent des quantités indécentes de CO2 et de polluants divers.

Pour recevoir la bénédiction des instances de Bruxelles, il faut donc trouver des astuces.

Qu'on se rassure, les « experts » ne sont pas à court et proposent aux constructeurs divers moyens de s'acheter une conduite.

(Il faut dire , pour ceux qui croiraient au Père Noël, que les moyens en question ont été « soufflés » aux rédacteurs des normes par les constructeurs eux-mêmes. On n'est jamais si bien servi...).

Les « trucs » sont connus depuis l'affaire qui a secoué la planète auto :

Il suffit de se mettre d'accord sur un protocole d'homologation « bon enfant » exigeant très peu de la motorisation et tolérant la suppression des accessoires énergivores, pour homologuer à peu près n'importe quoi.

Et, pour se garer des surprises avec les gros SUV cracheurs de CO2, il suffit de ne tenir compte que de la valeur moyenne du CO2 émis par l'ensemble des modèles d'un constructeur, les petites citadines et les électriques servant de cache-misère pour garder la moyenne en-dessous des 95 g/km fatidiques.

95 g qui deviendront bientôt 90g, dur dur...

Cela se passait ainsi avec le vieux protocole NEDC.

Mais, avec le protocole « Worldwide » , comme le rappelle le W de WLTP, plus question de faire sa petite cuisine en famille car les concurrents américains, japonais, et autres ? Auront vite fait de nous refouler, plus question de nouvelle affaire Volkswagen.

Ce nouveau protocole étant « un peu » plus exigeant que l'ancien, il va falloir trouver d'autres astuces pour continuer à vendre des voitures à moteurs thermiques.

L'astuce suprême consiste évidemment à arrêter de monter des moteurs thermiques pour se consacrer exclusivement à l'électrique, ce qui résout définitivement le problème des émissions, mais il faut oser.

Alors c'est la solution ceinture et bretelles qui a été choisie comme bouée de sauvetage possible, les hybrides PHEV sont apparues comme LA solution, au moins le temps de digérer le passage aux nouvelles normes.

Techniquement c'est la meilleure solution, compte tenu de la grande difficulté à assurer une autonomie suffisante à la voiture tout électrique, et à lui procurer un réseau de bornes à la hauteur des besoins.

Une « petite » batterie rechargeable pour circuler en ville sans polluer, et un moteur thermique raisonnable pour faire de la route.

Mais cela implique une double motorisation, donc un prix élevé, donc un marché réduit.

Et de plus se pose le problème du dosage entre capacité de batterie et puissance du moteur thermique.

Une batterie trop grosse rend l'objet invendable, et si elle est trop petite elle ne sert à rien.

Car il va falloir homologuer tout çà .

Une voiture hybride est un objet étrange, qui nous rappelle le chameau et l'âne attelés à la même charrue. Cela fonctionne paraît-il dans certaines contrées, mais avec des résultats exotiques.

Une voiture électrique, donc non émettrice de CO2 et de polluants, mais seulement sur quelques dizaines de kilomètres, qui devient une voiture à moteur thermique, avec tous les inconvénients que cela implique.

En usage, elle sera l'un et l'autre, ou l'un ou l'autre, selon ce qu'en fera son propriétaire.

Allez donc homologuer ce mouton à cinq pattes.

 

Pour éviter de compliquer les choses en définissant un protocole adapté à cet objet hybride, il fut décidé d'utilisé le même que pour les thermiques, mais avec des nuances dans le déroulement des cycles.

La description du procédé mis en œuvre est un peu sportive, mais en gros voici l'affaire :

le cycle WLTP est donc utilisé, mais en le répétant plusieurs fois jusqu'à épuisement de la batterie ; ensuite un autre cycle est effectué, mais avec le moteur thermique seul.

Le CO2 émis pendant tous ces cycles est mesuré, et moyenné sur l'ensemble des cycles.

On aura compris l'astuce :

Il suffit de monter une batterie de capacité suffisante pour pouvoir accomplir trois ou quatre cycles en tout électrique ( la récupération d'énergie au freinage est opérationnelle en électrique et en thermique) avant qu'elle ne soit « vide », pour obtenir une moyenne de CO2 acceptable même si le moteur thermique est un gros SUV à 250 gCO2/km.

La consommation d'énergie en tout électrique est de l'ordre de 11 à 12 kWh/100 km pour une voiture « normale » dans les condition du cycle WLTP, qui comprend environ 50% de conduite urbaine.

La distance parcourue durant un cycle est de 23,6 km.

Le test consiste à démarrer batterie pleine, en tout électrique, et de répéter les cycles jusqu'à vider la batterie et laisser le moteur th prendre le relais.

Il suffit donc d'une batterie de 14 kWh environ pour effectuer quatre cycles sans émettre le moindre CO2, ni autre chose d'ailleurs.

Le cinquième cycle est effectué sur le moteur thermique seul, ses émissions seront donc divisées par cinq , CQFD.

( 250 g CO2/km, divisés par cinq, font 50g, qui est le seuil du super bonus).

En vrai c'est un peu plus compliqué, mais c'est l'idée.

Plus astucieux tu meurs...

La capacité de la batterie doit être subtilement choisie : trop faible, cela entraînera un temps d'utilisation du moteur thermique trop élevé et les résultats du test seront moins bons ; trop forte, c'est le coût qui sera impacté, mauvais pour les affaires.

Il s'agit d'une cuisine de haut niveau qui ne tient pas compte des besoins réels de l'usager, mais plutôt de la réussite au test d'homologation.

Par exemple, Peugeot annonce sans rire une consommation « homologuée » de 1,3 L/100 km et 29 g CO2/km pour la 508 ; La batterie, peaufinée pour le test WLTP, fait 11,8 kWh, admirez la précision.

On nage en plein délire...

Il est évident que ce procédé d'homologation est taillé sur mesure pour permettre l'admission de véhicules qui n'ont rien à faire sur nos routes.

On voit bien qu'il s'agit du jeu du chat avec la souris, le chat étant les différents seuils limites d'émissions et l'organisation du protocole, la souris étant la voiture tâchant de se faire homologuer.

Ceci est une situation manifestement précaire, qui ne peut durer bien longtemps.

Quel sens y aurait-il à l'homologation d'un gros SUV, sachant qu'il sera utilisé majoritairement sur route, donc avec des émissions largement supérieures aux chiffres dont on nous rebat les oreilles à longueur de magazines en témoignages des efforts pour la Planète ?

Il serait bon que l'on décide une fois pour toutes quel est le but recherché par cette homologation : Soit on cherche à minimiser les émissions en ville, en se moquant des émissions sur la route, ce qui conduit à purifier l'air des villes en négligeant la pollution hors ville.

Soit on s'attaque globalement aux émissions de CO2, et dans ce cas le concept actuel d'hybride PHEV ne convient pas puisqu'il admet des moteurs thermiques très polluants en usage normal hors de la cité.

Le système actuel n'est qu'une triste plaisanterie.

Il n'est pas surprenant que la transition énergétique génère des bouleversements dans tous les domaines. Les automobiles n'échapperont pas à la règle, le petit jeu des normes n'est qu'un hors d’œuvre avant l'arrivée des outsiders que sont la pile à combustible, l'hydrogène, et le biogaz qui pourrait redonner une nouvelle vie au moteur thermique.

 

On n'a pas fini d'en reparler ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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22 décembre 2019 7 22 /12 /décembre /2019 16:10

La COP 25, certificat de décès de la transition énergétique ?

22 Décembre 2019

Les prêches de la jeune Greta devront revêtir désormais la tournure d'une oraison funèbre, si l'on en croit le peu d'enthousiasme manifesté par les participants au raout de Madrid.

Il est vrai que certains décideurs, et non des moindres, ne sont pas encore convaincus de la responsabilité du CO2 dans le réchauffement climatique.

Dans une société bâtie sur la mondialisation d'une économie libérale hissant la finance à la hauteur d'une religion, les hommes politiques, donc en théorie les décideurs, sont nécessairement mercenaires des puissances de l'argent.

Dans une armée, on peut tolérer des mercenaires à condition d'avoir un encadrement dévoué à la cause des buts définis.

Mais si les dirigeants sont eux-mêmes des mercenaires, ils défendront leur propre cause et oublieront leur mission originale.

L'économie libérale et mondialisée s'est bâtie sur un principe d'airain qui est la recherche de la rentabilité financière du capital investi, dans les délais les plus courts.

« Prends l'oseille et tire-toi » comme il disait en d'autres temps.

Pour opérer une transition énergétique et adopter des comportements écologiques préservant l'environnement, ce principe ne convient pas ; il faudra investir, mais le gain sera pour nos descendants, ce qui n'est pas dans l'ADN des détenteurs de capitaux, qui évaluent l'intérêt d'un projet à sa valeur « actualisée », et non pas à sa valeur future pour le bien public et les générations suivantes.

Ce qui explique l'échec constaté, et entériné par la COP25 qui démontre que, malgré les exhortations d'une charmante suédoise, il est impossible de mettre en œuvre des actions coûteuses dont la rentabilité est à très long terme et de plus ne s'exprime pas en terme de gains financiers.

Vouloir préserver l'environnement et les conditions de vie de nos descendants, c'est un bon sentiment, mais qui n'intéresse pas un financier qui recherche le gain immédiat.

Or, il s'agit de dépenser l'équivalent de dizaines de milliers de Milliards de Dollars puisqu'il nous faut à la fois, à l'échelon planétaire, fabriquer des énergies de remplacement des fossiles, modifier ou remplacer les procédés et machines pour les adapter aux nouvelles énergies, développer de nouvelles approches des utilisations de celles-ci afin de réduire drastiquement les besoins selon le principe de parcimonie, mettre en place des mesures de mitigation des risques liés au changement climatique désormais inévitable, mettre en place des mesures planétaires de protection de l'environnement et de la biodiversité, mettre un terme au pillage des ressources de la Planète, accompagner les pays en voie de développement pour un progrès soutenable, prendre des dispositions pour accueillir les réfugiés climatiques, gérer l'accroissement de la population du globe, etc, etc...

Seuls des Etats peuvent engager ce type d'investissements à très long terme, à condition d'en avoir les moyens et, s'agissant d'une menace planétaire, seul un gouvernement planétaire pourrait gérer l'ensemble des menaces avec un minimum de cohérence.

Un tel gouvernement n'existe pas, et peut-être n'est-il pas souhaitable, pour diverses raisons qui n'ont rien à voir avec le réchauffement climatique.

(Il se pourrait que l'indice de démocratie varie à proportion inverse de la dimension des Etats)

L'ONU émet des recommandations qui sont à peine plus considérées que les exhortations de Greta.

Le GIEC est inaudible en tant que prescripteur, ses « résumés à l'intention des décideurs » sont des bouteilles à la mer lancées sans grande illusion quant à la réalité de l'existence même de ces « décideurs ».

Les COP n'amusent plus personne, leurs rapports ne font que traduire une indécision généralisée, et mettent en valeur des conflits d'intérêts stérilisants.

Alors, faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?

Certainement pas, car il existe beaucoup de raisons de conserver un optimisme prudent (mais non pas béat), à condition de redescendre sur terre et cesser de prendre ses désirs pour des réalités.

Il s'agit quand même ni plus ni moins que de bouleverser le fonctionnement de la société mondiale dans toutes ses structures ; la liste citée plus haut n'est qu'un résumé des tâches qui nous attendent.

Or, quand on voit le temps qu'il faut pour « simplement » modifier le système de retraite dans un pays développé parmi les plus prospères, on imagine sans peine que la réorganisation du monde prendra un certain temps.

La transition énergétique fait partie de ces mutations qui ne se décrètent pas.

Aucun résultat significatif ne pourra être obtenu tant que les énergies fossiles seront disponibles en quantités et pour un prix raisonnables, ce qui peut nous conduire au-delà de la fin du présent siècle si l'on en croit les données sur les réserves encore exploitables.

Essayer de détourner les utilisateurs de ces énergies par une taxation dissuasive ne peut être efficace qu'à la condition de leur proposer une ou des solutions de rechange à la fois disponibles et d'un coût raisonnable, sous peine de rajouter une grave crise économique à la crise climatique, achevant ainsi le malade que l'on prétend soigner.

Il n'aura échappé à personne que ces solutions de remplacement n'existent pas aujourd'hui, il s'en faut de beaucoup.

(Le tapage médiatique autour de la voiture électrique ne peut cacher le caractère confidentiel de ce nouveau marché).

De plus, ces solutions décarbonées doivent respecter les impératifs de la transition écologique, notamment la protection de l'environnement, l'arrêt du pillage des ressources de la Planète, la lutte contre la déforestation, le traitement des déchets, le recyclage, sans omettre la faim dans le monde et la gestion des ressources en eau.

Ce qui est loin d'être le cas.

( Voir huile de palme, déforestation, extraction du Lithium, consommation d'eau, pollution des océans, pillage des ressources halieutiques,…).

Enfin, le développement des solutions de remplacement des fossiles ne doit pas se traduire par une autre dépendance, par exemple concernant les éléments rares, d'où pourrait résulter une vulnérabilité par épuisement de la ressource et/ou création de conflits d'intérêts générateurs d'affrontements.

 

En attendant une hypothétique prise de conscience planétaire, les pays qui en ont les moyens s'efforcent de mettre en œuvre des moyens de production d'énergie propre afin d'une part d'acquérir un savoir-faire qui sera indispensable le moment venu, et d'autre part de se donner des moyens industriels pour conquérir des marchés lorsque la demande deviendra significative.

En France, la transition énergétique n'est pas la première priorité, même si on peut le regretter.

Plusieurs raison à cet attentisme :

L'électronucléaire et l'hydroélectrique fournissent déjà l'essentiel de notre électricité décarbonée, et probablement encore pour longtemps. Les rumeurs de réduction de la part du nucléaire ne sont jusqu'à présent que de vagues promesses.

Quant au remplacement des fossiles dans les besoins autres que l'électricité, l'activité se borne à réduire l'utilisation du charbon, remplacer le fuel par du Gaz quand c'est possible, et surtout inciter à réduire la demande par une meilleure utilisation de l'énergie.

Enfin, les engagements pour des projets très ambitieux sont limités par la situation budgétaire qui conduit à une dette publique de 2 400 Milliards d'euros, qui interdit pratiquement tout projet de quelque ambition à l'initiative et avec la participation significative de l'état.

Dans ce contexte, l'essentiel de l'activité de l'état consiste à tirer des plans sur la comète en planifiant un monde idéal pour après-demain, faute de pouvoir réaliser un monde vivable pour demain en s'y mettant aujourd'hui.

N'est-ce pas prendre ses désirs pour des réalités, que de confondre la carte et le territoire ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 19:08

 

16 Décembre 2019

L'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence, décidée par Bruxelles et imposée aux états membres, a suscité bien des convoitises en France.

Le gâteau est alléchant : 500 TWh à se partager, 35 Millions de clients, plusieurs dizaines de Milliards d'euros par an, avec de belles perspectives de croissance, eu égard aux nouveaux besoins liés à la transition énergétique.

Ce nouveau marché concurrentiel fut organisé en 2010 par la Loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l'Electricité) .

Auparavant l'énergie électrique était fabriquée essentiellement par EDF, et quelques ELD (Entreprises Locales de Distribution); le mix électrique étant constitué de 75% d'électronucléaire, 10% d'hydroélectrique, et 15% de thermique (Gaz naturel, Fuel, Charbon), pour une production d'environ 530 TWh en tenant compte des pertes dans le réseau de distribution.

Cette structure monopolistique, sous la tutelle de l'Etat, fut en son temps mise sur pied avec l'objectif de donner à la France son indépendance énergétique, au moins pour l'électricité, qui ne se stocke pas comme les autres formes d'énergie.

L'objectif a été atteint, la France est même devenue exportatrice d'électricité.

Les temps ont changé, Bruxelles décide aujourd'hui ce qui est bon pour la France, y compris dans les secteurs stratégiques dont fait partie le service public de l'électricité.

Exit donc la stratégie énergétique française, l'heure est au grand marché européen au sein duquel doit s'exercer une concurrence « pure et parfaite ».

Depuis 2010 donc la France est tenue d'accueillir des fournisseurs alternatifs (FA) qui se positionneront en concurrents de EDF.

Même si l'ouverture du marché français est alléchante, il n'est pas simple de se frotter à la grosse machine EDF qui contrôle non seulement la fabrication de l'électricité, mais aussi sa distribution et la gestion du réseau à travers ses filiales RTE et ENEDIS.

Pour permettre à une concurrence de s'établir, la décision fut prise d'obliger EDF à céder à ses futurs concurrents une part de son électricité nucléaire au prix coûtant, au motif que le parc nucléaire appartient à la collectivité, devenu une sorte de bien public, un peu comme les barrages hydroélectriques.

Non seulement on leur offre un marché sur un plateau, mais en plus on dépouille EDF qui devient de fait une proie affaiblie.

Après analyse des coûts de l'électricité nucléaire, et avis de la Cour des Comptes,

le tarif ARENH (prix de session aux FA) a été fixé à 42 euro/MWh.

Ce prix est demeuré constant depuis 2012.

(Ce qui, entre parenthèses, en dit long sur le soi-disant coût exorbitant de l'électricité nucléaire).

Pour éviter tout de même le pillage de la maison EDF, un plafond fut fixé à 100 TWh/an, à partager entre les prétendants, selon des critères bien définis.

Les candidats concurrents de EDF avaient donc trois possibilités pour se procurer la précieuse énergie :

Soit la fabriquer soi-même.

Soit l'acheter sur le marché libre européen ( Epex spot ou à terme).

Soit acheter une part du quota de 100 TWh mis à disposition par EDF à prix fixe de 42 euro/MWh.

Fabriquer de la bonne électricité ex-nihilo coûte cher, très cher, mais on peut l'acheter sur le marché libre européen, dont les cours fluctuent comme tout produit énergétique.

Les candidats fournisseurs alternatifs doivent respecter un cahier des charges bien sûr technique, mais aussi concernant le respect lié à l'obligation de service public, notamment les garanties de capacité, et l'origine de l'électricité injectée sur le réseau.

En fait les trois options sont sollicitées, selon les ambitions et les moyens des candidats, et bien sûr selon la part ARENH obtenue, le prix sur le marché libre servant de régulateur.

Chaque prétendant doit présenter son dossier en fin d'année courante pour l'année suivante ; il est retenu, ou pas, selon des critères sévères.

La demande d'électricité ARENH dépend évidemment du cours du MWh sur le marché européen.

Jusqu'en 2017 il était possible de trouver au marché de gros européen des MWh moins cher que le tarif ARENH. Le quota de 100 TWh était alors suffisant.

Mais en 2018 et 2019 les cours ont augmenté au-delà du tarif ARENH, demandes l'électricité ARENH ont augmenté fortement jusqu'à dépasser largement les 100 TWh alloués. On parle de 150 TWh.

Dans ce contexte, les concurrents de EDF demandent une augmentation du quota ARENH, et ils auraient bien tort de se priver puisqu'ils font d'une pierre deux coups :

D'une part ils se procurent de l'électricité  à bas coût, ce qui leur permet d'accroître leur part de marché, et d'autre part ils torpillent EDF en le dépouillant de sa production, ce qui constitue une première mondiale en matière de « modèle » économique, une innovation stupéfiante qui fera date dans les programmes des écoles de commerce.

Il est évident qu'un tel système ne peut perdurer sans mettre en péril l'opérateur historique.

Ce que l'Etat, à l'origine du dispositif ARENH, ne peut pas ignorer puisqu'il est lui-même « patron » de EDF en tant qu'actionnaire très majoritaire (plus de 83%).

L'Etat aurait la volonté de détruire la citadelle EDF qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

Pour la remplacer par quoi ?

Le projet HERCULE nous éclaire sur cette stratégie du pélican :

En très gros il s'agirait de re-nationaliser l'électronucléaire, et de privatiser le reste.

Le reste étant constitué des énergies renouvelables et des centrales thermiques à gaz.

L'inconnu étant le sort réservé à l'hydroélectrique des grands barrages, qui pourrait subir le même destin que le nucléaire.

Ce jeu de chaises musicales (des chaises à plusieurs dizaines de Milliards), s'il est mis en œuvre, aura un impact majeur sur l'avenir du marché de l 'électricité en France.

Pour le consommateur, le risque est de voir le prix du kWh s'envoler, et ceci dès 2020.

Et le Linky n'y sera pour rien...

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 18:36

L'Hydrogène et l'électricité, les deux font la paire ?

10 Décembre 2019

L'intérêt porté à la transition énergétique est à proportion de l'élévation de la température et de l'importance et la fréquence des catastrophes climatiques.

Autant dire qu'il y a le feu au lac car ces « indices d'affolement » sont au rouge un peu partout.

Il n'est désormais plus question de se « contenter » de stabiliser le taux de CO2 atmosphérique à sa valeur actuelle de 410 ppm, car cette valeur est au-delà du seuil acceptable si l'on en croit ses effets délétères déjà constatables et abondamment documentés sur les média.

La stabilisation du taux n'est plus de mise, Il nous faut impérativement le faire baisser.

La neutralité carbone demeure bien sûr la première étape indispensable, mais ce n'est plus la seule stratégie idoine, ce qu'il faut maintenant en plus, c'est faire disparaître une partie du CO2 atmosphérique pour retrouver l'air d'antan.

Ce vaste programme concerne tous les usages des énergies fossiles, et en particulier les applications de mobilité : transports routiers, aériens, maritimes, fluviaux, engins de chantiers et de manutention.

Bref, tout ce qui bouge sauf les trains déjà électrifiés.

 

Pour la mobilité, le choix naturel pour initier le basculement fut l'électricité, historiquement favorisé par l'usage séculaire des moteurs électriques, l'existence d'un réseau de distribution d'électricité dense et puissant, et par les progrès réalisés dans le domaine des batteries.

Malgré la concurrence persistante des véhicules à moteurs thermiques s'appuyant sur des solutions techniques éprouvées et un marché de masse, le véhicule électrique a apporté la preuve de son efficacité, de sa fiabilité, et de son aptitude à satisfaire le cahier des charge automobile.

Cependant les batteries constituent encore un point faible de ces véhicules, même si des progrès significatifs sont attendus dans les domaines du poids, encore excessif, des coûts de la technologie, et de son impact sur l'environnement (Empreinte Carbone, pollution) .

Pour ces grosses batteries, il reste un domaine qui ne pourra pas être amélioré, c'est le temps de rechargement.

Une autonomie comparable à celle d'un véhicule thermique standard, dans des conditions normales de conduite et de chargement, ne peut être obtenue qu'avec une batterie de 150 kWh.

La recharge d'une telle batterie en un temps comparable à celui nécessaire pour un plein de carburant liquide, nécessite un chargeur d'une puissance de 1,8 MW !!!

La recharge simultanée de seulement 0,1% du parc de VP dans ces conditions appellerait une puissance équivalente à celle du parc nucléaire français.

De telles puissances sont donc inenvisageables pour un usage collectif c'est-à-dire de masse, et donc il faudra accepter la contrainte d'une autonomie réduite ou d'un temps de chargement beaucoup plus long, une heure sur des bornes de 150 kW, ou trois heures sur les bornes actuelles de 50 kW !!!.

Et ceci quels que soient les progrès qui pourraient être réalisés sur les batteries.

Des tentatives de créer un service d'échange standard de batteries, une vide contre une pleine, furent réalisées mais sans succès eu égard aux problèmes de compatibilité des différents modèles et à la lourdeur du système.

Le problème reste donc entier.

Ces problèmes d'autonomie et/ou de temps de rechargement, inhérents au concept même de voiture électrique à batterie, laissent penser qu'il y a place pour une autre technologie électrique utilisant un autre procédé de stockage d'énergie.

On parle bien sûr du carburant Hydrogène associé à une pile à combustible.

Il s'agit toujours d'une voiture électrique, mais dans laquelle l'énergie est contenue dans une bouteille de gaz comprimé, de l'Hydrogène essentiellement, l'électricité étant restituée par une pile à combustible.

De telles voitures circulent déjà, démontrant la validité du concept, qui apporte deux avantages considérables :

Une autonomie largement supérieure à celle des modèles à batterie, et surtout un temps de recharge des bouteilles de quelques minutes seulement.

Mais ce concept n'est pas non plus exempt d'inconvénients, voire de défauts :

L'Hydrogène est la plus petite molécule gazeuse et, sous haute pression (on parle de 300 Bar), les fuites sont possibles. Le risque d'incendie et/ou d'explosion est donc à prendre en compte, car il est supérieur à celui des carburants classiques.

D'autre part il n'existe pas de réseau de distribution d'Hydrogène comparable au réseau RTE d'électricité, ce qui est évidemment un frein plus que sérieux au développement d'un marché autre que de flottes captives.

Enfin, non seulement il n'y a pas de réseau, mais il n'y a pas non plus d'Hydrogène vert, seul admissible évidemment dans ce cas.

(Aujourd'hui l'Hydrogène est obtenu à partie des fossiles).

On pourrait ajouter un rendement énergétique inférieur à la solution batterie, puisque la chaîne énergétique Hydrogène comprend des étapes supplémentaires qui introduisent des pertes.

La filière du véhicule à Hydrogène comprend encore des étapes à peine entrées dans la phase initiale d'industrialisation ; donc un retard important à rattraper.Contrairement au moteur électrique, dont la technologie est très au point depuis longtemps, la pile à combustible est encore une sorte de mouton à cinq pattes dont la technologie est en pleine évolution et pour laquelle il n'existe pas encore de modèle économique pour la grande diffusion.

Tous ces inconvénients constituent un fardeau lourd à porter pour arriver à faire de la voiture à Hydrogène un objet d'usage généralisé.

Mais, pour les applications où l'on recherche grande autonomie et faible temps de rechargement, c'est aujourd'hui le seul substitut possible à la grosse batterie.

Heureusement, la mobilité électrique n'est pas le seul usage possible de l'Hydrogène. L'industrie est aujourd'hui le principal utilisateur et devra se convertir à l'Hydrogène vert. Un autre usage, encore plus important, est le stockage de compensation de l'intermittence des renouvelables, par l'intermédiaire de l'électrolyse, une partie de l'hydrogène produit étant injecté dans le réseau de distribution du gaz, l'autre partie étant reconvertie ensuite en électricité verte par une pile adéquate.

Le couple Hydrogène vert + Electricité verte a donc un avenir assuré, même s'il est aujourd'hui un peu occulté par l'omniprésence des fossiles qui écrasent toute tentative de progrès vers une transition pourtant inévitable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 16:05

4Décembre 2019.

 

Le vingt-et-unième siècle a-t-il encore un avenir ?

L’accumulation des obstacles à la poursuite de l’épanouissement de notre civilisation dite occidentale, et notre incapacité à trouver le début du commencement de solutions pour éliminer au moins quelques-uns d’entre eux, permet d’en douter.

Plutôt que d’épanouissement, certains n’hésitent pas à parler d’effondrement (la « collapsologie » est à la mode) et préconisent la recherche de solutions pour « sauver les meubles » avant qu’il soit trop tard.

 

Les oraisons éjaculatoires de la prophétesse Greta sont légitimes en ce sens qu’elles préfigurent la colère de la génération qui devra subir les conséquences de notre inaction.

Il nous reste à espérer qu’elles auront plus d’effet sur le réchauffement climatique que celles de la jeunesse de Mai 68 n’en eurent sur les structures de notre société, sur lesquelles il y aurait beaucoup à dire.

 

Il faut dire que, pour qui se préoccupe un tant soit peu de l’avenir de l’espèce humaine, l’époque n’incite pas à l’euphorie. Découvrir qu’à force d’aller dans le mur on finit par y arriver, et qu’on n’est pas équipés pour le franchir, génère une certaine anxiété quant à la suite des événements.

 

En grattant un peu on découvre que, derrière l’affaire des GES, se cache un véritable cancer qui ronge insidieusement tous les rouages de notre civilisation.

Contrairement à la précédente « affaire » de gaz toxiques pour la couche d’ozone, qui fut résolue naguère sans faire trop de vagues, la lutte contre le CO2 des combustibles fossiles s’annonce autrement meurtrière pour de nombreux secteurs de notre société technologico-économique qui devront se remettre en question, ou disparaître.

 

Certes, il existe bien d’autres raisons de s’inquiéter quant au sort de l’Humanité, la liste en serait longue, mais le GIEC a désigné le CO2 anthropique    responsable principal de l’accroissement de l’effet de serre et donc de toutes les conséquences résultantes.

C’est donc le CO2 anthropique qu’il nous faut combattre, mais sans pour autant négliger les autres causes de calamités, tant il est vrai que la régulation du climat de la planète n’est pas la seule condition de survie de l’Humanité telle que nous la concevons aujourd’hui.

(D’autres humanités sont concevables, sur d’autres bases, mais ceci est une autre histoire…)

 

S’attaquer aux combustibles fossiles c’est poser le problème de l’énergie, qui constitue l’unique pilier sur lequel repose tant bien que mal notre économie,  c’est-à-dire notre civilisation, puisque les deux sont hélas confondus de nos jours.

 

La démarche la plus élémentaire, la plus naïve dirions-nous, dont certains n’ont pas hésité à faire leur cheval de bataille, consiste à réduire drastiquement notre consommation d’énergie pour atteindre un niveau de besoins pouvant être satisfait par les moyens « naturels » dont nos ancêtres disposaient avant l’exploitation des sources fossiles.

Oui, vous savez, la biomasse (Bois, bouse de vache, huile de baleine), la traction animale, la force des bras, le vent dans les voiles des navires et les ailes des moulins, le pousse-pousse, la roue à aubes, le treuil à tympan (cage d’écureuil), le halage des péniches, la noria, et bien d’autres engins ma foi assez efficaces mais de portée modeste, quoi que...

Ce retour aux sources est évidemment cité pour mémoire ; il est parfaitement inapplicable dans l’état actuel du Monde et de ses sept Milliards d’habitants dont les trois quart sont avides d’accéder au niveau de « vie » du quart nanti.

D’ailleurs on ne voit pas très bien comment freiner l’appétit des pays en voie de développement, ni celui des six Milliards d’Humains supplémentaires qu’il faudra accueillir d’ici le milieu du siècle.

Cependant ces moyens rustiques demeurent l’essentiel des sources d’énergie d’une grande partie de l’Humanité, dont le niveau de vie peu enviable devrait être dissuasif pour ceux parmi les nantis qui auraient envie d’y revenir…

 

Donc il n’est pas question de couper le robinet des sources fossiles sans proposer une ou des sources de remplacement, ce qui demandera beaucoup d’efforts, de temps, et d’argent.

Aujourd’hui la stratégie mise en œuvre comprend deux volets :

D’une part, tâcher de freiner la croissance de la consommation des fossiles grâce à une meilleure utilisation de l’énergie (chasse au gaspi), et d’autre part développer la production d’énergies renouvelables décarbonées ou à carbone recyclable.

Des résultats ont certes été obtenus, mais encore sans effet sur la croissance de la consommation d’énergies fossiles, qui continue de progresser, tant la demande est forte.

 

Mais, quoi qu’il arrive, notre survie dépendra de notre capacité à réduire nos besoins énergétiques, quelle qu’en soit la source, car désormais l’énergie ne sera plus distribuée à guichet ouvert.

 

Concrètement le mot d’ordre est donc d’apprendre à nous passer de ces combustibles fossiles, cette démarche étant de toutes manières indispensable à moyen/long terme puisque ces combustibles auront disparu lorsque les réserves seront épuisées, ce qui se produira avant la fin du présent siècle, au moins pour le pétrole.

Alors autant apprendre à s’en passer le plus rapidement possible.

 

Mais alors, diront certains, quelle est la vraie motivation de la transition énergétique, combattre l’effet de serre ou pallier l’épuisement des fossiles ?

En fait les deux évidemment, mais avec des calendriers différents :

 

L’effet de serre, c’est déjà aujourd’hui selon le GIEC/IPCC, qui est la seule instance internationale reconnue détentrice de la vérité scientifique en matière de changement climatique, même si certaines de ses conclusions sont contestées par une minorité.

Alors que l’épuisement des fossiles, ce n’est encore qu’une menace à moyen/long terme, mais qu’il faut déjà prendre en compte pour ne pas être pris de court le moment venu. L’échéance reste relativement lointaine, quelques décennies, voire plus pour le gaz, et beaucoup plus pour le charbon.

(Mais nous ne sommes pas à  l’abri d’une crise des approvisionnements, causée par quelque événement géopolitique, comme déjà vu dans le passé).

 

L’effet de serre et l’épuisement des fossiles sont donc bien deux problèmes certes liés, mais qui peuvent (qui doivent) être traités différemment.

 

Selon la Doxa du GIEC, la lutte contre l’effet de serre est donc l’urgence absolue.

Or les énergies renouvelables ne sont pas prêtes à remplacer ex-abrupto les fossiles, pas plus que les applications ne sont prêtes à basculer leurs sources d’énergie sur on ne sait pas très bien quoi (Electricité ? Bio Méthane ? Hydrogène ? Biomasse ? Biocarburant ?).

La seule chose faisable à court/moyen terme, c’est mieux gérer l’utilisation des fossiles (Rendements améliorés, Cogénération, récupération de chaleur fatale, isolation des applications de chaleur, etc…) afin de limiter la croissance du CO2, et passer progressivement aux renouvelables selon leur disponibilité et leur coût.

L’évolution de la consommation d’énergies fossiles dépendra donc d’une part de l’évolution de la demande mondiale, mais aussi de l’évolution de la production d’énergies renouvelables, et de l’adaptation des usages de l’énergie à ces nouvelles sources.

 

Aujourd’hui il est impossible d’établir un calendrier pour ce grand basculement. Trop de facteurs géopolitiques influent sur les choix des différentes régions du Monde et leurs capacités d’investissement, personne ne sait ce qu’il adviendra de l’électronucléaire dans l’avenir, ni quel sera l’évolution du coût des énergies fossiles, et surtout quelle sera l’évolution réelle du climat des prochaines décennies, la hausse constatée des températures étant un facteur déterminant de la prise de décision.

 

Toutes ces incertitudes conduisent certains prévisionnistes à considérer que les énergies fossiles ont encore de « beaux » jours devant elles, et qu’il faudra compter avec elles au moins jusqu’à la fin de ce siècle.

Certes leur part sera progressivement réduite, mais elles peuvent encore satisfaire 50% des besoins à l’horizon 2050, ce qui demeure très considérable eu égard aux énormes quantités de CO2 qui lui seront associées.

 

Dans ces hypothèses, hélas vraisemblables, il est essentiel de ne pas prendre ses désirs pour des réalités.

Non, ce n’est pas quelques milliers d’éoliennes qui suffiront à régler le sort des fossiles. Ils sont encore là pour longtemps.

Les exhortations des gourous de l’écologie ne suffiront pas à freiner l’effet de serre dès lors que les énergies fossiles continueront d’être largement utilisées.

(Et d’ailleurs, qui pourrait en interdire l’usage ?).

Il faudra alors s’attendre à un accroissement significatif du taux de CO2 atmosphérique et donc à une augmentation de température qui pourrait dépasser largement les +2 °C fixés ( ?!!) comme limite tolérable, pour atteindre voire dépasser les +6°C prévus par les modèles les plus pessimistes.

 

Il devient alors nécessaire de sortir du temps des discours et des engagements jamais tenus, et cesser de cacher les vrais problèmes sous le tapis pour  mettre en œuvre des solutions adéquates.

Le vrai problème est que les émissions de  CO2 fossile vont perdurer jusqu’à l’épuisement des réserves.

La vraie solution est de renvoyer ce carbone d’où il vient, c’est-à-dire dans le sous-sol, par les moyens les plus appropriés. 

Heureusement les gens sensés sont conscients de ce problème depuis des décennies, et de nombreux programmes sont en cours pour identifier les procédés raisonnablement utilisables sans trop de dégâts collatéraux.

 

Que l’on ne s’y trompe pas, l’élimination du CO2 fossile est aussi importante que celle des déchets nucléaires sinon plus, car les dégâts causés par une température excessive seront visibles dès la fin du présent siècle si l’on n’y remédie pas dès maintenant.

La technologie CSC (Capture et Séquestration du Carbone) revient donc sur le devant de la scène car elle seule pourra faire baisser significativement les émissions.

Cette technique ne peut être efficace que lorsque les sources de CO2 sont localisées, dans des fumées d’usines, des centrales électriques, ou des centrales de chaleur  par exemple, où le CO2 se trouve rejeté à forte concentration. Elle est donc adaptée aux installations fixes de fortes puissances.

Les engins mobiles n’y sont pas adaptés, ils devront se convertir à d’autres sources d’énergie renouvelables comme l’électricité verte, l’Hydrogène vert, la bio masse, le Bio Méthane, ou tout autre biocarburant de seconde ou troisième génération.

Cette conversion est aujourd’hui amorcée par la réglementation sur la limitation des émissions de CO2 des moteurs thermiques, avec des résultats encourageants mais aussi des difficultés à adapter les infrastructures au changement d’énergie.

Convertir plusieurs Milliards de véhicules à l’électricité est une entreprise colossale dont le succès n’est absolument pas garanti à court/moyen terme.

 

Un autre obstacle vient ralentir la mise en œuvre de l’enfouissement du CO2, c’est l’opposition des populations locales, car l’innocuité de la méthode n’a pas été démontrée sur la durée (plusieurs siècles, avec des risques liés aux fuites).

Par ailleurs les associations écologiques sont également opposées, au motif que l’enfouissement du carbone est un encouragement à l’utilisation des fossiles, ce qui n’est pas tout à fait faux.

 

La prise de conscience du caractère illusoire des méthodes « classiques » préconisées pour réduire les émissions de CO2, conduit aujourd’hui à revenir à la méthode du « retour à l’envoyeur » qui consiste à renvoyer dans le sol ce gaz indésirable.

Gageons que d’importants crédits seront débloqués pour reprendre les travaux de CSC, qui n’auraient jamais dû être mis en sommeil comme ce fut le cas trop souvent.

 

La transition énergétique nécessite des investissements colossaux dont la rentabilité n’est pas celle qui est attendue par notre système actuel d’économie  libérale qui n’admet que le profit financier, alors que notre survie recherche plutôt le profit humain.

Constat résumé par Jean Jouzel à la veille de la COP25 :

« Le Capitalisme ultra-libéral n’est pas compatible avec la défense du climat »

 

Que dire d’autre ?…

 

 

 

 

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