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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 15:12

Les caprices d’INES.

Le 12 Septembre se produisait une explosion dans un four de retraitement de déchets radioactifs sur le site de CENTRACO près de Marcoule.

Bilan provisoire: un mort et un blessé grave.

Le communiqué officiel faisait état d’une absence de risque de contamination radiologique .

La CRIIRAD, alertée par les chiffres ridiculement bas cités dans le communiqué, et parfaitement fantaisistes eu égard à la quantité et à la nature des produits en traitement dans le four, adressa une requête d’abord à l’ASN, puis au Procureur de la République.

Le lapin étant sorti du chapeau, merci la CRIIRAD, il est désormais impossible de balayer la poussière sous le tapis.

Nous entendrons donc reparler de cette affaire.

Notre propos aujourd’hui est relatif au classement de cet évènement par rapport à l’échelle INES.

Rappelons que cette échelle définit 7 niveaux de gravité croissante.

L’explosion de Marcoule a été classée niveau 1.

Quelle est la définition du niveau 1 ?

C’est une « anomalie sortant du régime de fonctionnement autorisé » .

Explosion d’un four avec projection de déchets radioactifs, fermeture du site, un mort, un blessé grave. Les familles concernées apprécieront l’importance accordée à la catastrophe qui les frappe.

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 09:26

27 Mai 2011

La radioactivité a mauvaise presse, au sens propre du terme, car les médias l’évoquent le plus souvent dans les contextes de son usage dans les centrales nucléaires, ou pour des applications militaires, ou encore en raison de la pollution qu’elle provoque.

La RNTR ( Radioactivité Naturelle Technologiquement Renforcée ) fait désormais partie des paramètres environnementaux critiques sous surveillance des autorités de santé publique.

Il est temps de nuancer quelque peu cette image en rappelant l’importance de l’usage thérapeutique des radionucléides, qui sauvent des dizaines de milliers de vies chaque année.

Dès que le pouvoir destructeur des rayons ionisants sur la cellule vivante furent connus, la médecine tenta de les utiliser pour éliminer les cellules indésirables de l’organisme, particulièrement les cellules cancéreuses.

Les rayons ionisants communément émis lors des désintégrations de radionucléides sont essentiellement des photons Gamma, des particules Beta ( Electrons et positrons ) ou des particules Alpha ( Noyau d’Hélium ).

Ces particules sont émises avec des énergies très diverses et des effets spécifiques sur l’organisme.

Un peu comme les projectiles utilisés par les armées :

La balle de fusil de dix grammes propulsée à 900 m/s n’a pas du tout le même effet ni la même portée qu’une grenade de 300 grammes lancée à dix mètres.

Les particules Alpha sont peu dangereuses à l’extérieur. Elles sont stoppées par une simple feuille de papier, ou par la peau, qui est un bon gilet pare-balle pour la circonstance. Par contre, lorsqu’elles sont générées par un radionucléide à l’intérieur du corps ( inhalation ou ingestion ) elles causent des dégâts considérables sur les cellules dans leur proximité ( une fraction de mm ).

Leur radio toxicité est vingt fois supérieure à celle des autres particules, il est donc essentiel de savoir cibler exactement les cellules à atteindre, ce qu’on ne sait faire que depuis peu.

C’est pourquoi elles n’ont pas ( ou très peu ) été utilisées en radiothérapie jusqu’à présent car le remède aurait tué le malade !

Notons au passage que notre corps est radioactif, à cause du Potassium 40 et du Carbone 14 qu’il contient, nous émettons environ 5 000 Becquerels !

Nous supportons cela très bien car ces deux radionucléides n’émettent pas de particules Alpha, ils se contentent de particules Beta, sinon nous ne serions plus là pour en parler.

 

 

Les photons Gamma ayant peu d’interaction avec les cellules, il reste les particules Beta pour tâcher de détruire les tumeurs sans trop de dommages collatéraux pour le malade.

La stratégie consiste à porter dans ou à proximité de la tumeur à détruire, un radionucléide présentant une radioactivité Beta, et de durée de vie pas trop longue afin de disparaitre de l’organisme assez rapidement.

Les munitions sont variées:

Iode 131, Yttrium 90, Samarium 153, Lutetium 177, Strontium 89, Irridium 192, et quelques autres.

Ces produits émettent également des photons Gamma, sauf Yttrium 90 qui n’émet que des Beta.

Ce sont les Beta qui sont intéressants ici.

Le challenge dans ce combat est de réaliser, au sens propre, une frappe chirurgicale, pour éviter le plus possible des dégâts collatéraux.

Diverses méthodes ont été utilisées, dont la description n’est pas dans notre propos. La méthode moderne consiste à « vectoriser » l’élément radioactif en l’associant à un anticorps spécifique de la tumeur à traiter.

Le produit est mis en solution et injecté dans l’organisme. Les anticorps monoclonaux servent de véhicule à l’élément radioactif , ce qui permet de limiter le traitement à la zone malade, avec des atteintes périphériques limitées.

Bien sûr ceci est un raccourci un peu abusif, mais c’est l’idée.

La bonne maîtrise des méthodes de vectorisation des radionucléides a permis d’envisager l’utilisation plus large des particules Alpha, jusqu’alors manipulées avec parcimonie à cause de leur grande toxicité. Des travaux de validation sont en cours dans le cadre d’un projet Européen.

 

 

 

http://gfme.free.fr/ 

Ce petit aperçu de l’usage bénéfique de la radioactivité avait simplement pour but de montrer que derrière un Mister Hyde il y a toujours un Docteur Jekyll.

 

 

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 19:21

26 Mai 2011

Pour le démographe, la mort est une affaire de statistiques. Une seule certitude, au-delà de cent-vingt ans la probabilité de mourir est égale à l’unité. A la naissance nous disposons d’un capital variable qui nous confère une longévité probable que les démographes savent estimer.

Entre zéro et cent-vingt ans, divers évènements jalonnent notre existence, qui affectent notre longévité probable, et que les spécialistes appellent « facteurs de risques », accidents, maladies, facteurs héréditaires, alimentation, mauvaises pratiques, exposition à des dangers, etc…

Une partie de notre existence se passe à essayer de minimiser le plus possible ces fameux facteurs de risques, sachant qu’il y a un équilibre à trouver pour jouir de la vie sans brûler la chandelle par les deux bouts.

La prévention des risques est devenue une préoccupation nationale à laquelle les autorités accordent une grande importance, eu égard à l’augmentation des dangers auxquels la société moderne nous expose.

Ces temps-ci, il est un facteur de risque qui tient le devant de la scène, c’est la radioactivité.

Certains ont découvert récemment que nous sommes en permanence baignés par un flot de radiations ionisantes dites « naturelles » , considérées comme inoffensives, ce qui est un raccourci osé.

Certes l’Homme a vécu de tout temps avec ces radiations, il est devenu ce qu’il est malgré elles, c’est donc qu’elles sont bien tolérées. C’est un raisonnement un peu spécieux, car qui peut dire ce que l’Homme serait devenu sans ces radiations ?

Toujours est-il que le niveau de ces radiations naturelles est considéré comme une norme parfaitement acceptable.

Sa valeur moyenne, en France, est égale à 2,4 milli sievert ( mSv ) par an , avec une assez grande variabilité selon les régions, jusqu’à 20 mSv/an.

Persistant dans le même raisonnement ( abusif ) qui postule l’innocuité des radiations naturelles, la communauté scientifique en a déduit que les faibles doses de radiation sont inoffensives, même si elles ne sont pas naturelles.

A la décharge des spécialistes, il faut reconnaître qu’il est très difficile de caractériser un cancer radio induit, sinon par des études épidémiologiques très longues ( un cancer se déclare souvent des dizaines d’années après l’exposition ), encore faut-il avoir envie de chercher…

Mais tout cela est en train de changer. La science progresse, et dispose maintenant de résultats d’études épidémiologiques longues. La prévention des risques d’exposition à la radioactivité ( Radioprotection ) fait l’objet de conventions internationales, les effets des radiations ionisantes sont de mieux en mieux connus, et l’on sort d’un domaine approximatif pour entrer dans une science précise et bien documentée.

L’un des premiers résultats mis en avant par les études récentes est la remise en question de la notion de faibles doses inoffensives.

Ce changement de paradigme entraîne la nécessité de revoir les bases de l’évaluation des risques et de la radioprotection.

Le concept de seuils, dont les valeur étaient souvent tirées d’un chapeau, est remplacé par la stratégie ALARA ( As Low As Reasonnably Achievable ), aussi faible que raisonnablement possible.

Reconnaissons que ce n’est pas encore parfait, on remplace un seuil dont la valeur est discutable, par un « raisonnablement possible », tout aussi discutable.

Mais c’est un pas important dans la prise en compte du risque représenté par l’exposition aux faibles doses, autrefois noyé dans le bruit de fond des radiations naturelles.

Désormais la radioactivité technologiquement renforcée ( RNTR ) devient un facteur de risque de santé publique, qui doit être considéré avec autant de sérieux que l’amiante, l’Ozone, le Mercure, le Plomb, les nanoparticules, les oxydes d’Azote, les nitrates, les métaux lourds, l’automobile, et autres pollutions faisant l’objet de surveillance et de règlementations.

Les sources de pollution radioactive technologiquement renforcée sont nombreuses, et souvent négligées car leur niveau pris séparément est souvent inférieur à des fameux seuils fixés arbitrairement.

Mais l’effet des petites doses est cumulatif, et globalement l’exposition peut atteindre des niveaux étonnants.

Chacun d’entre nous est exposé aux radiations ionisantes d’une multitude d’éléments présents dans l’air, dans l’eau de consommation, dans les aliments, légumes, œufs, viandes, poissons, fruits de mer, vins, dans les bâtiments, dehors, sur certaines plages, et ceci en parfaite méconnaissance des risques.

Sait-on par exemple qu’un cure de 21 jours en certaines stations thermales équivaut à une dose efficace de plus de 2 mSv, soit pratiquement le doublement de la dose moyenne «normalisée »  ?

Sait-on que certaines eaux minérales sont assez fortement radioactives jusqu’à entraîner des doses supérieures à 1 mSv/an si elles sont consommées exclusivement ?

Sait-on que, en certaines régions, des bâtiments présentent une radioactivité supérieure à 1000 Bq/m3 ?

On pourrait ainsi remplir des pages d’exemples édifiants.

Aujourd’hui en France, les normes en vigueur sont toujours définies par des seuils ( il faut bien donner des chiffres ):

La CRIIRAD nous donne par exemple le critère statistique suivant:

Une exposition de 6 mSv/an est susceptible de causer 24 décès par cancer dans une population de 100 000 personnes. Ce qui fait quand même 1 440 décès sur la population française.

Bien sûr les statisticiens feront remarquer que les maladies cardiovasculaires tuent 180 000 personnes par an, et le cancer 147 000, ce qui relativise sérieusement le risque radioactif.

Les mauvaises langues ne manqueront pas de mettre en doute les chiffres de la CRIIRAD, arguant que si l’on ne sait pas caractériser un cancer radio induit, alors on ne sait pas non plus donner son facteur de mortalité.

Et elles n’auront pas tout à fait tort.

Les prochaines années nous réservent de belles discussions sur ce sujet….

 

 

 

 

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 17:35

16 Mai 2011


Les phosphates et les nitrates bien connus sont les rejetons de l’agriculture et de l’élevage intensifs.


Rejetés inconsidérément dans la nature, ils se retrouvent dans l’eau des rivières puis dans la mer, où ils suscitent une croissance exubérante des algues vertes.


Cette pollution empoisonnée fait la une des médias et pose le problème de l’harmonisation entre l’exploitation rentable des sols et les exigences du respect de l’environnement.


Ce fléau est souvent attribué aux seuls nitrates, mais les phosphates jouent un rôle au moins aussi important.


Au-delà de la nuisance visible, malodorante et toxique constituée par les algues pourrissantes, il est une autre nuisance, bien plus dangereuse, mais invisible, dont ces produits sont responsables, c’est la radioactivité.


Nous allons parler du rôle des phosphates.


Le minerai à partir duquel on obtient des engrais phosphatés, est en général un phosphate de Calcium. Il existe en abondance dans différentes régions du globe.


Comme tout ce qu’on extrait du sol, ce minerai contient de l’Uranium, et bien sûr tous les éléments de la série des désintégrations correspondantes.


Ici les quantités d’Uranium commencent à être intéressantes, au point que des tentatives pour l’extraire de manière industrielle ont été tentées, mais non rentables aujourd’hui.


Les minerais de phosphates du bassin méditerranéen présentent une activité de 5 à 10 000 Bq/kg, ce qui est déjà un bon chiffre.


Ce minerai est d’abord traité avec de l’acide sulfurique pour obtenir de l’acide phosphorique, à partir duquel sont fabriqués les engrais.


Le déchet de cette opération est le phosphogypse, qui est un précipité de sulfate de calcium hydraté ( Ca SO4 (H2O)2 ).


C’est un déchet radioactif  très encombrant: La production de une tonne d’acide phosphorique génère cinq tonnes de phosphogypse.


Dans les années 80, la France a ainsi « produit » chaque année 6 millions de tonnes de phosphogypse ( 60 Mt dans le monde ). Les principaux centre de production étaient Grand Quevilly, Grand Couronne, le Havre, Tarnos, Boucau….


Le sort de ces déchets radioactifs n’a fait l’objet d’aucune attention particulière, ils ont été soit rejetés en mer ou dans des cours d’eau, soit stockés sous forme de terrils sans précaution vis-à-vis de l’environnement.


Il y a donc deux sources de pollution radioactive :


- Les terrils et crassiers ( on parle quand même de 13 millions de tonnes) qui distillent leur poison au gré des lessivages des pluies.


- Les sédiments des fonds marins des zones de rejets, qui transmettent leur radioactivité aux poissons brouteurs, crustacés, moules.


Par exemple, l’usine de Boucau rejetait annuellement 270 000 tonnes de phosphogypse directement dans la mer. La Soferti, de Bordeaux, rejetait annuellement 113 000 t en Garonne. Etc…


Actuellement les rejets en mer sont en principe interdits.


Les énormes quantités stockées à terre n’ont pas manqué de susciter des tentatives de valorisation dans divers secteurs:


- Incorporation aux ciments et plâtres.


- Matériaux de construction.


- Construction des routes.


- Matériau de remblais.


Ce qui paraît incompatible avec le classement TFA ( déchets Très Faiblement Radioactifs ) qui les placent avec les déchets de démantèlement des centrales nucléaires.


Les stocks de phosphogypse constituent une bombe à retardement ( une de plus ) dont il faudra s’occuper un jour ou l’autre.


En attendant, il est vivement conseillé d’éviter de consommer des produits de la mer provenant d’anciens sites littoraux de déversement de phosphogypse, et de construire sa maison à proximité d’un site de stockage.



 



 


 


 

 
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