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11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 12:25

Le progrès c'était mieux avant.

11 Février 2024

Le dernier siècle a vu déferler un tsunami de « progrès » scientifiques et techniques inédits depuis l'aube de la « civilisation ». Ce fut un privilège d'y avoir assisté, et d'y avoir fort modestement participé.

Ce progrès fut préparé par nos grands anciens qui ont su défricher les mystères du Monde et ont préparé l'avènement de cette vague technologique qui nous submerge quelque peu aujourd'hui.

Vague qui a pris des allures de déferlante et qui menace la primauté de l'espèce humaine bientôt soumise à l'IA, dernier avatar du machinisme triomphant.

Car il fut une époque qui ne connaissait pas les « machines », situation inconcevable pour la jeune génération du XXI ème siècle.

Electricité, eau courante, Trains, voitures, camions, bateaux de croisière, pétrole, Gaz naturel, bicyclettes, avions, téléphones, machines à laver, réfrigérateurs, récepteurs de radio, télévision, ordinateurs, photo numérique, réseau Internet, montres à quartz, Cinématographe, téléphone, Réseau GPS, Radiographie, Vaccins, transfusion sanguine, Scanner, IRM, greffe du rein, greffe du cœur, satellites, drones, logiciels, réseaux sociaux, Cloud, reconnaissance faciale, Intelligence artificielle, paiement sans contact, etc, etc.....

Il fut un temps, pas très lointain, où rien de tout cela n'existait.

La Terre était alors peuplée de 1,5 Milliards d'habitants environ, et très peu d'entre eux avaient accès à une vie décente.

Et puis, vers 1800, le grand cirque de l'ère des machines débutait.

( Machine à vapeur, pétrole, Gaz naturel, électricité, moteur à explosion, ...)

Aujourd'hui nous sommes 8 Milliards, dont plus de la moitié n'ont toujours pas un niveau de vie décent.

Demain on ne sait pas, la trajectoire de croissance est incontrôlable.

Tout cela ressemble étrangement à l'explosion d'un pétard de quatorze Juillet.

( Les optimistes assurent que cela s'arrêtera à 15 Milliards d'hab, sans d'ailleurs préciser sous l'effet de quelles circonstances. Les pessimistes pensent que nous seront tous morts avant. Entre les deux options le choix est vaste ).

Ce que nous appelons civilisation moderne est en fait un monde de machines, lesquelles n'existent que grâce aux énergies fossiles. De cela au moins tout le monde convient.

Ces énergies fossiles s'épuiseront un jour ou l'autre, de cela aussi tout le monde convient, sans toutefois s'accorder sur le calendrier.

A cette échéance inéluctable est venu s'ajouter le changement climatique provoqué par les émissions de CO2 de ces mêmes fossiles, et dont nous allons devoir assumer les conséquences.

La résolution, maintes fois proclamée, d'accélérer la sortie des fossiles semble avoir du plomb dans l'aile ; son application s'avère très difficile. Le passage des « ppp » ( programmations pluriannuelles papier ) aux réalités du terrain se heurte à une montagne de problèmes de gouvernance, de pesanteurs administratives, d'adhésion des populations, de financements, de rentabilité, de rivalités régionales, de concurrence, de réglementations, de changements de technologies, d'approvisionnements de nouveaux matériaux, toutes choses qui sont autant de risques d'échecs qui peuvent coûter très cher. Il s'ensuit une certaine propension à la procrastination, encouragée par la relative bonne santé des énergies fossiles toujours fidèles au poste malgré les menaces des docteurs tant pis.

Et ce n'est pas tout. Pour faire bonne mesure, nous allons devoir mettre un terme aux atteintes, bientôt irréversibles, portées à notre environnement par une pollution généralisée et une exploitation irraisonnée des ressources naturelles.

Face à cette accumulation de désastres qui menacent la survie de la société moderne, le Monde est en état de sidération.

Aujourd'hui nous sommes encore dans la phase de prise de conscience de l'ampleur des problèmes que nous devons résoudre sous peine d'avoir à subir de graves désordres possiblement ingérables.

La question est :

Comment faire vivre décemment quinze Milliards d'Humains au prochain siècle, dans des structures sociales fondées sur l'usage des machines, lorsque l'énergie utilisée par ces machines est en voie de disparition ?

Et là les réponses sont variées :

Certains préconisent d'arrêter le cirque et de revenir à des modes de vie plus simples et moins énergivores pour s'adapter au régime sec des énergies renouvelables accessibles comme le vent, le rayonnement solaire, la chaleur du sous-sol, la biomasse....

D'autres au contraire veulent nous faire entrer dans une civilisation de type 3, celles qui utilisent l'énergie de leur étoile. C'est la génération ITER , la marche à l'étoile, représentée aujourd'hui par les programmes nucléaires avancés ( Avancés vers quoi ? ).

D'autres enfin, qui croient encore au Père-Noël, projettent de tenter de remplacer les fossiles épuisés par des sources d'énergie décarbonées ou neutres en carbone.

C'est la voie officielle, qui est promue aujourd'hui, et qui fait l'objet d'investissements conséquents de par le monde. Avec encore une interrogation sur le caractère licite ou pas de l'énergie nucléaire.

( Comme si on avait encore le choix...).

Tout le monde convient que cette voie, avec ou sans nucléaire, devra être accompagnée d'un programme de réduction drastique des besoins énergétiques de nos machines.

Car il est probable qu'il n'y en aura pas pour tout le monde...

( On convient de la nécessité de réduire l'appétit énergétique des machines, mais personne n'a encore suggéré la possibilité de réduire le nombre de ces machines...Au contraire même....

Il n'est pas encore question de réduire les « niveaux de vie », la sacro-sainte « croissance » n'est pas remise en question et son compère le PIB demeure le thermomètre qui mesure la bonne santé des marchés ).

Cette voie officielle est censée permettre de conserver notre monde de machines, mais à deux conditions toutefois :

- Modifier ces machines pour les adapter à l'électricité, puisque c'est sous cette forme principalement que les nouvelles sources délivreront leur énergie.

- Améliorer très significativement les rendements énergétiques de ces machines car les quantités d'énergies nouvelles seront très limitées par rapport aux quantités d'énergies fossiles utilisées actuellement.

( Tout dépendra du degré de machinisme qui sera atteint par les pays en voie de développement, et bien sûr de la croissance démographique ).

Les deux symboles de cette recherche d'adaptation et d'économie sont la voiture électrique et la pompe à chaleur.

Les deux permettent à la fois de s'adapter à l'énergie électrique, et d'améliorer le rendement énergétique dans un rapport très significatif.

( Tout au moins pour ceux qui ont une voiture et une maison à chauffer...)

(La tentative d'électrifier à la hussarde les voitures donne une petite idée des dégâts collatéraux que l'on risque de causer si l'entreprise n'est pas suffisamment sous contrôle avec un minimum de concertation internationale.

L'opération est à peine lancée que l'on parle déjà de la disparition possible de l'industrie automobile européenne sous les coups de boutoir de l'Industrie Chinoise.

Cela dit, les cyniques font remarquer que l'on peut très bien rouler dans des voitures chinoises...).

Le grand oublié de ce vaste chamboule-tout énergétique est le problème du stockage de l'énergie.

Pour assurer l'approvisionnement énergétique de longue durée ( plusieurs mois ) en cas de conditions de vent ou d 'ensoleillement durablement défavorables, il est indispensable de stocker une quantité d'énergie suffisante pour pallier la pénurie.

Les énergies fossiles ne posent pas ce type de problème puisqu'elles sont disponibles déjà à l'état de stocks dans le sous-sol terrestre. Les pays ne disposant pas de réserves fossiles dans leur sous-sol ont dû constituer des stocks de sécurité pour pallier les risques de pénurie liées à des événements internationaux. Ces stocks sont facilement réalisés sans technologie particulière, à condition d'avoir des sous pour en importer, et des voisins complaisants pour en vendre...

Par contre le vent et le rayonnement solaire, ne se stockent pas. Et l'énergie électrique produite par les éoliennes et les panneaux solaires ne se stocke pas davantage. Et de plus, contrairement aux fossiles qui sont disponibles de manière continue, le vent et le rayonnement solaire sont intermittents, au bon vouloir de conditions météo incontrôlables et de l'alternance jour/nuit.

L'hydraulique, qui produit également de l'électricité, disposent de possibilités de stockage, mais de courte durée ( Réservoirs de station de transfert hydraulique, batteries ).

Cette façon sporadique de fournir de l'énergie pose un problème crucial puisque l'électricité ne se stocke pas.

Ces énergies renouvelables décarbonées, productrices d'électricité, doivent donc être associées à des capacités de stockages énormes pour compenser leur intermittence.

Aujourd'hui ce problème n'est clairement pas résolu.

( Sa solution est pourtant la clé de la transition énergétique . Sans solution de stockage convenable, l'énergie électrique sera distribuée de façon chaotique, entraînant une instabilité permanente des activités ).

Ou plutôt si, il y a des solutions, mais qui ne sont pas dans l'air du temps.

En effet, pour un stockage de plusieurs mois il faut faire appel à une autre filière.

Il n'existe aujourd'hui que deux autres filières décarbonées ou neutres en carbone, susceptibles de permettre un stockage de longue durée : il s'agit de la Biomasse et du Nucléaire.

Ces deux filières n'ont pas la cotes pour des raisons différentes :

Le nucléaire, qui n'est pas en odeur de sainteté pour des raisons connues de tous, la Biomasse dont la neutralité par rapport au carbone est parfois contestée, de même que sa combustion pas très propre et/ou son empiétement sur des sols en compétition avec les cultures vivrières.

Pourtant il sera quasiment impossible de se passer de ces deux moyens de production neutres en carbone si nous voulons assurer un minimum de continuité dans le service de fourniture d'énergie.

( Il existe bien une autre option, à laquelle nous seront peut-être confrontés malgré nous, c'est de devoir nous accommoder d'un réseau de distribution électrique sporadique, le client final étant chargé de compléter ses besoins par de l'autoproduction à l'échelle individuelle ou en « clusters ».

C'est l'objectif du réseau intelligent, qui implique d'équiper chaque client ( ou cluster ) d'un gestionnaire d'énergie, d'une batterie domestique, et de moyens de production locaux.

Aujourd'hui le gestionnaire de réseau est tenu d'ajuster la puissance fournie à la puissance demandée à un moment donné. Demain ce sera l 'inverse, comme prévu dans l'application V2G (Vehicle to Grid ).

La biomasse est stockable en grosse quantité sous la forme de biogaz ou de biomasse solide ou liquide.

( Le biogaz pendra naturellement la place du Gaz naturel dans les emplacements de stockage existants ).

La biomasse aura donc un rôle important à jouer, rôle qui pourra être étendu à d'autres applications, et pourquoi pas dans les moteurs thermiques, dont la mort a été annoncée un peu vite.

( Aujourd'hui la relève en dernier ressort des centrales nucléaires pour maintenir le refroidissement du cœur est assurée par des moteurs diesel...Demain ce sera quoi? ).

Le Nucléaire , dans la mesure où l'accès au minerai, quel qu'il soit, est possible.

La chaîne du traitement du combustible est en elle-même un stock dans la mesure où le combustible présent dans les chaudières n'a besoin d'être remplacé, et en partie, que tous les dix-huit mois.

Il semble donc que le mix énergétique du futur ressemblera à un cocktail de diverses sources :

Eolien, Solaire, Hydraulique, Biomasse, Nucléaire, Géothermie, chacun de ces ingrédients étant dosé selon les spécificités propres à chaque pays, et selon les capacités d'échanges internationaux le cas échéant.

A ce cocktail de base viendra éventuellement s'ajouter une filière Hydrogène vert pour répondre aux besoins de l'industrie qui utilise aujourd'hui un Hydrogène issu des fossiles.

Selon les possibilités et les besoins, cet Hydrogène vert, obtenu par électrolyse de l'électricité tout aussi verte, pourra également répondre à d'autres besoins :

Stockage et restitution d'électricité grâce aux piles à combustible.

Distribution en réseau pour alimentation de véhicules avec ou sans pile à combustible..

( Au chapitre Hydrogène vert il faut évoquer l'Hydrogène naturel, dont l'existence n'est plus contestée mais dont l'importance reste encore à confirmer ).

Si ce scénario se réalise, notre parc mondial de machines est appelé à s'agrandir significativement pour accueillir les centaines de milliers d'éoliennes, les millions de mètres carrés de panneaux solaires, les dizaines de milliers d'électrolyseurs et de piles à combustible, les millions de pompes à chaleur, les milliers d'hectares de STEP, les centaines de SMR ( Small Modular Reactor ).

La montée en puissance de ces nouvelles installations nous mènera à la fin du siècle, sauf si quelques événements contraires ne viennent interrompre brutalement cette marche triomphale .

Le progrès par toujours plus de machines n'est pas forcément la meilleure méthode pour gérer humainement quinze Milliards d'habitants.

Mais y a-t-il une autre méthode ?

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