21 Mai 2012
Mon petit, tu as déjà vu que lorsque ton vélo est un peu rouillé il faut mettre de l’huile dans les moyeux et sur la chaîne pour lui permettre de continuer à rouler.
Eh bien l’économie c’est comme ton vélo. C’est une grosse machine avec beaucoup de rouages, des ateliers, des usines, des commerces, des artisans, des banquiers, des ouvriers, des fonctionnaires, des gens qui achètent, des gens qui vendent, etc…
Pour que cette machine fonctionne bien il faut y mettre une sorte d’huile qui va lubrifier les rouages. Cette huile s’appelle l’argent, on l’appelle aussi monnaie.
C’est l’Etat qui fabrique l’argent, et cet argent est distribué là où il faut par les banques, qui sont les graisseurs de l’économie.
Lorsque la machine économique fonctionne bien, le lubrifiant argent est versé aux bons endroits à graisser, et de là il est récupéré et recyclé pour resservir.
C’est du moins ce qui doit se passer normalement.
Car en effet l’argent ne s’use pas , c’est un lubrifiant que l’on peut réutiliser en le réinjectant dans la machine économique.
Bien sûr il est purifié avant d’être réutilisé, c’est ce qu’on appelle
destruction suivie de création de monnaie.
Lorsque la machine économique grandit, l’Etat fabrique un peu plus d’argent pour graisser les nouveaux rouages.
En pratique les choses ne sont pas aussi simples. Le moteur économique est d’un type ancien qui fonctionne grâce au système de lubrification appelé « graissage par huile perdue » , que les mécaniciens connaissent bien par exemple sur les mobylettes.
Ce qui veut dire que la machine économique ne recycle qu’une partie du lubrifiant argent, le reste étant perdu, parti dans les poches d’agents économiques qui en constituent des stocks colossaux.
Le fluide ainsi stocké fait défaut à la machine qui ne peut plus fonctionner normalement.
Pour corriger ce défaut, l’Etat a plusieurs possibilités:
Soit colmater les fuites, ce qui se fait en imposant une saine gestion, une grande transparence financière, une surtaxation des hauts revenus, la chasse aux niches fiscales, la chasse aux paradis fiscaux, etc…
Cette méthode exige beaucoup de vertu de la part des agents économiques, et un pouvoir politique fort et lui-même vertueux. Toutes conditions qui sont rarement réunies.
Une autre voie est celle dite de la «planche à billets » . Si la machine manque d’huile, il suffit d’en fabriquer. Mais, ajouter un excès d’huile dans un moteur pourri qui en consomme trop et en perd par des fuites, n’importe quel mécanicien sait que cela revient à prolonger une agonie.
Une troisième voie existe, celle de la facilité à court terme. Si l’on manque d’huile, il suffit d’en acheter à ceux qui en possèdent un stock.
L’Etat peut ainsi emprunter de l’argent pour entretenir et lubrifier son économie.
Il est alors amené à emprunter à ceux-là mêmes qui ont détourné l’argent qui aurait dû rester dans la machnine économique.
Non seulement cet Etat verse de l’huile dans un moteur économique pourri avec des fuites, mais en plus il doit acheter cette huile au prix fort à des prêteurs dont il devient l’esclave.
En somme il emprunte son propre argent, un peu comme si tu devais acheter un vélo à celui qui a volé le tiens !
Les prêteurs d’argent à l’Etat sont évidemment bien conscients de cette imposture, c’est pourquoi ils acceptent souvent d’annuler une partie de la dette de l’Etat avant que celui-ci ne l’annule complètement pour remettre les compteurs à zéro, tuant ainsi la poule aux œufs d’or.
Tu vois, mon fils, l’argent c’est bien compliqué.