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13 mai 2025 2 13 /05 /mai /2025 17:06

La batterie de voiture électrique et son BMS, une usine à gaz.

13 Mai 2025

Les batteries au Lithium actuelles de nos voitures électriques ( NMC et LFP par exemple ) sont réalisées en assemblant des éléments au Lithium dont la tension nominale est d'environ 3,2V.

Le marché des voitures électriques de grande série a été initialisé à partir de prétentions relativement modestes, compatibles avec les technologies de batteries disponibles à l'époque, pour des moteurs d'environ 100 CV, ( # 70 kW ) et une capacité d'environ 30 kWh pour une autonomie de 150 à 200 km.

( Les 100 CV pouvaient être obtenus avec un régime de charge/décharge de 2,5 C, maximum possible avec la technologie disponible et le prix de marché praticable ).

Le compromis courant/tension choisi pour la batterie devait tenir compte des possibilités technologiques des moteurs électriques, de la nécessité d'économiser le cuivre ( plus le courant est fort et plus les conducteurs en cuivre doivent être gros...) et des possibilités des semiconducteurs de l'époque, qui devaient équiper l'onduleur alimentant le moteur, et donc supporter la tension de batterie.

Le choix s'arrêta sur 400 V environ pour la tension.

(Aujourd'hui on peut aller jusqu'à 1 500 V avec les nouvelles technologies de semiconducteurs.

Ces tensions seront nécessaires pour l'électrification des camions qui seront équipés de grosses batteries nécessitant des bornes de recharge à plus de 800 V pour des puissances supérieures à 1000 kW ).

Les batteries actuelles sont aujourd'hui encore en 400 V très majoritairement.

Pour avoir ces 400V il faut donc placer 125 Cellules de 3,2 V en série.

En fonctionnement, ces cellules s'échauffent comme toute batterie parcourue par du courant, et donc dégagent de l'énergie thermique.

( Cette énergie, perdue pour la propulsion de la voiture, pénalise le rendement global de 5 à 10% et s'ajoute à l'énergie perdue dans la phase de recharge de la batterie ).

Pour facilité la dissipation de la chaleur dégagée pendant la recharge et/ou la décharge, il est nécessaire de fractionner les cellules en sous-cellules afin de permettre au fluide refroidisseur d'accéder à chaque élément, et à la chaleur interne des éléments de s'évacuer rapidement afin d'éviter les points chauds.

Pour cela, on dispose en parallèle plusieurs « chapelets » de 125 cellules de 3,2 V.

Il y a ainsi n fois 125 éléments de 3,2 V dans une batterie de 400 V, avec n= 2, 3 ou 4, voire plus.

Une batterie de 400 V au Lithium contient ainsi plusieurs milliers d'éléments de 3,2 V.

( Certains modèles de Tesla contiennent plus de 8 000 cellules élémentaires!!!).

Chacune de ces cellules vit sa vie propre et, malgré la précision des procédés industriels mis en œuvre, les cellules élémentaires présentent des dispersions de caractéristiques, certes très faibles, mais suffisantes pour entraîner des petites dispersions qui évoluent avec le temps.

Ces dispersions affectent le comportement de chaque cellule pendant la charge, la décharge, les dégagements de chaleur, le vieillissement, la courbe de charge, de décharge, les points chauds, qui peuvent parfois rapidement compromettre les performances et la fiabilité.

Ces nombreux éléments interconnectés doivent être individuellement gérés afin de répartir la charge et la décharge de manière homogène, de tenir à jour l'état de charge ou de décharge des éléments, de procéder à des équilibrages entre éléments, de mesurer la température de chaque élément, détecter les zones de surchauffe et prendre les contre-mesures adéquates, éventuellement neutraliser certains éléments défectueux, tenir toutes ces données en mémoire, établir l'état de santé de chaque élément ( SOH ), l'état de charge ( SOC), tenir le journal des éléments de la vie de la batterie, gérer les conditions de recharge en conséquence, communiquer avec les bornes de recharge, gérer le système de refroidissement de la batterie, et bien d'autres indicateurs notamment pour le calcul de l'autonomie en fonction du soutirage de courant, de la température extérieure, les accessoires en service, etc...

Toutes ces tâches sont accomplies par le BMS ( Batterie Management System ) dont le rôle est absolument essentiel, ce qui en fait le cœur de la voiture.

Le BMS est ainsi chargé, entre autres tâches, de surveiller tout cela et de mettre en œuvre les mesures correctrices pour préserver le bon fonctionnement de la batterie.

Il est également chargé de tenir à jour les données de chaque élément afin de gérer les conditions d'utilisation et d'éviter les situations potentiellement dangereuses.

Pour cela il faut ( il faudrait) que le BMS ait un accès à chaque éléments de la batterie pour faire les mesures nécessaires afin de déclencher les contre-mesures.

( Détection des points chauds, déconnexion si nécessaire, mesure de la tension, de la température, égalisation des charges, etc.).

On imagine sans peine l'ampleur du problème quand il s'agit de surveiller individuellement un ensemble de plusieurs milliers de cellules.

Parmi les multiples paramètres que le BMS doit surveiller dans chacune des cellules élémentaires et ramener à la bonne valeur, il y a la détection de points chauds qui peuvent conduire au pire s'ils ne sont pas réduits rapidement.

La température est donc un paramètre clé qu'il faut maîtriser pour d'une part maintenir la température moyenne dans les meilleures limites ( Entre +15 °C et +35 °C ) et d'autre part pour détecter le risque d'un point chaud susceptible de déclencher un incendie, et prendre les mesures adéquate pour l'éviter..

Le BMS est ainsi une véritable centrale de régulation qui prend le contrôle des quelques milliers de petits éléments de 3,2 Volts grâce à des sondes disposées à l'intérieur de chaque cellule.

Grâce à ces sondes, le BMS connaît à chaque instant le courant, la tension, la température, de chaque élément, qui sont enregistrés dans une mémoire ad-hoc et tenus à la disposition d'un contrôleur ( microprocesseur ).

Ce microprocesseur confronte ces valeurs dynamiques aux données références et en déduit les corrections nécessaires qui sont envoyées en retour vers les éléments concernés.

Les valeurs recueillies par les sondes, et gardées en mémoire, permettent ainsi au BMS de contrôler les phases de charge et de décharge de la batterie, d'équilibrer les courants dans les éléments, de contrôler la climatisation de la batterie ( Sondes de température et système de refroidissement), de détecter un éventuel point chaud, et de contrôler les phases de charge et de décharge en fonction de l'état de santé des éléments et de la température. Les éléments de base de chaque élément sont mémorisés : Etat de charge ( SOC ), état de santé ( SOH ), nombre et nature des recharges, et bien d'autres paramètres selon la sophistication du système.

Par ailleurs, le BMS communique avec les autres modules de gestion du véhicule pour connaître les conditions d'utilisation du véhicule, et avec le module de gestion de la recharge de la batterie.

La fonction BMS est partagée en deux blocs :

Un bloc haute tension, qui réunit les sondes au contact direct des cellules, met en forme les signaux et les code pour les envoyer vers le microcontroleur.

Un bloc basse tension qui réunit le ou les microcontrôleurs, et assure l'interface avec les autres fonctions électroniques de la voiture.

Les deux blocs du BMS communiquent par des liaisons numériques non galvaniques évidemment.

La durée de vie de la batterie dépend directement de la qualité et du bon paramétrage du BMS.

La fiabilité du BMS est particulièrement importante dans la mesure où une défaillance du système peut entraîner, entre autres, une perte de contrôle de la température de batterie avec les conséquences que l'on connaît.

La gamme de température de fonctionnement à l'intérieur de laquelle le composant est spécifié est très importante .

L'AFNOR définit plusieurs gammes pour les composants électroniques :

- Gamme dite « commerciale » : 0°C à + 70 °C (interdite dans l'automobile, sauf pour les gadgets inutiles).

- Gamme dite industrielle : - 40 °C à + 85 °C

- Gamme Militaire : - 55 °C à + 125 °C

Pour les composants destinés à l'automobile, les industriels « sérieux » exigent souvent la gamme industrielle étendue à + 100°C .

( Température atteinte sous le capot d'une voiture stationnée dehors en été dans certaines régions.)

D'autre part, compte tenu du grand nombre de connexions dans le système (BMS + Batterie) dans la voiture, et du rôle important du BMS dans la chaîne de sécurité, il est essentiel de pouvoir garantir un lambda ( taux de défaut par unité de temps ) particulièrement faible.

( A rapprocher des systèmes de conduite autonome en cours d'expérimentation...qui ne souffrent pas l'à peu près )

Le BMS est programmable en fonction du type de batterie associée, des spécifications du fabricant de la batterie et des besoins propres du constructeur de la voiture.

Cette programmation doit être remise à jour périodiquement en fonction du vieillissement de la batterie, et des remises à jour du logiciel de ce BMS par le constructeur ( un peu comme le logiciel d'exploitation d'un PC ).

( Certaines mises à jour peuvent être réalisées par télétransmission si la voiture est connectée, ce qui est de plus en plus le cas...).

La mémoire du BMS enregistre l'historique de la batterie, le type des recharges utilisées, leur nombre, et les incidents éventuels.

Ces informations sont ( en principe ) disponibles à disposition du personnel spécialisé chargé de la maintenance, et certaines d'entre elles doivent ( devraient ) être certifiées et jointes au dossier de vente d'un véhicule de seconde main.

Tout bricolage est évidemment fortement déconseillé, le résultat peut coûter très cher...à commencer par l'annulation de l'assurance batterie, et au pire par l'incendie de la voiture ...

Le Contrôle Technique obligatoire ne prend pas en compte la gestion de la batterie d'une voiture électrique, il n'inclut que les éléments extérieurs en rapport avec la sécurité, comme les fixations, les traces de chocs ou d'enfoncements, les fuites, l'oxydation, l'état des câbles, etc.

Le bloc (batterie + BMS) constitue le cœur de la voiture électrique ; il est donc essentiel de pouvoir suivre l'évolution de son état de santé, qui reste encore aujourd'hui « terra incognita » pour ce qui concerne l'accès aux données essentielles, sauf sur certains modèles de haut de gamme.

Un des objectifs du groupe de travail de la Commission européenne est de :

« rendre possible la mise à disposition non-discriminatoire de données

dynamiques relatives aux batteries »

voir :

https://www.avere-france.org/wp-content/uploads/2024/10/Vies-de-la-batterie-du-vehicule-electrique-01-10-2024.pdf

 

 

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5 mai 2025 1 05 /05 /mai /2025 16:40

La transition énergétique après le black-out espagnol.

5 Mai 2025

Après la sidération causée par « l'impensable » black-out électrique survenu en Espagne, le moment est venu de s'interroger, non pas sur les causes directes qui ne sont pas encore connues, du moins révélées, mais sur la conduite à tenir dans l'avenir pour tâcher de gérer du mieux possible ce type d'événement.

L'histoire se répète.

Il aura fallu Tchernobyl et Fukushima pour admettre enfin que oui, le nucléaire est dangereux et qu'il faudrait « peut-être » se pencher sérieusement sur la sécurité des centrales.

Il est résulté de cet examen de conscience une vaste campagne mondiale de sécurisation des parcs nucléaires existants, et une révision des procédés de sécurisation des programmes en cours et futurs.

( La suite nous dira si cet aggiornamento a été efficace...ou pas ).

Ce rappel à l'ordre des accidents de centrales nucléaires aurait du constituer un « REX » ( Retour d'EXpérience ) pour tout autre manipulation de l'énergie comportant un risque, même si les conséquences d'un black-out électrique demeurent très inférieures à celles d'un accident nucléaire...quoique...

L'événement espagnol nous enseigne que l'impensable peut survenir malgré tout.

Sommes-nous prêts à le gérer ?

La transition énergétique nous impose essentiellement* de remplacer les fossiles par de l'électricité.

Mais encore faut-il que cette électricité soit produite à partir d'énergie renouvelable décarbonée ou à carbone recyclable.

* ( La voie de la biomasse et/ou des combustibles de synthèse a moins la cote, mais n'en demeure pas moins incontournable pour les cas où l'électricité ne peut être utilisée, ou n'est pas disponible en réseau...Et le biogaz alimente déjà quelques centrales électriques )

Le système actuel de production et de distribution de l'électricité est basé sur l'adaptation immédiate de l'offre à la demande, ce qui exige des temps de réponse très courts, qui peuvent ( doivent ) descendre jusqu'à quelques minutes, voire moins.

Ce système ne peut donc tout simplement pas fonctionner si les moyens de production ne sont pas stables et pilotables.

Heureusement, c'est le cas de tous les moyens de production classiques basés sur des centrales thermiques fonctionnant avec des combustibles fossiles ou du combustible nucléaire.

C'est en partie vrai également avec l'hydroélectrique, bien que sa capacité de production soit limitée à proportion de la disponibilité des réserves d'eau.

( L'hydraulique possède l'avantage de pouvoir être mobilisé très rapidement, ce qui en fait un intervenant essentiel dans la régulation du réseau ).

Les réseaux actuels supportent malgré tout une part de renouvelables intermittentes; une part de 30% semble tolérable, au-delà le risque existe sauf à disposer d'une production hydraulique de secours avec une puissance suffisante gardée en réserve pour la circonstance et non « gaspillée »

pour la production courante.

L'hydroélectrique est la clé de la maîtrise de l'éolien et du solaire.

La production de ce parc est donc en permanence adaptable aux variations de la demande du réseau. Un programme prévisionnel permet de prévoir les variations de cette demande afin d'anticiper les adaptations nécessaires de la production.

Pour sécuriser l'ensemble, la somme des puissances installées dans le parc de production est toujours supérieure au maximum historique enregistré par le réseau.

En France, avant l'arrivée des renouvelables, la puissance installée disponible était d'environ 110 MW . La puissance maximale appelée par le réseau a atteint 104 MW .

Les usages de l'électricité sont conçus et organisés en fonction de cette disponibilité 24/24 du précieux fluide.

Depuis l'arrivée des renouvelables éolien et solaire, la puissance max disponible est tout simplement inconnue car elle dépend de la force des vents et de l'ensoleillement...

( Cette puissance de l'éolien et du solaire est en partie prévisible, mais elle n'est pas pilotable.

Il est vital de ne pas confondre les deux termes prévisible et pilotable.

Les liaisons transfrontalières ont été établies en partie pour atténuer ce facteur d'incertitude grâce aux échanges compensatoires d'une région d'Europe à l'autre.

Deux grands réformes ont été appliquées :

- L'ensemble des réseaux électriques des pays européens ont été regroupés en un seul réseau grâce à des connexions transfrontalières à double sens capables d'échanger des puissances importantes.

Ces échanges d'énergie électrique permettent, dans une certaine mesure, de créer un marché commun de l'électricité, et de sécuriser le réseau en compensant le déficit d'énergie dans un pays par des importations, et vice-versa.

( La France dispose de 37 interconnexions transfrontalières avec les pays voisins, et le plan prévoit de doubler ce parc d'ici 2035 . RTE a la charge de la gestion ).

- La deuxième fonction principale de ce réseau est la gestion des énergies éolienne et solaire, dont les variations incontrolables ne peuvent être valorisées efficacement sans un dispositif de compensation de l'intermittence.

( A l'usage, ce dispositif s'est révélé peu efficace pour compenser les variations météorologiques, car ces dernières sont souvent communes aux pays européens...

D'autre part, et afin d'éviter la propagation d'un black-out à toute l'Europe, l'usage est de couper les liaisons transfrontalières en cas de menace constatée...ce qui s'appelle faire la part du feu...).

Le réseau, prévu pour gérer un parc de production stable et pilotable, n'est pas adapté à la gestion des énergies éolienne et solaire dont les variations dépendent des conditions météo et ne sont donc ni stables ni pilotables.

Leur présence est donc un élément perturbateur , mais leur utilité n'est pas contestée.

Il est donc indispensable d'ajouter dans le réseau des moyens de compenser, au moins en partie, les perturbations crées par la variabilité des conditions météo.

Le procédé utilisé consiste à disposer un système d'amortissement des oscillations de production des parcs éoliens et solaires.

Ce dispositif est constitué de stations de pompage-turbinage hydroélectriques ( STEP ).

Ces STEP sont soit des installations dédiées, soit des installations de barrages hydroélectriques dont les turbines fonctionnent dans les deux sens.

( En France, la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) prévoit le développement des STEP pour un potentiel de 1,5 GW identifié en vue des mises en service des installations entre 2030 et 2035 ).

L'autre moyen de compensation de la volatilité de l'éolien et du solaire est le recours aux batteries électrochimiques, qui apportent des temps de réponse très courts, mais dont la réserve d'énergie est très limitée.

Il existe également des moyens de stockage d'énergie plus exotiques, mais dont l'usage est encore très peu répandu ( Stockage par inertie, ou thermiques à changement de phase, …).

Quelles qu'en soient les raisons, le black-out espagnol a montré que ce type d'effondrement du réseau est possible.

Il est donc raisonnable d'envisager la mise en place de mesures de précaution pour en minimiser les conséquences.

Ces mesures existent déjà pour protéger certaines installations sensibles et dont la pérennité doit être assurée : Centrales nucléaires, Hôpitaux, services de secours, signalisation des transports, communications, protection des personnes et des biens, etc.

Les moyens utilisés sont des batteries et/ou des groupes électrogènes.

L'extension de ces mesures à d'autres services doit être envisagée, particulièrement dans les domaines des transports et des communications.

L'analyse des causes du black-out espagnol ne seront pas connues avant plusieurs semaines, toute exégèse serait donc pure spéculation.

Le dernier rapport de RTE :

https://www.rte-france.com/actualites/foire-questions-black-out-28-avril-2025-sur-peninsule-iberique

Dit ce que l'on peut dire de sensé sur la question aujourd'hui.

Il y a du pain sur la planche...

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2 mai 2025 5 02 /05 /mai /2025 08:54

Quelles leçons tirer du black-out électrique en Espagne ?

2 Mai 2025

Les réseaux de distribution électrique sont actuellement fondés sur le principe d'adaptation de la production à la demande.

Système ancestral, non remis en question jusqu'à présent ( quoique...), et qui a conduit à l'utilisation de moyens de production pilotables et dont les temps de réaction sont suffisamment rapides pour répondre à des fluctuations de la demande, dans des limites raisonnables évidemment.

L'objectif est de fournir au réseau une tension qui doit respecter les limites de certains paramètres :

La fréquence, la tension, sa conformité à la sinusoïde, et un taux de signaux parasites et de surtensions dans des limites bien définies.

Compte tenu du très grand nombre de points de consommation, de la très grande variété des demandes de puissance selon les heures, les saisons, etc, et de la très grande variété des moyens de production, le système ne peut fonctionner que sur la base d'une bonne connaissance prévisionnelle de cette demande, qui est la clé de la stabilité de l'ensemble.

La réponse de la production à une demande du réseau doit être suffisamment rapide pour minimiser les temps de réponse et préserver la stabilité de la fréquence et de la tension du réseau.

( Si une centrale hydroélectrique peut réagir en quelques minutes, une centrale thermique prendra beaucoup plus longtemps. Par contre une centrale solaire ou un parc éolien ne réagiront pas, puisqu'ils ne sont pas pilotables...)

Lorsque la demande du réseau dépasse la production disponible, plusieurs stratégies sont possibles :

Acheter de l'électricité sur le marché européen, grâce aux interconnections transfrontalières.

Couper l'alimentation de certains gros consommateurs ayant accepté ce type de contrat ( moyennant certaines compensations évidemment ).

Procéder à des coupures tournantes de certains secteurs, préalablement équipés en alimentations de secours.

Une telle gestion exige des infrastructures très lourdes basées sur une centralisation des informations et des structures régionales chargées de collecter les informations locales et de gérer les particularités locales du réseau.

D'une façon générale, les principaux critères de coupures sont les suivants :

- Fréquence inférieure à 49 Hertz.

- Surcharge anormale sur des ouvrages de distribution ou de transport.

- Chute de tension.

- Pénurie d'électricité ne permettant pas un approvisionnement malgré des conditions normales d'utilisation.

La règle générale est évidemment d'éviter que l'effet d'une coupure soit cumulatif et, au pire, conduise à un « black-out ».

Le système automatique, géré par des logiciels sophistiqués, qui assure l'équilibre entre production et consommation, fonctionne convenablement à l'intérieur de certaines limites.

La régulation du réseau électrique est un servomécanisme sophistiqué, et l'on sait qu'au-delà d'une certaine sollicitation, il peut entrer en résonance comme tout servomécanisme.

Lorsqu'une telle instabilité menace, il est d'usage de couper la branche concernée avant qu'elle ne se propage au reste du réseau.

Il n'est pas évident de connaître ces limites avant d'y avoir été confronté (!).

Surtout lorsque le réseau en question est en évolution permanente au niveau des moyens de production ( notamment par la montée en puissance du solaire et de l'éolien ). Ces changements importants modifient les paramètres de la boucle de servomécanisme, et donc également les réponses limites du système.

La transition énergétique entraîne un basculement partiel des moyens de production électrique vers des sources d'énergie décarbonée dont l'inconvénient essentiel est d'être non stockable.

( Le vent et le rayonnement solaire ne sont pas stockables, contrairement au Gaz, au combustible nucléaire, et à l'eau des barrages ).

A cette absence de possibilité de stockage s'ajoute, pour l'éolien et le solaire, l'impossibilité de piloter la production, ce qui fait de ces sources décarbonées des électrons libres pratiquement incontrôlables susceptibles de créer des contraintes dans le système de régulation du réseau.

Le solaire est particulièrement gênant, dans la mesure ou sa production répond sans délai au rayonnement solaire ; un passage nuageux fait varier la production dans aucun délai, rendant difficile la compensation par des moyens classiques au réponses plus longues.

Dans les pays dépourvus de ressources hydroélectriques importantes, il n'existe donc aucun moyen de stocker la production de l'éolien et du solaire. Leur emploi dans le mix électrique est donc un élément perturbateur dont il faut tenir le plus grand compte dans le servomécanisme régulateur du réseau.

La solution de long terme réside dans une rupture avec le principe basique de production adaptée à la demande, avec un report des capacités de stockage au voisinage des points de consommation.

Ces capacités de stockage local peuvent être diverses :

Soit une réserve de combustible associée à un générateur électrique, soit une batterie de capacité appropriée associée ou non à des moyens de production locaux éoliens ou solaires.

La rupture avec le principe d'adaptation de la production à la demande sera réalisée par la mise en œuvre du réseau intelligent associé à la batterie locale.

Le pilotage à distance, et sur contrat, de tout ou partie de la demande de consommation permettra d'une part d'éviter les gaspillages d'énergie, et d'autre part d'introduire dans le servomécanisme un facteur décisif de contrôle de la stabilité du réseau.

Tout cela est en cours d'évaluation et sera progressivement mis en œuvre. En attendant, il faut faire avec les moyens du bord en étant particulièrement vigilant sur la maîtrise des renouvelables éolienne et solaire qui prennent de l'ampleur sans pour autant s'appuyer sur des moyens de stockage de compensation de l'intermittence.

L'analyse des causes de l'événement qui a frappé le réseau électrique espagnol devrait apporter des éléments intéressants concernant la conception du système de régulation du réseau, et faire progresser les connaissances en matière d'intégration des énergies et des applications nouvelles de la transition énergétique.

C'est en forgeant qu'on devient forgeron...

 

 

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29 avril 2025 2 29 /04 /avril /2025 18:21

 

Quelles sources d'énergie pour recharger nos voitures électriques ?

29 Avril 2025

Le parc français de voitures particulières compte environ 40 millions d'unités, dont le kilométrage annuel moyen est de 12 000 km.

( Très disparate, dans une fourchette de 3 000 à plus de 100 000 km/an ).

Une voiture électrique moyenne consomme environ 20 kWh/100 km, soit 2 400 kWh par an.

( Incluant les pertes réseaux et les rendements des stations de charge et des batteries elles-mêmes ).

Dans l'hypothèse d'une électrification totale de ce parc, la consommation annuelle d'électricité atteindrait donc environ 100 TWh.

C'est considérable.

C'est la production de 15 réacteurs électro-nucléaires de 900 MW.

Ou 11 réacteurs EPR ...au choix ), soit une petite centaine de milliards d'euros à investir puisque la production électrique actuelle est déjà utilisée ailleurs...et doit en partie être remplacée pour cause de vétusté.

( L'équivalence avec une éventuelle production éolienne ou solaire ne peut pas être évaluée, en l'absence de deux facteurs primordiaux qui sont leur taux d'intermittence et la nature des procédés de compensation de cette intermittence, qui sont encore l'objet de polémiques ).

Ces réacteurs nucléaires supplémentaires, ou tout autre moyen de production non intermittente d'électricité décarbonée , sont la condition du succès de l'électrification du parc automobile.

L 'énergie nécessaire à la recharge des batteries devra être disponible le moment venu, à l'horizon 2050/2060.

Il serait évidemment désastreux de devoir construire des centrales électriques à Gaz naturel pour recharger les batteries des voitures électriques...

( La nécessité de prévoir cette production d'énergie électrique supplémentaire pour alimenter les futures voitures à batterie est en général très sous-estimée. Les rares articles qui l'évoquent considèrent que cette électricité pourra être obtenue en réalisant des économies ailleurs !!...Ce qui est une stratégie un peu simpliste car « ailleurs » on aura également des besoins électriques augmentés ).

L'énergie est une chose, la puissance en est une autre.

Nos 40 millions de voitures électriques consommerons donc annuellement environ 100 TWh, soit une puissance moyenne de 11,4 GW.

( Avec de grande fluctuations, comprises dans une fourchette assez large estimée entre 3 et 20 GW selon le moment de la journée, le jour de la semaine, l'heure , la saison, les conditions météo, etc ).

Actuellement, la puissance électrique moyenne injectée dans le réseau RTE est d'environ 57 GW, avec des valeurs extrêmes comprises entre 20 et 95 GW selon la demande des consommateurs, qui varie selon l'heure de la journée, la saison, et de nombreux autres facteurs.

La production s'ajuste à cette demande en yoyo, du moins tant que les moyens de production sont pilotables, ce qui est le cas avec l' Electronucléaire, l'Hydroélectrique, et les centrales à Gaz naturel.

( Lorsque ce mécanisme d'ajustement de la production à la demande est défaillant, il se passe ce que nous venons de voir aujourd'hui en Espagne...)

Mais l'importance de plus en plus grande de l'éolien et du solaire dans la production d'électricité introduit un facteur d'intermittence non contrôlable de la production.

Cette production est non seulement non pilotable, mais également directement dépendante des régimes de vent et d'ensoleillement, qui ne sont évidemment pas synchrones des pics de demande de puissance du réseau.

A ce facteur croissant d'imprévisibilité de la production électrique viendra s'ajouter l'imprévisibilité des pics de demande de puissance du réseau de recharge des batteries.

De plus, ces pics de puissance seront d'autant plus élevés que la puissance des bornes de recharge augmentera.

( La puissance moyenne sera la même, mais les crêtes de puissance seront considérablement augmentées...On parle aujourd'hui de bornes de 1 500 kW...).

Si rien n'est fait pour maîtriser ce désordre énergétique, de grandes perturbations du réseau sont à craindre...

La solution est dans le développement du « réseau intelligent » qui inclura tous les points de consommation d'énergie électrique et en particulier toutes les stations de recharge des batteries. L'objectif étant de passer de l'ancien système de gestion basé sur l'adaptation de l'offre d'énergie à la demande des utilisateurs, au système inverse dans lequel les utilisateurs devront s'adapter à l'offre disponible à l'instant t.

Des systèmes ponctuels de stockage d'énergie électrique seront indispensables, y compris chez les particuliers ( Batterie domestique ) pour participer à la gestion de ce nouveau système.

Les stations de recharge de forte puissance ( On parle de 1 500 kW et davantage ) devront être équipées de batteries tampon à poste fixe, voire même de moyens de production locale , éolien ou solaire.

A cette nouvelle consommation électrique, destinée à remplacer les 200 Millions de barils de carburants pétroliers consommés annuellement par nos bagnoles actuelles, viendra s'ajouter celle des camions électrifiés dont « on » nous annonce la prochaine arrivée.

Le problème que nous aurons à résoudre ne sera peut-être pas comment et qui fabriquera les batteries de nos voitures ( On commence à en avoir une petite idée ), mais plutôt comment nous produiront l'électricité pour les recharger.

Avant de songer à fabriquer de toute urgence la voiture électrique idéale avec la batterie parfaite, pour la substituer d'urgence au bon vieux moteur thermique, il faudrait peut-être s'inquiéter de savoir avec quelle électricité décarbonée nous allons pouvoir recharger ces batteries...

Il n'est jamais bon de mettre la charrue devant les bœufs...

Le projet « voitures électriques » est un problème à trois volets :

- Les voitures électriques elle-mêmes, et particulièrement les batteries.

- Les installations de production d'électricité décarbonée nécessaires à ces voitures.

- Le réseau intelligent, seul capable de maîtriser la complexité de gestion de la distribution d'énergie.

Les trois volets seront indispensables au bon déroulement du projet.

Le développement de la production électronucléaire, et donc de la construction de nouvelles centrales, est un sujet classiquement évoqué par le Gouvernement :

« L’Elysée a évoqué, lundi 17 mars, une  première mise en service  d’au moins un des six futurs réacteurs nucléaires EPR2 « d’ici à 2038 », alors que l’horizon affiché jusqu’ici était 2035, à l’issue d’un conseil de politique nucléaire (CPN) autour du président, Emmanuel Macron »

( Le Monde avec AFP , publié le 17 mars 2025 ).

Ce réacteur sera donc le premier de la série des six EPR prévus dans le programme de relance du nucléaire, dont l'achèvement est prévu pour 2042. Il sera en principe suivi d'une séries de huit autres réacteurs similaires.

Dans le même temps, un programme sera lancé pour étudier la prolongation jusqu'à soixante ans de l'exploitation des réacteurs existants.

Quant à la gestion du réseau intelligent incluant les batteries de voitures électriques, EDF, en collaboration avec NUVVE et les industriels, développe les applications V1G et V2G pour d'une part gérer intelligemment la recharge des batteries, et d'autre part les inclure dans l'application « batterie virtuelle » en rapport avec la régulation du réseau.

Ces outils permettront, le moment venu, de maîtriser les appels intempestifs de puissance de recharge des batteries, et d'en tirer partie pour réguler le réseau.

Reste le volet de la batterie elle-même, qui demeure aujourd'hui préoccupant, tant en ce qui concerne la technologie que l'approvisionnement des matériaux nécessaires.

Mais, quel que sera le fournisseur de ce composant, le marché de la voiture électrique n'en sera pas affecté, pas plus que le marché des panneaux solaire n'a été affecté par l'absence de fournisseur européen...Dura lex, sed lex...comme on dit en chinois.

 

 

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 14:28

La voiture électrique : la surenchère du plein en cinq minutes.

16 Avril 2025

Le dernier round du combat pour la conquête du marché de la voiture électrique se joue clairement sur la batterie.

( Cette course pathétique à la réduction du temps de recharge démontre, s'il en était besoin, que le problème est bien réel et qu'il ne s'agit pas d'un phantasme ).

Le saint graal de la recharge en cinq minutes et de l'autonomie de 700 km est donc le drapeau à damier qu'il faut franchir le premier pour figurer au podium des constructeurs qui maîtrisent la nouvelle technologie.

Au fait, de quoi parlons-nous exactement ?

La batterie en question n'est pas celle de la seconde voiture utilisée pour les déplacements locaux pour lesquels une réserve de 50 kWh est amplement suffisante, et que l'on peut recharger à la maison ou sur n'importe quelle borne de la station du coin.

Nous parlons ici de la batterie qui doit équiper la berline au long cours capable d'une autonomie de 700 km sur autoroute, celle qui figure sur le catalogue et fait briller les yeux du client fortuné. Celle aussi qui donnera son prestige à la marque, et fera vendre les modèles du milieu de gamme.

Un telle voiture a besoin d'une batterie de l'ordre de 180 kWh, puisque sa consommation sur autoroute est de 20 kWh minimum ( voir articles précédents s'il y a lieu ).

Pour recharger une telle batterie de 10 à 80 % ( procédure classique sur autoroute ) en cinq minutes, il faut une puissance de 1, 5 MW.

C'est la puissance max cumulée de 167 compteurs domestiques de 9 kW !!!

Et ceci pour une seule batterie !

La batterie capable de cette performance devra évidemment être capable de fournir le courant correspondant à cette puissance. Ce courant correspond au régime 12 C .

( 60 minutes divisée par 5 minutes = 12 )

Rappelons que les batteries actuelles de 50 à 70 kWh qui équipent les voitures moyennes vendues aujourd'hui sont spécifiées pour le régime max de 2C.

( Rappelons aussi au passage que le BMS de la voiture enregistre l'historique de la batterie et en particulier le régime auquel elle a été soumise, garantie oblige...)

Cette spécification 2C pour une batterie de 50 kWh signifie plusieurs choses :

D'une part, le régime de charge ne doit pas dépasser 100 kW. Inutile donc de se brancher à une borne de puissance supérieure car elle limitera d'elle-même la puissance fournie à 100 kW et donc la durée d'une recharge sera portée à 30 minutes dans le meilleur des cas.

( C'est le BMS de la voiture qui indique à la borne le régime de charge toléré par « cette » voiture...).

D'autre part, la puissance du moteur associé à cette batterie ne devra pas dépasser 100 kW environ

sous peine d'imposer à la batterie des conditions limites hors du cahier des charges.

( Par exemple le moteur d'une Peugeot 308 électrique est donné pour 115 kW... Avec un moteur plus puissant il faudrait une batterie plus « puissante » capable de supporter le régime 3C ou 4C...)

La recherche de performances supérieures pour le haut de gamme impose donc d'utiliser une batterie d'une capacité supérieure à 50 kWh et avec un régime de charge/décharge notablement supérieur à 2C.

Il s'agit non seulement d'améliorer l'autonomie, mais ( et peut-être surtout ) à permettre de monter des moteurs plus puissants, donc de monter en gamme.

C'est ainsi que l'on arrive à la batterie de 180 kWh (nominal) avec un régime de 12 C qui permet de recharger la batterie en 5 minutes, et de monter des moteurs très puissants dont certains frisent les 1000 kW. ( dans ce cas deux moteurs sont jumelés...). Et accessoirement d'avoir une autonomie de 700 km à 20kWh aux 100 km, ce qui correspond à un « petit » 130 km/h sur autoroute...

Fabriquer des batteries compatible avec le régime 12 C représente un énorme saut technologique que certains fabricants de batteries annoncent avoir déjà réalisé, au moins en bureau d'études..

Par exemple, les plus récentes annonces de BYD portent sur une technologie de batterie LFP capable de recharger 80 kWh environ en 5 minutes, donc avec une puissance de 960 kW, ce qui correspond à peu près au régime de 10 C pour une batterie d'environ 100 kWh .

Mais 80 kWh ne donnent qu'une autonomie de 400 km environ.

Il en faut presque le double pour arriver aux mythiques 700 km...

Ces puissances ne sont pas compatibles avec les tensions habituelles de 370 à 400V.

( Courant trop important, trop de cuivre, trop d'échauffement...)

il faut adopter une tension très supérieure afin de conserver des valeurs de courant « raisonnables ».

On utilise alors une tension de l'ordre de 800 V.

Mais encore faut-il que toute la chaîne de motorisation soit conçue pour travailler à des tensions aussi élevées, particulièrement les semiconducteurs de l'onduleur, le moteur lui-même, et bien entendu les bornes de recharge et les câbles. Un monde nouveau...

Ces batteries appelées à faire transiter des puissances frisant le Mégawatt dissipent elles-mêmes de la chaleur au prorata de leur rendement, lequel dépend du choix des matériaux et de la façon dont ils sont utilisés.

BYD annonce disposer de semiconducteurs capables de travailler à 1000 V, et de participer au développement de bornes de 1 360 kW capables de fournir l'énergie nécessaire pour recharger en cinq minutes une batterie de 180kWh.

Il est évident que le développement d'un réseau de bornes de recharge capable de recharger ces batteries ne sera pas le défi le plus simple à relever...

( Un tel réseau serait évidemment utile également pour les camions électriques...)

Une étape intermédiaire avec la recharge en Dix minutes ( régime 6C ) d'une batterie de 120 kWh serait déjà une avancée de nature à relancer le marché de l'électrique qui en aurait bien besoin.

Bien sûr il faudrait avoir les bornes de 600 ou 700 kW capables de fournir en dix minutes la charge demandée, si possible dans une technologie 800 V, ce qui est une autre paire de manches...

La recherche de l'autonomie de 700 km ET de la recharge en cinq minutes nécessitent un saut technologique considérable, surtout si l'on recherche en même temps une améliorations sensible de la fiabilité, une réduction significative du poids et un coût compatible avec les attentes du marché.

C'est ainsi qu'une infrastructure de recharge commencée historiquement avec des bornes de 50 kW en 400 V ( Dites à l'époque « bornes rapides » ) se retrouve complètement dépassée par ce nouveau besoin de bornes de près de 1 000 kW en 800 V dont on imagine sans peine le coût d'investissement pour les stations de recharge, et surtout pour le « up-grading » du réseau électrique chargé d'alimenter ces bornes.

( Coût qui sera évidemment répercuté sur le coût du kWh vendu au client final ).

Cette course à l'autonomie de 700 km et la recharge en cinq minutes peut conduire à une impasse si la technologie ne permet pas de réduire le poids et le coût de ces batteries, et si le réseau de recharge hyper puissant ne suit pas pour des raisons de saturation des capacités de pointes.

( Comme dirait l'autre, « ça passe ou ça casse...).

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10 avril 2025 4 10 /04 /avril /2025 09:29

Du pétrole aux terres rares, d'une dépendance à l'autre...

10 Avril 2025

Vous avez subi la guerre des énergies fossiles; vous allez désormais apprécier la guerre des terres rares et des métaux critiques.

Jusqu'à il y a encore peu ( moins d'un siècle ), le monde fonctionnait au pétrole, au Gaz naturel, et au charbon.

L'électricité était alors essentiellement un sous-produit des fossiles, ce qu'elle est encore majoritairement aujourd'hui .

( Les fossiles règnent encore à 82% sur la consommation mondiale d'énergie, source Statistical Review of World Energy )...).

Les applications traditionnelles de l'électricité se sont développées à partir des matériaux eux-mêmes traditionnels, sur les connaissances métallurgiques classiques, avec une forte augmentation de la demande de cuivre, les matériaux innovants provenant surtout de la chimie du pétrole, avec les matières plastiques.

Le développement de l'électronique, des semiconducteurs, des circuits intégrés, des communications, de l'informatique et du traitement des données, a conduit au monde d'aujourd'hui et au foisonnement des applications sophistiquées pour lesquelles il a été nécessaire de faire appel aux « terres rares » qui sont devenues indispensables à de nombreuses filières technologiques aujourd'hui.

Ces matériaux ont la propriété d'améliorer considérablement les performances des matériaux « classiques » utilisés dans la plupart des applications électriques et électroniques, en sorte que leur absence réduirait significativement les performances, voire même les annulerait.

Certaines applications peuvent se passer de terres rares, mais leur compétitivité sur le marché ne justifierait pas leur commercialisation.

D'autre part, des recherches sont conduites en vue de se passer de ces terres rares tout en conservant des performances compétitives. Mais il s'agit de recherches à long terme dont l'aboutissement est très aléatoire.

Il n'existe ainsi que très peu d'applications modernes capables de se passer de terres rares ; tous les secteurs sont concernés, du grand public jusqu'à la médecine, l'imagerie, les industries d'armement, les communications, le spatial.

Ces terres rares sont exploitables comme n'importe quel autre minerai*, mais leur concentration est très variable et leur répartition géographique est très inégalement répartie.

* ( Sauf que leur séparation et leur raffinage nécessitent des technologies très pointues et onéreuses...)

L'intérêt de ces produits est tel que la demande croît dans des proportions en rapport avec la croissance des technologies modernes, notamment le téléphone portable, les communications, les éoliennes, les panneaux solaires, les voitures électriques, etc, etc...

Ces terres rares ne sont pas des produits énergétiques, mais sont en passe de prendre la place du pétrole dans la transition énergétique, avec une redistribution des cartes pour ce qui concerne les meilleurs sites offrant les réserves les plus riches.

( C'est également vrai pour le métaux critiques ).

Les réserves mondiales de terres rares sont estimées actuellement à 110 Millions de tonnes, dont 44 Millions en Chine et 1,8 Millions (seulement) aux USA !.

On comprend tout de suite mieux les soubresauts actuels de la politique de ces derniers....

( Surtout le manque d'enthousiasme de certains dirigeants pour la voiture électrique, qui créera une dépendance aux approvisionnement extérieurs en terres rares, la production interne devant être réservée aux besoins stratégiques...).

Les réserves du Canada et du Groenland sont supérieures à celles des USA....tiens tiens...

L'Europe géographique ( Norvège, Suède ) annonce des réserves de l'ordre de 10 Millions de tonnes, non encore exploitées...

Sauf bouleversement technologique permettant de se passer des terres rares, il faut donc s'attendre à une redistribution des cartes puisque leur géographie des ressources ne recouvre pas celle du pétrole.

A ce problème de « terres rares » vient s'ajouter le problème des « métaux critiques » concernés eux aussi par une forte augmentation de la demande :

Nickel, Manganèse, Cobalt, Lithium, Magnésium, Tungstène, cuivre,.....

Dans les technologies actuelles des batteries au Lithium, les terres rares ne sont pas utilisées, par contre les métaux critiques sont indispensables..

Pour avoir la maîtrise de la production des voitures électriques, il faut donc un minimum de contrôle de la chaîne d'approvisionnement en terres rares et en métaux critiques.

Elémentaire mon cher Watson...

 

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7 avril 2025 1 07 /04 /avril /2025 10:51

La voiture électrique, des compromis oui, mais lesquels ?

7 Avril 2025

La voiture électrique est semblable à ces kaléidoscopes qui offrent une image nouvelle en secouant le tube.

Ici il s'agit non pas de secouer un tube (quoique..), mais de considérer la voiture électrique de différents points de vue :

Du point de vue théorique de la conformité à la transition énergétique, elle offre une solution idéale :

Elle permet de diviser par trois la consommation d'énergie, de remplacer le pétrole par une énergie renouvelable, de supprimer les émissions de CO2 fossile, et de supprimer les émissions de gaz et de microparticules toxiques …..Mais à certaines conditions...

Du point de vue de l'utilisateur potentiel adhérant à la mouvance écologiste, elle est un « cadeau » du Père Noël que l'on s'empressera d'acquérir « dès que son prix sera au niveau du budget du ménage... » ce qui n'est pas demain la veille...

( Les purs écologistes ne sont pas légion dans la tranche de salaire qui permet d'acheter une voiture neuve, même avec la subvention de l'Etat ; alors, sans subvention...).

Du point de vue de l'utilisateur potentiel moyen, mais soucieux de ne pas avaler un remède pire que le mal, le véhicule électrique en lui-même est certes reconnu comme un progrès technologique indéniable, mais quid de l'empreinte carbone de la chaîne de fabrication depuis l'extraction et le raffinage des métaux spéciaux, de la consommation d'eau, du travail des enfants dans les mines, des émissions de CO2 cachées, des pertes d'emplois potentielles, et surtout de la seconde vie de ces voitures et du recyclage de leurs batteries, de l'origine de l'électricité utilisée pour la recharge des batteries, etc...

De quoi s'interroger avant d'ouvrir le carnet de chèques...

Du point de vue du client intéressé ( qui ne l'est pas ? ) par la rentabilité financière tant vantée à propos de l'électrique, quel sera le marché de seconde main pour ces véhicules essentiellement évolutifs et donc rapidement démodables ? Et quel sera de prix de l'électricité de la recharge lorsque la TICPE sera transférée sur l'électricité de recharge, si elle l'est un jour . Il est donc urgent d'attendre et ne pas acheter chat en poche...

Du point de vue du vieux briscard un peu pinailleur, et qui regarde toujours l'envers de la médaille, deux ou trois choses lui posent problème avec l'électrique :

Cette histoire de grande sensibilité de la batterie à la température, et au risque d'emballement thermique ; cette autonomie fantaisiste annoncée à partir d'une batterie chargée à 100 % alors que la recharge rapide est limitée à 80% ( ?! ) ; cette impossibilité de tracter une remorque, ou encore de rouler sereinement à 130 sur l'autoroute sans vider la batterie prématurément, toutes choses qui sentent l'à peu près...Le pas très au point...

Du point de vue du client pour qui la bagnole est ( et doit rester ) un outil sans prise de tête, cette histoire d'autonomie fantaisiste, de recherche de bornes de recharge à travers un outil informatique dont l'écran demande d'y consacrer plus de temps qu'à regarder la route pour assurer la conduite, et cette histoire de câbles à trimballer dans le coffre, est tout simplement une sainte farce qui ne saurait gagner son adhésion. A revoir dans dix ans...

Du point de vue du client qui n'achète que des bagnoles d'occase ( Plus de 80% des transactions tout de même...) pas question d'acheter une électrique de deux ou trois ans, dont la batterie a fait son temps et dont le remplacement coûtera les deux bras, ou ne sera plus disponible en magasin...

Tant que le pétrole coulera à flot, et pour un coût encore gérable, une bonne vieille thermique fera l'affaire...Au besoin convertie à l'E85 ou autre tord boyaux équivalent...

Du point de vue de l'automobiliste qui doit se conformer à la réglementation sans avoir à subir telle ou telle restriction de circulation qui lui interdirait certains secteurs auxquels il doit accéder de par son activité, l'achat d'une électrique devient une obligation administrative qui prend le pas sur les autres considérations, sauf à changer de métier ou déménager... Il faudra donc y passer, mais le plus tard possible...

Du point de vu de l'utilisateur pour lequel la voiture est devenue une prothèse désormais indispensable, remplacer une prothèse par une autre n'est concevable que si la nouvelle apporte des améliorations significatives dans sa fonction de prothèse, ce qui n'est pas le cas de la voiture électrique, qui exige au contraire une attention particulière avec un œil sur l'autonomie restante, un autre œil sur l'indication d'une éventuelle borne de recharge, si elle est disponible, si elle accepte d'accueillir n'importe quel client, et quelle puissance elle peut délivrer, et quel est sont tarif...

En guise de prothèse, la bagnole électrique exige plutôt l'attention que l'on accorde à un malade que l'on doit conduire au centre de secours le plus proche...

Par contre mon voisin, cultivateur-éleveur, déjà possesseur d'un 4x4 pour vaquer à droite et à gauche dans les chemins boueux et tirer une remorque à bestiaux, et d'une thermique classique pour les déplacements longs, vient d'acquérir un VEB de gamme moyenne pour les courses locales, qu'il recharge sur place grâce à la couverture photovoltaïque de sa grange.

Il en est très satisfait ; l'autonomie de 300 km lui convient très bien, la consommation demeure raisonnable car les autoroutes de Bretagne sont limitées à 110...et les parcours courants dépassent rarement cent km. Mais combien de cultivateurs éleveurs en France... ?

On ne fait pas du business avec des pourquoi, des comment, des si, des demain, il faut un peu plus de consistance pour amener les clients à choisir ce produit plutôt qu'un autre.

( Sauf à supprimer « l'autre », le thermique, mais avec le risque de créer un problème insoluble ; le « ça passe ou ça casse » peut très mal se terminer...).

Du point de vue du constructeur historique de voitures, l'électrique est l'éléphant dans le magasin de porcelaine. L'empêcheur de danser en rond, le briseur de rentes de situations.

Le marché d'autrefois, basé sur la seule technologie thermique et sur le pétrole, se diversifie et des choix doivent être faits sachant que le thermique ne sera pas supplanté totalement par l'électrique pour des raisons évidentes de disponibilité de réseaux de distribution d'électricité décarbonée.

Et d'autre part, il faut du temps et de la conviction pour transformer une industrie métallurgique en une entreprise d'électrotechnique spécialisée dans l'électrochimie et l'électronique de puissance.

( Pas grand'chose à voir avec la mécanique de papa...)

Dans une lampe de poche, la valeur ajoutée c'est la pile. Il en va de même pour la voiture électrique.

Il est plus facile de produire une voiture électrique quand on a déjà la batterie ( exemple BYD ) que l'inverse.

Les constructeurs européens ne diront pas le contraire, qui commencent à s'apercevoir qu'une voiture électrique c'est d'abord une batterie...

Mais la pure voiture électrique à batterie n'est pas forcément la seule réponse à la nécessaire transition énergétique.

Les raisons de se planter dans les choix stratégiques sont nombreuses tant sont variés les « concepts » innovants vantés ici et là :

La ceinture et les bretelles avec l'Hybride rechargeable ?

L'électrique avec le « range extender » ?

Le thermique de papa avec du carburant décarboné, mais lequel et à quel prix ?

L'électrique à Hydrogène et pile à combustible ?

Il faudra avoir l'échine souple pour s'adapter à l'air du temps car toutes ces solutions auront leur utilité lorsqu'il s'agira de passer aux choses sérieuses, c'est-à-dire faire face à une pénurie « réelle » de pétrole.

Car ce pétrole, dont ont annonce la disparition imminente depuis vingt ans, se porte encore bien puisque sa production mondiale est encore en augmentation :

48 560 TWh en 2020

51 255 TWh en 2022

Ref :

https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/petrole

Comme dirait l'autre : « Il n'y a pas encore le feu au lac ».

Les exhortations vers une modération de la consommation d'énergie fossile n'ont encore qu'une influence toute relative sur le monde réel.

Le passage de la voiture thermique à l'électrique est ainsi beaucoup plus qu'un simple ajustement technologique dans un secteur limité, il est un bouleversement en profondeur de l'ensemble des filières de l'énergie et de la prospection minière au sens large.

( Certains événements actuels sont une des premières manifestations de ce bouleversement )

Il ne s'agit plus de remplacer un modèle de voiture par un autre, mais de changer le modèle de développement du monde.

Nos « petits » problèmes de batteries de voitures ne sont que l'un des aspects du problème général du stockage de l'énergie qui se posera lorsque les fossiles auront disparu...

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26 mars 2025 3 26 /03 /mars /2025 18:04

La voiture électrique, le temps des compromis ?

26 Mars 2025

L'arrivée des batteries au Lithium a permis de reconsidérer sérieusement l'électrification des voitures, avec cette fois une forte probabilité de réussite.

La campagne de conquête du marché automobile par ces nouvelles voitures rencontre plusieurs obstacles :

- Les carburants pétroliers sont toujours disponibles et pour un coût encore acceptable, il n'y a donc aucune pression pour motiver un passage rapide vers l'électrique, dont le coût est plus élevé et dont l'usage nécessite une attention particulière.

( Quant à la pression morale de la menace du réchauffement climatique, elle n'est efficace qu'à la marge ).

- Les voitures à moteur thermique, qu'il faut détrôner, donnent toutes satisfactions à leur propriétaire.

- Jusqu'à présent ces voitures thermiques sont toujours disponibles à la vente.

- Le coût des carburants pétroliers ne supporte aucune surtaxe spéciale dissuasive qui viendrait s'ajouter aux taxes déjà existantes ( déjà très lourdes...voir les gilets jaunes ).

(Il existe bien une surtaxe sur le poids et les émissions de CO2, mais elle ne concerne que les modèles d'en haut, pour le moment).

- Les mesures discriminatoires ( ZFE... ) visant à bannir les véhicules thermiques des centres villes ne sont que mollement appliquées, voire pas du tout.

- Les voitures électriques actuelles ont une autonomie très inférieure à celle des thermiques, et très variable selon les conditions d'utilisation ; et la recharge des batteries pose davantage de problèmes que refaire le plein d'une thermique.

La promotion des modèles électriques à batterie est ainsi une course d'obstacles peu propice à séduire la clientèle classique, qui perçoit ces nouvelles autos comme des objets évolutifs rapidement démodables, et mal négociables à la revente.

Il faut noter que l'élan écologique vers la voiture verte ne s'est pas produit, sinon à la marge.

( Il faut dire que cet élan est quelque peu freiné par deux ou trois aspects négatifs qui ressortent des analyses concernant les émissions réelles de CO2 des électriques lorsque l'on tient compte de l'extraction et du raffinage des matériaux spéciaux des batteries et du recyclage d'icelles, et de la nécessité d'utiliser de l'électricité décarbonée pas disponible partout...)

La réduction drastique des aides financières à l'achat d'un VE et l'annonce dans la presse spécialisée de « prochains » progrès décisifs dans la technologie des batteries, sont des repoussoirs pour les clients peu soucieux d'investir dans un objet qui sera dévalué dans deux ou trois ans.

Ce tableau assez dissuasif se traduit par des ventes inférieures aux espérances. Environ 15 % des voitures neuves sont des électriques, mais seulement le tiers sont des électriques pures, les autres sont des hybrides.

Aujourd'hui ces hybrides utilisent soit de l'électricité en partie décarbonée, soit des carburants en partie à carbone recyclable ou de synthèse, soit des carburants fossiles....

Chassez le naturel, il revient au galop.

Le retour d'expérience de ces dix dernières années nous enseigne au moins une chose :

Le marché de l'électrification de la voiture ne pourra pas être couvert par un seul type de véhicule, contrairement à la voiture thermique qui s'accommode de tous les usages.

Compte tenu des importants investissements engagés pour le développement des carburants de synthèse indispensables à la survie de l'aviation, et aux parts de marché déjà significatives des biocarburants, il existe une forte probabilité en faveur de la survie du moteur thermique, sous une forme ou sous une autre.

Cette idée semble faire son chemin puisque des discussions sont ouvertes à Bruxelles pour l'après 2035 ( ou 2040 ? on se sait plus très bien) avec les constructeurs allemands qui risquent leur survie dans ce qui ressemble de plus en plus à du trapèze volant sans filet...

Errare humanum est, perseverare diabolicum ...

 

 

 

 

 

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21 mars 2025 5 21 /03 /mars /2025 11:04

La voiture électrique à batterie, et si on arrêtait de rêver ?

21 Mars 2025

La décision de relancer la voiture électrique a été prise sans véritable étude de marketing.

Il n'a été procédé à aucune étude de marché préalable; pas plus sur la définition d'un cahier des charges du véhicule lui-même que sur les exigences du marché en termes de disponibilité du nouveau carburant électrique décarboné, ni sur la disponibilité et le coût des nouveaux matériaux qui seraient nécessaires à la fabrication du nouveau produit.

Cette façon de procéder, contraire aux règles les plus élémentaires, ne pouvait conduire qu'à la plus grande confusion telle que nous la constatons aujourd'hui.

L'idée directrice était déjà dans l'air depuis la crise pétrolière de 1973 : Il s'agissait alors de trouver une solution pour pallier le manque de pétrole et/ou une flambée des prix qui auraient créé une grave crise de l'automobile.

Faut-il rappeler que cette tentative d'électrifier la voiture avorta pour deux raisons majeures : Une fois passée la crise, le pétrole s'est rétabli et les quelques voitures électriques mises sur le marché ont vite rencontré le problème de la batterie, la technologie de l'époque étant largement insuffisante.

Au tournant du présent siècle, le problème est revenu sur le tapis , avec toujours l'argument d'une crise pétrolière imminente, et surtout la nécessité impérieuse de stopper la croissance du taux de CO2 atmosphérique responsable de la catastrophe climatique annoncée.

L'électrification des voitures devint l'étendard de la transition énergétique.

Cette fois, on pensait pouvoir échapper à la malédiction de la batterie grâce à la nouvelle technologie au Lithium capable de permettre à la voiture électrique de faire « jeu égal » avec l'ancêtre à pétrole.

Bien sûr les ingénieurs de l'électrochimie avaient bien conscience que l'état de l'art en matière de batteries au Lithium n'était pas à la hauteur des exigences du cahier des charges automobile, qui est parmi les plus sévères.

Mais on y était presque, et quelques années de travaux supplémentaires devraient suffire à toucher le « Saint Graal » et renvoyer le pétrole dans les enfers du sous-sol, au moins pour ce qui concerne la part consommée par les voitures, qui n'est pas la plus élevée, il s'en faut de beaucoup...

A la décharge des décideurs de cette opération, il faut reconnaître que la chose paraissait relativement simple : Pour faire une voiture électrique, il « suffit » de remplacer le moteur thermique et le réservoir de carburant par un moteur électrique et une batterie.

Et puis l'objectif était noble : il s'agissait à la fois de remplacer le pétrole coresponsable du réchauffement climatique, de diviser par trois la consommation d'énergie, et d'assainir l'Atmosphère de nos villes.

Trois raisons qui ont conduit à investir massivement dans la nouvelle technologie, sous l'aiguillon de la réglementation sur la limitation des émissions de CO2 des véhicules.

( Réglementation qui rend « de facto » les moteurs thermiques non conformes, donc condamnés à terme... Une façon moderne de « brûler ses vaisseaux », qui pourrait nous coûter très cher ).

Mais, la confrontation avec les réalités du terrain a montré que cette ambition se heurte à certaines difficultés techniques, dont la principale est l'autonomie encore notoirement inférieure à celle des modèles thermiques de même catégorie, et surtout très variable selon les conditions d'utilisation.

L'autonomie d'une voiture thermique de gamme moyenne est de 7 à 800 km. Un modèle électrique équivalent, consommant environ 20 L/100 km devrait donc emporter une réserve d'énergie de 150 kWh, soit une batterie de capacité nominale de 170 à 180 kWh pour égaler cette autonomie.

Dans la technologie actuelle, un telle batterie serait beaucoup trop lourde et son coût beaucoup trop élevé.

De plus, pour recharger une telle batterie en moins d'un quart d'heure ( Ce qui est le second but à atteindre, justifiant le premier ), il faudrait des bornes de plus de 600 kW, qui posent un autre problème d'adaptation du réseau de distribution électrique, et de conception de la batterie qui devrait passer à 800 V contre 400 V actuellement.

Dans l'état actuel de la technologie des batteries, il est donc impossible d'offrir une autonomie équivalente à celle du modèle thermique de milieu de gamme.

Mais est-ce bien grave docteur ?

Les bons esprits se demandent quel est l'intérêt d'avoir une autonomie de 700 km alors que le kilométrage journalier moyen d'une voiture ne dépasse pas 33 km ( 12 000 km/an, chiffre officiel ) .

Hélas, la moyenne n'est qu'une partie de l'information, qui cache des disparités considérables entre les cas particuliers.

Certains usagers n'utilisent leur voiture que localement et/ou pour des déplacements de quelques dizaines de km. Une autonomie de 200 km leur convient parfaitement.

D'autres par contre en font un usage intensif, parfois 50 à 100 000 km/an et sur des trajets au long cours. Ceux là n'ont que faire d'une auto qu'il faudra ravitailler souvent et en perdant une heure à chaque fois...

Pour dorer la pilule, les marchands de voitures tentent d'appâter les clients par des valeurs d'autonomie alléchantes, mais sans aucun rapport avec la réalité de l'usage sur autoroute, bien que conformes aux normes WLTP.

( L'acheteur d'un modèle garanti pour 400 km WLTP, qui se trouve à sec au bout de 200 km sur l'autoroute n'apprécie pas la plaisanterie et le fait savoir...).

Le développement du marché de la voiture électrique pure de heurte donc à l'obstacle de la batterie qui sous-tend en fait trois problèmes qui demeurent aujourd'hui sans solution :

- La technologie de batterie au Lithium ne permet pas aujourd'hui d'offrir une capacité énergétique utile de 150 kWh ( Eh oui, c'est ce qu'il faut pour obtenir une autonomie de 700 km, et un régime charge/décharge de 5C ( C'est aussi ce qu'il faut pour recharger en moins d'un quart d'heure ), et le tout pour un poids et un coût acceptables.

- Si cette batterie est disponible un jour ( Quand ? ) son prix la destinera au haut de gamme, ce qui ne résoudra pas le problème du milieu de gamme qui n'aura toujours pas accès à l'autonomie rêvée.

- Par ailleurs, une éventuelle généralisation des batteries à forte capacité entraînerait une augmentation considérable de la demande de matériaux spécifiques, et donc au mieux une hausse des cours et au pire une pénurie.

La volonté d'étendre la solution tout électrique à l'ensemble du parc des véhicules légers ( 1,5 Milliards dans le Monde, avec une demande croissante ) ressemble de plus en plus à une impasse.

La nécessité de recourir à une ou des solutions complémentaires devient de plus en plus prégnante pour plusieurs raisons :

- La limitation durable de l'autonomie réelle des voitures électriques de milieu de gamme, qui font le gros du marché, aura un impact négatif sur l'expansion de ce marché.

( En clair, si les clients n'en veulent pas, il sera difficile de les faire changer d'avis...)

- La tentative d'augmenter cette autonomie par une augmentation de capacité des batteries aura un impact négatif sur les prix et donc sur le marché du milieu de gamme, et également sur le marché mondial des composants des batteries.

- La substitution des voitures thermiques par les seules voitures électriques à batterie n'a de sens que si l'énergie électrique est décarbonée, ce qui est très loin d'être le cas, y compris en Europe.

- De nombreuses régions du Globe disposent d'un réseau électrique suffisant pour les besoins domestiques courants, mais incapable de fournir la puissance nécessaire à la recharge des batteries.

( de la recharge au domicile sur des bornes de 3 à 6 kW, on en est déjà à des bornes routières de 300 kW, voire beaucoup plus...)

La solution complémentaire la plus accessible est déjà en service dans de nombreux pays du Sud et partiellement en Europe. Elle conserve le moteur thermique et remplace le pétrole par des biocarburants et/ou du Biogaz.

( Selon IFP/EN ces biocarburants représentent 4,3% de la consommation mondiale de carburants des transports ).

Cette solution a l'avantage de ne nécessiter aucun investissement coûteux sur la voiture elle-même, ni sur le réseau de distribution des nouveaux carburants.

Même si elle ne permet pas de réduire la demande énergétique, elle a le mérite d'exister et d'assurer une transition sans rupture tout en étant neutre en CO2.

Par contre, si elle est mal contrôlée, elle peut entrer en concurrence avec les cultures vivrières et/ou encourager les déforestations.

L'autre voie est celle des carburants de synthèse, en cours de développement pour l'aviation, et dont l'usage pourra être étendu aux autres moyens de transport pour lesquels la batterie ne convient pas.

Les autres « solutions » complémentaires sont l'Hybride PHEV, et l'électrique à Hydrogène et pile à Hydrogène.

- L'Hybride PHEV, peut être n'importe quoi entre l'électrique pur et le thermique électrifié, selon la répartition entre les deux procédés. C'est un pur produit de la réglementation locale du moment, incluant le malus au poids et les règles des ZFE.

Une variante du PHEV consiste à réserver le moteur thermique à la seule fonction de recharge de la batterie ( REX, Range Extender ), ce qui permet de réduire le poids de la mécanique et d'augmenter (un peu ) la capacité de batterie.

- L'électrique à pile à Hydrogène est une sorte d'usine à gaz exotique qui nécessite de disposer d'un réseau de distribution d'Hydrogène, peu crédible sauf pour usages locaux.

Le seul « avantage » de l'Hydrogène est la possibilité de « faire le plein » en quelques minutes.

Mais tout ceci sera à reconsidérer si les sources d'Hydrogène naturel récemment découvertes sont confirmées en tant que flux, et si leur potentiel énergétique est significatif.

L'industrie automobile est à la croisée des chemins :

Les obstacles à l'électrification à 100% du parc mondial des véhicules légers s'avèrent nombreux et pour la plupart systémiques.

Partant de ce constat, on peut prévoir qu'une part significative de ces véhicules conservera le moteur thermique, mais avec du biocarburant ou du biogaz, éventuellement du carburant de synthèse.

D'autre part, parmi les véhicules électrifiés, une part significative sera constituée d'Hybrides PHEV.

Les trois types de véhicules devront être disponibles sur le marché, ce qui posera un problème de choix pour les constructeurs historiques.

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14 mars 2025 5 14 /03 /mars /2025 19:34

Le prolongateur d'autonomie, coucou le revoilou...

14 Mars 2025

La voiture électrique n'avance pas comme prévu à cause d'un clou dans sa chaussure, sa batterie.

Tout a été dit à ce sujet, inutile d'en rajouter. 

Personne ( à part certaine presse à sensations ) ne sait dire quand la batterie attendue sera disponible pour la voiture de Monsieur tout le monde.

( Les commerciaux la promettent pour la fin de cette année, les chercheurs électrochimistes cherchent, les clients s'interrogent les chinois innovent ).

Ce contretemps fâcheux met en péril le « business plan » conquérant établi par tous les fabricants d'autos qui étaient partis sur ce nouvel eldorado comme un pet sur une toile cirée, en oubliant quelque peu les dures réalités de l'existence.

Il est vrai que, vu des luxueux bureaux de Berlaymont, le projet « voiture électrique » avait tout pour enthousiasmer les promoteurs de la transition énergétique :

- Réduction de 60% de la consommation énergétique.

- Suppression des émissions de CO2.

- Suppression des émissions de Gaz et de particules toxiques.

Les « éventuels » problèmes soulevés par les trouble-fêtes furent écartés d'un revers de main.

Ces problèmes étaient pourtant flagrants :

- Le premier concerne le carburant électrique : De même que les trains électriques ne desservent que les régions équipées d'un solide réseau électrique, les futures voitures électriques ne pourront rouler que dans les zones desservies par un robuste réseau capable d'alimenter les batteries.

De nombreuses zones dans le Monde ne disposent pas d'un tel réseau, mais par contre sont ravitaillées en carburant liquide par camions-citernes ; il n'existe pas encore de camion-citerne pour livrer de l'électricité.

- Le deuxième problème concerne l'origine de l'électricité de recharge des batteries. La voiture électrique n'a de sens que si l'électricité est décarbonée. Aujourd'hui ce n'est le cas que pour 40% de la production mondiale . Ajouter une consommation électrique massive dans un secteur encore largement dominé par les fossiles seraient évidemment contre-productif.

- Le troisième problème est l'autonomie de ces voitures électriques, qui résulte de la capacité énergétique spécifique insuffisante des batteries dans les technologies actuelles, sans qu'il soit possible de dire si, quand, et comment, ce problème sera surmonté.

- Le quatrième problème, peut-être le principal, est celui de l'approvisionnement des matériaux nécessaires à la fabrication des voitures électriques, et particulièrement des batteries.

( Problème qui sous-tend les affrontements actuels pour la possession des territoires possédant de telles richesses minières...La géopolitique de la voiture électrique est un aspect complètement passé sous les radars...Il se révèle crucial.).

- à ces problèmes objectifs il faut ajouter une interrogation des éventuels futurs clients sensibles à l'écologie quant aux conditions d'exploitation de ces nouveaux matériaux, tant en ce qui concerne la main d’œuvre que les atteintes à l'environnement et notamment aux ressources en eau...

Cette accumulation de problèmes donne à penser que la voiture électrique actuelle n'a pas vocation à conquérir, en l'état, le marché mondial, et donc qu'il serait peut-être opportun de développer des solutions complémentaires moins catégoriques, mais davantage adaptées aux réalités du monde tel qu'il est et non tel qu'on voudrait qu'il soit.

Dans l'état actuel des connaissances, quatre voies sont explorées :

1- Conserver la motorisation thermique, mais en utilisant un combustible décarboné ou à carbone recyclable comme le Biogaz ou un biocarburant.

C'est la solution déjà largement développée, surtout dans les pays du Sud, avec l'impact que l'on sait sur les cultures vivrières et la déforestation...

En Europe aussi, le E85 vit sa vie, à une échelle encore modeste, mais avec peut-être un avenir prometteur, si Bruxelles consent à lever son véto.

Par ailleurs, beaucoup d'espoirs sont placés dans les carburants de synthèse, mais leur coût les réserve d'abord pour l'aviation...A suivre.

Ces « solutions » permettent de se passer du pétrole, de conserver la technologie des moteurs existants, de réduire drastiquement l'empreinte CO2, mais n'apporte aucune amélioration des rendements, au contraire car de l'énergie sera dépensée pour fabriquer les carburants de remplacement...

Il faut attendre les biocarburants de troisième génération pour évaluer leur intérêt.

( Une solution subsidiaire consiste à utiliser les moteurs thermiques alimentés par de l'Hydrogène directement …Certains constructeurs y travaillent. Encore faudra-t-il trouver de l'Hydrogène décarboné...).

2- Passer à la propulsion électrique, en produisant l'électricité dans le véhicule avec une pile à Hydrogène préalablement stocké dans des bouteilles, l'Hydrogène étant produit par électrolyse de l'eau à partir d'électricité verte du réseau. Faisabilité démontrée, mais reste à produire cet Hydrogène...

Peut-être à reconsidérer avec de l'Hydrogène naturel, si son exploitation est confirmée...

3- Utiliser une motorisation mixte avec un moteur électrique et un moteur thermique, c'est la voiture Hybride, qui existe déjà, mais « un peu » chère. Pas vraiment pour le peuple...

( Intéressant cependant car elle permet de réduire la capacité de la batterie pour atténuer l'impact du surcoût et du surpoids de la double motorisation. A suivre de près...).

4- Utiliser un moteur électrique à batterie et un moteur thermique en soutien de la batterie pour éviter la panne sèche et pouvoir rejoindre une station de recharge, c'est le « range extender », promu aujourd'hui comme dernier secours avant la panne sèche.

A voir selon la puissance du générateur électrique et les conditions d'utilisation à l'arrêt et/ou dans un local fermé...A ranger dans la catégorie des solutions à tester, comme le générateur ou la batterie de secours dans une remorque, ou le système d'échange de batterie ...

Aucune de ces quatre « solutions » n'est satisfaisante.

Parmi ces quatre substituts, trois utilisent des moteurs thermiques, soit pour la propulsion en complément du moteur électrique , soit pour recharger la batterie, soit en tout thermique avec un carburant décarboné.

Donc, de deux choses l'une :

Soit un tel carburant existe et est disponible à la pompe, avec l'approbation des autorités, et dans ce cas point n'est besoin du moteur électrique.

Soit ce carburant n'existe pas, ou est réservé pour certaines applications comme l'aviation, et dans ce cas il ne nous reste que la solution 2 qui utilise de l'Hydrogène et la PAC.

La voiture électrique à batterie ne pourra pas remplacer la voiture thermique dans 100% des cas.

Soit pour des raisons liées à l'absence de réseau de distribution d'électricité suffisamment maillé et puissant, soit pour des raisons de coût trop élevé, soit pour des raisons d'autonomie insuffisante pour le service demandé, soit pour des raisons d'absence de réseau de bornes de recharge et/ou de réseau de communication assurant la cartographie et l'information sur la disponibilité des bornes.

Si le développement d'une batterie idéale ( Capacité, puissance, poids, fiabilité, prix, sécurité, etc) se révèle une chimère, il faudra bien utiliser une solutions de complément, même si elle ne coche pas toutes les cases..

La moins mauvaise pourrait être la solution conservant le moteur thermique, mais en remplaçant les carburants pétroliers par des biocarburants et/ou du biogaz, et/ou des carburants de synthèse, pourra constituer une voie complémentaire, pouvant au moins contribuer à résoudre le problème des émissions de CO2 , qui constitue quand même l'essentiel de l'objectif de la transition énergétique.

Cette situation indéterminée est susceptible de durer tant que le pétrole sera disponible à un prix encore praticable.

En Europe, la décision de forcer le passage au tout électrique malgré les problèmes existants rappelés plus haut, ne provoquera pas de miracle chez les fabricants européens de batteries. Par contre elle risque de perturber gravement le marché automobile en suscitant chez le client potentiel un réflexe d'attente préjudiciable à la décision d'achat et peut-être profitable aux constructeurs asiatiques toujours prompts à prendre des positions sur un marché à fort potentiel.

Il apparaît clairement que le passage du thermique à l'électrique sera une affaire très compliquée pour l'automobile.

La solution du véhicule polyvalent, qui prévaut jusqu'à présent avec la motorisation thermique, semble impossible à proposer avec le véhicule à batterie, dans l'état actuel de la technologie.

Les dix ans qui viennent seront décisifs pour confirmer ou infirmer ce constat, compte tenu de l'adaptation, ou pas, de l'écosystème et des progrès de la technologie des batteries.

Pendant cette période, la pénétration du véhicule électrique à batterie évoluera en fonction des aléas qui affecteront les conditions d'utilisation de la voiture :

Aides financières à l'achat, réglementation anti-pollution, ZFE, Prix de l'électricité, développement du réseau de recharge des batteries, etc.

Si ce problème de batterie se révélait persistant, il se pourrait que le thermique à carburants décarbonés soit une solution pour conserver la polyvalence de la voiture et éviter la création d'une fracture sociale entre ceux qui peuvent acquérir deux voitures ( ou une seule au prix exorbitant ) et les « autres » qui ont tout autant le besoin de se déplacer mais sans les mêmes ressources financières.

D'ici là, il se peut également qu'un autre phénomène vienne perturber le « jeu », c'est une éventuelle crise de l'approvisionnement en matériaux de base indispensables à la voiture électrique et à sa batterie.

Le repli sur le thermique à carburants décarbonés serait alors une partie de la solution.

D'autant plus qu'au train où vont les choses, une crise pétrolière pourrait s'ajouter à cette crise d'approvisionnement en produits exotiques indispensables au véhicule électrique...

Le moteur thermique a été enterré avant d'être mort, peut-être le verrons-nous ressortir de sa tombe autrement que sous forme de zombie...

 

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