30 Juin 2023
La France consomme bon an mal an 1650 TWh d'énergie finale, toutes sources confondues, soit environ 142 Mtep.
L'énormité de ce besoin d'énergie dépasse l'entendement.
( Traduit en énergies renouvelables, cela correspondrait à 52 000 éoliennes offshore de 8 MW...)
Le tableau ci-joint montre la répartition par énergies et par secteurs :
( Chiffres 2019, corrigés des variations saisonnières )
Source :
( p 24 à 31 ).
( Les chiffres 2020-2021- 2022 n'ont pas été retenus car ils sont impactés par la crise du COVID et la guerre en Europe, ils ne sont pas représentatifs de la norme ).
Les fossiles participent pour 58% de la demande, soit 950 TWh.
Pour remplacer ces 950 TWh par des renouvelables, il faudrait par exemple 30 000 éoliennes offshore de 8 MW, ou 80 réacteur EPR de 1 650 MW, ou un mélange des deux.
Une telle débauche de tours Eiffel sur nos côtes paraît à priori difficilement concevable en France.
Présenté ainsi, le challenge de la transition énergétique est une gageure, un combat déraisonnable perdu d'avance.
La condition « sine qua non » à remplir avant même de compter les éoliennes ou les réacteurs EPR, est donc de réduire notre appétit énergétique de manière drastique pour le ramener à un niveau plus raisonnable, compatible avec les capacités potentielles des sources d'énergie renouvelables décarbonées disponibles.
( Le qualificatif « Disponibles » est important, car il existe dans les cartons des propositions de séduisants substituts aux fossiles, mais qui ne seront pas disponibles avant quelques décennies, au mieux : Réacteurs à fusion, Hydrogène naturel, Bio combustibles de troisième génération, e-fuels, etc..)
La disponibilité sans limite, et pour un prix modique, des énergies fossiles nous a conduits à les utiliser sans trop nous préoccuper du gaspillage. Il existe donc un fort potentiel d'amélioration de l'efficacité énergétique dans tous les domaines, et particulièrement dans les secteurs des transports et du résidentiel-tertiaire.
L'acte de fondation de la transition énergétique est donc le programme d'économie d'énergie visant en premier lieu à réduire l'appétit exorbitant des secteurs du transport et du résidentiel-tertiaire.
A eux deux, ces secteurs consomment aujourd'hui 1 250 TWh , 75 % de l'énergie finale nécessaire à la France, incluant la grosse majorité des combustibles fossiles, Gaz naturel et pétrole.
Pour réduire cet appétit énergétique, plusieurs facteurs positifs vont pouvoir intervenir :
Côté force motrice, le remplacement des moteurs thermiques par des moteurs électriques permettra en principe de réduire le besoin d'énergie d'un facteur trois dans le secteur des transports.
Le gain d'énergie serait donc de 250 à 300 TWh environ.
En plus de ce « geste » technologique, une réorganisation des usages dans la mobilité permettrait de réduire encore globalement le besoin d'énergie : Développement des transports collectifs, du covoiturage, du travail à domicile, du transport fluvial des marchandises, du développement des circuits courts, et de l'usage de la bicyclette, éventuellement électrique. De grands gisements d'économies sont à exploiter dans ces secteurs.
Coté chaleur, les résultats combinés de la campagne d'isolation thermique des bâtiments, et du remplacement des chauffages à effet Joule et/ou au fuel et au Gaz naturel par des systèmes à pompes à chaleur, permettrait de réduire la demande également d'un facteur trois, avec un gain d'énergie d'au moins 300 TWh également.
Ces évolutions technologiques seront ( devront être ) accompagnées également d'une gestion plus rationnelle de l'énergie grâce à la généralisation des gestionnaires d'énergie, des batteries électriques, et d'une part d'autoproduction.
Le besoin d'énergie finale pourrait ainsi être réduit à 1 000 TWh environ.
Aujourd'hui la production annuelle d'énergie renouvelable est « déjà » de 700 TWh (incluant le nucléaire évidemment ). Il « suffirait » donc de produire 300 TWh supplémentaires de renouvelables pour remplir le contrat et remplacer complètement les fossiles.
Mais ces 300 TWh supplémentaires devront être majoritairement électriques.
(Le partage précis entre électricité et EnRth ne peut pas être connu aujourd'hui, mais une répartition 200 TWh électriques et 100 TWh EnRth paraît probable.
EnRth = Biomasse, Biogaz, Biocarburants, Solaire thermique, Géothermie, récupération de chaleur fatale...).
Ce n'est pas un problème de production puisque le Nucléaire, l'Eolien, le Solaire, l'Hydraulique, produisent nativement de l'électricité, et que les technologies existent et sont déjà utilisées.
Il « suffit » de construire les parcs adéquats :
Pour produire 200 TWh d'électricité supplémentaire, il faut, au choix :
16 réacteurs EPR, ou
7 000 éoliennes offshore de 8 MW,
(Ou un mix des deux évidemment)
En plus du parc de production d'énergie actuel évidemment...
C'est encore beaucoup, mais c'est la condition nécessaire à l'abandon des fossiles.
( L'annonce par le Président d'un projet de 50 parcs éoliens offshore répond à une partie de ce besoin...)
Les véritables problèmes se situent au niveau de la réalisation du programme de réduction de la consommation d'énergie ; L'électrification du secteur des transports, le reconditionnement thermique de tous les bâtiments, la généralisation des pompes à chaleur, la modernisation des réseaux de transports collectifs, la mise en place du réseau électrique intelligent ( Smart Grid ), la généralisation de l'autoproduction et des batteries domestiques, etc.
Tout cela nous coûtera quelques milliers de Milliards d'euros, mais c'est pour la bonne cause...