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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 11:05

 

Eoliennes contre Nucléaire, les chiffres ont-ils encore un sens ?

 

18 Février 2023

La transition énergétique nous impose une révision complète de notre système de production et/ou d'approvisionnement énergétique.

Le délai imparti est court puisque la SNBC ( Stratégie Nationale Bas Carbone ) a fixé à 2050 l'échéance souhaitable au terme de laquelle la transition devrait être proche de sa finalisation.

( Stratégie zéro carbone ).

Trente ans pour changer le système énergétique mondial est un délai très court, certains diraient même irréaliste .

S'agissant essentiellement de remplacer les sources fossiles ( Pétrole, Gaz naturel, Charbon) par des sources décarbonées, le choix est relativement simple puisqu'il doit se limiter à des solutions déjà disponibles aujourd'hui, compte tenu du délai très court qui nous est imparti.

Par définition ces sources devront avoir comme caractéristiques principales d'être décarbonées ou à carbone recyclable.

Pour le panier de la ménagère nous devons donc choisir parmi l'éolien, le solaire, l'hydraulique, la biomasse, la géothermie, et le nucléaire.

Toutes choses déjà bien connues et utilisées depuis des lustres, mais avec des hauts et des bas*.

* ( Un nucléaire français menacé de bannissement par différents gouvernements, des biocarburants pas assez verts, une géothermie anecdotique, une hydraulique stagnante, un Biogaz contesté, un Solaire moyennement sollicité, et un Eolien impopulaire et plombé par son intermittence...).

Il faudra donc faire un grand ménage pour trier tout çà et en faire une équipe cohérente capable d'efficacité. Les joueurs sont là, mais il manque l'entraîneur...

Ce choix ( Ce tri ) est rendu extrêmement difficile, voire confus, par deux clauses subsidiaires relatives au caractère renouvelable ou non de la source considérée, et à son impact sur les autres activités humaines.

Ceci concerne d'une part le Nucléaire, dont le caractère renouvelable est contesté* par certains membre de l'Union Européenne, et d'autre part la Biomasse, suspectée de contrecarrer le développement de certaines activités humaines.

*( le nucléaire disponible aujourd'hui n'est effectivement pas renouvelable puisqu'il utilise une ressource minière elle-même non renouvelable ( minerai d'Uranium ), et dont les réserves identifiées sont limitées. Mais ses partisans estiment que cette technologie permettra de préparer la future génération nucléaire dont l'objectif est de surmonter ce problème et de « garantir » une « durée de vie » considérablement augmentée.

Dans l'hypothèse où ces deux sources d'énergie seraient écartées, les sources restantes ( Eolien, Solaire, Hydraulique, Géothermie ) seraient alors censées remplacer les fossiles à elles seules, sachant que l'Eolien et le Solaire sont des sources intermittentes, et que l'hydraulique ne pourra pas à lui seul remplir les deux fonctions de production et de stockage de compensation de l'intermittence des deux premières.

La Géothermie n'étant envisageable que localement et pour des cas particuliers ( clusters ).

Personne n'imagine sérieusement remplacer les colossales quantités d'énergie exigées par notre société moderne avec seulement le vent, le soleil et l'hydraulique. Nous serions donc dans une impasse.

L'hypothèse d'un grand renoncement énergétique, avec la décroissance associée, n'est pas non plus envisagée pour des raisons évidentes.

Heureusement le bon sens a prévalu et une formulation convenable a été trouvée par Bruxelles pour « admettre » le Nucléaire à la table européenne des financements de bon aloi.

En contre-partie, disent les mauvaises langues, l'Allemagne a obtenu le classement du Gaz naturel dans la taxonomie verte, arguant de son intérêt dans la perspective du développement du Biogaz qui, lui, serait effectivement vert, enfin presque.

De cette controverse, auprès de laquelle celle de Valladolid n'est qu'une querelle de clochers, est issu un classement multicolore des sources d'énergie qui vaut le détour.

(D'aucuns estiment que cette taxonomie verte ressemble de plus en plus à une auberge espagnole, mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse...)

Les acteurs concernés ont enfin pris conscience que la stratégie qui consiste à brûler ses vaisseaux ( Nucléaire et Gaz naturel ) avant de s'assurer du succès de la transition vers les renouvelables, aurait constitué un risque dont l'Europe n'a vraiment pas besoin actuellement.

La France pourra donc continuer à produire de l'électricité nucléaire...et les allemands à compenser l'intermittence de leurs éoliennes avec des centrales à gaz.

( Reste maintenant à trouver le gaz ...)

Beaucoup de bruit dans Landerneau...

En France, La construction de la nouvelles série de réacteurs EPR2 va donc pouvoir commencer; les premiers seront édifiés à Penly. Ces nouveaux réacteurs seront destinés à remplacer une douzaine de « vieux » REP et à maintenir la production au niveau requis par les besoins de 2050.

( Besoins qui ne sont d'ailleurs pas clairement définis, car d'ici là il peut se passer bien des choses...)

La SNBC française prévoit cependant pour 2050 un besoin annuel total d'énergie de 930 TWh, dont 60% environ d'électricité ( 550 TWh ).

Les 40% restant pour les besoins non électriques, seront pris en charge par la Biomasse avec un reliquat de fossiles ( essentiellement du gaz , du pétrole pour l'industrie chimique, des biocarburants et du bois).

L'électricité sera donc produite par la panoplie actuelle bien connue: Nucléaire, Hydraulique, Eolien, Solaire, Biomasse et un peu de Géothermie.

Rien de bien nouveau donc, c'est la reconduction de l'équipe actuelle, mais avec une redistribution des rôles, et beaucoup d'investissements.

En effet il s'agit de répartir les rôles du nucléaire d'une part, et des autres sources citées ci-dessus d'autre part.

Plusieurs facteurs influenceront cette répartition dans les prochaines décennies:

D'une part les chiffres de l'évolution du besoin énergétique total en 2050 et de l'électricité en particulier, ne sont pas gravés dans le marbre ; les prévisions de la SNBC montrent une faible croissance de la demande électrique, 550 TWh en 2050 contre 470 TWh aujourd'hui, soit + 17% seulement sur 27 ans. Cette prévision, optimiste malgré l'électrification de nombreuses applications nouvelles, peut s'avérer trop optimiste.

L'objectif de production électrique serait alors à revoir à la hausse.

( Les prévisions de la SNBC postulent un très fort impact du programme de sobriété énergétique qui compenserait la nouvelle demande des applications converties à l'électricité .Ce « très fort » impact peut également ne pas être au rendez-vous...).

D'autre part, les délais de construction du nouveau parc nucléaire peuvent s'avérer plus longs que prévus ( On a déjà vu çà...) et les problème liés à l'intermittence des renouvelables plus difficiles à maîtriser.

( A quoi bon fabriquer des GW électriques impossibles à stocker ? )

( Le recours à des centrales à Gaz naturel pour compenser l'intermittence des renouvelables n'est pas acceptable dans un projet dont le but est de se débarrasser des fossiles!!!. Quant à la filière Hydrogène vert, elle est entièrement à élaborer et donc non disponible industriellement avant plusieurs décennies ).

Ces facteurs ne sont pas sous contrôle, ce qui rend toute répartition à long terme aujourd'hui peu fiable.

Mais un autre point important est à considérer s'agissant de la répartition entre Nucléaire et renouvelables, particulièrement lorsque l'éolien est proposé en complément ou en alternative au Nucléaire comme solution écologique et durable.

Pour produire une quantité annuelle d'énergie électrique de 550 TWh ( objectif 2050 de la SNBC ) , il faudrait un parc de 46 réacteurs EPR2 répartis sur une vingtaine de sites, qui pourraient être les sites actuels réaménagés.

( Par exemple les deux premiers EPR2 seront construits sur le site existant de Penly ).

Pour obtenir la même production en éolien, il faudrait 20 000 éoliennes offshore de 8 MW, adossées à des installations de stockage de compensation de l'intermittence.

Il n'est même pas envisageable d'envahir nos littoraux avec une telle débauche de tours Eiffel.

Et par ailleurs les installations de stockage indispensables ne sont même pas envisagées dans les projets actuels de parcs éoliens. Il faudrait donc faire appel à un parc de centrales à Gaz pour remplir la fonction de relais ( Et quel gaz ? ).

Le projet français de production éolienne consiste en 50 Parcs de 500 MW chacun, en offshore posé, comprenant au total 4 000 éoliennes de 6 MW.

Si ce projet arrive à son terme, sa production annuelle sera de 90 TWh, soit 16 % de la demande électrique prévue en 2050, à condition de développer en parallèle les installations de compensation de l'intermittence, qui ne sont même pas identifiées aujourd'hui.

( Aujourd'hui cette fonction est confiée à des centrales à gaz, lequel gaz vient d'être admis dans la confrérie de la taxonomie verte européenne.

Chassez les fossiles par la porte, ils reviennent par la fenêtre...).

On voit que la répartition entre Nucléaire et Renouvelables n'est pas évidente et que l'emprise territoriale de l'éolien offshore sera un obstacle majeur, au moins aussi important que l'intermittence de la production.

Il faut donc choisir entre un parc nucléaire construit sur une vingtaine de sites déjà existants, ou plusieurs dizaines de milliers de tours Eiffel électriques associées à quelques centaines de centrales à gaz.

On dit que « Les chiffres parlent d'eux-mêmes ».

Mais le débat sur la transition énergétique est essentiellement politique, sphère au sein de laquelle la rhétorique tient lieu d'outil de conviction, et l'on sait que la rhétorique et les nombres n'ont jamais fait bon ménage.

 

« Auréolés d’un prestige scientifique d’autant plus grand que les acteurs de l’énonciation ne possèdent pas la maîtrise des disciplines dans lesquelles ils s’inscrivent, les chiffres ont alors vocation à se mettre au service de la dimension rhétorique et argumentative des discours politiques. De chiffres-grandeurs, ils accèdent alors au statut de chiffres-valeurs ».

( in « La rhétorique des chiffres », Le langage des chiffres en politique, Paul Bacot, Dominique DESMARCHELIER et Sylvianne Rémi-Giraud )

On ne peut pas mieux dire...

Où, plus simplement, « On est mal barrés... ».

 

 

 

 

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11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 18:21

 

L'électricité, une production locale ?

11 Février 2023

Les événements récents nous ont appris que le temps de l'électricité disponible à guichet ouvert n'est plus.

Quant au prix du kWh, il est désormais entre les mains des boursiers du grand marché européen, qui nous a récemment montré de quoi il est capable...

Ce « coup de semonce » adressé à nos dirigeants, et aux citoyens consommateurs, a déclenché un branle-bas et réveillé les instances d'en haut plus accoutumées à régler les problèmes par des études prospectives plutôt que par des décisions immédiates.

( Ce qui fait les choux gras des cabinets conseils...)

De sujet exotique traité par le GIEC, institution vénérable mais dépourvue du moindre pouvoir, la transition énergétique est devenue l'affaire du jour.

(« affaire » au sens propre pour certains qui y trouvent une nouvelle source de revenus).

Il s'agit donc de remplacer les sources fossiles d'énergie, et le plus rapidement possible puisque chaque année perdue dans l'inaction aggrave les conséquences du réchauffement climatique.

Contrairement aux apparences, le problème n'est pas de savoir par quoi remplacer les fossiles car nous n'avons simplement pas le choix, les seuls candidats disponibles aujourd'hui sont les renouvelables décarbonées ou à carbone recyclable et le Nucléaire.

( Les discussions sibyllines autour du nucléaire sont en voie d'apaisement devant l'évidence de l'absence d'autre choix...).

Le problème est maintenant de retrousser nos manches et de passer à l'action.

Mais, une chose est de prendre une bonne résolution, une autre est de la mettre en chantier.

Des années seront nécessaires pour concrétiser le discours d'aujourd'hui. La SNBC ( Stratégie Nationale Bas Carbone ) s'est fixée une échéance à 2050, ce qui nous promet une situation chaotique de quelques décennies avant d'atteindre le nirvana énergétique.

( Le nirvana en question se situant paraît-il quelque part au-delà de 2050...).

Au terme de ce parcours du combattant l'électricité « sera » devenue notre principale source d'énergie ( 24 % aujourd'hui, autour de 60% en 2050 ).

Il sera donc demandé beaucoup aux producteurs d'électricité, et il faut s'attendre à des difficultés au niveau de l'adaptation de l'offre à la demande.

Peut-être est-il temps de songer à garantir nos arrières...

Heureusement, grâce à l'évolution de la technologie, et les coûts chinois aidant, il est possible aujourd'hui de fabriquer cette électricité à la maison, et en quantités raisonnables.

Ce qui était impensable avec le pétrole devient accessible avec l'électricité pour un investissement abordable.

Avec quelques m2 de panneaux solaires sur un toit orienté favorablement, et/ou une petite éolienne, on peut déjà avoir une production annuelle de quelques 4 ou 5 MWh, voire davantage selon l'exposition*.

Avec l'avantage supplémentaire de pouvoir échapper au monde pétrolier si l'on possède une voiture électrique.

*( L'importance de l'installation dépend évidemment de la surface disponible, de l'orientation, de l'ensoleillement moyen de la zone géographique, du régime des vents locaux, des performances de la technologie utilisée, et de la réglementation locale ).

Il nous est donc possible de repenser notre approche de l'énergie domestique pour tenter de prendre quelque distance avec les soubresauts d'un marché devenu fou.

Les motivations d'une telle démarche sont diverses :

- Obtenir un complément de revenus en vendant tout ou partie de sa production.

- Réduire le montant de sa facture énergétique.

- Se prémunir contre des hausses ruineuses du coût de l'électricité de réseau.

- Se prémunir contre des coupures durables du réseau.

- Faire une geste écolo en réduisant son empreinte carbone.

- Devenir totalement indépendant du réseau, quelle qu'en soit la raison.

La dépendance à l'électricité est de plus en plus prégnante dans le foyer domestique: chauffage électrique, poêle à pellets, Téléphone IP, cuisine, ECS, Electroménager, automatismes, Internet, télé-travail, aides médicales, alarmes, recharge de voiture électrique, monte-escalier, audio-visuel, etc.

Face à un black-out électrique de plusieurs jours, le seul remède est la fuite...

( Expérience vécu en Dec 1999 ).

Avant de s'improviser cultivateur d'électricité, comme d'autres cultivent des tomates ou élèvent des poules, il faut y regarder de près sur l'impact réel de son projet dans ses différents aspects : écologie, sécurité d'approvisionnement, bilan financier, empreinte carbone, etc.

On regardera en particulier l'empreinte carbone des matériels utilisés et leur provenance.

Pour une telle installation, et contrairement à ce qu'on pourrait penser, le plus difficile à choisir n'est pas du côté de la production, mais plutôt du côté de la maison et de la gestion de cette production.

( L'appareillage nécessaire pour obtenir les fameux kWh est disponible avec un grand choix dans de nombreux catalogues, et son installation bénéficie de primes ).

La puissance domestique installée « raisonnable » et conforme aux normes du moment dépassera rarement 5 à 10 kW, ce qui correspond à une quantité annuelle moyenne d'énergie de l'ordre de 5 à 10 MWh selon les conditions de vent et d'ensoleillement.

Cette énergie n'est pas fournie de manière continue, elle fluctue selon les conditions de vent et/ou d'ensoleillement. Le besoin énergétique de base de la maison doit donc être aussi réduit que possible pour faire face aux périodes « maigres » d'apport énergétique.

Cela s'obtient avec une excellente isolation thermique du bâtiment, un chauffage par pompe à chaleur, un apport de chauffage solaire pour l'ECS, un chauffage d'appoint à bois, une ventilation double flux. Les appareils ménagers ( Cuisson, congélation, réfrigération, etc.) doivent évidemment être de haute qualité environnementale.

Ne pas oublier la voiture électrique, qui deviendra sous peu un appareil domestique comme un autre.

( La piscine chauffée, on oublie...dans un premier temps, quoique... ).

Et pour faire face au caractère fluctuant de l'énergie fournie par le vent et le soleil, il faut un système de stockage sur batterie.

De la capacité de cette batterie dépendra l'autonomie de l'installation, et son coût.

( Le coût actuel des batteries limite à environ 10 kWh la capacité « domestique » mais, comme pour les voitures, ce coût ne peut que baisser dans l'avenir ).

En cas de régime météo défavorable, et suivant la période de l'année et la durée probable de la baisse de régime, un gestionnaire d'énergie local doit réduire les consommations selon un programme « intelligent » afin de préserver la réserve d'énergie conformément aux consignes entrées par le propriétaire.

La batterie d'un éventuel véhicule électrique peut être bien sûr intégrée au système, soit pour la recharge à domicile du véhicule, soit en soutien de la batterie domestique, soit pour participation à la régulation du réseau public de distribution ( Smart Grid ).

( Ce dernier cas suppose un contrat de capacité à horaire aménagé puisque la batterie de la voiture ne peut fournir de l'énergie au réseau que si elle y est connectée bien entendu ).

Dans les cas extrêmes, un groupe électrogène prendra le relais.

( Placé hors des locaux d'habitation et alimenté par du biocarburant, cela va de soi...)

La batterie domestique, dont dépendra l'autonomie en cas d'absence de vent et de soleil, est un élément clé et une partie importante du coût.

La plupart du temps ces installations sont raccordées au réseau pour un fonctionnement bidirectionnel dans le cadre du « réseau intelligent ».

En pratique tous les cas intermédiaires de réseaux domestiques peuvent être installés, selon le budget disponible, les réglementations, les aides de l'Etat, et surtout le but recherché.

Depuis la simple couverture du risque de coupure temporaire programmée du réseau, jusqu'à l'intégration complète dans le réseau intelligent, incluant l'isolation thermique du bâtiment , la pompe à chaleur, et la voiture électrique, le budget peut varier de quelques milliers d'euros à une centaine de milliers d'euros, voire plus.

Installation individuelle ou collective ( cluster ) ne signifie pas indépendance vis à vis du réseau national de distribution. Dans l'esprit de la démarche « réseau intelligent » l'énergie électrique doit être gérée de manière interactive.

Aujourd'hui c'est la production des centrales qui doit s'adapter à la demande du réseau, laquelle peut fluctuer entre des valeurs très différentes de la valeur moyenne, ce qui contraint RTE à maintenir un parc de production installé très supérieur à la demande moyenne.

Les pics de demande des utilisateurs du réseau mettent en difficulté le gestionnaire, et ces pics ne peuvent que s'aggraver avec la transition énergétique qui va reporter sur l'électricité une part importante de l'énergie fournie aujourd'hui par les fossiles ( Mobilité, pompes à chaleur, etc...).

Et ceci malgré les capacités d'effacement déjà négociées avec certains gros consommateurs industriels.

Il est donc devenu nécessaire de demander aux utilisateurs de consentir à tempérer leur demande d'énergie électrique à certaines périodes, et/ou de décaler dans le temps l'utilisation de certains appareils gros consommateurs ( ECS, chauffage électrique, recharge de batterie de voiture,...).

La participation de l'usager à la gestion du réseau peut être plus ou moins significative selon qu'il possède ou non une installation de production et un système de stockage.

Il pourra ainsi devenir un maillon du système de régulation, voire même participer à la production en négociant des capacités d'effacement, ou de fourniture d'énergie d'appoint au réseau.

L'apport d'énergie au réseau dépendra évidemment du nombre de participants et de la puissance fournie par chacun.

Il y a en France environ 35 Millions d'abonnés au réseau électrique, dont 18 Millions de maisons individuelles, donc un gisement considérable de possibilités de connexions au réseau intelligent et de produire de l'électricité)

Par exemple 10 millions d'abonnés fournissant chacun 1 kW constituent un apport de 10 GW, soit l'équivalent de la puissance de 6 réacteurs EPR.

Bien sûr cette puissance n'est disponible que sur une durée de quelques heures, mais suffisante pour passer un pic exceptionnel de demande du réseau.

Une batterie domestique de 10 kWh peut aisément supporter ce régime pendant deux ou trois heures.

( Et bien davantage s'il s'agit d'une batterie de voiture de 40 ou 50 kWh ...)

Ces chiffres impressionnants montrent que le réseau intelligent incluant les batteries domestiques pourrait constituer une partie de la solution de stockage pour les énergies renouvelables intermittentes.

Aujourd'hui l'installation d'un système d'autoproduction électrique est un choix du consommateur.

Les motivations sont diverses ( voir plus haut ), mais toujours mises en balance avec la rentabilité car la démarche est perçue comme un investissement et non comme un élément de confort ou de sécurité.

La durée de vie de ces équipements étant d'environ vingt ans, le rendement financier est difficile à mettre en évidence s'il s'agit simplement de remplacer les kWh achetés sur le réseau par des kWh fabriqués à la maison.

Surtout lorsque les kWh du réseau sont disponibles à un coût raisonnable...et les tarifs de rachat de la production excédentaire en baisse constante...

La situation est plus favorable en Allemagne par exemple, mais la conjoncture peut évoluer.

Le parc Européen de batteries domestiques est estimé à 9,3 GWh en 2022, pour environ 1 Million de batteries de 10 kWh. Le marché est en forte croissance.

https://www.revolution-energetique.com/pourquoi-la-batterie-domestique-ne-seduit-pas-en-france/#jp-carousel-13697

En France le parc total de batteries domestiques est estimé à 0,056 GWh, soit 0,6% du parc européen, quasiment négligeable.

Ce peu d'intérêt français pour la batterie domestique traduit peut-être la confiance des citoyens de l'hexagone dans la fiabilité du réseau électrique fondé sur le nucléaire.

Cela vaut tous les référendums citoyens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 19:15

 

L'électricité, une production locale ?

 

5 Février 2023

Les événements récents nous ont appris que le temps de l'électricité disponible à guichet ouvert et pour un prix (presque) dérisoire n'est plus.

Le guichet ouvert ne le sera plus que sous certaines conditions d'horaires, de puissance et de quantité d'énergie limités.

Quant au prix du kWh, il est désormais entre les mains des boursiers du grand marché européen, qui nous a récemment montré de quoi il est capable...

Heureusement l'évolution de la technologie, et les coûts chinois aidant, permettent aujourd'hui de fabriquer cette électricité à la maison, en quantités raisonnables.

Avec quelques m2 de panneaux solaires sur un toit orienté favorablement, et/ou une petite éolienne, on peut déjà avoir une production annuelle de quelques 4 ou 5 MWh selon l'exposition.

( L'importance de l'installation dépend évidemment de la surface disponible, de l'orientation, de l'ensoleillement moyen de la zone géographique, des performances de la technologie utilisée, et de la limite de puissance injectée dans le réseau par l'onduleur, limite fixée par ENEDIS , aujourd'hui 6 kVA, mais qui peut varier dans l'avenir ).

Il nous est donc possible de repenser notre approche de l'énergie domestique pour tenter de prendre quelque distance avec les soubresauts d'un marché devenu fou.

Les motivations d'une telle démarche sont diverses :

- Obtenir un complément de revenus en vendant tout ou partie de sa production.

- Réduire le montant de sa facture énergétique.

- Se prémunir contre des hausses ruineuses du coût de l'électricité de réseau.

- Se prémunir contre des coupures durables du réseau.

( La dépendance à l'électricité est de plus en plus prégnante : poêle à pellets, Téléphone IP, cuisine, ECS, Electroménager, automatismes, Internet, télé-travail, aides médicales, alarmes, recharge voiture électrique, monte-escalier, audio-visuel, etc ).

- Faire une geste écolo en réduisant son empreinte carbone.

- Devenir totalement indépendant du réseau, quelle qu'en soit la raison et quel qu'en soit le prix.

Suivant la motivation l'installation sera plus ou moins importante évidemment.

Avant de s'improviser cultivateur d'électricité, comme d'autres cultivent des tomates ou élèvent des poules, il faut y regarder de près sur l'impact réel de son projet dans ses différents aspects : écologie, sécurité d'approvisionnement, bilan financier, empreinte carbone, etc.

On regardera en particulier l'empreinte carbone des matériels utilisés et leur provenance.

Pour une telle installation, et contrairement à ce qu'on pourrait penser, le plus difficile à choisir n'est pas du côté de la production, mais plutôt du côté de la maison et de la gestion de cette production.

En effet, la puissance domestique installée « raisonnable » et conforme aux normes du moment dépassera rarement 5 à 10 kW, ce qui correspond à une quantité annuelle moyenne d'énergie de l'ordre de 5 à 10 MWh selon les conditions de vent et d'ensoleillement.

Cette énergie n'est pas fournie de manière continue, elle fluctue selon les conditions de vent et/ou d'ensoleillement. Le besoin énergétique de base de la maison doit donc être aussi réduit que possible pour faire face aux périodes « maigres » d'apport énergétique.

Cela s'obtient avec une excellente isolation thermique du bâtiment, un chauffage par pompe à chaleur, un apport de chauffage solaire pour l'ECS, un chauffage d'appoint à bois, une ventilation double flux, et bien sûr une voiture électrique.

Les appareils ménagers ( Cuisson, congélation, réfrigération, etc.) doivent évidemment être de haute qualité environnementale.

( La piscine chauffée, on oublie...dans un premier temps, quoique... ).

Et pour faire face au caractère fluctuant de l'énergie fournie par le vent et le soleil, il faut un système de stockage sur batterie.

De la capacité de cette batterie dépendra l'autonomie de l'installation, et son coût.

Mais pas seulement.

En cas de régime météo défavorable, et suivant la période de l'année et la durée probable de la baisse de régime, un gestionnaire d'énergie local doit réduire les consommations selon un programme « intelligent » afin de préserver la réserve d'énergie conformément aux consignes entrées par le propriétaire.

La batterie d'un éventuel véhicule électrique peut être bien sûr intégrée au système, soit pour la recharge à domicile du véhicule, soit en soutien de la batterie domestique, soit pour participation à la régulation du réseau public de distribution ( Smart Grid ).

Dans les cas extrêmes, un groupe électrogène prendra le relais.

( Placé hors des locaux d'habitation et alimenté par du biocarburant, cela va de soi...)

La batterie domestique, dont dépendra l'autonomie en cas d'absence de vent et de soleil, est un élément clé et une partie importante du coût.

La plupart du temps ces installations sont raccordées au réseau pour un fonctionnement bidirectionnel dans le cadre du « réseau intelligent ».

Tout cela coûte très cher.

En pratique tous les cas intermédiaires de réseaux domestiques peuvent être installés, selon le budget disponible, les réglementations, les aides de l'Etat, et surtout le but recherché.

Depuis la simple couverture du risque de coupure temporaire programmée du réseau, jusqu'à l'intégration complète dans le réseau intelligent, incluant l'isolation thermique du bâtiment , la pompe à chaleur, et la voiture électrique, le budget peut varier de quelques milliers d'euros à une centaine de milliers d'euros, voire plus.

Installation individuelle ou collective ( cluster ) ne signifie pas indépendance vis à vis du réseau national de distribution. Dans l'esprit de la démarche « réseau intelligent » l'énergie électrique doit être gérée de manière interactive.

Aujourd'hui c'est la production des centrales qui doit s'adapter à la demande, laquelle peut fluctuer entre des valeurs très différentes de la valeur moyenne, ce qui contraint RTE à maintenir un parc de production installé très supérieur à la demande moyenne.

Les pics de demande des utilisateurs du réseau mettent en difficulté le gestionnaire, et ces pics ne peuvent que s'aggraver avec la transition énergétique qui va reporter sur l'électricité une part importante de l'énergie fournie aujourd'hui par les fossiles ( Mobilité, pompes à chaleur, etc...).

Et ceci malgré les capacités d'effacement déjà négociées avec certains gros consommateurs.

Il est donc devenu nécessaire de demander aux utilisateurs de consentir à tempérer leur demande d'énergie électrique à certaines périodes, et/ou de décaler dans le temps l'utilisation de certains appareils gros consommateurs.

La participation de l'usager à la gestion du réseau peut être plus ou moins significative selon qu'il possède ou non une installation de production et un système de stockage.

Il pourra ainsi devenir un maillon du système de régulation, voire même participer à la production en négociant des capacités d'effacement, ou de fourniture d'énergie d'appoint au réseau.

Compte tenu du montant total de l'investissement, Il y a lieu de procéder par étapes :

L'étape primordiale est l'isolation thermique du bâtiment, qui conditionne l'efficacité du reste.

La seconde étape, qui peut être groupée avec la première, consiste à installer un gestionnaire d'énergie multi-zones ( Chauffage, ECS, Electroménager, éclairage, charge voiture électrique, audio-visuel, informatique et communications, protection et sécurité ) pour raccordement au réseau intelligent.

La dernière étape concerne l'autoproduction selon l'objectif recherché ( voir plus haut ).

L'ultime graal étant le bâtiment à énergie positive.

Aujourd'hui encore, la production d'électricité de réseau est organisée autour de deux principes :

1- D'une part l'énergie est produite par un nombre limité de « centrales » de grande puissance bien identifiées, et l'énergie est distribuée par un réseau unique géré par une entité unique ( RTE en France ). Tout cela orchestré par la CRE ( Commission de Régulation de l'Energie ).

2- D'autre part le principe de gestion retenu est l'adaptation de la production à la demande du réseau, et non l'inverse. La tâche de RTE est d'ajuster, de manière quasiment instantanée, la production à la demande. Ce qui suppose une anticipation de cette demande, et donc un service de prévisions à court, moyen et long terme qui ne peut être efficace que si la demande obéit à certaines règles statistiques minimales plus ou moins régulières selon l'heure, la saison, et les conditions climatiques.

Une production ajustable à la demande implique évidemment des outils de production pilotables à la demande. Cet aspect est LA clé de la transition énergétique, bien souvent négligée hélas dans les approches prévisionnistes.

Chaque producteur d'électricité souhaitant se raccorder au réseau de distribution doit auparavant s'engager à mettre à disposition de RTE une capacité d'énergie ( Contrat de capacité ). Si les moyens de ce fournisseur sont intermittents ( Eolien et/ou solaire ) il doit garantir sa capacité par un autre moyen ( Centrale à gaz ou Hydroélectrique ). Tout cela se négocie avec la CRE.

Le développement de l'autoproduction connectée au réseau va multiplier le nombre de petits producteurs particuliers locaux qui injecteront de l'énergie électrique dans le réseau.

Ces petites installations sont ( seront ) essentiellement photovoltaïques, éventuellement éoliennes, donc par définition intermittentes. Leurs productions seront donc sporadiques, dépendantes du vent ou de l'ensoleillement. Elles ne pourront donc être intégrées dans le réseau que si elles disposent de capacités de stockage garantissant des fournitures conformes au contrat.

( Si le contrat porte par exemple sur 100 kWh et tel calendrier, la batterie domestique devra être dimensionnée en conséquence ).

https://www.edf.fr/entreprises/le-mag/le-mag-entreprises/decryptage-du-marche-de-l-energie/mieux-comprendre-le-mecanisme-de-capacite-en-3-questions-cles

Les capacités déclarées disponibles par le particulier intégré au réseau intelligent doivent l'être effectivement dans le cadre du contrat signé ( Voir la CRE ).

Ce qui implique des moyens de stockage garantissant cette capacité.

L'apport d'énergie au réseau dépend évidemment du nombre de participants et de la puissance fournie par chacun.

Par exemple 5 millions d'abonnés fournissant chacun 1 kW constituent un apport de 5 GW, soit l'équivalent de la puissance de 3 réacteur EPR.

( Il y a en France environ 35 Millions d'abonnés au réseau électrique, dont 18 Millions de maisons individuelles, donc un gisement considérable de possibilités de connexions au réseau intelligent et de produire de l'électricité).

Bien sûr cette puissance n'est disponible que sur une durée de quelques heures, mais suffisante pour passer un pic exceptionnel de demande du réseau.

Une batterie domestique de 10 kWh peut aisément supporter ce régime pendant deux ou trois heures.

(Une batterie de voiture électrique ne peut être considérée comme participant à la capacité de stockage contractuelle puisqu'elle n'est pas branchée en permanence...)

Aujourd'hui l'installation d'un système d'autoproduction électrique est un choix du consommateur.

Les motivations sont diverses ( voir plus haut ), mais toujours mises en balance avec la rentabilité car la démarche est perçue comme un investissement et non comme un élément de confort ou de sécurité.

La durée de vie de ces équipements étant d'environ vingt ans, le rendement financier est difficile à mettre en évidence s'il s'agit simplement de remplacer les kWh achetés sur le réseau par des kWh fabriqués à la maison.

Surtout lorsque les kWh du réseau sont à un coût raisonnable...et les tarifs de rachat de la production excédentaire en baisse constante...

La situation est plus favorable en Allemagne par exemple, mais la conjoncture peut évoluer.

Le parc Européen de batteries domestiques est estimé à 9,3 GWh en 2022, pour environ 1 Million de batteries de 10 kWh. Le marché est en forte croissance.

https://www.revolution-energetique.com/pourquoi-la-batterie-domestique-ne-seduit-pas-en-france/#jp-carousel-13697

En France le parc de batteries domestiques est estimé à 0,056 GWh, soit 0,6% du parc européen, quasiment négligeable.

Ce peu d'intérêt français pour la batterie domestique traduit peut-être la confiance des citoyens de l'hexagone dans la fiabilité du réseau électrique fondé sur le nucléaire.

Cela vaut tous les référendums citoyens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 janvier 2023 4 26 /01 /janvier /2023 18:53

 

Evolution de la consommation d'énergie selon RTE pour la SNBC.

26 Janvier 2023

Le futur énergétique de la France est donc désormais inscrit dans la SNBC, Stratégie Nationale Bas Carbone.

Les éléments de base de cette stratégie sont décrits dans un document de 992 pages :

« Futurs énergétiques 2050 » établi sous l'égide de RTE, avec la collaboration de toutes les instances, organismes, associations, agences, ministères, comités scientifiques, représentants des Industries, concernés par le sujet, et consultations publiques.

Le document est disponible ici :

https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-previsionnel-2050-futurs-energetiques#Lesresultatsdeletude

La transition énergétique comportera trois volets : 

- Basculement des fossiles sur les énergies renouvelables décarbonées et à carbone recyclable.

- Efforts sans précédent portés sur l'amélioration de l'efficacité énergétique dans tous les domaines, entraînant une baisse drastique de la consommation d'énergie finale.

Sans surprise, deux groupes de sources renouvelables seront utilisés :

Les renouvelables décarbonées identifiées aujourd'hui: Eolien, Solaire, Hydraulique, Géothermie, et électronucléaire.

( Le tabou sur l'électronucléaire semble être levé, mais avec encore quelques réserves )

Les renouvelables à carbone recyclable : Biomasse solide, liquide, gazeuse.

Donc pas de surprise quant aux technologies mises en œuvre. Elles sont déjà opérationnelles, il ne manque plus que les décisions et les financements.

( Les surprises viendront pour plus tard pour l'après 2050...)

La première étape d'un travail sur le futur énergétique est évidement une réflexion sur l'évolution des besoins énergétiques, les moyens pour y parvenir en dépendant au premier chef.

Le document RTE se limite à l'horizon 2050, ce qui est très restrictif dans la mesure où certaines sources d'énergie prometteuses ne seront pas disponibles avant 2050, comme le nouveau nucléaire, ou les biocarburants de troisièmes génération, qui feront en partie la base de la production après 2050. Sans parler de l'Hydrogène naturel ou de la fusion nucléaire, pour la fin du siècle éventuellement.

La SNBC sera réévaluée tout les cinq ans, cette première version est datée 2020.

Le document est donc un panorama de ce qu'il serait possible de faire pour une stratégie zéro carbone avec les moyens existants d'ici à 2050, sans préjuger de la suite mais en y pensant quand même.

Cette évolution est présentée au chapitre 3, basée sur différentes hypothèses.

Le postulat de base est une réduction drastique de la consommation finale d'énergie :

De 1 600 TWh actuellement, cette demande est supposée se réduire à 930 TWh en 2050.

De plus, la part de l'électricité serait de 55%

Une telle réduction de 40% en trois décennies est très ambitieuse, certains diront irréaliste, et les conditions de sa réalisation le sont tout autant.

La part des fossiles seraient réduite à la portion congrue, il faut bien assurer la survie de ce qui est aujourd'hui la pétrochimie.

Les reste, environ 40%, serait l'affaire des EnR non électriques : Biomasse solide, liquide, gazeuse, et géothermie, lesquelles pourront également participer à la production électrique et à la cogénération.

Dans le rapport en question, deux phénomènes principaux sont invoqués pour justifier la baisse drastique de la demande énergétique :

D'une part des progrès spectaculaires de l'efficacité énergétique dans tous les domaines d'applications. ( Typiquement l'isolation thermique des bâtiments, la mobilité électrique, la cogénération, les pompes à chaleur, les appareils électroménagers, etc).

D'autre part les gains « naturels » de rendements énergétiques dus au remplacement des fossiles par de l'électricité ( Remplacement des moteurs thermiques par des moteurs électriques ).

L'adoption de cette approche du problème de la transition ne recueille pas tous les suffrages.

L'extrait suivant en apporte la preuve :

« La concertation organisée par RTE a donné lieu à
un débat animé entre participants sur cet objectif
d’efficacité énergétique, qui joue un rôle majeur
dans l’élaboration des trajectoires sectorielles. Ce
débat, initialement considéré hors du champ du
travail des Futurs énergétiques 2050 de RTE, est
apparu d’autant plus vif qu’il renvoie à des diffé-
rends méthodologiques de fond. De ce fait, certains
participants à la concertation ont regretté que ses
implications au sens large pour la société ne soient
pas suffisamment explicitées et demeurent noyées
derrière le caractère apparemment consensuel
d’une perspective à long terme de la diminution
d’énergie. Ainsi, alors que certains participants
ont considéré les perspectives de développement
de l’efficacité énergétique trop pessimistes et pas
assez en rupture avec la société actuelle, d’autres
ont au contraire trouvé ce cadrage trop optimiste
et ont regretté qu’il ait été fixé de manière exo-
gène. À ce titre, on doit mentionner la proposition
de certains participants de déterminer un niveau
réaliste ou souhaitable de consommation énergé-
tique par la modélisation (niveau endogène) plutôt
que de se référer à la cible fixée par la SNBC. »  

( p 73)

Ces désaccords de fond enlèvent beaucoup de crédibilité au document, qui dès lors ne peut plus être considéré que comme un exercice de style.

Et il est très regrettable que, en cette période d'urgence climatique, on en soit encore aux exercices de style …

Où en sommes-nous aujourd'hui ?

Actuellement en France la consommation finale d'énergie se répartit ainsi :

- Produits pétroliers raffinés : 760 TWh

- Gaz naturel : 340 ''

- Charbon : 16 ''

- Total fossiles : 1 120 TWh ( y compris ceux des centrales électriques)

- Electricité renouvelable 440 TWh

( Nucléaire, Hydraulique, solaire, Eolienne, )

- EnRth + Déchets :

( Biomasse solide, liquide, gazeuse,

Solaire thermique et Géothermie ) 180 TWh

Total énergie finale : 1 780 TWh ( 153 Gtep )

Source :

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-11/datalab_70_chiffres_cles_energie_edition_2020_septembre2020_1.pdf

La SNBC prévoit donc une baisse de 40% sur l'énergie finale, qui serait réduite à 930 TWh, dont 55% d'électricité, soit 510 TWh électriques environ.

Le reste, 420TWh, serait couvert essentiellement par des renouvelables ( Biomasse solide, Biogaz, Biocarburants, Géothermie. )

Une petite part, moins de 10%, serait conservée par les fossiles, notamment pour prendre le relais de la pétrochimie actuelle.

(L'Hydrogène vert n'est pas directement concerné puisqu'il n'est pas une source d'énergie, mais un vecteur. Il est un sous produit de l'électricité renouvelable pour remplacer l'Hydrogène carboné actuel dans l'Industrie, les piles à combustible, et en stockage de l'électricité).

On peut faire deux remarques :

Avec un tel régime d'amaigrissement des besoins énergétiques, la consommation finale d'énergie électrique est maîtrisée, seulement + 16 % par rapport à la demande de 2019 sur 30 ans.

( La demande de 2020 ou 2021 n'est pas significative pour les raisons que l'on sait )

Cette modération suppose une compensation de la consommation nouvelle des voitures électriques (et d'autres applications converties à l'électrique) par un progrès significatif de l'efficacité énergétique dans les applications existantes .

D'autre part, la part de 420 TWh confiée aux énergies renouvelables non électriques, suppose une croissance considérable puisque la part actuelle est de 180 TWh aujourd'hui.

Une croissance d'un facteur de 2,3 est considérable, mais c'est faisable sur 30 ans avec une croissance annuelle de 2%.

Cette croissance serait portée par le bois, le solaire thermique, les biocarburants, le biogaz, la Géothermie, les déchets.

La modération de la croissance de la demande serait obtenue par un programme d'amélioration de l'efficacité énergétique, notamment les performances énergétiques des bâtiments et des applications ; une utilisation plus large de la cogénération, des réseaux de chaleur, des pompes à chaleur, et bien sûr l'électrification de la mobilité, la régulation de la demande par le réseau intelligent et l'autoconsommation.

Ce plan a pour but de décrire une éventuelle situation de « neutralité carbone » en 2050 et de mettre en évidence l'ampleur de la tâche nécessaire pour la réaliser.

La nouveauté réside dans l'importance donnée aux énergies renouvelables non électriques par rapport aux renouvelables « classiques » qui tiennent aujourd'hui le haut du pavé.

Passer d'une demande d'énergie électrique de 440 TWh à 510 TWh en trois décennies est une plaisanterie qui ne demandera aucun effort particulier sinon le renouvellement du parc nucléaire actuel pour conserver une capacité installée de l'ordre de 60 GW. Le complément sera aisément apporté par les renouvelables éolien, solaire, hydraulique, à condition de ne pas oublier les moyens de stockage de compensation de l'intermittence.

Pour les énergies renouvelables non électriques, une croissance annuelle de 2% suffira, ce qui devrait être à la portée de nos techniciens distingués.

Telle que décrite dans la SNBC, la transition énergétique ne pose donc aucun problème de fond. Les technologies nécessaires existent, elles sont déjà opérationnelles et ne demandent qu'à s'ajuster aux besoins projetés en 2050.

Et maintenant on fait quoi ?

Il ne reste plus qu'à trouver des sous pour faire tout çà, créer la structure décisionnelle capable de

mettre en musique cette partition hors du champ politique mais avec les industriels, greffer ce programme sur le programme énergétique Européen, établir des calendriers cohérents entre les différentes entités et les besoins correspondants ( Qui fait quoi et comment et avec quels moyens ),

établir les nouvelles réglementations, fédérer les différentes branches et filières énergétiques autour du programme commun :

Solaire photovoltaïque, solaire thermique, Eolien terrestre, Eolien offshore, Hydroélectrique, Hydrolien, Géothermie, Electronucléaire, Biogaz, Biocarburants, filière bois énergie, filière Hydrogène, filière déchets, etc...toutes ces technologies seront sollicitées et chacune devra suivre la partition attribuée.

Tout cela en tâchant de préserver l'indépendance énergétique et dans un esprit de réindustrialisation.

Pour faire avancer cette grosse machine, un cadre législatif nouveau est nécessaire, eu égard aux difficultés déjà rencontrées lors de la validation des projets comportant une emprise foncière.

La forte croissance prévue sur les renouvelables laisse présager de nombreux contentieux susceptibles de retarder de plusieurs années certains projets.

La Loi sur l'accélération de la production d'énergies renouvelables est en cours d'adoption.

Ses buts principaux sont :

- Accélérer les procédures.

- Libérer le Foncier nécessaire.

- Accélérer le développement de l'éolien en mer.

- Améliorer le financement et l'attractivité des projets.

https://www.euractiv.fr/section/energie/news/lue-court-circuite-la-future-loi-francaise-dacceleration-des-energies-renouvelables/

Affaire à suivre...

 

 

 

 

 

 

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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 11:32

 

Eolien et Solaire, arrêtons la flagornerie.

18 Janvier 2023

En matière de transition énergétique l'opinion est partagée en deux camps: Les partisans des renouvelables et ceux du nucléaire.

( IL y a bien un troisième camp dont les partisans estiment qu'il faudra faire appel à toutes les technologies disponibles, mais ils sont encore minoritaires, en tous cas plus discrets ).

Les arguments des uns et des autres sont connus et relayés par les médias, lesquels à leur tour renforcent, voire forment, les opinions ; lesquelles opinions pèsent dans les décisions du Gouvernement.

L'expression des médias est donc d'importance majeure pour former l'opinion et donc influer sur certains choix du Gouvernement, comme on a pu le voir avec le yo yo de la politique nucléaire ces dernières années.

Les récents événements d'Ukraine ont mis fin aux discussions de salon sur les mérites et les défauts comparés des différentes sources d'énergie.

Le temps est venu d'arrêter les parlottes et d'entrer dans le dur du sujet.

En fin de compte ce n'est ni le peak oil, ni le réchauffement climatique, qui inciteront les européens à abandonner les fossiles, c'est Monsieur Poutine.

Grâce ou à cause de ce tsunami dévastateur, et quoiqu'on puisse déplorer par ailleurs, tous les regards sont tournés vers les renouvelables décarbonées, avec cependant encore une certaine méfiance envers le nucléaire, mais on sent bien que les choses évoluent.

Avec le vent et le rayonnement solaire, au moins on est à l'abri des dictateurs, mais est-ce bien vrai ?

La transition énergétique est souvent ( sinon toujours ) associée à l'électricité.

L'éolien, le solaire, l'hydraulique, le nucléaire, produisent de l'électricité.

Aujourd'hui l'électricité ne représente que 20% de l'énergie consommée dans le monde, le « reste » , utilisé pour fournir de la chaleur et de la force motrice, et alimenter la pétrochimie, est en majorité issu des fossiles, avec un peu de biomasse.

Ces 20% électriques ne sont donc que la partie émergée de l'iceberg. D'autant plus que les applications concernées ne seront pas impactées par la transition car l'électricité n'a pas d'odeur. Qu'elle provienne du fuel, du nucléaire ou d'ailleurs, le matériel concerné ne changera pas, l'adaptation se fera donc sans douleur.

Par contre, les 80% restant devront s'adapter à la nouvelle énergie quelle qu'elle soit.

( Un moteur fonctionnant au fuel n'a rien à voir avec un moteur électrique, de même un chauffage à Gaz versus une pompe à chaleur , etc....

Quant à la Pétrochimie, qui utilise 17% des ressources pétrolières et est en croissance constante, elle a du souci à se faire....).

Et pour cette nouvelle énergie, il n'y aura que trois possibilités :

L'électricité, la biomasse, la Géothermie.

(Sachant qu'avec la biomasse et la Géothermie on peut aussi faire de l'électricité...)

L'Hydrogène vert, souvent évoqué ici et là, n'est pas une source nouvelle d'énergie puisqu'il est obtenu à partir d'électricité verte par électrolyse .

Quant à l'Hydrogène naturel, découvert récemment, il en est encore au stade des investigations.

Le problème se réduit donc à savoir avec quoi on va fabriquer de l'électricité et d'où on va sortir la Biomasse .

( La Géothermie est prometteuse, mais elle est d'une utilisation plutôt locale ).

(Sachant que la Biomasse n'a pas bonne presse, trop connotée concurrence avec les cultures vivrières et la déforestation. Et si elle ne fait que recycler un carbone déjà présent dans l'air, elle émet par contre de nombreux polluants pas très catholiques).

Mais, en cas de disette il faudra bien faire feu de tout bois...

L'Electricité est donc appelée à être très largement sollicitée, la Biomasse étant réservée aux applications difficilement convertibles à l'électricité, ou à des régions difficilement électrifiables.

( Sauf si les Biocarburants de troisième génération réussissent leur percée...).

Les applications utilisant aujourd'hui des fossiles devront donc être converties majoritairement à l'électricité, et seront évidemment consommatrices d'une quantité considérable de MWh, entraînant une demande d'énergie électrique deux à trois fois supérieure à la demande actuelle, malgré l'amélioration des rendements de l'électrique par rapport au fuel, au Gaz ou au charbon.

Par exemple l'électrification des 35 Millions de VL du parc français entraînera une demande supplémentaire d'énergie électrique de 85 TWh équivalente à la production de 7 réacteurs EPR, ou 3 000 éoliennes offshore de 8 MW.

( Sur la base du kilométrage moyen actuel de 12 000 km, et d'une consommation moyenne de 20 KWh/ 100 km ).

Et ceci ne représentera qu'une faible partie de l'effort à fournir puisque la consommation finale d'énergie fossile en France s'élève aujourd'hui à 1200 TWh ( environ 120 Mtep ).

Heureusement, le passage à l'électrique entraînera une forte amélioration des rendements énergétique, que l'on peut estimer à 50%.

Malgré ce gain, il faudra quand même produire 600 TWh d'énergie électrique supplémentaire.

Ces quantités phénoménales d'énergie électrique supplémentaire à produire pour concrétiser la transition ne sont jamais évoquées dans les prévisions.

( Au contraire même, certaines prévisions postulent une diminution de la demande électrique...sans justification évidemment).

Pour modérer l'accroissement de la demande d'énergie électrique à produire, on pourra se reporter en partie sur l'énergie de la biomasse.

Mais cette biomasse n'est pas en odeur de sainteté, voir par exemple la décision de Bruxelles de « tuer » le moteur thermique, lequel aurait pu se satisfaire de la biomasse.

Chercher l'erreur...

Lorsque les médias rendent compte de la mise en production d'une installation de production d'électricité renouvelable, son efficacité est exprimée en nombre d'habitants possiblement desservis .

Mais l'unité de consommation par habitant utilisée ne correspond pas à la réalité, conduisant à un résultat beaucoup trop flatteur, sous-estimant fortement le problème de la transition énergétique.

La vérité est moins rose :

Aujourd'hui les 70 Millions d'habitants de la France métropolitaine ont besoin de 470 TWh d'énergie électrique, c'est la consommation finale d'électricité du pays, soit 7 MWh par habitant et par an.

La référence utilisée par les média, qui reprennent les rapports officiels pour « vanter » l'efficacité d'une nouvelle installation de production électrique, est 2,3 MWh/ hab, soit le tiers de la valeur réelle.

Ref :

https://www.langueux.fr/medias/2016/08/16_03_29-CM.pdf

Le lecteur non averti retient cette formidable efficacité et sous-estime ainsi l'ampleur de l'effort nécessaire pour la transition énergétique.

On « oublie » de lui préciser que, pour faire fonctionner la France, et donc ses 70 Millions d'habitants, c'est 7 MWh/hab qu'il faut et non pas 2,3.

( Collectivités locales, transports, commerces, artisanat, PME, PMI, TPI, Industries, Installations portuaires, Loisirs, Culture, Santé, Administrations, Ponts-et-chaussées, Hôpitaux, Armées, Ets d'enseignement, Sports, tourisme, secteur de l'énergie, etc, etc...)

Mais alors, d'où viennent ces 2,3 MWh ?

En fait il s'agit de la consommation moyenne par foyer, derrière le compteur, divisée par le nombre moyen de personnes par foyer.

Les rédacteurs de ces dithyrambes ignorent sans doute qu'il y a une vie aussi avant leur compteur...

( Ces chiffres fantaisistes figurent même dans les études préliminaires officielles ).

Comme d'habitude, il ne s'agit pas d'une tromperie, mais seulement d'une vérité alternative.

Notre Monde n'est-il pas fait de vérités alternatives ?

Du pas tout à fait faux déguisé en presque vrai.

( Peur-être pour magnifier les capacités de l'éolien afin de mieux charger la mule nucléaire … ? )

A cette tromperie sur le nombre d'habitants possiblement desservis par les éoliennes s'ajoute l'escroquerie intellectuelle qui consiste à ignorer superbement les installations de stockage de compensation de l'intermittence, sans laquelle un parc éolien n'est qu'une source d'énergie aléatoire dont l'efficacité est conditionnée par la force du vent.

Or s'il existe bien un programme de construction de plusieurs parcs éoliens sur le littoral Atlantique, dont l'un est déjà entré en production, il n'existe aucun programme de construction de STEP susceptible de réguler un tant soit peu la production des parcs.

Ni aucun programme industriel de construction de stations d'électrolyse pour produire de l'Hydrogène vert ( Stockage et/ou alimentation du futur réseau Hydrogène )

( On peut faire la même remarque à propos du solaire photovoltaïque...).

A cette liste on pourrait ( on devrait ) ajouter la légende du coût minime de l'éolien par rapport au nucléaire ;

Un seul réacteur EPR produit annuellement 12 TWh.

Son coût estimé ( version EPR2 ) est de 6 à 7 Mds euro.

La durée d'exploitation des réacteurs modernes est d'au moins 75 ans.

Pour produire la même quantité d'énergie, il faut 430 éoliennes offshore de 8 MW.

Le coût estimé du MW éolien offshore est de 2 Meuro/MW installé, soit 7 Mds euro au total.

D'autre part la durée d'un parc éolien offshore est de 25 ans, il devra donc être démantelé et renouvelé deux fois dans la même durée, avec les coûts correspondants.

De plus, pour fonctionner efficacement, un parc éolien doit être associé à des moyens de stockage adéquat qui ont un coût important qu'il faudrait ajouter.

Ces chiffres parlent d'eux-mêmes, l'éolien et le nucléaire ont des coûts très proches et ce paramètres ne doit pas servir à les départager.

Pour faire bonne mesure, l'habitude a été prise de communiquer sur le solaire et l'éolien en citant les puissance installées plutôt que l'énergie produite, sans bien sûr tenir compte des facteurs de charge, ce qui confère à ces énergies un rang hors de la réalité.

Voilà donc cinq « omissions » fréquemment rencontrées dans l'analyse de la transition énergétique :

- Sous-estimation très exagérée de la future demande d'énergie électrique.

- Surestimation d'un facteur 3 du nombre d'habitants alimentés par un parc éolien, ou solaire.

- Escamotage du problème de la compensation de l'intermittence des renouvelables.

- Sous-estimation éhontée du coût de l'éolien et escamotage des coûts « annexes » notamment la compensation de l'intermittence.

- Communication tronquée sur la puissance réelle d'un parc de renouvelable en « oubliant » de citer le facteur de charge.

Il est évident que la dissimulation de ces problèmes, pourtant bien réels et sans véritables solutions aujourd'hui, donne des énergies renouvelables une image idyllique en face de laquelle le Nucléaire n'aurait 'à offrir que du sang et des larmes.

Ces bases fausses, pour ne pas dire truquées, diffusées ici et là par les médias populaires, faussent complètement les capacités de jugement des citoyens lecteurs, et entretiennent la confusion dans l'opinion qui en est réduite à orienter ses préférences sur les propos du meilleur batteur d'estrade.

Vouloir associer les citoyens aux décisions sur les grands choix énergétiques en leur offrant des éléments partiels, voire truqués, est une erreur qui ne servira pas le futur de la politique énergétique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 janvier 2023 5 13 /01 /janvier /2023 16:03

 

La transition énergétique, une affaire bien compliquée.

13 Janvier 2023

La nécessité de renoncer aux énergies fossiles pour protéger la Planète est désormais admise par la plupart des décideurs éclairés, du moins au cours des réunions annuelles consacrées au réchauffement climatique.

Mais pour ce qui est du passage à l'acte, il faudra attendre encore un peu.

L'économie mondiale, qui repose à 80% sur les énergies fossiles, est comparable à une formule 1 lancée en pleine accélération et dont il faut remplacer le moteur et le carburant sans l'arrêter ni même brider son accélération...Et sans encore très bien savoir quel sera ce nouveau moteur ni d'où viendra le nouveau carburant et combien tout cela va coûter non seulement en argent, mais aussi en impact sur le développement et en dépendance vis à vis des nouveaux fournisseurs d'énergie et produits associés.

Le système actuel fonctionne très bien aujourd'hui avec le carburant fossile ; on comprend que jeter tout cela pour le remplacer par on ne sait pas très bien quoi suscite quelques hésitations.

Encore une minute Monsieur le bourreau...

Il y a deux sortes d'Humains : ceux qui souffrent déjà du changement climatique mais qui n'y peuvent rien, et ceux qui pourraient quelque chose mais qui ne souffrent pas, soit parce qu'ils habitent des régions encore préservées, soit parce que leurs revenus les placent à l'abri des caprices du temps.

Tant que cette situation durera, il ne faut pas trop espérer de changement notable.

Il faut dire que l'ampleur de la tâche dépasse l'imagination au sens propre; plus aucun expert digne de ce nom ne considère comme réalistes les plans de développement des prévisionnistes officiels qui prennent leurs désirs pour des réalités.

( Le papier ne refuse pas l'encre...)

Les sources d'énergies de remplacement, décarbonées et utilisables aujourd'hui : Hydraulique, Eolienne, Solaire, fournissent essentiellement de l'électricité, ce qui implique de convertir à l'électricité toutes les applications qui fonctionnent aujourd'hui avec des fossiles, après avoir bien sûr fabriqué cette électricité supplémentaire.

Pour faire bonne mesure, on peut faire appel à la Biomasse à partir de laquelle on peut obtenir de l'électricité ou bien de la chaleur dans des chaudières et/ou des moteurs thermiques.

Et si ces énergies « naturelles » ne suffisent pas à la tâche, le Nucléaire est disponible pour

compléter la panoplie.

Toutes ces solutions existent déjà et sont industrialisées mais à petit échelle.

Il « suffirait » donc de les substituer aux fossiles pour résoudre le problème du CO2.

Sur le papier, le problème de la transition énergétique n'en est donc pas un.

Mais alors, pourquoi a-t-elle tant de mal à se mettre en place ?

Où en sommes-nous exactement ?

En 2018, la part de l'électricité décarbonée représentait 9,4% de l'énergie primaire dans le monde :

Nucléaire : 4,9%

Hydroélectrique : 2,5%

Solaire + Eolien+ géothermie : 2%

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energie-2021/11-international

Cette part d'électricité décarbonée est encore beaucoup trop faible pour se précipiter dans une conversion générale de la technologie mondiale à l'électricité.

Pour juger de la robustesse et du potentiel réel de ces énergies décarbonées dans le monde il faudrait atteindre une part de 25 à 30% de l'énergie primaire. Les installations actuelles sont des phases de validation pour la technologie, mais aussi pour les capacités à développer les installations de stockage de compensation de l'intermittence et les réseaux de distribution.

Et c'est là que le bât blesse...

Le choix des énergies décarbonées est la plupart du temps associée à une démarche de recherche d'indépendance énergétique, ce qui suppose de disposer les installations de production sur le territoire national, donc à proximité des zones de peuplement. Il faut partager le même espace vital, avec les problèmes que l'on connaît.

D'autre part, l'électricité ne se stocke pas, du moins dans les volumes nécessaires pour compenser l'intermittence des renouvelables ; il faut donc ajouter des installations de stockage qui sont très mal perçues dans les zones habitables où ce genre de projet suscite de vives oppositions.

Enfin le passage à l'électricité implique un réseau de distribution jusqu'au point d'utilisation, là où

aujourd'hui le pétrole peut être acheminé par les voies existantes, même si elles sont sommaires.

Aux technologies décarbonées on est tentés d'ajouter les technologies à carbone recyclable, mais les experts ont émis les plus grandes réserves en raison de la concurrence des méthodes actuelles avec les cultures vivrières.

Il faudra bien nourrir onze à douze Milliards d'Humains en 2050 !!

On peut donc craindre que l'eau, le Soleil et le vent ne suffiront pas à remplacer les fossiles. Aujourd'hui cette question reste ouverte, justifiant en partie le peu d'empressement des décideurs à s'engouffrer dans des opérations dont l'issue est incertaine.

La seule source d'énergie décarbonée capable de compléter l'apport des sources citées plus haut est l'énergie nucléaire, qui produit elle aussi de l'électricité.

Mais son usage comporte plusieurs inconvénients :

La technologie à neutrons lents, utilisée actuellement, est basée sur l'Uranium dont les réserves accessibles limitent la durée d'exploitation à moins d'un siècle selon les experts et selon la croissance de la demande évidemment. A peine mieux que le pétrole.

D'autre part elle génère des déchets dont la gestion pose problèmes, c'est peu de le dire.

Pour donner au nucléaire le minimum de pérennité dont nous aurons besoin dans l'avenir, il faudrait changer de technologie et passer à la fission aux neutrons rapides.

( La technologie de fusion de l'Hydrogène ne sera éventuellement disponible qu'au cours du prochain siècle. De même que l'hypothétique Hydrogène naturel...)

Pour être efficace, la technologie nucléaire doit donc faire l'objet d'un aggiornamento sérieux nécessitant des décisions d'Etats sur le long terme, des investissements très lourds, et des délais peu en rapport avec les besoins actuels, mais plutôt avec ceux du prochain siècle.

La tâche est donc immense et son succès est loin d'être assuré, le transport et le stockage de l'électricité pouvant s'avérer des obstacles majeurs dans de nombreux cas.

Par ailleurs, il n'est pas démontré que ces nouvelles sources d'énergie pourront, à elles seules, répondre aux besoins mondiaux, car il s'agit bien d'une transition mondiale.

En effet, il n'est pas question d'accompagner le développement des pays du tiers-monde en le fondant sur l'usage des énergies fossiles !!

Et il n'est pas davantage question d'interdire à ces pays d'accéder aux standards de vie des pays du Nord, ils ne l'accepteraient pas !!

Au-delà des obstacles technologiques, largement suffisants en eux-mêmes pour dissuader les Etats d'entreprendre cette mutation, il y a les obstacles économiques, encore plus difficiles à contourner.

Dans le cadre du marché libre et concurrentiel, tout projet fait l'objet d'un « business plan » démontrant le retour sur investissements. Ce plan comporte divers éléments, dont les données d'actualisation. Ces données tiennent compte du risque et des aléas, qui sont d'autant plus élevés que le projet est innovant dans un marché incertain.

( S'agissant de produire, et vendre, de l'énergie, on imagine sans peine les aléas pouvant percuter le taux d'actualisation d'un nouveau projet dans une technologie nouvelle !! )

Les risques et les aléas sont grands dans les projets de production d'énergie zéro carbone, et la rentabilité sera extrêmement difficile à démontrer dans un environnement dans lequel les solutions existantes perdurent à des niveaux de prix qui garantissent de confortables revenus.

( A notre connaissance les Compagnies d'exploitation de pétrole et/ou de Gaz ne sont pas au bord de la faillite...Sans parler du charbon ).

Les grands projets industriels pour la transition énergétique ne pourront se développer qu'en les sortant du cadre économique de la concurrence pure et parfaite.

( Les projets de la conquête spatiale dormiraient encore dans les cartons s'ils n'avaient pas été sortis du système économique classique...La création du grand réseau électrique français, du parc nucléaire, des grands barrages, et du réseau ferré national ne se sont pas négociés au souk ; et l'on a vu récemment que le « grand marché européen » est un véritable souk de l'énergie .

Mais ne perdons pas l'espoir, il est question en France de ramener la gestion de l'énergie dans le giron de l'Etat ).

Faute d'une stratégie mondiale, chaque zone économique, voire même chaque pays, développe sa propre stratégie.

Que fait la France ?

En France l'accent est mis sur la sobriété énergétique d'une part, et sur le basculement des applications à l'électrique d'autre part : Isolation thermique des bâtiments, pompes à chaleur, chauffage au bois, voitures électriques, panneaux solaires, électroménager pilotable, promotion du réseau intelligent, gestionnaire d'énergie, vélo électrique, écowatt, télétravail, covoiturage, transports collectifs, etc...toutes démarches soutenues à la fois par la réglementation et par des subventions.

La réalisation de ce programme dépendra évidemment des ressources disponibles ( Particuliers, entreprises, collectivités ), de la réglementation Franco- Européenne, et des diverses subventions, primes, avantages fiscaux, tarifs dégressifs de l'énergie, avantages fiscaux, pénalités, et autres incitations ou brimades.

Un tel programme ne peut évidemment pas être planifié puisque sa réalisation dépend de facteurs inconnus aujourd'hui, particulièrement en cette période de crise.

( Qui aurait pu prévoir la guerre en Europe ? )

Pour ce qui concerne la production d'électricité décarbonée de la France, le programme est moins clair : Les prévisions d'évolution de la consommation électrique ne sont ni claires ni bien documentées et justifiées, la place du nucléaire demeure encore un mystère ( Décisions fluctuant au rythme des élections, aucun chantier de nouvelle centrale nucléaire à part le prototype EPR qui n'en finit pas de finir, arrêt des travaux sur la génération future), Les parcs éoliens offshore croulent sous les protestations des riverains, quant aux STEP de compensation de l'intermittence des renouvelables il n'en est même pas question dans les projets.

( Le détournement des barrages hydroélectriques existants à des fins de stockage pour l'électricité intermittente est un tour de passe passe qui ne trompe personne ; déshabiller Pierre pour habiller Paul est une stratégie « petit bras »).

Ajoutons que l'on ne parle même plus du solaire à concentration, dont l'utilité a pourtant été démontrée dans le Sud du Pays.

Avec de telles incertitudes, toute planification relèverait de l'imposture.

Pour masquer ce désordre stratégique, un grand battage est organisé autour de la voiture électrique, promue cheval de bataille de la transition énergétique.

La « vraie » voiture électrique ( VEB ), alimentée par de l'électricité décarbonée, permet effectivement de se passer des fossiles.

( Si l'on « oublie » toutefois que 60% de l'électricité européenne est encore fabriquée avec des fossiles!!!).

Mais le développement de son marché rencontre des problèmes liés à son autonomie, et à d'autres inconvénients qui en font une voiture essentiellement citadine, qui ne répond donc qu'à une partie du problème ( c'est déjà pas mal...).

La voiture hybride ( PHEV ) est développée pour répondre aux insuffisances du VEB. Mais son coût la place dans le haut de gamme, ce qui ne répond encore qu'à une autre partie du problème.

Il apparaît donc que la technologie actuelle ( décarbonée ou semi-décarbonée ) ne peut pas satisfaire l'ensemble des besoins, sauf à acquérir deux voitures, ce qui est évidemment exclu pour un marché de masse.

Les constructeurs ne savent pas dire aujourd'hui si et quand ils pourront fournir des voitures à batteries (VEB ) aptes à remplir tout le cahier des charges.

( En clair et comme aux débuts du XXè siècle, c'est la capacité spécifique des batteries qui est encore insuffisante, malgré les indéniables progrès réalisés ).

Le recours aux forceps pour imposer l'électrique en « tuant » le thermique ( Interdit sur les VL neufs à partir de 2035 ) signe également la mort de l'hybride et donc ferme la porte aux biocarburants qui auraient pu constituer une solution de secours en attendant les nouvelles générations de batteries qui mettront ( ? ) tout le monde d'accord.

Mais à cette époque les voitures électriques seront-elles encore européennes ?

( Cette révolution technologique commence à ressembler étrangement à celle de l'informatique et des communications : Combien de fabricants d'ordinateurs et de téléphones cellulaires en Europe aujourd'hui ?)

Cette transition énergétique, inévitable au demeurant, ressemble plus à un parcours du combattant qu'à un chemin bordé de roses.

Entre les prévisions papier démontrant par A + B une transition fraîche et joyeuse qui tient plus des prédictions de Mme Irma, et la réalité du terrain, il y a une montagne de problèmes à résoudre, mais on manque quelque peu de montagnards...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 16:11

 

La sécheresse en France, une affaire toute relative.

5 Janvier 2023

En moyenne sur 50 ans, la France métropolitaine reçoit 500 Mds ( Milliards) de m3 de précipitations par an.

( Source : rapport IRSTEA 2016 et al, INRA et ONEMA )

Ces précipitations sont évidemment inégalement réparties dans le temps et dans l'espace.

(400 à 2 000 mm selon les régions, 900 mm en moyenne ).

300 Milliards m3 retournent dans l'Atmosphère par évaporation directe et évapotranspiration des végétaux. Le reste est évacué par les cours d'eau et/ou stocké dans les nappes aquifères.

L'ensemble des cours d'eau des sept bassins versants de France métropolitaine déversent en moyenne chaque année 200 Milliards de m3 d'eau douce dans la mer.

(Source : eaufrance.fr / Service public d'information sur l'eau )

Les nappes aquifères constituent un stock variable estimé à 2 000 Mds m3 en France selon le BRGM.

https://sigesaqi.brgm.fr/Des-ressources-en-eaux-souterraines.html)

Ces quantités d'eau douce, prodigieuses par rapport à certaines régions du globe, interdisent de déclarer notre pays en état de stress hydrique systémique, il est plutôt à classer en régime d'humidité udique selon la taxonomie de l'USDA. (US Department of Agriculture )

Donc un régime qui permet de pratiquer l'agriculture sans irrigation.

Ce procédé sans irrigation ne fonctionne bien que si le régime des précipitations est à peu près en phase avec les besoins de l'agriculture, ce qui est en général le cas jusqu'à présent chez nous, malgré quelques aléas.

Seules quelques régions régulièrement défavorisées doivent avoir recours à l'irrigation, ou dans les régions « normales » lorsque l'on désire des rendements optimum.

Aujourd'hui en France l'irrigation utilise environ 3,5 Mds m3 par an, ce qui est très raisonnable mais déjà perçu comme une nuisance car cette eau est prélevée en général pendant la période d'étiage. Certains cours d'eau sont alors presque à sec et les nappes aquifères parfois à la limite.

35 Mds m3 sont prélevés annuellement pour les activités humaines :

Eau potable, eau pour les besoins sanitaires, eau pour les nettoyages de toutes sortes, eau pour l'abreuvement des animaux, eau pour les processus agricoles, eau pour les processus de nettoyage, eau de refroidissement des centrales nucléaires, eau des barrages électriques, eau d'alimentation des réseaux de canaux de navigation, eau pour certains processus industriels, eau pour l'irrigation, etc...

De ces 35Mds m3, seulement 3,5 Mds m3 sont utilisés pour l'irrigation.)

Les 35 Mds m3 d'eau prélevés pour les activités humaines sont pour l'essentiel rejetés dans le milieu après traitement pour purification ( en principe ) ; ils n'affectent donc pas significativement la quantité des eaux disponibles.

Sauf l'eau d'irrigation qui se retrouve dans l'atmosphère par évaporation et évapotranspiration des plantes. Le niveau des cours d'eau et des nappes phréatiques s'en trouve affecté de façon visible, avec certains excès en période de sécheresse.

(Selon les chiffres estimés par le rapport de l'IRSTEA, le cumul des retenues des 125 000 ouvrages recensés en 2016 occupaient une superficie de 2 à 300 000 ha, pour un volume total de 3,8 Mds m3, tous usages confondus, le principal étant bien sûr l'irrigation ).

En zone tempérée l'eau est apportée aux cultures par les précipitations, sauf évidemment les cultures sous serres, qui pratiquent habituellement l'irrigation.

Encore faut-il que ces précipitations correspondent, en temps et en quantités, aux besoins de la culture considérée.

Ces besoins en eau sont très dépendants du type de culture, de son cycle de maturité, de la météo (ensoleillement, température, hygrométrie, vent ), et bien sûr du type de sol, de ses caractéristiques de percolation, de son degré d'humidité, etc.

L'objectif étant d'obtenir le bon degré d'humidité du sol correspondant aux besoins de la plante à « ce » moment de la maturité.

( Les besoins en amendements et intrants divers sont une autre affaire...)

On comprend que les résultats de l'agriculture pluviale dans ces conditions soient très dépendants d'un ensemble de paramètres dont très peu sont sous contrôle, malgré des prévisions météo de plus en plus précises, qui annoncent le temps qu'il va faire, mais qui de peuvent pas le modifier ...

( Certains pays, notamment dans le Golfe, expérimentent des procédés visant à exercer un certain contrôle sur les précipitations; on peut également agir localement pour éloigner le risque de gel, par des feux ou des tirs de fusées...)

Une des conséquences du réchauffement de l'Atmosphère est le dérèglement climatique, qui modifie tous les paramètres qui conditionnent la croissance des végétaux et en particulier ceux issus de l'agriculture pluviale.

L'irrigation, qui permet de garder le contrôle de l'alimentation en eau des cultures en s'affranchissant de l'intermittence incontrôlable des précipitations naturelles, apporte un remède à ce dérèglement.

Le dérèglement durable du régime des précipitations induit la nécessité d'une part d'adapter les types de cultures au nouveau climat, et d'autre part d'augmenter le recours à l'irrigation.

L'adaptation de l'agriculture, et du couvert végétal en général, aux nouvelles conditions climatiques des prochaines décennies constitue un challenge au moins aussi important que la transition énergétique.

Assez logiquement la gestion générale de l'eau en métropole est organisée en 7 bassins versants qui constituent 7 ensembles caractérisés par des climats différents, des régimes de pluviométrie différents, des besoins différents, et donc des politiques de l'eau adaptées.

Chacune de ces régions hydrographiques est gérée par une agence de l'eau dont le rôle sera essentiel dans la future politique agricole du Pays.

Chaque bassin établit un SDAGE ( Schéma Directeur pour l'Aménagement et la Gestion de l'Eau ) pour des périodes de six ans ( Actuellement 2022-2027 ).

L'eau de pluie est gratuite, comme le rayonnement solaire; son usage ne représente aucun coût pour l'exploitant agricole, par contre sa survenue est aléatoire. De nos jours l'agriculteur dispose des informations météo assez précises pour prévoir les précipitations, mais évidemment sans pouvoir de contrôle ( comme pour le vent et l'ensoleillement, il faut prendre ce qui vient...)

Le recours à l'irrigation induit des dépenses spécifiques liées aux installations de stockage et de distribution, au paiement de redevances selon l'origine de l'eau, aux frais d'exploitation et de gestion du système en fonction des données météo.

Ces coûts supplémentaires doivent être compensés par des rendements améliorés et une régularité de production.

a modification du climat induira un changement du régime pluvial qui rendra inévitable l'extension des zones où l'irrigation deviendra la norme, malgré une nécessaire adaptation des espèces cultivées .

De même que la production d'électricité éolienne et solaire ne peut être rendue efficace que par des dispositifs de stockage de compensation de l'intermittence, l'extension de l'irrigation ne pourra être efficace que si l'eau est stockée pour être disponible en l'absence de pluie.

Dans les deux cas il faudra mettre en place des dispositifs de stockage qui seront pour l'essentiel des réserves d'eau.

Le dispositif de stockage naturel constitué par les nappes aquifères est déjà largement utilisé pour différentes applications, notamment l'irrigation, l'eau potable, etc. Mais les quantités prélevées ne doivent évidemment pas dépasser les capacités de renouvellement par l'infiltration des eaux pluviales.

Le prélèvement direct dans les cours d'eau ( Pompage et/ou bassin de rétention) pose le même type de limitation et ne concerne que les zones proches des cours d'eau.

L'autre procédé consiste à stocker l'eau des précipitations sur ou à proximité des lieux d'utilisation grâce à des bassins artificiels. Mais il s'agit d'un détournement d'une ressource naturelle normalement utilisée pour maintenir la biodiversité d'une zone, son couvert végétal, ses zones humides, et sa capacité à alimenter les eaux souterraines.

Il n'y a donc pas de procédé dépourvu d'inconvénients. Les Agences de l'eau des bassins versants ont pour tâche de gérer les différents procédés au mieux de l'intérêt général.

Le temps où l'on pouvait noyer des villages entiers pour édifier des barrages est révolu.

La protection de l'environnement en général et de la biodiversité en particulier est une démarche aujourd'hui structurée et incontournable. Les recours contre toute tentative de création d'une emprise au sol aux fins de constituer une réserve d'eau à usage agricole rendront extrêmement difficile l'aboutissement des projets de quelque importance.

Il est probable que, si le basculement de l'agriculture pluviale vers l'agriculture d'irrigation devient une nécessité incontournable, il en résultera une sorte de « guerre de l'eau » dont les prémices sont déjà perceptibles aujourd'hui.

Ce problème concerne également les énergies renouvelables éoliennes et solaires ; il peut constituer un frein au développement de ses énergies, et entraver sérieusement l'évolution de l'agriculture.

Bibliographie :

https://www.eaufrance.fr/sites/default/files/2019-03/bnpe_2016_201903.pdf

https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/besoins-eau-plantes/

https://www.eaufrance.fr/les-precipitations-efficaces

https://echo2.epfl.ch/e-drologie/chapitres/chapitre4/chapitre4.html

https://www.ecologie.gouv.fr/gestion-leau-en-france

https://www.ecologie.gouv.fr/secheresse

https://www.lesagencesdeleau.fr/les-agences-de-leau/les-six-agences-de-leau-francaises/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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29 décembre 2022 4 29 /12 /décembre /2022 17:06

 

Vers une transition énergétique de la sainte farce ?

29 Décembre 2022

Bien que l'origine fossile du charbon, du Gaz, et du pétrole, soit connue depuis longtemps et donc également leur caractère de réserve limitée, la question de leur substitution par d'autres sources énergétiques pérennes ne s'est jamais posée tant que le développement industriel de la planète est demeuré dans des limites raisonnables.

Autrefois, le bois, puis le charbon, suffisaient aux besoins d'une industrie naissante et aux besoins du foyer.

Pour les applications non industrielles les énergies renouvelables étaient toujours sollicitées : moulins à eau et à vent, navigation à voile, force animale, force humaine, énergie solaire, sans oublier l'huile de baleine, chère au cœur des bayonnais.

Les découvertes de la machine à vapeur, du moteur à combustion interne, de la turbine à vapeur, et surtout de l'électricité, ont initié une explosion industrielle et technologique, source d'une consommation d'énergie colossale facilitée par le pétrole et le gaz naturel venus s'ajouter au charbon.

Les « vieilles énergies » renouvelables ne pouvaient rivaliser avec la formidable puissance du trio fossile. Elles furent reléguées au rang de distractions pour les touristes et les sportifs : La navigation à voile et la force animale des chevaux devinrent des distractions sportives, les vieux moulins à vent et à eau furent convertis en demeures de campagne ou en chambres d'hôtes.

( La découverte de l'électricité remit les moulins à eau au goût du jour sous forme de turbines hydroélectriques couplées à des barrages ou des cours d'eau; Les éoliennes autrefois pompes à eau furent converties à la production électrique…).

Les besoins d'énergie de cette société de progrès technologiques devinrent si énormes que seuls les fossiles purent la satisfaire, les renouvelables ne faisaient pas le poids.

Droguées aux fossiles, les sociétés humaines développèrent une addiction au trio pétrole-charbon-gaz devenu dès lors une composante inséparable de la course au progrès.

C'est ce trio qui fait tenir debout la civilisation moderne.

La plupart de nos activités sont désormais associées à une consommation d'énergie.

La perspective de l'épuisement inexorable des réserves fossiles n'inquiétait que quelques rares naturalistes dont les avertissements restaient parfaitement inaudibles des décideurs de la planète. Ces lanceurs d'alerte avant l'heure furent marginalisés et leurs discours alarmistes tenus pour fantasmes délirants.

Et puis, les crises pétrolières ont mis en évidence le lien vital entre le progrès technologique et la consommation d'énergie.

La notion de « pic de production » est alors apparue dans les analyses, avec des nuances, selon le type de fossile, sur les échéances probables de survenue de la pénurie désormais inéluctable.

L'idée d'épuisement inexorable des réserves de combustibles fossiles fit son chemin dans les esprits et dans l'opinion.

Mais, le grand battage médiatique autour des nouvelles énergies renouvelables ( les mêmes qu'autrefois mais à la sauce technologique moderne ) instilla dans l'opinion l'idée qu'il n'y avait pas le feu au lac ; que l'éolien, le solaire, l'hydraulique, la biomasse, et la géothermie, suppléeraient sans problème à la disparition des fossiles.

On évoqua même la possibilité d'un pétrole abiotique, donc illimité, et d'aucuns firent état de l'existence de sources d'Hydrogène naturel ( authentiques mais encore au stade de la recherche ).

Les renouvelables seraient donc prêtes à prendre la relève des fossiles le moment venu.

( Avec le soutien éventuel du Nucléaire, malgré sa réputation sulfureuse...)

L'erreur fut de ne pas réaliser que le moment était déjà venu, car le danger venait d'ailleurs.

Le chiffon rouge signalant l'obstacle de l'épuisement des fossiles n'était qu'un leurre cachant le changement climatique crée par ces mêmes fossiles et menaçant la Planète pour demain matin, voire même dès aujourd'hui.

( On découvrit que sous l'appellation assez neutre de « changement climatique » se cache en effet un paquet cadeau, une sorte de boîte de Pandore réunissant en vrac la désertification de vastes zones aujourd'hui prospères, le stress hydrique de nombreuses régions aujourd'hui tempérées, la montée des eaux océaniques effaçant les peuplements littoraux, la menace permanentes de cyclones et de pics de chaleur au-delà des conditions humainement tolérables, et surtout un emballement du dérèglement thermique sous l'effet de la fonte du pergélisol dégageant du Méthane, par la disparition des glaces des pôles modifiant l'albédo dans le mauvais sens, par la déforestation sauvage, le tout sur fond de migrations de peuples et donc d'affrontements inévitables... )

Pourtant, dès le milieu du XXè siècle, les experts du climat ont sonné le tocsin au sujet d'un problème nouveau relatif à l'augmentation de la température de la basse Atmosphère sous l'effet des émissions de CO2 générées par la combustion des fossiles.

( Charles David Keeling et al., effet de serre, 1958 )

Il était question de risque de changement climatique cataclysmique si l'accroissement de température dépassait quelques degrés.

Mais quelques degré de plus sur une température absolue de 300 K ne font que moins de 1%, pas de quoi effrayer les foules. Personne ne s'émut, sauf les peuples qui commençaient déjà à subir les conséquences.

Pour suivre cette évolution et caractériser les paramètres influençant le climat et la température, et en déterminer les conséquences, un organisme international fut chargé de centraliser toutes les recherches mondiales ( GIEC ) pour informer les dirigeants de la Planète sur des bases scientifiques.

Des financements considérables furent consacrés aux travaux à l'origine des rapports, afin d'établir des prévisions sur des bases de plus en plus solides.

Les prévisions des experts ne laissent aucun doute sur la gravité du problème et des bouleversements climatiques attendus SI des mesures drastiques de mitigation ne sont pas très rapidement mises en œuvre.

Les premiers rapports du GIEC datent de plusieurs décennies, et contiennent déjà ces alarmes. Les rapports suivants n'ont fait que préciser les valeurs de référence et mieux évaluer les conséquences d'une possible inaction des Etats.

Nous devions donc, et de façon urgente, nous passer des sources fossiles d'énergie, et ceci sans attendre leur épuisement naturel.

Cet impératif est mondialement reconnu et quantifié depuis trois décennies.

( Convention cadre des Nations Unies, Sommet de Rio 1992 )

On ne peut dénombrer la multitude de réunions internationales aussi bien techniques que politiques, pas plus que les avertissements alarmants des organismes officiels, ni les efforts réels déployés pour le développement des énergies renouvelables éolienne et solaire, et la communication permanente sur l'urgence de concrétiser la transition énergétique.

Or, encore actuellement, et comme par le passé, 80% de l'énergie utilisée dans le monde provient des fossiles.

Il s'agit donc d'un échec, si les mots ont un sens.

Cet échec peut être masqué par la communication des Etats, relayée par les médias, sur les « bons » résultats du développement des énergies renouvelables.

Mais les chiffres ne sont pas contestables, les énergies fossiles sont toujours maîtresses du terrain, donc de la politique mondiale de développement.

Ce triste constat mérite à tout le moins une tentative d'explication.

Le critère d'évaluation de la réussite, ou non, de la civilisation moderne basée sur la notion de progrès économique, est le PIB.

Les experts ont montré le lien direct entre le PIB et la consommation d'énergie.

Compte tenu de la croissance démographique mondiale attendue ( de +30% à +50% d'ici 2050 toujours selon les experts), le maintien de ce lien entre PIB et consommation d'énergie conduit donc au même taux de croissance de la demande énergétique.

( Pour rompre ce lien, il faudrait changer la société et bâtir le bien-être des peuples sur autre chose que le PIB ; certains s'y emploient mais leurs théories ont l'inconvénient de n'être que des théories..)

Il nous faudra donc continuer à vivre avec le lien PIB- Energie et effectuer la transition énergétique dans la perspective d'une demande croissante d'énergie.

Dans cette hypothèse, les sources décarbonées devront donc être capables de fournir la quantité d'énergie correspondant à cette demande croissante.

Les sources décarbonées susceptibles de remplacer les fossiles d'ici de prochain siècle sont aujourd'hui connues.

Il n'existe aucune certitude quant à la capacité de ces énergies à se substituer aux fossiles dans le schéma actuel de développement économique de la Planète, même en incluant le nucléaire.

Démarrer la transition énergétique en fixant un calendrier contraignant revient donc à sauter d'un tremplin sans s'assurer d'abord qu'il y a de l'eau dans la piscine !

D'autre part ces sources, y compris le nucléaire éventuellement, fournissent de l'électricité. Cette électricité ne se stocke pas; elle doit donc soit être utilisée sur les lieux de production, soit distribuée par un réseau couvrant le territoire à mailles serrées.

Ces obligations constituent un obstacle pour les pays en voie de développement, et les territoires étendus à population dispersée.

Actuellement, l'usage des fossiles permet de s'affranchir de ces problèmes ; on peut transporter du pétrole n'importe où dans un camion fonctionnant au pétrole pour alimenter des engins de chantier fonctionnant eux-même au pétrole, et utiliser des groupes électrogènes à pétrole pour les besoins locaux d'électricité.

Dans ces cas difficiles ( mais nombreux ) il serait possible de faire appel aux biocarburants, à carbone recyclable, mais la ressource disponible ( Biomasse ) est la même que celle qui permet les cultures vivrières et l'entretien du couvert forestier qui contribue à la régulation du climat. Ce qui pose un sérieux problème.

Pensons aux onze Milliards de bouches à nourrir en 2050...

Quelles que soient les solutions de remplacement des fossiles, l'énergie deviendra une denrée rare ; la transition devra s'accompagner d'un sévère plan de sobriété  énergétique touchant à la fois la technologie et les modes de vie :

Isolation thermique des bâtiments, généralisation des pompes à chaleur, implantation des parcs éoliens et solaires, développement des moyens de stockage d'électricité, des stations d'électrolyse pour alimenter la filière Hydrogène, extension des réseaux d'interconnection électrique européens, développement des réseaux de transport collectifs électriques, sans compter l'extension et la modernisation de l'outil électro-nucléaire éventuellement.

Tout cela coûtera des milliers de milliards.

Aujourd'hui les modes de vie sont établis sur la base d'une énergie disponible en quantités illimitées, et pour un coût acceptable.

Demain ces modes de vie devront s'adapter à une énergie parcimonieuse, ce qui implique : Des logements plus petits et mieux isolés, des déplacements en véhicules individuels limités, un usage généralisé des transports collectifs, des loisirs moins énergivores, des commerces de proximité, davantage de télétravail, des loisirs de proximité, etc.

Sans compter les dépenses engagées pour lutter contre les risques majeurs du dérèglement climatique, notamment en zones littorales, et pour soutenir l'agriculture et l'élevage et gérer les mouvements de populations.

Seules les économies très solides et très bien gérées seront capables de s'y attaquer autrement que dans le désordre et/ou pour la satisfaction d'intérêts locaux ou électoraux.

D'autres milliers de Milliards seront par ailleurs nécessaires pour pallier les conséquences du changement climatique qui se produira de toutes façons, les deux à trois degrés d'augmentation de la température étant quasiment acquis pour la fin du présent siècle, toujours selon les experts.

Cette transition énergétique risque fort de se transformer en transition de civilisation.

Certains experts prédisent une récession inévitable.

Il est évident que dans un système qui lie le PIB et la consommation d'énergie, la récession est une conséquence mécanique de la baisse durable des ressources énergétiques.

Les pics de production du pétrole et du Gaz étant déjà atteints, il n'est pas nécessaire d'être un expert pour prédire le résultat.

Des tentatives existent pour promouvoir des systèmes d'organisation sociale qui échapperaient au lien entre le PIB et la consommation d'énergie. Le PIB lui-même étant remplacé par d'autres critères plus en rapport avec le bien-être, une sorte de BIB, Bonheur Intérieur Brut, qui serait décorrélé de la consommation d'énergie, et permettrait de valoriser la recherche de la sobriété énergétique.

Il s'agirait en somme de refaire le monde, ce qui a déjà été tenté dans le passé avec les résultats que l'on sait.

Mais, entre l'Utopie de Thomas More et le meilleur des mondes de Huxley, le risque est grand de rencontrer 1984, voir même pire.

Ne pas faire de la transition énergétique une transition vers le chaos, voilà déjà un objectif honorable.

Or l'état actuel de la gouvernance mondiale donne déjà une assez bonne image de ce que peut être un chaos.

La transition énergétique va bouleverser les schémas d'accès aux ressources de la Planète ; on parle déjà de difficultés d'approvisionnement à propos du Lithium, du Cuivre, du Cobalt, des Terres rares, etc, et du minerai d'Uranium si le Nucléaire retrouve une seconde jeunesse.

Si l'on ajoute la raréfaction des ressources en eau, voilà un tableau bien propice à des affrontements que, pour le moment, personne ne sait gérer.

On comprend dès lors le peu d'empressement des décideurs de tous bords à lâcher spontanément les fossiles, encore disponibles, pour d'autres solutions pas vraiment maîtrisées.

Aujourd'hui le monde fonctionne avec les fossiles ; plus ou moins bien, mais il fonctionne, et leur abandon volontaire nécessite de construire un autre monde.

Les matériaux pour construire cet autre monde ne sont pas encore disponibles en quantités, ils sont très onéreux, leur utilisation pose problèmes et on se sait pas s'il y en aura pour tout le monde.

Faut-il s'étonner qu'il y ait si peu de volontaires pour sauter le pas ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 décembre 2022 5 16 /12 /décembre /2022 18:47

 

L'avenir énergétique, l'avenir tout court ?

16 Décembre 2022

Jadis un certain professeur Kardachov proposa une échelle de développement des civilisations extraterrestres basée sur leur capacité à accéder à l'énergie. Il définit ainsi trois types principaux de civilisations auxquelles nous pourrions être confrontés :

Le type I, qui accède à toute l'énergie disponible sur sa planète.

Le type II, qui accède à toute l'énergie disponible sur son étoile.

Le type III, qui accède à toute l'énergie disponible dans sa galaxie.

Le choix de l'énergie comme critère de civilisation est en soi révélateur de l'importance que cet auguste personnage lui accordait, au détriment de concepts « mineurs » comme les valeurs de l'esprit, l'harmonie des sociétés, le bien-être, la liberté, la coexistence heureuse des différentes espèces, la préservation de l'environnement, etc, toutes choses qui nous paraissent une sorte de saint graal que chacun poursuit sa courte vie durant, du moins en rêves.

Mais Adam et Eve sont sortis de l'Eden et depuis il s'est passé bien des choses.

Concrètement, si nous regardons l'évolution des sociétés humaines autoproclamées civilisées, nous constatons effectivement que l'énergie est devenue le sang qui les anime ; Kardachov avait donc raison ?

Nous-autres terriens n'avons pas encore découvert la possibilité d'accéder à toute l'énergie de notre planète, et il s'en faut de beaucoup...

Nous appartenons donc à une branche mineure du type I. Autant dire sans grand intérêt pour les « élites » des types II et III que nous ambitionnons de contacter ( voir projets OZMA et SETI richement dotés ).

(Pour leur dire quoi, ceci est une autre histoire.)

Longtemps nous n'avons utilisé que l'énergie du vent, du rayonnement solaire, de l'eau, et la force animale (Y compris celle de l'Humain). Et puis les énergies fossiles ont été découvertes, nous permettant d'accéder à un niveau dit « supérieur », toujours énergétiquement parlant, mais encore hélas dans le type I, les fossiles n'étant que des réserves rapidement épuisables*, rien à voir avec « toute l'énergie de la planète » .

*(Il nous aura fallu moins d'un siècle pour en voir le fond...)

Stade cependant suffisant pour découvrir que la Planète contient potentiellement des quantités prodigieuses d'énergie et que l'énergie fossile allait bientôt s'épuiser.

Par « énergie de sa planète » et « énergie de son étoile », Kardachov faisait évidemment allusion à la fission et à la fusion nucléaires, du moins on peut le penser.

( La fission des noyaux atomiques est l'une des principales sources accessibles de l'énergie interne du globe, de même que la fusion est celle du Soleil ).

Quelques dizaines d'années ont suffi pour mettre la main sur l'énergie de la fission nucléaire à partir de laquelle nous avons produit un peu d'électricité et beaucoup d'armes de destruction massive. Mais ce n'est qu'un début.

Le stade de la fusion nucléaire a été aussi abordé, avec un certain succès, mais pour produire des armes de destruction encore plus puissantes*. Le « génie » de l'Homme n'est pas allé jusqu'à domestiquer cette énergie.

( Nous essayons, mais sans succès jusqu'à présent )

*( Il faut noter au passage que la première application de l'énergie de fission fut une arme de destruction ( Bombe A ), et qu'il en est de même pour la fusion (Bombe H ). De l'énergie, oui, mais d'abord pour détruire ( s'autodétruire ?...).

Décidément, le passage au type II doit se mériter...

Nous sommes ainsi aujourd'hui dans la situation de voir notre principale source d'énergie, les fossiles, disparaître par épuisement.

Pour continuer notre développement basé sur l'énergie, nous avons alors un choix à faire :

Soit nous contenter des sources d'énergie de surface déjà citées, et alors renoncer à finaliser le stade I. En somme, demeurer des « ploucs » du cosmos .

Soit tenter de s'approprier une partie de l'énergie interne de la planète pour essayer de finaliser le stade I et entamer la transition vers le stade II.

La fission nucléaire permet déjà d'initier le mouvement, mais le saint graal demeure la fusion qui ouvrira des horizons bien plus larges et nous ferait entrer dans le stade II.

( Les Pythonisses de service n'ont pas précisé la nature de ces horizons, la gloire ou l'extinction de l'espèce ; nous ne sommes pas sortis de l'auberge...)

Il n'existe pas d'instance de décision planétaire, qui pourrait décider de ce choix. Il n'y aura donc pas de choix, et les choses iront comme de coutume selon les intérêts des puissances du moment...Les orientations dépendront de la puissance des armes et/ou de celle de l'argent.

Aujourd'hui cependant il se développe, parmi les pays nantis, un mouvement en faveur du schéma Kardachov, c'est-à-dire toujours plus d'énergie et donc aller chercher celle de la Planète et du Soleil.

( Peu de voix se sont élevées en faveur d'un avenir de « ploucs du cosmos ». Il est vrai qu'après avoir goûté au miel il est rare que les gourmets reviennent à la bouillie d'avoine...)

Quel qu'il sera, notre avenir selon Kardachov est donc dans les travaux sur la fusion nucléaire contrôlée ( L'énergie de notre étoile) sur laquelle travaillent toutes les puissances de la Planète, mais sans espérer de résultats industriels avant le prochain siècle.

Or, durant les prochaines décennies, les fossiles qui fournissent aujourd'hui 80% de l'énergie consommée dans le Monde, seront en phase terminale selon tous les experts.

Les énergies de surface ( Vent, Soleil, eau ) ne suffiront pas à remplacer les fossiles mourants, toujours selon les mêmes experts. Surtout si la demande d'énergie continue d'augmenter...

Pour tenter de conserver notre position dans la course pour finaliser le stade I, il nous restera donc la fission nucléaire en attendant un hypothétique accès à la fusion.

De nombreux pays ont commencé à concrétiser cette démarche :

(En 2021 il existait 436 réacteurs nucléaires à fission dans 33 pays, et 27 centrales sont en construction. Des réacteurs de recherche pour tenter d'industrialiser la fusion existent dans toutes les régions avancées.

(Sachant que ce mouvement vers le nucléaire n'est pas un choix, mais une obligation puisque c'est la seule possibilité de conserver le mode de développement des sociétés basé sur la consommation d'énergie).

Il y a bien une alternative, qui consisterait à sortir du schéma Kardachov pour adopter un mode de gestion des sociétés humaines qui ne serait pas conditionné par toujours plus de machines, c'est-à-dire toujours plus d'énergie.

Mais aujourd'hui personne ne possède la solution qui permettrait d'appliquer ce programme sans créer les conditions de désordres sociaux calamiteux dont les conséquences seraient bien pires que les nuisances gérables des installations de production électronucléaires judicieusement construites et administrées.

Nous sommes des apprentis sorciers qui avons ouvert la boîte de Pandore et sont bien incapables de gérer les maux qui en sont sortis.

Mais tout n'est pas perdu, il paraît que dans le fond de la boîte il restait l'espérance ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 12:32

 

Nucléaire et renouvelables, des ennemis complémentaires ?

13 Décembre 2022

En situation « normale », la production d'électricité en France est de 530 TWh bon an mal an.

Cette production correspond donc à une puissance moyenne de 60 GW, à laquelle contribuent diverses sources : Nucléaire, Hydraulique, Eolien, Solaire, Bio, Charbon, Fuel, Gaz, et un peu de Géothermie.

Le parc nucléaire français fut construit au siècle dernier* pour délivrer une puissance moyenne d'environ 50 GW , obtenus avec une puissance installée de 62,5 GW et un facteur de charge de 0,80, valeur tenant compte des réacteurs en arrêt pour changement du combustible, des révisions périodiques programmées, des grands carénages décennaux, et de la maintenance.

*( 56 réacteurs raccordés au réseau entre 1978 et 1999 )

Cette puissance moyenne nucléaire permettait encore en 2018 de produire annuellement 440 TWh représentant 80 % de la production électrique totale, les 20% restant étant pris en charge par l'hydroélectrique, quelques centrales thermiques et des renouvelables.

Les 530 TWh produits par l'ensemble des sources permettaient ainsi à la France d'avoir un solde exportateur positif sur les échanges électriques dans le marché européen.

La consommation finale intérieure était d'environ 500 TWh, après déduction des pertes réseau, et des consommations internes du secteur énergétique, et des exportations .

Le Nucléaire et l'Hydroélectrique constituaient une paire assurant l'essentiel des besoins électriques du pays, comme l'avaient voulu les gouvernements d'alors .

Mais çà, c'était avant la décision d'Etat de réduire l'importance du parc nucléaire jusqu'à un niveau de 50% de la production électrique, réduction qui « serait » compensée par un parc de renouvelables éolien et solaire et par une vigoureuse politique d'économie d'énergie.

( Décisions que nous ne commenterons pas ici bien entendu ).

Les mots clés étant la réduction du Nucléaire compensée par les renouvelables.

Cette réorientation fut suivie des effets auxquels on pouvait logiquement s'attendre :

Fermeture des deux réacteurs de Fessenheim, avec le déficit de production associé (1,3 GW).

Réduction des efforts de modernisation des réacteurs les plus anciens, destinés à disparaître.

Arrêt des investissements sur les programmes de nouveaux réacteurs, toujours dans la même logique.

Impact sur le programme EPR, dont la poursuite ne cadrait plus avec la décision de retrait progressif.

Pertes de compétences technologiques liées à l'absence de perspectives de développement de la filière.

Les événements actuels, qui ont conduit à l'arrêt de près de la moitié des réacteurs, ne sont pas étrangers à cette ambiance de fin de règne.

( Divers épisodes ont contribué à la situation actuelle, entraînant un accroissement considérables des arrêts pour maintenance : Travaux de mise en conformité aux nouvelles règles de sécurité post Fukushima, problèmes d'étanchéité de barres de combustibles, et plus récemment problèmes de corrosion sous contraintes nécessitant des investigations pointues et des travaux de remplacement de tuyauteries sur certaines tranches ).

Le deuxième volet de la stratégie d'Etat, développement des renouvelables pour compenser la baisse du nucléaire, se fait « un peu » attendre.

L'hydraulique est l'arme au pied dans l'attente des décisions sur l'ouverture à la concurrence.

Le solaire progresse mais son faible rendement intrinsèque et son activité essentiellement diurne sont des handicaps certains.

Quant à l'éolien il rencontre une forte opposition des riverains et le premier parc offshore vient seulement d'être inauguré.

La remise en route progressive des tranches nucléaires arrêtées s'effectue sur plusieurs mois compte tenu de l'importance des travaux de remise en état, qui doivent être menés en zone irradiée tout en respectant les planning des grandes visites décennales et les arrêts pour changement de combustible .

La récupération des installations est en bonne voie.

Après être tombée à 25 GW ( - 50% ), la puissance électronucléaire est remontée à 41 GW, ce qui laisse encore un déficit nucléaire d'une quinzaine de GW à recouvrer dans les prochaines semaines.

Aujourd'hui la puissance appelée par le réseau atteint 80GW, qui n'ont pu être obtenus que grâce à des importations ( Une dizaine de GW ).

Mais ce stade déjà critique peut être dépassé en Janvier-Février, voire avant, selon la conjoncture hivernale et le niveau de récupération du parc nucléaire.

Par ailleurs le recours aux importations a des limites qui sont d'une part celles de la capacité physique des échanges transfrontaliers avec le ou les Pays éventuellement fournisseurs et d'autre part la disponibilité des quantités demandées.

( Pour le prix, il faudra faire avec ...)

Selon la configuration de ces quatre paramètres de la conjoncture, il pourrait être nécessaire de procéder à des délestages dans les prochaines semaines.

Monsieur Candide pourrait alors s'étonner de cette nuisance, et nous faire remarquer que les efforts de développement des énergies renouvelables devraient pouvoir compenser ce fâcheux déficit.

Bon sang mais c'est bien sûr, l'éolien et le solaire ont progressé depuis dix ans et affichent aujourd'hui une puissance installée de 32 GW ! Largement suffisante pour combler le déficit  à première vue.

Hélas il n'en est rien.

Pour l'éolien et le solaire, le chiffre de la puissance installée est impressionnant mais ne suffit pas à déduire la capacité de production ni d'intervention sur le réseau à un moment donné. La puissance réellement délivrée est directement fonction de la force du vent et de l'ensoleillement. C'est une production intermittente non pilotable.

On sait ce qu'il en est de l'ensoleillement en hiver, et la nuit, et de la force du vent en régime anti-cyclonique.

Actuellement ces deux énergies renouvelables ne permettent pas de compenser la baisse du nucléaire.

L'hydroélectrique fait ce qu'il peut, mais sa capacité d'intervention est limitée par le contenu des barrages ; c'est évident mais encore fallait-il le rappeler*.

*Aujourd'hui certaines stations hydroélectriques sont équipées de turbines réversibles qui permettent de stocker de l'électricité verte lorsque la demande du marché est faible, notamment la nuit.

Ce constat permet de prendre la mesure du risque encouru en accordant à l'éolien et au solaire une part trop importante en l'absence d'infrastructures de compensation de l'intermittence.

Cette fâcheuse situation a l'avantage de clore le débat sur l'opportunité de s'appuyer ou non sur le nucléaire pour éviter de tomber durablement dans le piège de la dépendance énergétique dont on voit aujourd'hui les inconvénients.

Entre la vulnérabilité d'un nucléaire vieillissant et l'intermittence des renouvelables non pilotables il va être difficile de trouver la voie du salut qui nous permettra d'échapper aux fossiles.

L'épisode que nous vivons risque fort de se reproduire de façon endémique; le système actuel d'équilibrage du réseau par l'adaptation de la production à la demande doit être inversé, c'est la demande qui doit désormais s'adapter à l'offre.

Cette adaptation ne doit pas être mise en œuvre par des délestages intempestifs mais en collaboration avec les utilisateurs à travers le « réseau intelligent ».

Le compteur Linky a été prévu pour cela.

Il est urgent d'investir dans la valorisation de ce compteur qui est conçu pour piloter chez l'usager un gestionnaire d'énergie orchestrant les appareils gros consommateurs : chauffage, eau chaude sanitaire, recharge de batterie de véhicule électrique, gestion des échanges entre VE et batterie domestique, gestion concertée de l'auto-production, lave-linge, lave vaisselle, appareils de cuisson, etc.

Des mesures telles que la limitation temporaire de puissance pourraient être mises en œuvre rapidement* et permettraient d'éviter des délestages qui peuvent être très gênants pour les clients.

*Ces mesures ne nécessitent aucune installation supplémentaire .

La mise en œuvre de ce réseau intelligent permettra de réduire le besoin en puissance pilotable installée de 10 à 20 GW*, ce qui représente 7 à 14 réacteurs EPR !!!

L'économie réalisée ( 50 à 100 Milliards) pourrait être en partie orientée vers l'adaptation des interfaces clients pour mettre en œuvre les fonctions de ce nouveau réseau.

*La puissance moyenne demandée par le réseau actuellement est de 60 GW, mais la puissance crête peut dépasser 90 GW , voire davantage selon les circonstances. Il est donc nécessaire d'avoir des moyens de production capables de soutenir cette demande. Le réseau intelligent permettra de « lisser » la demande grâce à une distribution en « temps partagé » dans les périodes critiques.voir :

file:///C:/Users/root/Pictures/Rapport_REX_Demonstrateurs_Smart_Grids.pdf

 

 

 

 

 

 

 

 

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