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30 juillet 2024 2 30 /07 /juillet /2024 18:46

Les énergies renouvelables, où en sommes-nous ?

30 Juillet 2024

Les énergies renouvelables occupent le devant de la scène depuis deux décennies.

Il est bon aujourd'hui de faire un état d'avancement de ce projet planétaire dont le succès, ou l'échec, conditionnera la pérennité de nos modes de vie actuels fondés sur le machinisme au sens large, lui-même dépendant au premier chef de la disposition d'énormes quantités d'énergie.

Le graphique suivant décrit l'évolution de la part des différentes sources dans la consommation mondiale d'énergie primaire sur les deux décennies écoulées.

Les données complètes sont ici :

https://www.connaissancedesenergies.org/sites/connaissancedesenergies.org/files/pdf-actualites/Statistical%20Review%20of%20World%20Energy.pdf

Les énergies renouvelables, où en sommes-nous ?

Plusieurs remarques :

A quelques pourcents près, la répartition entre fossiles et renouvelables n'a pratiquement pas évolué, ce qui est pour le moins alarmant eu égard à l'urgence de la crise climatique annoncée, et dont les premières atteintes sont déjà perceptibles.

Après deux décennies de mobilisation aux niveaux les plus élevés contre le risque climatique lié aux émissions de CO2 fossile, la part des énergies renouvelables n'a que très peu augmenté, et peine à dépasser la part des « anciennes » énergies décarbonées ( Hydroélectrique et Nucléaire ) qui ont elles-mêmes tendance à baisser.

( Ces dernières baisses étant liées mathématiquement à une production stable confrontée à une demande énergétique en augmentation...).

Les sources d'énergie fossile, qui n'ont perdu que 3% de part sur deux décennies, demeurent ainsi encore largement dominatrices.

Ce bilan chiffré indique que le Monde n'est clairement pas encore entré dans l'ère des énergies renouvelables ; il demeure sous l'empire des fossiles, avec même un petit avantage au charbon, malgré son effet plus nocif sur les émissions de CO2.

La cause mécanique de cette situation peu glorieuse tient à l'évolution croissante de la demande qui demeure supérieure à la production des renouvelables.

( Encore une course à l'échalote...)

Le cumul de la production énergétique des « vedettes » que sont l'Eolien et le Solaire n'atteint en 2023 que 2,4 % de la consommation mondiale d'énergie primaire.

( 4 000 TWh sur 166 000 TWh ).

C'est une part très faible par rapport à l'ambition du projet de convertir à l'électrique une grande partie des applications de la Planète.

Notons que la part du Nucléaire est encore plus faible, 1,6% seulement, avec 2 650 TWh.

Heureusement il nous reste l'hydroélectrique, qui fait 4 300 TWh ( 2,6% ), et la biomasse qui fait environ 10%, avec la Géothermie.

( Cette Biomasse bien discrète possède un potentiel de croissance considérable ).

Au vu de ces résultats peu flatteurs malgré deux décennies de promotion à tous les niveaux, on peut conclure à un échec de l'approche « soft » qui consiste à chercher à atteindre un résultat concluant sans accepter de profonds bouleversements de nos modèles d'économies financiarisées fondées sur la consommation et le profit.

Quels sont les moyens d'inverser cette tendance ?

Jusqu'à présent il n'est pas question de chercher à changer de modèle d'économie mondiale financiarisée. Les sociétés occidentales ne sont pas prêtes à modifier spontanément leurs modes de vie, lesquels sont fondés sur toujours plus de consommation, d'accumulation de biens, de mobilité, de loisirs, et d'exotisme générateur d'échanges planétaires frénétiques.

Et les sociétés en voie d'occidentalisation sont avides de partager les mêmes « idéaux ».

Les « gestes » écologiques consentis ici et là ne sont pas suffisants pour infléchir significativement la marche du Monde.

Reste alors à essayer la solution de s'attaquer à l'Energie elle-même pour tenter d'en réduire le flux.

Freiner la croissance de la demande énergétique mondiale constitue une partie essentielle du challenge.

Mais cette croissance étant proportionnelle à la croissance du PIB, c'est donc aux structures mêmes de l'économie financiarisée qu'il faudrait s'attaquer. Or il n'existe aucun projet global dans ce sens.

Bien au contraire :

Entre 2012 et 2022, La consommation mondiale d'énergie primaire est passée de 528 à 604 Exajoules, soit une augmentation de 14,4 %.

( On pourrait s'en féliciter dans la mesure où l'augmentation de la consommation d'énergie correspond à une augmentation de niveau de vie des populations, mais ce n'est pas forcément le cas partout...).

Compte tenu d'une part, de la croissance démographique prévue ( + 37% d'ici la fin du siècle ), et d'autre part de la forte demande ( Justifiée) d'amélioration des niveaux de vie des pays en voie de développement, il ne faut pas trop espérer une baisse spontanée de la demande énergétique mondiale.

Pour tenter de contenir malgré tout ce débordement de demande d'énergie, deux actions sont engagées ( du moins planifiées sur le papier ) :

La première action consiste à réduire drastiquement le « gap » qui subsiste entre l'énergie « primaire » et l'énergie « finale ».

Sans entrer dans les détails, cela conduit à électrifier les applications qui fonctionnent aujourd'hui avec des fossiles à travers des procédés peu efficaces énergétiquement, essentiellement les moteurs thermiques ; et d'autre part à récupérer la chaleur perdue en pratiquant la cogénération.

La deuxième action consiste en une gigantesque « chasse au gaspi » à tous les niveaux et dans tous les secteurs énergivores.

On pourrait ajouter une troisième action qui consisterait à analyser toutes les applications énergétiques du point de vue de leur utilité réelle, et de la pertinence des procédés mis en œuvre.

Quant à réformer les usages de l'énergie eux-mêmes, il ne faut pas trop y compter avant longtemps...Et pourtant c'est bien là qu'il y aurait matière à économiser l'énergie...

( Limiter les déplacements, construire ( ou reconstruire) des bâtiments à énergie positive, modérer les externalisations, développer les usages des chemins de fer de préférence à la route, etc, seraient très efficaces mais exigeraient d'énormes capitaux ).

La deuxième action consiste à remplacer les fossiles par des renouvelables.

C'était le but au départ, mais qui paraît de plus en plus lointain au regard des piètres résultats obtenus jusqu'à présent...

En tout cas, pour remplacer les fossiles par des renouvelables, il faut d'abord les produire.

S'agissant d'un projet long terme au bénéfice des générations futures, les investisseurs habituels ne se précipitent pas sans d'importantes participations des Etats. Et malgré ces subventions, il subsiste d'importants problèmes d'acceptabilité, de coordination entre les régions du Globe, d'approvisionnement des matériaux nécessaires, de réorganisation des réseaux de distribution de l'énergie, toutes choses qui ne sont pas facilitées par le délabrement actuel des relations internationales, et par la gestion purement financière de l'économie mondiale plus orientée vers le profit immédiat que vers le bien-être des générations futures.

Par ailleurs, le remplacement des fossiles par des sources renouvelables décarbonées se révèle beaucoup plus difficile technologiquement que prévu au premier abord :

Les sources produisant de l'électricité, supposent l'électrification des applications fonctionnant auparavant avec des fossiles. Des secteurs entiers seront directement impactés, avec des investissement colossaux, et parfois des incompatibilités obligeant à trouver d'autres sources d'énergie non électriques mais décarbonées quand même...Biomasse, e-fuels ?

( Contrairement aux apparences, il n'existe pas encore de consensus au sujet du ou des types d'énergies renouvelables qui auraient « droit de cité » pour la transition :

L'énergie Nucléaire est encore contestée par une partie de l'opinion, ce qui plombe tout projet de développement susceptible d'être interrompu par décision d'un nouveau gouvernement...

L'énergie de la biomasse est suspectée d'entrer en conflit avec les usages tels que les cultures vivrières, l'agroforesterie, qui seraient détournées au profit de la production d'énergie.

L'implantation des parcs éoliens se heurte à des conflits d'usages dans les zones fortement peuplées, ce qui en limite drastiquement le potentiel dans certaines régions.

L'usage des biocarburants, et/ou des e-fuels,est contesté en raison d'une part du très mauvais rendement des moteurs thermiques, et d'autre part des émissions de gaz toxiques et de nanoparticules associées.

Toutes ces oppositions larvées, déjà sensibles au niveau actuel de faible production, laissent prévoir de grandes difficultés lorsqu'il s'agira de produire au régime de croisière requis pour remplacer les fossiles ).

Par ailleurs, le solaire PV et l'éolien fournissent une énergie intermittente qui ne pourra être gérée par le réseau que si elle est soutenue en « back-up » par des moyens de production électrique stables et pilotables ; ces moyens doivent être eux-mêmes alimentés par des sources non intermittentes, qui ne peuvent être que des centrales thermiques ( Alimentées par de la Biomasse ou du combustible nucléaire ), ce qui accroît considérablement les investissements.

Et l'électrification globale suppose la généralisation des réseaux électriques modernes et puissants dans toutes les régions du Monde élligibles à la transition énergétique.

Encore des investissements colossaux...

Les deux décennies écoulées ont surtout servi à développer des technologies efficaces, identifier les problèmes que seule l'expérience permet de découvrir, mesurer l'ampleur financière d'une transition énergétique, et prendre la mesure de ce qu'il faudrait faire pour concrétiser les belles courbes de croissance qui ornent les planifications papier.

Cet état des lieux confirme, s'il en était besoin, que les réunions internationales, les comités scientifiques de ceci et de cela, les rapports de 900 pages sur ce qu'il aurait fallu faire, ou ce qu'il faudrait faire si...les courbes des variations prévisionnelles de la température de l'Atmosphère en fonction de telle ou telle stratégie, demeurent impuissants à faire bouger significativement les lignes.

Les deux prochaines décennies seront cruciales pour juger de notre capacité à réaliser la transition énergétique planétaire sans plonger la civilisation actuelle dans un désordre socio-économique où il nous faudrait gérer à la fois les dégâts du changement climatique, le déclin naturel des énergies fossiles, et la crise énergétique due à une production chaotique de sources renouvelables diverses mal maîtrisées.

Les péripéties actuelles de la voiture électrique ne sont qu'un épiphénomène par rapport aux problèmes de fond qui nous attendent lorsque le pétrole et le gaz fossiles viendront effectivement à manquer...

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24 juillet 2024 3 24 /07 /juillet /2024 18:38

E-fuels et Biocarburants, une affaire de Carbone doublement recyclé.

24 Juillet 2024

Certains constructeurs d'automobiles européens doivent préserver leur business de grosses voitures de luxe sur lesquelles de confortables marges sont réalisées.

Ces modèles survitaminés se doivent d'afficher des performances en rapport avec l'égo surdimensionné de l'acheteur visé. Une motorisation de plusieurs centaines de CV est un must, qui doit permettre des accélérations et des vitesses max frisant la formule 1.

Dans un premier temps l'arrivée du moteur électrique dans les voitures a été perçue par ces constructeurs comme une possibilité d'offrir des performances encore supérieures, grâce au couple de démarrage qui n'est limité que par l'adhérence des pneus sur la route.

Et c'est vrai, à condition bien sûr d'avoir une batterie capable de fournir la puissance requise...

( Le, ou les moteurs électriques, ne posent pas problème dès lors que le prix de vente n'est pas limité. Pour la batterie, c'est une autre histoire).

Mais, dans un deuxième temps, il est apparu que, passé le temps d'épater les copains, ces voitures devaient « éventuellement » aussi transporter des passagers sur de longues distances tout en restant dans la file de gauche à une vitesse illimitée, du moins sur 66% du réseau autoroutier allemand.

Et il est très vite apparu que cet exercice ne plaît pas du tout à la batterie, du moins dans sa technologie actuelle.

A ces allures les kWh s'envolent et la capacité de la batterie fond comme neige au soleil. Le temps perdu à la recharge devient vite intolérable et vécu comme une vexation, situation inacceptable pour ce type de clientèle.

Augmenter la capacité de batterie aurait l'effet d'un cautère sur une jambe de bois. L'augmentation de poids résultante aurait pour résultat de pénaliser les performances d'accélération, et d'augmenter le temps de rechargement...

(Les clients de ce type de véhicules ne sont pas du genre à accepter des contraintes, surtout si elles pèsent précisément sur les caractéristiques qui leurs permettent d'affirmer leur statut).

Faire le gros dos et attendre la sortie des batteries miraculeuses promises pour demain matin serait prendre le risque de tuer la poule aux œufs d'or, et surtout laisser la voie libre aux concurrents asiatiques qui s'y connaissent « un peu » en batteries et pourraient bien récupérer aussi ce secteur.

D'où la demande de surseoir à l'application de la Loi 2035 en remplaçant le carburant fossile par des e-fuels, afin de préserver ce marché de niche fort lucratif.

( Bien sûr en attendant les jours meilleurs qui permettront l'accès à des batteries beaucoup plus performantes, et à un réseau de bornes de recharge suffisamment puissantes pour les recharger en dix minutes.

Pour fournir 200 kWh en 10 minutes à une batterie, il faut une borne de 1 200 kW de puissance, à condition évidemment que cette batterie accepte le mode 6C, ce qu'aucune batterie ne sait faire aujourd'hui sur le marché...

Bon courage...

La requête de ces constructeurs de voitures de haut de gamme est d'autant plus justifiée que d'autres clients, même moins fortunés, ne subissent pas la même peine...

En effet, le Parlement Européen est à l'origine de l'initiative ReFuelEU Aviation, qui établit un calendrier pour l'introduction des CDA ( Carburants Décarbonés Aviation ).

Voir :

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2023/10/09/refueleu-aviation-initiative-council-adopts-new-law-to-decarbonise-the-aviation-sector/

Certes l'avion électrique n'existe pas encore, sauf dans les revues spécialisées futuristes ; le basculement sur le e-fuel est donc incontournable, sauf à supprimer les avions, ce que « certains » n'hésitent pas à préconiser.

On peut toujours rêver...

La dérogation à la loi de 2035, demandée par les constructeurs de jouets roulants pour riches, est fondée dans la mesure où il existera déjà de toutes façons un marché pour les e-fuels, comme il existe un marché pour la Biomasse et les biocarburants qui sont indispensables, avec le Nucléaire, à la compensation de l'intermittence des renouvelables décarbonées...

Après avoir été honni, le Carbone devient ainsi une ressource précieuse, du moins dans sa version recyclable :

Recyclé une première fois dans les centrales thermiques brûlant de la Biomasse, il sera récupéré en sortie de ces centrales afin d'être recyclé une seconde fois pour produire des e-fuels avec de l'hydrogène issu de l'électrolyse, voire même de l'Hydrogène naturel si les découvertes récentes sont confirmées.

( L'exercice de trapèze volant exhibé en Amérique du Sud pour produire du e-fuel avec de l'Hydrogène vert et du CO2 « pompé » dans l'air ambiant est un exemple de jusqu'où on peut aller pour échapper à la voiture électrique...).

Le Carbone atmosphérique, principal acteur du désastre climatique, deviendrait ainsi une denrée indispensable au maintient de notre société des machines...

Il n'est pas exclu que ce Carbone devienne une denrée indispensable à la transition énergétique.

Curieux retour des choses …

Au fait, le prix du litre de e-fuel ne saurait refroidir l'enthousiasme des amateurs de super-cars, pas plus que les pourboires laissés aux voituriers des hôtels de luxe...

 

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19 juillet 2024 5 19 /07 /juillet /2024 10:13

20 Juillet 2024

Dans l'article précédent (15 Juillet) nous évoquions le risque de « booster » les ventes de voitures électriques alors que l'électricité est encore à 64% produite par des fossiles dans le Monde.

L'idée de remplacer les moteurs thermiques par des électriques repose sur le gain d'efficacité énergétique apporté par cette solution, et bien sûr la réduction des émissions de CO2 associée au changement de carburant.

Mais ces avantages ne sont réels qu'à condition de disposer d'une électricité dont la filière de production est elle-même exempte de pertes énergétiques et d'émissions de Carbone fossile.

Or l'électricité qui irrigue la Planète est produite à 64% par des centrales thermiques brûlant des fossiles.

Le schéma suivant montre qu'en électrifiant les voitures dans ces conditions, le gain d'efficacité énergétique est minime et que l'urgence est bien d'agir d'abord sur la production d'électricité afin d'en écarter les fossiles.

Les réseaux de distribution électrique, goulot d'étranglement pour la transition énergétique ?

Le remplacement des fossiles par des Biocarburants ( ou des e-fuels ) dans les voitures résoudrait le problème des émissions de CO2 fossile en le remplaçant par du CO2 prélevé dans l'Atmosphère ( Carbone recyclable ). Mais le problème du mauvais rendement thermodynamique des moteurs subsisterait.

Il demeure donc souhaitable de remplacer les moteurs thermiques par des électriques, mais à condition que l'électricité soit issue de sources renouvelables décarbonées.

( Et à condition que les réseau électrique existe, ce qui n'est pas le cas dans toutes les régions du Monde...).

Par ailleurs, la demande d'électricité est appelée à croître considérablement pour plusieurs raisons :

D'une part l'électrification d'applications aujourd'hui utilisant des fossiles ( Voitures, pompes à chaleur, …), d'autre part les nouvelles demandes des pays en voie de développement.

La deuxième urgence est donc de développer les réseaux de distribution d'électricité sur la Planète afin de créer un terrain propice à l'électrification des applications.

A ce sujet, l'AIE ( Agence International de l'Energie ) pousse un cri d'alarme :

« Sans réseaux électriques adaptés pour connecter les nouvelles capacités de production à la demande, il existe un risque que les transitions énergétiques stagnent »

« Pour atteindre les objectifs de transition énergétique à travers le monde, il serait nécessaire d' ajouter ou rénover un total de plus de 80 millions de kilomètres de réseaux d’ici 2040, soit l’équivalent de la totalité du réseau électrique actuel ». L'AIE juge « vital » de disposer de ces réseaux modernes et numériques pour « garantir la sécurité électrique pendant les transitions énergétiques propres ».

( https://www.connaissancedesenergies.org/les-reseaux-electriques-goulot-detranglement-des-transitions-energetiques-240426)

L'électrification des voitures est donc l'arbre qui cache la forêt des vrais problèmes qui sont :

- La décarbonation de la production actuelle d'électricité.

- Le développement mondial des réseaux de distribution d'électricité, qui soient à la fois suffisamment maillés et suffisamment puissants pour accueillir toutes les nouvelles applications électriques grosses consommatrices d'énergie.

En investissant à tour de bras pour remplacer partout sur la Planète les voitures thermiques par des électriques, on se trompe d'objectif.

C'est un peu comme installer des salles de bains dans des logements qui n'ont pas l'eau courante...

 

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15 juillet 2024 1 15 /07 /juillet /2024 14:19

La biomasse, les biocarburants et les carburants synthétiques, quels rôles dans la transition ?

15 Juillet 2024

Dans la distribution des rôles aux acteurs de la transition énergétique, et dans la mise en scène, l'électricité occupe le devant de la scène :

Eolien, Solaire, Hydroélectrique, sont les rôles titres qui font la une des publications de masse. Ce sont incontestablement des sources naturelles, renouvelables, et dont l'exploitation ne donne lieu à aucune émission de CO2.

( Cette dernière remarque n'inclut pas le CO2 éventuellement émis lors de l'extraction des matériaux nécessaires à la construction des dispositifs de production d'électricité, leur mise en place, leur entretien, et leur recyclage ; toutes choses qui font partie de la face cachée de la transition... ).

Mais, comme tous les grands acteurs, il leur arrive d'avoir des trous, des « intermittences ».

Un manque de Soleil, un défaut (ou un excès) de vent, des réservoirs de barrages vides par manque de pluie...

Comme au théâtre, dans le rôle du souffleur chargé de les soutenir dans ces passages difficiles, il est fait appel à des acteurs moins spectaculaires mais efficaces :

Stations de pompage-turbinage (STEP).

Stockage d'électricité sur batteries, ou autres dispositifs.

Mais il est vite apparu que ces acteurs de complément ne suffiraient pas à assurer le spectacle et qu'ils seraient vite eux-même dépassés en cas de conditions météorologiques durablement contraires.

Pour pallier cette vulnérabilité congénitale des EnR, il a fallu faire appel à des acteurs de remplacement moins prestigieux mais exempts de « trous de mémoire » et donc capables d'assurer le « job » en toutes circonstances.

Il s'agit de centrales thermiques dont les chaudières sont alimentées soit par de la Biomasse ( Déchets de bois, ou Biogaz ), soit par du combustible nucléaire de facture traditionnelle ( fission ) déjà utilisé depuis plus d'un demi siècle ici et là ( ou tout autre version plus moderne...).

La Biomasse et/ou le combustible nucléaire étant stockables en grandes quantités, nous sommes à l'abri des intermittences incontrôlables.

On constate donc déjà à ce stade que l'électricité renouvelable décarbonée ne peut être exploitée efficacement qu'avec l'appui de la Biomasse, ou éventuellement du Nucléaire.

( Ce qui met un terme à la controverse sur l'opportunité de développer la Biomasse énergie...).

Où en sommes-nous aujourd'hui ?

- Aujourd'hui l'électricité renouvelable décarbonée, la seule en odeur de sainteté, ne représente encore que 9%* de la consommation mondiale d'énergie finale ( Voir article précédent ), incluant le Nucléaire.

Autant dire que l'on part de très bas.

*( Les données citées sont mondiales car le problème du CO2 est lui-même planétaire. Il n'y aurait aucun sens à se satisfaire de quelques chiffres régionaux flatteurs non transposables au reste du monde...).

L'électrification de la Planète entière est-elle un objectif réaliste ?

Aujourd'hui, l'électricité représente 25 % de l'énergie finale consommée dans le Monde.

Cette électricité est encore très majoritairement produite à partir de sources fossiles ( 64% ).

Les capacités de la Planète à s'électrifier à 100% ne pourront être estimées avec quelque vraisemblance que lorsque la production électrique sera elle-même entièrement issue de sources renouvelables.

Nous en somme très loin aujourd'hui puisque les fossiles contribuent encore à hauteur de 64% de la production électrique mondiale.

« Avant de viser Mars, il faut d'abord atteindre la Lune... »

Ce n'est que lorsque cette première étape clé sera accomplie qu'il sera permis d'envisager d'augmenter la demande d'électricité en électrifiant des applications qui fonctionnent aujourd'hui avec des fossiles.

Augmenter prématurément la demande d'énergie électrique n'aurait comme résultat que de perpétuer la course à l'échalote sans autre résultat qu'augmenter la consommation de fossiles.

Cette première étape, qui consiste à éliminer les fossiles de la production d'électricité, sera une affaire de longue haleine, susceptible de s'étendre sur plusieurs décennies  ( Dans le meilleur des cas, autour de 2050...).

Ensuite seulement il sera « raisonnable » d'envisager d'élargie l'électrification à des applications utilisant aujourd'hui des fossiles.

Les usages non-électriques de l'énergie représentent aujourd'hui 75 % de la consommation mondiale d'énergie finale.

13% sont déjà fournis par les EnRth ( Biomasse, Biogaz, Biocarburants ), le reste ( 62% ) utilise des fossiles.

Ce « reste » considérable concerne tout les secteurs : Industrie, travaux public, Agriculture, secteur secondaire, secteur tertiaire, transports, etc.

L'électrification des 62% restant de la consommation d'énergie finale mondiale ( aujourd'hui pris en charge par les fossiles ), sera évidemment l'affaire du siècle.

Elle n'aura lieu d'être que lorsque l'on saura déjà produire l'électricité sans faire appel aux fossiles, c'est la moindre des choses.

La ruée sur l'électrification des voitures est justifiée au premier degré par la formidable économie d'énergie théoriquement réalisable en remplaçant un moteur thermique par un électrique, le rendement est amélioré d'un facteur 4 en moyenne.

( 15 kWh/100 km pour une électrique contre 60 kWh/100 km ( 6 L /100) pour une thermique ).

Mais le diable se cache dans les détails.

L'énergie électrique mondiale est fournie à 64% par des fossiles, bien souvent du charbon.

Le rendement moyen des centrales électriques fossiles est de 50% ( 40% pour des centrales à charbon, 60% pour des centrales à Gaz CCCG ).

Les réseaux de distribution électrique induisent des pertes évaluées à 10%, auxquelles il faut ajouter les pertes liées au rendement des systèmes de recharge, et les pertes propres des batteries.

( Pertes qui n'existent pas avec les carburants liquides ).

Donc en pratique, une grande partie de l'énergie économisée au niveau de la voiture électrique est perdue au niveau des centrales thermiques qui participent pour 64 % de l'électricité utilisé.,

Dans ces conditions, le bilan énergétique global est très dégradé et les émissions de CO2 ne sont que légèrement diminuées.

( Au lieu d'être produit par la voiture, le CO2 est produit par les centrales thermiques qui produisent l'électricité ).

Sans compter bien sûr l'énergie et les investissements colossaux nécessaires à la généralisation au niveau mondial des réseaux électriques nécessaires pour alimenter les 1,8 Milliards de véhicules concernés.

Donc la « formidable » économie d'énergie attendue de la voiture électrique n'est qu'un leurre lorsque l'on regarde le problème au niveau mondial.

Mais alors, par quel bout commencer pour amorcer cette transition?

Les applications qui consomment aujourd'hui 62% de l'énergie finale mondiale utilisent des fossiles.

( Les EnRth couvrent la part entre 62% et 75% sous forme de Biomasse solide, liquide, et gazeuse ).

Toutes ces applications ne sont pas forcément convertibles à l'électricité, pour plusieurs raisons :

- Seules les régions disposant d'un réseau de distribution d'électricité suffisamment dense et puissant pourront éventuellement songer à électrifier certaines des applications.

- Compte tenu des difficultés de stockage de l'électricité, certaines applications seront exclues, notamment les transports maritimes et aériens de longues distances, et probablement une partie des transports routiers lourds.

- D'autre part, l' électrification massive se heurterait aux problèmes d'approvisionnements en minéraux et matériaux spécifiques comme le cuivre, les « terres rares », les semi-conducteurs, le Lithium, le Cobalt, le Platine, etc.

( Problème dont on commence à mesurer l'importance déjà aujourd'hui à propos des voitures électriques...).

- La croissance de la production d'électricité renouvelable à hauteur des besoins planétaires rencontrera des limites à l'extension de l'éolien, du solaire et de l'Hydroélectrique, et le Nucléaire ne pourra prendre le relais que dans certaines régions privilégiées.

Pour toutes ces raisons, et compte tenu de la situation politico-économique de certains pays, l'hypothèse d'une Planète « tout électrique » est peu réaliste.

Mais alors, par quoi remplacer les fossiles dans toutes les utilisations non compatibles avec l'électricité ?

Nous avons déjà vu plus haut que l'électricité produite par des sources renouvelables décarbonées dépendant des conditions météorologiques et hydrologiques ne pouvait alimenter un réseau stable que grâce au soutien de centrales thermiques alimentées par des sources d'énergie pérenne non sujettes aux intermittences.

Il s'agit d'une part des EnRth ( Biomasse solide, Biogaz, Biobarburants ), et des carburants de synthèse obtenus à partir d'Hydrogène vert et de carbone recyclable.

Et d'autre part des centrales nucléaires si l'accès aux EnRth est difficile.

La croissance d'un parc de production d'électricité décarbonée basé sur l'Eolien, le Solaire, et/ou l'Hydroélectrique, se double donc obligatoirement d'un parc de production électrique alimenté par des EnRth et/ou du Nucléaire, et dont la capacité représente 20 à 30% de la capacité électrique totale.

Les EnRth seront donc obligatoirement présentes dans un programme de transition énergétique incluant du Solaire, de l'Eolien, ou l'Hydraulique.

( Le Nucléaire pourra intervenir en fonction de certains choix à la fois Technologiques et Politiques, et selon les capacités du Pays à disposer, ou pas, de suffisamment d' EnRth.

Les EnRth étant ainsi appelées à jouer un rôle essentiel pour la production d'électricité renouvelable, il est logique de chercher à les mettre aussi à contribution pour remplacer les fossiles dans les applications non-électriques, sans chercher systématiquement à mettre de l'électricité partout.

Les EnRth utilisées dans les centrales thermiques en soutien du trio Eolien- Solaire-Hydraulique, utiliseront principalement du Biogaz et de la biomasse solide ( Bois, déchets...), ou du combustible nucléaire le cas échéant.

Les transports lourds routiers, les transports maritimes et aériens, non compatibles avec l'électrification, utiliseront des carburants issus de la biomasse et/ou des carburants synthétiques.

La Géothermie de surface et l'Aérothermie s'associeront à l'énergie électrique grâce aux pompes à chaleur déjà largement répandues.

La Géothermie profonde, déjà exploitée dans les régions favorables, fournira les réseaux de chaleur et alimenteront des turbines pour produire de l'électricité.

L'électrification d'autres applications, aujourd'hui alimentées par des fossiles, n'est pas pertinente tant que l'électricité actuelle reste elle-même dépendante des fossile ( à 64% ).

La tentative actuelle de généralisation de la propulsion électrique dans les transports légers terrestres à l'ensemble de la Planète ( Car c'est bien de cela qu'il s'agit ) impliquerait de couvrir le globe terrestre d'un réseau de distribution d'électricité suffisamment dense, ce qui n'est pas très réaliste ( c'est le moins que l'on puisse dire...), mais en plus ce réseau devrait posséder une capacité de puissance considérable pour répondre aux besoins de recharge des batteries, ce qui est assez invraisemblable.

Et si, de plus, l'électricité était comme c'est le cas aujourd'hui produite majoritairement par des fossiles, le remède serait pire que le mal.

Ces considérations, valables à l'échelle du Globe, n'empêchent pas certaines régions privilégiées de la Planète de développer un programme tout électrique, mais qu'il sera difficile d' exporter ailleurs.

Le cas de la voiture électrique est typique de cette dichotomie :

Les pays développés pourront électrifier la plus grande partie de leur parc de VP et VUL , mais ces véhicules seront invendables dans les pays en voie de développement tout simplement à cause de l'absence de réseau de distribution d'énergie électrique décarbonée suffisamment maillé et suffisamment puissant pour soutenir toutes ces batteries.

 

 

 

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30 juin 2024 7 30 /06 /juin /2024 16:58

30 Juin 2024

En matière de transition énergétique, l'enthousiasme l'emporte souvent sur la réalité ; il n'est donc pas inutile de se reporter de temps en temps à la réalité des chiffres.

En premier lieu se souvenir que la transition est une affaire planétaire, mais qui nécessite des actions individuelles, nationales, et régionales à caractères particuliers selon les ressources locales en énergies naturelles.

( Un résultat positif obtenu dans un pays ne permet hélas pas d'extrapoler ce résultat à la Planète...)

Le diagramme suivant illustre la situation actuelle en matière de consommation mondiale d'énergie finale.

La voiture électrique, la charrue avant les bœufs ?

Les fossiles dominent encore très largement, avec une part de 81%.

Les renouvelables ne dépassent pas les 20%, malgré une promotion très énergique.

L'électricité, qui est au cœur de la stratégie de transition, ne participe encore que pour 25 % à la consommation d'énergie finale, et dans ces 25 % les fossiles sont encore très majoritaires ( 64%).

Nous sommes donc encore très loin du but à atteindre, qui est de ramener à zéro la part des fossiles dans la consommation d'énergie finale.

Et ceci malgré les analyses scientifiques rapportées par le GIEC, et les COP annuelles renouvelant les engagements des Etats membres, qui n'ont pas suffit à déclencher le grand mouvement de basculement indispensable à une transition selon les prévisions.

Cette inertie est au demeurant compréhensible, s'agissant d'une transfusion sur un malade ( Le Monde ) dont il faudrait à la fois remplacer le sang et les organes par des produits pas très bien définis et dont la disponibilité est sporadique, pour une efficacité souvent contestée, et surtout un coût exorbitant.

D'autant plus que le malade en question se porte très bien avec ses organes actuels et son sang fossile encore abondant et largement disponible.

En clair, tant que les fossiles seront disponibles et à un coût abordable, il ne faut pas trop compter sur le malade pour monter sur la table d'opération subir un tripotage dont l'issue est plus qu'incertaine, même si les augures font miroiter un monde d'après idyllique.

( Non seulement il faudra fabriquer cette nouvelle énergie, mais en plus il faudra modifier les « machines » existantes pour s'y adapter ; une tâche qui nécessitera des investissements colossaux supportés par la génération actuelle pour le bénéfice des générations futures. Les méthodes actuelles d'évaluation de rentabilité d'un projet ne sont pas adaptées à ce type de comportement. Aujourd'hui un projet est adopté, ou pas, sur la foi de sa rentabilité financière à moyen terme au vu du coefficient d'actualisation, selon le catéchisme des investisseurs.

Or le bénéfice d'une action pour le climat n'est pas financier, il est du domaine de la survie de l'Humanité, qui n'est pas cotée au CAC 40...

Pour cette raison, les grands travaux d'avenir ne peuvent être réalisés que sous l'égide des Etats, comme ce fut fait dans le passé pour les chemins de fer, les grands barrages hydroélectriques, les réseaux autoroutiers, les centrales nucléaires, les grands aménagements du territoire... ).

Ajoutons que, pour compliquer les choses, il existe un mouvement de pensée négationiste niant la responsabilité du CO2 fossile dans le changement climatique, voire même le changement climatique lui-même, sans que l'on puisse évaluer son pouvoir de nuisance.

Il apparaît que le seul élément déclencheur d'une action commune et mondiale pour l'abandon des fossiles au profit des renouvelables sera la raréfaction des ressources énergétique fossiles.

Cette raréfaction a certes été annoncée à plusieurs occasions comme imminente, mais très vite accompagnée de l'annonce de la découverte d'un nouveau gisement de pétrole ou de Gaz...

La persuasion s'étant montrée assez peu efficace, certains « décideurs » politiques tentent de changer de méthode et d'imposer la transition énergétique, un peu comme une purge qui serait le remède à un repas trop copieux.

C'est ainsi que les Européens se voient contraints d'avaler le purgatif électrique dès 2035, jugé seul capable de faire tomber la fièvre pétrolière, du moins dans le secteur de l'automobile.

Du point de vue de la baisse attendue des émissions de CO2 , le succès de cette opération sera à la mesure de la décarbonation de l'électricité européenne à cette époque. En 2023 les énergies décarbonées ( incluant le Nucléaire) ont contribué pour 61% à la production d'électricité européenne ; on peut raisonnablement penser qu'en 2035 cette part pourra être de 100%.

Source :

https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/how-is-eu-electricity-produced-and-sold/

Du point de vue des automobilistes, le basculement contraint du thermique sur l'électrique s'effectuera pour se conformer à la loi, mais avec une rapidité qui dépendra des coûts, de l'amélioration des performances des batteries, du développement du réseau de rechargement, des aides des Etats, du prolongement de la durée de vie des voitures thermiques, etc.

Du point de vue des vendeurs de voitures, il s'agira de fournir un marché annuel d'environ 12 Millions de véhicules électriques, dont une partie sera fabriquée en Europe, le reste ( ? ) provenant de fournisseurs non européens. Le remplacement des 300 Millions de voitures européennes pourraient ainsi être réalisé en 25 ans si aucun grain de sable ne vient gripper cette mécanique...

( Ce qui nous amène au-delà de 2060...).

Du point de vue des constructeurs européens, il s'agira de prendre une part de ces 12 Millions de véhicules neufs électriques mis chaque année en circulation, et éventuellement produire également des voitures thermiques pour les marchés extérieurs qui n'auront pas fait le même choix.

Certains constructeurs auront des « problèmes », d'autres y verront une opportunité...

( Notons qu'ils sera difficile pour les constructeurs européens de continuer à fabriquer des voitures thermiques si leur marché local n'en achète pas...).

Du point de vue des constructeurs chinois, ce nouveau marché est une opportunité de s'implanter solidement en Europe, à condition de conserver leur avance technologique déjà acquise et de garder la main sur les approvisionnements critiques de matériaux spéciaux.

( Il n'est pas impossible de voir ici se répéter le scénario déjà vu sur les produits audio-visuels, le matériel informatique, et les produits grand-public de grande diffusion …)

Du point de vue des producteurs d'électricité, il faudra d'une part gérer le surcroît de demande électrique pour la recharge de ces batteries, mais surtout gérer les pics de demande de puissance pour la recharge, ce qui implique la mise en œuvre du réseau intelligent.

La production européenne d'énergie électrique était de 2 640 TWh en 2022, ce qui correspond à une puissance moyenne de 300 GW.

Le parc européen de voitures particulières est d'environ 300 millions de véhicules. Lorsque ce parc sera électrifié, il faudra 375 GW supplémentaires de puissance si seulement le quart de ce parc est branché pour la recharge en 5 kW ( recharge domestique).

Il est clair que le réseau électrique européen devra être restructuré pour gérer la charge des batteries des VEB, en particulier pour supporter les appels de puissance des batteries.

( Ce problème de puissance disponible pour la recharge est probablement le plus important de l'opération VEB, et pourtant il est glissé sous le tapis...).

Le remplacement « à la hussarde » des voitures thermiques européennes par des électriques est donc théoriquement possible, mais avec certaines conditions et avec certains risques, qui devront être pris en compte si nous voulons éviter de créer plus de problèmes que d'apporter de solutions.

La date butoir de 2035 doit être prise comme un signal fort à la communauté du marché automobile pour susciter les réactions et faire remonter les problèmes qui sont à résoudre pour préparer le terrain à cet aggiornamento, dont les effets secondaires dépasseront largement le seul domaine de la voiture particulière.

Parmi les sujets à reconsidérer, il y a le cas des carburants de substitution à base de Biomasse ou de synthèse à partir de l'Hydrogène vert.

De nombreuses voix s'élèvent pour défendre la technologie des moteurs thermiques, qui pourra répondre aux besoins de transports dans les zones de la Planète très mal desservies en distribution électrique de puissance. Les constructeurs qui pourront couvrir les besoins en électrique et en thermique auront évidemment un avantage décisif sur ces marchés.

La clause de revoyure prévue pour 2026 devrait conduire à reconsidérer l'ensemble des problèmes et clarifier la stratégie électrique de l'Europe, pas seulement pour la voiture particulière mais aussi pour les autres moyens de transport, et pour l'évolution du réseau électrique européen qui devra accueillir ces nouvelles applications dans le cadre du réseau intelligent.

L'exercice européen de trapèze volant, qui consiste à sauter sans filet du thermique à l'électrique aura au moins l'avantage de tester la robustesse de notre tissu industriel et notre capacité à gérer ce changement de religion qui touchera ne nombreux aspects du culte de l'Automobile.

Ces jeux du cirque seront attentivement suivis par les spectateurs chinois, toujours prêts à proposer leurs services d'intervention...

 

 

 

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12 juin 2024 3 12 /06 /juin /2024 15:10

Le remplacement du pétrole dans l'aviation (et ailleurs), une Loi Européenne.

12 Juin 2024

Dans les articles précédents nous avons rappelé les raisons pour lesquelles l'électricité ne pourra pas remplacer le pétrole dans toutes les applications de mobilité.

Le cas typique est celui de l'aviation, qui doit utiliser impérativement un carburant à haute énergie spécifique, ce qui écarte l'électricité à cause de ses moyens de stockage non adaptés.

Le monde de l'aviation est évidemment bien conscient que là se joue son existence.

A l'injonction de certain expert qui nous « conseille » de limiter à 4 (quatre) le nombre de voyages aériens dans une vie, les compagnies aériennes répondent par des prévisions en très forte croissance s'appuyant sur l'engagement suivant des membres de l'IATA :

« Fly Net Zero is the commitment of airlines to achieve net zero carbon by 2050 ». 

(https://www.iata.org/en/programs/environment/flynetzero/)

Le grand écart entre ces deux attitudes montre, à tout le moins, que l'on n'est pas sortis de l'auberge...

Le besoin de l'aviation pour un carburant alternatif à très haute énergie spécifique et très basse température de congélation ( Il fait très froid là-haut...) n'est pas contestable et, dès lors que l'on admet que les avions doivent continuer à voler, il faut trouver ce carburant qui pourra remplacer le kérosène Jet A1.

Les moyens mis en œuvre sont à la mesure de l'enjeu.

(Le mouvement en faveur de la décroissance énergétique milite contre ce type de recherches qui, si elles aboutissent, ne feraient qu'encourager la croissance du transport aérien...).

En attendant l'armaguédon énergétique, et compte tenu des engagements Européens sur la réduction des émissions de Carbone, le Conseil de l'Europe est tenu de prendre des dispositions législatives contraignantes concernant tous les secteurs consommateurs d'énergie, et en particulier les transports.

Concernant le secteur des Véhicules terrestres légers, on connaît la directive interdisant à partir de 2035 la vente de véhicules neufs dont les moteurs émettent du CO2 ( la limite est fixée à zéro gramme !! ). Une clause de « revoyure » est fixée à 2026.

Cette directive de 2035 tolèrera cependant, au-delà de 2035, la vente de véhicules légers neufs à moteurs thermiques consommant exclusivement* du carburant décarboné ou à carbone recyclable.

*( ces moteurs devront être conçus pour ne pas accepter des carburants fossiles... ).

Elle constitue donc, implicitement, un encouragement au développement de ces carburants ( Bio carburants ou carburants de synthèse ).

Les autres secteurs des transports ne sont pas encore concernés par l'électrification obligatoire à court terme, la technologie ( de stockage d'électricité ) actuelle étant incompatible sauf cas particuliers limités.

Mais ces autres secteurs, qui représentent 40% de la consommation de pétrole des transports, sont tenus de réduire leurs émissions de Carbone selon un programme moins contraignant sur le calendrier que celui des véhicules légers, mais tout aussi impératif.

(En clair, il devient impératif de développer l'industrialisation de ces carburants alternatifs, tout simplement parce que l'on ne pourra pas s'en passer.)

Dans ce sens, le Parlement Européen a adopté une nouvelle loi visant à décarboner le secteur de l'aviation, il s'agit de l'initiative ReFuelEU Aviation, qui définit les objectifs pour l'introduction des CDA ( Carburants Durables pour l'Aviation ).

Voir :

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2023/10/09/refueleu-aviation-initiative-council-adopts-new-law-to-decarbonise-the-aviation-sector/

45 projets de développement de CDA ont été recensés en Europe, dont 25 projets industriels et 20 projets pilotes.

Les objectifs de cette nouvelle loi sont d'introduire 2% de CDA en 2025, 6% en 2030, et 70% en 2050.

Si, « par hasard », ce projet aboutit, nul doute qu'il intéressera également le secteur des transports routiers et, pourquoi pas, une partie des véhicules légers.

Gageons que la « revoyure » de 2026 aura ce sujet à son programme, sauf orientation contraire de la politique du nouveau Parlement européen...

Les opposants au moteur thermique objectent que le coût de ces carburants alternatifs serait insupportable par le marché, sans d'ailleurs savoir quel serait ce coût lorsque le stade industriel serait atteint...

(Ces mêmes opposants étaient moins regardants sur les coûts lorsqu'il s'agissait de promouvoir l'électrique. On voit ce qu'il en est aujourd'hui...).

D'autre opposants ( peut-être les mêmes) arguent du très faible rendement énergétique des moteurs thermiques, et des pertes d'énergie supplémentaires induites par la fabrication des carburants alternatifs. Cet argument est soutenable, mais il faut le mettre en balance avec les conséquences économiques et sociales d'une interdiction d'utiliser des moteurs thermiques dans les transports, même pour les applications non compatibles avec l'électricité ( Par nature, ou par absence d'un réseau capable de fournir la puissance suffisante à la recharge de toutes ces batteries).

( Cette situation rappelle un peu celle d'un Etat qui doit défendre ses frontières attaquées, mais qui hésite à développer les armes nécessaires au prétexte qu'elles vont coûter très cher...).

Heureusement les promoteurs des quarante-cinq projets de développement de carburants de substitution n'ont pas ces états d'âme, tout en étant conscients des problèmes de coût, mais aussi de la nécessité vitale de remplacer le pétrole.

Les ingrédients de base de la recette des hydrocarbures sont l'Hydrogène et le Carbone. Pour que le produit final soit neutre en carbone il faut bien sûr que les ingrédients le soient eux-mêmes.

Différentes recettes sont testées pour se procurer ces ingrédients :

L'Hydrogène serait obtenu par électrolyse de l'eau avec de l'électricité décarbonée, le Carbone proviendrait du CO2 atmosphérique.

La cuisine qui permet d'obtenir les produits finaux recherchés est très diverse et le secteur est en pleine évolution. Ces « détails » n'ont pas leurs place ici.

L'importance des transports ( sous toutes les formes ) pour le développement de l'activité économique mondiale n'est plus à démontrer, sauf pour les partisans de la décroissance économique pour qui la notion de « développement » devrait être remplacée par celle de « repli et parcimonie ».

La gestion de cet affrontement est l'une des tâches de la mouvance écologique...

Dans la perspective européenne des engagements de décarbonation progressive et, compte tenu de l'impossibilité de tout électrifier, le développement des carburants alternatifs est un enjeu qui conditionne le succès de la transition énergétique.

Que ces carburants alternatifs intéressent aussi une petite partie du secteur des Véhicules particuliers et des utilitaires légers est un épiphénomène qui ne doit pas polluer la stratégie d'abandon des combustibles fossiles.

 

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5 juin 2024 3 05 /06 /juin /2024 10:23

La voiture électrique, le beurre et l'argent du beurre ?

5 Juin 2024

Du point de vue de Sirius la voiture électrique est l'exemple type de transition énergétique vertueuse. Un cas d'école.

En effet, sur le papier elle résout du même coup les deux problèmes cruciaux que sont les émissions de CO2 liées au pétrole, et le gaspillage énergétique lié au très mauvais rendement du moteur thermique.

On comprend l'enthousiasme des politiques, prompts à juger sur les apparences et peu soucieux d'aller voir dans la cuisine comment sont préparés les plats et d'où viennent les ingrédients.

L'idée de remplacer le moteur thermique par un électrique pour gagner sur les deux tableaux de la décarbonation et du rendement est tellement simple et évidente que l'on doit se demander pourquoi elle n'a pas été plus tôt mise en application.

La réponse est simple : elle l'a été, dans les années soixante-dix, lorsque les états ont pris conscience que le pétrole n'est pas éternel et surtout qu'il était devenu une denrée stratégique susceptible de nous rendre dépendants de fournisseurs pas forcément fiables, voire hostiles.

( On ne parlait pas encore du réchauffement climatique, ni de la nécessité de décarboner notre énergie...Ce problème n'était encore connu que des climatologues, et partagé par les écologistes encore peu entendus ).

Cet enthousiasme des années soixante-dix pour la voiture électrique a tourné court lorsque la fièvre pétrolière est retombée. De toutes façons l'incapacité des batteries au plomb de l'époque à fournir l'énergie nécessaire aurait suffit à mettre fin à l'exercice.

Et puis est arrivée l'annonce de la catastrophe climatique liée aux émissions de CO2 dues à la combustion des fossiles.

Mais cette fois la motivation était non plus seulement d'échapper aux fournisseurs douteux de pétrole, mais de décarboner l'énergie en abandonnant toutes les sources fossiles, ce qui concerne la quasi totalité des applications puisque les fossiles représentent 81% de la consommation mondiale d'énergie primaire ( Source AIE ), dont 31% de produits pétroliers.

Le graphique suivant représente l'importance relative des différents usages du pétrole par rapport à la totalité des énergies fossiles consommées dans le monde :

 

 

 

 

La voiture électrique, le beurre et l'argent du beurre ?

Il apparaît clairement que les émissions de CO2 dues aux voitures particulières et aux véhicules utilitaires légers concerne 12% du total des énergies fossiles consommées dans le monde.

( Ce n'est pas un objectif négligeable, mais il ne faudra pas oublier les 88% restant...).

Et encore faut-il rappeler que le pétrole n'est pas la plus importante source d'émissions de CO2 ; le Charbon est beaucoup plus polluant.

De plus, l'extraction et le traitement des minéraux spécifiques nécessaires à la voiture électrique sont eux-même sources d'émissions de CO2 qui réduisent l'efficacité de l'opération.

L'électrification de l'ensemble du parc mondial de voitures particulières et d'utilitaires légers aurait donc au mieux un impact de 8 à 10% sur les émissions mondiales de CO2.

( En supposant que l'électricité utilisée pour la recharge des batteries soit elle-même complètement décarbonée...ce qui est évidemment très loin d'être le cas ).

Néanmoins le projet de voiture électrique a été ressorti de sa boîte.

Certains « mauvais esprits » ont bien attiré l'attention sur la nécessité de disposer d'abord d'une électricité elle-même décarbonée, sous peine de reporter les émissions des voitures sur les centrales électriques thermiques, mais ils n'ont pas été entendus.

Le grand « boum » des énergies renouvelables décarbonées a balayé les objections et l'avènement des batteries au Lithium a fait le reste.

( la confiance dans le solaire, l'éolien, l'hydroélectrique, la biomasse, la géothermie, était d'un niveau tel qu'il fut même décidé de se passer du nucléaire à terme...décision vite annulée heureusement ).

L'horizon paraissait éclairci.

La seconde vague des voitures électriques a ainsi démarré industriellement autour de 2010, avec l'ambition de supplanter les modèles thermiques en quelques décennies.

Le remplacement des voitures thermiques par des électriques ne peut s'effectuer au mieux qu'au rythme des achats annuels de véhicules neufs, soit une période de vingt-cinq ans pour remplacer quarante quatre millions de véhicules ( en France ), au rythme des ventes actuelles.

Aujourd'hui les voitures 100% électriques représentent environ 2,5 % du parc roulant en Europe.

Ce qui est encore peu pour crier victoire, mais suffisant pour se frotter à quelques-uns des problèmes concrets qui devront être surmontés pour passer d'un monde à l'autre sans trop de soubresauts.

Bien sûr les points faibles de cette stratégie étaient connus des analystes, du moins on l'espère :

- Le pétrole, toujours présent et peu disposé à céder la place.

- Le risque d'une grande dépendance aux approvisionnements des nouveaux matériaux nécessaires à la fabrication des nouvelles voitures.

( Voire même d'une pénurie pour certains d'entre eux...).

- La certitude de rencontrer des difficultés liées aux coûts de production nécessairement très supérieurs à ceux des voitures thermiques produites en grands volumes et dans des technologies très mâtures.

- La difficulté de promouvoir une technologie nouvelle avec des performances d'autonomie très inférieures à celles des thermiques, et des infrastructures non préparées à les recevoir.

- L'insuffisance des réseaux de distribution électrique pour la recharge des batteries, et la difficulté d'établir un plan commun de développement d'un tel réseau, au moins à l'échelon européen.

- L'impossibilité d'implanter la voiture électrique dans les régions du monde insuffisamment, ou pas du tout, desservies par un réseau électrique suffisamment puissant.

- Les limites du réseau classique en puissance max pour répondre aux pics de la demande de recharge.

- La difficulté de créer une nouvelle industrie européenne compétitive au moment où les stratégies sont plutôt orientées à la désindustrialisation, et où les concurrents asiatiques deviennent très puissants.

- La nécessaire gestion de doubles fabrications thermiques et électriques pour continuer à servir les marchés extérieurs moins avancés dans leurs possibilités de passer à l'électrique.

- Le risque d'obtenir une efficacité nulle si l'électricité n'est pas elle-même décarbonée avant d'être consommée par les voitures électrique.

- Etc...

Mais, de même que le mouvement se prouve en marchant, et que la fonction crée l'organe dit-on, les pays développés se sont lancés dans ce programme de voitures électriques un peu comme une solution de la dernière chance, çà passe ou çà casse...

On a vu ainsi affluer une cohorte de modèles très improbables allant de la voiturette jusqu'au bolide de plus de 500 CV, certains cumulant la ceinture et les bretelles sous forme d'Hybrides, d'autres fabriquant leur propre électricité à partir de gaz en bouteilles et d'une pile à Hydrogène, cette cour des miracles traduisant l'immaturité de ce marché, ce qui au demeurant est parfaitement normal eu égard aux nombreuses questions évoquées plus haut et toujours demeurées sans réponses.

La seule application adoptée à l'unanimité est le vélo électrique, qui apporte un confort incontestable et constitue ainsi un réel progrès.

( On notera que la solution des biocarburants, qui permet à la fois d'échapper au pétrole et de décarboner les émissions des moteurs thermiques, a été écartée ( par Bruxelles ) à priori sans autre forme de procès..Mais il faudra bien y revenir lorsque l'on constatera que la voiture électrique ne peut pas prendre 100% du marché mondial pour des raisons évidentes, mais qui ne sont pas (encore) prises en compte au prétexte que l'on ne peut pas courir deux lièvres à la fois.

Mais il se peut que nos amis asiatiques montrent des dispositions particulières pour la chasse au lièvre...).

Quinze années plus tard, le pétrole est toujours triomphant, et les batteries des voitures électriques sont toujours à la recherche de la bonne recette électro-chimique qui leur donnera les moyens d'évincer les modèles thermiques sans faire appel à la police européenne et à ses ukazes au demeurant inapplicables.

La voiture électrique est donc au milieu du gué.

Reculer est impossible, sauf à laisser ce nouveau marché aux mains des asiatiques toujours prompts à avancer leurs pions*, en l'occurrence leur joker constitué par une technologie de batterie en pointe, servie par l'abondance de ressources nationales en produits rares, précisément ceux qui sont indispensables dans ces nouvelles technologies de batteries et de moteurs.

Avancer n'est possible que si l'on maîtrise la production de ces éléments de base, et il est difficile de rattraper dix ans de retard dans un secteur aussi évolutif.

* La voiture deviendrait alors un gadget grand-public jetable, au même titre que le téléviseur couleur, l'ordinateur ou le smartphone. Qui se souvient que l'Europe fabriquait autrefois des téléviseurs couleurs dans des usines qui employaient des dizaines de milliers d'ouvriers ?

Désormais le problème des constructeurs européens devient celui de l'approvisionnement des matériaux spéciaux nécessaires pour les moteurs électriques et les batteries, et la technologie des batteries qui permettra de donner à ces nouvelles voitures des performances comparables à celles des thermiques.

En focalisant avec trop d'enthousiasme sur la voiture électrique, les pays développés ont ouvert une boîte de Pandore de laquelle sont sortis des « génies » que l'on n'attendait peut-être pas, mais qui sont prêts à récupérer le beurre et l'argent du beurre.

 

 

 

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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 11:09

Le saint Graal de la voiture électrique : la batterie.

27 Mai 2024

Le remplacement du bon vieux moteur thermique par un électrique n'a pas posé de problème d'ingénierie particulier, la meilleure preuve en est la possibilité du « rétrofit » qui permet d'électrifier une voiture thermique en deux temps et trois mouvements.

( Les seuls obstacles sont administratifs...)

Le seul problème non encore résolu est celui de la batterie, qui se révèle incapable d'emporter une réserve d'énergie garantissant au VEB une autonomie comparable à celle dont dispose la voiture thermique.

Ce qui est évidemment fâcheux pour un produit supposé remplacer à 100% le thermique à partir de 2035 sur un marché qui doit servir un parc de 44 millions d'unités en France...Et 250 Millions en Europe !

A ce problème de fond, qui pénalise évidemment la diffusion de ces modèles, s'ajoutent des problèmes de sécurité de la technologie actuelle des batteries, une absence totale de standardisation de ce composant essentiel, un coût exorbitant du remplacement lorsque c'est nécessaire, et une obsolescence rapide due au renouvellement rapide des modèles.

Sans parler du problème de l'autonomie directement impactée par les conditions d'usage ( Conditions hivernales, traction d'une remorque, usage autoroutier...), ni du problème de recharge rapide encore à la traîne...

Tout ces problèmes, que l'usager découvre ( ou pas ) au fil de son expérience, sont largement diffusés sur les réseaux sociaux, avec la dramatisation habituelle sur ce genre de support de communication, sans les nuances et la relativisation qui devraient s'imposer en l'occurrence.

Cette contre-publicité nuit à la réputation du VEB, car hélas tout n'est pas faux dans la liste des calamités dont ces voitures sont accusées.

Il n'existe qu'une seule façon de redorer le blason de la voiture électrique universelle, c'est de produire enfin cette fameuse batterie miracle que l'on nous promet depuis des années, et de « booster » l'implantation du réseau de recharge avec des bornes de 350 kW qui seront indispensables pour charger de 10% à 80% ces nouvelles batteries de 150 kWh en moins de vingt minutes.

( Les chiffres sont hélas indiscutables, les bornes dites « rapides » de 150 kW sont déjà dépassées...)

Faute de quoi le VEB devra se cantonner au marché de la seconde voiture, aux flottes de taxis et aux VUL, en attendant le père Noël...

( Au fait, parcourir 800 km sur autoroute à 130 km/h avec un seul plein, c'est possible avec une thermique alimentée avec du biocarburant...pour mémoire...).

Où en sommes-nous avec la batterie solide ?

La co-entreprise ACC ( Automotive Cell Company ), qui réunit Mercédès Benz, Stellantis, et Total Energie, coopère avec l'entreprise Taïwanaise Prologium pour la construction d'une Gigafactory à Dunkerque afin de lancer une fabrication de batteries solides sur la base des brevets Prologium.

Lancé en 2024, le projet devrait aboutir aux grandes séries pour 2030.

Rendez-vous donc en 2030, à moins que d'ici là un outsider ne sorte un lapin de son chapeau...Les chinois font aussi de bonnes batteries...

( Les prototypes de batteries solides sont légion. Mais, du prototype à la grande série conforme aux besoins de l'automobile, nombreux seront ceux qui se perdront dans le marécage des cahiers des charges draconiens de ce secteur très exigeant...).

 

 

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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 10:31

Les feux de batteries au Lithium, nouvel avatar de la voiture électrique.

24 Mai 2024

Les incendies de voitures sont un des risques encourus par tous les modèles, thermiques, électriques à batterie, électriques à gaz et pile à combustible, etc.

Tout ce qui roule est sujet à incendie...

Les circonstances à l'origine de ces sinistres sont diverses :

Accident de la circulation, attentat, malveillance, incendie volontaire ( Fraudes aux assurances ), incendie spontané dû à une cause interne, ou à une cause externe ( propagation d'un feu dans un parking, etc ).

Selon diverses sources, plus ou moins crédibles, il y aurait en France environ 45 000 Incendies de voitures chaque année, tous types confondus.

Pour un parc de 45 Millions de voitures assurées, le taux de véhicules incendiés chaque année serait donc de un pour mille, soit 120 par jour environ.

( Pour le moment essentiellement des voitures thermiques. Le parc de voitures électriques est encore trop faible pour figurer significativement dans les statistiques d'accidents.

Parmi ces combustions, celles dues à une défaillance spontanée d'un organe du véhicule sont évidemment beaucoup moins nombreuses, et très mal répertoriées.

Les incendies de voitures thermiques sont bien connus des services de lutte contre les incendies, contre lesquels les moyens habituels sont utilisés et les risques associés bien maîtrisés.

Il n'en est pas de même lorsqu'il s'agit d'une voiture électrique, et surtout lorsque la batterie elle-même est à l'origine du feu.

Les batteries au Lithium de la technologie actuelle, qui équipent la totalité des VEB, et des Hybrides, sont toutes porteuses d'un risque d'auto-inflammation liée à une violente combustion spontanée auto-entretenue, elle-même initiée par un emballement thermique qui peut se produire dans une ou plusieurs cellules sous l'effet de diverses causes néfastes:

Un échauffement excessif d'une ou plusieurs cellules, qui entraîne un dépassement de la température de sécurité, qui se situe généralement entre 100 et 120 °C ; échauffement qui peut être dû à une mauvaise gestion de la température par le système de climatisation de la batterie ( quand il y en a un...), à une trop grande dispersion des tensions unitaires des cellules dépassant les capacités de contrôle du BMS, à un courant de charge ou de décharge trop élevé, à un régime d'utilisation sorti des limites du cahier des charge, une utilisation fréquente des régimes de charge rapide dans des conditions hors spécifications, provoquant la formation de dendrites sources de court-circuits,

Une détérioration de la structure d'une ou plusieurs cellules sous l'effet d'un choc accidentel violent, même en l'absence d'enfoncement visible.Etc.

Cette pointe d'échauffement localisée déclenche des réactions chimiques irréversibles et un emballement thermique portant l'ensemble à des température dépassant les 800 °C, avec fusion du métal et dégagement de gaz toxiques.

Il arrive que la cause initiale soit « dormante » et couve pendant des heures avant de déclencher l'emballement thermique et l'incendie, ce qui est fâcheux si le véhicule est dans un parking, ou un garage particulier.

Ce feu d'artifice, très difficile à éteindre, peut durer des heures et entraîner des dommages considérables aux biens voisins ( autres véhicules, maison d'habitation, parking sous-terrain, locaux divers ).

Cette combustion entraîne une recombinaison chimique des composants de la batterie avec dégagement de gaz violemment toxiques, rendant les interventions des services de secours difficiles et nécessitant une décontamination.

Aux risque habituels de l'incendie viennent s'ajouter pour les pompiers le risque d'intoxication chimique, le risque d'électrocution ( 400 V ), le risque de pollution de l'environnement, le risque de propagation des dégâts à l'environnement, et l'incertitude quant à l'extinction complète lorsqu'il s'agit de la batterie elle-même.

(En certaines circonstances il est même prévu de plonger la voiture dans une citerne d'eau pendant plusieurs jours...).

Ces perspectives donnent aux incendies de voitures électriques une visibilité particulière habilement mise en valeur par les réseaux sociaux.

Même s'ils sont (encore) peu nombreux, ces feux d'artifice de VEB sont néanmoins préoccupants car ils ne peuvent pas être maîtrisés correctement par les moyens d'intervention habituels.

Il a ainsi été nécessaire de définir des procédures permettant aux services de secours, aux pompiers, et aux services de dépannage, d'intervenir dans des conditions de sécurité assurées.

Il est évidemment fortement déconseillé aux personnes n'ayant pas reçu la formation qualifiante et/ou n'ayant pas le matériel nécessaire, d'intervenir sur un tel feu, sauf bien entendu en cas de nécessité vitale

Les véhicules électriques à batteries doivent ( devraient ) être équipés des dispositifs définis pour faciliter l'intervention des secours et réduire les temps de latence dus à une mauvaise adaptation du matériel d'intervention, à une méconnaissance des spécificités du véhicule concerné, en particulier pour la neutralisation de la batterie, les points de découpe de la carrosserie, les points de levage, les risques d'intoxication, etc.

Par exemple le package Renault mis en place sur ses véhicules électriques comprend trois pôles :

Le « Fireman access », qui est une ouverture automatique de la trappe anti-incendie pour permettre d'atteindre l'intérieur de la batterie avec l'eau de la lance des pompiers.

Le « SD Switch » qui permet de désolidariser la batterie des autres organes.

Le « Q Rescue » qui est un QR code placé sur le pare brise et la lunette arrière, et donnant accès à toutes les informations particulières à « ce » véhicule, à usage des forces d'intervention afin de faire les bons gestes et gagner du temps pour sauver les personnes s'il y a lieu, et éviter la propagation du feu au voisinage.

Ce problème de feu de batterie sur les véhicules électriques n'est donc pas une rumeur sans fondement. Il est pris très au sérieux à tous les échelons de la vie de cette batterie afin de réduire cette occurrence pour qu'elle ne devienne pas une nuisance sociétale lorsque la part des VE dans le parc roulant deviendra significatif.

( Aujourd'hui le problème est alarmant, demain il peut devenir une calamité s'il n'est pas bien pris en compte).

La réduction de ce risque est l'un des objectifs visés par les études des futures batteries. Il ne servirait à rien d'augmenter la capacité spécifique, le courant max, et de réduire le prix de la batterie, si ce problème de vulnérabilité n'était pas sérieusement traité.

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17 mai 2024 5 17 /05 /mai /2024 09:55

Le carburant liquide, coucou le revoilou.

17 Mai 2024

L'électricité est un formidable moyen de transfert direct d'énergie d'un point à un autre grâce à un « simple » fil conducteur.

L'inconvénient de ce système réside justement dans l'existence de ce fil.

(On peut certes transférer de l'énergie sans utiliser nécessairement un fil. Il s'agit alors d'une énergie radiative qui utilise comme support des radiations électromagnétiques, largement mises en œuvre pour les applications de télécommunications, les radars, les faisceaux Laser,  etc.

Mais les quantités d'énergie ainsi transmises sont faibles, voire très faibles, ou puissantes mais de faibles durées ( impulsions radar ), ou dispersées sur de grandes surfaces ( TV satellitaire ). Pas de quoi faire avancer une locomotive.

Un autre exemple est la radiation solaire, sans fil par définition, et qui nous transmet une quantité prodigieuse d'énergie utilisée directement par la vie terrestre sous toutes ses formes, y compris pour fabriquer de l'électricité grâce à des panneaux PV , des centrales à concentration, ou indirectement avec des éoliennes ou des barrages hydrauliques.

Il existe une production naturelle d'électricité, il s'agit de la foudre ; mais son occurrence est incertaine, peu prévisible,et surtout impossible à capter de manière utile).

Mais pour transporter de grosses quantités d'énergie électrique ( Mégawatt-heures, Gigawatt-heures ) il faut donc des câbles.

Un territoire dit « développé » est ainsi couvert d'une toile d'araignée de câbles, aériens ou enterrés, pour desservir les consommateurs, privés ou institutionnels, bricoleurs ou industriels.

Les chemins de fer, ainsi que de nombreux réseaux de transports collectifs urbains, sont également alimentés en électricité par des rails ou des câbles aériens.

Plus grande est la quantité d'énergie à transporter, et plus élevée doit être la tension et plus grosse la section des câbles, et la consommation de cuivre associée..

Mais toutes les autres machines mobiles non assujetties à des itinéraires fixes, ne peuvent pas être raccordées au réseau électrique par câble.

Et il y en a beaucoup :

Voitures particulières, utilitaires légers, taxis, motocyclettes, camions de livraisons, transports lourds, véhicules de secours et d'intervention, transports collectifs autonomes, engins de chantiers et de terrassement, navires de transport maritime et fluvial, transports aériens, etc.

Parmi toutes ces machines mobiles autonomes, les seules qui pourront être électrifiées seront donc celles qui pourront emporter une réserve d'énergie électrique suffisante pour leur permettre d'assurer leur service, et qui pourront disposer d'infrastructures pour renouveler cette réserve en temps utile..

Aujourd'hui, le seul procédé transportable de stockage direct d'électricité est la batterie électrochimique.

( Une méthode indirecte consiste à emporter dans le véhicule une réserve d'Hydrogène qui sera transformée sur place par une pile à combustible ; nous en parlons plus loin ).

Les technologies actuelles du stockage chimique induisent un surpoids qui doit rester « raisonnable » en rapport avec la charge utile, ce qui limite drastiquement la quantité d'énergie embarquée.

De plus, les durées de recharge de la réserve emportée ne doivent pas pénaliser les temps de trajet exagérément.

Pour toutes ces raisons, seuls les véhicules routiers légers sont actuellement éligibles à la propulsion électrique avec batterie ( VPL et VUL ).

( Le poids des batteries atteint quand même plusieurs centaines de kg, voire même la demi-tonne pour le haut de gamme...Ce procédé ne pourra être raisonnablement pérennisé que si la technologie évolue pour réduire drastiquement ce poids ).

Des essais en vraie grandeur sont menés sur des véhicules de transport routier et de passagers, pour tester la faisabilité.

A la fois pour des questions de poids et de temps de recharge, c'est souvent l'Hydrogène qui est préféré aux batteries.

Les transports maritimes et aériens ne sont pas envisagés avec des batteries, en dehors des applications légères, navettes fluviales, drones, embarcations de service ou de plaisance, etc.

Pour outrepasser les inconvénients des batteries dans la mobilité, tout en conservant les avantages de la propulsion électrique ( absence de pollutions, rendement excellent, pas d'émissions de CO2, silence, pas de vibrations, etc ) on peut produire l'électricité sur place dans le véhicule, en utilisant une pile à Hydrogène, le stock d'énergie embarqué étant alors constitué d'Hydrogène comprimé dans des bouteilles.

Mais l'Hydrogène doit être compressé, ou liquéfié, puis traitée dans une pile à combustible avant d'être stocké dans une petite batterie tampon, puis envoyé au moteur électrique. Le rendement de cette chaîne est assez mauvais.

L'intérêt de ce système est dans la rapidité du rechargement des bouteilles, intérêt qui ira diminuant lorsque le temps de recharge des batterie s'améliorera...

L'inconvénient est la nécessité d'un réseau de distribution d'Hydrogène...

Il apparaît ainsi que les seuls véhicules susceptibles d'être convertis « facilement » à l'électricité sont les véhicules légers, à condition qu'ils disposent d'un réseau de distribution d'énergie électrique puissant, ou de distribution d'Hydrogène pour ceux qui auront recours à cette solution.

Ceci peut représenter à terme une forte proportion du parc dans les pays développés, mais beaucoup moins dans les régions de la Planète ne disposant pas de ces commodités mais ayant cependant de gros besoins de déplacements et de transports.

Quant aux applications de transport terrestre lourd, et de transport maritime et aérien, ils ne sont pas éligibles à l'électrification dans l'état actuel des technologies de stockage de l'électricité à bord.

Compte tenu des nombreuses contre-indications à l'électrification de l'ensemble du parc mondial de véhicules roulants, la décarbonation de ce secteur ne pourra être complétée qu'en faisant appel aux carburants liquides décarbonés obtenus à partir de la Biomasse ( 2ème et 3ème génération) et/ou synthétisés à partir de l'Hydrogène.

Les avantages des carburants liquides à carbone recyclable sont décisifs sur plusieurs points :

- Ils possèdent une densité énergétique considérablement plus élevée que les batteries électriques ou les bouteilles d'Hydrogène.

- Ils se présentent sous forme liquide dans une gamme de températures et de pressions ordinaires et ils peuvent être utilisées dans ces mêmes gammes.

- Ils sont aisément transportables ( Dans les mêmes conditions et avec le réseau existant pour les produits pétroliers).

- Ils sont aisément stockables.

- Ils peuvent être produits selon des filières variées.

- Ils peuvent être utilisés dans les moteurs thermiques existants, avec des modifications mineures.

- Ils permettent de résoudre le problème de la neutralité carbone sans imposer de bouleversements dans les structures industrielles concernées par leur fabrication ou leur usage.

- Ils sont la seule solution viable pour les transports aériens, et dans une moindre mesure pour les transports maritimes.

- Ils constituent une réponse simple et directe à la crise du pétrole qui se produira dans les prochaines décennies.

Compte tenu de tout ces avantages il ne fait pas de doute que ces carburants, dont le développement fait l'objet d'investissements très importants, joueront un rôle très important dans l'avenir, y compris sur le marché des véhicules légers dans les régions sous-équipées en infrastructures de réseaux de distribution d'énergie électrique de puissance.

( Un réseau électrique conçu pour desservir des foyers domestiques ne convient plus pour assurer aussi la recharge des véhicules. La production doit être augmentée, la puissance installée également, ainsi que la puissance des câbles et des transformateurs de distribution...)

Compte tenu d'une part de l'impossibilité d'électrifier la totalité des véhicules dans le Monde pour les raisons exposées ci-dessus, et d'autre part des importants travaux de développement des carburants liquides neutres en carbone déjà en cours, il semble prématuré de condamner le moteur thermique, alors que de nouvelles perspectives s'ouvrent pour cette technologie éprouvée et non concernée par la crise annoncée sur l'approvisionnement des matériaux spécifiques des motorisations électriques à batterie ou à piles à combustibles.

Voir :

https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/innovation-et-industrie/nos-expertises/energies-renouvelables/biocarburants-et-e-fuels/nos-solutions

 

 

 

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