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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 17:23

 

16 Mars 2013

Un véhicule parcourant 15 000 km par an (moyenne française) et consommant 6 L / 100 km brûle 900 L de carburant par an, qui représentent 8 MWh d’énergie primaire, c’est-à-dire deux fois plus qu’un logement de 80 m2 conforme à la norme RT 2012 !!!

Et ceci pour une utilisation modérée et dans des conditions de sobriété raisonnable de conduite « apaisée » .

Beaucoup de véhicules parcourent annuellement 30 000 ou 40 000 kms, dont une grande partie en agglomération ou sur route à allure soutenue. La consommation n’est alors plus de 6 L/100 kms, mais plutôt 7 ou 8.

La dépense énergétique annuelle dépasse alors 25 MWh, ce qui est extravagant en comparaison de ce qui est exigé pour un logement conforme à la RT 2012.

D’autre part nombre de ces véhicules sont utilisés par une seule personne, ce qui place la consommation individuelle à un niveau indécent.

D’autant plus que cette énergie est très mal utilisée puisque le rendement d’un moteur thermique ne dépasse pas 40% dans le meilleur des cas, alors qu’il est supérieur à 90% dans une chaudière de chauffage central moderne, voire même plus de 100% ( du PCI) dans une installation à condensation.

35 millions de ces véhicules dépensent donc environ 300 TWh d’énergie primaire annuellement, soit l’équivalent de la dépense énergétique du parc de logements existant !!.

Les pouvoirs publics ont déclaré la guerre aux logements énergivores et le projet de tarification progressive et/ou de bonus-malus est le moyen de dissuasion prévu pour inciter les consommateurs à plus de sobriété énergétique dans leurs usages domestiques. Le projet de Loi vient d’être définitivement adopté par l’assemblée en dernière lecture (Loi Brottes).

On ne peut qu’approuver cette démarche, même si les moyens utilisés sont discutables, et seront d’ailleurs discutés.

Dans le même temps les centrales thermiques génératrices d’électricité font leur aggiornamento. Désormais en cours de conversion à la cogénération, elles affichent des rendements supérieurs à 80%.

Mais alors pourquoi l’Automobile n’est-elle pas concernée par cette chasse au gaspi ?

Certes la profession s’est attachée à réduire les consommations spécifiques, et il faut l’en féliciter. Mais la dépense énergétique annuelle d’un véhicule donné ne dépend pas seulement de cette consommation spécifique (qui n’est qu’une valeur catalogue souvent différente de la réalité), mais aussi de la distance parcourue et des conditions d’utilisation, particulièrement de la vitesse et des accélérations, qui influent fortement sur la consommation réelle.

Le bonus-malus attaché aux émissions polluantes, de même qu’une éventuelle tarification progressive de l’énergie, devraient donc être assis non pas sur la consommation spécifique catalogue du véhicule mais plutôt sur la dépense énergétique effective annuelle, comme c’est le cas pour l’électricité, le gaz et la chaleur en réseau.

Par exemple il ne viendrait à l’idée de personne d’appliquer un malus à un usager qui possèderait une chaudière de chauffage central deux fois plus puissante que ce dont il a réellement besoin. Il est facturé et taxé sur sa consommation annuelle de gaz et non pas sur la puissance de sa chaudière.

De même pour l’électricité, qui est facturée et taxée sur la consommation et non pas sur la puissance des appareils installés.

Pourquoi un régime différent pour l’automobile ?

Parce que jusqu’à aujourd’hui on ne savait pas ( ne voulait pas ?) mesurer la consommation cumulée d’un véhicule par un dispositif analogue aux compteurs électriques et à gaz.

Autant il est facile d’installer un compteur à un point fixe de raccordement à un réseau de distribution d’énergie, autant cette opération s’avère hasardeuse lorsque l’énergie est disponible librement partout et que de surcroît le lieu de consommation est mobile !

Pourtant l’installation d’un compteur d’énergie sur chaque voiture ne serait pas plus absurde que les compteurs d’électricité et/ou de gaz qui équipe déjà chaque logement.

Le caractère mobile du véhicule n’est plus un obstacle à notre époque où la mobilité est devenue un critère d’efficacité.

La technologie moderne permet d’effectuer cette mesure dans des conditions de fiabilité satisfaisante et avec une bonne protection contre les fraudes.

( En fait ce compteur existe déjà puisque le calculateur d’injection connaît à chaque instant la quantité de carburant injectée dans le moteur. Il suffit donc d’ajouter quelques lignes de code et une case mémoire EEPROM dédiée pour enregistrer la consommation cumulée).

Les contrôles techniques pourraient être l’occasion du relevé de consommation, un télérelevé restant toujours possible par les méthodes habituelles (genre relevé des compteurs d’eau et d’électricité).

Ce système permettrait de mesurer l’énergie réellement consommée par un véhicule, et donc d’appliquer équitablement une éventuelle tarification progressive. De plus cette démarche irait dans le sens d’une harmonisation des méthodes incitatives de promotion de la sobriété énergétique.

De même qu’il est prévu de définir une consommation énergétique de base pour chaque logement, il serait établi un quota énergétique de base pour l’usage automobile, à charge pour l’usager d’acheter le véhicule qui convient à l’usage projeté, ou d’adapter son usage aux caractéristiques du véhicule.

Bien sûr ce système ne pourrait être mis en place que progressivement puisque seuls les véhicules neufs seraient équipés.

Ce qui peut apparaître comme un « flicage » de plus doit être considéré dans le contexte de crise énergétique qui impose d’adopter des comportements responsables.

Il ne serait pas normal de tolérer un laxisme total dans la consommation du carburant automobile alors que dans le même temps on s’apprête à encadrer étroitement la consommation d’énergie dans les logements.

Un consensus sur le programme de sobriété énergétique nécessite un minimum d’équité dans la répartition des efforts exigés.

Il y a donc un gisement considérable d’économie d’énergie dans le secteur automobile, qui brûle autant d’énergie que le résidentiel.

L’auteur n’est pas naïf au point d’ignorer les obstacles qui s’opposent à l’encadrement de la consommation énergétique automobile.

L’automobile est devenue un prolongement de l’individu « moderne », une sorte de prothèse dont il ne saurait se passer sans ressentir cette privation comme un handicap imposé. De familiale l’automobile est devenue quasiment individuelle.

Objectivement il est devenu difficile de se passer d’un véhicule privé; depuis des décennies l’aménagement du territoire s’est mis en place autour de l’automobile, qui s’est ainsi rendue incontournable.

L’obligation d’un compteur d’énergie dans une voiture serait à coup sûr ressentie comme une atteinte grave à la vie privée, et susciterait des réactions auprès desquelles les protestations contre le compteur Linky ne seraient que d’aimables considérations mondaines.

Autant les ex-ZAPA ( sont-elles vraiment ex ?) ont été perçues, à juste titre, comme discriminatoires vis-à-vis des véhicules anciens ne respectant pas les normes actuelles antipollution, autant le montage d’un compteur d’énergie dans les véhicules neufs serait à l’inverse perçu comme pénalisant pour les nouveaux acquéreurs, ce dont le marché de l’automobile n’a pas besoin !

Il est donc probable que nous continuerons encore longtemps à consommer super et gasoil sans aucune limite que notre propre satiété, au mépris des accords de Grenelle sur les économies d’énergie.

Il est vrai que l’Etat y trouve son compte puisque pour un litre de super acheté 0,35 euros sur les marchés, et revendu 1,60 euros, il touche 0,86 euros de taxes ( TICPE + TVA), il lui reste donc un bonus de 0,51 euros, ce qui permet de constituer une confortable cagnotte de l’ordre de la dizaine de Milliards par an.

Pourquoi tuer la poule aux œufs d’or quand il est possible de la faire pondre davantage ? Le projet récent de taxation du diesel au prix de l’essence augmentera la cagnotte de 5 Milliards par an.

Une aubaine que Bercy ne laissera pas passer. Le prétexte de lutte contre la pollution des particules fines donnera à cette surtaxe une teinture écologique de bon aloi. A condition toutefois que la cagnotte soit utilisée pour inciter les usagers diéselistes à remplacer leur auto…

Dans les prochains mois nous allons donc assister à un combat à multiples facettes :

Un premier affrontement opposera les tenants du FAP ( Filtre A Particules) contre ses détracteurs, qui lui dénient toute efficacité contre les nanoparticules, qui sont en fait les plus nocives.

Un second round opposera les constructeurs de diésels, les usagers diéselistes, et le Gouvernement sur l’opportunité de relever la TICPE au niveau de l’essence dans un contexte de crise de l’Automobile, les premiers arguant de l’impact quasi certain sur les ventes, les seconds d’une déroute financière, et le troisième de la nécessité d’uniformiser la fiscalisation des carburants ( avec en arrière-pensée une très forte envie de récolter le super bonus de cinq Milliards ).

En toile de fond un débat aura lieu sur l’opportunité de choisir entre le CO2 et les particules fines, pour savoir quel est l’ennemi officiel. En effet si l’on veut lutter contre le CO2 il faut promouvoir le Diesel, mais si l’on veut réduire la pollution aux particules il faut au contraire sortir du Diésel.

Faute de choisir clairement, la cacophonie nous guette, qui n’est pas propice aux affaires.

On pourrait bien sûr mettre tout le monde au Gaz mais ceci est une autre histoire…

Dans l’arène nous verront également s’affronter les associations de consommateurs et l’un ou l’autre Ministre au sujet des ZAPA (ou de ce qui en tiendra lieu) sur le sujet de la discrimination imposée entre les véhicules « propres » donc récents, donc appartenant à la classe privilégiée, et les véhicules polluants, donc anciens, donc équipant les moins aisés des usagers. La ficelle inégalitaire étant un peu trop grosse, il y aura matière à discuter.

Il est maintenant clair que le chemin vers la sobriété énergétique sera long et difficile. Nous devrons changer nos habitudes de vie, c’est-à-dire notre environnement technologique.

Cro-Magnon a supplanté Neandertal grâce à la technologie, qui a produit Homo-Automobilis.

A nous de faire en sorte que ce rejeton ne conduise pas à une impasse évolutive.

En clair, serons-nous assez intelligents pour nous passer de bagnoles ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 20:10

1er Mars 2013

Faute d’une vision claire et tranchée soutenue par un pouvoir dont la compétence serait reconnue, donc acceptée et suivie, tout laisse penser que la transition énergétique sera en fait un grand barnum d’initiatives déployées tous azimuts, encouragées par des aides gouvernementales davantage destinées à satisfaire les lobbies qu’à rechercher l’efficacité.

Désormais tout le monde a compris que la transition consistera non pas à passer d’un monde d’énergies fossiles à un autre fondé sur le propre et le renouvelable, mais au contraire à garder les deux puisque le fossile restera présent au moins jusqu’à la fin de ce siècle.

Non seulement les investissements sur les « vieilles » énergies ne baisseront pas, mais ils augmenteront car il devient indispensable de moderniser un outil déjà ancien pour en améliorer les rendements, réduire les émissions de CO2, généraliser la cogénération et promouvoir la politique de CSC ( Capture et Séquestration du Carbone).

Les énergies nouvelles sont multiples, il faudra donc multiplier les programmes d’aides au développement, et subventionner massivement la production par des tarifs préférentiels de rachat de l’énergie, qu’il s’agisse d’électricité ou de gaz issu de la biomasse.

Le réseau de distribution électrique ne convient plus aux nouvelles structures de production et d’échanges transfrontaliers; là aussi des investissements massifs sont indispensables.

Enfin il devient assez évident que les investissements en cours dans le Nucléaire de quatrième génération ne seront pas arrêtés, et qu’il faudra en plus prendre en charge le démantèlement des vieilles centrales.

C’est donc un effort financier colossal qui nous attend au cours des prochaines décennies.

Il est difficile d’envisager un financement de cet effort par de la dette nationale, la situation actuelle de celle-ci étant déjà proche du maximum tolérable.

Il faudra donc financer par l’impôt et par un relèvement drastique des tarifs de l’énergie.

La charge sera d’autant plus lourde que cet effort financier devra épargner les usagers en état de précarité énergétique.

La CRE ( Commission de Régulation de l’Energie) prévoit une augmentation des tarifs publics de 30% d’ici 2017, ceci n’étant que la première marche d’une ascension dont on ne sait pas très bien où elle s’arrêtera.

La CSPE sera l’outil de répartition de la charge financière, et la Loi sur la tarification progressive avec bonus-malus sera le bras armé qui est censé nous conduire à la sobriété énergétique.

A cet effort financier dédié à la modernisation d’outils anciens et à la création d’outils nouveaux, il faudra ajouter les investissements nécessaires au programme de sobriété énergétique, essentiellement l’isolation thermique des bâtiments, le remplacement des vieilles chaudières, et le renouvellement du parc automobile et des matériels énergivores.

Le but de ces grandes manœuvres étant entre autres la réduction de nos consommations énergétiques, en cas de succès la charge par unité de consommation sera d’autant plus lourde.

Nous voilà donc sur le chemin d’un monde où l’énergie sera véritablement hors de prix. Pour beaucoup un seuil de tolérance sera atteint, qui obligera à reconsidérer les modes de vie, les standards d’habitation, la gestion des déplacements, le lieu de résidence, l’occupation des loisirs.

C’est à un nouvel art de vivre que nous sommes conviés, peut-être est-il temps d’y penser très sérieusement…

 

 

 

 

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 19:10

 

28 Février 2013

Lors de la dernière campagne présidentielle, le futur et actuel Président avait, entre autres, promis une grande consultation nationale sur la transition énergétique.

Six mois après l’élection, le Gouvernement a mis en place une structure chargée d’organiser la dite consultation, et le 16 Février dernier s’est tenu le premier Comité Citoyen donnant le coup d’envoi de cette campagne dont on ne sait si elle est de pure communication, ou bien si son objet réel est de gagner du temps pour repousser les décisions cruciales au-delà de 2017.

Car enfin, de quoi s’agit-il ?

Les raisons pour lesquelles une transition énergétique s’impose à nous sont connues et ne sont contestées par personne:

Les sources d’énergie fossiles sont en voie d’épuisement, donc de renchérissement insupportable. D’autre part nous avons pris des engagements pour réduire les émissions de CO2 associées à ces énergies, et nous devons réduire notre dépendance énergétique.

En période de transition nous pouvons remplacer en partie le charbon et le pétrole par le Gaz naturel moins polluant et encore relativement abondant, mais cela ne fait que repousser l’échéance de quelques décennies.

Point n’est besoin de réunir le ban et l’arrière ban pour faire ce constat.

Il existe des sources d’énergie renouvelables et décarbonées ou à carbone recyclable; ces sources sont bien identifiées et expérimentées, déjà mises à contribution: Solaire thermique et photovoltaïque, Eolien, Hydraulique, Biomasse, etc…

Techniques connues et industrialisées, et production croissante.

Un débat national n’apportera aucune connaissance supplémentaire sur ce sujet, les progrès technologiques ne sont pas affaire de débat public.

Qu’il faille réduire nos appétits énergétiques pour adapter la demande aux possibilités d’une offre renouvelable encore en phase de croissance, c’est une évidence qui saute aux yeux sans qu’il soit nécessaire de consulter le peuple.

Par contre, il subsiste de gros problèmes pour lesquels des décisions importantes sont requises:

- Faut-il, ou non, décider une stratégie de sortie du Nucléaire civil ?

- Faut-il, ou non, décider d’interdire l’exploitation et/ou l’utilisation des gaz de schiste ?

Les réponses à ces questions conditionnent le contenu d’une stratégie de transition énergétique.

En effet on ne voit pas bien quel pourrait être le programme de développement des énergies renouvelables dans un contexte de mix énergétique indéfini pour les trois prochaines décennies.

Or, sur le Nucléaire et sur les gaz de schiste, il existe des divergences d’opinions, y compris au sein du Gouvernement. Les débats ont eu lieu, les arguments ont été échangés, et si le Gouvernement veut laisser la décision au peuple, ce ne peut être que par un référendum.

Là encore la nécessité de refaire un débat qui a déjà eu lieu n’est pas évidente, sinon pour gagner du temps.

Et gagner du temps, c’est déjà une stratégie.

Pourquoi faire aujourd’hui dans la précipitation ce qu’on peut faire faire demain par quelqu’un d’autre ?…..

 

 

 

 

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 16:27

 

24 Février 2013

Voici donc revenu le temps des restrictions.

Après avoir développé une civilisation technologique fondée sur l’utilisation d’une énergie abondante et illimitée, force est de constater que ses fondements sont fissurés et que l’écroulement est proche et à première vue inéluctable.

Durant le présent siècle, nos efforts devront donc être consacrés essentiellement à définir d’autres fondations capables de supporter une nouvelle société privée des vieilles béquilles énergétiques dont il va falloir se débarrasser.

Parmi les diverses sources d’énergie disponibles pour remplacer les sources fossiles et nucléaire, une seule est non intermittente, c’est le bois de nos forêts.

Qu’est-ce que la forêt, sinon, entre autres, un formidable système de stockage de l’énergie solaire ?

La forêt française couvre 30% du territoire, ce qui laisse espérer une abondance de la ressource renouvelable.

Cette ressource est déjà exploitée depuis la nuit des temps et répartie entre diverses utilisations:

- Des utilisations « nobles » , construction, charpentes, planchers, ameublement.

- Des utilisations industrielles, planches, palettes, caisses, bois aggloméré,

- Et enfin le bois énergie, sous forme de bûches, de copeaux, de granulés.

La répartition entre ces différents marchés se fait en fonction de la ressource disponible, et réciproquement. Les exploitants forestiers favorisent tel ou tel type de gestion et d’essences, selon la demande des marché et les bénéfices escomptés.

On distingue trois types de forêts:

Les forêts de futaies, gérées pour conduire les sujets à leur maturité d’exploitation, qui survient au bout de 100 à 200 ans selon les espèces de feuillus; des coupes d’éclaircissement sont pratiquées tous les dix ou quinze ans. La futaie produit des grumes pour les bois d’œuvre et d’industrie, les houppiers donnent du bois de chauffe. Le temps de cycle est de l’ordre du siècle, moins pour les résineux.

Les forêts de taillis, appartenant souvent à des particuliers, qui pratiquent les coupes tous les huit à dix ans et récoltent du bois de chauffe en général. Le taillis ne produit pas de grumes pour le bois d’œuvre, il produit surtout du bois de chauffe et de trituration. Le temps de cycle est court, la dizaine d’années.

Les forêts mixtes futaies et taillis, qui mélangent des deux types de gestion.

La forêt française est généralement considérée comme sous-exploitée.

Sur les 16 Mha de couverture forestière, 12 Mha appartiennent à des propriétaires privés peu soucieux d’industrialiser leurs méthodes de gestion.

L’ONF exploite environ 4 Mha, surtout en futaies.

Selon l’ADEME 5,75 Millions de logements utilisaient du bois en 2006 comme chauffage unique ou d’appoint, pour un total de 7 400 ktep.

L’objectif pour 2012 était de 7,3 M de logement, et de 9 M en 2020 pour une quantité d’énergie constante à 7 400 ktep.

(La stabilité de la consommation est due à l’amélioration des rendements des appareils de chauffe, et de l’isolation thermique des bâtiments).

Cette consommation représente 86 TWh, soit près de 25% de la consommation totale d’énergie pour le chauffage, ou encore l’équivalent de 14 réacteurs nucléaires de 900 MW.

Chacun des 7,3 M logements de 2012 chauffés au bois utilisent 11,8 MWh par an en moyenne, pour une grande part en chauffage d’appoint.

Le chauffage au bois est donc une réalité et son développement fait partie de la stratégie énergétique de la France.

L’installation d’un appareil de chauffage au bois bénéficie d’un crédit d’impôt et de la TVA à taux réduit, a condition que le matériel respecte les normes du label «Flamme verte » .

Le calcul du coût prévisionnel du chauffage au bois est un véritable casse-tête.

D’abord, le bois ne se vend pas au kg, mais au stère.

Qu’est-ce qu’un stère ?

C’est la quantité de bois contenue dans un cube de 1 m3, le bois étant constitué de rondins identiques de 1m de longueur.

C’est une unité archaïque dont la définition est relative ( dans le sens de non absolue) et inadaptée à la mesure du bois-énergie.

Bien qu’en principe interdite dans les transactions commerciales:

Décret N° 75-1200 du 4 Décembre 1975:

«  l’emploi du Stère devra cesser avant le 31 Décembre 1977 »

Elle reste largement utilisée et tolérée pour le bois de chauffage.

(En pratique l’unité doit être le mètre cube ou la tonne selon l’usage).

Dans un stère de bois constitué de rondins identiques de 1 mètre, il y a 0,785 m3 de matière, pour un poids d’environ 500 kg de bois.

Ensuite intervient le poids spécifique du bois sec, qui varie de 0,7 à 0,8 pour les bois « durs »  ( Chêne, Hêtre, Charme, Châtaignier,..).

Déjà à ce stade on constate donc que dans un stère de bois sec on peut avoir entre 500 et 650 kg de bois.

Mais qu’est-ce qu’un bois sec ?

Il n’existe pas de bois totalement sec dans la nature.

Un bois « vert » peut contenir plus de 50% de son poids en eau ( H=50%). Un bois raisonnablement sec ( 2 à 3 ans de séchage dans des conditions correctes) possède un taux d’humidité inférieur à 20% ( 20% de son poids en eau).

Donc un certain volume V de bois contiendra une quantité de matière combustible égale à V ( 1 - H ).

Le pouvoir calorifique ( PCI ) de ce bois sera donc diminué en proportion de la quantité d’eau contenue puisque l’eau n’est pas un combustible.

De plus une partie de l’énergie de la combustion sera perdue en chaleur latente de vaporisation de l’eau.

Le pouvoir calorifique dépend donc fortement du taux d’humidité:

Pour un bois très sec ( H = 10%) le pourvoir calorifique est de 4,5 kWh/kg quel que soit le type de bois ( PCI).

Il peut descendre à 2,5 ou moins lorsque le taux d’humidité augmente.

Le bois vendu est labellisé et son taux d’humidité est indiqué, généralement < 20%, pour un PCI de 4 kWh/kg.

Pour les puristes voici la formule permettant de calcul du PCI en fonction du taux d’humidité:

Q = Qo [ ( 100 - H )/ 100 - 0,02443 H ]

( Source ADEME )

Le second terme correspond à la chaleur de vaporisation de l’eau contenue dans le bois.

Voici quelques valeurs courantes:

H = 0 PCI = 5 kWh/kg

H = 10% PCI = 4,5 kWh/kg

H = 20% PCI = 3,9 kWh/kg

H = 30% PCI = 3,3 kWh/kg

H = 40% PCI = 2,8 kWh/kg

Ce tableau met en évidence l’importance primordiale du taux d’humidité sur la valeur énergétique du bois.

Enfin il faut faire intervenir le rendement de l’installation ( poêle ou insert, voire chaudière).

Dans les catalogues d’appareils le rendement indiqué correspond aux conditions d’utilisation nominales, en général voisines de la puissance max.

En pratique l’appareil est rarement utilisé à puissance nominale, mais plutôt à mi-régime, et parfois moins surtout la nuit pour conserver du feu jusqu’au matin.

Le rendement est alors très inférieur à la valeur catalogue.

Les appareils labellisés « Flamme verte » ont un rendement nominal supérieur à 70%. Ce rendement peut tomber à 40% voire moins lorsque l’appareil est au ralenti.

Pour l’usager qui achète un stère de bois, il est donc pratiquement impossible de connaître précisément la valeur énergétique (PCI) de son produit et l’énergie qu’il pourra en retirer pratiquement.

L’usage du Stère introduit une ambigüité car il est défini pour des rondins de 1 mètre, alors que la livraison porte sur des bûches fendues de 50 cm ou 33 cm, donc aucune comparaison n’est possible.

Le rapport entre le nombre de Stères livrés et le poids du bois reçu demeure toujours assez mystérieux.

Selon le CTBA ( Centre Technique du Bois et de l’Ameublement) on constate que un stère de bois @ H = 20% correspond environ à 500 kg de bois.

Mais cela dépend beaucoup des essences, du taux d’humidité, de la longueur des bûches ( 100, 50, ou 33 cm), et bien sûr du marchand de bois!

Ensuite le taux d’humidité est certes en principe indiqué sur la facture, quand il y a une facture ! Mais qui mesure ce taux à la livraison ?

Enfin le rendement de l’appareil de chauffage est impossible à connaître pour les conditions de fonctionnement intermédiaires.

On considère en général, par expérience, que la chaleur récupérée à partir de 1 kg de bois @ 20% d’humidité est d’environ 1,5 kWh, ce qui correspond à un rendement global de 40% .

Le rendement sera meilleur si l’on utilise l’appareil au voisinage de sa puissance nominale.

Bien sûr ces considérations valent pour le bois en bûches. Pour les plaquettes forestières ou les granulés, les données sont différentes et les rendements plus élevés.

Nous parlons ici essentiellement de l’utilisation du bois rond en poêle ou en insert.

Si, malgré toutes ces incertitudes et ce flou, l’usager désire quand même faire un calcul prévisionnel du coût, il reste à préciser une donnée très fluctuante qui est le prix d’achat du bois.

Et là on trouve d’énormes disparités selon les quantités commandées, la taille des bûches, le séchage, le coût de la livraison, le lieu géographique, l’essence du bois, la saison, le circuit d’approvisionnement, et bien sûr le marchand de bois !

( Un particulier peut exploiter lui-même son bois s’il possède un ou deux hectares de taillis, il peut également acquérir une concession ou procéder à des achats groupés).

Le prix du Stère peut ainsi varier entre 0 et 80 euros voire plus.

Sur une base de 30 euros le Stère et d’une énergie finale de 2 kWh/kg, soit 1 MWh par Stère de 500 kg, cela nous fait le kWh à 3 centimes, c’est-à-dire deux fois moins cher que le tarif public du Gaz.

Mais pour un Stère à 80 euros, et/ou un appareil peu performant ou mal utilisé, le coût du kWh peut grimper à 12 ou 13 centimes, soit plus cher que l’électricité !!

C’est donc l’usager lui-même qui détient les clés d’un bon usage du chauffage au bois, à condition de bien soigner deux démarches essentielles:

- Bien choisir l’appareil de chauffage.

- Bien acheter son bois.

Moyennant ces deux précautions, le bois est une énergie d’avenir qui possède des avantages indéniables:

- Il est la seule énergie réellement libre d’accès dont le consommateur peut négocier le prix sur un marché concurrentiel , voire le produire lui-même.

- Il peut être utilisé directement après coupe et donc échapper aux étapes de transformation génératrices de surcoûts ( Briquettes, granulés).

- Il bénéficie encore de la TVA à taux réduit de 7% ( peut-être porté à 10% en 2014 ).

- Il échappe ( pour le moment ) aux taxes complémentaires sur les produits énergétiques et notamment la CSPE.

- Il échappe à l’indexation sur le pétrole.

- Il ne nécessite aucun abonnement.

- Il échappe au contraintes de la tarification progressive de l’énergie.

- En tant qu’énergie renouvelable à carbone recyclable il doit logiquement conserver ces avantages.

Pour l’avenir, il est même possible d’atteindre l’autonomie complète en fabricant son électricité à l’aide d’une mini turbine à vapeur et chaudière bois. De telles installations sont déjà disponibles pour des puissances électriques jusqu’à 50 KW avec des rendements très supérieurs à ceux des panneaux photovoltaïques. De plus ces installations ne souffrent pas de l’intermittence du solaire ou de l’éolien.

Le bois est décidément un atout majeur pour la transition énergétique…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 11:39

 

20 Février 2013

A en croire les média et les cassandres de service, les nuages ne cessent de s’accumuler sur notre horizon énergétique, voire même sur notre horizon tout court.

De la menace de cuisson à petit feu à cause de l’excès de CO2 jusqu’à la quasi certitude de l’holocauste nucléaire, en passant par l’épuisement des réserves d’énergies fossiles et l’excommunication des gaz de schiste, les média nous décrivent un avenir des plus angoissants.

Les prochaines décennies seront donc énergétiquement parcimonieuses.

La morale civique nous impose désormais un devoir de retenue dans nos comportements énergivores.

Et pour les récalcitrants ou ceux qui n’auraient pas saisi la nature de la menace, les gouvernements concoctent des pièges tarifaires de nature à décourager les velléités de débordements.

Les français dépensent chaque année 30 Mtep d’énergie uniquement pour se chauffer, soit environ 350 TWh toutes énergies confondues, électricité, gaz, fuel, bois, géothermie, héliothermie.

La consommation moyenne de chauffage est donc de 10 MWh /an par foyer ( #35 Millions de logements/ foyers).

Comme toutes les moyennes, celle-ci cache de très grandes disparités, depuis quelques centaines de KWh pour un modeste studio bien isolé jusqu’à 50 MWh et plus pour une grande maison ancienne très énergivore (passoire thermique).

La règlementation thermique RT 2012 traite le problème des logements neufs pour lesquels le respect des critères BBC devient obligatoire cette année.

Par ailleurs, les normes thermiques déjà en vigueur ont eu des résultats positifs; environ 10 millions de logements récents possèdent des performances énergétiques proches des normes actuelles.

Il reste donc grosso modo un parc de 25 millions de logements concernés par les incitations/exhortations à la sobriété énergétique.

S’agissant d’abord du chauffage, la première démarche est bien sûr l’isolation thermique des bâtiments et le remplacement des vieilles chaudières et/ou des appareils à bois vétustes par des matériels labellisés.

La dépense moyenne peut être estimée à 20 000 euros par logement ( entre 5000 et plus de 50 000 euros selon l’importance des travaux).

Il s’agit donc d’engager une dépense globale d’investissement de l’ordre de 500 Milliards d’euros, bien sûr sur plusieurs années ( dix, vingt ans ?).

On déclare ici et là que l’épargne française est très abondante. Des chiffres impressionnants circulent (On parle de plusieurs milliers de Milliards d’euros), auxquels d’ailleurs le Gouvernement s’intéresse de près car il souhaiterait y puiser pour rembourser sa dette.

Avec tant d’argent dans les bas de laine on peut donc penser que le financement des travaux de rénovation énergétique sera une simple formalité.

Mais, c’est oublier que la richesse est la chose du monde la moins bien partagée. Si certains possèdent un bas de laine pléthorique, d’autres plus nombreux ne possèdent qu’une modeste chaussette percée. Et, comme dit l’autre, il y a beaucoup plus de pauvres que de riches…

Par ailleurs, n’oublions pas non plus que, si le français épargne, c’est justement parce qu’il n’aime pas dépenser en aveugle!

Ou plus exactement qu’il n’accepte de dépenser (d’investir) que s’il perçoit la possibilité d’un retour sur investissement.

« I want my money back » disait Dame Tatcher, témoignant de la même préoccupation chez nos voisins d’outre manche.

C’est ainsi que l’on a pu constater que le succès des installations photovoltaïques domestiques n’est dû qu’à la perspective de réaliser un bon placement, et non pas à un subit prurit écologique.

(Savoir si le dit placement fut bon, ceci est une autre histoire).

La décision d’investir dans la rénovation énergétique d’un logement sera ainsi d’abord pesée par rapport à l’intérêt financier escompté à moyen-long terme.

On peut estimer/espérer que l’investissement global de 500 Milliards d’euros permettra de diviser par deux la consommation globale pour le chauffage, soit d’économiser 175 TWh par an.

En comptant un prix moyen de 60 Euros / Mwh, l’économie réalisée serait de l’ordre de 10 Milliards d’euros par an.

A ce tarif le retour sur investissement prendrait donc 50 ans, voire plus si l’on tient compte des intérêts légitimement attendus d’un placement financier !

Il n’est pas sûr que le français moyen se précipite sur cet investissement, il faudra le convaincre avec d’autres arguments pour qu’il entreprenne les travaux.

Et d’autres arguments, il y en a:

D’abord la « menace » d’une flambée des prix de l’énergie, ce qui hélas n’est pas une menace fantôme.

A 60 euros le MWh on peut encore assurer, mais à 200 ou 300 euros même les plus rétifs jetteront l’éponge.

Pour encourager les hésitants, L’Etat décide des mesures d’incitation fiscale, comme le crédit d’impôt, et/ou la TVA à taux réduit.

(Largesses très provisoires puisque les sommes concernées sont immédiatement reprises par l’Etat sous forme d’autres impôts, mais les français aiment bien ce tour de passe-passe, ils ont l’impression

d’être gagnants, au moins pendant un instant, le temps que l’argent met pour passer de la main droite à la main gauche).

Ensuite, des mesures financières comme le crédit à taux zéro.

Puis des mesures contraignantes, comme la tarification progressive de l’énergie ( Bonus malus).

Et encore l’augmentation des tarifs publics de l’énergie, grâce notamment à une indexation plus serrée des prix du gaz sur ceux du pétrole.

Et l’augmentation des taxes comme la CSPE et la TICPE.

Et pourquoi pas, en dernier ressort, des quotas ?

Donc un tir groupé de mesures globalement très persuasives.

Ces mesures autoritaires sécrètent leurs propres limites, établies aux frontières de la précarité énergétique déjà existante, et qu’elles ne feront qu’aggraver.

Personne n’ayant encore trouvé la recette pour tondre un œuf, et la conjoncture économique étant ce qu’elle est, de nombreuses personnes seront dans l’incapacité de suivre ce programme d’investissement ambitieux, et une bonne partie des 500 Milliards devra être puisée dans l’épargne des plus favorisés pour être redistribuée en direction des « énergétiquement précaires ».

Des grincements de dents en perspective…car la fourmi n’est pas prêteuse, la fable nous le rappelle.

L’efficacité des mesures d’incitation tarifaires sera proportionnelle à l’augmentation de ces tarifs, et particulièrement celui du gaz, qui est appelé à devenir la source privilégiée, le fuel étant trop fortement émetteur de CO2 et l’électricité étant condamnée par la RT 2012, au moins pour le chauffage.

« notre » gaz de schiste étant condamné, et le gaz provenant de la méthanisation des déchets n’étant pas encore majoritaire, nous resterons longtemps dépendants des marchés extérieurs pour nos approvisionnements.

Une façon définitive d’échapper à la conjoncture énergétique serait évidemment l’autosuffisance.

C’est le rêve de la maison à énergie positive.

L’idée est relativement simple: construire une maison parfaitement isolée et intelligemment structurée pour récupérer la chaleur naturelle du sol , qui garantit une température intérieure de 12 à 15 °C, et prélever l’énergie solaire rayonnée par des panneaux hybrides, qui fournissent sur l’année une énergie largement supérieure aux besoins.

Mais cette énergie est intermittente et il est nécessaire de faire appel à un système de stockage pour pallier les baisses de production saisonnières.

Aujourd’hui le seul système de stockage possible est le réseau de distribution.

Ce système ne peut fonctionner que si le réseau de distribution est conçu pour absorber les excédents de production, par pompage-turbinage par exemple.

Ce type de maisons est l’objectif du Grenelle de l’Environnement pour 2025, pour les habitations neuves évidemment.

Pour les logements existants dont les occupants désirent échapper aux sanctions financières de la tarification progressive (qui touchera l’électricité et le gaz de réseau), il reste toujours la possibilité de se chauffer au bois qui, pour le moment, n’est pas concerné par cette tarification, et dont le prix n’est pas indexé sur le cours du pétrole !

Et en plus, c’est l’énergie la moins chère ( Aujourd’hui), et elle n’émet que du CO2 recyclable !

Cela tombe bien, l’Etat cherche justement à développer la filière bois énergie, tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Tout au moins pour les heureux propriétaires d’une maison, qui peuvent choisir librement leur source d’énergie.

Les autres mettrons des pull-over, en attendant de toucher la subvention de rénovation énergétique.

Précédemment nous évoquions le retour à la bouse de vache et aux déchets pour produire du gaz, aujourd’hui nous ajoutons le retour au bois de nos forêts pour compléter le panel énergétique du parfait écologiste du vingt-et-unième siècle.

Tout çà pour çà , aurait dit ma Grand’mère, la petite excursion au paradis de l’énergie gratuite n’aura donc duré que cent-cinquante ans, nous voilà revenus au cul des vaches et dans les bois comme au bon vieux temps, le paysan reprend la place qu’il n’aurait jamais du quitter.

 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 11:21

 

12 Février 2013

Durant l’exil Ezechiel, sur les injonctions de Jéhova lui-même, fit cuire le pain sur un feu de bouses séchées.

Au début du vingtième siècle, mes ancêtres tenaient la bouse de vache en haute estime pour alimenter leur feu.

De nos jours encore ce précieux résidu bovin est la seule source de combustible dans les régions semi désertiques ( où il est parfois appelé bois de vache).

Nos sociétés « civilisées » ont tenu à marquer leur distance avec les sociétés dites primitives en leur associant le symbole de la bouse de vache comme stigmate de leur « infériorité ». Le qualificatif de « bouseux » marque bien la volonté d’établir une frontière.

Il se pourrait bien que nous ayons à regretter ce choix.

Après avoir surfé pendant un siècle sur le charbon, le pétrole, le gaz naturel, et l’atome, nous commençons à réaliser que la fête va bientôt finir et qu’il va falloir trouver d’autres sources d’énergie pour alimenter notre voracité.

Notre conditionnement technologique nous a naturellement poussés à chercher le salut dans la « High Tech », en l’occurrence le photovoltaïque et l’éolien, qui réclament ce qui se fait de mieux, donc de plus cher, en matière de techniques avancées.

Il est vite apparu que, sauf à couvrir le territoire de moulins à vent et de panneaux solaires, ces nouvelles sources ne suffiraient pas.

C’est alors qu’est apparu tout l’intérêt énergétique de cette denrée tant méprisée, la bouse de vache.

Ce spectaculaire retour aux sources aurait bien fait rire Ezechiel (pour Jéhova je ne sais pas) . En tous cas mes ancêtres apprécieront cette réhabilitation du « bouseux » .

Certes il n’est pas question d’utiliser directement ce combustible renouvelable sans lui faire subir un traitement sophistiqué digne de notre époque où l’on ne fait jamais simple quand on peut faire compliqué.

Le « produit » est traité dans des installations de haute qualité desquelles toute mauvaise émanation aura été bannie.

Ces lieux aseptisés (du moins on l’espère) accueilleront non seulement les bouses, mais toutes sortes d’excréments animaux et humains confondus, et aussi tous les déchets organiques produits par la société moderne, y compris les terribles algues vertes.

Les opérations effectuées dans ces installations ont pour but la production de Méthane.

En somme il s’agit de faire industriellement ce que chaque ruminant fait individuellement de manière non productive puisque le résultat de ses flatulences se perd dans l’atmosphère, augmentant fâcheusement la concentration des gaz à effet de serre.

En clair, l’usine de méthanisation est une sorte de machine à pets.

La bouse de vache de bonne facture, après séchage, exhibe un PCS de 4,7 KWh par kilogramme.

Le bois sec ne fait guère mieux, à peine 5,5 KWh / kg.

La production journalière d’une vache en bonne santé et correctement nourrie peut atteindre environ 1 kg de matière sèche par jour, ce qui représente une énergie potentielle de 4,7 KWh / jour.

Il y a en France quelques 20 Millions de bovins, dont les déjections représentent une réserve énergétique de près de 35 TWh par an.

Et que dire des 60 Millions de français ?

(Un certain général aurait dit « les français sont des veaux », quelle prescience !).

A cela ( ou ceux-là) bien sûr il faut ajouter la contribution des porcs, des volailles, les déchets des industries alimentaires, les déchets végétaux, les boues des stations d’épuration, ce qui permet d’espérer un filon énergétique prometteur et surtout inépuisable, dont la contribution pourrait être très significative, peut-être de l’ordre de 100 TWh par an ?

Qui a dit que le territoire français est dépourvu de ressources énergétiques?

La mise en valeur de ces déchets produit essentiellement du Méthane, qui peut être soit utilisé sur place pour fournir de la chaleur et/ou de l’électricité, soit injecté dans le réseau de distribution après purification et mise aux normes.

Une fois de plus l’Allemagne a ouvert la voie et comptait dès 2005 un parc de méthanisation de 2 700 installations d’une puissance totale de 650 MW.

Ce parc était de 7 000 installations en 2011, et le plan de développement prévoit 20 000 installations en 2020.

La France, malade de son nucléaire, accuse un retard considérable.

C’est seulement en 2011 que les structures règlementaires pour l’injection du biogaz dans les réseaux y ont été rendues publiques.

Il fut un temps où l’on n’avait pas de pétrole, mais on avait des idées.

Aujourd’hui on a le produit, mais on manque d’idées…

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 11:08

 

7 Février 2013

On se souvient des images spectaculaires de Fukushima, avec le bouquet final du feu d’artifice qui s’achève par une magnifique explosion dispersant dans l’atmosphère la quintessence de l’art nucléaire sous forme de subtils atomes radioactifs dont nos lointains descendants garderont malgré eux le souvenir hélas impérissable.

La réussite de ces pétardements nécessite la conjonction de différents phénomènes qui sont savamment orchestrés grâce à un agencement particulier du système et à un choix de matériaux adéquats.

Le combustible nucléaire, à base d’oxyde d’Uranium, est conditionné en petites pastilles cylindriques de 8 mm de diamètre et 13,5 mm de hauteur.

Ces pastilles sont enfilées dans des gaines (crayons) métalliques d’environ 4 m de longueur, fermées hermétiquement aux extrémités et mises en pression ( 25 à 30 kg). Chaque crayon contient quelques 270 pastilles et il y a environ 46 000 crayons dans la cuve, pour un poids de combustible de l’ordre de 90 tonnes.

Le métal des gaines du combustible est du Zircaloy, alliage de Zirconium et de Niobium essentiellement.

Le Zirconium a été choisi à cause de sa résistance à haute température, et surtout parce qu’il absorbe très peu les neutrons et résiste bien à la corrosion dans les conditions normales.

La cuve est remplie d’eau sous pression (155 kg) pour qu’elle reste liquide à haute température (300 °C); c’est de l’eau « normale » dite « légère » par opposition à l’eau lourde parfois employée dans d’autres types de réacteurs.

Cette eau transporte la chaleur de la réaction vers les générateurs de vapeur, qui actionnent les turbines des alternateurs. Elle est mise en circulation par d’énormes pompes. Elle sert également de ralentisseur de neutrons.

C’est le même principe que dans votre automobile, mais avec des neutrons en plus.

La chaleur infernale générée au sein de la cuve par la réaction de fission doit impérativement être évacuée par l’eau du circuit primaire sous peine de déclencher un emballement thermique initiateur d’un accident nucléaire.

Pour comprendre l’importance de ce circuit d’eau, appelé circuit primaire, il faut savoir que le débit nécessaire au bon fonctionnement d’un réacteur de 900 MWe est de 60 000 m3 par heure, ce qui correspond au débit d’une rivière moyenne.

Tout cela est régulé par des dispositifs automatiques redondants qui contrôlent et ajustent tous les paramètres, et par des dispositifs de sécurité qui interviennent en cas d’anomalie.

Cette belle mécanique est bien entendu sujette à des troubles de fonctionnement, qui sont parfaitement identifiés et qui font l’objet de contre mesures de sécurité soit automatiques, soit manuelles, et dont la mise en œuvre est un aspect essentiel de la formation du personnel.

L’objectif de ces mesures de sécurité est de maîtriser les incidents à leur source pour en maintenir les conséquences à un faible niveau sur l’échelle INES.

Ce qui se produit heureusement dans la très grande majorité des cas.

Mais il peut survenir des évènements exceptionnels dont l’ampleur dépasse les maximas historiques ayant servi à déterminer les marges de sécurité.

L’installation peut alors subir des dégâts susceptibles de déborder le système de gestion de la sécurité, de détruire le système de sécurité lui-même et la catastrophe nucléaire devient alors possible.

L’accident le plus grave et le plus redouté est le manque d’eau du circuit primaire. On parle alors de LOCA ( LOst of Coolant Accident).

Si, par malheur, une partie des gaines de combustible n’est plus refroidie (niveau d’eau trop bas) la température va monter rapidement.

Lorsqu’elle atteint 1 000 °C le Zirconium s’oxyde au contact de l’eau vaporisée, avec un fort dégagement d’Hydrogène:

Zr + 2 H2O --------------- Zr O2 + 2 H2

Dans le même temps, le Zirconium oxydé fragilise la gaine, qui devient poreuse et laisse passer les produits de fission radioactifs qui se mélangent à l’hydrogène.

Au-dessus de 1 200 °C il y a rupture des gaines et très forte contamination des gaz émis.

Ce mélange gazeux se répand dans l’enceinte de confinement, où il finit par se recombiner à l’oxygène présent en une explosion qui peut faire sauter le couvercle de la marmite.

C’est le feu de Zirconium.

Le couvercle ayant sauté, les gaz contenus dans l’enceinte de confinement sont éjectés dans l’atmosphère et contaminent l’environnement car ils sont porteurs de produits de fission hautement radioactifs.

Une telle explosion a été observée à Fukushima. Les photos montrant l’état des couvercle de cuves en dit long sur la puissance du phénomène.

Ce risque est pris en compte dans la conception des enceintes de confinement. Les occurrences de formation d’hydrogène sont analysées et modélisées pour connaître sa distribution à l’intérieur de l’enceinte, et pour disposer des systèmes igniteurs et recombineurs.

En dernier recours il peut être nécessaire de procéder à un largage préventif de gaz à l’extérieur de l’enceinte lorsque c’est le seul moyen d’éviter une explosion destructrice à l’intérieur.

C’est le principe déjà appliqué dans votre cocotte minute.

Sachant que ce gaz est radioactif, il est alors évidemment essentiel de déclencher un plan d’évacuation des populations avant de procéder à ce type de mesure extrême.

C’est à cette occasion que l’importance du facteur humain se manifeste. La chaîne des décisions doit être efficace et rapide, ce qui est une gageure eu égard aux nombreux échelons techniques et administratifs impliqués.

Mais ne perdons pas espoir, le pire n’est jamais certain, les probabilités sont avec nous.

Et pour ceux qui doutent, il reste la possibilité de solliciter la protection de Sainte Barbe, dont la mansuétude s’étend aux artificiers, aux géologues, aux ingénieurs, et aux pompiers.

Cette représentante multicartes est à coup sûr un bon Joker, à condition d’y croire.

Il ne faudra pas oublier également Sainte Lucie de Syracuse, patronne des électriciens, car une des causes principales du fameux LOCA est la défaillance de l’alimentation électrique de la centrale, voir Fukushima.

On se rappellera aussi que le LOCA a été évité de justesse à la centrale du Blayais grâce à un groupe électrogène qui a bien voulu tenir le temps nécessaire. Encore un coup de Sainte Barbe…

 

 

 

 

 

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 12:36

 

5 Février 2013

Le projet de Loi sur la tarification progressive de l’énergie (Loi Brottes) n’en finit pas de faire du bruit dans Landerneau, et même au-delà.

Toujours en discussion, avec de nombreux amendements, elle est censée entrer en application le 1er janvier 2015.

Sans entrer dans des détails qui nous plongeraient dans un véritable labyrinthe administratif (certains parlent d’usine à gaz), il faut rappeler que cette loi prévoit de taxer lourdement le gaspillage énergétique dans les bâtiments à usage d’habitation.

Avec sa consoeur la RT2012 ( Règlementation Thermique du Bâtiment), elle forme un couple auquel il devient impossible d’échapper, qu’il s’agisse de logements neufs ou anciens.

Nous voilà donc, contraints et forcés, placés dans l’obligation de procéder à une chasse au gaspi. Procédure légitime, car il fallait bien s’y mettre un jour, admettre que la fête est finie et qu’il faut éteindre les lampions.

Cette contrainte, ressentie comme une brimade par certains, va nous coûter cher. Il n’y a que deux options: Ne rien faire et supporter la surtaxation qui s’alourdira au fil du temps, ou investir dans une démarche de sobriété énergétique.

Dans un cas comme dans l’autre, la facture sera salée.

Cette perspective impose d’ajouter à la Loi un volet social qui définira les conditions de prise en compte de la précarité énergétique.

La prise en compte et la mise en œuvre des mesures de sobriété énergétique revêtira des aspects très divers susceptibles de générer une reprise de l’activité économique.

La transition vers la sobriété énergétique, qui s’effectuera sur une ou deux décennies, aura un coût qui avoisinera mille milliards d’euros.

Ces dépenses colossales seront effectuées en direction des entreprises qui prendront une part active à la mise en œuvre de la réforme:

Bien sûr d’abord les entreprises spécialisées dans la rénovation des bâtiments.

Les entreprises du bâtiment, qui tireront parti du surcoût de 10 à 15% des logements neufs BBC.

Les marchands de pull-over et de sous-vêtements molletonnés, car le premier reflex des usagers sera de baisser la température de leur logement.

Les médecins et pharmaciens, car le nombre de rhumes et mots de gorge vont monter en flèche.

Les marchands d’appareils de chauffage d’appoint à pétrole ou à gaz bouteille, qui échappent à la loi.

Les installateurs de cheminées et d’inserts, pour la même raison.

Les marchands de bois et dérivés, dont les affaires vont prospérer.

Les installateurs de toitures photovoltaïques.

Les installateurs de mini éoliennes.

Les installateurs de pompes à chaleur.

Les sociétés spécialisées dans le diagnostic énergétique.

Les marchands d’appareils de mesures à l’usage des précédents.

Les marchands d’appareils domestiques électriques, qui proposeront des matériels basse consommation.

Les marchands de cumulus électriques qui proposeront des appareils super isolés.

Les installateurs électriciens, qui proposeront des systèmes de délestage et de gestion d’énergie.

Les marchands de voitures électriques, car une batterie de 30 KWh rechargée à l’extérieur peut être utilisée à domicile comme source principale de courant et échapper ainsi à la RT2012.

Etc…

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ?

Hélas non, car nous ne pouvons ignorer ce petit diablotin qui se rappelle toujours à notre bon souvenir: Le principe de réalité.

Nous n’avons parlé ici que du problème de la sobriété énergétique des bâtiments d’habitation, qui ne représente que l’un des multiples volets du vaste problème de la transition énergétique qui doit être entreprise.

D’autres programmes, encore plus importants, sont prévus:

- Développement des énergies renouvelables sans CO2: Eolien, Solaire, Hydraulique.

- Développement des énergies à carbone recyclable: Méthanisation, Biocarburants.

- Développement des procédés de stockage de l’électricité: Filière Hydrogène, pompage-turbinage, stockage chimique, etc…

- Refonte des réseaux de distribution électrique.

- Démantèlement des centrales nucléaires arrêtées.

- Développement des procédés de séquestration du carbone.

- Construction de nouvelles centrales à gaz à cogénération.

Il s’agit de travaux qui devront impérativement être menés à bien sous peine de conduire à l’avortement de la transition énergétique.

Ce n’est donc pas mille milliards qui seront nécessaires, mais probablement deux ou trois fois plus.

D’où sortiront ces milliards, sinon d’une colossale augmentation de la dette publique ?

Une partie de poker que nous n’avons pas le droit de perdre…

 

 

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 16:28

 

3 Février 2013

La stratégie d’optimisation énergétique définie par le Grenelle de l’environnement se traduit par une toujours plus grande exigence de la Règlementation Thermique des bâtiments, ce que l’on ne peut qu’approuver.

La première étape de l’évolution a été la promotion de la sobriété énergétique avec l’objectif du Bâtiment Basse Consommation (BBC) à 50 KWh ep / m2.an.

La nouvelle version RT 2012 fait de cette référence une base ( modulable) obligatoire à partir de Janvier 2013 pour tous les bâtiments d’habitation, et fixe pour la prochaine décennie l’objectif du bâtiment à énergie positive.

De plus la règlementation thermique rappelle les correspondances retenues entre énergie primaire et énergie finale:

Pour l’électricité: 1 KWhef correspond à 2,58 KWh ep

Pour les autres énergies: 1 KWhef correspond à 1 KWh ep

En clair, cela exclut le chauffage électrique par convecteurs puisqu’il se trouve pénalisé d’un facteur énorme de 2,58 totalement dissuasif.

En 2009, environ 70% des logements neufs étaient encore équipés du chauffage électrique.

Ils n’étaient plus que 40% en 2011, pour probablement s’éteindre en 2013.

L’énergie de remplacement est majoritairement le gaz, dont les émissions de CO2 sont conséquentes, bien qu’inférieures à celles du fuel.

En France, plus de 90% de l’électricité est produite sans émission de CO2, à partir du Nucléaire, de l’Hydraulique, et des ENR.

On peut alors se demander, après tout le battage médiatique visant à diaboliser le CO2 et les énergies fossiles carbonées, par quel étrange raisonnement on en est arrivés à proscrire l’électricité au profit du gaz, qui de plus doit être acheté à l’étranger, ce qui plombe notre balance du commerce extérieur.

Mon voisin et moi n’avons pu émettre que quelques hypothèses qui, bien qu’étranges, nous paraissent seules capables de fournir un semblant d’explication:

- Les théories du réchauffement climatiques ont évolué, le CO2 anthropique n’est plus considéré comme seul responsable, et de toutes façons les chinois s’en moquent, alors pourquoi serions-nous seuls à lutter contre des moulins à vent ? D’ailleurs, voyez à Daho, l’enthousiasme a disparu.

- La balance du commerce extérieur ne sera pas affectée par un surcroît de consommation de gaz, puisque la France va bientôt disposer d’abondantes ressources de gaz de schiste.

- De plus, le gaz naturel pourra être avantageusement complété par le biogaz injecté dans le réseau, le marché s’annonce prometteur, nos amis allemands en font déjà un grand usage.

- L’électricité pourra éventuellement opérer un retour gagnant grâce aux pompes à chaleur lorsqu’elles seront adaptées à l’habitat collectif.

- Si, comme cela en prend la tournure, les vieilles centrales nucléaires ne sont pas remplacées, il faudra faire face à un déficit de production colossal d’électricité, que les ENR seront bien incapables de combler. Il est donc vital de réduire drastiquement la consommation, même au prix de conséquences discutables.

Ce facteur 2,58, qui signe l’arrêt de mort de l’effet Joule, trouve sa raison d’être dans les méthodes traditionnelles de production d’électricité. Les centrales thermiques à flamme consomment du charbon, du gaz ou du fuel, pour produire du courant avec un rendement d’environ 40%;

Pour produire 1 KWh d’énergie électrique ( énergie finale), il faut donc brûler environ 2,5KWh de charbon, gaz ou fuel, dans la chaudière (énergie primaire).

Le facteur 2,58 est une valeur conventionnelle. Dans la réalité il peut être supérieur selon le vrai rendement et les pertes en lignes.

Pour un pays qui produit son électricité avec des centrales thermiques, le fameux facteur 2,5 (officiellement 2,58) a un sens au plan thermodynamique, même si économiquement il est discutable.

Mais lorsque cette électricité est produite par un procédé qui n’utilise pas le principe de Carnot, cela n’est pas pertinent.

Or l’Hydraulique, l’ Eolien, et le Solaire photovoltaïque, qui sont les énergies de l’avenir si j’ai bien tout compris, produisent de l’électricité sans utiliser le principe de Carnot. Le facteur 2,58 ne devrait donc pas les concerner.

Par ailleurs, si malgré tout l’on cherche à chiffrer l’ énergie primaire éolienne, solaire, ou hydraulique, on entre dans le domaine de l’absurde.

Quant à l’énergie nucléaire, il est difficile de parler de rendement de 40% à propos d’un procédé dont les « déchets » valorisés représentent davantage d’énergie qu’il en est consommé dans le système !!!

( D’ailleurs le combustible extrait des cuves après usage n’est pas classé comme déchet, ce qui est logique puisqu’il contient encore une énergie considérable. Le Nucléaire a beaucoup de défauts, mais au moins il faut lui reconnaître un rendement supérieur à tout le reste).

Cette pénalisation dissuasive de l’électricité par la RT 2012 nous paraît doublement contre productive car, d’une part elle fait la part belle aux énergies fossiles carbonées qu’il faut acheter à l’étranger, et d’autre part elle constitue un message fort contraire aux exhortations en faveur de la lutte contre le CO2.

A moins que le nouveau dogme, encore inavoué, ne soit le retrait du nucléaire, auquel cas le retour aux fossiles est évidemment une obligation.

J’en connais qui vous se demander si vraiment çà vaut encore la peine d’investir dans des parcs éoliens ou solaires, alors que les autorités de régulation font la promotion du gaz…

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 15:58

 

30 Janvier 2013

Il a donc été décidé que le démantèlement d’une tranche nucléaire doit démarrer immédiatement après l’arrêt définitif de la production.

Cela bien sûr rend obsolète l’option du sarcophage, considérée comme cadeau empoisonné aux générations futures. On s’interrogera quand même sur la nature du « cadeau » constitué par les stocks de déchets HALV ( Haute Activité Longue Vie) enfouis dans des sites dispersés dans le monde et dont l’identification et la protection ne sont garantis qu’approximativement.

En fonctionnement le combustible nucléaire est le siège de réactions de fission sous l’effet du rayonnement neutronique contrôlé par le dispositif ralentisseur constitué des barres plus ou moins enfoncées dans la cuve, et de l’eau primaire elle-même convenablement dosée en acide borique (pour faire simple).

Les produits de fission, qui sont eux-mêmes radioactifs, s’échappent et sont transportés par l’eau du circuit primaire et vont polluer sous forme d’oxydes les moindres recoins de tout le matériel qui se trouve à l’intérieur de l’enceinte de confinement, et même un peu ailleurs, le tout pendant toute la durée d’exploitation, soit quarante ans ou plus.

D’autre part les matériaux du réacteur qui sont soumis au flux neutronique contiennent en très faible concentration des nucléides susceptibles d’être activés par les neutrons et de constituer des sources de radioactivité. C’est le cas en particulier de la cuve et de la tuyauterie adjacente.

Lorsque le réacteur est arrêté, et le combustible résiduel enlevé, toute cette pollution radioactive subsiste et doit être éliminée avant de pouvoir considérer le site comme neutralisé.

C’est la tâche essentielle du démantèlement, qui commence donc par une grande lessive un peu spéciale.

Après vidange du système il faut nettoyer la cuve, les générateurs de vapeur, les pompes, toute la tuyauterie, tous les dispositifs de contrôle et de réglage, les auxiliaires d’injection de sécurité, la régulation de pression, les grappes de ralentisseur, les gaines de combustible, les supports divers, les câblages, la piscine, et l’enceinte de confinement en béton.

Cette liste, non exhaustive, donne une petite idée de l’ampleur des travaux.

Ces produits de fission se déposent partout sous forme de dépôt d’oxydes de quelques microns d’épaisseur, et selon le matériau une pénétration dans le matériau sous une épaisseur variable de quelque microns (dans le métal) jusqu’à plusieurs décimètres dans un béton fissuré.

Il faut donc procéder à un grand récurage pour éliminer toute cette pollution. Les polluants récupérés sont ensuite traités selon leur appartenance et stockés sur des sites souterrains où ils sont priés de se faire oublier pendant quelques siècles voire davantage.

On parlait autrefois d’ « enfouissement » des déchets. Ce terme à connotation péjorative ( on enfouit des ordures pour les cacher) a été remplacé par le terme de « stockage géologique » qui signifie exactement la même chose mais en plus sémantiquement acceptable. Et puis ce terme de stockage, trop lié à la notion d’abandon et d’oubli, a été à son tour remplacé par le terme moderne d’ « entreposage de longue durée », associé à la notion de réversibilité.

Voici donc les déchets radioactifs dûment placés sous contrôle, assurés d’un suivi conforme à une procédure de longue durée et susceptibles d’être réintroduits dans une chaîne de retraitement.

Mais quelle est précisément cette durée et quelle est cette chaîne de retraitement ?

Pour ce qui concerne la durée, la réponse est « on n’en sait rien ».

Il est admis qu’une génération peut créer et résoudre un problème à l’échelle de cinquante ans. Il est admis également qu’un stockage de longue durée ne peut être raisonnablement assuré que sur une échelle de trois siècles. Au-delà il est impossible de prévoir l’évolution des régimes sociaux et politiques, de se prémunir contre les pertes de maîtrise des capacités technologiques, ni contre les accidents géomorphologiques, ni de garantir la bonne transmission de la traçabilité.

Or les déchets classés HAVL ( Haute Activité à Vie Longue) demeurent dangereux très au-delà de quelques siècles.

L’entreposage de longue durée n’est donc qu’une étape transitoire qui ne résoudra en aucune façon le problème à long terme.

Pour ce qui concerne l’éventuelle chaîne de retraitement censée transformer les déchets HAVL en produits FAVL ( Faible Activité à Vie Longue), des pistes sont proposées, qui reposent sur le développement de réacteurs de quatrième et cinquième génération, lesquels ne sont pas assurés de voir le jour.

Le problème des déchets nucléaires demeure donc entier. Les « solutions » proposées aujourd’hui consistent à refiler la patate chaude aux générations futures.

Tout cela est-il bien moral ?

 

 

 

 

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