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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 17:23

 

16 Mars 2013

Un véhicule parcourant 15 000 km par an (moyenne française) et consommant 6 L / 100 km brûle 900 L de carburant par an, qui représentent 8 MWh d’énergie primaire, c’est-à-dire deux fois plus qu’un logement de 80 m2 conforme à la norme RT 2012 !!!

Et ceci pour une utilisation modérée et dans des conditions de sobriété raisonnable de conduite « apaisée » .

Beaucoup de véhicules parcourent annuellement 30 000 ou 40 000 kms, dont une grande partie en agglomération ou sur route à allure soutenue. La consommation n’est alors plus de 6 L/100 kms, mais plutôt 7 ou 8.

La dépense énergétique annuelle dépasse alors 25 MWh, ce qui est extravagant en comparaison de ce qui est exigé pour un logement conforme à la RT 2012.

D’autre part nombre de ces véhicules sont utilisés par une seule personne, ce qui place la consommation individuelle à un niveau indécent.

D’autant plus que cette énergie est très mal utilisée puisque le rendement d’un moteur thermique ne dépasse pas 40% dans le meilleur des cas, alors qu’il est supérieur à 90% dans une chaudière de chauffage central moderne, voire même plus de 100% ( du PCI) dans une installation à condensation.

35 millions de ces véhicules dépensent donc environ 300 TWh d’énergie primaire annuellement, soit l’équivalent de la dépense énergétique du parc de logements existant !!.

Les pouvoirs publics ont déclaré la guerre aux logements énergivores et le projet de tarification progressive et/ou de bonus-malus est le moyen de dissuasion prévu pour inciter les consommateurs à plus de sobriété énergétique dans leurs usages domestiques. Le projet de Loi vient d’être définitivement adopté par l’assemblée en dernière lecture (Loi Brottes).

On ne peut qu’approuver cette démarche, même si les moyens utilisés sont discutables, et seront d’ailleurs discutés.

Dans le même temps les centrales thermiques génératrices d’électricité font leur aggiornamento. Désormais en cours de conversion à la cogénération, elles affichent des rendements supérieurs à 80%.

Mais alors pourquoi l’Automobile n’est-elle pas concernée par cette chasse au gaspi ?

Certes la profession s’est attachée à réduire les consommations spécifiques, et il faut l’en féliciter. Mais la dépense énergétique annuelle d’un véhicule donné ne dépend pas seulement de cette consommation spécifique (qui n’est qu’une valeur catalogue souvent différente de la réalité), mais aussi de la distance parcourue et des conditions d’utilisation, particulièrement de la vitesse et des accélérations, qui influent fortement sur la consommation réelle.

Le bonus-malus attaché aux émissions polluantes, de même qu’une éventuelle tarification progressive de l’énergie, devraient donc être assis non pas sur la consommation spécifique catalogue du véhicule mais plutôt sur la dépense énergétique effective annuelle, comme c’est le cas pour l’électricité, le gaz et la chaleur en réseau.

Par exemple il ne viendrait à l’idée de personne d’appliquer un malus à un usager qui possèderait une chaudière de chauffage central deux fois plus puissante que ce dont il a réellement besoin. Il est facturé et taxé sur sa consommation annuelle de gaz et non pas sur la puissance de sa chaudière.

De même pour l’électricité, qui est facturée et taxée sur la consommation et non pas sur la puissance des appareils installés.

Pourquoi un régime différent pour l’automobile ?

Parce que jusqu’à aujourd’hui on ne savait pas ( ne voulait pas ?) mesurer la consommation cumulée d’un véhicule par un dispositif analogue aux compteurs électriques et à gaz.

Autant il est facile d’installer un compteur à un point fixe de raccordement à un réseau de distribution d’énergie, autant cette opération s’avère hasardeuse lorsque l’énergie est disponible librement partout et que de surcroît le lieu de consommation est mobile !

Pourtant l’installation d’un compteur d’énergie sur chaque voiture ne serait pas plus absurde que les compteurs d’électricité et/ou de gaz qui équipe déjà chaque logement.

Le caractère mobile du véhicule n’est plus un obstacle à notre époque où la mobilité est devenue un critère d’efficacité.

La technologie moderne permet d’effectuer cette mesure dans des conditions de fiabilité satisfaisante et avec une bonne protection contre les fraudes.

( En fait ce compteur existe déjà puisque le calculateur d’injection connaît à chaque instant la quantité de carburant injectée dans le moteur. Il suffit donc d’ajouter quelques lignes de code et une case mémoire EEPROM dédiée pour enregistrer la consommation cumulée).

Les contrôles techniques pourraient être l’occasion du relevé de consommation, un télérelevé restant toujours possible par les méthodes habituelles (genre relevé des compteurs d’eau et d’électricité).

Ce système permettrait de mesurer l’énergie réellement consommée par un véhicule, et donc d’appliquer équitablement une éventuelle tarification progressive. De plus cette démarche irait dans le sens d’une harmonisation des méthodes incitatives de promotion de la sobriété énergétique.

De même qu’il est prévu de définir une consommation énergétique de base pour chaque logement, il serait établi un quota énergétique de base pour l’usage automobile, à charge pour l’usager d’acheter le véhicule qui convient à l’usage projeté, ou d’adapter son usage aux caractéristiques du véhicule.

Bien sûr ce système ne pourrait être mis en place que progressivement puisque seuls les véhicules neufs seraient équipés.

Ce qui peut apparaître comme un « flicage » de plus doit être considéré dans le contexte de crise énergétique qui impose d’adopter des comportements responsables.

Il ne serait pas normal de tolérer un laxisme total dans la consommation du carburant automobile alors que dans le même temps on s’apprête à encadrer étroitement la consommation d’énergie dans les logements.

Un consensus sur le programme de sobriété énergétique nécessite un minimum d’équité dans la répartition des efforts exigés.

Il y a donc un gisement considérable d’économie d’énergie dans le secteur automobile, qui brûle autant d’énergie que le résidentiel.

L’auteur n’est pas naïf au point d’ignorer les obstacles qui s’opposent à l’encadrement de la consommation énergétique automobile.

L’automobile est devenue un prolongement de l’individu « moderne », une sorte de prothèse dont il ne saurait se passer sans ressentir cette privation comme un handicap imposé. De familiale l’automobile est devenue quasiment individuelle.

Objectivement il est devenu difficile de se passer d’un véhicule privé; depuis des décennies l’aménagement du territoire s’est mis en place autour de l’automobile, qui s’est ainsi rendue incontournable.

L’obligation d’un compteur d’énergie dans une voiture serait à coup sûr ressentie comme une atteinte grave à la vie privée, et susciterait des réactions auprès desquelles les protestations contre le compteur Linky ne seraient que d’aimables considérations mondaines.

Autant les ex-ZAPA ( sont-elles vraiment ex ?) ont été perçues, à juste titre, comme discriminatoires vis-à-vis des véhicules anciens ne respectant pas les normes actuelles antipollution, autant le montage d’un compteur d’énergie dans les véhicules neufs serait à l’inverse perçu comme pénalisant pour les nouveaux acquéreurs, ce dont le marché de l’automobile n’a pas besoin !

Il est donc probable que nous continuerons encore longtemps à consommer super et gasoil sans aucune limite que notre propre satiété, au mépris des accords de Grenelle sur les économies d’énergie.

Il est vrai que l’Etat y trouve son compte puisque pour un litre de super acheté 0,35 euros sur les marchés, et revendu 1,60 euros, il touche 0,86 euros de taxes ( TICPE + TVA), il lui reste donc un bonus de 0,51 euros, ce qui permet de constituer une confortable cagnotte de l’ordre de la dizaine de Milliards par an.

Pourquoi tuer la poule aux œufs d’or quand il est possible de la faire pondre davantage ? Le projet récent de taxation du diesel au prix de l’essence augmentera la cagnotte de 5 Milliards par an.

Une aubaine que Bercy ne laissera pas passer. Le prétexte de lutte contre la pollution des particules fines donnera à cette surtaxe une teinture écologique de bon aloi. A condition toutefois que la cagnotte soit utilisée pour inciter les usagers diéselistes à remplacer leur auto…

Dans les prochains mois nous allons donc assister à un combat à multiples facettes :

Un premier affrontement opposera les tenants du FAP ( Filtre A Particules) contre ses détracteurs, qui lui dénient toute efficacité contre les nanoparticules, qui sont en fait les plus nocives.

Un second round opposera les constructeurs de diésels, les usagers diéselistes, et le Gouvernement sur l’opportunité de relever la TICPE au niveau de l’essence dans un contexte de crise de l’Automobile, les premiers arguant de l’impact quasi certain sur les ventes, les seconds d’une déroute financière, et le troisième de la nécessité d’uniformiser la fiscalisation des carburants ( avec en arrière-pensée une très forte envie de récolter le super bonus de cinq Milliards ).

En toile de fond un débat aura lieu sur l’opportunité de choisir entre le CO2 et les particules fines, pour savoir quel est l’ennemi officiel. En effet si l’on veut lutter contre le CO2 il faut promouvoir le Diesel, mais si l’on veut réduire la pollution aux particules il faut au contraire sortir du Diésel.

Faute de choisir clairement, la cacophonie nous guette, qui n’est pas propice aux affaires.

On pourrait bien sûr mettre tout le monde au Gaz mais ceci est une autre histoire…

Dans l’arène nous verront également s’affronter les associations de consommateurs et l’un ou l’autre Ministre au sujet des ZAPA (ou de ce qui en tiendra lieu) sur le sujet de la discrimination imposée entre les véhicules « propres » donc récents, donc appartenant à la classe privilégiée, et les véhicules polluants, donc anciens, donc équipant les moins aisés des usagers. La ficelle inégalitaire étant un peu trop grosse, il y aura matière à discuter.

Il est maintenant clair que le chemin vers la sobriété énergétique sera long et difficile. Nous devrons changer nos habitudes de vie, c’est-à-dire notre environnement technologique.

Cro-Magnon a supplanté Neandertal grâce à la technologie, qui a produit Homo-Automobilis.

A nous de faire en sorte que ce rejeton ne conduise pas à une impasse évolutive.

En clair, serons-nous assez intelligents pour nous passer de bagnoles ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

S
bonsoir,<br /> <br /> bien vu le parallèle entre chauffage et automobile.<br /> j'ai bien aimé l'idée du compteur de carburant
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