1er Mars 2013
Faute d’une vision claire et tranchée soutenue par un pouvoir dont la compétence serait reconnue, donc acceptée et suivie, tout laisse penser que la transition énergétique sera en fait un grand barnum d’initiatives déployées tous azimuts, encouragées par des aides gouvernementales davantage destinées à satisfaire les lobbies qu’à rechercher l’efficacité.
Désormais tout le monde a compris que la transition consistera non pas à passer d’un monde d’énergies fossiles à un autre fondé sur le propre et le renouvelable, mais au contraire à garder les deux puisque le fossile restera présent au moins jusqu’à la fin de ce siècle.
Non seulement les investissements sur les « vieilles » énergies ne baisseront pas, mais ils augmenteront car il devient indispensable de moderniser un outil déjà ancien pour en améliorer les rendements, réduire les émissions de CO2, généraliser la cogénération et promouvoir la politique de CSC ( Capture et Séquestration du Carbone).
Les énergies nouvelles sont multiples, il faudra donc multiplier les programmes d’aides au développement, et subventionner massivement la production par des tarifs préférentiels de rachat de l’énergie, qu’il s’agisse d’électricité ou de gaz issu de la biomasse.
Le réseau de distribution électrique ne convient plus aux nouvelles structures de production et d’échanges transfrontaliers; là aussi des investissements massifs sont indispensables.
Enfin il devient assez évident que les investissements en cours dans le Nucléaire de quatrième génération ne seront pas arrêtés, et qu’il faudra en plus prendre en charge le démantèlement des vieilles centrales.
C’est donc un effort financier colossal qui nous attend au cours des prochaines décennies.
Il est difficile d’envisager un financement de cet effort par de la dette nationale, la situation actuelle de celle-ci étant déjà proche du maximum tolérable.
Il faudra donc financer par l’impôt et par un relèvement drastique des tarifs de l’énergie.
La charge sera d’autant plus lourde que cet effort financier devra épargner les usagers en état de précarité énergétique.
La CRE ( Commission de Régulation de l’Energie) prévoit une augmentation des tarifs publics de 30% d’ici 2017, ceci n’étant que la première marche d’une ascension dont on ne sait pas très bien où elle s’arrêtera.
La CSPE sera l’outil de répartition de la charge financière, et la Loi sur la tarification progressive avec bonus-malus sera le bras armé qui est censé nous conduire à la sobriété énergétique.
A cet effort financier dédié à la modernisation d’outils anciens et à la création d’outils nouveaux, il faudra ajouter les investissements nécessaires au programme de sobriété énergétique, essentiellement l’isolation thermique des bâtiments, le remplacement des vieilles chaudières, et le renouvellement du parc automobile et des matériels énergivores.
Le but de ces grandes manœuvres étant entre autres la réduction de nos consommations énergétiques, en cas de succès la charge par unité de consommation sera d’autant plus lourde.
Nous voilà donc sur le chemin d’un monde où l’énergie sera véritablement hors de prix. Pour beaucoup un seuil de tolérance sera atteint, qui obligera à reconsidérer les modes de vie, les standards d’habitation, la gestion des déplacements, le lieu de résidence, l’occupation des loisirs.
C’est à un nouvel art de vivre que nous sommes conviés, peut-être est-il temps d’y penser très sérieusement…