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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 18:33

8 Mai 2011


Les risques évidents d

une exposition à des radiations ionisantes de forte intensité ( Tchernobyl, Fukushima ) à caractère accidentel, ne doivent pas faire négliger les risques dune exposition permanente à des radiations de faible intensité.


Dans un article du 2 Mai 2011, nous évoquions l

hormèse et la loi de Harndt-Schulz, à propos dun problème qui partage la communauté scientifique, à savoir lexistence ou non dun seuil de tolérance de lorganisme aux radiations nucléaires.


En France la population est exposée en permanence à des radiations ionisantes qui se traduisent par une dose annuelle moyenne de 3,7 milliSievert, avec d

assez grandes disparités.


L

opinion sinterroge à juste titre sur la nocivité potentielle de cette exposition à laquelle on ne peut échapper.


La triste vérité est que personne ne sait donner de réponse précise.


Jusqu

à une période récente, la  communauté scientifique admettait le principe de leffet de seuil. En dessous dun certain seuil le risque était considéré nul. Les autorités responsables de la radioprotection avaient fixé des seuils en se basant sur les données de lexpérience ( Notamment Hiroshima et Tchernobyl), mais sans aucune base vraiment scientifique.


Les effets possibles des faibles doses, inférieures aux seuils fixés, n

étaient pas niés, mais limpossibilité de les distinguer du bruit de fond pathologique en rendait létude très difficile. Comment savoir, parmi les cancers dun certains type, ceux qui seraient causés par les radiations ionisantes de niveau faible ?


Cette incertitude est aujourd

hui jugée inacceptable, car elle est la porte ouverte à un certain laisser-aller dans la rigueur. En effet, dans une optique deffet de seuil, comment éviter le laxisme qui consisterait à augmenter le seuil normatif pour sadapter à une situation de terrain mal maîtrisée ?


Par exemple, le suivi médical radiologique en constant développement conduit à une augmentation des doses cumulées. Aux Etats-Unis, il a été constaté que l

exposition due aux seuls examens radiologiques était passée de 0,5 mSv en 1980 à 3 mSv en 2006. Les examens au scanner, qui délivrent des doses de 10 à 12 mSv, sont en constantes augmentation.


Il est donc apparu que le recours à une nouvelle manière d

évaluer les effets des faibles doses simposait.


Cette insuffisance des connaissances en radiobiologie se traduisait par des informations au public contradictoires, peu convaincantes et de nature à entretenir une suspicion légitime .


Pour sortir de cette incertitude, l

Europe a financé un vaste programme sur quatre ans ( 2004-2008) dans le but détablir les bases de la connaissance des effets biologiques des faibles doses de radiations.


C

est le projet RISC-RAD :


(

Radiosensitivity of Individuals and Susceptibility to Cancer induced by ionizing radiations).


Voici un extrait des conclusions provisoires de ces travaux:



« Les premiers résultats de recherches menées sur les faibles doses au niveau européen (notamment dans le cadre du projet Risc-Rad ) et international ont d’ores et déjà permis d’avancer dans la compréhension des mécanismes de cancérogénèse associés à l’irradiation.


Les données obtenues ne remettent pas en question l’utilisation, en radioprotection, de modèles d’estimation du risque basés sur une augmentation linéaire du risque avec la dose de rayonnements. Néanmoins, les études montrent que les faibles doses d’irradiation ont des réponses biologiques spécifiques.


Trois enseignements clés sont ressortis de ces études :


- Il n’y a pas une forme unique de relation dose-effet pour tous les processus biologiques cellulaires.


- Les rayonnements peuvent avoir des effets indirects, qui joueraient dans la cancérogénèse un rôle mineur par rapport aux effets directs sur l’ADN .


- Les prédispositions génétiques modulent le risque de développer un cancer.


Il n’y a pas une forme unique de relation dose-effet pour tous les processus biologiques cellulaires étudiés.


De nombreux efforts ont porté sur l’exploration des relations entre la dose de rayonnements et les effets sur les processus biologiques impliqués dans la cancérisation. Les différents résultats obtenus mettent en lumière une diversité de réponses à la dose de rayonnements selon le mécanisme biologique étudié :


- Un certain nombre de processus répondent de façon dépendante de la dose. C’est le cas, par exemple, des effets immédiats tels que de l’induction de dommages à l’ADN, d’aberrations chromosomiques et de mutations. D’autres en revanche présentent un seuil de dose en-dessous duquel aucun effet ne peut être observé. C’est le cas notamment du contrôle du cycle cellulaire.



- Les effets induits par de faibles doses d’irradiation peuvent être différents de ceux observés lors d’expositions à de fortes doses d’irradiation. La nature de ces différences (qui portent sur le type d’effet, leur cinétique d’apparition…) et leurs implications restent encore à explorer. Mais ces résultats suggèrent qu’il faut prendre en compte cette variabilité .



- Enfin, dans certains contextes cellulaires, une faible dose d’irradiation donnée avant une irradiation à forte dose peut conférer une résistance et pourrait donc être bénéfique pour la survie cellulaire.


Si ces résultats n’apportent pas de conclusion définitive quant aux conséquences de la variabilité de réponse en fonction du mécanisme biologique étudié, ils contribueront à mieux définir les facteurs influençant le risque de cancer. »


Les recherches soutenues par le projet européen sont poursuivies à l’échelon international, dans le cadre des travaux du HLEG ( High Level Expert Group on European Low Dose Risk research), et MELODI ( Multidisciplinary European Low Dose Initiative).


L’objectif de ces travaux est multiple:


- Acquisition de meilleures connaissances des interactions entre le vivant et les radiations ionisantes de faible intensité, particulièrement en matière de cancers radio induits et de désordres génétiques.


- Développer une démarche de santé publique visant au contrôle des risques d’exposition de la population, dans l’environnement et dans les actes techniques de radiologie.


- Informer la population par une communication claire sur l’évolution des risques et les moyens de radioprotection.


Nous reviendrons sur certains des résultats obtenus, qui ouvrent déjà sur des perspectives nouvelles.


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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 14:15

6 Mai 2011


Nous avons vu que, même en l’absence de catastrophe nucléaire, notre environnement est en permanence imprégné de radiations ionisantes d’origine naturelle technologiquement renforcée, ou d’origine industrielle liée à l’utilisation de produits radioactifs ( centrales électronucléaires, applications industrielles et médicales des rayons ionisants), ou d’activités de défense et reliquat d’essais nucléaires atmosphériques.


Une catastrophe nucléaire augmente bien entendu cette imprégnation, la pollution atmosphérique se répandant autour du globe grâce aux courants aériens.


Cet environnement est dangereux pour l’organisme humain, qui subit deux types d’atteintes:


- L’exposition aux rayons ionisants en provenance de l’atmosphère, du sol, des roches, d’examens radiologiques, ou de la proximité d’une quelconque source émettrice.


- La contamination par inhalation et par la chaîne alimentaire.


Pour tenter de maîtriser les risques liés à la radioactivité de l’environnement, L’Etat amis en place une structure chargée de la règlementation, du contrôle, et de l’information aux autorités et au public.


Le cadre législatif est la Loi TSN ( Transparence et Sécurité Nucléaire) du 13 Juin 2006.


Cette Loi s’accompagne de la création du HCTISN ( Haut Comité pour le Transparence et l’Information sur la sécurité Nucléaire ), dont les missions sont clairement rappelées dans sa désignation.


A la même occasion fut créée l’ASN ( Autorité de Sureté Nucléaire ), chargée de mettre en œuvre les missions définies par la loi.


Pour l’expertise technique, l’ASN s’appuie sur l’IRSN ( Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire ), créé en 2001.


Les accréditations nécessaires lui sont délivrées par la COFRAC ( Comité Français d’ACcréditation ) créée en 1994, seule instance française habilitée à délivrer des accréditations.


L’ASN travaille en liaison avec le DSDN ( Délégué à la Sureté Nucléaire Défense ), et en délégation avec les ARS ( Agences Régionales de Santé ).


La tâche essentielle de l’ASN, dans sa mission de sureté nucléaire, est le contrôle des applications du nucléaire civil, particulièrement des centrales électronucléaires évidemment.


En complément de cette surveillance directe, l’ASN est en charge de la surveillance de l’environnement, non seulement au voisinage des centrales, mais également sur tout le territoire.


Les activités de l’IRSN, sous l’égide de l’ASN, sont rendues publiques et accessibles sur le site:


 

 

 

 

http://environnement.irsn.fr   


On pourra consulter également:


 

 

 

 

http://criter.irsn.fr/exercice/acteur   


et:


 

 

 

 

http://sws.irsn.fr/sws/mesure/index   


On voit que la matière ne manque pas, les informations sont là, nous en détaillerons certains aspects dans de prochains articles.


En face de la très officielle et très Etatique ASN/IRSN, il y a la CRIIRAD ( Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité).


C’est une association à but non lucratif, qui s’est constituée à l’occasion de la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Elle se déclare indépendante des exploitants du nucléaire, de l’Etat, et des partis politiques ( C’est une déclaration gratuite). Elle s’est donné pour mission la critique des informations diffusées par l’IRSN, et l’analyse contradictoire des données sur la contamination radioactive.


Disposant d’un laboratoire d’analyses ayant reçu sa qualification du Ministère de la santé, et d’une équipe de terrain, la CRIIRAD est en mesure d’apporter une vision indépendante du problème de pollution de l’environnement par les radiations nucléaires.


Les deux entités, ASN/IRSN et CRIIRAD, ont évidemment des positions opposées sur la manière de traiter les informations, et sur la validité des données diffusées.


L’organisme d’Etat et l’Association à but non lucratif se déclarent tous deux indépendants, mais chacun possède sa propre sensibilité et les mêmes données peuvent être interprétées différemment.


L’ASN/IRSN intervient dans le cadre de la politique française électronucléaire et de la santé publique, alors que la CRIIRAD intervient au départ en tant que critique du travail de l’ASN et de son interprétation des données jugées à priori tendancieuse.


Il existe par ailleurs différents laboratoires possédant une accréditation COFRAC, et susceptibles d’intervenir à la demande pour réaliser des analyses. Peuvent y avoir recours les collectivités locales, les exploitants nucléaires, les associations, les représentants de la société civile, ou les entreprises, qui peuvent également s’adresser directement à l’IRSN.


Les mêmes dispositifs existent évidemment à l’échelle internationale.


Les moyens techniques existent donc à profusion pour effectuer toute mesure jugée utile, mais le crédit à accorder aux conclusions à l’usage du public reste partiellement remis en question par une partie de l’opinion.


En clair, la confiance du public n’est pas totalement acquise, il existe un doute sur la sincérité des affirmations des autorités, ce qui laisse du grain à moudre à la CRIIRAD. Un grand travail de communication reste à faire, le nuage de Tchernobyl n’est pas encore dissipé dans les esprits. Et ce n’est pas celui de Fukushima qui va contribuer à nous redonner un ciel bleu…



 


 


 


 

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 16:46

3 Mai 2011


Nous avons précédemment rapidement passé en revue quelques-unes des sources de radioactivité, d’origine naturelle ou artificielle ( les artificielles devant hélas rapidement rejoindre le clan des naturelles puisqu’il faudra désormais vivre avec).


Les média évoquent souvent la pollution radioactive atmosphérique, la plus évidente étant constituée par les rejets massifs des réacteurs dont on a perdu le contrôle. On parle du nuage de Tchernobyl, du nuage de Fukushima.


Les pouvoirs publics disposent d’un important réseau de capteurs qui délivrent des informations fiables sur les taux de radioactivité associés à ces fameux nuages.


L’opinion est ainsi conditionnée à croire que, une fois le nuage passé, tout danger est écarté.


Pour parfaire la mise en scène, un coupable « marqueur » est désigné, c’est l’Iode 131. C’est un bouc émissaire complaisant, sa durée de vie est courte ( période de 8 jours) et il se transforme en Xénon 131 non radioactif après émission d’une particule Beta.


Donc il devient quasiment inoffensif au bout de quelques semaines, et quelques pastilles d’iode normal suffisent à bloquer son entrée dans l’organisme ( la thyroïde).


La réalité n’est pas aussi simple.


Les « nuages » de pollution radioactive ne contiennent pas que de l’iode 131. De nombreux autres produits de fission sont entraînés dans l’atmosphère et sont susceptibles d’être transportés sur de très longues distances ( Principalement des isotopes de l’Iode et du Césium).


Les produits radioactifs de l’atmosphère sont rapidement dosés et leur taux rendu public, particulièrement dans sa phase de décroissance.


Ces polluants existent soit à l’état gazeux, soit sous forme d’aérosols, ce sons des nanoparticules.


Leur séjour dans l’atmosphère est en général de courte durée, ils rejoignent le sol, entraînés par les poussières ou la pluie.


Leur proportion dans l’air diminue donc , non pas parce qu’ils disparaissent, mais parce qu’ils sont maintenant au sol.


Au sol, ils s’intègrent à la chaîne alimentaire par contamination des eaux de surface et des végétaux qui sont ensuite consommés soit pas l’Homme, soit par les animaux ( Bétail, gibier, volaille ). Ils se mélangent à la terre par infiltration et percolation, par l’effet des labourages, du travail des vers de terre et des insectes fouisseurs.


Dans le sol, leur durée de vie ne dépend que de leur cycle de désintégration, ce qui laisse de belles années à des produits comme le Plomb 210, le Polonium 210, le Césium 137, le Tritium, et quelques autres.


Il est donc essentiel de contrôler non seulement l’atmosphère, mais aussi et surtout l’ensemble de la chaîne alimentaire.


Qui est chargé de ce contrôle ?


En France c’est l’ASN ( Autorité de Sureté Nucléaire ) qui centralise toutes les démarches de règlementation, de contrôle, et d’information du public.


Nous en verrons les rouages dans l’article suivant.



 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 18:07

2 Mai 2011


L’analyse de la nocivité des radiations ionisantes impose de considérer plusieurs catégories de circonstances. On ne peut en effet utiliser les mêmes outils d’analyse pour traiter du problème des liquidateurs de Tchernobyl , et pour mesurer le risque lié à l’exposition au radon dans un logement.


Trois niveaux ont été définis pour l’étude de la relation dose/effets:


Le premier niveau est appelé déterministe.


C’est le niveau d’exposition qui entraine des dégâts sûrs, irréversibles, et fatals à court ou moyen terme.


Les noms de Three mile Island, Tchernobyl, Fukushima, viennent immédiatement à l’esprit comme exemples d’irradiations massives entraînant un nombre important de décès et de dégâts importants.


La population, dans sa grande majorité, échappe heureusement à ce risque extrême, mais se trouve cependant confrontée à un risque plus insidieux, qui est l’exposition permanente à des doses réduites de ces mêmes radiations.


Les études épidémiologiques montrent, dans un certain nombre de cas bien renseignés, une relation de cause à effet indiscutable entre l’exposition à des doses significatives mais non massives, et des désordres organiques tels que cancers, leucémies, désordres génétiques, mutations, affaiblissement des défenses immunitaires, etc…


Ces cas constituent le deuxième groupe, associé à des effets « semi-stochastique ».


C’est le cas par exemple de l’exposition au radon associée au tabagisme, qui induit de nombreux cancers du poumon; le cas également des travailleurs des mines d’Uranium, de sel, de phosphate; ou bien des expositions trop prolongées au Soleil, de l’usage abusif des cabines de bronzage, etc…


L’ensemble de ces cas d’expositions significatives mais « non massives » entraîne des dégâts de santé publique qui, jusqu’à présent, sont supérieurs en nombre de plusieurs ordres de grandeurs à ceux des accidents de réacteurs nucléaires.


Le troisième groupe concerne les cas d’exposition permanente à des «petites» doses, sans que la relation dose/effets soit parfaitement établie. Les effets sont alors purement stochastiques, ce qui signifie qu’il y a des effets, mais que ceux-ci se manifestent de manière probabiliste au sein d’une population nombreuse.


En clair, on peut affirmer que X% de la population de Bretagne sera atteinte d’un cancer du poumon lié au radon, mais on ne sait pas dire qui sera atteint.


Ce troisième groupe est représenté par environ 80% de la population. Les 20% restant sont les travailleurs susceptibles d’être exposés à des radiations( y compris solaires), soit directement, soit à travers des produits qu’ils utilisent sans toujours savoir qu’ils sont radioactifs. Il faut y ajouter les fumeurs qui augmentent les effets du radon, et les forcenés de la bronzette qui abusent des UV artificiels.


Ces 80% de la population, qui pensent en toute bonne foi être à l’abri des radiations nucléaires, reçoivent en moyenne une dose annuelle de 2,4 milliSievert. Cette dose est une moyenne, elle peut être très supérieure pour certaines catégories de personnes selon la région de résidence, les habitudes alimentaires, etc…


L’évaluation des risques encourus par cette troisième catégorie d’individus est très approximative car la connaissance des relations dose/effets est encore très discutée.


Trois hypothèses sont proposées, la vérité étant probablement un mélange des trois:


La première hypothèse, la plus ancienne, consiste à admettre un effet de seuil. Pour les doses inférieures à ce seuil, il n’existerait aucun effet.


Dans ce cadre on a défini des seuils d’exposition d’une manière assez arbitraire. On parle de doses annuelles admissibles, sans bien préciser le sens donné au terme « admissible ». On indique des doses différentes selon que l’individu est un quidam ou bien un travailleur exposé, ce qui est parfaitement absurde. Pourquoi un travailleur est-il censé supporter une dose supérieure à celle considérée comme maximale pour un quidam ?


On a introduit la notion de « débit de dose » pour faire une différence entre une dose reçue en une courte période et la même dose étalée sur une durée plus grande.


Tout ceci n’est pas très satisfaisant, mais c’est la norme actuellement appliquée.


La seconde hypothèse résulte des progrès des études épidémiologiques réalisées ces dernières décennies, et des expérimentations animales lorsque l’expérience humaine n’est pas disponible.


Cette hypothèse considère qu’il n’y pas d’effet de seuil. La relation dose/effets serait du type linéaire sans seuil.


ce qui évidemment change tout puisque la notion de dose admissible perd son sens. Les doses les plus faibles sont susceptibles de déclencher des effets chez certains individus.


La stratégie de gestion du risque nucléaire doit donc être changée. Il ne suffit plus que l’exposition d’un individu soit inférieure à la dose règlementaire, il faut gérer cette exposition selon le concept ALARA ( As Low As Reasonably Achievable), c’est-à-dire prendre les mesures nécessaires pour que l’exposition soit aussi faible que ce que permet raisonnablement la technologie dans le cas considéré.


Ce qui n’a pas grand sens, dans la mesure où l’on peut toujours réduire les doses reçues, en y mettant le prix.


Ce concept, plus conforme à la réalité, n’est pas facile à mettre en œuvre. Il paraît impossible de se passer de valeurs numériques à respecter dans le cadre d’une règlementation.


La troisième hypothèse ne rejette pas complètement les deux autres, elle les complète en y ajoutant un facteur qui tient compte d’observations déjà anciennes.


On sait, depuis Mithridate, que l’on peut s’immuniser contre un poison en en absorbant des petites doses pour habituer l’organisme à développer des défenses spécifiques.


Au XIXè siècle, Harndt et Schulz ont reformulé cette constatation à partir de leurs propres expériences:


« pour toute substance, de faibles doses stimulent, des doses modérées inhibent, des doses trop fortes tuent. »


Formulation connue sous le nom de « Loi de Harndt et Schulz ».


Cette « loi » a été rejetée par la science, surtout avec l’arrivée des thèses sur l’homéopathie.


Mais de nombreuses expériences biologiques récentes ont remis en évidence ce phénomène important: Dans de nombreux cas, de très faibles doses ont un effet très supérieur à celui de doses importantes.


Et ce phénomène a également été constaté à propos des effets radio induits.


Il porte le nom d’Hormèse.


L’explication du phénomène n’est pas connue avec certitude. Il semble que de faibles doses provoqueraient une réaction spécifique du système immunitaire, qui préparerait l’organisme à accepter des doses importantes par la suite.


Il existerait, en quelque sorte, une espèce de vaccination contre les radiations nucléaires.


Le champ de l’évaluation des risques épidémiologiques liés à une exposition aux radiations nucléaires est donc encore largement une « terra incognita ».


Gardons-nous donc de porter des jugements définitifs sur des phénomènes qui nous dépassent encore, et en matière de radiations, appliquons la formule prudente recommandée pour le vin:


« Un milliSievert, çà va, deux milliSievert, bonjour les dégâts »…



 


 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 10:30

2 Mai 2011


Le Radon commence maintenant à être bien connu. Ce gaz radioactif d’origine naturelle est même devenu l’objet de mesures de protection qui ne tarderont pas à être étendues aux habitations particulières.


L’accent mis sur sa faible durée de vie ( 3,8 jours ), peut laisser penser qu’une fois désintégré il ne présente plus aucun danger.


C’est exactement le contraire !


Comme tout élément radioactif, le Radon 222 fait partie d’une famille d’éléments qui dérivent d’un élément primordial par une chaîne de désintégrations successives.


L’ancêtre du Radon est l’Uranium 238, qui est le plus abondant des isotopes de l’Uranium naturel sur Terre.


U238 se désintègre spontanément en une succession d’éléments eux-mêmes radioactifs, et on arrive au Radon 222 en passant par un certain nombre d’éléments comme le Thorium et le Radium bien connu.


Il y a d’autres isotopes du Radon, mais leur durée de vie est si brève qu’ils peuvent être ignorés, au moins pour ce qui nous préoccupe.


Ce  Radon 222 est un gaz, c’est pourquoi il se répand dans l’atmosphère dès qu’il peut trouver une fissure dans le sol pour s’échapper.


Lorsqu’il est inhalé il pénètre profondément dans les poumons et se dépose facilement à cause de son poids ( 8 fois plus lourd que l’air ).


En lui-même il n’est pas nocif puisque c’est un gaz inerte.


Mais s’il est chimiquement inerte, il reste radioactif car la chaîne à laquelle il appartient n’est pas terminée.


Il va se transformer successivement en Bismuth 218, Thallium 214, Polonium 214, Polonium 210, Plomb 210, tous radioactifs, pour finir la chaîne en Plomb 206 stable.


Un atome de Rn 222 finit en Pb 206 après avoir émis quatre particules alpha qui vont provoquer dans l’organisme de multiples ionisations destructrices.


Les rejetons du Radon les plus virulents sont le Plomb 210 et le Polonium 210. Leur radio toxicité est supérieure à celle du Plutonium 239, pourtant déjà tristement célèbre dans les gazettes, à cause de ses liens étroits avec le nucléaire industriel.


Les atomes de Radon qui s’échappent du sol se répandent dans l’atmosphère, dans les eaux des nappes phréatiques, dans les poches souterraines de gaz naturel, de pétrole; le radon est bien sûr présent dans toutes les roches, dans les charbons, et est amené en surface par l’intermédiaire des procédés d’extraction. Avec lui arrivent aussi ses descendants , dont Pb 210 et Po 210.


Le Radon fait un cours séjour dans l’atmosphère puisqu’il se transforme assez rapidement en éléments non gazeux lourds, qui retombent sur le sol et s’intègrent à la chaîne alimentaire .


Nous en reparlerons donc prochainement.



 


 


 


 


 


 

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 11:19

30 Avril 2011


Nous avons longuement présenté le Radon 222, ce gaz rejeton radioactif du l’Uranium naturel, qui profite de son  état gazeux pour s’insinuer partout dans notre environnement. Il est tellement présent que l’OMS recommande de le surveiller de près et de s’en protéger au besoin.


Après plusieurs désintégrations assez rapides, il aboutit au Plomb 210, rejeton également radioactif à vie plus longue ( période de 22,3 ans).


On trouve donc du Plomb210 partout, y compris dans nos poumons puisque nous respirons tous du radon, à doses plus ou moins fortes.


On en trouve même dans les cuves des méthaniers, ce qui laisse supposer qu’il y a du radon dans le gaz naturel.


Nous en reparlerons ultérieurement.


D’autres éléments radioactifs sont présents dans notre environnement, notamment le Potassium (K40) , d’origine naturelle, et de temps en temps une bouffée d’Iode 131, qui fait sporadiquement la une des médias.


Mais il en existe un autre, curieusement assez discret, c’est le Césium 137, résidu des essais et des accidents nucléaires. Il fait rarement la une des journaux malgré sa présence permanente hautement toxique.


Nous avons vu que certains lui ont trouvé une utilité dans la datation des bouteilles de vins millésimés.


En tant que marqueur temporel, il est utilisé en différentes autres applications.


Ce qui nous intéresse ici, c’est sa nocivité et son cycle de vie.


Le Césium 137 est un des multiples produits de fission qui résultent d’explosions nucléaires et d’accidents de réacteurs. Il est particulièrement mauvais pour au moins sept raisons:


- Il a une durée de vie longue ( à l’échelle de la vie humaine), sa période (demi vie) est de 30,15 années. Par exemple, le Césium137 rejeté dans l’atmosphère par la catastrophe de Tchernobyl de 1986 ne se sera résorbé à 50% dans la biosphère qu’en 2016.


- Il se dépose assez rapidement au sol ( son dosage atmosphérique diminue rapidement après un accident nucléaire), à partir duquel il s’intègre dans la chaîne alimentaire, provoquant une contamination totale et durable.


- Il est biologiquement dangereux car il a des affinités chimiques qui lui permettent de se déguiser en Potassium ( Ils sont dans la première colonne du tableau périodique des éléments, avec le Sodium ). Ingéré dans l’organisme, il va suivre le même circuit que le Potassium, se retrouver dans le sang  et contaminer tous les organes.


Il est particulièrement nocif chez les enfants, dont l’organisme réclame beaucoup de Potassium.


Il ne sera partiellement éliminé de l’organisme qu’au terme d’une période biologique de 70 à 100 jours ( à l’issue de cette période il en restera encore 50%).


- Il se désintègre en émettant des rayonnements Beta ou gamma, dont les  effets sur l’organisme sont dévastateurs, et dépendent bien sûr des doses reçues ( J’épargne au lecteur la liste des effets biologiques constatés, elle est assez effrayante).


- Il n’est pas éliminé de la biosphère, sinon par sa propre désintégration, qui est assez lente. En effet, la chaîne alimentaire, comme son nom l’indique ( ou devrait l’indiquer), est une boucle sans fin. Ce qui est rejeté réintègre le sol et se retrouve dans les végétaux et les animaux consommés.


- Il est concentré par certains types de végétaux et d’animaux consommateurs de ces végétaux. Par exemple les champignons ( certains d’entre eux comme la truffe ou le pied de mouton) dans lesquels on a trouvé des concentrations considérables, bien sûr dans les pays de l’EST, et le gibier mycophage. Le cheptel domestique n’est pas épargné, pas plus que les légumes ou les eaux de consommation.


Après Tchernobyl, la norme de pollution au Cs137 « acceptable » a été fixée à 600 Bq/kg. Des contrôles ont constaté parfois des doses très supérieures.


- Et enfin, on ne connaît pas encore de méthode efficace pour l’éliminer ou contrer ses effets dans l’organisme.


Il est évident qu’à coté de ce tueur, l’iode131 fait figure d’aimable trublion.


Faut-il rappeler que l’ingestion de pastilles d’iode, censées protéger la thyroïde des attaques de l’Iode 131, est sans effet sur le Césium 137.


Je suis sûr que dorénavant vous ne regarderez plus votre assiette de la même façon, et que la cueillette des champignons perdra un peu de son caractère bucolique…



 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 17:02

30 Avril 2011


Pour détendre l’atmosphère catastrophique, je ne résiste pas à vous présenter une utilisation, ô combien utile, de la radioactivité du Césium 137 résultant des essais nucléaires atmosphériques et de l’accident de Tchernobyl.


Nous avons vu précédemment que notre environnement contient un taux de radioactivité non négligeable. On parle de Radioactivité Naturelle Technologiquement Renforcée ( RNTR).


Parmi les nombreuse particules radioactives qui nous entourent il y en a une qui est témoin des essais et des accidents nucléaires, c’est le Césium 137. Il n’était pas présent dans la radioactivité naturelle avant les années cinquante ( c’est un témoin du progrès, diront les optimistes).


Des Ingénieurs du CNRS du CENBG /Centre d’Etudes Nucléaires de Bordeaux-Gradignan ( Il fallait que cela se passe à Bordeaux!) ont eu l’idée d’utiliser la mesure du taux de Césium 137 dans les vins pour en vérifier les millésimes. Cette vérification est demandée par la profession et les services d’œnologie très développés dans le Bordelais. Certaines bouteilles s’échangent à des prix extraordinaires et les acheteurs veulent être sûrs de ce qu’ils achètent.


Connaissant la courbe de décroissance du Cs137, et le taux de départ, connu grâce à des relevés atmosphériques effectués depuis de nombreuses décennies, il est théoriquement aisé de déterminer le millésime d’un vin avec une bonne précision.


Théoriquement seulement, car la mise en œuvre de la mesure requiert de grandes précautions expérimentales. Il s’agit en effet de détecter la désintégration Gamma du Cs137, d’en mesurer l’énergie pour vérifier que c’est bien Cs137 et non une autre particule radioactive ( il y en a tant!), et d’en déduire l’âge du vin.


Il faut bien sûr se protéger du rayonnement Gamma parasite qui troublerait non pas le vin, mais la mesure. Pour cela l’échantillon est enfermé dans un blindage de plomb, mais pas n’importe quel plomb. On a utilisé du « plomb archéologique » datant des romains, pour être sûr qu’il n’est pas lui-même radioactif.


Les résultats sont concluants, il est même possible d’effectuer la mesure sans ouvrir la bouteille, ce qui est essentiel pour l’acheteur.


Pour que vous puissiez vérifier qu’il ne s’agit pas d’un poisson d’Avril à retardement, voici le lien:


 

 

 

 

http://www-lsm.in2p3.fr/activites/basses_activ/datation%20vins1.pdf   



 


 

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 16:35

29 Avril 2011


L’Uranium est un élément qui tient la vedette en ces temps où l’énergie est devenue une denrée périssable, pour ne pas dire pourrissable.


C’est un élément qui est présent partout, mais dans des proportions parfois très faibles. Par exemple, dans un jardin de banlieue de 400 m2, et sur une profondeur de 10m, il y en aurait 25 Kg …. Je n’ai pas vérifié.


L’atome d’Uranium, qui comporte 92 protons, peut exister sous forme de 17 isotopes , qui sont tous radioactifs. Mais, comme la plupart ont des demi-vies très courtes, on n’en trouve plus que trois à l’état naturel aujourd’hui. En 4,5 milliards d’années, les autres ont eu le temps de se désintégrer tranquillement.


Les trois qui restent sont:


U234, présent à hauteur de 0,005%


U235, pour 0,71%


U238, pour 99,28%


Ces trois compères , présents en abondance ( plus abondants que l’or ou l’argent), se désintègrent allègrement depuis la nuit des temps, et grâce à l’énergie dégagée par cette gymnastique, la croûte terrestre et le noyau de la Terre sont maintenus dans une chaleur agréable. Chaleur que nous utilisons en Géothermie.


L’eau de mer contient 3 mg d’Uranium par m3, le stock n’est donc pas près de s’épuiser ( réserve de 4,5 milliards de tonnes dans les océans).


Mais l’exploitation à un coût raisonnable ( et surtout énergétiquement rentable) n’est possible que dans certains gisements.


Dans l’Uranium, U235 est le plus intéressant car, non seulement il est radioactif comme ses frères, mais en plus il est fissile.


Fissile, cela veut dire que son noyau peut se désintégrer en libérant beaucoup d’énergie, que l’on utilise soit pour faire des bombes, soit pour chauffer de l’eau dans des centrales nucléaires. Ce n’est pas ce qui nous intéresse aujourd’hui.


Cet Uranium nous intéresse car c’est un élément actif, même radioactif. Il n’est pas comme des atomes de Cuivre ou d’or, qui demeurent semblables à eux-mêmes au fil des millions d’années .


Un atome d’Uranium va, de temps en temps, sous l’effet d’une loi mystérieuse baptisée radioactivité mais dont on ne connait pas les ressorts cachés, éjecter une radiation énergétique et se transformer en autre chose.


La radiation énergétique ponctuelle ( un quantum d’énergie) peut être une particule alpha, une particule Beta, ou un photon Gamma.


Après avoir craché sa particule, l’atome d’Uranium devient un atome d’une autre espèce, elle-même radioactive et qui va donc se transformer à sont tour en une autre espèce, et ainsi de suite jusqu’à arriver à un atome d’une espèce non radioactive, qui a mettre fin à cette sarabande. Tout cela se termine en général par du plomb.


Nous avons donc affaire à des séries de désintégrations, accompagnées par des séries d’émission de particules énergétiques.


Voyons un peu quelle peut être la descendance d’un atome d’Uranium 235.


( je rappelle que nous ne parlons pas de fission, mais de radioactivité).


Cet élément possède une demi-vie de 738 millions d’années, alors que celle de U238 est de 4,5 Milliards d’années. Depuis l’agrégation de la planète Terre, U235 présent a eu le temps de se désintégrer de nombreuses fois, alors que U238 n’a vécu dans le même temps qu’une demi-vie. C’est pourquoi il y aujourd’hui beaucoup de U238, et si peu de U235.


Le premier descendant de U235, c’est le Thorium ( Th231) qui vient au monde accompagné d’une émission d’une particule alpha.


Th231 est lui aussi radioactif, avec une demi-vie de 25 heures. Il n’attend donc pas des millions d’années pour donner naissance à son successeur, qui est le Palladium, accompagné d’une émission Beta.


Et ainsi de suite, jusqu’à arriver au dernier rejeton de la famille, qui est le Plomb ( Pb206), qui lui a une stabilité…de plomb.


Aujourd’hui on trouve donc dans la nature l’ancêtre U235, mais aussi tous ses descendants dans des proportions diverses selon leurs demi-vies:


Uranium, Thorium, Palladium, Actinium, Radium, Radon, Polonium, Bismuth, Plomb.


Tous ces éléments se désintégrant joyeusement en bombardant leur entourage de flots de particules énergétiques.


On aura reconnu le Radium dans la lignée du U235. Cet élément est donc lui-même radioactif, il peut émettre les trois sortes de particules Alpha, Beta, ou Gamma.


Lorsqu’il émet une particule alpha il se transforme en Radon, que nous connaissons bien par ailleurs.


Le Radon est un cas particulier.


parmi tous les éléments radioactifs qui font partie de la série de désintégration de l’Uranium, il est le seul qui soit gazeux à température ambiante ( Liquéfaction à - 71 °C et ébullition à - 61,7 °C).


Il va donc être facilement inhalé et absorbé au niveau des alvéoles pulmonaires.


Où qu’il soit, le Radon 222 va poursuivre la chaîne des désintégrations pour aboutir à un élément stable le plomb 206:


Radon 222 / Polonium 218 / Plomb 214 / Bismuth 214 / Polonium 214 / Plomb 210 / Bismuth 210 / Polonium 210 / Plomb 206.


Chaque transformation est accompagnée d’émission d’une particule alpha ou Beta.


Chacun des éléments intermédiaires produits a une demi vie très courte, de 164 microsecondes à 3,8 jours, jusqu’au Plomb 210.


Le Radon 222 est donc très fortement radioactif, avec émission de particules alpha et Beta.


Lorsque ces désintégrations se produisent à l’intérieur des alvéoles pulmonaires, les dégâts potentiels sont évidents.


On cite une équivalence de risque avec le tabagisme:


Le séjour permanent dans un environnement contaminé au Radon à un taux de 1000 Bq/m3 serait aussi nocif que la consommation de 1,3 paquet de cigarettes par jour.


C’est un cadeau de l’Uranium naturel, qui n’a rien a voir , faut-il le préciser, avec les centrales nucléaires….



 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 17:00

28 Avril 2011


La France suit les recommandations de l’OMS en matière d’information sur les risques sanitaires dus à la présence du radon dans les habitations.


Les pouvoirs publics ont diffusé une brochure informative que l’on peut trouver dans les DDASS, dans les cabinets médicaux, et sur le site radon-France.com.


Cette brochure se veut informative et non alarmiste. Elle met l’accent sur l’innocuité des faibles doses et insiste sur l’aggravation du risque lorsque les personnes exposées sont des fumeurs.


Un graphique présente les différentes sources de radiations ionisantes auxquelles la population est exposée en permanence.


La principale source reste médicale, c’est le cumul des doses reçues lors d’examens radiologiques. Il s’agit évidemment d’une moyenne puisque certains y échappent alors que d’autres doivent subir de nombreux examens.


Le Radon vient en second, avec également une grande disparité selon les régions.


En troisième vient la radioactivité naturelle cosmique et tellurique.


En quatrième se trouve la radioactivité absorbée par la chaîne alimentaire, il s’agit essentiellement du Potassium 40, qui se promène partout, à l’état naturel faut-il le rappeler.


Et en dernier lieu, et pour une très faible part ( 1% ) viennent les irradiations et contaminations d’origines industrielles, incluant les centrales nucléaires ( ou thermiques à flamme) et les résidus d’essais atmosphériques d’armes atomiques.


Ce graphique se veut rassurant pour la population, mais il faut bien réaliser qu’il ne traduit qu’une moyenne. Ce qui est important, c’est la disparité des valeurs sur le terrain. Chacun souhaitera connaître les divers taux de contamination auxquels lui-même est exposé, selon son lieu d’habitation, son activité professionnelle, son parcours radiologique, son mode de vie, son mode d’alimentation, son passé médical, l’état de son système immunitaire, sa proximité avec une éventuelle source de contamination ( centrale électrique, terril de phosphogypse, usine de retraitement de déchets, cours d’eau pollué par des rejets, friche industrielle, etc….).


La brochure évoque ensuite le risque de cancer du poumon en insistant sur la cause première qui est le tabagisme, et en laissant planer un doute sur la responsabilité du radon comme cause première.


Ceci est en contradiction avec les affirmations de l’OMS , qui désigne clairement le Radon comme cause  de ce type de cancers. Le tabagisme étant un facteur aggravant.


Les seuils de 400 Bq/m3 et 1000 Bq/m3 , fixés par la Commission Européenne, sont rappelés, la valeur de 200 Bq/m3 étant la valeur guide pour les construction neuves.


La brochure  ne mentionne aucune obligation concernant le diagnostic et les mesures de protection éventuelles. Il y a seulement des recommandations.


Sur la base d’environ 12 000 mesures effectuées depuis 1992 par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et les DDASS dans les habitations privées françaises, la moyenne de l’activité volumique du radon est de 90 Bq/m3 ( anciennement évaluée 66 Bq/m3).


Elle se situe entre 200 et 400 Bq/m3 dans 9 % des cas, entre 400 et 1 000 Bq/m3 dans 2,3 % des cas et entre 1 000 et 5 000 Bq/m3 dans 0,5 % des cas.


Sur les 13 000 établissements recevant du public mesurés depuis 1999, 8% excèdent 400 Bq/m3 et 4 % 1 000 Bq/m3.


Où en est la règlementation ?


L’exposition aux rayonnements ionisants d’origine naturelle est règlementée par le

 

code de la santé publique, articles R. 1333-15 et 16,


modifié en Nov 2007:


«

 

 

Dans les zones géographiques où le radon d'origine naturelle est susceptible d'être mesuré en concentration élevée dans les lieux ouverts au public, les propriétaires ou, à défaut, les exploitants de ces lieux sont tenus, conformément aux dispositions de l’article L 1333-10 , de faire procéder à des mesures de l'activité du radon et de ses descendants dans les locaux où le public est susceptible de séjourner pendant des durées significatives. Ces mesures sont réalisées soit par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire soit par des organismes agréés par l'Autorité de sûreté nucléaire. Un arrêté des ministres chargés de la santé, du travail, de la construction et de l'environnement, pris après avis de l'Autorité de sûreté nucléaire, définit :


1- La liste des départements ou parties de départements dans lesquels ces mesures doivent être réalisées, compte tenu du contexte géologique local et des résultats d'analyses en radon disponibles ;


2- Les catégories d'établissements concernés du fait du temps de séjour prévisible du public dans ces lieux ;


3- Les niveaux d'activité en radon au-delà desquels les propriétaires ou exploitants sont tenus de mettre en oeuvre les actions nécessaires pour réduire l'exposition des personnes ainsi que les délais de leur mise en oeuvre.


Les conditions suivant lesquelles il est procédé à la mesure de l'activité du radon, notamment les méthodes d'échantillonnage et les modalités d'évaluation des dispositifs de mesure utilisés, sont définies par décision de l'Autorité de sûreté nucléaire, homologuée par les ministres chargés de la santé et de la construction.


Les mesures de l'activité du radon et de ses descendants dans les lieux définis en application du présent article sont réalisées dans un délai de deux ans suivant la date de publication de l'arrêté mentionné au premier alinéa du présent article. Ces mesures doivent être répétées tous les dix ans et, le cas échéant, chaque fois que sont réalisés des travaux modifiant la ventilation des lieux ou l'étanchéité des locaux au radon.»


L’obligation de diagnostic du Radon ne concerne pas encore les logements particuliers, mais il pourrait être intégré dans le diagnostic sur l’Etat des Risques Naturels et Technologiques ( ERNT) au titre du risque nucléaire.


  
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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 09:07

27 Avril 2011


Nous avons vu précédemment que, si les centrales nucléaires sont, à juste titre, suspectées de constituer un facteur de risque de contamination radioactive intense, elles ne sont pas, loin de là, les seules sources de pollution par les radiations ionisantes.


Il existe un autre facteur de risques, largement aussi important pour plusieurs raisons:


- Il est à peu près inconnu, ou du moins négligé, sauf des spécialistes.


- Son intensité croît avec le développement technologique.


- Il affecte l’environnement de manière invisible et permanente.


- Il concerne non seulement les travailleurs de l’industrie, mais aussi l’ensemble de la population.


- Il n’est pas médiatique car non spectaculaire.


Il s’agit de la radioactivité naturelle technologiquement renforcée.


Jusqu’à une période récente on admettait qu’un environnement radioactif de faible intensité ne présentait aucun danger pour la santé, dès lors que les doses reçues restaient inférieures à un certain seuil, fixé arbitrairement par les autorités «compétentes » .


On considérait comme normal que la population française reçoive une dose annuelle moyenne de 2,4 milliSievert, avec des variations « acceptables » jusqu’à 20 mSv et même davantage pour les travailleurs.


Mais le progrès des études épidémiologiques, menées surtout aux Etats-Unis, a montré que le rapport dose/effet est du type linéaire sans seuil, ce qui signifie que la notion de seuil de dangerosité n’est pas pertinente.


Désormais, le concept de seuil est remplacé par le concept ALARA ( As Low As Reasonably Achievable). C’est ce nouveau concept qui est maintenant retenu pour l’évaluation des risques relatifs aux effets stochastiques, en rapport avec la notion de facteur de risque.


Rappelons que l’on appelle stochastiques les effets qui se définissent en termes de probabilités de risques, par opposition aux effets déterministes, où tel effet produit à coup sûr telle cause ( on peut dire aussi dans ces cas que la probabilité est de 1).


L’OMS se préoccupe depuis longtemps de l’effet des radiations ionisantes sur la santé publique. La mise en œuvre, récente, du concept ALARA entraîne la remise en question des stratégies de santé publique.


Dans ce cadre, cette organisation a décidé de s’attaquer à l’un des ennemis public parmi les plus sournois, le Radon.


Il existe à l’état naturel depuis la nuit des temps, mais son taux est en augmentation constante à cause du progrès technologique qui va le chercher dans les sous-sols pour l’amener en surface et le répandre partout. On le trouve dans les habitations, dans l’eau, dans le gaz naturel,  à peu près partout.


Nous présentons ici une étude de l’OMS, parue en 2009, qui présente de manière exhaustive le problème du Radon et des pistes pour s’en protéger.


Voici l’essentiel du contenu de ce « Handbook ».


( Le document est en anglais )


« Préface:


Après de tabac, le Radon est la deuxième cause de cancer du poumon parmi la population générale. Des études épidémiologiques ont fourni des preuves convaincantes d’une relation entre l’exposition au Radon dans les bâtiments résidentiels et le cancer du poumon, même pour les taux de radioactivité relativement faibles habituellement mesurés dans ces locaux.


Malgré ces constats, seuls quelques rares pays se sont attaqués au problème de manière efficace.


C’est en 1979 que l’attention de l’OMS a été attirée sur les effets du radon sur la santé publique, et c’est en 1988 que ce gaz a été classé cancérigène.


En 1993, une réunion internationale ( Etats-Unis, Europe et Asie) décida une approche commune du problème du Radon et de son impact sur la santé publique.


En 2005, l’OMS a mis sur pied le « Projet International Radon » avec pour mission d’identifier des stratégies de réduction de l’impact du radon sur la santé humaine, et de développer la communication vers les décideurs et vers le public, sur les conséquences d’une exposition prolongée à ce gaz. Trente pays ont participé aux travaux, ce rapport est une synthèse des résultats et des propositions.


Résumé pour les décideurs:


Le Radon est un gaz radioactif qui se dégage des roches et des sols et tend à se concentrer dans les espaces clos comme les mines ou les habitations.


La voie d’infiltration par le sol est reconnue comme la plus importante source de radon dans les habitations. Les autres sources, comme les matériaux de construction ou les eaux, sont la plupart du temps de moindre importance.


(NDT: Cette affirmation doit être nuancée car l’accumulation de petites doses issues d’autres sources conduit à une contamination non négligeable).


le Radon est la composante principale de l’exposition des populations aux radiations ionisantes.


Des études récentes conduisent à estimer que la proportion de cancers du poumon attribuable au Radon serait de 3% à 14%, selon la concentration moyenne dans le pays concerné, et la méthode de calcul.


Les analyses indiquent que le risque de cancer du poumon croît proportionnellement à l’exposition au Radon. Ce gaz est la seconde cause de cancer du poumon après le tabac.


La plupart des cancers imputables au Radon se produisent parmi les fumeurs, ce qui confirme l’effet de renforcement mutuel de ces deux causes.


Les mesures du taux de Radon doivent être basées sur des protocoles standardisés pour garantir la précision et la pertinence des résultats.


Les taux de Radon varient avec les méthodes de construction et les habitudes de ventilation. Les résultats dépendent de la saison, et peuvent varier d’un jour à l’autre, ou d’une heure à l’autre. Pour ces raisons, la mesure du taux moyen annuel dans un bâtiment doit être effectuée sur une très longue durée, au moins trois mois, et plus si possible.


Il est important de prendre en compte le problème du radon dans les constructions neuves, mais également dans les bâtiments existants pour y apporter des solutions correctrices.


La principale stratégie de prévention consistera à assurer l’étanchéité du bâtiment vis-à-vis des entrées possibles par le sol, et d’établir une ventilation pressurisée.


( NDT: à condition que le renouvellement d’air soit précédé d’un filtrage).


Compte tenu de l’ignorance du public en matière de risque associé au radon dans les bâtiments, il est recommandé de procéder à une campagne d’information.


La mise en place d’un programme de santé publique axé sur le Radon sera de préférence gérée à l’échelon national.


Une telle politique nationale devra indiquer au public les zones géographiques à risques, et préciser la nature de ces risques.


Cette démarche devra être associée aux programmes existants sur la qualité de l’air et la lutte contre le tabagisme. Il sera mis en place un programme d’information et de formation des professionnels du bâtiment qui seront concernés par les mesures du radon et la mise en place des solutions de protection.


Il sera mis en place un système de diagnostic des bâtiments avec attribution d’un code en rapport avec le taux de radon mesuré avant chaque transaction ( NDT: comme pour l’indice de performances énergétiques).


Il sera défini un taux de référence à l’échelon national, à partir duquel seront calculés les indices de performance des bâtiments.


A partir des plus récentes données scientifiques, l’OMS propose le taux de référence de 100 Bq/m3.


( NDT: En France, après une campagne de mesures, il a été constaté un taux moyen dans les habitations de 66 Bq/m3, avec des valeurs dépassant 1000 Bq/m3 ).


Dans les pays, ou les zones géographiques, où ce taux ne peut être atteint compte tenu des conditions géologiques particulières, la référence choisie ne devra pas être supérieure à 300 Bq/m3, ce qui correspond à une dose de 10 mSv/an selon les calculs de la Commission Internationale de Protection contre les Radiations. »…….. Fin de traduction.


( NDT: Rappelons que la dose moyenne annuelle reçue par la population française est de 2,4 mSv, avec des valeurs extrêmes très supérieures).


Les détails du rapport sont ici:


 

 

 

 

http://whqlibdoc.who.int/publications/2009/9789241547673_eng.pdf   



L’article suivant précisera la situation en France.



 


 


 


 


 


 


 


 

 
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