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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 18:33

8 Mai 2011


Les risques évidents d

une exposition à des radiations ionisantes de forte intensité ( Tchernobyl, Fukushima ) à caractère accidentel, ne doivent pas faire négliger les risques dune exposition permanente à des radiations de faible intensité.


Dans un article du 2 Mai 2011, nous évoquions l

hormèse et la loi de Harndt-Schulz, à propos dun problème qui partage la communauté scientifique, à savoir lexistence ou non dun seuil de tolérance de lorganisme aux radiations nucléaires.


En France la population est exposée en permanence à des radiations ionisantes qui se traduisent par une dose annuelle moyenne de 3,7 milliSievert, avec d

assez grandes disparités.


L

opinion sinterroge à juste titre sur la nocivité potentielle de cette exposition à laquelle on ne peut échapper.


La triste vérité est que personne ne sait donner de réponse précise.


Jusqu

à une période récente, la  communauté scientifique admettait le principe de leffet de seuil. En dessous dun certain seuil le risque était considéré nul. Les autorités responsables de la radioprotection avaient fixé des seuils en se basant sur les données de lexpérience ( Notamment Hiroshima et Tchernobyl), mais sans aucune base vraiment scientifique.


Les effets possibles des faibles doses, inférieures aux seuils fixés, n

étaient pas niés, mais limpossibilité de les distinguer du bruit de fond pathologique en rendait létude très difficile. Comment savoir, parmi les cancers dun certains type, ceux qui seraient causés par les radiations ionisantes de niveau faible ?


Cette incertitude est aujourd

hui jugée inacceptable, car elle est la porte ouverte à un certain laisser-aller dans la rigueur. En effet, dans une optique deffet de seuil, comment éviter le laxisme qui consisterait à augmenter le seuil normatif pour sadapter à une situation de terrain mal maîtrisée ?


Par exemple, le suivi médical radiologique en constant développement conduit à une augmentation des doses cumulées. Aux Etats-Unis, il a été constaté que l

exposition due aux seuls examens radiologiques était passée de 0,5 mSv en 1980 à 3 mSv en 2006. Les examens au scanner, qui délivrent des doses de 10 à 12 mSv, sont en constantes augmentation.


Il est donc apparu que le recours à une nouvelle manière d

évaluer les effets des faibles doses simposait.


Cette insuffisance des connaissances en radiobiologie se traduisait par des informations au public contradictoires, peu convaincantes et de nature à entretenir une suspicion légitime .


Pour sortir de cette incertitude, l

Europe a financé un vaste programme sur quatre ans ( 2004-2008) dans le but détablir les bases de la connaissance des effets biologiques des faibles doses de radiations.


C

est le projet RISC-RAD :


(

Radiosensitivity of Individuals and Susceptibility to Cancer induced by ionizing radiations).


Voici un extrait des conclusions provisoires de ces travaux:



« Les premiers résultats de recherches menées sur les faibles doses au niveau européen (notamment dans le cadre du projet Risc-Rad ) et international ont d’ores et déjà permis d’avancer dans la compréhension des mécanismes de cancérogénèse associés à l’irradiation.


Les données obtenues ne remettent pas en question l’utilisation, en radioprotection, de modèles d’estimation du risque basés sur une augmentation linéaire du risque avec la dose de rayonnements. Néanmoins, les études montrent que les faibles doses d’irradiation ont des réponses biologiques spécifiques.


Trois enseignements clés sont ressortis de ces études :


- Il n’y a pas une forme unique de relation dose-effet pour tous les processus biologiques cellulaires.


- Les rayonnements peuvent avoir des effets indirects, qui joueraient dans la cancérogénèse un rôle mineur par rapport aux effets directs sur l’ADN .


- Les prédispositions génétiques modulent le risque de développer un cancer.


Il n’y a pas une forme unique de relation dose-effet pour tous les processus biologiques cellulaires étudiés.


De nombreux efforts ont porté sur l’exploration des relations entre la dose de rayonnements et les effets sur les processus biologiques impliqués dans la cancérisation. Les différents résultats obtenus mettent en lumière une diversité de réponses à la dose de rayonnements selon le mécanisme biologique étudié :


- Un certain nombre de processus répondent de façon dépendante de la dose. C’est le cas, par exemple, des effets immédiats tels que de l’induction de dommages à l’ADN, d’aberrations chromosomiques et de mutations. D’autres en revanche présentent un seuil de dose en-dessous duquel aucun effet ne peut être observé. C’est le cas notamment du contrôle du cycle cellulaire.



- Les effets induits par de faibles doses d’irradiation peuvent être différents de ceux observés lors d’expositions à de fortes doses d’irradiation. La nature de ces différences (qui portent sur le type d’effet, leur cinétique d’apparition…) et leurs implications restent encore à explorer. Mais ces résultats suggèrent qu’il faut prendre en compte cette variabilité .



- Enfin, dans certains contextes cellulaires, une faible dose d’irradiation donnée avant une irradiation à forte dose peut conférer une résistance et pourrait donc être bénéfique pour la survie cellulaire.


Si ces résultats n’apportent pas de conclusion définitive quant aux conséquences de la variabilité de réponse en fonction du mécanisme biologique étudié, ils contribueront à mieux définir les facteurs influençant le risque de cancer. »


Les recherches soutenues par le projet européen sont poursuivies à l’échelon international, dans le cadre des travaux du HLEG ( High Level Expert Group on European Low Dose Risk research), et MELODI ( Multidisciplinary European Low Dose Initiative).


L’objectif de ces travaux est multiple:


- Acquisition de meilleures connaissances des interactions entre le vivant et les radiations ionisantes de faible intensité, particulièrement en matière de cancers radio induits et de désordres génétiques.


- Développer une démarche de santé publique visant au contrôle des risques d’exposition de la population, dans l’environnement et dans les actes techniques de radiologie.


- Informer la population par une communication claire sur l’évolution des risques et les moyens de radioprotection.


Nous reviendrons sur certains des résultats obtenus, qui ouvrent déjà sur des perspectives nouvelles.


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