05 Juin 2012
Certains écologistes espèrent que notre planète sera rapidement sauvée par l’épuisement des ressources pétrolières. Le « peak oil » sera le signe précurseur de la fin des temps de l’énergie polluante et ouvrira les horizons radieux vers lesquels nous conduiront les énergies renouvelables non polluantes enfin reconnues à leur juste valeur.
Quand donc se produira ce fameux peak oil ? C’est simple, il suffit de connaître le montant des réserves de la précieuse huile, et de le confronter à la consommation mondiale, disponible dans toutes les bonnes statistiques.
Mais, si l’on connaît à peu près l’évolution de la consommation passée, il est plus difficile de prévoir la demande future ( Mme Irma n’est pas compétente dans ce domaine). Aujourd’hui la demande est croissante, mais n’importe quel évènement géopolitique peu modifier cette tendance.
Quant aux réserves, il suffit de consulter les augures officiels de différentes obédiences pour constater que les avis divergent fortement.
A la décharge de ces experts, il faut reconnaître que la notion même de réserve est assez vague, dépendant fortement des progrès des techniques d’extraction, de la réévaluation des gisements connus, de l’optimisme des évaluateurs, de la découverte de nouveaux gisements, du cours du baril qui justifie ou non les investissements dans de nouvelles technologies, et aussi de la crédibilité des chiffres annoncés. De plus les réserves nouvelles correspondant aux sables bitumineux, aux forages offshore profonds et aux huiles de schistes, ne sont pas exactement connues.
Selon donc l’un ou l’autre de ces experts, l’occurrence du peak oil se situerait entre 2010 et 2030.
Les premiers signes de la pénurie pourraient donc se manifester dans une ou deux décennies, frappant les trois coups annonciateurs de la catastrophe pour les uns, ou du triomphe pour les autres sur l’air de « on vous l’avait bien dit… ».
Mais les tenants de la privation rédemptrice risquent d’être déçus.
En effet, il existe des réserves considérables de charbon et de gaz naturel, auxquelles sont venues s’ajouter les réserves de gaz de schiste qui, même si elles sont violemment décriées, seront et sont déjà en exploitation.
Ces combustibles sont facilement substituables au pétrole pour de nombreuses applications telles que la production d’électricité, le chauffage, et l’industrie.
Quand aux applications qui nécessitent un combustible liquide, essentiellement les transports non électrifiés, ils pourront utiliser des carburants de synthèse obtenus à partir du charbon, du gaz naturel, ou le la biomasse. D’importantes usines de production de tels carburants sont déjà opérationnelles.
(L’efficacité énergétique des procédés employés est une autre problème).
La pénurie qui nous menace n’est donc plus celle du pétrole, mais plutôt celle du charbon et/ou du gaz.
Côté gaz l’optimisme est à la mode. On parle de 250 ans de réserves au rythme actuel de consommation ( 50% gaz conventionnel, et 50% non conventionnel ).
Dans l’hypothèse où ce gaz devrait remplacer le pétrole défaillant, le délai de grâce serait évidemment fortement raccourci, probablement ramené à sept ou huit décennies « seulement ».
Ce qui nous mène tout de même à la fin de ce siècle; la panne sèche ne serait donc pas pour demain matin.
Ce délai de grâce ne nous dispense pas d’avoir à préparer la révolution énergétique qui ne manquera pas de s’imposer à nous avant la fin du siècle.
Pour les pays dépourvus de ressources énergétiques intérieures comme la France, cette révolution est encore plus impérieuse car l’énergie qui sera éventuellement encore disponible sur les marchés deviendra de plus en plus chère et la facture énergétique insupportable.
Les hommes politiques auront la tâche de résister aux sirènes des marchés qui proposent encore de l’énergie à un coût abordable, et de décider d’investir dans une stratégie d’avenir plutôt que suivre la politique du chien crevé au fil de l’eau…