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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 10:36

04/06/2013

Après avoir connu quasiment un siècle de prospérité sans remise en question, l’Automobile est rattrapée par la crise.

Dans cette crise l’automobile est concernée par plusieurs aspects:

- Crise pétrolière.

La pénurie de pétrole conventionnel n’est pas encore d’actualité, mais les réserves facilement accessibles s’épuisent. De nouvelles réserves sont mises en exploitation, mais les moyens d’accès compliqués et onéreux induisent une envolée du cours de la sainte huile.

Ces nouvelles réserves n’étant pas elles-mêmes inépuisables, la probabilité d’une pénurie n’est plus une menace fantôme, seule la date de l’échéance reste incertaine.

Après les soubresauts dus à la crise financière de 2008, le cours du Brent, autour de 100 US$, a repris sa course lentement ascendante.

Cette relative modération de la hausse n’est que provisoire, cette accalmie est due en partie à la crise qui modère la demande, et en partie à l’exploitation des gaz de roche mère qui modifie l’environnement concurrentiel.

La remontée des cours reprendra à la moindre éclaircie, le carburant deviendra alors une denrée de luxe dont il faudra user avec parcimonie.

Le monde de l’automobile ne peut plus ignorer cette menace et se doit de réfléchir à l’après-pétrole, et apprendre à gérer un carburant cher.

Les ressources futures en biocarburants ne suffiront pas à remplacer les carburants fossiles au niveau actuel de consommation.

Certes, les pompes à carburants ne fermeront pas avant longtemps, mais l’envolée des prix pèsera très lourd sur les faibles revenus.

Notre concept automobile, vieux de cent ans, doit être réformé si nous voulons éviter l’impasse énergétique.

Il s’agit non seulement de repenser la voiture, mais également la façon de l’utiliser.

- Crise de la balance du commerce extérieur.

Aujourd’hui la France, dépourvue de ressources pétrolières, achète à l’étranger la quasi totalité de ses besoins, plombant le budget des importations de plusieurs dizaines de milliards par an. Une saignée qui ira augmentant avec les prix de marché du Brent.

Ceci ne doit plus durer.

Il est impératif de prendre des mesures visant à réduire drastiquement notre consommation de produits pétroliers notamment dans le secteur des transports.

Ceci passe autre autres par une mise à la diète des véhicules qui sillonnent nos routes, ce qui implique de reconsidérer la motorisation de nos engins.

- Crise économique.

La crise que nous vivons est structurelle et plus personne ne croit à la survenue d’un « miracle économique » qui nous ferait retrouver la conjoncture des trente glorieuses.

Nous allons devoir inventer un nouveau modèle économique compatible avec les règles du village planétaire, et envisager de renoncer à vivre au-dessus de nos moyens.

Le citoyen ressent directement la crise par la baisse de son pouvoir d’achat, quand ce n’est pas la disparition des ses revenus, et il découvre qu’il y a des urgences plus impérieuses que de changer sa voiture.

Désormais l’automobiliste lambda n’a plus les moyens d’entretenir une automobile qui lui coûtera la moitié d’un loyer.

Il faudra lui fournir un véhicule raisonnable, simple, fiable, économique, dont les performances seront en rapport avec un usage utilitaire et non pas avec la recherche d’exacerbation de l’égo d’un conducteur mégalomane.

(Il suffit de parcourir les magasines spécialisés pour comprendre de quoi nous voulons parler).

- Crise de la règlementation et de la fiscalité.

Le défilé des normes anti-pollution qui rendent obsolète une voiture de cinq ans d’âge, la menace de rejeter hors des villes des véhicules non conformes à la dernière norme, le tango des carburants qui induit un choix impossible entre super et gazole, La TVA sur le Diesel qui joue l’arlésienne, et bien entendu le prix du carburant et des péages, auxquels il faut ajouter les radars perçus davantage comme des pompes à phynances que comme instruments de sécurité, tout cela induit chez l’usager une réaction de méfiance.

En attendant d’y voir plus clair il prolonge la vie de sa voiture et déserte les concessions.

Il est temps d’apporter de la clarté dans tout çà et d’offrir à l’usager une perspective stable qui lui permette une gestion en bon père de famille.

- Crise écologique.

Inutile d’en rajouter, tout le monde connaît l’impact des transports routiers sur l’environnement: Emissions de CO2 , oxydes d’Azote, et nanoparticules.

La lutte contre ces nuisances se traduit par l’obligation de respecter des normes de plus en plus sévères, ce qui exige des constructeurs des prouesses technologiques à la limite de la faisabilité.

Les voitures deviennent des objets de haute technologie à la fiabilité douteuse.

- Crise conceptuelle.

Pendant un siècle, l’automobile, en plus de son rôle utilitaire, a été investie de la mission d’exprimer le statut social de son propriétaire.

C’est ainsi que, alors que le code de la route n’autorise pas des vitesses supérieures à 130 kmh (et peut-être moins bientôt), les constructeurs continuent de proposer des véhicules capables de rouler jusqu’à 200 kmh, voire plus, uniquement pour satisfaire l’égo des clients, ce qui exige des technologies et des solutions mécaniques très onéreuses.

Compte tenu des limitations de vitesse imposées, ces merveilleuses machines sont utilisées au tiers de leurs possibilités, dans des conditions de rendement déplorable qui se répercutent sur la consommation.

Il faudra peut-être se demander s’il est bien raisonnable de continuer dans cette voie.

- Crise technologique.

Pendant un siècle la structure d’une automobile est restée immuable. L’introduction de l’électronique dans les années soixante-dix a permis d’améliorer l’efficacité des différentes composantes mécaniques, mais aussi d’introduire des gadgets dont l’utilité n’est pas toujours évidente, sauf à augmenter le prix de vente.

La nécessité de préparer l’après pétrole induit l’obligation de remettre l’automobile sur la planche à dessin.

Il faut la redéfinir

- Dans ses fonctions et dans son rôle dans la cité et hors la cité.

- En fonction des futures sources d’énergie disponibles.

- En fonction des nouvelles données économiques.

- En fonction des impératifs environnementaux.

Les constructeurs et les usagers n’échapperont pas à ce nécessaire aggiornamento qui doit nous conduire à une autre conception du transport individuel, dont la part pourrait se réduire en faveur des transports collectifs et/ou partagés.

Jusqu’à présent l’Automobile et ses commodités ont grandement influencé l’organisation du territoire, comme les transports routiers ont influencé la vie économique, et que dire du transport aérien ?

Cette époque est révolue, l’Auto deviendra un service à la personne, et devra s’insérer dans un tissu économique et social au sein duquel l’énergie sera utilisée avec modération et sera devenue une denrée rare et chère.

Quel type d’automobile conviendra à cette nouvelle manière de vivre ?

Plusieurs décennies seront nécessaires pour mettre en œuvre un nouvel art de rouler en voiture.

Nous vivons aujourd’hui les prémisses de cette transition. Les constructeurs proposent diverses solutions, qui sont censées préfigurer l’avenir tout en se pliant aux infrastructures d’aujourd’hui. Ce grand écart n’est pas de nature à éclairer le futur pour l’usager, qui ne comprend pas très bien de quoi on lui parle.

Il a le choix entre un véhicule électrique et un véhicule classique essence ou diesel.

En électrique, il doit choisir entre:

- Un EV, voiture tout électrique, à utiliser sur des voies dépourvues de bornes de rechargement !

- Un HEV, voiture hybride dont l’autonomie électrique est limitée à deux kilomètres !

- Un PHEV, voiture hybride rechargeable à autonomie électrique améliorée, équipée d’une batterie de 300 kilogrammes, le poids de quatre personnes !

A ces choix, illisibles pour un non ingénieur, s’ajoutent d’autres offres comme un véhicule hybride à moteur diesel, au moment où l’OMS fait la chasse au diesel à cause des particules fines !

D’autres annonces, comme la pile à combustible, le moteur à Hydrogène, le moteur à air comprimé, rajoutent à la confusion.

A ce tableau technologique totalement opaque s’ajoute l’incertitude sur le coût du futur carburant électrique et notamment sur le montant de la TICPE qui ne manquera pas d’être appliquée.

Il est donc plus que temps d’offrir une perspective claire soutenue par des décisions volontaristes permettant au citoyen automobiliste de comprendre dans quel monde on veut l’emmener.

Faute d’un projet crédible porteur de confiance, la transition automobile s’effectuera dans le désordre pour le plus grand profit de quelques opportunistes toujours à l’affut des pigeons à plumer…

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commentaires

S
Bonjour<br /> <br /> il n'y a pas de crise pétrolière aujourd'hui.<br /> Malgré un accroissement de la demande mondiale, les prix ne se sont pas envolés et les quelques soubresauts que nous avons pu connaitre étaient liés à des événements géo-politiques.<br /> <br /> Il faut rappeler que le prix des carburants à Euro constant est inférieur aujourd'hui à ceux des décennies 60-70.<br /> Par contre, l'usage que l'on fait des véhicules s'est modifié. Plus de km parcourus, plus de véhicules par foyer ...<br /> De même, il n'y a pas de crise énergétique. Les prix restent raisonnables (électricité, essence, charbon, gaz, bois ...)<br /> Les quelques hausses que nous connaissons en France sont artificielles, liées par exemple au développement des énergies renouvelables<br /> <br /> cela ne retire rien à la nécessité de prévenir et d'anticiper une transition énergétique, voire culturelle. Néanmoins, la schizophrénie ambiante me semble malsaine car incohérente
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