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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 15:44

27 Décembre 2010,


Le baril est aujourd’hui coté  90,77 dollars, soit environ 42,7 centimes d’euro au litre .


Lorsque s’ajoutent les coûts du raffinage, du transport, de la distribution, et les taxes françaises ( TIPP et TVA ), l’usager doit débourser 1,4 euros pour acquérir un litre de carburant.


Si l’on envisage le scénario catastrophe d’un baril à 500 dollars, le prix de revient du litre de carburant passerait alors à 2,35 euros, à taux de change inchangé ( Et qui peut prédire le taux de change après une crise pétrolière?). Dans l’hypothèse d’une TIPP constante et d’un taux de TVA identique ( Et qui peut connaître les décisions du gouvernement en matière de TIPP et de TVA sur les carburants ? ), le litre de carburant coûterait autour de 3,60 euros à la pompe.


Quelles seraient les répercussions sur l’activité socio-économique ?


Pour certains secteurs professionnels les produits pétroliers sont incontournables aujourd’hui et représentent parfois une part importante des coûts: Transports de marchandises routiers, maritimes et aériens, transports en commun de personnes, taxis, ramassages scolaires, agriculture, pèche, tourisme ( voyages organisés), services de santé, police, services de secours, lutte anti incendies, une partie importante du chauffage collectif, les centrales électriques à fuel, et de nombreux sites industriels.…


Pour continuer d’exister, ces secteurs devraient répercuter intégralement les hausses du fuel sur leurs prix. Il en résulterait de profonds bouleversements dans les structures de distribution et du transport, et une hausse générale des prix à la consommation.


Sans oublier les traditionnels blocages des routes par les transporteurs qui exigeront de l’Etat des conditions particulières. Ni les abus de certains patrons qui bloqueront les augmentations de salaires pour compenser les hausses du carburant, de belles empoignades en perspective…


A cette hausse générale des prix des biens et des services, supportés par le consommateur, viendrait s’ajouter celle du coût des transports personnels en voiture, et du chauffage individuel au fuel.


Le particulier ne pourra pas échapper à la hausse générale des prix, tout au plus pourra-t-il réduire la note en appliquant quelques mesures de sauvegarde comme le covoiturage, le recours aux transports en commun lorsque c’est possible, l’isolation de son habitation, le réglage de son thermostat, l‘achat de quelques pull-overs et l‘annulation des déplacements inutiles.


Il faut donc s’attendre d’une part à une baisse de la consommation , avec son cortège de licenciements économiques et de dépôts de bilan, et à des   forts mouvements sociaux sur des revendications salariales pour compenser en partie les hausses de prix.


Mais un malheur n’arrive jamais seul. Une augmentation brutale de 500% du prix du baril ne peut être provoquée que par une très grave crise pétrolière accompagnée, ou déclenchée, par une grave crise politique, le tout résultant en une pénurie à l’origine de la flambée.


Il nous reste à espérer que la flambée n’aura pas lieu. Certes, le prix du baril atteindra un jour 500 euros, et même davantage, mais on peut penser que cette augmentation de prix sera progressive , peut-être étalée sur dix ou quinze ans dans le meilleur des cas.


Nous aurions donc dix ou quinze ans pour nous préparer à vivre avec un pétrole cher et rationné.


C’est-à-dire réformer le secteur des transports, réduire nos consommations énergétiques, développer les énergies renouvelables, repenser nos déplacements, développer les transports en commun ferroviaires, la voiture électrique, repenser l’habitat, promouvoir la proximité, modérer nos ambitions touristiques exotiques ( grand‘mère devra se passer de la visite des pyramides…).


N’est-ce pas cela le développement durable ?


Qu’en est-il en pratique ?


Loin de chercher à freiner le développement des transports routiers, les Etats envisagent  d’autoriser le roulage des super camions.


Sans commentaire…


En France, le gouvernement vient de porter un coup d’arrêt au développement du photovoltaïque en baissant fortement les avantages incitatifs . Cette politique d’un pas en avant suivi d’un pas en arrière n’est pas de nature à encourager les investissements dans ce secteur. Les industriels ont besoins de visibilité au moins à moyen terme.


Sans commentaire….


Toujours en France, la politique du transport ferroviaire est orientée exclusivement vers les lignes à grande vitesse, au détriment du réseau dit « secondaire » qui , seul, pourrait apporter une solution de remplacement au « tout voiture ».


Sans commentaire….


Restons en France, où le gouvernement semble considérer avec bienveillance le  développement de la voiture électrique. Attendons cependant de connaître la politique tarifaire et de taxation qui sera décidée par le gouvernement pour l’électricité « automobile ». Gageons que les usagers y regarderont à deux fois et voudront des garanties pour qu’on ne leur refasse pas le coup du photovoltaïque. De cette politique dépendra l ‘intérêt des usagers pour ce nouveau concept par ailleurs très dépendant d’infrastructures au sujet desquelles il n’existe aucun plan de développement.


Malgré les économies d’énergie, le sevrage du pétrole ne sera possible que par un recours à l’électricité. Le charbon et le fuel étant par définition exclus , cette électricité sera nucléaire ou ne sera pas.


Il existe en France une forte opposition au nucléaire. Il sera donc très difficile de lancer un programme de remplacement des centrales existantes, de construction de nouvelles centrales, et de développement des surrégénérateurs. De plus, un éventuel changement de majorité en 2012 serait probablement accompagné d’un arrêt de ces développements, souvenons-nous de Superphénix.


Les opposants au nucléaire sont souvent également opposés à l’éolien, pour des raisons différentes mais tout aussi péremptoires.


Le développement des énergies renouvelables est donc englué dans un contexte de pesanteurs étatiques et d’atermoiements écologiques dont on ne voit pas très bien l’issue.


Il faut donc s’attendre à une période de sevrage du pétrole très douloureuse, au cours de  laquelle se produiront de forts soubresauts politico-sociaux-économiques, dont l‘issue est très incertaine.


Faute d’un plan décennal gouvernemental de dégagement du pétrole, la mutation sera imposée par les marchés et nous devrons accepter la purge sans même pouvoir choisir le contenu de la potion.



 


 


 

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