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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 15:31

21 Janvier 2011


La chasse au CO2 , lancée depuis maintenant une décennie, a fait remonter en première ligne le problème de l’énergie. La perspective de devoir renoncer aux énergies fossiles carbonées a mis en évidence la nécessité de trouver une ou des énergies de substitution non émettrices de CO2.


Les énergies « vertes » sont privilégiées car durables, propres, et non dangereuses. Le solaire et l’éolien ont montré leurs possibilités, et sont une alternative crédible à condition d’être accompagnés d’une politique drastique de réduction des consommations.


Ce basculement , au moins partiel, vers les énergies vertes n’est possible que s’il est soutenu par une politique globale d’incitation sur la durée, et par un consensus populaire. Plusieurs décennies seront nécessaires pour réaliser l’adaptation des structures, et des investissements importants devront être consentis.


Un exemple proche de nous est donné par l’Allemagne, qui s’est fixé des objectifs ambitieux:


- Sortir du nucléaire, en stoppant progressivement ses 17 réacteurs d’ici 2020. Décision prise en 2000.


- Réduire ses émissions de CO2 au-delà des objectifs de l’Union, ce qui suppose le remplacement progressif des centrales à combustible fossile carboné par des ressources vertes.


- Soutenir énergiquement le développement du solaire et de l’éolien, pour disposer en temps utile de l’énergie de remplacement.


Ce programme s’est révèlé à l’usage trop ambitieux , malgré l’implantation de plus de 20 000 éoliennes et l’opération 100000 toits pour le photovoltaïque.


Le gouvernement allemand vient de décider de surseoir à la décision d’arrêt des réacteurs nucléaires , en leur accordant un sursis d’une douzaine d’années. La raison officielle est la crainte d’une pénurie d’électricité .


Cette décision est évidemment controversée. Certains considèrent que c’est une sage décision qui tient compte des réalités, d’autres estiment qu’il s’agit d’une victoire du « lobby » nucléaire . Cette diversité d’opinions montrent que rien n’est possible sans un consensus populaire pérenne , et qu’une révolution énergétique ne peut se faire que dans la durée.


L’exemple allemand est révélateur du risque d’une stratégie qui consisterait à renoncer un peu vite à un système connu et qui marche, pour un autre plus attractif mais qui n’est pas disponible immédiatement .


Ce contretemps a bien sûr redonné du lustre à l’énergie nucléaire, dont les partisans rappellent qu’elle est une énergie bien maîtrisée, largement industrialisée et non émettrice de CO2.


On escamote le problème des déchets en les présentant comme du combustible pour les réacteurs à neutrons rapides, ce qui , en plus, transforme l’énergie nucléaire en énergie propre et durable.


En dénonçant le CO2, les climatologues, qui n’en demandaient pas tant, se sont donc trouvés bien malgré eux transformés en VRP du nucléaire!


Les choses étant ce qu’elles sont, voici donc l’industrie nucléaire nantie d’un blason redoré et proposant ses services sur l’air du « On vous l’avait bien dit… ».


Le nucléaire, dans les pays développés gros consommateurs d’énergie, a été implantée sur la base de structures existantes, c’est-à-dire un réseau de distribution maillé couvrant tout le pays, et quelques très grosses centrales fournissant ce réseau. Peu importe si une centrale coûte la peau des fesses, car dans les pays riches il y a beaucoup de fesses avec une peau bien grasse.


Mais dans les pays en voie de développement c’est le contraire. Sortir plusieurs milliards de dollars pour à la fois créer un réseau et acheter des centrales, il n’y faut pas compter.


L’idée a donc germé de fabriquer des petites unités nucléaires modulaires de puissance modeste, quelques dizaines de mégawatts, pour satisfaire les besoins ( également modestes) de certains clients peu argentés.


De plus ces petites centrales pourraient très bien être utilisées aussi pour créer un petit réseau local dans une région peu ou pas desservie. Si elles sont transportables, elles pourraient être disséminées assez largement.


« Disséminées assez largement », voilà de quoi inquiéter à juste titre car le risque de prolifération est de plus en plus probable.


Mais ce risque n’arrête pas les industriels , dès lors qu’ils entrevoient la possibilité d’un marché.


Voici deux exemples de ce qui se trame et pourrait se voir bientôt de par le monde.


Le premier est un projet baptisé « Flexblue », concocté par la DCNS ( Ex Direction des Constructions Navales) sur la base de ses compétences en matière de sous-marins nucléaires. Il s’agit d’une centrale sous-marine monobloc capable de fournir quelques dizaines de mégawatts électriques. Le tout dans un container ressemblant à un sous-marin, de 100 mètres de long sur 15 de diamètre. Personne à bord bien entendu, automaticité totale, autonomie de plusieurs années.


L’engin pourrait être installé clés en mains n’importe où ( pas trop profond tout de même !), là où l’on a besoin d’électricité. Les arguments exposés sont la sécurité ( !), le coût modeste ( tout est relatif), la rapidité de fabrication, la protection contre les attentats, les chutes d’aéronefs, et les fuites radioactives.


Autour de ce projet on retrouve les trois mousquetaires de la profession: AREVA, EDF, et le CEA.


On ne sait pas encore s’il s’agit d’une plaisanterie de potache ou si le projet est sérieux.


Le second exemple paraît à peine plus réaliste. Il émane de la société HYPERION POWER GENERATION, et consiste en un petit réacteur nucléaire modulaire facilement transportable et conçu pour les mêmes usages que le précédent, sauf qu’il n’est pas sous-marin.


Le cœur est scellé et  enfoui dans le sol , dans un petit silo n’excédant pas les dimensions d’un caveau de famille.


Les accessoires sont à l’extérieur: Echangeur de chaleur, turbine, générateur électrique, tour de refroidissement, poste de transformation.


Un obstacle majeur semble être l’homologation par le NRC ( Nuclear Regulatory Commission), le dispositif devant satisfaire les exigences du cahier des charges Génération IV.


Si cet obstacle est levé, HPG se déclare prêt à livrer en 2013.


Il y a là de quoi alimenter la colère des anti-nucléaires, mais que peuvent les bonnes intentions face à l’avidité énergétique des pays émergents ?



 


 

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