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22 décembre 2019 7 22 /12 /décembre /2019 16:10

La COP 25, certificat de décès de la transition énergétique ?

22 Décembre 2019

Les prêches de la jeune Greta devront revêtir désormais la tournure d'une oraison funèbre, si l'on en croit le peu d'enthousiasme manifesté par les participants au raout de Madrid.

Il est vrai que certains décideurs, et non des moindres, ne sont pas encore convaincus de la responsabilité du CO2 dans le réchauffement climatique.

Dans une société bâtie sur la mondialisation d'une économie libérale hissant la finance à la hauteur d'une religion, les hommes politiques, donc en théorie les décideurs, sont nécessairement mercenaires des puissances de l'argent.

Dans une armée, on peut tolérer des mercenaires à condition d'avoir un encadrement dévoué à la cause des buts définis.

Mais si les dirigeants sont eux-mêmes des mercenaires, ils défendront leur propre cause et oublieront leur mission originale.

L'économie libérale et mondialisée s'est bâtie sur un principe d'airain qui est la recherche de la rentabilité financière du capital investi, dans les délais les plus courts.

« Prends l'oseille et tire-toi » comme il disait en d'autres temps.

Pour opérer une transition énergétique et adopter des comportements écologiques préservant l'environnement, ce principe ne convient pas ; il faudra investir, mais le gain sera pour nos descendants, ce qui n'est pas dans l'ADN des détenteurs de capitaux, qui évaluent l'intérêt d'un projet à sa valeur « actualisée », et non pas à sa valeur future pour le bien public et les générations suivantes.

Ce qui explique l'échec constaté, et entériné par la COP25 qui démontre que, malgré les exhortations d'une charmante suédoise, il est impossible de mettre en œuvre des actions coûteuses dont la rentabilité est à très long terme et de plus ne s'exprime pas en terme de gains financiers.

Vouloir préserver l'environnement et les conditions de vie de nos descendants, c'est un bon sentiment, mais qui n'intéresse pas un financier qui recherche le gain immédiat.

Or, il s'agit de dépenser l'équivalent de dizaines de milliers de Milliards de Dollars puisqu'il nous faut à la fois, à l'échelon planétaire, fabriquer des énergies de remplacement des fossiles, modifier ou remplacer les procédés et machines pour les adapter aux nouvelles énergies, développer de nouvelles approches des utilisations de celles-ci afin de réduire drastiquement les besoins selon le principe de parcimonie, mettre en place des mesures de mitigation des risques liés au changement climatique désormais inévitable, mettre en place des mesures planétaires de protection de l'environnement et de la biodiversité, mettre un terme au pillage des ressources de la Planète, accompagner les pays en voie de développement pour un progrès soutenable, prendre des dispositions pour accueillir les réfugiés climatiques, gérer l'accroissement de la population du globe, etc, etc...

Seuls des Etats peuvent engager ce type d'investissements à très long terme, à condition d'en avoir les moyens et, s'agissant d'une menace planétaire, seul un gouvernement planétaire pourrait gérer l'ensemble des menaces avec un minimum de cohérence.

Un tel gouvernement n'existe pas, et peut-être n'est-il pas souhaitable, pour diverses raisons qui n'ont rien à voir avec le réchauffement climatique.

(Il se pourrait que l'indice de démocratie varie à proportion inverse de la dimension des Etats)

L'ONU émet des recommandations qui sont à peine plus considérées que les exhortations de Greta.

Le GIEC est inaudible en tant que prescripteur, ses « résumés à l'intention des décideurs » sont des bouteilles à la mer lancées sans grande illusion quant à la réalité de l'existence même de ces « décideurs ».

Les COP n'amusent plus personne, leurs rapports ne font que traduire une indécision généralisée, et mettent en valeur des conflits d'intérêts stérilisants.

Alors, faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?

Certainement pas, car il existe beaucoup de raisons de conserver un optimisme prudent (mais non pas béat), à condition de redescendre sur terre et cesser de prendre ses désirs pour des réalités.

Il s'agit quand même ni plus ni moins que de bouleverser le fonctionnement de la société mondiale dans toutes ses structures ; la liste citée plus haut n'est qu'un résumé des tâches qui nous attendent.

Or, quand on voit le temps qu'il faut pour « simplement » modifier le système de retraite dans un pays développé parmi les plus prospères, on imagine sans peine que la réorganisation du monde prendra un certain temps.

La transition énergétique fait partie de ces mutations qui ne se décrètent pas.

Aucun résultat significatif ne pourra être obtenu tant que les énergies fossiles seront disponibles en quantités et pour un prix raisonnables, ce qui peut nous conduire au-delà de la fin du présent siècle si l'on en croit les données sur les réserves encore exploitables.

Essayer de détourner les utilisateurs de ces énergies par une taxation dissuasive ne peut être efficace qu'à la condition de leur proposer une ou des solutions de rechange à la fois disponibles et d'un coût raisonnable, sous peine de rajouter une grave crise économique à la crise climatique, achevant ainsi le malade que l'on prétend soigner.

Il n'aura échappé à personne que ces solutions de remplacement n'existent pas aujourd'hui, il s'en faut de beaucoup.

(Le tapage médiatique autour de la voiture électrique ne peut cacher le caractère confidentiel de ce nouveau marché).

De plus, ces solutions décarbonées doivent respecter les impératifs de la transition écologique, notamment la protection de l'environnement, l'arrêt du pillage des ressources de la Planète, la lutte contre la déforestation, le traitement des déchets, le recyclage, sans omettre la faim dans le monde et la gestion des ressources en eau.

Ce qui est loin d'être le cas.

( Voir huile de palme, déforestation, extraction du Lithium, consommation d'eau, pollution des océans, pillage des ressources halieutiques,…).

Enfin, le développement des solutions de remplacement des fossiles ne doit pas se traduire par une autre dépendance, par exemple concernant les éléments rares, d'où pourrait résulter une vulnérabilité par épuisement de la ressource et/ou création de conflits d'intérêts générateurs d'affrontements.

 

En attendant une hypothétique prise de conscience planétaire, les pays qui en ont les moyens s'efforcent de mettre en œuvre des moyens de production d'énergie propre afin d'une part d'acquérir un savoir-faire qui sera indispensable le moment venu, et d'autre part de se donner des moyens industriels pour conquérir des marchés lorsque la demande deviendra significative.

En France, la transition énergétique n'est pas la première priorité, même si on peut le regretter.

Plusieurs raison à cet attentisme :

L'électronucléaire et l'hydroélectrique fournissent déjà l'essentiel de notre électricité décarbonée, et probablement encore pour longtemps. Les rumeurs de réduction de la part du nucléaire ne sont jusqu'à présent que de vagues promesses.

Quant au remplacement des fossiles dans les besoins autres que l'électricité, l'activité se borne à réduire l'utilisation du charbon, remplacer le fuel par du Gaz quand c'est possible, et surtout inciter à réduire la demande par une meilleure utilisation de l'énergie.

Enfin, les engagements pour des projets très ambitieux sont limités par la situation budgétaire qui conduit à une dette publique de 2 400 Milliards d'euros, qui interdit pratiquement tout projet de quelque ambition à l'initiative et avec la participation significative de l'état.

Dans ce contexte, l'essentiel de l'activité de l'état consiste à tirer des plans sur la comète en planifiant un monde idéal pour après-demain, faute de pouvoir réaliser un monde vivable pour demain en s'y mettant aujourd'hui.

N'est-ce pas prendre ses désirs pour des réalités, que de confondre la carte et le territoire ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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