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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 11:30

Amorcer un retrait du nucléaire.

12 Octobre 2013

Durant la phase de préparation de la stratégie pour une transition énergétique, il était encore possible de pratiquer une communication ambigüe ménageant à la fois la chèvre et le chou et laissant espérer aux divers camps politiques que chacun y trouverait son compte.

Cette phase est maintenant terminée, le temps est venu d’annoncer le contenu de la stratégie énergétique choisie et de lancer les travaux nécessaires à la fois sur le plan parlementaire et sur le terrain.

Il ne fait plus de doute que la décision essentielle, celle dont découleront toutes les autres, concerne le Nucléaire.

Il ne nous appartient pas de juger ici de l’opportunité de telle ou telle politique nucléaire, mais seulement de prendre acte des décisions stratégiques du Gouvernement.

Il semble que la décision de réduire de 75% à 50% à l’horizon 2025 la part du nucléaire dans le mix électrique français soit confirmée.

En matière de politique d’orientation long terme, 2025 c’est demain matin.

Aujourd’hui notre consommation d’électricité est d’environ 400 TWh par an, dont 300 TWh sont fournis par le nucléaire avec 58 réacteurs.

Que sera notre consommation en 2025 ?

Les avis divergent selon les hypothèses retenues. Faute de données solidement établies, nous pouvons supposer qu’elle sera stabilisée à sa valeur actuelle. Les économies réalisées grâce aux programmes de réduction de consommation étant compensées par l’augmentation de l’activité économique, l’accroissement de la population, et l’essor d’applications comme les pompes à chaleur et la voiture électrique.

Dans cette hypothèse la consommation d’électricité nucléaire devra être réduite de 100 TWh, il faut donc arrêter une vingtaine de réacteurs.

Etant entendu que les 100 TWh manquants seront fournis par les énergies renouvelables, contrairement à l’Allemagne qui n’hésite pas à recourir au lignite.

Ces chiffres ne sont contestés par personne.

Arrêter deux réacteurs par an est une entreprise colossale, il n’est pas certain que ce programme soit réaliste.

L’arrêt définitif d’une installation électronucléaire est en soi un véritable projet industriel dont la réalisation s’étale sur plusieurs dizaines d’années, nécessite des équipes de professionnels spécialisés, et des structures de transport, de traitement, de stockage temporaire et d’enfouissement définitif des déchets.

De plus la décision d’arrêt doit être immédiatement suivie de la mise en œuvre de la procédure de démantèlement. Ceci a parfaitement été défini et justifié dans les procédures de sécurité. Il n’est pas possible d’y déroger.

S’il advenait par malheur que, pour des raisons politique ou d’intérêts financiers, cette procédure soit contournée, il en résulterait un risque élevé de santé publique et de dissémination de matériaux radioactifs.

S’il est appliqué selon les règles de sécurité, ce programme d’arrêt de deux réacteurs par an va mobiliser des moyens considérables pendant plusieurs dizaines d’années, et aura un coût tout à fait exorbitant.

Ces moyens risquent de faire défaut pour l’entretien du parc existant, car il subsistera 38 réacteurs en fonctionnement.

Or, dans le même temps, le programme de développement de l’électricité verte aura lui aussi besoin de financements très importants.

Les 100 TWh retirés au nucléaire devront être trouvés ailleurs, et cet ailleurs ne peut raisonnablement être que de l’énergie verte.

Il est difficile de financer à la fois un programme ambitieux d’arrêt de réacteurs nucléaires et un programme de production l’électricité verte, lequel est aujourd’hui de très bas niveau.

TICPE, TICNG, TICC, TGAP, TCFE, CSPE, TCAE, ont de beaux jours devant elles…

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