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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 17:21

10 Avril 2011


Nous n’échapperons donc pas à une bataille du nucléaire, et cette querelle va jouer les trouble-fêtes dans la campagne électorale qui démarre.


Traditionnellement, en période électorale, les deux camps s’installaient tranquillement  au fond du terrain, de manière à échanger quelques balles inoffensives. L’affaire occupait les médias à coup de réforme scolaire par ci, de voile islamique par là, coup droit sur les retraites, revers à peine lifté sur les niches fiscales, rien de bien méchant, l’essentiel pour les deux adversaires étant de garder le troisième larron en dehors du cours.


Mais voilà que le temps se couvre, les règles du jeu sont en train de changer sous la pression des évènements, il va falloir bâcher.


D’une part, le troisième larron est devenu une larronne qui a bien l’intention de s’inviter dans la partie. L’échange conventionnel pourrait bien transformer le simple en un double agité.


D’autre part, sous l’effet du pétard de Fukushima, l’opinion s’est trouvée électrisée et cet électrochoc a réveillé les vieilles rancœurs anti nucléaires qui se trouvaient un peu à bout de souffle faute de grain à moudre.


Cette fois, du grain à moudre, il y en a. Et en pleine période électorale, le clivage pro/anti atome risque de faire voler en éclat les pauvres querelles traditionnelles qui désormais passent au second plan.


L’ennemi public n’est plus le dioxyde de carbone, le CAC 40, ou le salaire du patron, c’est l’atome.


Le séculaire clivage gauche-droite risque de se transformer en une sorte de bouillie indéfinissable dans laquelle les candidats auront beaucoup de mal à distinguer leurs électeurs, si tant est qu’ils sachent eux-mêmes quels sont les critères de tri.


L’homo politicus de 2011 va devoir réviser ses cours de physique. Ce n’est pas sur sa conception du partage de la valeur ajoutée qu’il sera jugé, mais sur les choix énergétiques qu’il a l’intention de soutenir s’il est élu.


Il devra expliquer comment promouvoir les énergies durables tout en soutenant les opposants aux éoliennes. Comment arrêter les vieux réacteurs nucléaires sans pour autant démarrer de nouvelles centrales thermiques à flamme. Comment soutenir l’énergie solaire tout en donnant satisfaction aux opposants aux fermes photovoltaïques. Comment gérer une baisse de la production électrique sans pour autant limiter la consommation. Comment modérer l’augmentation du taux de CO2 tout en renonçant aux programmes CSC pour satisfaire les écologistes. Comment subventionner les énergies nouvelles sans augmenter les impôts, etc…


L’exercice sera des plus périlleux, le risque de luxation du cerveau devient certain. La querelle va donner lieu à un florilège de déclarations démagogiques débridées, qui peuvent avoir pour résultat de déstabiliser l’opinion et provoquer un vote de panique si l’électeur a l’impression qu’on cherche à le promener. Et il ne faudra pas grand’chose pour que cette impression se transforme en certitude.


Entre les idéologues anti qui exigent l’arrêt immédiat, et les idéologues pro qui préconisent la surgénération, les réalistes et les modérés auront du mal à faire accepter un programme qui allie la passion et la raison, et qui soit de nature à éviter un vote de rejet.


Décidemment, il est de plus en plus évident qu’il faut d’urgence organiser des états généraux de l’énergie.


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