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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 15:34

19 Avril 2011


C’est donc fait! 


Les Etats Généraux de l’énergie se sont tenus à l’échelon National pour établir un état des lieux de la question énergétique en France, dans le contexte des accords internationaux initiés par le G20, et dans le cadre des programmes Européens spécifiques. Un document synthétique a été diffusé largement pour porter à la connaissance du public les éléments nécessaires à l’expression d’un choix éclairé lors d’un futur référendum.


Le référendum réclamé par l’opinion a donc eu lieu, la volonté du peuple s’est exprimée, la France décide de sortir du nucléaire en répondant oui aux deux questions:


« Approuvez-vous les décisions d’arrêter l’exploitation des réacteurs nucléaires ayant atteint une durée de fonctionnement de trente années, et  d’interrompre les programmes de construction de nouveaux réacteurs ?


Approuvez-vous le programme associé de remplacement de l’énergie nucléaire par les énergies nouvelles, et la mise en œuvre des installations de production correspondantes ? »


Il s’agit donc d’une sortie progressive, devant réduire à zéro la part d’électricité nucléaire à l’horizon 2030.


17 réacteurs sont immédiatement concernés  par la limite d’âge, représentant environ 20% de la production d’électricité française.


L’économie ne pouvant supporter une chute brutale de 20% de la fourniture électrique, il est décidé de procéder à un arrêt progressif de ces 17 réacteurs sur cinq ans, pour permettre la mise en place des mesures d’accompagnement compensatoires.


Ces mesures d’accompagnement ont pour but de réduire la consommation d’électricité prélevée sur le réseau, et de favoriser le développement des énergies de substitution, essentiellement solaire et éolienne. Le secteur visé est surtout le Résidentiel/Tertiaire, consommateur majoritaire.


Parallèlement à ces mesures d’accompagnement, il est décidé un programme national de développement de centrales thermiques solaires et de fermes éoliennes, pour compenser la perte de production et maintenir l’offre à long terme.


Le financement de ces opérations reposera pour partie sur le grand emprunt, et pour partie sur des augmentations du tarif public de l’énergie.


Il s’agit en fait du programme de financement initialement prévu pour le  renouvellement du parc nucléaire, donc un changement de portage.


La France, jusqu’alors exportatrice d’électricité, deviendra provisoirement importatrice, ce qui entraînera une hausse supplémentaire automatique du prix du KWh, puisque nos voisins et futurs fournisseurs, ont des coûts supérieurs aux nôtres.


L’arrêt de chaque réacteur de 900 MWe ne deviendra effectif que si le programme de remplacement en énergie renouvelable est opérationnel à au moins 50%. Un réacteur devra être remplacé par 2 000  éoliennes de 3MW ou l’équivalent en ferme solaire.


Ce vaste programme posera de gros problèmes d’emprise foncière, et d’acceptabilité de la part des riverains et des associations de protection de l’environnement.


Pour résoudre ces contentieux, une loi cadre sera votée, faisant obligation aux collectivités territoriales à l’échelon du département de créer des zones réservées à l’éolien ou au solaire, et de tenir ces zones à la disposition du marché, sous peine de pénalités importantes. Pour les départements côtiers, le plateau continental fait partie des zones éligibles.


L’exécution du programme de sortie du nucléaire sera donc conditionné par la croissance compensatrice des capacités en énergies renouvelables.


L’impératif évident étant de ne pas mettre la France en panne !


Si, au terme de cette période de cinq années, il s’avère que les énergies renouvelables ne sont pas prêtes à prendre la relève des réacteurs dont l’arrêt est programmé, les dispositions du pacte entériné par le référendum seront réexaminées en vue de surseoir au programme d’arrêt par un moratoire, et/ou de décider le démarrage d’un programme complémentaire de centrales thermiques à flamme.


Mais, quelle que soit le scénario, il faut s’attendre à une augmentation très significative du coût de l’électricité pour les raisons suivantes:


- L’arrêt à court terme des deux ou trois centrales les plus suspectées (dont Fessenheim) entrainera la nécessité d’importer de l’énergie électrique au prix du marché, c’est-à-dire très cher, eu égard à la situation critique des pays voisins ( La France était jusqu’à présent exportatrice ). Ce coût sera répercuté sur le tarif public.


- EDF est tenue de provisionner les sommes correspondant au démantèlement des centrales, sommes qui se chiffrent en dizaines de milliards d’euros, qui se retrouveront sur la facture de l’usager.


- Le programme de construction de centrales solaires et de fermes éoliennes nécessaires au remplacement des centrales nucléaires arrêtées nécessitera des investissements considérables. Les industriels ne consentiront à ces dépenses que si le retour sur investissement est possible, donc si le prix de vente du KWh est commercialement rentable, ce qui suppose une augmentation conséquente des tarifs ( les tarifs français actuels sont les plus bas d’Europe car ce sont des coûts d’exploitation qui n’incluent pas les coûts du démantèlement et du traitement des déchets, et de plus l’impact du coût du minerai nucléaire est pour l’instant très faible).


- Si le développement des énergies renouvelables continue d’être soutenu par des tarifs d’achat d’électricité supérieurs au tarif public, des sommes considérables devront y être consacrées, qui se retrouveront également sur la facture du consommateur.


Pour toutes ces raisons il faut s’attendre à une augmentation progressive du tarif public électrique de 100 à 200% dans les cinq à dix prochaines années.


Rassurez-vous, tout cela n’est qu’une fable ( à part l’augmentation des tarifs! ).


En fait, les Etats Généraux ont été remplacés par des réunions en petit comité à l’Elysée et à Matignon, avec les interlocuteurs de la filière énergétique, essentiellement EDF, AREVA, TOTAL, et les grands industriels associés.


Il n’a été diffusé aucun document synthétique, le grand public sera informé par les média, qui donneront aux différents aspects de la question la couleur politique qui leur conviendra, chacun y trouvera son compte.


Le référendum réclamé par les anti nucléaires n’aura pas lieu, car le résultat serait biaisé par les postures idéologiques et le climat « Fukushima », peu propice à une réflexion dépassionnée. Mais le résultat des prochaines élections présidentielles peu changer la donne et conduire une éventuelle nouvelle majorité à des décisions aujourd’hui imprévisibles. En effet, on observe que le clivage pro/anti nucléaire ne correspond pas au clivage politique habituel.


En attendant les élections, dans un premier temps, il va être procédé à une démarche nationale d’inspection des réacteurs en exploitation afin d’évaluer leur capacité à résister à des catastrophes naturelles, éventuellement artificielles, et de tester tous les systèmes de sécurité. Nous connaissons déjà bien sûr le résultat de cette inspection. Pour calmer les esprits, on annoncera la fermeture de deux ou trois vieilles centrales, au moins provisoirement, et pour quelques autres  l’autorisation de prolongation d’exploitation au-delà de trente ans sera soumise à inspection approfondie.


Tout cela conditionné bien sûr par la mise en œuvre de centrales solaires ou éoliennes en mesure de combler le déficit d’énergie résultant.


En clair, on n’arrêtera aucun réacteur nucléaire tant que les énergies nouvelles ne sont pas prêtes à prendre la relève.


Fessenheim sera peut-être sacrifiée pour calmer le jeu, à condition que EDF soit autorisée à redémarrer des centrales thermiques à flamme  aujourd’hui en sommeil, voire à en construire de nouvelles ( en fait, EDF a déjà redémarré certaines centrales thermiques à flamme mises en sommeil il y a quelques années).


Le programme de soutien au développement des énergies nouvelles sera relancé, mais avec des avantages financiers revus à la baisse afin d’éviter une dynamique de croissance faussée par un effet d’aubaine.


Un juste équilibre doit être trouvé pour conserver l’aspect incitatif de l’aide sans pénaliser l’usager moyen. C’est un exercice difficile, dans un contexte de prix de revient encore trop élevé des énergies nouvelles, et d’une concurrence chinoise omniprésente sur le solaire.


Il semble illusoire d’espérer un démarrage significatif du solaire et de l’éolien dans un contexte de prix de marché du KWh à 12 centimes. La parité est impossible à atteindre à ces niveaux. Aujourd’hui elle se situe plutôt à un niveau trois ou quatre fois supérieur.


L’usager n’est évidemment pas prêt à payer son électricité trois fois plus cher. Il y a donc une équation impossible à résoudre, sauf à attendre que les prix des produits chinois/ asiatiques baissent suffisamment et que le tarif public EDF monte de 50 à 100% pour rencontrer un degré de parité acceptable.


Il restera encore le problème des importations de matériel chinois qui induiront un déséquilibre de la balance du commerce extérieur.


Certes, les fabricants français de matériels seront aidés pour leurs dépenses de développement, mais la phase de production ne pourra être viable que dans un cadre concurrentiel.


Il est donc vraisemblable que le nucléaire a encore de beaux jours devant lui.


En conséquence, il paraît extrêmement peu probable que la génération 3 (EPR ) soit jetée aux orties, et que les études sur la génération 4 soient interrompues ( La France joue un rôle important dans le programme international de développement de la génération 4 ).


Il n’est pas dans les habitudes, ni dans les missions, d’un gouvernement quel qu’il soit, de prendre la décision de brûler ses vaisseaux ou de jeter le bébé avec l’eau du bain….


Mais, qui peut savoir ce qui sortira des urnes en 2012 ?


La seule certitude est qu’il faut s’attendre à des augmentations très significatives du coût de l’énergie électrique.


 



 


 


 

 
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