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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 17:18

1er Juin 2011

S’il y a bien en Europe des politiques énergétiques Nationales, les marchés par contre sont Européens.

Chaque pays décide de ses choix énergétiques, et pondère à sa guise les proportions attribuées au fuel, au gaz, au charbon, au nucléaire, à l’hydraulique, au solaire, à la biomasse.

Il n’existe pas ( à ce jour ) de directive Européenne imposant aux pays membres des quotas de ceci ou de cela, ou interdisant le recours à telle ou telle source d’énergie.

Les seuls engagements des pays membres concernent essentiellement trois objectifs:

- Amélioration de 20% de l’efficacité énergétique à l’horizon 2020

( objectif non contraint ).

- Réduction de 20% des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre ) en 2020 par rapport à 1990.

- Développement des énergies renouvelables à hauteur de 20% du total, toujours à la même échéance.

Les moyens d’y parvenir sont laissés à l’initiative de chaque pays.

Parallèlement à ces engagements européens, chaque pays membre doit tenir compte du contexte énergétique mondial, susceptible d’orienter ses choix nationaux:

Le premier élément du contexte est la dépendance énergétique.

Le taux de dépendance énergétique de l’Europe est de 56% ( Eurostat ).

Pour des raisons stratégiques et financières, chaque pays souhaite réduire son taux de dépendance.

Ceci peut être réalisé de différentes façons:

Augmenter sa production d’hydrocarbures conventionnels.

S’appuyer sur l’utilisation du charbon, associée à un programme de CSC ( Capture et Séquestration du Carbone ).

Développer la part du gaz naturel, en faisant éventuellement appel au gaz de schiste.

Développer les énergies renouvelables.

Développer le nucléaire.

Parmi ces options, certaines sont grevées par la nécessité de réduire les émissions de GES.

Le second élément contextuel est la perspective d’épuisement des sources d’hydrocarbures.

Les experts prédisent une forte baisse de l’offre avant le milieu du siècle. Cette baisse de l’offre rencontrera une augmentation de la demande en provenance des pays émergents. Le résultat sera une forte pression sur les prix, accompagnée d’affrontements stratégiques pour obtenir l’accès aux sources d’approvisionnement.

Pour toutes ces raisons, une stratégie à long terme basée uniquement sur les énergies fossiles carbonées ( EFC ) serait suicidaire pour un grand pays développé .

Il faut donc impérativement envisager un avenir dans lequel ces énergies n’occuperaient qu’une place relativement marginale et tendant vers zéro à long terme.

Pour remplacer les EFC, il y a deux possibilités:

- Les énergies renouvelables .

- L’énergie nucléaire.

( Le caractère renouvelable de l’énergie nucléaire n’étant acquis que dans l’hypothèse de l’adoption de la surgénération, qui reste très controversée ).

Première remarque: ces deux sources d’énergie fournissent essentiellement de l’électricité. Or, aujourd’hui en Europe l’électricité ne représente que 20% de la consommation finale d’énergie ( 24% en France ).

L’abandon des EFC implique donc le passage au tout électrique, ce qui est une mutation considérable, largement sous estimée.

Les sources d’énergie de remplacement qui seront choisies devront donc être capables de fournir non pas 20% de l’énergie finale consommée, mais au moins 80% ( Il restera toujours une part de combustibles liquides, qui seront alors d’origine non fossile ).

C’est ce chiffre qui doit être retenu pour l’élaboration d’un plan stratégique.

Tout autre stratégie équivaudrait d’une part à un abandon de facto de la lutte contre le CO2, abandon qui serait une trahison de la stratégie planétaire contre le réchauffement, et d’autre part à un déni de l’échéance de l’épuisement des énergies fossiles, ce qui serait une manifestation d’incompétence .

Aujourd’hui, aucun Etat Européen n’a encore annoncé officiellement un retrait du programme de lutte contre le réchauffement…

Lorsque les experts estiment que les énergie solaire, éolienne et hydraulique pourront, à terme, fournir la presque totalité des besoins électriques, ils se basent sur les besoins électriques actuels. En réalité il faudra fournir quatre fois plus puisque les EFC auront fortement diminué leur contribution d’ici 2050.

La question principale devient:

« Les énergies renouvelables pourront-elles satisfaire 80% de la totalité des besoins énergétiques en consommation finale ? »

Ici les réponses n’abondent pas, elles sont même inexistantes.

La prise de conscience que l’avenir se joue entre les énergies solaire et éolienne et l’énergie nucléaire, est relativement récente. L’abandon des EFC était jusqu’à il y a peu une hypothèse d’école, une sorte de jeu du « coucou fais-moi peur », au pire une affaire lointaine que l’on pouvait sans remord repousser aux calendes grecques.

Les temps ont changé. La géopolitique s’est rappelée à notre bon souvenir pour nous faire prendre conscience que les pions peuvent bouger sur l’échiquier, et que le temps de l’énergie à bon marché allait prendre fin, que d’autres concurrents pleins d’appétits pouvaient peser sur les cours.

Deux clans se sont formés sur le thème des choix énergétiques du futur.

La pomme de discorde est l’énergie nucléaire.

Les uns considèrent que les énergies renouvelables sont la panacée. Leur philosophie ( car c’est quasiment une philosophie ) consiste à affirmer que, quels que soient les besoins, les ER y pourvoiront . Au pire, s’il y a un problème, il suffira de se serrer la ceinture énergétique.

Leur crédo est l’abandon du nucléaire, leur argument est l’inacceptabilité des risques de catastrophe, et l’absence de solution pour éliminer les déchets. Deux arguments parfaitement recevables.

Le clan d’en face réunit ceux qui ne croient pas en la toute puissance des ER. ils leurs reconnaissent de grandes possibilités, mais en aucun cas la capacité de fournir 80% de la totalité des besoins énergétiques.

Ils estiment qu’il sera indispensable de recourir à d’autres sources d’énergie que le Soleil et le vent . Et là ils se divisent en deux tendances:

D’une part ceux qui souhaitent développer les ER et compléter les besoins par les EFC ( Energies Fossiles Carbonées ), dont l’usage ira en diminuant au fur et à mesure que les ER monteront en puissance.

D’autre part ceux qui soutiennent également les ER, mais veulent recourir au nucléaire pour compléter les fournitures.

Leurs argument sont connus:

- Le nucléaire n’émet pas de CO2.

- Le nucléaire est un garant de l’indépendance énergétique.

Les arguments des uns et des autres étant tout aussi recevables, la décision ne peut être que politique.

On peut donc craindre, dans les années qui viennent, une sorte de tango rythmé par les changements de majorités politiques sur le thème du maintient ou non des recherches et du développement de réacteurs nucléaires, versus les investissements dans les énergies renouvelables.

L’Allemagne nous a déjà donné un aperçu de cette politique du pendule, il serait regrettable que l’Europe l’imite dans sa valse hésitation, ce qui serait de nature à déstabiliser les stratégies industrielles, qui ont besoin d’un terrain solide pour s’établir.

Le tango français sur le photovoltaïque nous a donné un petit aperçu des dégâts que peut causer une politique industrielle de fantaisie.

La Charte Européenne de l’Energie repose sur le principe de stratégies coordonnées des pays membres. Si chacun tire des bords de son côté, au gré des changements d’amures politiques, l’Europe de l’Energie risque de se transformer en un grand bazar inefficace et donc vulnérable.

Si la politique énergétique de l’Europe devient celle du chien crevé au fil de l’eau, il se pourrait que Noël 2050 soit éclairé à la bougie….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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