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27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 08:49

27 Avril 2023

La transition énergétique fait la une des gazettes et leur lecture peut donner à penser que l'affaire est dans le sac, une simple question de programmation et d'investissements suffirait à régler le problème, les fossiles étant en voie de disparition naturelle, notamment le pétrole dont le « peak oil » est déjà derrière nous comme chacun sait.

Mais avant de crier victoire, il ne serait pas inutile d'aller voir un peu dans le camp d'en face afin d'évaluer leur point de vue sur les événements énergétiques des prochaines décennies.

Le camp d'en face, c'est l'OPEP ( Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, OPEC in english ) qui a publie une sorte d'état des lieux et leur point de vue sur l'évolution des affaires.

Le WOO ( World Oil Outlook ) est ici :

( file:///C:/Users/root/Downloads/WOO_2021.pdf )

340 pages.

Le tableau suivant, extrait du document ci-dessus, résume la demande mondiale selon l'OPEP pour les prochaines décennies :

La transition énergétique vue côté OPEP.

Ce tableau nous renseigne sur les prévisions d'évolution de la demande énergétique du monde, en quantités et par types d'énergie, et selon la vision de l'OPEP.

Les grandes lignes de cette vision sont les suivantes :

- Un accroissement de la demande d'énergie, toutes énergies confondues, de 28% sur la période 2020 – 2045.

- Un accroissement de 12% de la demande de fossiles, malgré une baisse de 14% sur la demande de charbon.

L'accroissement des fossiles porte sur le pétrole et le gaz naturel, + 20% sur le pétrole et + 33,55% sur le gaz naturel.

- Un accroissement de 200% sur les renouvelables, surtout portés par l'Eolien et le Solaire.

- Un accroissement de 54% sur le Nucléaire.

Ces chiffres ne sont certes que des prévisions, qui ne peuvent être contestées que par d'autres prévisions, tout aussi contestables.

Mais il n'est pas interdit de les commenter :

Que l'OPEP affiche un certain optimisme quant à la pérennité du pétrole et du Gaz, on pouvait s'y attendre; reporter le « peak oil » aux calendes grecques, c'est-à-dire après 2050, est devenu une habitude, hélas justifiée par la recherche frénétique de nouveaux gisements repoussant la date fatidique.

La croissance prêtée aux renouvelables ne conduit qu'à une modeste part de 24% en 2045, avec une biomasse qui ferait jeu égal avec l'Hydraulique, le Solaire, et l'Eolien.

Quant au quasi doublement du Nucléaire, il ne suffira certes pas à fournir toute l'électricité requise en 2045, sa part présumée de 6% restant assez loin des 30% d'électricité nécessaires ( ? ) en 2045.

En bref, l'OPEP ne voit pas de bouleversement notable dans la distribution des rôles d'ici 2045, et voit une transition énergétique assez peu énergique, en tous cas sans bouleverser significativement les rôles de chacun, sinon pour le charbon qui accusera une petite tendance à la baisse.

Le développement des renouvelables n'affecte donc pas significativement le moral de l'OPEP, du moins pour les vingt-cinq prochaines années.

Si par hasard ces prévisions étaient vérifiées, alors il ne faut pas s'attendre à une baisse du taux de CO2 atmosphérique mais bien plutôt à une hausse non négligeable.

Concernant les demandes énergétiques régionales, de grandes disparités seront observées selon le niveau de développement des économies et des réglementations pesant sur les choix énergétiques.

Par exemple, l'électrification imposée des automobiles en Europe et/ou dans les autres pays développés n'a aucun sens pour les pays en développement qui ne possèdent pas de réseau électrique capable de les alimenter.

Dans de vastes régions du monde les déplacements ne s'effectuent que grâce au pétrole, y compris les chemins de fer, lorsqu'ils existent...L'ICE ( Internal Combustion Engine ) a encore de beaux jours devant lui, la mobilité électrique n'est qu'un rêve d'occidental, au moins pour encore quelques décennies.

Le marché mondial imposera donc aux constructeurs la contrainte de servir les deux marchés, sous peine de disparaître.

D'une façon générale les prévisions de l'OPEP distinguent les besoins des pays de l'OCDE des autres, et n'accordent qu'une importance secondaire au facteur climatique dans les motivations à l'origine de la transition. « On » prend acte de la mobilisation pour le climat, mais on continue à fournir la drogue carbonée;  aux « autres » de se débrouiller avec le CO2 émis.

Business as usual...Rendez-vous après 2045.

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