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5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 11:25

 

La mobilité électrique, du bruit dans Landerneau.

5 Novembre 2022

La croissance du marché de la voiture électrique est jugée insuffisante par les instances européennes.

Pourtant la courbe des ventes exhibe un taux de pénétration relativement satisfaisant, compte tenu des facteurs négatifs qui pèsent encore sur ce type de mobilité :

- Autonomie encore insuffisante et surtout très dépendante des conditions d'utilisation, nécessitant une gestion informatisée et une attention excessive du conducteur dangereuse pour la sécurité.

- Réseau de bornes de recharge très perfectible, surtout pour la charge rapide.

- Prix de l'énergie électrique de recharge fantaisiste selon les réseaux et le type de recharge, et aucune information sur l'évolution possible de ce prix, ni sur une éventuelle taxation genre TICPE.

- Coût d'acquisition élevé malgré les aides publiques.

- Marché scindé entre usage agglomération et usage routier conduisant à deux types de véhicules là où un seul suffit actuellement avec une voiture thermique.

Lorsque ces « défauts de jeunesse » seront corrigés ( s'ils le sont un jour ), nul doute que la croissance naturelle de la demande permettra d'atteindre une part proche de 100% des ventes de voitures neuves vers l'horizon 2035, voire même avant.

Mais il n'existe pas d'exemple du succès spontané d'une nouvelle version d'un appareil d'usage courant dont les performances seraient inférieures à l'ancien modèle et le prix supérieur !!!

Les usagers ne sont pas idiots, lorsque la voiture électrique remplira le cahier des charges promis, ils y viendront naturellement sans avoir besoin d'y être contraints.

Par contre, si les défauts actuels persistent, les mêmes usagers se détourneront de l'électrique et alors nous allons vers une situation bloquée si les constructeurs européens se conforment au dictat de Bruxelles ( Interdiction de vendre des véhicules neufs qui ne soient pas neutres en carbone à partir de 2035 ). Le marché de l'automobile se trouvera dans une impasse ; les usagers retarderont le plus possible leur passage à l'électrique puisque les véhicules thermiques existants ne seront pas touchés par l'arrêté.

Quant à recourir à une super taxation dissuasive des carburants pétroliers, il ne faut même pas y penser, les gilets jaunes sont toujours dans les placards...

L'injonction radicale de Bruxelles, cumulée avec la prolifération des ZFE, va certes avoir un certain effet positif sur les ventes de véhicules électriques, mais quel sera l'effet sur le taux de CO2 atmosphérique de la Planète ?

De nombreux véhicules thermiques, encore en parfait état de marche, vont être retirés du parc européen pour être réutilisés ailleurs où ils continueront de polluer. Tout ceci ressemble fort à une externalisation des émissions de CO2.

Une trop forte croissance de la demande de VEB risque fort de profiter à des industriels non européens dont certains contrôlent les composants clés de cette technologie.

Par ailleurs, tous ces VEB vont utiliser une quantité supplémentaire considérable d'électricité, encore fabriquée à 60% à partir des fossiles; Une grande partie du CO2 « économisé» en passant à l'électrique va être re-émise par des centrales électriques à fossiles.

La très forte demande de produits de base ( Métaux et minéraux ), en particulier le Cuivre, le Lithium, etc, verront leur marché se tendre et les cours augmenter.

Sans vouloir jouer les Cassandre, on peut prévoir un avis de grand frais sur le secteur automobile européen pendant la prochaine décennie, gros temps que les concurrents que vous savez ne manqueront pas de mettre à profit.

Il est louable de tenter de « booster » la transition énergétique, mais les enjeux sont trop importants pour la faire « à la hussarde » sans réelle concertation et sans évaluation des enjeux industriels et humains.

L'accord de Bruxelles n'a pas obtenu l'unanimité, et a dû être assorti de quelques aménagements qui atténuent son caractère de butoir :

Des rendez-vous sont prévus en 2026 et 2030 pour faire un état d'avancement des différents points identifiés comme pouvant faire obstacles à la réalisation de l'objectif :

Réseau européen de recharge, « sourcing » européen pour les batteries, baisse des coûts de production, autonomie des véhicules, aptitudes des constructeurs européens à fournir le marché, disponibilité des quantités requises d'électricité.

( Il ne faudrait évidemment éviter de construire des centrales à fossiles pour satisfaire l'appétit de nos voitures électriques...)

Ces « quelques » réserves montrent que l'objectif de 2035 n'est pas un couperet, mais plutôt une incitation pour les constructeurs européens à changer de braquet et peut-être à s'impliquer davantage dans l'environnement qui rendra possible la mobilité électrique, notamment le réseau de charge et les batteries qui, pour l'instant, ne sont pas fabriquées en Europe.

Dans le même temps seront examinés les progrès réalisés dans le domaine des combustibles neutres en carbone.

Il n'existe pas dans les textes une condamnation formelle du moteur thermique.

Le texte approuvé, qui se base sur une proposition de la Commission de juillet 2021, prévoit de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves en Europe à partir de 2035.

Mais,

« Sous la pression de plusieurs pays, dont l’Allemagne, le texte aborde l’éventualité d’un feu vert à l’avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques (e-carburants) ou les motorisations hybrides rechargeables si celles-ci permettent d’atteindre l’objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules. »

Bruxelles n'a donc pas formellement fermé la porte pour le moteur thermique, ce qui serait d'ailleurs absurde puisque l'électricité pour nos voitures électriques pourra être ( est déjà ) fabriquée en partie dans des centrales à Biogaz , lequel gaz fonctionne aussi très bien dans des moteurs thermiques !!!

L'interprétation journalistique un peu abrupte du texte bruxellois a suscité beaucoup de bruit dans Landerneau, mais qu'on se rassure, il est assorti de tant de conditions qu'il ressemble davantage à un acte de foi qu'à un avis de décès...

Le véritable problème demeure la production d'électricité renouvelable.

Redécouvrir les vertus de l'électricité nucléaire, c'est bien, mais en pratique il faudra plus de dix ans pour commencer à voir les effets de cet aggiornamento.

D'ici là, il vaudrait peut-être mieux ne pas trop pomper sur des ressources électriques imaginaires, et une fois de plus éviter de mettre la charrue devant les bœufs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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