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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 17:01

 

L'arrêt de mort du moteur thermique en 2035, est-bien raisonnable ?

20 Juin 2022

Bruxelles a donc décidé d'interdire la vente de voitures neuves à moteurs thermiques dès 2035, et de n'autoriser que les versions électriques à batterie ou à Hydrogène.

Assez logiquement les hybrides sont aussi exclus, même s'ils ont la faveur des clients actuellement.

Cette « décision » , qui doit bien entendu être approuvée par les Etats membres,

est très mal reçue par les constructeurs concernés, mais pas seulement.

La mort du moteur thermique est évidemment une solution radicale contre les émissions CO2 des véhicules particuliers ( et des autres ), mais de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer la brutalité du procédé.

La décision d'abandonner les combustibles fossiles à terme n'est contestée par personne. Les émissions de CO2, de polluants ( oxydes d'Azote, nanoparticules, …) et la faible efficacité énergétique des moteurs thermiques ne font plus débat, et par ailleurs le pétrole n'est pas une énergie d'avenir puisque ses réserves sont limitées par nature.

Le débat porte sur la fixation du terme.

Fixer ce terme dans l'absolu et pour une échéance rapprochée suppose que l'on possède la maîtrise parfaite de la solution de remplacement, le contraire serait une manifestation d'incompétence qu'il y aurait lieu de corriger dans les plus brefs délais.

( C'est vrai pour n'importe quelle autre opération de remplacement ; qui irait jeter ses chaussures s'il n'a pas une paire de rechange ? ).

Regardons un peu le marché automobile aujourd'hui :

En 2019 le marché européen a absorbé 15 Millions de voitures neuves ( thermiques, électriques, et hybrides) pour un parc roulant de 280 Millions de véhicules.

C'est énorme.

Au rythme de 15 Millions d'unités par an il faudra 20 ans pour renouveler complètement un tel parc.

Et nous sommes évidemment très très loin des 15 Millions de voitures neuves électriques par an !!!

Aujourd'hui le marché européen des VEB ( Voiture Electrique à Batterie) est certes en très forte croissance ( 8% des voitures neuves actuellement), mais leur nombre est encore très minoritaire dans le parc roulant, de l'ordre du pourcent, très insuffisant pour prétendre avoir fait le tour de tous les problèmes et avoir acquis le retour d'expérience suffisant pour faire des prévisions crédibles.

Quant aux voitures à Hydrogène, mieux vaut ne pas en parler...

Dans ces conditions, qui peut raisonnablement garantir que la part des voitures électriques dans les voitures neuves sera de 100% en 2035 ?

L'état de la technologie et du marché ne permet pas aujourd'hui de garantir que la mobilité électrique pourra être généralisée pour une date aussi rapprochée sans de gros dégâts collatéraux.

2035 c'est demain matin pour un bouleversement industriel aussi majeur ; de nombreux problèmes subsistent, notamment concernant les batteries, l'autonomie des véhicules, leur coût, les réseaux de recharge, les circuits d'approvisionnements en métaux rares, en composants électroniques, qui impacteront les coûts, et donc la croissance du marché, d'une manière encore imprévisible.

Par exemple, qui peut aujourd'hui dire quelque chose de sensé sur la part de marché des voitures à Hydrogène et pile à combustible en 2035 ?

La précipitation en ces domaines peut être source de gros déboires qui laisseront la place à des concurrents non européens qui s'appuieront sur des marchés moins réglementés.

Avant de jeter le bébé avec l'eau du bain et de préconiser un remède qui risque de tuer le malade, il serait pertinent de s'assurer de la solution de remplacement afin d'éviter de se retrouver en 2040 avec une situation ingérable qui ferait les choux gras de la concurrence asiatique.

Tout le monde a compris ( ou commence à comprendre ) que la transition énergétique dans la mobilité ( et ailleurs ) ne se fera pas sans pleurs ni grincements de dents. Les solutions devront être négociées et des compromis sont inévitables.

La seule certitude est que le salut ne viendra pas de décisions à la hussarde prises sans concertations et sur des bases n'ayant que des fondations fragiles.

Il y a dix ans on faisait grand cas des biocarburants qui devaient sauver la Planète des griffes du pétrole. Aujourd'hui on change d'avis, le moteur thermique a cessé de plaire, même relooké bio.

Quelle sera la nouvelle coqueluche en 2035 ?

 

 

 

 

 

 

 

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