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12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 11:09

12 Avril 2018

EDF fabrique (encore) l'essentiel de notre électricité, grâce au nucléaire, mais la part des concurrents est en augmentation, surtout dans les domaines hors nucléaire évidemment.

RTE ( Réseau de Transport d’Electricité ), achemine cette électricité grâce au réseau haute et moyenne tension.

ENEDIS se charge ensuite de la distribuer aux clients non directement alimentés par RTE.

En 2016 ( et en 2017) la production totale injectée sur le réseau s’est élevée à environ 530 TWh, dont la ventilation est donnée dans le tableau suivant:

Electricité, qui consomme quoi ?

ENEDIS, qui connaît bien nos habitudes électriques pour en être le dispensateur et le comptable exclusif, pour le compte de EDF, ENGIE, Direct Energie, et tout les autres fournisseurs alternatifs*, nous communique le bilan de nos dépenses en KWh.

*A part les ELD (Entreprises Locales de Distribution) qui ont en charge environ 5% du business.

(RTE et ENEDIS sont des filiales à 100% de EDF, lequel à été privatisé, mais dont l'actionnaire très majoritaire est l'Etat.

On notera que ENEDIS, filiale à 100% de EDF, gère également la distribution de l’électricité vendue par les concurrents de la dite EDF.

(Oui, c'est un peu compliqué, mais en France on adore les usines à gaz…

Il suffit de regarder la SNCF pour s’en convaincre).

Environ 25 fournisseurs se partagent le gâteau électrique, EDF étant encore de très loin le plus important.

25 fournisseurs, c’est peut-être beaucoup, mais la guerre économique se chargera d’en faire disparaître les trois quart.

La part de gâteau des concurrents de EDF demeure encore très petite, mais elle ne demande qu'à croître.

Cette croissance deviendra explosive à mesure du retrait du nucléaire, ce retrait créant un appel d'air favorable aux appétits des investisseurs, l'énergie du futur étant LA poule aux œufs d'or.

Notamment le secteur du stockage de l'énergie, ce qui explique les demandes pressantes d'ouverture à la concurrence de la gestion des grandes installations hydrauliques jusqu'à présent chasse gardée de EDF.

Laquelle EDF traîne les pieds et voudrait bien continuer à exploiter les installations qu’elle a elle-même édifiées.

Ce qui au demeurant ne manque pas de bon sens…

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle aucune nouvelle STEP importante n'a été mise en chantier ces dernières années, EDF n'étant pas partant pour investir dans des installations qui seraient exploitées pas ses concurrents !

Eh oui, dans le domaine du KWh la vie n'est plus un long fleuve tranquille.

Cette guerre de tranchées se gagnera sur les énergies renouvelables, ce que EDF a très bien compris, et ce qui motive, entre autres, son ardeur à colmater les brèches de son rempart nucléaire qui jusqu'à présent maintient l'ennemi hors les murs de la citadelle.

Mais les meilleures citadelles finissent par tomber.

Même si lorsqu’une brèche pratiquée dans la muraille (Fessenheim) est vite colmatée (Flamanville).

Comme il faut toujours garder plusieurs fers au feu, EDF développe une activité importante dans les renouvelables, et vient de démarrer un vaste programme de lancement de projets de stockage de l'énergie, car tout ce beau monde a compris que la clé du marché futur de l'énergie électrique, c'est le stockage.

(Pour la production il "suffit" de planter des éoliennes et de poser des panneaux, mais le stockage est une autre paire de manches).

Ce programme restera dans les cartons tant que ne sera pas réglé le problème de l'ouverture à la concurrence de la gestion de ces installations.

Mais ne nous égarons pas.

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ENEDIS et les ELD gèrent environ 390 TWh d'énergie électrique, le reste étant consommé par des clients de la Grande Industrie directement alimentés par RTE ( environ 85 TWh), et des pertes en ligne.

Ces 390 TWh sont ainsi répartis:

150 pour le résidentiel.

240 pour les autres.

Ces "autres" englobent toutes les consommations électriques des activités du pays hors la Grande Industrie et le Résidentiel.

On y trouve pêle-mêle, liste non exhaustive:

- Les activités artisanales.

- Les PME et PMI (non directement alimentés par RTE).

- Les activités commerciales.

- Les activités de service à la personne.

- Le secteur non marchand: Administrations, Santé, Education, Enseignement, Défense, Forces de l'Ordre, Justice, Sécurité Sociale, Organisation du territoire, etc.

- Le secteur du bâtiment.

- Le secteur des transports.

- L'Agriculture et la pêche.

Etc, etc.

Les limites entre les catégories étant assez indéfinies pour créer une certaine confusion lorsqu'il s'agit de collationner les chiffres.

On tente parfois de définir un secteur dit "tertiaire", mais la définition en est tellement vague que son contenu varie selon l'origine des informations.C’est une sorte d’ « auberge espagnole ».

Il y a le "tertiaire" selon l'INSEE, et puis chacun a le sien propre selon ses centres d'intérêt.

En fait cette tentative de saucissonnage est sans intérêt, sinon pour les statisticiens.

Nous nous intéressons ici au secteur résidentiel, le seul dont l'identification soit à peu près claire à partir des contrats de fourniture gérés par ENEDIS et les ELD, lesquels contrats précisent la destination des locaux desservis, et le type de raccordement ( <36 KVA).

(Evidemment, si un local déclaré comme habitation est clandestinement utilisé pour une activité commerciale ou artisanale, la statistique en sera faussée d'autant. Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un problème marginal…Hum…).

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Le tableau ci-dessous présente par région la consommation du secteur résidentiel, c’est-à-dire vous et moi dans nos habitations .

Electricité, qui consomme quoi ?

Ce tableau est plein d’enseignements:

D’une part, on constate que le secteur résidentiel n’est pas le plus gourmand en électricité, contrairement à une idée reçue.

En effet, RTE nous apprend ( premier tableau) par ailleurs que le pays dans son ensemble consomme une quantité d’électricité (énergie dite finale) de 475 TWh bon an mal an, après déduction des pertes en lignes et dans les transformateurs, et de l’électricité exportée.

Les 151 TWh du secteur résidentiel ne représentent donc que 31,4 % du total, soit moins du tiers.

Le reste (près de 70%) est consommé par tout les autres secteurs d’activité qui sont le fameux « tertiaire », les infrastructures territoriales, les établissements publics, la « petite » industrie, l’artisanat, les PME, les PMI, le bâtiment, les transports, l’agriculture, et la « Grande Industrie » qui est alimentée directement par RTE, sans passer par ENEDIS (voir plus haut).

En effet, le secteur de la Grande Industrie n’est pas desservi par ENEDIS, mais directement par RTE qui traite avec le CURTE ( Comité des clients Utilisateurs du Réseau de Transport d’Electricité).

Ce comité regroupe les entreprises ayant des besoins importants d’énergie électrique, et selon des cahiers des charges très rigoureux.

Le CURTE a été créé en 2002 pour répondre à une demande de ces industriels.

258 entreprises constituent le CURTE; certaines d’entre elles contribuent au NEBEF ( Notifications d’Echanges de Blocs d’Effacement), dont les règles ont été validées en 2014 par la CRE (Commission de Régulation de l’Energie), suite à la Loi Brottes de 2013.

Le marché des blocs d’effacement est constitutif du système de régulation du réseau pour répondre aux fluctuations de la demande.

(C’est une sorte de système EJP, Effacement Jours de Pointe, mais à l’échelle de l’Industrie et donc pour des puissances très élevées).

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Le secteur dit « résidentiel » comprend 31,56 Millions d’abonnés, la consommation moyenne par abonné étant de 13 KWh par jour.

Ces 13 KWh sont utilisés en fait pour faire tourner une grande partie de l’économie, celle de la fabrication et de la distribution du matériel électrodomestique, et de toutes les applications et services qui s’y rattachent, ce qui fait beaucoup de monde…

Radiateurs de chauffage, pompes de circulation de chaudières, chauffe-eau, ventilation , lave-linge, sèche-linge, lave vaisselle, aspirateur, éclairages, fours, micro ondes, extracteurs de fumées, fers à repasser, téléviseurs, ordinateurs, box diverses, appareils audiovisuels, recharges de ceci et de cela, climatisations, vidéo surveillance, plus quelques piscines à chauffer, des pompes à faire tourner, etc.

Le tout donc pour moins de 2 euro par jour en moyenne, soit le prix d’une baguette et demi de pain, ou 1,3 litre de super, chacun appréciera en fonction des ses propres choix.

Un coût globalement convenable, sauf évidemment pour celui ou celle qui ne peut se payer ni l’un ni l’autre.

Les tarifs sociaux, ou le chèque énergie, sont censés réparer cette injustice.

La France pratique l’un des tarifs d’électricité parmi les plus faibles d’Europe.

La transition énergétique risque de changer tout cela, par l’entremise de la CSPE.

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Sur ces 13 KWh journaliers moyens, une part importante peut être attribuée au chauffage de l’eau sanitaire (Cumulus) et au chauffage électrique des logements, de base ou d’appoint.

(Par exemple il faut 7 KWh pour chauffer 100 L d’eau de 10 à 70 °C ).

Si l’électricité n’était utilisée que pour les applications strictement spécifiques, la consommation moyenne du secteur pourrait être aisément divisée par deux ou par trois.

Ce qui justifie la campagne en faveur des chauffe-eau solaires, et de l’utilisation du Gaz et de la bio masse pour le chauffage des bâtiments, en association avec une l’isolation thermique efficace des logements.

Par ailleurs les pouvoirs publics soutiennent le développement de la cogénération et des réseaux de chaleur, de l’exploitation de la géothermie, et l’emploi des pompes à chaleur lorsque les conditions sont favorables à un COP avantageux.

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D’autre part, ce même tableau nous apprend que la consommation des particuliers est relativement homogène, les écarts entre régions ne dépassent pas +/- 15% autour de la valeur moyenne nationale, alors qu’on aurait pu s’attendre à des écarts beaucoup plus importants entre régions froides et régions tempérées, à cause du chauffage électrique qui est réputé très énergivore.

Par exemple la consommation moyenne est la même en région Grand-Est et en région PACA, dont les climats sont très différents.

On pourrait expliquer cette « anomalie » par le fait que le chauffage électrique est peu utilisé dans les régions froides, et que les logements y sont en général mieux isolés, alors qu’ailleurs on n’hésite pas à brancher un ou des radiateurs d’appoint dans des logements mal isolés…

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Enfin, nous consommons aujourd’hui 13 KWh/jour en moyenne, mais demain, si comme on nous le promet nous roulons tous en voiture électrique, notre consommation augmentera sensiblement car il faudra recharger la batterie de là ou des voitures du ménage.

(Le kilométrage annuel moyen étant de 12 000 Km, il faut donc environ 6 KWh par jour pour recharger partiellement la batterie).

Dans le PPE (Plan de Programmation de l’Energie), on considère implicitement que les économies dont nous parlons plus haut compenseront les surconsommations dues à la voiture électrique.

Acceptons-en l’augure…

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Cet état des choses est relativement stable depuis la crise de 2008, l’économie ayant beaucoup de mal à retrouver son second souffle.

Mais si, par hasard, il se produisait une relance durable de l’économie, la consommation électrique repartirait à la hausse, particulièrement dans le tertiaire, le bâtiment, et l’industrie.

D’autre part, l’électricité ne représente aujourd’hui « que » 25% de l’énergie finale consommée. Les 75 % restant sont obtenus à partir de produits pétroliers, dont l’emploi va devenir de plus en plus difficile à cause de la taxe Carbone et de la lutte contre la pollution.

Les bio carburants et le bio gaz ne suffiront pas au remplacement des produits fossiles.

Une partie des applications aujourd’hui « énergisées » par les fossiles devra basculer sur l’électricité, dont la part de 25% pourrait bien passer à 35 ou 40% !

La voiture électrique n’est que le premier exemple de ce basculement, qui pourrait être suivi par beaucoup d’autres.

Mais qui refuserait d’échanger 3% de croissance du PIB contre 3% d’augmentation de la consommation électrique ?

Un mal pour un bien…

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