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29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 11:07

La stratégie électrique, du flou pas très artistique.

29 Mai 2017
La mise en œuvre d’une stratégie pour la transition énergétique est donc l’affaire du siècle, au sens propre cette fois.
Ce qui nous attend est un vrai chamboule-tout, puisque 90% de notre énergie provient actuellement de sources condamnées, qu’il s’agisse des sources fossiles, ou du nucléaire que la morale et le bon sens réprouvent et qui finira bien un jour pas disparaître, fusse à l’occasion d’un Fukushima français, pour notre malheur.
Il nous faut donc envisager de bazarder tout çà et de réinventer totalement un outil de production d’énergie propre, renouvelable, décarbonée ou à carbone recyclable.
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Tout çà pour obtenir comme aujourd’hui de l’électricité et de la chaleur.
(Chaleur au sens large puisqu’il faut couvrir les besoins depuis le chauffage des bâtiments jusqu’aux très hautes températures requises dans l’industrie).
Les divers moyens d’obtenir chaleur et électricité sans pétrole, sans gaz naturel, sans charbon, et sans nucléaire, sont connus et on sait les mettre en oeuvre. On les utilise déjà mais à des niveaux encore relativement peu importants, comme si l’on n’y croyait pas vraiment*.
Le problème est de décider d’une part de quelles quantités d’électricité et de chaleur nous aurons besoin pour survivre en ce siècle, et ensuite sur quels procédés il faudra faire porter l’effort pour arriver au résultat.

* En fait, les énergies fossiles sont toujours disponibles en quantités illimitées, et pour un coût encore raisonnable, et le nucléaire nous fournit quasiment toute l’électricité dont nous avons besoin.
Il faudra une incitation vraiment pressante pour casser tout çà et repartir de quasiment zéro.
Et l’incitation vraiment pressante, on l’attend toujours…
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L’électricité, fabriquée à l’origine pour satisfaire des besoins dits spécifiques (Aux commencements était la lumière…), a progressivement envahi tout les domaines et de fait est devenue l’élément incontournable sans lequel tout le reste cesse de fonctionner.
(Une panne électrique suffit à neutraliser un pétrolier de 500 000 tonnes…).
Bien qu’elle ne représente aujourd’hui que le quart de la consommation d’énergie finale, elle est l’élément essentiel autour duquel doit s’organiser la transition énergétique.
D’autant plus que, pour la France, la stratégie électrique est indissociable de la stratégie nucléaire.
La connaissance de nos futurs besoins en électricité est donc un élément de base de la stratégie de transition.
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Les paramètres qui influent sur l’évolution de la consommation électrique sont nombreux et à peu près identifiés:
- L’évolution du  PIB, donc de l’économie.
- La démographie.
- L’efficacité énergétique.
- Les nouveaux usages.
- Les transferts d’usages.
- L’activité industrielle (Les délocalisations…).
- Les modes de vie.
- La taxation du CO2.
- Le coût des énergies nouvelles.
- Etc…

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Le rôle du PIB.
Le graphique suivant montre la corrélation entre l’évolution des taux de variation du PIB et de la consommation d’électricité sur une période de soixante années.

 

 


 

 

 

 

La stratégie électrique, du flou pas très artistique.

Le lien entre les deux est évident sur le long terme, au moins aussi évident que celui qui est constaté, et reconnu valide, entre l’élévation de la température atmosphérique et l’accroissement du taux de CO2, ce qui n’est pas peu dire…
L’argument de concomitance, qui a conduit à attribuer au CO2 anthropique l’élévation de la température atmosphérique, doit logiquement pouvoir s’appliquer également dans le cas de la concomitance des taux de variation du PIB et de la demande d’électricité.  
(Sinon il faudra nous expliquer pourquoi…).
On peut donc penser que le tassement de la demande d’électricité, qui est constaté depuis une dizaine d’années, est en grande partie dû à la crise économique, au moins autant qu’aux effets bénéfiques des gains d’efficacité énergétique.
Il suffirait donc de retrouver 2 ou 3% de croissance du PIB pour entrer dans une phase de croissance significative de la demande électrique.
Ce qui s’est passé en 2008 a certes affecté durement nos économies, mais ne nous a pas définitivement ruinés.
Or certaines (sinon toutes) prévisions d’évolution de la consommation considèrent cette stagnation comme acquise, structurelle, ce qui conduit à postuler une consommation future en baisse par l’effet de l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Nous pensons qu’il n’est pas interdit d’envisager une amélioration de notre situation économique (!), la dèche n’est pas une situation dont nous devons nous satisfaire « ad vitam ».
Sans espérer retrouver pour le PIB les taux de croissance d’avant la crise, une embellie peut très bien nous conduire à une croissance du PIB de 3% l’an, ce qui entraînerait un accroissement annuel de la demande d’électricité d’au moins 1,5%, qui passerait alors à plus de 600 TWh à l’horizon 2035, contre 480 TWh aujourd’hui.
Assez curieusement cette possibilité a été complètement occultée par les prévisionnistes, qui semblent considérer la situation économique actuelle comme une fatalité durable.
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Le rôle de la démographie.
La croissance naturelle de la population, les changement de mode de vie qui induisent un accroissement du nombre de ménages, et les apports extérieurs, créent une augmentation de la demande, que l’on ne peut ignorer.
Selon l’INSEE, le nombre de ménages s’accroit plus vite que la population.
De 27 Millions aujourd’hui, ce nombre passerait à 33 Millions en 2050. Ces nouveaux ménages doivent acquérir un équipement électroménager de base, et donc consommer de l’électricité soit directement, soit à travers l’activité économique induite.
20% d’accroissement du nombre des ménages ne peut que conduire à un accroissement de la consommation électrique dans le résidentiel-tertiaire, et non à une réduction.
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Le rôle des usages nouveaux.
Des usages nouveaux de l’électricité apparaissent, parmi lesquels la mobilité électrique et les pompes à chaleur sont les principaux identifiés.
30% de voitures électriques à l’horizon 2030 entraîneraient une demande supplémentaire annuelle d’électricité de l’ordre 30 TWh.
10 Millions de logements équipés de pompes à chaleur consommeraient plus de 20 TWh en plus.
Ces valeurs ne sont pas sorties d’un chapeau, elles correspondent aux actions promotionnelles encouragées aujourd’hui pas le gouvernement.
Il y a là une source d’augmentation de la demande qui est rarement prise en compte.
Les démarches d’amélioration de l’efficacité énergétique des logements conduit certes à des économies globales d’énergie, mais aussi bien souvent à l’installation d’une pompe à chaleur qui fonctionne à l’électricité.
D’un côté on économise du Gaz ou du fuel, mais au prix d’un accroissement de la demande d’électricité.
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Le coût des énergies nouvelles.
Les coûts du Biogaz, des biocombustibles, et de l’électricité renouvelable, qui seront pratiqués au cours des prochaines décennies sont évidemment inconnus aujourd’hui.
Une partie sera fabriquée en Europe, une autre partie sera importée, sans que l’on puisse savoir encore d’où et dans quelles proportions.
Les coûts comparatifs de ces différentes sources d’énergie sont encore inconnus.
Ils auront un impact essentiel sur le type d’énergie qui sera privilégié par le consommateur.
Selon les coûts pratiqués, il sera plus intéressant de choisir telle source plutôt que telle autre, si l’application autorise un tel choix.
Par exemple il sera peut-être plus économique de rouler dans une voiture à moteur thermique et biocarburant plutôt qu’en électrique, ou le contraire.
Cette possibilité de choix, qui peut se traduire par un poids plus ou moins important sur la demande d’électricité, introduit un élément d’incertitude supplémentaire.
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Aujourd’hui la presque totalité de la consommation d’électricité est gérée par le réseau public.
Mais, avec le développement des nouveaux moyens de production (Eolien, solaire, biomasse, et possibilités de stockage localisé), une part de plus en plus importante de l’électricité consommée proviendra d’installations privées et/ou collectives non raccordées au réseau, donc non comptabilisées dans le bilan RTE.
L’évolution de cette part dans le futur est évidemment inconnue. Elle pourrait atteindre une valeur non négligeable dans les secteurs résidentiel et tertiaire, qui sont aujourd’hui de gros consommateurs sur le réseau.
Cette part, non gérée par RTE sauf contractuellement pour les besoins du Smart-grid, se développera à l’initiative des particuliers ou de structures collectives à gestion privée.
Sa croissance dépendra des conditions environnementales encadrant cette activité: Règlementations diverses, incitations fiscales, prêts à taux zéro, statut juridique de ces entreprises, aides publiques, conditions de commercialisation de la production, et bien sûr tarif public de l’électricité.
Si le développement de ce mouvement n’est pas entravé par des conditions trop contraignantes, la part de consommation gérée par RTE devrait logiquement diminuer.
La réflexion sur l’évolution de la consommation d’électricité ne peut laisser de côté cet aspect du marché, qui comportera deux parts complémentaires:
Une part constituée par l’électricité de réseau, alimentée essentiellement par une production de base fournie par les industriels énergéticiens, à partir de parcs solaires et éoliens y compris off shore, et de grandes installations hydrauliques, et auront à gérer les moyens importants de stockage d’électricité tels que les stations de pompage et la filière hydrogène.
Une autre part constituée de la production « privée », donc une multitude de petites installations, éventuellement collectives, disposant de moyens de stockage local, et pouvant être contractuellement associées au projet Smart-grid, mais pas obligatoirement.
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Dans son analyse prévisionnelle de l’évolution de la demande électrique européenne,  RTE envisage trois tendances, qui figurent dans le graphique suivant:


 

La stratégie électrique, du flou pas très artistique.

La variante haute admet un taux de croissance de la demande électrique de + 0,2% par an, donc quasi nul.
Les deux autres variantes ( Référence et basse) proposent des taux négatifs de respectivement - 0,4%/an et - 1%/an.
Mais il s’agit d’une analyse à court terme, puisque 2021 c’est demain matin.
Pour parler de stratégie, il faut se projeter très au-delà.
Projeté jusqu’en 2050, 1% de baisse annuelle conduirait à une consommation de 335 TWh au milieu du siècle.
Un véritable effondrement.
L’hypothèse de base retenue par RTE pour obtenir une prévision de consommation stagnante, voire en baisse, est que les progrès dans la recherche de l’efficacité énergétique primeront sur les effets d’une reprise économique.
Ce qui remet en question la concomitance constatée depuis soixante ans entre la variation du PIB et celle de la consommation d’électricité.

La stratégie de transition électrique sera évidemment différente selon que l’objectif de consommation à l’horizon 2050 sera fixé à 300 ou à 600 TWh!

Encore du travail pour Madame Irma…
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