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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 17:47

11 Avril 2015

On parle, on parle, … et la vie continue hors du microcosme politicien hexagonal.

C’est ainsi qu’il n’aura échappé à personne que nous vivons des temps inquiétants, inquiétudes hélas concrétisées dans l’horreur pour certains. A force d’entendre des bruits de bottes à l’Est, on a fini par les voir arriver. A force de bouillir, la marmite moyen-orientale a fini par déborder, et l’écume de se répandre alentours, avec les dégâts que l’on sait.

Il se trouve que ces trublions sont aussi des acteurs majeurs de l’énergie, et leurs soubresauts ne manqueront pas d’avoir des conséquences sur les approvisionnements des pays dépourvus de toute ressource dans ce domaine.

La France doit acheter à l’extérieur 80% de l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Même si une grande partie de ces achats proviennent de sources non directement contrôlées par le Tsar ou les émirs, Elle supporte les variations des cours soumises aux aléas géopolitiques engendrés par iceux.

Par ailleurs notre situation économique est si dégradée que le « Trésor » public en est réduit à prendre l’argent des pauvres. Le bateau prend l’eau et toute proposition est bonne pourvue qu’elle contribue à étancher la voie d’eau. On verra plus tard à choisir la couleur pour repeindre la coque…

Il n’est pas nécessaire d’être un économiste pour comprendre que la conjoncture internationale peut se retourner; des taux d’intérêt un peu plus élevés, et un pétrole qui reviendrait à cent dollars, il n’en faudrait pas plus pour torpiller un navire déjà bien engagé.

Aussi la tentation est-elle grande d’aller voir si ce fameux gaz de schiste n’existerait pas par hasard sous nos pieds, pour nous permettre de refaire le coup du gaz de Lacq. On pourrait espérer en tirer un double bénéfice: réduire les importations, donc gagner en indépendance énergétique, et créer des emplois, saint graal de toute politique sociale.

Mais l’exploitation des éventuels gisements comportent des inconvénients largement médiatisés, ayant conduit à une condamnation sans appel par les instances écologiques, condamnation entérinée par l’actuel gouvernement et une partie de l’opinion.

L’attribut « sans appel » est jugé irrecevable par une partie de la communauté scientifique et de l’opinion, qui considèrent que face à un problème, quel qu’il soit, l’attitude ne doit pas être dogmatique et la voie ne doit pas être fermée à toute recherche de solution.

Cette polémique, et bien d’autres comme celles des OGM, des antennes-relais, de l’aéroport de NDDL, etc…est censée trouver son issue dans l’application du principe de précaution désormais inscrit dans la Constitution:

« Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veilleront, par application du principe de précaution, et dans leurs domaines d'attribution, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »

Comme à l’accoutumée la rédaction de cette pièce d’anthologie est suffisamment vague pour laisser une large place à l’interprétation. Qu’est-ce donc qu’un dommage dont la réalisation serait incertaine, sinon un risque imaginaire, pour ne pas dire un fantasme ? Quels sont les critères d’une atteinte irréversible de l’Environnement ?

Dans le même texte il est prévu la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques, ce qui est la moindre des choses. Quant aux mesures provisoires et proportionnées, chacun pourra les imaginer tant est grande l’imprécision des termes.

Relativement aux gaz de schiste, la procédure définie par cette « Charte de l’Environnement » est donc très précise: il faut procéder à une évaluation des risques avant de prendre une décision.

Déontologiquement parlant, cette nécessité n’est contestée par personne. Le problème vient du niveau de crédibilité accordé aux résultats de l’évaluation des risques.

Le risque zéro n’existe pas, il n’existe que des probabilités de l’occurrence de tel ou tel dommage. Par exemple la probabilité de rupture accidentelle de la cuve d’un réacteur nucléaire a été calculée. Les chiffres sont connus. Ils expriment la probabilité de rupture d’une cuve donnée en fonction de sa durée d’exploitation. Les valeurs calculées ont été rassurantes, à un point tel que ce type d’accident n’était même pas envisagé dans les procédures.

Jusqu’à la catastrophe de Fukushima…

Le risque de pollution des océans lié à l’exploitation offshore des hydrocarbures a également été calculé, et considéré comme acceptable, la notion d’irréversibilité n’ayant pas été prouvée.

Il en sera de même pour le gaz de schiste; les facteurs de risques seront répertoriés, quantifiés, entrés dans l’ordinateur, qui fournira son verdict favorable évidemment puisque l’accident majeur est toujours causé par un facteur imprévu, et que l’ordinateur ne connaît pas l’imprévu.

Une fois de plus il faudra mettre en balance les risques, plus ou moins bien évalués, et les avantages attendus, réels ou imaginaires.

Par ailleurs le Nucléaire et le Gaz de schiste constituent des enjeux électoraux majeurs entretenant une haute pression barométrique écologique peu propice aux débats dépassionnées. Cette pression est susceptible de perturber l’évaluation bénéfices-risques et de faire pencher la balance du côté politique, quel qu’il soit.

Mais n’est-ce pas aussi cela la Démocratie ?

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