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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 14:59

Eolien ou Nucléaire, lequel est le moins cher ?

8 Novembre 2013

L’Eolien et le Nucléaire, modernes symboles de l’éternel combat du Bien contre le Mal, sont chargés de défendre les couleurs des deux parties en présence dans le tournoi qui doit désigner le vainqueur de la transition énergétique.

Dans cet affrontement, qui dure depuis plus de vingt ans, chaque camp construit son dossier sur des arguments que la partie adverse se fait un devoir de démonter à l’aide de contre-arguments de bonne ou de mauvaise foi.

C’est ainsi que la querelle récurrente au sujet des coûts respectifs de l’un ou l’autre système n’est sûrement pas prête de s’éteindre, eu égard au caractère confidentiel des informations relatives aux données financières.

Il n’est cependant pas interdit de faire des évaluations à partir des deux ou trois éléments qui traînent ici et là dans la presse.

Il suffira de garder à l’esprit la fragilité de notre construction bâtie sur un sable médiatique pas toujours de bon aloi.

Quel que soit le domaine d’activité, un coût de production est associé à chacune des étapes du processus qui conduit à l’obtention d’un bien ou d’un service commercialisable.

L’énoncé d’un coût doit donc être accompagné de la description des étapes concernées.

En clair, il faut dire de quoi l’on parle.

Pour le Nucléaire nous partirons du prix d’un réacteur livré clés en mains par le fabricant au producteur d’électricité qui va l’exploiter.

De même pour l’Eolien, nous considérons le prix de l’installation prête à fonctionner et à être exploitée.

Le prix d’un réacteur EPR peut être estimé à 9,5 Milliards d’euros, d’après le contrat qui vient d’être signé entre le Gouvernement Britannique et EDF Energy.

(Le coût du démonstrateur de Flamanville, évalué initialement à 3,4 Milliards, a été « réactualisé » en Juin 2012 à 8,5 Milliards. La valeur retenue de 9,5 Milliards pour le contrat commercial signé en 2013 est une bonne indication du coût de l’objet, sans pour autant être une valeur définitive).

Un tel réacteur délivrera une puissance de 1 650 MWe, l’investissement « machine » est donc de 5,75 Millions d’euros environ par MW.

( Nous ne tenons pas compte ici des 3 000 MW de chaleur « perdue » dont une partie pourrait être récupérée par cogénération).

Le coefficient de disponibilité est de 85%, l’énergie fournie annuellement atteint donc environ 12 TWh.

En comparaison, un parc éolien fournissant annuellement la même énergie devrait avoir une puissance installée de 3 500 MW , le facteur de charge étant de 40% en offshore.

Le coût d’un parc éolien offshore dépend beaucoup des difficultés locales, de la profondeur, de l’accès, de la technologie, etc… Les valeurs citées le plus souvent sont de 3 Millions d’euros par MW installé en offshore.

Un tel parc réunirait 580 machines de 6 MW ( les plus grosses ).

Le coût de l’investissement machines serait alors de 10,5 Milliards d’euros, soit un coût peu différent de celui d’un EPR (nous n’en sommes plus à un Milliard près !).

Cette évaluation sommaire ne concerne que les coûts « machines ».

A ce coût de base il faut bien sûr ajouter les coûts annexes qui permettent à la machine de fonctionner et de distribuer sa production..

L’installation nucléaire a besoin de combustible, qui est de l’Uranium.

Ce combustible ne peut être utilisé comme du charbon ou du fuel, il doit être traité préalablement, enrichi, conditionné et encapsulé dans des « crayons » qui seront introduits dans le cœur du réacteur.

La préparation de ces crayons constitue une activité industrielle à part entière, dont le coût n’est pas inclus dans le coût machine. Il faut donc l’ajouter. Il est évidemment inconnu, du moins du public.

Sans oublier le coût d’accès au minerai d’Uranium, qui nécessite certaines concessions géopolitiques au coût difficilement chiffrable, le produit devant être entièrement importé de régions à la stabilité politique douteuse.

Lorsque le combustible est usé il entre dans un processus de traitement des déchets et finalement de stockage dont le coût, très élevé, est aujourd’hui inconnu, mais à priori très élevé.

Pendant la vie d’une installation nucléaire il faut engager des frais d’exploitation considérables nécessitant un personnel nombreux et hautement spécialisé.

Lorsque l’installation arrive en fin de vie elle doit être démantelée, ce qui représente un coût supplémentaire inconnu également mais dont les estimations sont effrayantes.

Il faudrait encore ajouter le coût de gestion d’éventuels accidents inhérents à cette technologie. Coût évidemment non chiffrable.

Tout ces coûts « annexes » du nucléaire dépassent probablement de loin le coût machines, sans qu’il soit possible aujourd’hui de citer des chiffres fiables.

Ces coûts n’existent pas pour l’éolien, qui utilise un combustible gratuit et ne produit aucun déchet.

De plus le démantèlement d’une machine est ici une opération courante dont le coût est sans commune mesure avec celui d’une centrale nucléaire.

Par contre l’éolien est intermittent. Il ne peut donc rivaliser avec une installation nucléaire que s’il est équipé d’un moyen de stockage d’électricité, dont le coût doit être inclus dans l’évaluation globale.

La difficulté vient de l’évaluation de la capacité nécessaire au stockage.

Faut-il stocker pour un jour, quelques jours, un mois, quelques mois ?

Il existe des exemples de périodes sans vent ou de vent trop faible, qui ont duré plusieurs mois.

Cette éventualité ne peut évidemment pas être écartée dans une étude sérieuse, elle impose de disposer, en plus de moyens de stockage « raisonnables », de moyens de production de relève indépendants des conditions météo.

Ces moyens de production de secours ajoutés aux moyens de stockage ont un coût considérable difficilement évaluable aujourd’hui faute d’avoir été sérieusement pris en compte.

Aujourd’hui ces moyens de compensation d’intermittence font appel aux énergies fossiles, mais demain il faudra trouver autre chose qui pourrait être le pompage turbinage ou le stockage chimique, avec un coût considérable eu égard à l’importance de la quantité à stocker.

Il est vraisemblable que les conditions mêmes de l’exploitation de l’énergie devront être reconsidérées. Des expériences sont en cours pour d’une part coordonner les périodes de consommation avec les périodes de disponibilité de l’énergie, et d’autre part distribuer les capacités de stockage en petites unités individuelles ou de petites collectivités, incluant les batteries des véhicules électriques.

Cette structure distribuée ne permet pas de chiffrer le coût de ce « smart grid » rendu nécessaire par l’usage d’énergies intermittentes.

Les quelques éléments dont on dispose aujourd’hui ne permettent donc pas de départager le Nucléaire et l’Eolien en matière de coût.

Les investissements machines sont très comparables, mais les installations annexes et les Coûts d’exploitation peuvent faire la différence, sans qu’il soit possible aujourd’hui d’être plus précis.

Inutile donc de s’écharper au sujet du coût à terme de l’un ou de l’autre système, personne ne connaît la réponse, pas même les spécialistes de la spécialité.

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