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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 11:36

 

21 Janvier 2012

On prête à Clémenceau l’inoxydable aphorisme:

« Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission ».

Les cyniques ne manqueront pas d’épiloguer sur le probable sort du débat sur la transition énergétique qui, en matière de commissions, se trouve bien pourvu.

Habituellement, les problèmes énergétiques du Pays sont traités au sein des instances compétentes et les décisions importantes sont prises par le Gouvernement sur propositions des dites instances. Il n’est pas d’usage de consulter le peuple en la matière, eu égard au caractère hautement technique des problèmes débattus, pour lesquels le quidam moyen est supposé ne pas posséder la compétence requise à l’élaboration d’un jugement pertinent. Nous n’émettrons aucun avis sur ce présupposé, chacun appréciera selon sa propre sensibilité, notamment à propos de la compétence technique des hommes politiques chargés de décider en dernier ressort.

Le débat sur la transition énergétique ne fait pas exception à la règle.

Un débat, oui, mais entre gens de bonne compagnie. Seuls seront consultés les spécialistes de la spécialité, qu’il s’agisse de la Science, de la Technologie, de l’Industrie, de l’Environnement, de l’Economie, et bien entendu de l’Energie.

A quoi servira ce débat ?

En effet, on peut se demander pourquoi il est nécessaire d’organiser un débat national autour d’un problème dont tous les éléments sont déjà connus et largement diffusés.

Un référendum, oui, mais un débat ?

Qu’il s’agisse du devenir des réserves fossiles d’énergie, de l’exploitation de réserves nouvelles comme les gaz et huiles de schiste et le l’offshore profond, du développement des énergies renouvelables, de la sobriété énergétique, de la lutte contre le réchauffement climatique, des avantages et inconvénients du Nucléaire, etc, tout a été dit ou presque.

Il ne « reste » plus qu’à prendre des décisions sur la stratégie à adopter pour mettre tout cela en musique.

Voici donc organisée cette grand’messe avec tout ce qu’il faut de solennité, de rituel, et d’œcuménisme.

Le cœur du dispositif est le Conseil National du Débat, composé de 112 membres représentant sept collèges:

L’Etat, Les Syndicats, les Employeurs, Les Organisations Non Gouvernementales, les Associations de Consommateurs, les Elus locaux et les Parlementaires. L’ensemble est censé représenter les forces vives de la Nation.

Au-dessus de cette assemblée se trouve le Comité des sages, de 6 membres.

Inutile de dire que la composition de ces instances et le choix des participants a donné lieu à de fortes contestations de la part des « laissés pour compte » ou supposés tels.

Il s’agit donc dès le départ d’un débat tronqué puisque seuls auront droit à la parole quelques heureux élus, choisis sur quels critères ?

Un comité d’experts de 40 membres sera chargé d’évaluer les différents scénarios énergétiques. Avec bien sûr les mêmes réserves sur le choix des personnes.

La communication sera assurée par un Comité des Citoyens, un Groupe de contact des Collectivités, et un Groupe de contact des Entreprises de l’énergie.

Cette sorte d’usine à gaz est censée définir la meilleure stratégie de transition énergétique qui doit faire de la France un leader mondial en la matière.

A la décharge des organisateurs de ce cirque il faut quand même admettre que les enjeux sont considérables et que de mauvais choix peuvent entraîner de fâcheuses conséquences pour notre avenir industriel et économique.

Mais peut-on attendre autre chose qu’un consensus mou de la part d’une assemblée comportant des groupes aussi violemment antagonistes que les écologistes et les tenants du nucléaire ?

Car c’est bien de cela qu’il s’agit: La sortie du Nucléaire doit-elle être inscrite ou non au fronton de la stratégie ? Tout le reste en découle.

Et cette décision-là est purement politique, point n’est besoin de réunir le ban et l’arrière ban pour la prendre et pour l’inscrire dans la loi avec un échéancier.

Faute d’une prise de position nette sur l’avenir réservé au Nucléaire, on ne voit pas très bien quelle stratégie il est possible de construire pour l’avenir énergétique.

Les déclarations du Président sont suffisamment vagues pour que la question reste ouverte:

D’une part il annonce un objectif de réduction de 75% à 50% de la part du Nucléaire dans le mix électrique en 2025, et d’autre part il n’interrompt pas les chantiers de l’EPR , ni celui du réacteur ASTRID, démonstrateur industriel d’une version « améliorée » de Super- Phoenix.

Par ailleurs, l’annonce de l’arrêt de Fessenheim en 2017 est une fausse annonce puisque cette centrale aura de toutes manières atteint sa limite d’âge à cette date.

Voilà donc un débat qui sera dès le départ plombé par une incertitude de taille sur le sort réservé à la principale source d’électricité française.

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