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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 03:26

Les énergies renouvelables, quel challenge ?

5 Novembre 2013,

Le public adhère à l’idée de remplacer les vieilles sources d’énergie polluantes à l’origine des bouleversements climatiques. Les énergies renouvelables sont prometteuses de tant de bienfaits que l’on peut s’étonner, s’indigner même, de la lenteur apportée à leur développement dans certains pays, et non des moindres.

L’examen dépassionné de la question montre que ce manque apparent d’enthousiasme peut être fondé sur de légitimes préoccupations sur lesquelles la sphère médiatique insiste rarement, mais que les décideurs ne peuvent ignorer et dont ils doivent tenir compte.

Les énergies renouvelables sont fréquemment associées à l’électricité.

On parle ainsi d’électricité verte et parfois, dans un raccourci abusif, on intègre l’idée que le problème de la transition énergétique sera résolu lorsque la production d’électricité sera obtenue exclusivement à partir de ces nouvelles énergies.

Cette assertion est très réductrice et cache l’ampleur de la révolution technologique qui nous attend.

En France l’électricité ne représente que 25% de l’énergie finale utilisée, et cette proportion se retrouve dans de nombreux pays.

Pour les trois quarts restant, l’énergie finale est utilisée soit sous forme de chaleur par combustion des produits fossiles (Charbon, pétrole, Gaz naturel ) et des produits renouvelables ( Gaz de méthanisation, bois énergie, biocarburants ), soit sous forme de chaleur directe ( sans combustion) issue du Solaire thermique, de la géothermie et des pompes à chaleur.

Cette énergie « non électrique » est utilisée pour les transports, l’Industrie, la Sidérurgie, le résidentiel-Tertiaire, le bâtiment, pour fournir de la force motrice ou de la chaleur haute et basse température.

La consommation annuelle d’énergie finale s’élève ainsi en France à 1 920 TWh, dont « seulement » 480 TWh d’électricité.

L’objectif de la transition énergétique est de faire en sorte que la totalité de cette énergie finale, 1 920 TWh, soit obtenue à partir de sources renouvelables (Energies de flux) non polluantes et décarbonées ou à Carbone recyclable.

Cet objectif, bien que de formulation simple, est porteur d’un certain nombre d’ambigüités et de questionnements qui sont autant de raisons de s’interroger sur la stratégie à adopter.

En voici une liste non exhaustive:

1- L’urgence de la transition énergétique.

L’urgence de la démarche de transition énergétique est motivée d’une part par la nécessité de pallier le tarissement annoncé des réserves énergétiques fossiles et Nucléaire (Energies de stock), et d’autre part par l’engagement de réduire les émissions de CO2 pour modérer le réchauffement climatique.

Un raisonnement simpliste permet d’observer que, puisque l’épuisement des réserves fossiles entraînera l’arrêt des émissions du CO2 associé, il suffit d’attendre que cet événement se produise pour voir le problème du CO2 anthropique automatiquement résolu.

Ce raccourci abrupt doit être nuancé en notant que les réserves de combustibles fossiles étant encore considérables, le taux de CO2 est susceptible d’atteindre des valeurs létales avant de commencer à descendre naturellement si l’on ne prend aucune contre-mesure.

Certains demeurent cependant convaincus que les deux piliers qui soutiennent la démarche de transition se réduisent en fait à un seul: pallier l’épuisement des sources fossiles et nucléaires et ne plus se soucier du CO2 anthropique qui disparaîtra de lui-même.

2- Le tarissement des réserves fossiles et nucléaires.

Que l’on soit ou non convaincu de l’urgence d’une transition, dans un cas comme dans l’autre se pose le problème du délai: quelle est la date approximative de l’échéance fatale ?

Les meilleurs experts sont divisés à ce sujet, et les évaluations diffèrent selon que l’on considère le Charbon, le Pétrole, le Gaz naturel, le Nucléaire, ou les Hydrocarbures de roche mère. Certaines hypothèses non orthodoxes font même état de l’existence possible de pétrole abiotique, qui ferait de la sainte huile une denrée renouvelable.

Les données crédibles sur les réserves fossiles sont logiquement détenues par les grandes compagnies et les pays producteurs. Ces données sont hautement stratégiques et demeurent donc confidentielles. Les chiffres qui circulent « à découvert » sont par nature à considérer avec précaution.

L’impossibilité de connaître exactement à la fois les réserves disponibles et l’évolution de la demande énergétique au cours du siècle à venir conduit à une grande incertitude sur la date critique, d’autant plus que la pénurie ne sera pas un phénomène brutal mais plutôt une montée progressive des difficultés d’approvisionnements, que certains pourront gérer et d’autres pas .

On considère généralement qu’aucun problème drastique d’approvisionnement n’est à craindre avant 2 050 et probablement au-delà pour le Gaz naturel, le Charbon et le Nucléaire, bien que l’on admette la perspective d’une tension sur les prix, mais sans pouvoir préciser quoi que ce soit tant les paramètres influents sont insaisissables.

Tant de « si », de « peut-être » et de « on pense que » induisent un ferment de doute quant à l’urgence de mettre en œuvre une stratégie de transition, ce que certains traduisent par « il est urgent d’attendre ».

3- Le statut incertain du Nucléaire civil.

Les preuves de la dangerosité du Nucléaire civil ne sont plus aujourd’hui mises en doute. Dans un certain nombre de pays il existe une levée de boucliers contre ce moyen de production d’électricité.

Mais d’une part ces pays ne sont pas la majorité, et d’autre part dans les pays où les opposants sont actifs, leur pouvoir d’influencer les décisions d’Etat est limité, en tout cas fortement contrebalancé par la puissance des grands groupes industriels de l’Electronucléaire.

Aucune instance internationale ne s’étant encore prononcée sur son interdiction, le nucléaire civil demeure donc une option pour la transition, mais avec un gros problème d’acceptabilité par les populations.

( L’importance de ce problème étant proportionnelle au poids politique des partis écologistes locaux ).

Par ailleurs le Nucléaire répond incontestablement au critère d’absence d’émissions de CO2, c’est donc une énergie décarbonée.

Mais, même si ce n’est pas une source fossile, il s’agit quand même d’une énergie de stock, donc non renouvelable.

Ce que ses partisans nuancent en invoquant la possibilité de démultiplier l’énergie récupérable grâce à la surgénération, ce qui en fait une source « quasi » inépuisable, tout au moins à l’échelle de temps de quelques siècles, avec la perspective d’exploitation de l’énergie de fusion, perspective entretenue par les formidables crédits alloués au projet ITER.

Tout ceci conduit à une grande incertitude sur la place à réserver à cette énergie dans le futur. En Europe même les Etats affichent des politiques contradictoires:

La situation des programmes électronucléaires en Allemagne d’une part, au Royaume-Uni et en France d’autre part, est un exemple édifiant de l’absence de concertation entre des pays distants d’à peine un jet de pierre.

Entre une décision de retrait total ( Allemagne) et un contrat de fourniture de deux réacteurs EPR au Royaume Uni ( France) , toutes les nuances sont possibles !

De plus, et jusqu’à preuve du contraire, les Gouvernements et l’Europe subventionnent des études portant sur les réacteurs nucléaires de quatrième génération. Il est légitime de penser que cet argent n’est pas dépensé à la légère et que ces soutiens valent approbation.

Les décideurs sont donc fondés à tenir compte de ces projets dans leur stratégie de transition.

En effet, on ne peut pas leur demander d’une part d’accepter les conclusions du GIEC (Organisme intergouvernemental) quant aux causes anthropiques du réchauffement climatique, et d’autre part de ne pas prendre au sérieux des futurs projets nucléaires soutenus par ces mêmes Gouvernements !

4- La notion fluctuante de source décarbonée.

Le Charbon, le Gaz et les produits pétroliers deviennent décarbonés dès lors que le CO2 émis lors de la combustion est capté et séquestré.

Or il existe des procédés de capture et séquestration du Carbone (CSC) dont certains sont en cours de validation, sans pour autant fournir de certitude quant à leur efficacité sur une grande échelle ni quant à leurs éventuelles nuisances qui pourraient en interdire l’usage.

Mais en cas de succès de l’un de ces projets, les fossiles deviendraient des sources décarbonées, donc éligibles au rang d’énergies propres, ce qui changerait complètement les dispositions de la transition, au moins leur degré d’urgence.

Ces énergies, lavées de leur CO2, n’en deviendraient pas pour autant renouvelables, mais pourraient être utilisées sans souci jusqu’à leur épuisement. Elles constitueraient alors une option pour la première phase de la transition.

C’est le cas en particulier pour le Charbon, dont les réserves mondiales sont considérables, et pour lequel d’importants projets « Charbon propre » sont en cours de mise au point.

5- L’ampleur de la menace climatique.

Les experts du GIEC peaufinent leurs prévisions d’évolution de la température atmosphérique durant ce siècle. Ces prévisions sont suffisamment vagues ( + 1,5°C à + 6,5°C) pour qu’elles justifient un temps de réflexion de la part des décideurs.

En effet, selon que la hausse sera de + 1,5°C ou de + 6,5°C, la situation sera gérable ou cataclysmique. Dans le premier cas on vit, dans le second on meurt.

Sans tomber dans le climato-scepticisme face à un risque aussi indéterminé, on comprend certaines hésitations car les mesures à prendre et les ordres d’urgence sont évidemment différents selon l’ampleur du changement de climat attendu!

6- Compétitivité des énergies renouvelables.

Pendant la période de transition, dont la durée est inconnue ( Une, deux, trois décennies, voire davantage ?), ces énergies vont se trouver en concurrence sur le marché avec les énergies fossiles non encore épuisées, et dont les promoteurs défendront les positions. Faute d’une régulation internationale, aujourd’hui inexistante, les fournisseurs de renouvelables craignent de se trouver en situation de concurrence intenable car il est désormais avéré que leurs coûts de production sont notablement supérieurs au prix de marché de l’énergie classique, notamment du Gaz naturel, et que dire du Gaz de schiste !

Ce risque modère les enthousiasmes de certains décideurs qui préfèrent attendre et voir venir, ou investir ailleurs.

7- Efficacité planétaire en question.

Les pays émergents sont les plus peuplés et les plus polluants, et le resteront encore longtemps eu égard à leur manque de ressources financières pour investir dans les renouvelables. Or ces pays vont devenir de gros consommateurs d’énergie.

L’effort réalisé par les pays développés n’aura pas l’impact planétaire souhaité s’il est « noyé » au milieu d’un océan de pollution.

L’objectif premier de la transition ne serait alors pas atteint, et des milliers de Milliards auront été dépensés sans efficience globale.

Certains ont déjà pris acte de ce problème et ont modifié le but officieux de « leur » transition:

Il s’agirait non plus de stabiliser, voire réduire, le taux de CO2 atmosphérique de la planète, mais plutôt d’une part de créer une activité industrielle nouvelle susceptible de relancer la croissance économique et de créer des emplois, et d’autre part pour certains, dont la France, d’aller vers une situation d’indépendance énergétique.

Ce qui conduit évidemment à d’autres choix et d’autres démarches.

On ne parlerait alors plus de transition énergétique, mais plutôt de relance économique par les énergies nouvelles.

8- Les Gaz de schiste.

Certains pays exploitent les Hydrocarbures de roche mère (Gaz de schiste) sans état d’âme, d’autres les réprouvent. Cette situation crée un déséquilibre économique qu’aucune règlementation internationale ne vient compenser.

D’autre part comment prendre au sérieux un programme « planétaire » de lutte contre les émissions de CO2 alors que dans le même temps les sources fossiles connaissent un regain d’intérêt extraordinaire sans aucune entrave ?

9- L’intermittence des renouvelables.

Bien que le problème de l’intermittence des énergies Eolienne et Solaire soit bien documenté et incontestable ( Il suffit de lire les bases de données météo) les conséquences pratiques sont mal acceptées, voire tout simplement niées.

C’est ainsi que certains pays ont développé des programmes importants sur ces énergies, et se trouvent maintenant contraints de recourir aux fossiles pour compenser l’intermittence, à cause de l’absence de moyens de stockage de masse de l’électricité.

Le fait que ce problème ne soit pas au centre des débats sur la transition énergétique ne laisse pas d’inquiéter les décideurs, qui redoutent d’investir dans un système comportant un tel hiatus technologique, révélateur d’un manque de maturité de la vision à long terme des promoteurs du système.

10- Commercialisation des énergies renouvelables.

Toute application nouvelle coûte cher dans sa phase d’apprentissage; pour s’imposer dans un contexte concurrentiel elle doit donc apporter une valeur d’usage supérieure au standard courant pour que le client accepte un prix plus élevé.

C’est vrai pour un téléphone portable, une automobile, ou tout autre bien ou service.

Un KWh fourni par une éolienne ou un panneau photovoltaïque ne se différencie pas d’un KWh issu d’une centrale thermique. Pas plus qu’un KWh de super d’origine pétrolière ne se différencie d’un autre apporté par un biocarburant.

Si l’utilisateur final a le choix de l’un ou de l’autre, il choisira évidemment le moins cher.

La cohabitation entre les vieilles énergies et les nouvelles n’est donc possible que si celles-ci bénéficient d’un cadre favorable à leur commercialisation, en général un tarif préférentiel d’achat par le distributeur. Tarif qui peut être remis en question à tout moment par l’autorité responsable, ce qui entraîne un risque à long terme pour le gestionnaire.

L’expérience ratée des certificats verts n’est pas de nature à rassurer les candidats.

11- La nature de la démarche.

Il ne fait de doute pour personne que les énergies fossiles seront utilisées jusqu’à la dernière goutte, quelle que soit par ailleurs la production des énergies renouvelables. La quantité de CO2 correspondant à la totalité des réserves fossiles sera donc injectée dans l’atmosphère à plus ou moins long terme.

Sauf si des procédés de capture et séquestration du Carbone sont mis en œuvre.

De tels procédés sont à l’étude, et leur utilisation pourrait réduire significativement la quantité de CO2 émise, mais sans espérer l’annuler.

En supposant que les stratégies de réduction des émissions de CO2 soient mises en place avec diligence et efficacité, certains experts estiment que le temps de réponse de la température atmosphérique à une réduction de ces émissions sera trop long pour empêcher cette température d’atteindre une valeur critique avant de commencer à redescendre vers un nouvel état d’équilibre.

Nous aurions donc, quoi qu’il arrive, à faire face à un changement climatique, à une élévation du niveau des océans, et à toutes les autres calamités annoncées par le GIEC.

( Ces estimations résultent de l’étude des temps de latence du système thermodynamique constitué par l’atmosphère et ses échanges avec l’espace d’une part, et avec la Terre et les Océans d’autre part).

A la stratégie de transition énergétique, il faudrait donc ajouter un volet essentiel qui serait la gestion des conséquences d’un changement climatique désormais inévitable.

Aujourd’hui ce problème ne fait l’objet d’aucun programme concret.

Au contraire, on continue par exemple à accorder des permis de construire en zones qui seront sous les eaux en cas d’élévation du niveau des océans.

Tout se passe comme si les autorités responsables n’accordaient aucun crédit aux menaces climatiques annoncées.

Face à une telle accumulation d’incertitudes, de contradictions, de manque de profondeur d’analyse, d’absence de concertation, d’irréalisme, on assiste à des initiatives discordantes où certaines décisions sont actées plus par la volonté de « faire quelque chose » que par la conviction de suivre le bon cap.

Dans cette « obscure clarté » une seule démarche recueille l’approbation générale: c’est la croisade pour la sobriété énergétique.

Des programmes Européens fixent des seuils d’émission de CO2, financent des projets de capture et séquestration du Carbone, imposent des normes énergétiques et subventionnent les études de réacteurs nucléaires de quatrième génération.

Chaque pays établit des mesures incitatives ou coercitives variables au gré de la succession des gouvernements bien souvent incapables de discerner la bonne voie à suivre et laissant aux grands groupes industriels les initiatives des choix, qui sont souvent le résultat d’un lobbying frénétique.

On ne peut reprocher à des décideurs de prendre le temps de la réflexion avant d’engager le Pays dans une mutation économique et industrielle majeure dont les répercussions se feront sentir à l’échelle du siècle.

Encore faut-il que cette réflexion ne se transforme pas en attentisme politique ou en « projets papier » fluctuant au gré des alternances électorales.

Il est également nécessaire de ménager une période de communication pour que l’ensemble des forces vives du pays prenne la mesure de l’énormité de l’effort qui nous attend, mais aussi de la nécessaire progressivité de la mutation, qui s’étalera sur plusieurs décennies.

Evaluons par exemple l’ampleur de l’effort nécessaire pour substituer en France la totalité de l’énergie finale par des énergies renouvelables.

La première démarche, et donc la première difficulté, consiste à dessiner les contours du futur mix énergétique.

Quel profil de transition adopter ? Autrement dit quel mix énergétique projeter pour 2 030, 2 050, 2 070 ?

Et en particulier quel avenir réserver au Nucléaire ?

Quelle sera la consommation d’énergie en 2 030, 2 050, 2 070 ?

Comment répartir les investissements colossaux qui seront nécessaires pour assurer la transition ?

Où trouver l’argent ?

Quel sera le rôle de l’Etat ?

Faut-il privilégier tel ou tel procédé ? Et selon quels critères ? Ou bien faut-il plutôt les soutenir tous au risque de se perdre dans le saupoudrage ?

Quel effort maintenir sur les énergies fossiles ? Combien faut-il investir sur la séquestration du Carbone ? Sur la Cogénération ? Sur les réseaux de chaleur ?

Etc…

Aucune de ces questions n’a encore trouvé de réponse claire.

D’autre part, la structure même du mode de consommation doit évoluer:

Aujourd’hui les produits fossiles contribuent pour les trois quarts de la

consommation d’énergie finale, le reste est de l’électricité.

Le biogaz et les biocarburants ne pourront pas, à eux seuls, assurer la relève du pétrole, du gaz naturel et du charbon, ils pourront tout au plus, en prendre le quart à leur charge.

Un grand nombre d’applications qui fonctionnent aujourd’hui avec des combustibles fossiles, devront se convertir à l’électricité.

La part de l’électricité est donc appelée à augmenter considérablement, jusqu’à 60% en 2050 selon l’Agence Internationale de l’Energie, contre 25% aujourd’hui.

Pour tenir compte de l’incertitude, les études prospectives doivent se baser sur des scénarios.

Imaginons un de ces scénarios pour l’après 2 070, dans lequel les énergies fossiles ne seraient plus qu’un souvenir, et le nucléaire aurait disparu.

Pour un scénario énergétique la donnée de base est la consommation d’énergie finale.

Que seront les besoins énergétiques ?

Aujourd’hui 1 920 TWh en France, combien en 2070 ?

Cette évaluation est aujourd’hui un exercice de pure divination. Il est possible qu’à cette époque il ne soit même plus question de satisfaire des besoins, mais plutôt de faire avec les disponibilités…

Selon les uns la consommation va augmenter, selon les autres elle va diminuer.

Nous avons retenu l’hypothèse médiane c’est-à-dire la stabilité, malgré les prévisions de croissance soutenues par l’AIE.

Dans cette hypothèse notre consommation électrique atteindrait 1 150 TWh, soit 2,4 fois la consommation actuelle, en intégrant une part électrique de 60% contre 25% aujourd’hui.

Les 40% restant seraient fournis par la biomasse, les biocarburants, les PAC, la Géothermie, le Solaire thermique.

Le mix énergétique français ressemblerait à ceci:

- Eolien: 25% Offshore à 80%

- Solaire: 25% Thermique et photovoltaïque

- Hydraulique: 15% Barrages, Hydroliennes

- Biocarburants: 15% Agro et Algo carburants

- Biomasse: 15% Méthanisation, Bois énergie

- Autre: 5% PAC, Géothermie

Tout autre répartition serait évidemment imaginable mais pas fondamentalement différente.

Dans ce cas de figure l’Eolien devrait fournir environ 500 TWh .

Pour produire 500 TWh par an, il faut une puissance installée de 140 000 MW , et 23 000 machines offshore de 6 MW avec un facteur de charge de 40% .

Actuellement il n’y a aucune production éolienne offshore française.

Il existe un projet de 330 machines au large de la côte Atlantique, pour une puissance de 2 000 MW. C’est un projet très modeste en regard de l’objectif à atteindre.

Pourtant ce « petit » programme rencontre déjà une vive opposition de la part des riverains, des associations de défense de l’environnement et de la biodiversité, des professionnels du tourisme et de la Mer, et même de certains écologistes!

Alors, faire accepter 23 000 éoliennes là où un projet de seulement 330 est déjà très contesté, telle est la tâche qui attend les services de communication du Ministère de l’Industrie…

C’est pourquoi les objectifs du Grenelle pour 2 020 sont restés modestes: Un parc de 25 000 MW installés, dont 6 000 MW terrestres et 19 000 MW offshore, pour fournir environ 10% des besoins électriques ( de 2020).

Aujourd’hui l’objectif terrestre est certes déjà dépassé, avec un parc qui atteint 7 800 MW installés en 2013, mais l’objectif offshore devra être revu sérieusement à la baisse. Il n’est même pas certain que le projet de 330 machines sur la côte Atlantique soit opérationnel pour 2020.

A l’heure où nous écrivons ces lignes les offres des candidats ont été confirmées « sous réserves », les réserves en question portant notamment sur le prix d’achat de l’électricité produite.

On comprend mieux dès lors le peu d’empressement de EDF à arrêter ses réacteurs nucléaires…

De plus, cette production éolienne devrait être soutenue par des installations de gestion de l’intermittence, par exemple des stations de pompage-turbinage côtières dont il existe déjà quelques modèles de par le monde. Ces stations impliquent une emprise foncière conséquente, dans des régions très touristiques. D’importants problèmes d’acceptabilité sont à prévoir.

Le coût d’un tel programme serait de plusieurs centaines de Milliards, uniquement pour le volet éolien.

Des investissements comparables sont à prévoir pour le Solaire, l’Hydraulique, les biocarburants , l’exploitation de la biomasse et la Géothermie.

Ceci dans l’hypothèse d’un retrait total du Nucléaire, ce qui implique des dépenses supplémentaires colossales pour le démantèlement des réacteurs et le stockage des déchets.

On parle alors de milliers de milliards, qui devraient être fournis par le consommateur ou le contribuable, qui sont généralement la même personne.

Cette avalanche de milliards paraît surréaliste dans une période de crise économique et de dette publique indécente.

La transition énergétique est une démarche qui engage l’avenir économique et industriel du Pays, et donc aussi son avenir social, pour un siècle ou deux.

Les orientations qui donneront sa physionomie à cette mutation doivent être arrêtées au cours de la présente décennie.

Il serait désastreux que les décisions fondamentales soient subordonnées aux exigences idéologiques de quelque parti politique que ce soit, et/ou aux intérêts de groupes industriels ou financiers.

Il serait tout autant déplorable que les pays de la même zone d’influence se dotent de stratégies non concertées. La transition énergétique doit être pour l’Europe l’occasion de montrer qu’elle est une entité capable de définir et d’appliquer une stratégie énergétique commune, ce qui implique à minima de se doter d’un organe de décision indépendant.

Peut-être alors serait-il possible d’éviter la cacophonie à laquelle nous assistons aujourd’hui sur les choix fondamentaux comme le Nucléaire, les gaz de schiste, le charbon, choix qui sont plus l’expression d’intérêts nationaux que d’une volonté commune.

On conviendra que la route vers les énergies renouvelables n’est pas un long fleuve tranquille…

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 12:58

Réacteurs nucléaires: le coût de la mise en sécurité.

16 Octobre 2013

Il est admis, une fois pour toutes, que la sécurité d’une filière de production électronucléaire ne peut pas être assurée à 100%.

Pas plus d’ailleurs que le transport routier, aérien, naval ou ferroviaire, comme le démontrent les statistiques.

Mais l’accident nucléaire a ceci de particulier que ses conséquences ne sont pas limitées, ni dans le temps ni dans l’espace, ce qu’aucune statistique ne saurait prendre en compte.

Le déraillement d’un train est une catastrophe pour les victimes et leurs proches, mais il n’entraîne aucune conséquence fâcheuse immédiate ou future au-delà du secteur concerné.

Il n’en va pas de même pour un accident nucléaire, qui entraîne des dégâts sur une aire géographique à la fois étendue et imprévisible, et dont les effets perdurent sur des durées parfois incommensurables.

D’autre part, les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima ont montré à chaque fois de graves lacunes dans la maîtrise humaine des processus, voire même une insuffisance caractérisée des dispositions pour la prévention de ces accidents.

Enfin, le suivi de la gestion des conséquences de ces drames a mis en évidence un manque de compétences et de moyens, et une absence de transparence de nature à aggraver les suites plutôt que les atténuer.

Tout cela, porté à la connaissance du grand public par les moyens d’information modernes, induit une méfiance justifiée au sein des populations qui, a juste titre, refusent d’accepter la simple statistique comme critère unique de sécurité.

Les résultats des « stress tests » effectués sur les réacteurs à la suite de la catastrophe japonaise confortent les populations dans leur attitude de méfiance.

En effet, ces tests soulignent la nécessité de réaliser des travaux de sécurisation afin de porter le niveau de sureté à une valeur compatible avec les nouvelles exigences révélées par Fukushima.

Ce qui signifie en clair que les risques avait été gravement sous-estimés lors de la conception des installations !

Voilà qui n’est pas de nature à rassurer le voisinage…

Sans entrer dans des détails fastidieux, disons que le risque principal, la rupture de cuve, avait été simplement dénié !

Mais, puisqu’il semble que nos « vieux » réacteurs vont continuer à fonctionner, il va donc falloir mettre la main à la poche pour financer les travaux de consolidation.

Combien tout cela va-t-il nous coûter ?

En matière d’énergie les chiffres manipulés sont toujours colossaux. Les évaluations du programme de sécurisation sont en train de s’envoler, on parle aujourd’hui d’une enveloppe globale de près de cent Milliards d’euros.

On sait que, dans ce genre de prévisions, c’est comme au restaurant, il faut ajouter les vins, les desserts, le café et le service, la note est facilement doublée.

Nous tablerons donc sur 100 Milliards pour donner une nouvelle jeunesse à la vingtaine de réacteurs concernés afin qu’ils soient autorisés à fonctionner encore dix ans.

Cet argent ne sortira pas d’un chapeau, il faudra l’emprunter à un taux d’environ 3%.

Chacun de ces réacteurs peut fournir environ 6 TWh d’électricité par an, ce qui nous fait en gros 1 200 TWh sur dix ans.

L’amortissement sur dix ans des dépenses de lifting, reporté sur la production, sera donc de 0,10 euro par KWh, intérêts compris.

Somme qui, bien entendu, sera portée sur votre facture, partie sur la consommation et partie sur la CSPE ou sa remplaçante.

Le concept de nucléaire bon marché en prend un sérieux coup.

Et n’oublions pas que, dans le même temps, il faudra donner quelques sous supplémentaires pour la construction des EPR ( 8 Milliards pièce), et participer financièrement au développement des énergies durables.

Tout le monde ne peut pas, comme madame Merkel, remplacer le nucléaire par du charbon, ou comme Monsieur Obama, puiser du gaz de schiste dans son sous-sol…

Question de standing.

A moins que ce coût exorbitant reste en travers de la gorge des opposants au nucléaire qui, non contents de devoir accepter la poursuite de l’exploitation des vieilles centrales, se voient taxer durement d’un montant qu’ils auraient bien vu consacré aux énergies nouvelles.

De belles joutes en perspective…

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 09:44

Voiture électrique, gros appétit de kWh.

14 Octobre 2013

Nous vivons une époque de transition énergétique; les solutions technologiques adaptées à cette période changeante ne seront plus valables lorsque la transition sera achevée.

Par exemple aujourd’hui les voitures électriques les mieux adaptées sont les hybrides, car les carburants fossiles sont toujours disponibles sans rationnement et à un coût acceptable, on peut donc les utiliser en synergie avec l’électricité pour réduire les émissions de CO2 et assurer une autonomie suffisante.

Mais demain, dans l’hypothèse d’un épuisement des réserves fossiles, l’essence et le gazole ne seront plus que de lointains souvenirs et les biocarburants seront distribués avec parcimonie car réservés aux usages prioritaires.

nos voitures devront alors se contenter de l’électricité verte.

Aujourd’hui le parc automobile français comprend 38 Millions de véhicules, dont 32 Millions de voitures particulières.

On peut donc raisonnablement imaginer une France dont les routes seraient sillonnées par 32 millions de voitures électriques utilisées comme le sont aujourd’hui nos engins à moteurs thermiques, c’est-à-dire sur une base de 12 000 kms/an ( Source INSEE).

Sachant qu’il faut 20 kWh pour parcourir 150 kms ( Source Renault, modèle ZOE, usage combiné ville-route), le parc de 32 millions de véhicules électriques consommerait environ 50 TWh par an.

Ce chiffre est à méditer car la consommation des futures voitures électriques est rarement prise en compte dans les prévisions d’évolution de la consommation finale d’électricité du pays.

50 TWh représentent la production annuelle de 4 000 éoliennes offshore de 5 MW, soit 20 000 MW installés, auxquels il faut ajouter les installations de relève de compensation d’intermittence, elles aussi bien souvent oubliées dans les prévisions.

Rappelons que le Grenelle prévoit l’installation de 2000 MW d’éolien offshore pour 2020 ( 330 génératrices réparties sur quatre parcs), soit le dixième de ce qu’il faudrait pour faire rouler nos voitures électriques, si elles existent un jour...

50 TWh représentent également 75 % de la totalité de la production hydroélectrique française actuelle en année moyenne.

On peut aussi préférer produire ces 50 TWh avec une dizaine de centrales thermiques de 900 MW...

Aujourd’hui, 30 Millions de véhicules à moteur thermique consomment de l’ordre de 150 TWh en essence ou gazole, c’est-à-dire trois fois plus que ne consommeraient leurs équivalents électriques. Cette différence est due au très mauvais rendement réel des moteurs thermiques, qui ne dépasse pas 20% en moyenne d’usage, contre 60% pour l’électrique.

Le passage de l’automobile au tout électrique sera donc un réel progrès énergétique, mais il ne faudra pas négliger la consommation correspondante, qui sera tout à fait considérable.

Pour en prendre la mesure, il faut savoir que 50 TWh représentent la totalité de l’énergie primaire utilisée pour le chauffage de 10 Millions de logements conformes à la RT 2012.

Il faut bien réaliser que, lorsque les fossiles seront épuisés ou hors de prix, l’électricité verte aura la charge de fournir 70 à 80% de nos besoins en énergie finale, qui atteignent aujourd’hui près de 2 000 TWh.

( Le reste étant fourni par les autres énergies vertes ).

Il y a du pain sur la planche.

En face de ce défi inédit, aucun décideur politique ne peut raisonnablement décréter l’arrêt massif de réacteurs électronucléaires sans s’être assuré d’abord que des moyens de production de substitution soient prêts à garantir la relève.

Et ce ne sont pas 330 éoliennes qui pourront prétendre relever un tel défi.

On ne peut à la fois proclamer la fin de l’ère du pétrole et ignorer ses conséquences pratiques.

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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 11:30

Amorcer un retrait du nucléaire.

12 Octobre 2013

Durant la phase de préparation de la stratégie pour une transition énergétique, il était encore possible de pratiquer une communication ambigüe ménageant à la fois la chèvre et le chou et laissant espérer aux divers camps politiques que chacun y trouverait son compte.

Cette phase est maintenant terminée, le temps est venu d’annoncer le contenu de la stratégie énergétique choisie et de lancer les travaux nécessaires à la fois sur le plan parlementaire et sur le terrain.

Il ne fait plus de doute que la décision essentielle, celle dont découleront toutes les autres, concerne le Nucléaire.

Il ne nous appartient pas de juger ici de l’opportunité de telle ou telle politique nucléaire, mais seulement de prendre acte des décisions stratégiques du Gouvernement.

Il semble que la décision de réduire de 75% à 50% à l’horizon 2025 la part du nucléaire dans le mix électrique français soit confirmée.

En matière de politique d’orientation long terme, 2025 c’est demain matin.

Aujourd’hui notre consommation d’électricité est d’environ 400 TWh par an, dont 300 TWh sont fournis par le nucléaire avec 58 réacteurs.

Que sera notre consommation en 2025 ?

Les avis divergent selon les hypothèses retenues. Faute de données solidement établies, nous pouvons supposer qu’elle sera stabilisée à sa valeur actuelle. Les économies réalisées grâce aux programmes de réduction de consommation étant compensées par l’augmentation de l’activité économique, l’accroissement de la population, et l’essor d’applications comme les pompes à chaleur et la voiture électrique.

Dans cette hypothèse la consommation d’électricité nucléaire devra être réduite de 100 TWh, il faut donc arrêter une vingtaine de réacteurs.

Etant entendu que les 100 TWh manquants seront fournis par les énergies renouvelables, contrairement à l’Allemagne qui n’hésite pas à recourir au lignite.

Ces chiffres ne sont contestés par personne.

Arrêter deux réacteurs par an est une entreprise colossale, il n’est pas certain que ce programme soit réaliste.

L’arrêt définitif d’une installation électronucléaire est en soi un véritable projet industriel dont la réalisation s’étale sur plusieurs dizaines d’années, nécessite des équipes de professionnels spécialisés, et des structures de transport, de traitement, de stockage temporaire et d’enfouissement définitif des déchets.

De plus la décision d’arrêt doit être immédiatement suivie de la mise en œuvre de la procédure de démantèlement. Ceci a parfaitement été défini et justifié dans les procédures de sécurité. Il n’est pas possible d’y déroger.

S’il advenait par malheur que, pour des raisons politique ou d’intérêts financiers, cette procédure soit contournée, il en résulterait un risque élevé de santé publique et de dissémination de matériaux radioactifs.

S’il est appliqué selon les règles de sécurité, ce programme d’arrêt de deux réacteurs par an va mobiliser des moyens considérables pendant plusieurs dizaines d’années, et aura un coût tout à fait exorbitant.

Ces moyens risquent de faire défaut pour l’entretien du parc existant, car il subsistera 38 réacteurs en fonctionnement.

Or, dans le même temps, le programme de développement de l’électricité verte aura lui aussi besoin de financements très importants.

Les 100 TWh retirés au nucléaire devront être trouvés ailleurs, et cet ailleurs ne peut raisonnablement être que de l’énergie verte.

Il est difficile de financer à la fois un programme ambitieux d’arrêt de réacteurs nucléaires et un programme de production l’électricité verte, lequel est aujourd’hui de très bas niveau.

TICPE, TICNG, TICC, TGAP, TCFE, CSPE, TCAE, ont de beaux jours devant elles…

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 08:58

La traçabilité des énergies vertes, un challenge.

11 Octobre 2013

Aujourd’hui l’électricité représente environ le quart de notre consommation totale d’énergie finale, le pétrole, le Gaz, et le charbon se partageant le reste, avec le bois énergie pour lequel il n’existe pas de statistique fiable.

Le mix électrique français est constitué pour 77% par le nucléaire, pour 10% par les fossiles ( Gaz et fuel) et 13% pour les renouvelables L’hydraulique compte pour 10% et les énergies nouvelles pour 3%, ces 3% sont obtenus par le cumul de l’éolien, du solaire, des centrales au biogaz.

Sur le réseau, rien ne distingue un kWh produit par une centrale à charbon, à fuel, à Gaz, ou nucléaire, d’un autre qui serait issu d’une éolienne ou d’une centrale hydroélectrique.

Le consommateur qui achète une voiture électrique pour contribuer à la transition énergétique et/ou lutter contre la pollution au CO2 n’acceptera pas (Si son comportement est cohérent) de recharger sa batterie sur une prise qui serait alimentée en électricité par une centrale à gaz ou a fuel.

Ce même consommateur, s’il est écologiste militant et donc antinucléaire et fervent adepte des énergies vertes, exigera qu’on lui fournisse une électricité de noble origine ( mais ira-t-il jusqu’à accepter de la payer plus cher ?).

Pour satisfaire cette demande il est nécessaire de créer un système de traçabilité de l’électricité, une sorte de certificat d’origine des kWh achetés.

Le problème n’est pas simple. Si l’on peut suivre la trace d’une vache grâce à une puce ou une étiquette fixée sur l’animal, un kWh n’est pas aussi complaisant, sa provenance est impossible à déterminer, la qualité des électrons étant indépendante de la façon dont ils ont été animés.

Puisqu’il est impossible de valoriser le produit (kWh) en lui-même, c’est vers le producteur qu’il faut se tourner.

Le kWh vert prend naissance chez le producteur qui a choisi d’investir dans les énergies renouvelables ou de cogénération: Eoliennes, Solaire, Hydraulique, etc…

Ce kWh est acheté par un fournisseur (EDF plus une douzaine d’autres ) et injecté dans le réseau ERDF (le seul qui existe et qui collecte donc tous les kWh).

Ce fournisseur revend à ses clients un kWh ( nécessairement anonyme) en leur apportant la garantie qu’un kWh équivalent a bien été produit à partir d’énergies renouvelables.

Cette garantie étant représentée par un « certificat de garantie d’origine » .

Moyennant quoi le client doit accepter de payer plus cher son électricité, sachant qu’on lui a garanti que le surcoût sera consacré au développement des énergies durables .

Evidemment tout cela ne fonctionne qu’à trois conditions:

La première est qu’il existe des clients assez magnanimes pour accepter de payer l’électricité plus cher ( Eh oui, l’électricité renouvelable est plus chère, encore une chose à laquelle le consommateur devra s’habituer)

La seconde est que la garantie de provenance soit autre chose qu’une arnaque.

La troisième est que le surcoût soit effectivement consacré au développement des énergies nouvelles.

Une première tentative a été faite avec les « certificats verts » délivrés aux producteurs d’électricité renouvelable. Les certificats étant négociables, le procédé s’est trouvé rapidement transformé en marché financier douteux grâce auquel certains industriels pouvaient à peu de frais « verdir » leur production.

L’affaire a donc tourné court et un autre système a été mis en place, il s’agit cette fois de garantir la proportion d’électricité provenant d’énergies renouvelables ou de cogénération.

Depuis Mai 2013 et pour cinq ans la gestion des garanties d’origine est en charge de Powernext, qui gère les comptes « électricité verte » ouverts par les producteurs intéressés, et qui s’assure que cette quantité d’électricité verte a bien été produite.

Il s’agit évidemment d’éviter l’effet « assignats » qui consisterait à émettre à tour de bras des certificats pour des quantités d’électricité verte qui ne seraient pas effectivement produites quelque part.

Le répertoire des garanties d’origine est constitué par le « Registre National des Garanties d’Origine » consultable sur le net.

Aujourd’hui la très grosse majorité des garanties d’origine concerne l’électricité d’origine hydraulique.

Reste à voir quelle compensation sera accordée au consommateur « bienfaiteur » des énergies vertes, sera-t-il dispensé de CSPE ? Aura-t-il droit à un crédit d’impôt ?

En France, plusieurs fournisseurs « alternatifs » proposent des contrats « Electricité verte » voire même du Gaz « compensé en carbone ».

On voit déjà fleurir des organismes indépendants qui proposent leur propre système de garanties d’origine, Greenpeace a le sien, de même que GDF-Suez, Enercoop, etc…qui utilisent des critères différents.

Le consommateur aura des difficultés à y comprendre quelque chose, c’est d’ailleurs probablement le but de la manœuvre.

C’est pourquoi nous reviendrons sur le sujet.

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 10:57

L’auto électrique, oui, mais on la branche où ?

6 Octobre 2013

Certains constructeurs tentent de promouvoir le concept de voiture tout électrique avec location de batterie. La simplicité du concept permet d’obtenir un coût de production compétitif, et la prime écologique peut séduire plus d’un acheteur potentiel.

Il n’est pas inutile de regarder d’un peu plus près de quoi il retourne, en particulier concernant le service rendu.

Ce type de véhicule doit être équipé d’une batterie de 20 à 25 kWh de capacité afin d’offrir une autonomie décente, environ 150 kms.

Dans la technologie actuelle, une telle batterie pèse 300 kg ( Batterie + système de gestion + berceau de fixation + renforts de suspensions et de caisse ).

Elle permet une autonomie équivalente à celle que procure une dizaine de litres de carburant classique dans un moteur thermique.

Un véhicule à moteur thermique est généralement équipé d’un réservoir de 50 à 70 litres, ce qui lui procure une autonomie cinq à sept fois supérieure à celle de son homologue électrique, et beaucoup plus avec du gazole.

Au crédit de la voiture électrique, on porte la possibilité de recharger la batterie sur une prise « domestique », ce qui permet de bénéficier d’un tarif de braderie.

Certes ce « plein » d’électricité ( 20 kWh) ne coûte que 2 euros à la maison, grâce auxquels on peut parcourir 150 km.

Pour parcourir la même distance, dans les mêmes conditions de conduite éco, une voiture « thermique » fonctionnant au gazole consommera 7 litres, coûtant environ 10 euros.

Sur une distance annuelle de 20 000 km l’économie réalisée avec l’électrique est de 1 100 euros environ.

La démonstration paraît concluante.

Si l’on oublie la location de la batterie.

En effet, pour diverses raisons, les batteries ( les grosses) sont généralement proposées en location à un tarif fonction du kilométrage annuel. Pour 20 000 km/an le loyer mensuel est d’environ 100 euros, soit 1200 euros par an ( Source Renault, modèle ZOE, contrat de 5 ans).

L’économie réalisée par rapport au thermique est annulée.

D’autre part la prochaine introduction de la tarification progressive de l’énergie prévoit d’établir des quotas de consommation domestique et de taxer les dépassements. Or un véhicule électrique qui parcourt 20 000 km/an doit recharger sa batterie environ 150 fois, ce qui constitue une consommation de 3 MWh ( Mégawatt-heure ) environ.

Lesquels seront soit taxés au titre du dépassement de quota de consommation domestique, soit soumis à la TICPE, soit les deux.

( 3 MWh électriques sont comptabilisés en énergie primaire pour environ 8 MWh, ce qui correspond à la consommation primaire de chauffage pour un logement de 160 m2 conforme à la règlementation RT 2012 !!!).

Il est probable qu’alors l’avantage financier de l’électrique ne sera plus qu’un souvenir lointain…

Mais ne nous égarons pas car le vrai problème est ailleurs.

La voiture électrique actuellement proposée doit donc être rechargée au bout de 150 km en moyenne.

A moins d’être confinée en ville en utilisation exclusivement citadine comme second véhicule, la voiture électrique devra être compatible avec les longues distances, plusieurs centaines de kms, comme c’est aujourd’hui devenu courant.

Cet usage exige que le réseau soit équipé de bornes de recharges rapides permettant de « faire le plein » en moins d’un quart d’heure. En effet il n’est pas question d’attendre 6 à 8 heures pour faire le plein.

Fournir 20 kWh en 15 minutes requiert une borne de recharge capable de délivrer une puissance de 80 000 W, ce qui est déjà respectable. Le courant délivré à la batterie de 400 V doit être alors de 200 A.

Chaque « station service » devra être équipée d’une dizaine de ces bornes, ce qui implique une installation de l’ordre du Mégawatt.

Nous laissons au lecteur le soin de recalculer ces chiffres pour les futures batteries qui sont censées permettre une autonomie de 500 kms. Le problème d’autonomie sera certes résolu, mais un nouveau problème apparaîtra, celui de la recharge de ces batteries monstrueuses.

Il y a aujourd’hui en France environ 12 000 stations services classiques, ce nombre s’étant à peu établi en fonction du parc de véhicules, de l’utilisation qui en est faite, de l’autonomie des voitures thermiques, et de l’intérêt des fournisseurs de carburants.

Le passage au tout électrique impliquera un nombre de points de recharge rapide supérieur à 12 000 puisque l’autonomie sera réduite.

Aujourd’hui, selon Chargemap, il y a en France 220 points de charge rapide, installés à 90% dans les villes de quelque importance, ce qui laisse un désert pour le reste du territoire.

L’acheteur d’un véhicule tout électrique doit savoir qu’il ne pourra pas s’éloigner de plus de 70 km d’une grande ville .

Au débuts du XXè siècle l’automobiliste prudent pouvait emporter un ou deux bidons d’essence pour éviter la panne sèche. L’électricité ne permet pas cette précaution.

Cette situation, parfaitement normale au demeurant pour un marché encore inexistant, représente le classique problème de la poule et de l’œuf.

Ce type de problème se traduit par un allongement de la période d’apprentissage, les industriels n’étant pas pressés d’investir dans une application qui n’existe pas encore, et qui peut-être n’existera jamais.

Ici le problème se complique à cause de l’absence de normalisation pour assurer l’interopérabilité entre les différents fabricants de voitures et les différents systèmes de bornes de recharge.

Il existe aujourd’hui au moins quatre systèmes de prises non compatibles, un standard européen est attendu mais pas avant 2015.

Aujourd’hui, non seulement le nombre de bornes de recharge rapide est ridiculement faible, mais si l’on en trouve une, il n’est pas certain qu’elle soit du type qui convient à votre auto !

Conscients de cette situation bloquée, la plupart des constructeurs se sont orientés vers l’hybride sous la forme d’un véhicule électrique avec un moteur thermique prolongateur d’autonomie, avec une batterie de capacité moyenne ( de l’ordre de 6 kW).

Un tel véhicule se passe d’un réseau de recharge et permet de lever le principal obstacle technologique au développement du marché.

Même Renault, jusque là partisan inconditionnel du tout électrique, semble avoir compris que l’issue est comme toujours dans le compromis.

Ce concept, s’il ne satisfait pas les puristes, permettra au moins au marché de démarrer dans des conditions plus réalistes et d’attendre une éventuelle solution de troisième génération ( 2030 ?).

La pile à combustible, attendue comme le messie, utilisera de l’Hydrogène et posera un autre type de problèmes. Par exemple celui du stockage embarqué de ce carburant dans des réservoirs sous une pression de plusieurs centaines de kg, et celui de la production de l’Hydrogène, l’électrolyse n’étant pas forcément la méthode la plus économique ni la plus efficace énergétiquement.

La voiture hybride à prolongateur d’autonomie sera peut-être LA solution pour les dix ou vingt ans à venir.

Nous en reparlerons.

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 18:19

Du bon usage de la pompe à chaleur.

2 Octobre 2013

Nous avons évoqué dans l’article précédent les déconvenues énergétiques qui peuvent résulter d’un mauvais usage de la technologie, et en particulier des pompes à chaleur ( PAC).

Si certains mauvais usages (désormais plus rares, on peut l’espérer) ont pu donner une mauvaise image de la PAC, le concept en lui-même conserve tout son intérêt, à condition d’être mis en application dans les règles de l’art.

L’objectif de la PAC est d’utiliser l’énergie solaire stockée dans l’air, le sol et le sous-sol proche, l’eau, et disponible gratuitement en quantité illimitée.

Ce stockage naturel met à notre disposition un réservoir d’énergie calorifique à une température moyenne de dix à douze degrés Celsius sous nos latitudes.

Ces appareils peuvent fonctionner dans les deux sens et donc procurer du chauffage, mais aussi de la réfrigération.

En cette période de crise énergétique nous nous intéressons surtout au chauffage des bâtiments, la réfrigération étant un luxe qui ne s’impose pas dans notre climat tempéré ( ou qui peut être résolu par des méthodes moins énergivores).

Le rôle d’une PAC consiste donc à prélever l’énergie calorifique contenue dans un fluide à la température du milieu naturel, et à élever cette température à la valeur requise pour les applications domestiques ou industrielles.

Le fluide naturel en question peut être de l’air ou de l’eau.

Pour l’air, la température du milieu naturel peut varier considérablement, de - 15 °C en hiver jusqu’à + 40 °C en été sous nos climats, et avec un taux d’humidité très variable.

Pour l’eau, et moyennant certaines précautions, la température est beaucoup plus stable, entre + 10 et + 20 °C si l’on évite de prélever les eaux de surface exposées au gel.

Le rendement théorique d’une PAC est donné par la formule de Carnot:

R = Tc / ( Tc - Tf )

Tc est la température de sortie recherchée.

Tf est la température de la source froide.

La meilleure efficacité sera donc obtenue pour l’écart le plus faible possible entre Tc et Tf.

Par exemple, pour Tc = + 30 °C ( chauffage par plancher chauffant), et PAC à prélèvement d’eau à + 10 °C, nous aurons

(Tc - Tf) = + 20 °C.

Si l’eau est remplacée par de l’air à - 10 °C, alors (Tc - Tf) = 40 °C.

Le rendement théorique est divisé par deux .

De plus, le pompage de l’air à basse température entraîne le phénomène de givrage qui doit être combattu par un dispositif chauffant (!) gros consommateur d’énergie, ce qui abaisse encore le rendement.

La chaleur massique de l’air étant faible, le débit d’air doit être très élevé pour obtenir les calories recherchées, ce qui entraîne un fort bruit de turbine et une nuisance sonore importante.

La PAC à air est inadaptée aux températures hivernales sévères, elle perd son efficacité au moment où l’on en a le plus besoin.

La PAC à prélèvement d’eau est donc le dispositif qui sera préféré lorsque l’on recherche l’efficacité énergétique et la continuité du service même aux températures extrêmes.

Le problème est alors de trouver une source d’eau disponible et accessible.

Le débit nécessaire dépend évidemment de la puissance de l’installation, sachant qu’avec 1 m3/heure on peut obtenir 5,8 kWh d’énergie calorifique pour une chute de température de l’eau de 5 °C.

Pour une installation individuelle de faible puissance ( inférieure à 10 kW) il est possible d’obtenir ces calories à partir d’un serpentin enfoui dans le sol à quelques dizaines de cm de profondeur, ou d’un bassin artificiel souterrain de dix à vingt m3 recouvert d’une isolation convenable.

Mais la meilleure solution, surtout pour les installations supérieures à 10 kW, reste le prélèvement dans la nappe phréatique, lorsque les conditions locales et la règlementation le permettent.

Lorsque ces conditions sont favorables il est possible d’obtenir des débits d’eau élevés et ainsi de réaliser des installations collectives.

Pour informations on pourra consulter la documentation du Bureau de Recherches géologiques et Minières:

« Utilisation des eaux souterraines comme source froide des pompes à chaleur » .

On peut bien entendu également utiliser les cours d’eau pour prélever les calories, selon la règlementation locale.

La Mer constitue une source inépuisable et gratuite de calories. Elle autorise des débits illimités, qui sont mis à profit dans les installations de refroidissement des réacteurs nucléaires ( Blaye, Flamanville,…).

Son exploitation dans l’autre sens pour les PAC ne présente aucune difficulté à condition de respecter certaines règles tenant compte de la corrosion des matériaux, des marées (en Atlantique), des vagues, des courants, du respect de la faune marine, et de la Loi Littoral.

Les PAC marines sont des installations collectives, qui ne sauraient être envisagées au plan individuel à cause de la Loi littoral et du coût prohibitif du système de pompage et de rejet .

A la fin du XIXè siècle les français d’Arsonval et plus tard Georges Claude ont déjà expérimenté des installations thermodynamiques de récupération des calories de l’eau de Mer.

Le principe est donc connu depuis fort longtemps, mais les réalisations industrielles fiables nécessitent des matériaux résistants à la corrosion, et qui ne sont disponibles que de nos jours à un coût compatible avec les besoins d’un marché de masse.

De telles installations commencent à se répandre pour les applications industrielles ou pour l’habitat collectif.

La dernière en date, mise en service en 2013, est celle du Quartier de la Divette, à Cherbourg. L’eau de mer est prélevée dans le port, et alimente deux PAC de 2,2 MW chacune, permettant de chauffer 1 300 logements.

Ces PAC fournissent 84% des besoins, les 16% restant sont fournis pendant les périodes les plus froides, par les installations classiques à gaz déjà existantes.

Il y a en France 1 121 communes littorales ou proches du domaine maritime, d’un estuaire ou d’un delta, d’un lac. A cela il faut ajouter les communes traversées par, ou a faible distance, d’un cours d’eau. Près de 20% de la population est présente en ces lieux, qui pourraient bénéficier du chauffage par PAC à eau de surface ( Mer, cours d’eau, lacs, retenues de barrages).

20% supplémentaires pourraient être concernés par les PAC connectées à des nappes phréatiques.

20% de plus pourraient être équipés de PAC à air convenant aux régions à climat favorisé.

Cette transition énergétique aurait l’avantage de réduire d’au moins 50% la consommation d’énergie utilisée pour le chauffage.

Et de plus avec une très faible emprise foncière, une absence totale de nuisance paysagère et/ou de risque d’atteinte à l’environnement ou à la biodiversité, et sans risque de pollution ou d’atteinte à la santé publique.

Malgré ces avantages indéniables, ce procédé n’a pas la considération qu’il devrait recevoir, ni la place qu’il devrait occuper dans le programme de transition énergétique.

Etonnant, non ?

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 18:37

Réchauffement climatique, un peu de chaleur humaine ?

30 Septembre 2013

Le GIEC vient de rendre publiques ses dernières conclusions concernant le changement climatique.

Sauf dans les détails, rien n’est changé sur le fond; la menace de cuisson à petit feu est confirmée, de même que la responsabilité de l’Homme dans cette catastrophe annoncée.

Le CO2 reste le coupable principal, donc l’ennemi à décimer si nous voulons survivre.

( Décimer est ici à prendre au sens propre de « diviser par dix » ).

Quelques trublions ont bien tenté d’apporter d’autres points de vue sur les causes possibles de l’accroissement de température, mais leurs voix ont rapidement été étouffées, peut-être à tort, mais là n’est pas notre propos, le temps des polémiques est révolu.

Cependant, parmi ces clameurs dissidentes il en est une qui retient l’attention de quelques chercheurs, c’est celle qui évoque l’influence possible de la chaleur dégagée par la consommation humaine d’énergie fossile depuis les débuts de l’ère industrielle.

Le propos n’est pas stupide et mérite au moins d’être considéré, ne serait-ce que pour démontrer éventuellement son absence de fondement...

Notre planète est un système thermodynamique fermé, mais non isolé, qui échange de l’énergie sous forme radiative avec le milieu extérieur qui est l’espace.

Seule une approche thermodynamique permet donc d’aborder ces échanges avec quelque chance de cohérence globale.

L’atmosphère, en tant que sous-système, possède une énergie interne dont la valeur dépend de l’équilibre des échanges avec la Terre et les océans d’une part, avec l’espace d’autre part, et en particulier le Soleil.

Cette énergie interne est constituée de plusieurs composantes principales:

- L’énergie cinétique des molécules ( mouvement brownien) qui, pour les gaz polyatomiques ( Azote, Oxygène, Eau ), comprend les translations, les vibrations, les rotations.

- L’énergie des forces d’interactions intermoléculaires, électrostatiques.

- L’énergie chimique des molécules, notamment la chaleur latente qui concerne le cycle aérien de l’eau ( Evaporation, condensation, pluie, glace).

- L’énergie potentielle, géogravitationnelle pour l’atmosphère.

- L’énergie cinétique liée aux mouvements des masses d’air ( vent, courants aériens).

La température de l’atmosphère est une expression directe de cette énergie interne.

Tout apport extérieur d’énergie ( extérieur aux composantes naturelles qui assurent l’équilibre ) provoque un déséquilibre dans le sens d’une augmentation de l’énergie interne et donc de la température de l’atmosphère jusqu’à l’obtention d’un nouvel équilibre.

L’énergie dégagée par la combustion de sources fossiles constitue précisément un apport extérieur de chaleur.

Cet apport s’accumule d’année en année, et constitue un facteur permanent d’accroissement continu de l’énergie interne.

Il est donc important de calculer son effet à long terme sur l’atmosphère.

L’énergie interne de l’atmosphère constitue le pilier de la science météorologique. Son étude permet de prévoir les évolutions globales, régionales, locales, des paramètres du climat: Température, pression barométrique, densité de l’air, l’hygrométrie, les formations nuageuses, les fronts froids et chauds, etc, etc…

Pour la totalité de l’atmosphère, l’énergie interne est estimée à

10 [Exp 24] Joule.

(Source: Atmosphere, Weather and Climate,

Roger G.Barry and Richard J.Chorley

8th Edition /2003

Ed: Routledge : London, USA, Canada.)

Par ailleurs, depuis les débuts de l’ère industrielle, la consommation cumulée d’énergie de source fossile s’est élevée à environ

E tot = 20. 10 [Exp 21] Joule, sur la période de 1860 à 2011.

( Source Schilling & Al. IEA. Observatoire de l’Energie).

(Les valeurs cumulées ne tiennent pas compte du bois énergie, elles sont donc conservatives).

Cette énergie se retrouve sous forme de chaleur, soit directement (chauffage, industrie), soit indirectement à travers les utilisations mécaniques elles-mêmes dégradées en chaleur ( frottements).

Sur cette période les activités humaines ont donc été à l’origine d’une émission cumulée de chaleur à hauteur de 2% de la valeur de l’énergie interne de l’atmosphère.

C’est une valeur considérable, qui constitue un forçage anthropique dont il serait bien imprudent de ne pas tenir compte.

(Ce forçage se cumule et ne disparaît pas, contrairement aux gaz à effet de serre dont l’effet ne dure qu’un temps limité).

Si l’atmosphère était un système thermodynamique isolé, cet apport se traduirait par une élévation de température de 2%, soit environ 6 °C !

Heureusement l’Atmosphère échange avec son environnement pour rechercher un nouvel équilibre et la plus grande partie de cet apport énergétique parasite est transféré sous plusieurs formes:

- Dans les océans, sous forme de chaleur ( augmentation de la température de surface).

- Dans l’espace, sous forme de rayonnement infrarouge (Conformément à la loi de Planck l’énergie rayonnée est proportionnelle à la quatrième puissance de la température).

Une autre partie contribue à l’accroissement de l’énergie interne de l’atmosphère:

- Par une augmentation de la température.

- Par une augmentation de l’énergie liée à la chaleur latente de vaporisation de l’eau, qui affecte la formation des nuages.

- par une augmentation de l’énergie cinétique des mouvements de masses d’air ( Vents, phénomènes météorologiques plus ou moins violents).

Le facteur augmentation de la température est donc démontré par les lois de la thermodynamique, et n’est pas sujet à discussion.

La question est de savoir quelle est son importance.

Le GIEC a postulé que cet effet reste négligeable.

Il est vrai que la démonstration en serait très délicate, l’atmosphère étant un système thermodynamique extrêmement complexe, et les écarts de température recherchés étant de l’ordre de 0,1 K sur une température moyenne de 288 K, soit 0,3 pour mille.

La question peut donc être considérée comme restant ouverte et certains chercheurs n’écartent pas la possibilité d’un effet significatif sur le réchauffement.

Il ne s’agit pas d’une vaine querelle car si cet effet était confirmé, comme complémentaire du CO2 dans les causes anthropiques du réchauffement climatique, le nucléaire perdrait son aura d’énergie propre puisqu’il serait alors démontré qu’il contribue au réchauffement, comme les autres fossiles.

Ce qui n’enlèverait rien à la nécessité de réduire les émissions de CO2.

Etonnant, non ?

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 09:48

Le prix de l’électricité, une affaire d’Etats.

28 Septembre 2013

En France le prix de l’électricité est très élevé.

Le kWh Gaulois coûte jusqu’à 87% plus cher que dans certains pays Européens comme la Macédoine ou la Bosnie-Herzégovine, et 50% de plus qu’en Bulgarie, en Roumanie ou au Monténégro.

Pas du tout. En France le prix de l’électricité est l’un des plus bas.

Le kWh Allemand coûte 80% de plus que son homologue français, Les kWh Italien et Espagnol sont à + 50%.

Cette disparité est surprenante à plus d’un titre.

En effet, l’électricité est un produit industriel en quelque sorte normalisé. La même fréquence partout en Europe (50 Hz), la même tension (230V), les mêmes méthodes disponibles de production ( centrales thermiques, centrales nucléaires, centrales hydroélectriques, centrales solaires, parcs éoliens), le même système de réseau de distribution, les mêmes sources de base disponibles ( Pétrole, Gaz, Charbon, Nucléaire, Biomasse, Soleil, Vent ).

Comment alors expliquer un tel rapport de 1 à 3 du prix d’un produit identique à l’intérieur d’une zone communautaire de libre échange?

A cela on peut tenter d’apporter des éléments de réponse:

Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, il n’existe aucun programme commun énergétique pour l’Europe. Chaque pays membre est libre de choisir sa propre politique énergétique et, notamment pour l’électricité, ses propres méthodes de production et bien sûr de tarification.

Concernant l’électricité, cette liberté conduit à de fortes disparités dans les moyens de production. Chacun possède son propre « mix » énergétique, développé selon des critères à la fois historiques, économiques, géographiques, voire géopolitiques.

Cette disparité s’est récemment encore accentuée avec l’introduction des énergies renouvelables qui élargissent le choix du mix retenu.

Il est évident que, selon les poids respectifs dans la production des moyens industriels classiques amortis depuis longtemps, par rapport aux procédés nouveaux nécessitant d’importants investissements et des moyens de production en phase d’optimisation, les coûts seront très différents.

Une chose au moins est commune à tous les Etats: la nécessité d’amorcer une transition énergétique. Les raisons pour cela ne manquent pas, chaque pays étant motivé par l’une, par l’autre, ou par plusieurs: préparation de l’après pétrole, recherche de l’indépendance énergétique, volonté de réduire les émissions de CO2, désir de se retirer du nucléaire.

Cette transition est l’objet d’efforts de recherche et d’investissements plus ou moins importants selon les choix politiques locaux. Ces dépenses sont en grande partie chargées sur les prix de l’énergie et notamment celui de l’électricité distribuée, ce qui est une première cause de diversité des tarifs d’icelle.

D’autre part, chaque pays définit sa propre politique d’exportation ou d’importation d’électricité et/ou d’installations de production. Ensuite, selon la disponibilité de la ressource fossile sur le territoire national, les importations seront plus ou moins pénalisantes, avec une répercussion directe sur le prix de vente.

De plus, dans chaque pays, le prix de vente final dépend du circuit de production et de commercialisation. Ce prix sera différent selon qu’il n’existe qu’un seul opérateur national ou que le pays est ouvert à la concurrence.

Enfin, au prix de revient du produit ( Le kWh) viennent s’ajouter les diverses taxes, contributions, impôts, fixés par chaque Etat selon des critères spécifiques.

Ces « rallonges » pouvant varier considérablement selon les dépenses que l’Etat décide de faire supporter par le produit, notamment les dépenses de soutien au développement des énergies durables, les aides aux investissements d’économies d’énergie, le traitement social de la précarité énergétique, etc…

A ces paramètres de fluctuation viennent s’ajouter une éventuelle formule d’indexation du prix sur le cours du pétrole ou du gaz, et/ou une tarification progressive qui aura un impact différent sur le prix moyen selon les habitudes de consommation électrique de chaque pays.

En conclusion on peut dire que la comparaison brute des prix de l’électricité par pays n’apporte aucune information sur l’intérêt de choisir tel mix énergétique plutôt que tel autre, ni de juger du bien fondé de telle stratégie par rapport à telle autre.

Le Gouvernement français excipe du caractère essentiellement nucléaire de sa production électrique pour justifier un tarif du kWh inférieur de 80% au tarif allemand, justifiant par là sa volonté de prolonger la vie des réacteurs existants, mais « oubliant » d’inclure dans le tarif les coûts de mise en sécurité de ces réacteurs, le traitement des déchets, leur stockage long terme, le démantèlement des centrales en fin de vie, et le coût humain prévisionnel du traitement des problèmes de santé publique qui pourraient résulter d’un accident nucléaire dont l’éventualité ne peut plus être niée.

Au Monténégro l’électricité est encore moins chère qu’en France, il est vrai que la production y est pour 75% basée sur le charbon.

Chez les riches, en Allemagne, où le Nucléaire est boudé, les renouvelables ont le vent en poupe (au sens propre), mais l’électricité y est 80% plus chère que chez nous, malgré le recours au lignite ( 40% du mix énergétique électrique) .

A propos de CO2 et de Charbon, savez-vous que la mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler ( All.) va être agrandie, avec déplacement de 7 600 habitants, et qu’un permis a été accordé à l’exploitant RWE pour l’extraction de 1,3 Milliards de tonnes d’ici 2045 ?

Comment, vous dites que c’est contraire aux recommandations du GIEC ?

Vous faites certainement erreur.

Nous vivons une époque moderne…

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 13:35

26 Septembre 2013

Nous avons vécu pendant près de deux siècles dans l’insouciance énergétique.

Pour se chauffer, s’éclairer, se déplacer, obtenir du travail mécanique, l’énergie était disponible à profusion et pour un coût modique.

La fin de la récréation a sonné lorsqu’il a fallu prendre en compte les menaces de calamités générées par nos abus. L’énergie est alors devenue l’objet de toutes les attentions.

L’inéluctable épuisement des réserves fossiles, le réchauffement de l’atmosphère attribué au CO2 anthropique, les dangers avérés du nucléaire, sont autant de raisons de changer nos comportements.

Désormais il est impératif de rechercher l’efficacité énergétique dans tout les domaines.

La première démarche qui vient à l’esprit est évidemment de prendre toutes dispositions afin de réduire la demande d’énergie.

C’est la première mesure mise en œuvre, initiée par une règlementation toujours plus rigoureuse et des mesures fiscales incitatives.

Reste le second problème qui est de déterminer la meilleure façon de satisfaire la demande restante: quel type d’énergie est la meilleure et comment l’utiliser au mieux dans tel type de besoin et pour quel résultat escompté ?

C’est la recherche de l’efficacité énergétique.

Mais le concept d’efficacité varie selon le point de vue considéré:

Du point de vue de l’économie nationale et du budget, l’efficacité consiste à réduire le déficit du commerce extérieur en réduisant les importations d’énergie. C’est la recherche de l’indépendance énergétique qui, pour la France, débouche sur l’énergie nucléaire, le gaz de schiste, mais aussi sur les énergies renouvelables.

Du point de vue de l’utilisateur final, l’efficacité c’est la recherche du coût le plus faible pour satisfaire son besoin, les autres critères passant au second plan, sauf règlementations contraignantes.

Du point de vue du ministre de l’environnement, l’efficacité est la recherche du plus faible taux d’émission de CO2 et du plus faible impact écologique.

Du point de vue de l’ingénieur, l’efficacité est la recherche du procédé qui

Permettra de tirer le meilleur parti de l’énergie primaire disponible en réduisant les pertes.

Chacun de ces points de vue est respectable, mais ils sont souvent contradictoires et donc difficiles à concilier.

Un exemple de ces contradictions est donné par l’utilisation des pompes à chaleur pour le chauffage des bâtiments.

Une pompe à chaleur ( PAC) est une machine magique qui fabrique de l’énergie à partir de rien, du moins en apparence. Le rien en question étant au choix l’atmosphère, le sous-sol, l’eau d’un puits ou d’un cours d’eau, voire d’une nappe phréatique, qui tous contiennent de la chaleur en quantité importante, mais à une température trop basse pour être exploitée directement .

La PAC permet de récupérer cette chaleur et de la porter (de la pomper) à un niveau « utile » exploitable pour par exemple chauffer un bâtiment ou fournir de l’eau chaude sanitaire.

Pour effectuer cette opération la PAC a besoin d’un peu d’énergie qui est fournie par l’électricité du réseau ( Il faut actionner un compresseur et différentes petites choses).

Le résultat, mis en formule par Monsieur Carnot et autres thermodynamiciens, est que sauf maladresse l’énergie calorifique récupérée est supérieure à l’énergie électrique fournie. Le rapport des deux s’appelle le COP (Coefficient de Performance).

Comme toute machine thermique, la PAC fonctionne entre deux sources à températures différentes:

Une source Tf dite « froide », qui sera l’atmosphère ou l’eau d’un puits ou d’un cours d’eau; une source Tc dite « chaude » qui sera soit l’air chaud fourni par l’appareil, soit l’eau chaude s’il alimente des radiateurs classiques ou un chauffe-eau.

Le COP maximum théorique est égal à Tc / (Tc - Tf)

( La température est en Kelvin)

Par exemple pour Tf = 273 K ( soit 0°C), et Tc = 333 K ( soit 60 °C), le COP théorique max est égal à 5,55.

Remarque importante: Le COP dépend fortement de la différence de température entre les deux sources. Ceci aura un impact considérable sur les performances pratiques de la PAC.

Le COP théorique, comme son nom l’indique, ne correspond pas à la pratique.

Dans le métier on définit plusieurs COP:

Le COP « Machine ».

C’est celui qui est mesuré en Laboratoire, dans les conditions les plus favorables pour l’appareil à tester.

Le COP « Système ».

C’est celui mesuré sur l’installation dans les conditions définies par la norme. On tient compte de la machine et des accessoires comme une pompe à eau, un ventilateur, un circuit de dégivrage, voire même une résistance d’appoint, toutes choses qui consomment de l’énergie et réduisent donc le COP d’autant.

Enfin, Le COP « Annuel ».

C’est celui qui est mesuré in situ ( chez le client final) sur une saison de chauffe complète et en prenant la valeur moyenne. C’est bien entendu cette valeur qui intéresse le client, et qui dépend énormément des conditions locales de température, de climat, et de l’installation, notamment la source froide et la source chaude et le mode de fonctionnement choisi ( Eau-eau, eau-air, air-air).

Le COP annuel n’est évidemment pas donné au catalogue du constructeur puisqu’il est spécifique d’une installation donnée.

La norme, car il y a une norme, définit par exemple les conditions de mesures du COP Système pour une PAC air-eau:

Tf = + 7 °C

Tc = + 30 °C en entrée d’eau dans les radiateurs,

Et + 35 °C en sortie.

( Une telle PAC n’est efficace qu’avec un chauffage par le sol, à basse température. Des radiateurs classiques pénaliseraient exagérément le système).

Quand ont sait comment le COP baisse avec la température de la source froide, on comprend qu’une valeur mesurée à + 7 °C n’a de sens que pour une PAC dont la source froide est de l’eau. Pour une PAC air-air la température de source froide peut descendre notablement en dessous de zéro, et le COP devient ridicule.

Des relevés effectués par l’ADEME sur un nombre significatif de PAC de technologies différentes et in situ ont donné une valeur moyenne du COP annuel d’environ 2,5 .

Cette valeur va nous servir à comparer les performances énergétiques d’une PAC avec celles d’une chaudière à condensation dans l’application chauffage.

Nous partirons d’une quantité d’énergie primaire de 100 kWh ( PCI).

De cette énergie, sous forme de gaz naturel ou de fuel, une chaudière à condensation peut extraire une énergie calorifique de 90 kWh.

( La chaudière à condensation exploite le PCS, supérieur au PCI, ce qui autorise des rendements très élevés).

Si, avec la même source de 100 kWh on produit de l’électricité dans une centrale thermique (ou nucléaire) on obtient 33 kWh d’électricité.

Ces 33 kWh deviennent 30 kWh chez le client à cause des pertes en ligne.

Utilisés pour actionner une PAC, ces 30 kWh permettent de récupérer 75 kWh d’énergie calorifique, en considérant un COP effectif de 2,5 .

Si l’on compare ces 75 kWh aux 90 kWh de la chaudière à condensation, on constate un déficit de 15 kWh à mettre au passif de la PAC.

Le résultat est encore plus décevant sur une PAC air-air à cause de la chute brutale du COP à très basses températures extérieures, chute qui exige de recourir à un chauffage d’appoint ( On parle alors pudiquement de pompe à chaleur en relève de chaudière).

Pour retrouver la même énergie calorifique avec une PAC il faut donc consommer davantage d’énergie primaire ( environ 110 kWh dans notre exemple).

Du point de vue de l’efficacité « nationale » et de la pollution, c’est mauvais puisqu’il faut davantage d’énergie primaire pour obtenir le même résultat qu’avec une chaudière; mais du point de vue du consommateur final c’est tout bon puisqu’il consomme seulement 36 kWh d’électricité là où la chaudière à condensation réclame 100 kWh de combustible.

(Encore faut-il préciser que cet « avantage » ne tient en France que grâce à un tarif public de l’électricité maintenu artificiellement bas par le Gouvernement).

C’est pourquoi les pouvoirs publics, tout en recommandant l’usage des PAC, exigent un COP d’au moins 3,4 pour accorder le bénéfice de l’avantage fiscal.

Malheureusement la valeur de COP retenue est le COP système, mesuré à une température extérieure de + 7 °C pour les PAC air-air, ce qui est bien loin des conditions hivernales de températures négatives.

Le consommateur final est content puisqu’il divise sa facture électrique par 2,5, mais la France doit importer davantage d’énergie primaire.

Sauf si…

Sauf si l’électricité est produite par une centrale nucléaire.

La production d’électricité nucléaire exige certes également l’importation d’un produit de base issu d’une source fossile qui est le minerai d’Uranium.

La prospection, les redevances, l’extraction du minerai, son achat, le transport, le traitement, le raffinage du produit, la préparation des crayons de combustible, leur transport, leur manipulation, leur stockage, le retraitement en tant que déchet, le stockage des déchets, ont un coût très élevé, mais qui n’est pas rendu public. Il n’est donc pas possible de connaître l’équivalent du coût externe de l’énergie primaire*, s’agissant des crayons de combustible, comme on connaît celui du pétrole ou du gaz.

*Coût qui impacte les importations. En fait AREVA le connaît, du moins on l’espère.

D’autant plus que le retraitement du combustible après usage lui redonne une seconde vie, voire même davantage dans un surgénérateur.

Pour contourner cette difficulté il a été décidé que, par convention, l’énergie primaire « comptable » associée à l’électricité nucléaire serait l’énergie calorifique dégagée par la réaction dans la cuve avec un rendement de Carnot de 40%, ce qui conduit à un coefficient multiplicateur de 2,5 appliqué à l’énergie électrique fournie par les alternateurs.

Mais cette énergie primaire « fictive » ne correspond pas à une dépense d’importation.

Le vrai coût des importations françaises de Yellow cake reste confidentiel et ne peut donc être comparé à celui du pétrole ou du gaz. Il n’est donc pas possible de connaître son impact sur le tarif public de l’électricité.

On parle cependant de 20% du coût de production contre 70 à 80% pour les combustibles classiques.

Par ailleurs le vrai coût du démantèlement reste une inconnue, de même donc que son impact éventuel sur le tarif public.

Cette opacité permet de maintenir en France un tarif public de l’électricité artificiellement bas.

Or l’efficacité économique de la pompe à chaleur dépend étroitement de ce tarif, qui ne pourra pas être conservé avec la production par les énergies nouvelles, surtout si dans le même temps on réduit le nucléaire..

Par contre, si l’on se projette dans l’avenir ( Après 2050, ou prochain siècle ?), on peut penser que les énergies nouvelles seront devenues prépondérantes, le nucléaire aura disparu, le gaz et le fuel seront devenus des produits de luxe.

Dans ce contexte la pompe à chaleur deviendra incontournable, ce que l’on observe déjà dans certains pays scandinaves.

Cet exemple simple montre que la notion d’efficacité énergétique est toute relative et doit être manipulée avec précautions, en tenant compte des impératifs du moment.

Telle solution, jugée efficace en 2013, ne sera peut-être plus tolérable ou possible en 2050.

C’est aussi cela la transition énergétique.

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