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5 février 2020 3 05 /02 /février /2020 16:48

Le mythe de la réduction du nucléaire.

 

5 Février 2020

 

En France, la production brute annuelle d'électricité a atteint 550 TWh en 2018 (hors autoconsommation).

 

La production brute fut ainsi répartie :

 

480 TWh de consommation finale intérieure.

50 TWh d'exportation (Bilan positif des échanges transfrontaliers).

12 TWh de perte réseau (entre 2 et 3,5% selon RTE).

8 TWh de consommation du secteur énergétique électrique.

 

Cette production est le cumul de différentes contributions :

393 TWh Electronucléaire.

68 TWh Hydroélectrique.

39 TWh Thermique fossile

28 TWh Eolien.

10 TWh Solaire PV.

10 TWh Thermique à Bioénergies ( Biogaz, Bois énergie)

2 TWh Géothermie.

 

Ce parc électrogène est composé d' installations variées dont la puissance totale installée atteint 133 GW :

 

63,2 GW Electronucléaire.

25,5 GW Hydroélectrique.

18,6 GW Thermique fossile.

15,1 GW Eolien.

8,5 GW Solaire PV.

2 GW Thermique à Bioénergies.

 

( Source RTE )

 

Ces données appellent quelques remarques :

 

78,5 % de la production brute provient de sources contestées, le nucléaire et le thermique fossile.

Le nucléaire, à cause du risque potentiel inhérent à cette technologie, et au risque imposé aux générations futures par la gestion incertaine des déchets radioactifs.

Le thermique fossile, à cause des émissions de CO2 liées au réchauffement climatique.

Les 21,5 % restant sont issus d'énergies renouvelables, dont plus de la moitié provient du parc historique de centrales hydroélectriques préexistant.

L'éolien, le solaire PV, le thermique à bioénergie, encore appelés « Energies nouvelles » ne représentent que 9 % de la production totale d'électricité.

Cette modeste part donne la mesure des efforts à accomplir pour substituer l'électricité nucléaire…

 

Les 58 réacteurs Nucléaires totalisent une puissance installée de 63,2 GW, qui correspond à une quantité d'énergie théorique de 553 TWh si le facteur de charge était de 100 %.

La production effective n'a été « que » de 393 TWh, pour un facteur de charge de 71 %.

En effet, le facteur de charge d'un parc électronucléaire n'est jamais de 100 %.

Chaque réacteur doit être arrêté périodiquement pour remplacer le combustible et pour la maintenance courante. Des arrêts de longue durée sont également prévus pour les visites décennales qui conditionnent la prolongation de la durée d'exploitation. De plus, depuis la catastrophe de Fukushima, les normes de sûreté des installations ont été relevées, imposant d'importants travaux nécessitant des arrêts de tranches .

Ces divers arrêts de tranches sont, dans la mesure du possible, programmés par la COPAT ( Commission d'Organisation de la Programmation des Arrêts de Tranches), de manière à disposer de la meilleure puissance possible pendant la période hivernale.

La puissance max disponible du parc nucléaire à un moment donné peut ainsi varier entre environ 40 GW et 60 GW au gré de ces arrêts.

En 2018, la quantité d'énergie électronucléaire produite correspondait à une puissance moyenne de 45 GW environ.

Cette faible valeur traduit la vétusté de certaines installations et l'importance des travaux post-Fukushima.

 

La production brute d'électricité de 550 TWh correspond à une puissance moyenne de 63 GW environ.

En comparaison, la puissance installée du parc, 133 GW soit le double, peut paraître surdimensionnée par rapport aux besoins.

Il n'en est rien.

Cette apparente anomalie est due aux très grandes variations de la puissance instantanée demandée par le réseau, qui peut varier entre 30 GW et 95 GW en fonction de l'activité du pays, d'une heure à l'autre, d'un jour à l'autre, et d'une saison à l'autre.

Le parc de production doit pouvoir répondre en temps réel à ces variations, du moins avec des délais très courts.

La puissance max du parc nucléaire étant de 57 GW environ (Dans les meilleures conditions d'exploitation, avec un facteur de charge de 90 %), il est nécessaire de recourir à des sources d'appoint lorsque le réseau demande davantage de puissance. Ces sources ne fonctionnent qu'une partie du temps* mais elles sont indispensables.

En contrepartie, lorsque la demande est faible, la production nucléaire peut être en partie exportée. Elle est également utilisée pour recharger les STEP.

 

*La puissance installée des sources d'appoint, 70 GW environ, n'est jamais disponible à 100 %.

L'éolien est aléatoire et intermittent.

Le solaire idem, et surtout ne produit rien la nuit.

L'hydraulique n'est pas toujours au top quand on en a besoin (Facteur de charge).

Les centrales thermiques idem.

 

 

Contrairement à une idée très répandue, le parc électronucléaire n’est donc pas surdimensionné :

En effet, d’une part la quantité d’énergie qu’il produit annuellement est très inférieure à l’énergie nécessaire au réseau ( 393 TWh pour un besoin de 500 TWh hors export), et d’autre part la puissance qu’il peut offrir dans le meilleur des cas n’est « que » de 57 GW alors que le réseau réclame 95 GW en période de pointe, voire davantage ( Le pic historique a été de 102 GW).

Parfois, en cas de très forte demande de puissance sur le réseau, il devient nécessaire d’importer de l’électricité, et même de procéder à certains délestages négociés préalablement avec des clients industriels moyennant avantages tarifaires.

 

Les sources d’appoint ne fonctionnent qu’une partie du temps, lorsque la puissance demandée est supérieure à la puissance disponible du nucléaire. Mais leur présence est incontournable, tant que les fluctuations de puissance du réseau n’auront pas été fortement atténuées.

Ceci est le but du futur réseau intelligent dont le Linky est le premier maillon.

 

Quid de l'avenir ?

 

La demande finale d'énergie électrique de 2018 n'est qu'une photographie à priori non représentative de son évolution future.

Or les grands choix de la transition énergétique, qui doivent être décidés aujourd'hui, devront répondre aux besoins de 2050, et préfigurer ceux de la fin du siècle.

Certes, la consommation d'aujourd'hui nous intéresse mais, en matière de stratégie de développement, c'est la demande de 2035, voire 2050, qui servira de base.

Une vision à deux ou trois décennies est nécessairement biaisée par la tentation de prendre ses désirs pour des réalités, et tout simplement par notre ignorance des événements futurs susceptibles d'influencer les marchés de l'énergie.

Une certaine modestie dans l'évaluation des aléas possibles suggère d'adopter une stratégie adaptative, c'est-à-dire capable d'intégrer rapidement les nouvelles technologies, les nouveaux combustibles, et les aléas du marché.

 

A défaut de lire l'avenir, le passé peut nous donner des indications :

Depuis 2000, la consommation finale d'énergie électrique a cru de 1,5 % par an, pour atteindre 480 TWh en 2008, valeur demeurée à peu près stable depuis.

Cette arrêt de la croissance, coïncidant avec la crise de 2008, est attribué en partie à ce soubresaut économique et financier, mais aussi aux efforts entrepris dans le domaine des économies d'énergie.

Quelle sera la demande en 2035, en 2050 ?

Il est possible d'identifier des facteur de croissance, et des facteurs de décroissance, mais il est impossible de prévoir la tendance résultante.

Une chose est sure :

Le nombre des ménages augmentera conformément aux prévisions démographiques, constituant une tendance de fond à l'accroissement de la demande d'énergie.

D'autre part, la forte pression pour la lutte contre les émissions de CO2 se traduira par un report d'intérêt sur l'électricité, la mobilité électrique n'étant que l'aspect le plus voyant. Le développement des pompes à chaleur et des climatiseurs est déjà visible ; il faut également envisager la conversion à l'électricité de certaines applications utilisant actuellement des combustibles fossiles.

Par contre on peut prévoir le développement du marché de l'autoconsommation, soit individuelle, soit par zones d'habitation, ce qui réduirait d'autant les quantités d'énergie à produire pour les fournisseurs du réseau.

Ces nouvelles habitudes de consommation pourraient même entraîner une révision des règles du service public de l'électricité, mais ceci est une autre histoire.

 

S'il est impossible de planifier quantitativement un programme de production d'électricité, du moins est-il possible de développer les technologies qui seront nécessaires dans les décennies à venir, et de préparer le terrain à les recevoir.

 

Les actions incontournables sont connues :

 

La première, popularisée par Negawatt, consiste à réduire la demande d'énergie électrique par des mesures d'économie, et/ou d'amélioration du rendement énergétique des matériels. Ce qui est entrepris grâce à l'évolution des normes diverses concernant les appareils et l'isolation des bâtiments par exemple, ainsi que l'évolution des modes de vie.

Mais ces mesures d'économies suffiront-elles à compenser les facteurs d'accroissement de la demande ? 

 

La seconde mesure, peut-être la plus importante, sera de réduire les pics de puissance demandée sur le réseau ; le compteur communicant Linky doit être mis à profit pour mettre en œuvre une gestion intelligente des soutirages de puissance afin de limiter les pics de demande à 80 GW par exemple, au lieu de 95 GW aujourd’hui.

(On pourrait faire mieux mais les consommateurs seront très réticents à changer leurs habitudes).

La mise en œuvre du réseau intelligent permettra cette meilleure gestion, après négociation avec l’abonné dont l’installation sera équipée d’un gestionnaire d’énergie pouvant dialoguer directement en temps réel avec le gestionnaire du réseau.

Mais cette mise en œuvre nécessitera un changement de mentalité des consommateurs, réticents à toute contrainte touchant l’énergie électrique.

Le compteur communicant n’est pas encore généralisé, ses opposants sont toujours actifs, et les abonnés ne sont pas prêts à renoncer à leur liberté d’utiliser « leur » électricité à leur guise.

L’idée de devoir surveiller sa consommation d’électricité et surtout d’accepter qu’un tiers, même accrédité, vienne y fourrer son nez, est encore très loin d’être acceptée par les consommateurs.

On comprend mieux les réticences des gouvernements successifs à décider l’arrêt de tranches nucléaires, personne ne veut endosser le risque de mettre la France en panne de courant un soir de Février…

 

La troisième mesure, la plus difficile peut-être, sera non seulement de développer les parcs éoliens et solaires, mais en même temps de construire les installations permettant le stockage tampon de l'énergie intermittente de ces sources. Le seul procédé permettant les capacités de stockage suffisantes est l'hydraulique en pompage réversible, qui a fait ses preuves mais qui devra être développé sur une grande échelle pour rendre utilisables les énergies intermittentes.

Il n'existe à ce jour aucun programme de construction de STEPs, ce qui constitue une grave lacune.

Des projets existent certes, mais leur adoption est bloquée pour deux raisons :

D'une part ils entraînent inévitablement une atteinte à l'environnement et à la biodiversité et suscitent donc une opposition farouche, et d'autre part il existe une incertitude sur le devenir de la juridiction sur la gestion des ces installations dans le cadre de l'ouverture à la concurrence, ce qui évidemment n'est pas de nature à encourager les initiatives.

Personne n'a envie d'investir pour que des tiers viennent tirer les marrons du feu ; l'expérience de l'AREHN a servi de leçon, au moins chez EDF...

 

Une quatrième mesure, lié à l'intégration du grand réseau européen de l'électricité, consiste à augmenter très significativement les capacités d'échanges transfrontaliers d'énergie électrique, afin de mutualiser les outils de production européens car les énergies nouvelles nécessiteront une gestion des flux de production dépendant des conditions météo des différentes régions d'Europe.

Un tel programme de développement existe et est pris en charge par RTE.

Là encore se pose le problème du coût : qui doit dépenser pour ces installations, et qui en tirera bénéfice ?

Rappelons que EDF se voit déjà dépouillé, à bas prix, du quart de sa production nucléaire au bénéfice de concurrents qui n'ont pas à supporter le vrai coût.

 

Une cinquième mesure, dans l'esprit de la quatrième, consiste à développer des capacités d'échanges avec des pays du Nord de l'Europe pour l'Hydroélectrique et l'éolien, et du Sud de la Méditerranée pour le solaire.

 

Une sixième mesure, liée aux énergie nouvelles, est un impératif généralement admis, mais qu'il est bon de rappeler car il tarde à sortir des cartons, c'est la filière Hydrogène, indispensable pour pouvoir utiliser les énormes capacités de stockage de gaz existantes.

 

Last but not least,

Quelle que sera la composition du futur parc, il y aura une production de base et une production d'appoint, et dans l'hypothèse d'un nucléaire disparu et de fossiles bannis, le thermique aura toujours sa place.

Il sera certainement nécessaire de conserver, voire développer, un parc de centrales thermiques.

La décence imposera de n'utiliser dans ces centrales que des combustibles décarbonés ou à carbone recyclable, et donc de prévoir dès à présent le type de combustible, la fabrication et /ou l'approvisionnement.

 

Un quelconque programme de réduction de la production électronucléaire ne pourra être mis en œuvre qu'après la mise en chantier de ces sept travaux d'Hercules

 

Ces contraintes, de caractère technique, ne sont pas les seules.

 

Le désir de réduire la part de la production électronucléaire est justifié par les risques incontestables que cette technologie fait courir aux générations présentes et futures, ceci n’est contesté par personne.

Mais la volonté d’écarter ce risque le plus tôt possible ne doit pas, ne peut pas, ne pas tenir compte de la nécessité de continuer à garantir au pays la fourniture d’une énergie électrique de qualité et de manière régulière.

Par ailleurs, trop de précipitation pourrait entraîner le risque de reporter sur les générations futures le problème de la gestion des déchets à vie longue, si la technologie de gestion de ces déchets n’est pas au point, ce que l’on peut craindre aujourd’hui au vu des polémiques enflammées autour de ce sujet.

 

La nécessité de garantir au Pays la fourniture permanente de l’énergie électrique est prise en compte dans le cahier des charges de tous les fournisseurs d’électricité agréés par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) sous la rubrique

« Obligations du service public de l’électricité »

Ces contraintes sont inscrites dans la Loi et il n’a jamais été question de revenir sur ses dispositions.

Il en résulte que toute réduction de capacité de production envisagée doit être préalablement compensée par la mise à disposition d’une capacité de production équivalente.

La réduction de production du parc nucléaire n’échappe évidemment pas à cette règle, sauf à modifier la loi sur les obligations de service public, ce qui n’est encore venu à l’idée de personne, pas même aux anti-nucléaires de souche.

 

La campagne pour la réduction du nucléaire, pour aussi justifiée qu’elle soit, ne peut pas jeter aux orties l’autre campagne écologique tout aussi importante, qui est la lutte contre les émissions de CO2 fossile.

Or l’électricité nucléaire est décarbonée, c’est à tout le moins une caractéristique incontestable.

Son remplacement ne peut donc être envisagé que par d’autres sources décarbonées ou, à la rigueur, basées sur un cycle de carbone recyclable.

Ceci est également une évidence, mais qu’il est utile de rappeler.

Il doit être en particulier exclu de recourir massivement à des centrales à gaz, sauf si celui-ci est conforme aux exigences de la transition énergétique, ce qui exclut d’emblée le Gaz naturel fossile.

L’idée courante de réduire le nucléaire et de le remplacer par des centrales à Gaz naturel fossile est tout à fait discutable, et devrait être discutée.

 

Enfin, fournir de l’électricité c’est bien, mais il ne faut pas oublier nos accords internationaux ( et le simple bon sens) qui nous imposent de constituer des réserves stratégiques d’énergie.

Aujourd’hui ces réserves sont constituées de carburants pétroliers, de Gaz naturel (fossile évidemment), de charbon pour mémoire, et de combustible nucléaire.

Que seront-elles lorsque ces produits auront disparu ?

Rappelons que le soleil et le vent ne se stockent pas.

Avant d’entamer la découpe du parc existant, il faudra apporter des réponses sur la pérennité de nos réserves stratégiques. Cela va se soi, mais encore mieux en le disant.

 

Ces diverses contraintes sont hélas incontournables, sauf à remettre en question la loi sur les obligations de service public, et nos engagements internationaux.

Ce qui n’est pas à l’ordre du jour à notre connaissance.

 

D’autre part, la France est l’un des maillons du système Européen interconnecté de distribution d’électricité. A ce titre elle a des obligations également incontournables et définies par Bruxelles.

Toute opération de restructuration de notre réseau national de production et de distribution d’électricité devra donc s’effectuer sur la toile de fond de ces contraintes diverses, sous peine de risquer de déstabiliser une situation déjà très complexe à gérer, et d'être refusée.

 

On voit que toucher aux infrastructures de production d'électricité est une affaire extrêmement complexe, dont les implications dépassent de très loin les analyses sommaires conduisant à des conclusions à « l'emporte-pièce » pour des stratégies de comptoir.

 

Dans le cadre de la PPE pour la période 2 019- 2 028, le Gouvernement a rappelé l’engagement de faire tomber la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% aujourd’hui à 50% en 2 035, grâce à la fermeture de 14 réacteurs de 900 MW, pour commencer...

 

Ces 14 réacteurs totalisent une puissance installée de 12,6 GW.Ce sont des installations vétustes, qui auront bientôt dépassé la date limite de consommation, et dont la fermeture est de toutes façons inéluctable pour des raisons de sécurité.

Il ne serait pas raisonnable d'effectuer à prix d'or des travaux très importants de renforcement de la sûreté sur des installations ayant dépasser l'âge canonique.

Ces vieilles machines ont une efficacité réduite compte tenu des travaux de maintenance exigés, et leur production annuelle plafonne à environ 90 TWh pour une puissance efficace de 10GW.

 

Ces 90 TWh représentent quand même 18% de la consommation finale l’électricité, et les 10 GW de puissance sont fort utiles pour passer les pics de demande hivernale.

Il faudra donc remplacer l’un et l’autre.

 

Le programme éolien offshore de la côte Atlantique constitue un étalon permettant de prendre la mesure de l'effort à accomplir pour remplacer le nucléaire par des renouvelables.

La puissance totale installée des six parcs sera de 3 GW, pour une production annuelle espérée de 10 TWh.

Or c’est 90 TWh qu’il faudra pour remplacer les vieux réacteurs, soit neuf fois plus…

Quant à la puissance instantanée disponible, elle est totalement inconnue puisqu’elle dépendra de la force du vent au moment du pic de consommation…

(Rappelons qu'aucune installation de stockage d’électricité n’est prévue.

 

Le Gouvernement est bien conscient de ces problèmes; aussi a-t-il demandé à EDF d’établir un pré-programme de construction de six réacteurs EPR, dont la production compenserait l’arrêt des 14 vieux réacteurs REP de 900 MW.

La décision d’y aller ou pas serait prise en 2023, en fait elle sera laissée à l’initiative du prochain Président*.

La réduction à 50% de la part du nucléaire attendra encore un peu…

 

*La raison pour laquelle il faut attendre 2 023 pour prendre une telle décision n’a pas été communiquée par l’Elysée.

Madame Irma m’a cependant rappelé que le prochain Président sera élu en 2022, je n’ai pas vu le rapport…

 

 

 

 

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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 11:44

 

15 Janvier 2020

L'année automobile 2018 a marqué l'entrée dans une ère nouvelle caractérisée par un changement de paradigme imposé par la nécessaire transition énergétique et écologique.

Rappelons succinctement que cette transition impose aux véhicules une réduction drastique des émissions de CO2 fossile et des polluants gazeux et solides (particules).

Les normes Euro successives traduisent progressivement ces obligations en termes de seuils limites d'émissions contrôlées au cours des tests d'homologation réalisés conformément aux protocoles en vigueur.

Jusqu'en 2015, cette réglementation (NEDC) n'était pas trop pénalisante.

D'une part, les valeurs seuils d'émissions n'étaient que très peu éliminatoires, leur fonction était surtout d'inciter les constructeurs à développer des solutions innovantes pour dépolluer leurs moteurs, ce qui a conduit à généraliser par exemple les pots catalytiques, et d'autres systèmes comme l'allumage cartographique, les filtres à particules, le downsizing, etc.

D'autre part, le protocole d'homologation alors en usage était extrêmement bon enfant, pour ne pas dire très laxiste.

Cependant l'abaissement progressif des seuils critiques d'émission, imposés par les normes euro, a rendu les homologations suffisamment difficiles pour inciter « certains » constructeurs à tricher en exploitant les failles du protocole.

L'affaire est connue, inutile d'y revenir.

Pour tenter d'assainir l'ambiance, devenue un peu nauséabonde, et regagner la confiance des clients, un nouveau protocole d'homologation (en préparation depuis longtemps mais gardé sous le coude car très dissuasif) a été adopté.

Il s'agit du WLTP, auquel a été ajouté un test routier en conditions réelles de conduite (RDE), les gaz d'échappement et la consommation étant mesurés en temps réel sur un parcours type lui-même spécifié.

La plupart des nouveaux modèles thermiques ne satisfont pas ce test s'il est appliqué strictement et avec les seuils définis par la dernière norme euro.

(Certains modèles ont même dû être retirés de la vente...).

Il a donc été nécessaire de ménager une période de transition pour permettre aux constructeurs de trouver des solutions satisfaisantes.

On sait ce qu'il en est des périodes de transition, quel que soit le domaine concerné ; en l'occurrence il faut s'attendre à dix ans de flou pas toujours artistique, dont l'usager devra se contenter en étant prié de ne pas trop chercher à comprendre où on veut l'emmener.

On peut même se demander si cette situation ne sonne pas le glas du moteur thermique. En effet, certains pays, régions, villes, ont déjà proclamé leur volonté de les éliminer d'ici 2040.

Il est vrai qu'en la matière, 2040 n'est que la version moderne des calendes grecques...

Les véhicules tout électrique utilisant de l'électricité verte, ne sont pas concernés par ces tests puisque leurs émissions sont nulles.

Pour une fois règne la clarté, pour peu que l'on ne soit pas trop regardant sur l'empreinte carbone des batteries et l'origine des éléments constitutifs.

La période est néanmoins propice à une promotion vigoureuse de ce type de véhicule.

Mais nous allons voir que les choses ne sont pas aussi simples, et qu'il existe encore « quelques » obstacles à l'explosion de ce marché.

Parmi les nombreux obstacles (voir nos divers articles sur le sujet), l'autonomie demeure le principal, du moins pour l'acheteur potentiel.

Aujourd'hui, l'utilisateur d'une auto traditionnelle ignore le problème de l'autonomie.

Il faut rappeler qu'aux débuts de l'automobile le choix s'est porté sur le pétrole au détriment de l'électricité (déjà!) au motif qu'il était impossible d'emporter un bidon d'électricité …

Sommes-nous bien sûrs que les choses soient très différentes aujourd'hui ?

 

N'importe quel modèle thermique relativement récent, fonctionnant au pétrole et muni d'un réservoir en tôle de 70 litres, peut parcourir mille kilomètres, et pas seulement avec du diesel.

D'autre part il existe en France environ 11 000 stations services prêtes à lui vendre autant de carburant que nécessaire, de jour comme de nuit.

Enfin le remplissage du réservoir ne prendra que cinq à dix minutes, donc pas de temps perdu.

A l'usage la consommation variera assez peu entre la conduite en ville et la conduite sur route. Dans le premier cas le moteur, utilisé dans une zone de rendement non optimal, aura une consommation spécifique élevée ; dans le second cas la puissance demandée est plus élevée mais le rendement moteur sera meilleur, ce qui modère la consommation spécifique.

Il n'est pas rare de consommer par exemple 7 litres en ville et 8 litres sur autoroute.

Avec une voiture électrique il n'en va pas de même, loin s'en faut.

Le rendement d'un moteur électrique est élevé et relativement constant, grâce à la gestion électronique et surtout à l'absence des inconvénients du cycle de Carnot qui plombe le moteur thermique.

Il va donc consommer moins d'énergie que son confrère thermique pour fournir la même énergie en sortie, celle qui est transmise aux roues motrices.

Avec l'avantage supplémentaire offert par la possibilité de récupérer de l'énergie au freinage, puisqu'un moteur électrique est réversible.

Ce qui permet à une voiture électrique de consommer moins en ville qu'à la campagne !

En contrepartie le rendement spécifique étant plus ou moins constant, la consommation variera en proportion directe de la puissance demandée.

On pourra ainsi constater une différence de 1 à 3ou 4 entre la consommation en ville avec récupération d'énergie au freinage, et la consommation sur autoroute.

L'utilisateur non prévenu pourra être surpris, voire même regretter son achat.

L'autonomie du véhicule électrique dépend donc directement de l'utilisation qui en est faite.

C'était déjà vrai avec le pétrole, çà l'est beaucoup plus avec l'électricité, au point de constituer une source d'anxiété.

Pour un modèle de gamme moyenne, genre ZOE, la consommation peut varier entre 10 kWh/100 km en ville avec récupération d'énergie au freinage, et 25 kWh/ 100 km sur autoroute, voire beaucoup plus selon la déclivité du parcours et la façon de conduire.

Un trajet de quelque importance ne peut donc pas être envisagé sans avoir fait au préalable une évaluation de la consommation en fonction du trajet envisagé, et des conditions météo ; ceci nécessite évidemment de disposer des outils informatiques nécessaires, et de savoir s'en servir...

De plus, évidemment, il faudra identifier les points de rechargement disponibles, leur capacité à fournir la puissance nécessaire, leur disponibilité, le type de prise accepté, le coût d'utilisation, et bien sûr l'inévitable temps d'attente ( queuing ).

Ce « petit » inconvénient peut se révéler anxiogène pour un usager non prévenu et peu soucieux d'ajouter aux problèmes de la route celui de la panne sèche inopinée.

Une voiture comme la nouvelle Zoé embarque une batterie de 52 kWh.

La décharge d'une batterie au Lithium ne doit pas descendre en dessous de 5%, et la recharge rapide ne fournit que 80% de la capacité ( au-delà ce n'est plus de la charge rapide puisque le courant doit être fortement réduit pour éviter la détérioration des éléments, voire leur explosion).

La capacité utile disponible est donc de 39 kWh environ sur autoroute et charge sur bornes rapides.

La distance max possible entre deux recharges et à 130 Kmh sera donc d'environ 200 Km ( 19 kWh aux 100 km), dans le meilleur des cas, avec le pied léger et sans vent contraire.

Ce qui représente, pour faire 800 km, plusieurs arrêts et entre trois et quatre heures de recharge sur des bornes de 50 kW, sans compter les délais d'attente si les bornes ne sont pas immédiatement disponibles.

(Sans parler de la limitation du temps de charge à 30 minutes en cas d'affluence, ce qui devient carrément grotesque).

Voilà donc ce qui attend l'usager qui se risquerait à un tel voyage.

Nous sommes évidemment très loin des chiffres mirobolants affichés par certains dépliants publicitaires, qui n'hésitent pas à tutoyer le Saint Graal des 400 km avec une batterie de 50 kWh.

A ces problèmes d'autoroutes, il faut ajouter ceux de tous les jours, liés à l'absence d'un réseau de recharge digne de ce nom en agglomérations.

Il n'aura échappé à personne que les acheteurs de voitures neuves ne se sont pas précipités sur le tout électrique, malgré la prime mirobolante* accordée aux amateurs de sensations fortes.

Les petits inconvénients cités plus haut ne leurs ont donc pas échappé.

* 6 000 euros, soit plus de 50% du coût de fabrication du véhicule, du jamais vu dans les annales, et parfaitement insoutenable sur la durée. Ne correspond d'ailleurs à aucun modèle économique.

Les choses étant ce qu'elles sont, tous les constructeurs savent que la voiture électrique n'existera en volume qu'à deux conditions techniques :

D'une part monter une batterie d'au moins 120 kWh.

D'autre part disposer d'un réseau de bornes de recharge de 350 kW.

Auxquelles il faut ajouter une condition économique, le prix.

Nous sommes encore (très) loin du compte...

Il nous faudra donc encore faire avec le pétrole, en attendant que l'horizon électrique s'éclaircisse.

Mais il y a ces fichues normes Euro qui n'arrêtent pas nous embêter, comme dirait Volkswagen et tous les autres.

Surtout depuis l'entrée en vigueur (vigueur est vraiment le mot juste) du nouveau protocole WLTP et son acolyte le test complémentaire RDE.

Les constructeurs sont à la peine.

Ils savent évidemment que, transition énergétique oblige, la raison voudrait que l'automobile à pétrole disparaisse ou adopte un profil bas en réduisant drastiquement ses émissions de CO2 et de polluants gazeux et solides ne serait-ce que pour respecter les normes.

Ce qui suppose des modèles de performances modestes équipés de moteurs de faible puissance.

Mais leur survie commerciale exige des résultats financiers qu'ils ne savent obtenir que par une couverture généraliste de la demande des clients.

La voiture étant encore, et de loin, le principal marqueur social ( Il suffit de lire les publicités pour s'en convaincre), il existe un fort marché pour les « grosses bagnoles » et, heureux hasard ?, c'est sur ces modèles que les marges sont les plus élevées.

Les constructeurs qui veulent survivre doivent donc produire des engins que la morale écologiste réprouve, mais que les clients (certains) adorent.

Mais, encore faut-il homologuer ces véhicules .

Car on comprendra sans peine que des voitures de plus de deux tonnes avec des moteurs à pétrole de quatre cent chevaux, voire plus, émettent des quantités indécentes de CO2 et de polluants divers.

Pour recevoir la bénédiction des instances de Bruxelles, il faut donc trouver des astuces.

Qu'on se rassure, les « experts » ne sont pas à court et proposent aux constructeurs divers moyens de s'acheter une conduite.

(Il faut dire , pour ceux qui croiraient au Père Noël, que les moyens en question ont été « soufflés » aux rédacteurs des normes par les constructeurs eux-mêmes. On n'est jamais si bien servi...).

Les « trucs » sont connus depuis l'affaire qui a secoué la planète auto :

Il suffit de se mettre d'accord sur un protocole d'homologation « bon enfant » exigeant très peu de la motorisation et tolérant la suppression des accessoires énergivores, pour homologuer à peu près n'importe quoi.

Et, pour se garer des surprises avec les gros SUV cracheurs de CO2, il suffit de ne tenir compte que de la valeur moyenne du CO2 émis par l'ensemble des modèles d'un constructeur, les petites citadines et les électriques servant de cache-misère pour garder la moyenne en-dessous des 95 g/km fatidiques.

95 g qui deviendront bientôt 90g, dur dur...

Cela se passait ainsi avec le vieux protocole NEDC.

Mais, avec le protocole « Worldwide » , comme le rappelle le W de WLTP, plus question de faire sa petite cuisine en famille car les concurrents américains, japonais, et autres ? Auront vite fait de nous refouler, plus question de nouvelle affaire Volkswagen.

Ce nouveau protocole étant « un peu » plus exigeant que l'ancien, il va falloir trouver d'autres astuces pour continuer à vendre des voitures à moteurs thermiques.

L'astuce suprême consiste évidemment à arrêter de monter des moteurs thermiques pour se consacrer exclusivement à l'électrique, ce qui résout définitivement le problème des émissions, mais il faut oser.

Alors c'est la solution ceinture et bretelles qui a été choisie comme bouée de sauvetage possible, les hybrides PHEV sont apparues comme LA solution, au moins le temps de digérer le passage aux nouvelles normes.

Techniquement c'est la meilleure solution, compte tenu de la grande difficulté à assurer une autonomie suffisante à la voiture tout électrique, et à lui procurer un réseau de bornes à la hauteur des besoins.

Une « petite » batterie rechargeable pour circuler en ville sans polluer, et un moteur thermique raisonnable pour faire de la route.

Mais cela implique une double motorisation, donc un prix élevé, donc un marché réduit.

Et de plus se pose le problème du dosage entre capacité de batterie et puissance du moteur thermique.

Une batterie trop grosse rend l'objet invendable, et si elle est trop petite elle ne sert à rien.

Car il va falloir homologuer tout çà .

Une voiture hybride est un objet étrange, qui nous rappelle le chameau et l'âne attelés à la même charrue. Cela fonctionne paraît-il dans certaines contrées, mais avec des résultats exotiques.

Une voiture électrique, donc non émettrice de CO2 et de polluants, mais seulement sur quelques dizaines de kilomètres, qui devient une voiture à moteur thermique, avec tous les inconvénients que cela implique.

En usage, elle sera l'un et l'autre, ou l'un ou l'autre, selon ce qu'en fera son propriétaire.

Allez donc homologuer ce mouton à cinq pattes.

 

Pour éviter de compliquer les choses en définissant un protocole adapté à cet objet hybride, il fut décidé d'utilisé le même que pour les thermiques, mais avec des nuances dans le déroulement des cycles.

La description du procédé mis en œuvre est un peu sportive, mais en gros voici l'affaire :

le cycle WLTP est donc utilisé, mais en le répétant plusieurs fois jusqu'à épuisement de la batterie ; ensuite un autre cycle est effectué, mais avec le moteur thermique seul.

Le CO2 émis pendant tous ces cycles est mesuré, et moyenné sur l'ensemble des cycles.

On aura compris l'astuce :

Il suffit de monter une batterie de capacité suffisante pour pouvoir accomplir trois ou quatre cycles en tout électrique ( la récupération d'énergie au freinage est opérationnelle en électrique et en thermique) avant qu'elle ne soit « vide », pour obtenir une moyenne de CO2 acceptable même si le moteur thermique est un gros SUV à 250 gCO2/km.

La consommation d'énergie en tout électrique est de l'ordre de 11 à 12 kWh/100 km pour une voiture « normale » dans les condition du cycle WLTP, qui comprend environ 50% de conduite urbaine.

La distance parcourue durant un cycle est de 23,6 km.

Le test consiste à démarrer batterie pleine, en tout électrique, et de répéter les cycles jusqu'à vider la batterie et laisser le moteur th prendre le relais.

Il suffit donc d'une batterie de 14 kWh environ pour effectuer quatre cycles sans émettre le moindre CO2, ni autre chose d'ailleurs.

Le cinquième cycle est effectué sur le moteur thermique seul, ses émissions seront donc divisées par cinq , CQFD.

( 250 g CO2/km, divisés par cinq, font 50g, qui est le seuil du super bonus).

En vrai c'est un peu plus compliqué, mais c'est l'idée.

Plus astucieux tu meurs...

La capacité de la batterie doit être subtilement choisie : trop faible, cela entraînera un temps d'utilisation du moteur thermique trop élevé et les résultats du test seront moins bons ; trop forte, c'est le coût qui sera impacté, mauvais pour les affaires.

Il s'agit d'une cuisine de haut niveau qui ne tient pas compte des besoins réels de l'usager, mais plutôt de la réussite au test d'homologation.

Par exemple, Peugeot annonce sans rire une consommation « homologuée » de 1,3 L/100 km et 29 g CO2/km pour la 508 ; La batterie, peaufinée pour le test WLTP, fait 11,8 kWh, admirez la précision.

On nage en plein délire...

Il est évident que ce procédé d'homologation est taillé sur mesure pour permettre l'admission de véhicules qui n'ont rien à faire sur nos routes.

On voit bien qu'il s'agit du jeu du chat avec la souris, le chat étant les différents seuils limites d'émissions et l'organisation du protocole, la souris étant la voiture tâchant de se faire homologuer.

Ceci est une situation manifestement précaire, qui ne peut durer bien longtemps.

Quel sens y aurait-il à l'homologation d'un gros SUV, sachant qu'il sera utilisé majoritairement sur route, donc avec des émissions largement supérieures aux chiffres dont on nous rebat les oreilles à longueur de magazines en témoignages des efforts pour la Planète ?

Il serait bon que l'on décide une fois pour toutes quel est le but recherché par cette homologation : Soit on cherche à minimiser les émissions en ville, en se moquant des émissions sur la route, ce qui conduit à purifier l'air des villes en négligeant la pollution hors ville.

Soit on s'attaque globalement aux émissions de CO2, et dans ce cas le concept actuel d'hybride PHEV ne convient pas puisqu'il admet des moteurs thermiques très polluants en usage normal hors de la cité.

Le système actuel n'est qu'une triste plaisanterie.

Il n'est pas surprenant que la transition énergétique génère des bouleversements dans tous les domaines. Les automobiles n'échapperont pas à la règle, le petit jeu des normes n'est qu'un hors d’œuvre avant l'arrivée des outsiders que sont la pile à combustible, l'hydrogène, et le biogaz qui pourrait redonner une nouvelle vie au moteur thermique.

 

On n'a pas fini d'en reparler ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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22 décembre 2019 7 22 /12 /décembre /2019 16:10

La COP 25, certificat de décès de la transition énergétique ?

22 Décembre 2019

Les prêches de la jeune Greta devront revêtir désormais la tournure d'une oraison funèbre, si l'on en croit le peu d'enthousiasme manifesté par les participants au raout de Madrid.

Il est vrai que certains décideurs, et non des moindres, ne sont pas encore convaincus de la responsabilité du CO2 dans le réchauffement climatique.

Dans une société bâtie sur la mondialisation d'une économie libérale hissant la finance à la hauteur d'une religion, les hommes politiques, donc en théorie les décideurs, sont nécessairement mercenaires des puissances de l'argent.

Dans une armée, on peut tolérer des mercenaires à condition d'avoir un encadrement dévoué à la cause des buts définis.

Mais si les dirigeants sont eux-mêmes des mercenaires, ils défendront leur propre cause et oublieront leur mission originale.

L'économie libérale et mondialisée s'est bâtie sur un principe d'airain qui est la recherche de la rentabilité financière du capital investi, dans les délais les plus courts.

« Prends l'oseille et tire-toi » comme il disait en d'autres temps.

Pour opérer une transition énergétique et adopter des comportements écologiques préservant l'environnement, ce principe ne convient pas ; il faudra investir, mais le gain sera pour nos descendants, ce qui n'est pas dans l'ADN des détenteurs de capitaux, qui évaluent l'intérêt d'un projet à sa valeur « actualisée », et non pas à sa valeur future pour le bien public et les générations suivantes.

Ce qui explique l'échec constaté, et entériné par la COP25 qui démontre que, malgré les exhortations d'une charmante suédoise, il est impossible de mettre en œuvre des actions coûteuses dont la rentabilité est à très long terme et de plus ne s'exprime pas en terme de gains financiers.

Vouloir préserver l'environnement et les conditions de vie de nos descendants, c'est un bon sentiment, mais qui n'intéresse pas un financier qui recherche le gain immédiat.

Or, il s'agit de dépenser l'équivalent de dizaines de milliers de Milliards de Dollars puisqu'il nous faut à la fois, à l'échelon planétaire, fabriquer des énergies de remplacement des fossiles, modifier ou remplacer les procédés et machines pour les adapter aux nouvelles énergies, développer de nouvelles approches des utilisations de celles-ci afin de réduire drastiquement les besoins selon le principe de parcimonie, mettre en place des mesures de mitigation des risques liés au changement climatique désormais inévitable, mettre en place des mesures planétaires de protection de l'environnement et de la biodiversité, mettre un terme au pillage des ressources de la Planète, accompagner les pays en voie de développement pour un progrès soutenable, prendre des dispositions pour accueillir les réfugiés climatiques, gérer l'accroissement de la population du globe, etc, etc...

Seuls des Etats peuvent engager ce type d'investissements à très long terme, à condition d'en avoir les moyens et, s'agissant d'une menace planétaire, seul un gouvernement planétaire pourrait gérer l'ensemble des menaces avec un minimum de cohérence.

Un tel gouvernement n'existe pas, et peut-être n'est-il pas souhaitable, pour diverses raisons qui n'ont rien à voir avec le réchauffement climatique.

(Il se pourrait que l'indice de démocratie varie à proportion inverse de la dimension des Etats)

L'ONU émet des recommandations qui sont à peine plus considérées que les exhortations de Greta.

Le GIEC est inaudible en tant que prescripteur, ses « résumés à l'intention des décideurs » sont des bouteilles à la mer lancées sans grande illusion quant à la réalité de l'existence même de ces « décideurs ».

Les COP n'amusent plus personne, leurs rapports ne font que traduire une indécision généralisée, et mettent en valeur des conflits d'intérêts stérilisants.

Alors, faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?

Certainement pas, car il existe beaucoup de raisons de conserver un optimisme prudent (mais non pas béat), à condition de redescendre sur terre et cesser de prendre ses désirs pour des réalités.

Il s'agit quand même ni plus ni moins que de bouleverser le fonctionnement de la société mondiale dans toutes ses structures ; la liste citée plus haut n'est qu'un résumé des tâches qui nous attendent.

Or, quand on voit le temps qu'il faut pour « simplement » modifier le système de retraite dans un pays développé parmi les plus prospères, on imagine sans peine que la réorganisation du monde prendra un certain temps.

La transition énergétique fait partie de ces mutations qui ne se décrètent pas.

Aucun résultat significatif ne pourra être obtenu tant que les énergies fossiles seront disponibles en quantités et pour un prix raisonnables, ce qui peut nous conduire au-delà de la fin du présent siècle si l'on en croit les données sur les réserves encore exploitables.

Essayer de détourner les utilisateurs de ces énergies par une taxation dissuasive ne peut être efficace qu'à la condition de leur proposer une ou des solutions de rechange à la fois disponibles et d'un coût raisonnable, sous peine de rajouter une grave crise économique à la crise climatique, achevant ainsi le malade que l'on prétend soigner.

Il n'aura échappé à personne que ces solutions de remplacement n'existent pas aujourd'hui, il s'en faut de beaucoup.

(Le tapage médiatique autour de la voiture électrique ne peut cacher le caractère confidentiel de ce nouveau marché).

De plus, ces solutions décarbonées doivent respecter les impératifs de la transition écologique, notamment la protection de l'environnement, l'arrêt du pillage des ressources de la Planète, la lutte contre la déforestation, le traitement des déchets, le recyclage, sans omettre la faim dans le monde et la gestion des ressources en eau.

Ce qui est loin d'être le cas.

( Voir huile de palme, déforestation, extraction du Lithium, consommation d'eau, pollution des océans, pillage des ressources halieutiques,…).

Enfin, le développement des solutions de remplacement des fossiles ne doit pas se traduire par une autre dépendance, par exemple concernant les éléments rares, d'où pourrait résulter une vulnérabilité par épuisement de la ressource et/ou création de conflits d'intérêts générateurs d'affrontements.

 

En attendant une hypothétique prise de conscience planétaire, les pays qui en ont les moyens s'efforcent de mettre en œuvre des moyens de production d'énergie propre afin d'une part d'acquérir un savoir-faire qui sera indispensable le moment venu, et d'autre part de se donner des moyens industriels pour conquérir des marchés lorsque la demande deviendra significative.

En France, la transition énergétique n'est pas la première priorité, même si on peut le regretter.

Plusieurs raison à cet attentisme :

L'électronucléaire et l'hydroélectrique fournissent déjà l'essentiel de notre électricité décarbonée, et probablement encore pour longtemps. Les rumeurs de réduction de la part du nucléaire ne sont jusqu'à présent que de vagues promesses.

Quant au remplacement des fossiles dans les besoins autres que l'électricité, l'activité se borne à réduire l'utilisation du charbon, remplacer le fuel par du Gaz quand c'est possible, et surtout inciter à réduire la demande par une meilleure utilisation de l'énergie.

Enfin, les engagements pour des projets très ambitieux sont limités par la situation budgétaire qui conduit à une dette publique de 2 400 Milliards d'euros, qui interdit pratiquement tout projet de quelque ambition à l'initiative et avec la participation significative de l'état.

Dans ce contexte, l'essentiel de l'activité de l'état consiste à tirer des plans sur la comète en planifiant un monde idéal pour après-demain, faute de pouvoir réaliser un monde vivable pour demain en s'y mettant aujourd'hui.

N'est-ce pas prendre ses désirs pour des réalités, que de confondre la carte et le territoire ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 19:08

 

16 Décembre 2019

L'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence, décidée par Bruxelles et imposée aux états membres, a suscité bien des convoitises en France.

Le gâteau est alléchant : 500 TWh à se partager, 35 Millions de clients, plusieurs dizaines de Milliards d'euros par an, avec de belles perspectives de croissance, eu égard aux nouveaux besoins liés à la transition énergétique.

Ce nouveau marché concurrentiel fut organisé en 2010 par la Loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l'Electricité) .

Auparavant l'énergie électrique était fabriquée essentiellement par EDF, et quelques ELD (Entreprises Locales de Distribution); le mix électrique étant constitué de 75% d'électronucléaire, 10% d'hydroélectrique, et 15% de thermique (Gaz naturel, Fuel, Charbon), pour une production d'environ 530 TWh en tenant compte des pertes dans le réseau de distribution.

Cette structure monopolistique, sous la tutelle de l'Etat, fut en son temps mise sur pied avec l'objectif de donner à la France son indépendance énergétique, au moins pour l'électricité, qui ne se stocke pas comme les autres formes d'énergie.

L'objectif a été atteint, la France est même devenue exportatrice d'électricité.

Les temps ont changé, Bruxelles décide aujourd'hui ce qui est bon pour la France, y compris dans les secteurs stratégiques dont fait partie le service public de l'électricité.

Exit donc la stratégie énergétique française, l'heure est au grand marché européen au sein duquel doit s'exercer une concurrence « pure et parfaite ».

Depuis 2010 donc la France est tenue d'accueillir des fournisseurs alternatifs (FA) qui se positionneront en concurrents de EDF.

Même si l'ouverture du marché français est alléchante, il n'est pas simple de se frotter à la grosse machine EDF qui contrôle non seulement la fabrication de l'électricité, mais aussi sa distribution et la gestion du réseau à travers ses filiales RTE et ENEDIS.

Pour permettre à une concurrence de s'établir, la décision fut prise d'obliger EDF à céder à ses futurs concurrents une part de son électricité nucléaire au prix coûtant, au motif que le parc nucléaire appartient à la collectivité, devenu une sorte de bien public, un peu comme les barrages hydroélectriques.

Non seulement on leur offre un marché sur un plateau, mais en plus on dépouille EDF qui devient de fait une proie affaiblie.

Après analyse des coûts de l'électricité nucléaire, et avis de la Cour des Comptes,

le tarif ARENH (prix de session aux FA) a été fixé à 42 euro/MWh.

Ce prix est demeuré constant depuis 2012.

(Ce qui, entre parenthèses, en dit long sur le soi-disant coût exorbitant de l'électricité nucléaire).

Pour éviter tout de même le pillage de la maison EDF, un plafond fut fixé à 100 TWh/an, à partager entre les prétendants, selon des critères bien définis.

Les candidats concurrents de EDF avaient donc trois possibilités pour se procurer la précieuse énergie :

Soit la fabriquer soi-même.

Soit l'acheter sur le marché libre européen ( Epex spot ou à terme).

Soit acheter une part du quota de 100 TWh mis à disposition par EDF à prix fixe de 42 euro/MWh.

Fabriquer de la bonne électricité ex-nihilo coûte cher, très cher, mais on peut l'acheter sur le marché libre européen, dont les cours fluctuent comme tout produit énergétique.

Les candidats fournisseurs alternatifs doivent respecter un cahier des charges bien sûr technique, mais aussi concernant le respect lié à l'obligation de service public, notamment les garanties de capacité, et l'origine de l'électricité injectée sur le réseau.

En fait les trois options sont sollicitées, selon les ambitions et les moyens des candidats, et bien sûr selon la part ARENH obtenue, le prix sur le marché libre servant de régulateur.

Chaque prétendant doit présenter son dossier en fin d'année courante pour l'année suivante ; il est retenu, ou pas, selon des critères sévères.

La demande d'électricité ARENH dépend évidemment du cours du MWh sur le marché européen.

Jusqu'en 2017 il était possible de trouver au marché de gros européen des MWh moins cher que le tarif ARENH. Le quota de 100 TWh était alors suffisant.

Mais en 2018 et 2019 les cours ont augmenté au-delà du tarif ARENH, demandes l'électricité ARENH ont augmenté fortement jusqu'à dépasser largement les 100 TWh alloués. On parle de 150 TWh.

Dans ce contexte, les concurrents de EDF demandent une augmentation du quota ARENH, et ils auraient bien tort de se priver puisqu'ils font d'une pierre deux coups :

D'une part ils se procurent de l'électricité  à bas coût, ce qui leur permet d'accroître leur part de marché, et d'autre part ils torpillent EDF en le dépouillant de sa production, ce qui constitue une première mondiale en matière de « modèle » économique, une innovation stupéfiante qui fera date dans les programmes des écoles de commerce.

Il est évident qu'un tel système ne peut perdurer sans mettre en péril l'opérateur historique.

Ce que l'Etat, à l'origine du dispositif ARENH, ne peut pas ignorer puisqu'il est lui-même « patron » de EDF en tant qu'actionnaire très majoritaire (plus de 83%).

L'Etat aurait la volonté de détruire la citadelle EDF qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

Pour la remplacer par quoi ?

Le projet HERCULE nous éclaire sur cette stratégie du pélican :

En très gros il s'agirait de re-nationaliser l'électronucléaire, et de privatiser le reste.

Le reste étant constitué des énergies renouvelables et des centrales thermiques à gaz.

L'inconnu étant le sort réservé à l'hydroélectrique des grands barrages, qui pourrait subir le même destin que le nucléaire.

Ce jeu de chaises musicales (des chaises à plusieurs dizaines de Milliards), s'il est mis en œuvre, aura un impact majeur sur l'avenir du marché de l 'électricité en France.

Pour le consommateur, le risque est de voir le prix du kWh s'envoler, et ceci dès 2020.

Et le Linky n'y sera pour rien...

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 18:36

L'Hydrogène et l'électricité, les deux font la paire ?

10 Décembre 2019

L'intérêt porté à la transition énergétique est à proportion de l'élévation de la température et de l'importance et la fréquence des catastrophes climatiques.

Autant dire qu'il y a le feu au lac car ces « indices d'affolement » sont au rouge un peu partout.

Il n'est désormais plus question de se « contenter » de stabiliser le taux de CO2 atmosphérique à sa valeur actuelle de 410 ppm, car cette valeur est au-delà du seuil acceptable si l'on en croit ses effets délétères déjà constatables et abondamment documentés sur les média.

La stabilisation du taux n'est plus de mise, Il nous faut impérativement le faire baisser.

La neutralité carbone demeure bien sûr la première étape indispensable, mais ce n'est plus la seule stratégie idoine, ce qu'il faut maintenant en plus, c'est faire disparaître une partie du CO2 atmosphérique pour retrouver l'air d'antan.

Ce vaste programme concerne tous les usages des énergies fossiles, et en particulier les applications de mobilité : transports routiers, aériens, maritimes, fluviaux, engins de chantiers et de manutention.

Bref, tout ce qui bouge sauf les trains déjà électrifiés.

 

Pour la mobilité, le choix naturel pour initier le basculement fut l'électricité, historiquement favorisé par l'usage séculaire des moteurs électriques, l'existence d'un réseau de distribution d'électricité dense et puissant, et par les progrès réalisés dans le domaine des batteries.

Malgré la concurrence persistante des véhicules à moteurs thermiques s'appuyant sur des solutions techniques éprouvées et un marché de masse, le véhicule électrique a apporté la preuve de son efficacité, de sa fiabilité, et de son aptitude à satisfaire le cahier des charge automobile.

Cependant les batteries constituent encore un point faible de ces véhicules, même si des progrès significatifs sont attendus dans les domaines du poids, encore excessif, des coûts de la technologie, et de son impact sur l'environnement (Empreinte Carbone, pollution) .

Pour ces grosses batteries, il reste un domaine qui ne pourra pas être amélioré, c'est le temps de rechargement.

Une autonomie comparable à celle d'un véhicule thermique standard, dans des conditions normales de conduite et de chargement, ne peut être obtenue qu'avec une batterie de 150 kWh.

La recharge d'une telle batterie en un temps comparable à celui nécessaire pour un plein de carburant liquide, nécessite un chargeur d'une puissance de 1,8 MW !!!

La recharge simultanée de seulement 0,1% du parc de VP dans ces conditions appellerait une puissance équivalente à celle du parc nucléaire français.

De telles puissances sont donc inenvisageables pour un usage collectif c'est-à-dire de masse, et donc il faudra accepter la contrainte d'une autonomie réduite ou d'un temps de chargement beaucoup plus long, une heure sur des bornes de 150 kW, ou trois heures sur les bornes actuelles de 50 kW !!!.

Et ceci quels que soient les progrès qui pourraient être réalisés sur les batteries.

Des tentatives de créer un service d'échange standard de batteries, une vide contre une pleine, furent réalisées mais sans succès eu égard aux problèmes de compatibilité des différents modèles et à la lourdeur du système.

Le problème reste donc entier.

Ces problèmes d'autonomie et/ou de temps de rechargement, inhérents au concept même de voiture électrique à batterie, laissent penser qu'il y a place pour une autre technologie électrique utilisant un autre procédé de stockage d'énergie.

On parle bien sûr du carburant Hydrogène associé à une pile à combustible.

Il s'agit toujours d'une voiture électrique, mais dans laquelle l'énergie est contenue dans une bouteille de gaz comprimé, de l'Hydrogène essentiellement, l'électricité étant restituée par une pile à combustible.

De telles voitures circulent déjà, démontrant la validité du concept, qui apporte deux avantages considérables :

Une autonomie largement supérieure à celle des modèles à batterie, et surtout un temps de recharge des bouteilles de quelques minutes seulement.

Mais ce concept n'est pas non plus exempt d'inconvénients, voire de défauts :

L'Hydrogène est la plus petite molécule gazeuse et, sous haute pression (on parle de 300 Bar), les fuites sont possibles. Le risque d'incendie et/ou d'explosion est donc à prendre en compte, car il est supérieur à celui des carburants classiques.

D'autre part il n'existe pas de réseau de distribution d'Hydrogène comparable au réseau RTE d'électricité, ce qui est évidemment un frein plus que sérieux au développement d'un marché autre que de flottes captives.

Enfin, non seulement il n'y a pas de réseau, mais il n'y a pas non plus d'Hydrogène vert, seul admissible évidemment dans ce cas.

(Aujourd'hui l'Hydrogène est obtenu à partie des fossiles).

On pourrait ajouter un rendement énergétique inférieur à la solution batterie, puisque la chaîne énergétique Hydrogène comprend des étapes supplémentaires qui introduisent des pertes.

La filière du véhicule à Hydrogène comprend encore des étapes à peine entrées dans la phase initiale d'industrialisation ; donc un retard important à rattraper.Contrairement au moteur électrique, dont la technologie est très au point depuis longtemps, la pile à combustible est encore une sorte de mouton à cinq pattes dont la technologie est en pleine évolution et pour laquelle il n'existe pas encore de modèle économique pour la grande diffusion.

Tous ces inconvénients constituent un fardeau lourd à porter pour arriver à faire de la voiture à Hydrogène un objet d'usage généralisé.

Mais, pour les applications où l'on recherche grande autonomie et faible temps de rechargement, c'est aujourd'hui le seul substitut possible à la grosse batterie.

Heureusement, la mobilité électrique n'est pas le seul usage possible de l'Hydrogène. L'industrie est aujourd'hui le principal utilisateur et devra se convertir à l'Hydrogène vert. Un autre usage, encore plus important, est le stockage de compensation de l'intermittence des renouvelables, par l'intermédiaire de l'électrolyse, une partie de l'hydrogène produit étant injecté dans le réseau de distribution du gaz, l'autre partie étant reconvertie ensuite en électricité verte par une pile adéquate.

Le couple Hydrogène vert + Electricité verte a donc un avenir assuré, même s'il est aujourd'hui un peu occulté par l'omniprésence des fossiles qui écrasent toute tentative de progrès vers une transition pourtant inévitable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 16:05

4Décembre 2019.

 

Le vingt-et-unième siècle a-t-il encore un avenir ?

L’accumulation des obstacles à la poursuite de l’épanouissement de notre civilisation dite occidentale, et notre incapacité à trouver le début du commencement de solutions pour éliminer au moins quelques-uns d’entre eux, permet d’en douter.

Plutôt que d’épanouissement, certains n’hésitent pas à parler d’effondrement (la « collapsologie » est à la mode) et préconisent la recherche de solutions pour « sauver les meubles » avant qu’il soit trop tard.

 

Les oraisons éjaculatoires de la prophétesse Greta sont légitimes en ce sens qu’elles préfigurent la colère de la génération qui devra subir les conséquences de notre inaction.

Il nous reste à espérer qu’elles auront plus d’effet sur le réchauffement climatique que celles de la jeunesse de Mai 68 n’en eurent sur les structures de notre société, sur lesquelles il y aurait beaucoup à dire.

 

Il faut dire que, pour qui se préoccupe un tant soit peu de l’avenir de l’espèce humaine, l’époque n’incite pas à l’euphorie. Découvrir qu’à force d’aller dans le mur on finit par y arriver, et qu’on n’est pas équipés pour le franchir, génère une certaine anxiété quant à la suite des événements.

 

En grattant un peu on découvre que, derrière l’affaire des GES, se cache un véritable cancer qui ronge insidieusement tous les rouages de notre civilisation.

Contrairement à la précédente « affaire » de gaz toxiques pour la couche d’ozone, qui fut résolue naguère sans faire trop de vagues, la lutte contre le CO2 des combustibles fossiles s’annonce autrement meurtrière pour de nombreux secteurs de notre société technologico-économique qui devront se remettre en question, ou disparaître.

 

Certes, il existe bien d’autres raisons de s’inquiéter quant au sort de l’Humanité, la liste en serait longue, mais le GIEC a désigné le CO2 anthropique    responsable principal de l’accroissement de l’effet de serre et donc de toutes les conséquences résultantes.

C’est donc le CO2 anthropique qu’il nous faut combattre, mais sans pour autant négliger les autres causes de calamités, tant il est vrai que la régulation du climat de la planète n’est pas la seule condition de survie de l’Humanité telle que nous la concevons aujourd’hui.

(D’autres humanités sont concevables, sur d’autres bases, mais ceci est une autre histoire…)

 

S’attaquer aux combustibles fossiles c’est poser le problème de l’énergie, qui constitue l’unique pilier sur lequel repose tant bien que mal notre économie,  c’est-à-dire notre civilisation, puisque les deux sont hélas confondus de nos jours.

 

La démarche la plus élémentaire, la plus naïve dirions-nous, dont certains n’ont pas hésité à faire leur cheval de bataille, consiste à réduire drastiquement notre consommation d’énergie pour atteindre un niveau de besoins pouvant être satisfait par les moyens « naturels » dont nos ancêtres disposaient avant l’exploitation des sources fossiles.

Oui, vous savez, la biomasse (Bois, bouse de vache, huile de baleine), la traction animale, la force des bras, le vent dans les voiles des navires et les ailes des moulins, le pousse-pousse, la roue à aubes, le treuil à tympan (cage d’écureuil), le halage des péniches, la noria, et bien d’autres engins ma foi assez efficaces mais de portée modeste, quoi que...

Ce retour aux sources est évidemment cité pour mémoire ; il est parfaitement inapplicable dans l’état actuel du Monde et de ses sept Milliards d’habitants dont les trois quart sont avides d’accéder au niveau de « vie » du quart nanti.

D’ailleurs on ne voit pas très bien comment freiner l’appétit des pays en voie de développement, ni celui des six Milliards d’Humains supplémentaires qu’il faudra accueillir d’ici le milieu du siècle.

Cependant ces moyens rustiques demeurent l’essentiel des sources d’énergie d’une grande partie de l’Humanité, dont le niveau de vie peu enviable devrait être dissuasif pour ceux parmi les nantis qui auraient envie d’y revenir…

 

Donc il n’est pas question de couper le robinet des sources fossiles sans proposer une ou des sources de remplacement, ce qui demandera beaucoup d’efforts, de temps, et d’argent.

Aujourd’hui la stratégie mise en œuvre comprend deux volets :

D’une part, tâcher de freiner la croissance de la consommation des fossiles grâce à une meilleure utilisation de l’énergie (chasse au gaspi), et d’autre part développer la production d’énergies renouvelables décarbonées ou à carbone recyclable.

Des résultats ont certes été obtenus, mais encore sans effet sur la croissance de la consommation d’énergies fossiles, qui continue de progresser, tant la demande est forte.

 

Mais, quoi qu’il arrive, notre survie dépendra de notre capacité à réduire nos besoins énergétiques, quelle qu’en soit la source, car désormais l’énergie ne sera plus distribuée à guichet ouvert.

 

Concrètement le mot d’ordre est donc d’apprendre à nous passer de ces combustibles fossiles, cette démarche étant de toutes manières indispensable à moyen/long terme puisque ces combustibles auront disparu lorsque les réserves seront épuisées, ce qui se produira avant la fin du présent siècle, au moins pour le pétrole.

Alors autant apprendre à s’en passer le plus rapidement possible.

 

Mais alors, diront certains, quelle est la vraie motivation de la transition énergétique, combattre l’effet de serre ou pallier l’épuisement des fossiles ?

En fait les deux évidemment, mais avec des calendriers différents :

 

L’effet de serre, c’est déjà aujourd’hui selon le GIEC/IPCC, qui est la seule instance internationale reconnue détentrice de la vérité scientifique en matière de changement climatique, même si certaines de ses conclusions sont contestées par une minorité.

Alors que l’épuisement des fossiles, ce n’est encore qu’une menace à moyen/long terme, mais qu’il faut déjà prendre en compte pour ne pas être pris de court le moment venu. L’échéance reste relativement lointaine, quelques décennies, voire plus pour le gaz, et beaucoup plus pour le charbon.

(Mais nous ne sommes pas à  l’abri d’une crise des approvisionnements, causée par quelque événement géopolitique, comme déjà vu dans le passé).

 

L’effet de serre et l’épuisement des fossiles sont donc bien deux problèmes certes liés, mais qui peuvent (qui doivent) être traités différemment.

 

Selon la Doxa du GIEC, la lutte contre l’effet de serre est donc l’urgence absolue.

Or les énergies renouvelables ne sont pas prêtes à remplacer ex-abrupto les fossiles, pas plus que les applications ne sont prêtes à basculer leurs sources d’énergie sur on ne sait pas très bien quoi (Electricité ? Bio Méthane ? Hydrogène ? Biomasse ? Biocarburant ?).

La seule chose faisable à court/moyen terme, c’est mieux gérer l’utilisation des fossiles (Rendements améliorés, Cogénération, récupération de chaleur fatale, isolation des applications de chaleur, etc…) afin de limiter la croissance du CO2, et passer progressivement aux renouvelables selon leur disponibilité et leur coût.

L’évolution de la consommation d’énergies fossiles dépendra donc d’une part de l’évolution de la demande mondiale, mais aussi de l’évolution de la production d’énergies renouvelables, et de l’adaptation des usages de l’énergie à ces nouvelles sources.

 

Aujourd’hui il est impossible d’établir un calendrier pour ce grand basculement. Trop de facteurs géopolitiques influent sur les choix des différentes régions du Monde et leurs capacités d’investissement, personne ne sait ce qu’il adviendra de l’électronucléaire dans l’avenir, ni quel sera l’évolution du coût des énergies fossiles, et surtout quelle sera l’évolution réelle du climat des prochaines décennies, la hausse constatée des températures étant un facteur déterminant de la prise de décision.

 

Toutes ces incertitudes conduisent certains prévisionnistes à considérer que les énergies fossiles ont encore de « beaux » jours devant elles, et qu’il faudra compter avec elles au moins jusqu’à la fin de ce siècle.

Certes leur part sera progressivement réduite, mais elles peuvent encore satisfaire 50% des besoins à l’horizon 2050, ce qui demeure très considérable eu égard aux énormes quantités de CO2 qui lui seront associées.

 

Dans ces hypothèses, hélas vraisemblables, il est essentiel de ne pas prendre ses désirs pour des réalités.

Non, ce n’est pas quelques milliers d’éoliennes qui suffiront à régler le sort des fossiles. Ils sont encore là pour longtemps.

Les exhortations des gourous de l’écologie ne suffiront pas à freiner l’effet de serre dès lors que les énergies fossiles continueront d’être largement utilisées.

(Et d’ailleurs, qui pourrait en interdire l’usage ?).

Il faudra alors s’attendre à un accroissement significatif du taux de CO2 atmosphérique et donc à une augmentation de température qui pourrait dépasser largement les +2 °C fixés ( ?!!) comme limite tolérable, pour atteindre voire dépasser les +6°C prévus par les modèles les plus pessimistes.

 

Il devient alors nécessaire de sortir du temps des discours et des engagements jamais tenus, et cesser de cacher les vrais problèmes sous le tapis pour  mettre en œuvre des solutions adéquates.

Le vrai problème est que les émissions de  CO2 fossile vont perdurer jusqu’à l’épuisement des réserves.

La vraie solution est de renvoyer ce carbone d’où il vient, c’est-à-dire dans le sous-sol, par les moyens les plus appropriés. 

Heureusement les gens sensés sont conscients de ce problème depuis des décennies, et de nombreux programmes sont en cours pour identifier les procédés raisonnablement utilisables sans trop de dégâts collatéraux.

 

Que l’on ne s’y trompe pas, l’élimination du CO2 fossile est aussi importante que celle des déchets nucléaires sinon plus, car les dégâts causés par une température excessive seront visibles dès la fin du présent siècle si l’on n’y remédie pas dès maintenant.

La technologie CSC (Capture et Séquestration du Carbone) revient donc sur le devant de la scène car elle seule pourra faire baisser significativement les émissions.

Cette technique ne peut être efficace que lorsque les sources de CO2 sont localisées, dans des fumées d’usines, des centrales électriques, ou des centrales de chaleur  par exemple, où le CO2 se trouve rejeté à forte concentration. Elle est donc adaptée aux installations fixes de fortes puissances.

Les engins mobiles n’y sont pas adaptés, ils devront se convertir à d’autres sources d’énergie renouvelables comme l’électricité verte, l’Hydrogène vert, la bio masse, le Bio Méthane, ou tout autre biocarburant de seconde ou troisième génération.

Cette conversion est aujourd’hui amorcée par la réglementation sur la limitation des émissions de CO2 des moteurs thermiques, avec des résultats encourageants mais aussi des difficultés à adapter les infrastructures au changement d’énergie.

Convertir plusieurs Milliards de véhicules à l’électricité est une entreprise colossale dont le succès n’est absolument pas garanti à court/moyen terme.

 

Un autre obstacle vient ralentir la mise en œuvre de l’enfouissement du CO2, c’est l’opposition des populations locales, car l’innocuité de la méthode n’a pas été démontrée sur la durée (plusieurs siècles, avec des risques liés aux fuites).

Par ailleurs les associations écologiques sont également opposées, au motif que l’enfouissement du carbone est un encouragement à l’utilisation des fossiles, ce qui n’est pas tout à fait faux.

 

La prise de conscience du caractère illusoire des méthodes « classiques » préconisées pour réduire les émissions de CO2, conduit aujourd’hui à revenir à la méthode du « retour à l’envoyeur » qui consiste à renvoyer dans le sol ce gaz indésirable.

Gageons que d’importants crédits seront débloqués pour reprendre les travaux de CSC, qui n’auraient jamais dû être mis en sommeil comme ce fut le cas trop souvent.

 

La transition énergétique nécessite des investissements colossaux dont la rentabilité n’est pas celle qui est attendue par notre système actuel d’économie  libérale qui n’admet que le profit financier, alors que notre survie recherche plutôt le profit humain.

Constat résumé par Jean Jouzel à la veille de la COP25 :

« Le Capitalisme ultra-libéral n’est pas compatible avec la défense du climat »

 

Que dire d’autre ?…

 

 

 

 

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10 novembre 2019 7 10 /11 /novembre /2019 11:51

10 Novembre 2019

Au siècle dernier, le développement des installations électronucléaires a permis de disposer d'une production électrique à la fois abondante et stable. Elle a conduit entre autres à promouvoir le chauffage électrique et donc à réduire notre consommation de fioul et de Gaz naturel, produits sensibles depuis les crises pétrolières que nos anciens ont encore en mémoire.

Le déploiement de ce type de chauffage a créé un problème de capacité du réseau à répondre à la demande de puissance ; il a donc fallu effectuer des travaux de renforcement des câbles et des transformateurs, ce qui fut fait en son temps.

Mais il subsiste néanmoins le problème de la très grande variabilité de la demande de puissance électrique, avec des amplitudes infra-journalières et saisonnières qui ne peuvent être satisfaites que grâce à un parc de production dont la puissance installée doit être largement supérieure à la puissance moyenne qui serait nécessaire si la demande était mieux maîtrisée.

Jusqu'à présent, la gestion du réseau consistait à fournir à chaque instant l'énergie électrique demandée par les clients.

Cette largesse, voulue par le Gouvernement afin de ne pas entraver la croissance économique par une pénurie d'énergie, fut rendue possible grâce au développement d'un parc électronucléaire considérable complété de moyens hydroélectriques de grande ampleur et d'un parc de centrales thermiques pour fournir les pointes de consommation.

Cette politique, car il s'agissait bien d'une politique, nous a conduit à devoir construire un parc de production électrique d'une puissance installée de 130 GW* afin de pouvoir faire face à des pics de demande dépassant parfois des 100 GW, alors que la puissance moyenne soutirée n'est « que » de 57 GW.

Et ce n'est pas tout à fait un hasard si la puissance disponible du parc nucléaire est précisément de 57 GW, pour une puissance installée de 63 GW.

( Notons au passage que la puissance installée du parc nucléaire n'est que la moitié de la puissance installée totale du parc).

*En effet, au gré des besoins des clients, la puissance demandée varie entre 30 et 90 GW avec des pointes extrêmes à 100 GW.

Le nucléaire et l'hydraulique ne suffisant plus à satisfaire des besoins de pointe toujours croissants, il a fallu ajouter des centrales thermiques à combustibles fossiles.La puissance installée n'est jamais disponible à 100% ; il faut tenir compte du facteur de charge lié aux opérations de maintenance et au caractère intermittent de certaines sources comme l'hydraulique, l'éolien et le solaire.

Mais les temps ont changé, rendant cette gymnastique intenable, ceci pour plusieurs raisons:

D'une part, la perspective de devoir arrêter la production d'électricité nucléaire sans pouvoir la remplacer par des centrales thermiques à combustibles fossiles, crée une situation entièrement nouvelle dans laquelle il faudra gérer le réseau sans disposer de centrales de base pilotables.

L'essentiel des futures sources d'énergie, Eolienne, Solaire, Hydraulique, sont en effet inaptes à une production de base et ne sont pas pilotables car leur intermittence échappe à tout contrôle.

Lorsque ces énergies deviendront majoritaires, la gestion du réseau ne pourra plus se faire en pilotant la production ; il faudra donc piloter la demande, ce qui constituera une révolution dans le secteur de la distribution d'énergie.

Révolution qui sera mal acceptée par les consommateurs habitués au régime actuel « open bar ».

D'autre part, jusqu'à une époque récente, la production électrique était de type centralisée avec des centrales de très forte puissance gérées essentiellement par EDF, et quelques ELD (Entreprises Locales de Distribution) .

Ce système va disparaître avec le remplacement des grosses centrales par une multitude de points de production détenus par des nouvelles entreprises, concurrentes de EDF, et un très grands nombre de particuliers et de collectivités locales.

Le réseau de distribution, disposé en étoile à l'origine, devra s'adapter aux nouvelles exigences, notamment au caractère bidirectionnel des échanges. Il s'agira d'un réseau maillé avec de l'intelligence distribuée.

Ensuite, la prépondérance des énergies renouvelables intermittentes va générer deux types de problèmes supplémentaires : le besoin de capacités de stockage de masse d'électricité, et le besoin de compenser l'intermittence locale par l'effet de foisonnement des productions européennes, ce qui conduit à augmenter considérablement les capacité d'échanges transfrontaliers.

Enfin les nouvelles applications de mobilité électrique vont créer un nouveau besoin de puissance électrique, qui ne pourra être géré que par un pilotage contraignant de la demande.

Cette obligation de gestion contrôlée de la puissance soutirée n'est évidemment pas du goût des consommateurs habitués à brancher à peu près n'importe quoi n'importe quand.

La liberté actuelle accordée historiquement aux consommateurs est considérée par beaucoup comme un avantage acquis, sa restriction ne sera pas acceptée sans protestations.

Les escarmouches à propos du Linky ne sont qu'un avant-goût de la bronca qui accueillera la mise en place du réseau « intelligent ».

Cette nouvelle approche de la gestion des réseaux de distribution rend obsolète les dispositifs anciens de comptage d'énergie, qui ne permettent pas l'implémentation des fonctions telles que le comptage bidirectionnel, l'échange d'information en temps réel entre l'abonné et le gestionnaire de réseau, la gestion de l'effacement sélectif, le dialogue avec le gestionnaire local d'énergie, etc.

La transition vers les énergies renouvelables ne pourra donc pas s'effectuer si les anciens compteurs ne sont pas remplacés.

Pour toutes ces raisons, la Commission Européenne a voulu anticiper les problèmes en décidant

de rendre obligatoire d'ici 2020 en chaque point de puisage l'installation de compteurs communicants, dont le Linky est le modèle de base.

Le développement de la mobilité électrique va constituer l'un des premiers problèmes à résoudre pour le réseau de distribution.

Il y a en France 35 Millions de voitures particulières.

Selon l'AVERE, il y avait 200 000 véhicules électriques en Octobre 2019.

Ce faible taux de pénétration (moins de 1,6%) n'entraîne aujourd'hui aucun problème de surcharge du réseau, sauf pour les particuliers dont l'installation nécessite une mise à niveau.

Même branchés simultanément en 6 KW, le pic de puissance correspondant ne dépasse pas 1,2 GW, que le réseau actuel peut digérer sans trop de difficulté.

Mais ce marché est appelé à se développer dans les prochaines décennies jusqu'à représenter, selon les prévisions, au moins 30% du parc de véhicules particuliers, en incluant les hybrides rechargeables, soit 12 Millions de batteries à recharger.

(Le reste étant l'affaire des piles à combustible, du Bio Méthane, et des Bio carburants, selon les augures).

La puissance nécessaire à la charge de ces 12 Millions de batteries sera comprise entre quelques GW et plus de 70 GW, selon la quantité de batteries simultanément branchées et selon la puissance du chargeur.

Le réseau se trouvera alors sous la menace d'un pic de consommation qui doublerait la puissance max actuelle, déjà difficilement gérable.

Une telle menace n'est évidemment pas acceptable.

Il est donc impératif de mettre en place, dès maintenant, une stratégie réseau susceptible de gérer ce problème de recharge de batteries de VE, avant d'y être confrontés sans préparation.

Cette stratégie reste à inventer; il est probable qu'il faudra recourir dans certains cas à une production locale d'électricité à base de panneaux photovoltaïques, ou de chaudières à cogénération, associés à des moyens de stockage de type batterie domestique, déjà proposée sur le marché. Ces moyens de stockage pouvant être, ou pas, intégrés au réseau pour participer à la compensation de l'intermittence des renouvelables. Le tout étant géré à distance par le distributeur d'énergie.

Le compteur Linky est en principe prévu pour cela, mais il n'est pas technologiquement indispensable.

La gestion du système domestique (ou professionnel, car nous avons à gérer l'ensemble du secteur résidentiel-tertiaire) est déjà (dans les installations modernes) gérée par un gestionnaire d'énergie local dont les ordres proviennent d'un logiciel programmé localement et commandable à distance.

Il sera aisé, le moment venu, de recevoir ces ordres de l'extérieur grâce au réseau fibre optique en cours de généralisation, ou bien par la 5G dans le contexte de l'Internet des objets (IoT).

Il n'en demeure pas moins que certaines fonctions devront être protégées contre le piratage :

Comptage bidirectionnel de l'énergie, mesure de la puissance, commutation tarifaire, effacement sélectif, modification de l'abonnement, détection de dépassement, etc, qui justifient le maintien d'un compteur électronique plombé.

Mais pas forcément les CPL...

 

 

 

 

 

 

 

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3 novembre 2019 7 03 /11 /novembre /2019 19:10
3 Novembre  2019

 

 Une transition énergétique embourbée.

 

Le modèle de société reçu en héritage des générations précédentes, et que nous avons poussé dans ses derniers retranchements, se révèle aujourd’hui n’être qu’une impasse dont il nous faut sortir sous peine de condamner nos descendants aux pires calamités pouvant conduire à une régression humanitaire qui plongerait dans la nuit les peuples les plus vulnérables.

 

La prise de conscience de la réalité de ce risque, et de l’ampleur de ses conséquences sur l’ensemble de l’Humanité, semble progresser au sein des  classes dirigeantes si l’on en croit les engagements exprimés au cours des multiples réunions internationales (COP XXX) consacrées au problème.

 

Mais chacun peut constater que les bonnes résolutions rapportées dans les comptes-rendus de ces colloques planétaires ne sont pas suivies de réalisations pratiques sur le terrain, du moins pas à la hauteur des promesses, lesquelles sont déjà très en dessous des besoins.

Cette inefficacité ne laisse pas de renforcer la crainte de voir se réaliser la catastrophe annoncée par les lanceurs d’alertes. 

 

A la décharge des décideurs de la Planète il faut rappeler que la cause du grand clash ne se résume pas aux seules émissions de GES, même s’il s’agit de la composante dominante, du moins dans les média.

(La question de savoir qui sont les vrais décideurs, bien qu’essentielle, reste toujours ouverte, mais ceci est une autre histoire).

Les atteintes irréversibles à la biodiversité, l’explosion démographique, la destruction des sols, leur changement d’affectation, la pollution de l’atmosphère, les déforestations, la pollution des océans, l’élévation des leur niveau, l’invasion des déchets, l’artificialisation de l’environnement, etc, sont des menaces au moins aussi importantes que les émissions de GES.

 

L’ampleur et la variété des tâches à accomplir peut en décourager plus d’un, sur le mode de « de toutes façons il est trop tard », ou plus pragmatiquement, « comment allons-nous financer tout çà »?

Parmi les causes du désastre annoncé, et dont les prémices sont déjà visibles,  notre addiction à l’énergie, et la financiarisation de tous les rouages de notre société dite développée, ne sont pas les moindres.

 

Le progrès technologique, dont tout un chacun a pu profiter et profite encore dans de nombreux domaines, ne crachons pas dans la soupe, s’est construit sur l’utilisation massive de l’énergie, qui est présente dans toutes nos activités, soit directement, soit pour la fabrication des objets, des produits, ou des services que nous utilisons.

80% de cette énergie est toujours obtenue à partir des sources fossiles, et en quantités toujours croissantes.

(Même quand il s’agit d’électricité, qui est produite dans le monde en grande majorité à partir des produits fossiles).

 

Or ces sources sont dénoncées, depuis plus de vingt ans, comme principales causes de la détérioration climatique, ce qui en fait l’ennemi à éradiquer prioritairement sous peine d’avoir à subir les pires dommages, décrits dans les rapports du GIEC.

 

Qu’en est-il aujourd’hui après deux décennies de mises en garde et autres proclamations ?

L’examen des courbes annuelles de consommation mondiales d’énergies fossiles affiche toujours un taux de croissance annuelle de 1,5%, ce qui démontre à l’évidence que ce n’est pas demain la veille que ces sources seront abandonnées, sans parler d’éradication qui n’est même plus à l’ordre du jour.

Bien sûr le « peak oil » demeure une menace, mais depuis le temps que la fin du pétrole est annoncé pour demain, on finit par ne plus y croire.

Il y a donc là un premier obstacle majeur contre lequel nos « dirigeants » butent et échouent dans la recherche d’une solution pour le contourner ou l’abattre.

C’est ainsi que, malgré vingt ans d’annonces de bonnes résolutions, les énergies fossiles tiennent toujours le haut du pavé, laissant craindre qu’elles ne soient utilisées jusqu’à leur épuisement*, comme le prédisaient les cassandres de 1997.

(Ce qui serait confirmé, entre autres, par l’annonce de l’acquisition par Total d’un calculateur surpuissant destiné à la recherche de gisements non conventionnels de réserves énergétiques fossiles…).

* Par épuisement il faut entendre rendement d’extraction négatif, lorsqu’il faudra dépenser davantage d’énergie pour extraire la ressource que celle contenue dans la ressource elle-même.

 

Certes les bonnes âmes nous expliqueront que, même si l’on reconnaît le caractère nuisible des énergies fossiles pour le climat de la Planète, leur abandon ne pourra être envisagé qu’à la condition de disposer de solutions de remplacement, sauf à plonger l’économie mondiale dans un désordre dont les effets seraient pires que ceux d’une inaction attentiste.

Bien sûr ce n’est qu’un truisme, on aurait pu aussi bien dire qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs ; le problème demeure cependant incontournable.

 

Tout le monde convient que la seule solution serait de reconstruire une économie, un monde, beaucoup moins gourmand en énergie, mais personne n’a encore trouvé le moyen d’y parvenir sans renverser la table, et donc sans créer de graves désordres.

 

Les exploitants du pétrole, du Gaz et du charbon estiment pouvoir disposer de réserves conséquentes leur permettant d’assurer leur activité au moins jusqu’au prochain siècle, voire au-delà. On parle de réserves  non conventionnelles, et même de pétrole et de Gaz d’origine abiotique. Bien sûr « on » admet qu’il faudra bien un jour penser à trouver autre chose que le trio fossile actuel, mais il n’y a pas le feu au lac, ce qui n’empêche pas d’investir (à un niveau raisonnable) dans les énergies nouvelles, au cas où…Mais quant à investir massivement dans les renouvelables, les temps ne sont pas encore venus de faire le grand saut dans l’inconnu.

A d’autres la patate chaude…

 

Pour ceux qui envisageraient la méthode forte pour imposer une décroissance aux dispensateurs d’énergies fossiles, il faut rappeler que, dans ce domaine, il y a bien longtemps que le pouvoir de décision est passé dans la « main invisible du marché », laquelle est de par sa nature protégée contre toute tentative de pression autre que la rentabilité financière.

A vouloir donner trop de pouvoir à la finance, il fallait bien s’attendre à la voir un jour s’affranchir des problèmes du « pauvre monde ».

 

Mais alors, qui doit se charger de les développer, ces énergies renouvelables ?

 

En fait on ne sait pas très bien.

 

En France, il est très loin le temps où un Général pouvait décider de lancer un programme de centrales électriques et de grands barrages pour doter le pays de l’indépendance en énergie électrique.

Aujourd’hui l’Etat Français en est réduit à lancer des appels d’offres, en espérant intéresser des  « mécènes » qui accepteraient d’investir quelque argent, moyennant de solides compensations financières dont la charge plombe le coût de production pour vingt ans (Et que l’on retrouve sous forme de CSPE).

 

Quant à attendre des commandes directes de l’Etat il n’y faut pas trop compter, eu égard au montant de la dette et au déficit budgétaire, à moins de signer des traites sur la tête de nos enfants.

(Au fait, qu’en penserait Greta ?)

 

Il nous faudra donc accepter la cohabitation avec les énergies fossiles pour une durée indéterminée, certains parlent même de calendes grecques.

Plus sérieusement, une période de deux ou trois générations est peut-être à envisager.

 

Cette addiction aux énergies fossiles n’est hélas pas le seul obstacle à écarter, la financiarisation de la société en est un autre, peut-être plus important.

Nous sommes arrivés (Le « nous » est de pure forme) à la mondialisation d’un système d’économie libérale fondé sur la notion de rentabilité maximale.

Il s’agit bien sûr de rentabilité financière, définie par la croissance du capital investi dans un projet.

L’équation est simplissime :

Un projet, quel qu’il soit, n’est approuvé (donc financé) que si son coût actualisé est « intéressant » pour le porteur de capital.

Dans cette analyse d’actualisation, il est exclusivement tenu compte des aspects financiers du risque pris relativement à la durée du « placement », à l’évolution du cours des monnaies, de l’inflation, du cours des matières premières, de l’obsolescence des technologies utilisées, de la concurrence, du facteur de risque, de la fiscalité, etc.

On pourrait penser à d’autres critères de décisions, comme l’intérêt humanitaire, l’impact sur la biodiversité, la préservation de l’environnement mais, ces préoccupations n’étant pas chiffrables, elles ne sont pas prises en compte dans l’actualisation des coûts, sinon comme éléments d’augmentation du facteur de risque financier, ce qui n’est pas en faveur des énergies renouvelables, comme on peut s’en douter*.

*Voir notamment les sept ans de retard subis par les projets éoliens offshore de la côte atlantique et de la Manche.

Le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables est un saut dans l’inconnu : nouvelles technologies, obsolescence rapide des solutions techniques, nouveaux matériaux, nouveaux marchés, nouveaux acteurs, nouveaux circuits d’approvisionnement en matières, nouvelles réglementations, etc.

Or le financier n’aime pas l’incertitude, il lui attribue un coût qui se traduit par des coûts actualisés chargés par des facteurs de risques en proportion de l’incertitude de ces nouveaux marchés.

Un placement boursier purement spéculatif peut souvent être préféré à un investissement dans un projet industriel dont l’issue pourrait être un désastre financier.

On comprend le manque de précipitation des grands groupes Industriels et financiers (souvent les mêmes) à mettre au rebut des pans entiers d’une activité séculaire bien rodée et qui rapporte beaucoup d’argent, au profit d’un nouveau système qui serait à bâtir entièrement et dont ni la réussite technologique, ni l’intérêt financier, ne sont évidents.

 

Pour tenter de fermer les robinets du pétrole, du Gaz et surtout du charbon, certains ont cru qu’il suffirait de les toucher au cœur, c’est-à-dire au porte-monnaie ; ce fut l’instauration de la taxe carbone.

Mais, grâce à l’invention géniale du principe du « pollueur payeur », et aux   certificats négociables, la punition touche non pas le robinet, mais le consommateur final sous forme de CSPE.

(Le pollueur étant ici non pas celui qui extrait la m…. du sous-sol, mais le malheureux qui la consomme faute de trouver autre chose).

 

Ce tour de bonneteau n’a pas été du goût des « gilets Jaunes » qui ont fait savoir bruyamment que la ficelle était trop grosse et que, de toutes manières, on ne pouvait pas tondre un œuf.

 

L’addiction à l’énergie est consubstantielle de la technologie qui sous-tend nos modes de vie dits « occidentaux », qui concernent moins du quart des habitants actuels de la Planète.

Il a été maintes fois démontré que la tentative d’étendre ces modes de vie à l’ensemble des populations du globe conduirait à une catastrophe écologique définitive, liée à l’épuisement des ressources minières, à l’accumulation des déchets, et tout simplement à l’impossibilité de fournir l’énergie nécessaire aux quinze Milliards de terriens prévus pour la fin du siècle (Hypothèse basse).

 

La pression pour exporter ces modes de vie occidentaux vers une « clientèle » de plus en plus vaste demeure néanmoins très forte, favorisée par la mondialisation de l’économie, et la demande pressante des intéressés qui sont lassés d’être laissés pour comptes.

Il en résulte une très forte demande d’énergie, nécessaire pour alimenter cette croissance.

Injecter des énergies renouvelables dans ce système devenu fou revient à tenter de remplir un puits sans fond.

(Notons que la croissance des riches n’a jamais gêné personne, c’est la croissance des pauvres qui est une calamité, salauds de pauvres…).

 

Il devient de plus en plus évident que le développement, même soutenu, des énergies décarbonées ne suffira pas à remettre l’Humanité sur les bons rails.

(Si tant est qu’Elle y fut un jour).

Les exhortations du GIEC, relayées par Greta, et plus modestement par Pierre Rabbi  ne sont que l’arbre qui cache la forêt.

Quant à Nicolas Hulot, dont l’intégrité et la bonne volonté ne sont pas mises en doute, il a pu constater qu’il ne suffit pas d’être ministre pour pouvoir appliquer ses solutions.

C’est vrai aussi à l’échelon supérieur, Emmanuel Macron peut le constater tous les jours, même si c’est dans d’autres domaines).

 

 

Face à cet Himalaya de problèmes, à l’impossibilité de faire bouger les lignes, le découragement n’est pas loin.

 

Certes, de nombreuses réalisations émergent grâce à de substantielles subventions  mais, d’études en prototypes, de prototypes en préséries, bien peu d’actions d’envergure sont constatées.

En France, vingt ans après les premières alarmes, les énergies éoliennes et solaires ne représentent encore que 1,9% de notre consommation finale d’énergie.

Eh oui, les vrais chiffres sont sans pitié.

D’une part une consommation finale totale de 1800 TWh (155 Mtep), et d’autre part une production éolienne + solaire de 35 TWh.

Alors « on » tente de camoufler ce piètre résultat en amalgamant ces chiffres avec ceux provenant des énergies renouvelables historiques (Hydraulique, Biomasse, Biogaz), ce qui permet d’annoncer 300 TWh qui font, grâce à ce subterfuge, 16,7% des besoins.

1,9%, c’est l’angoisse, alors que 16,7% c’est un grand succès.

(Encore faudrait-il faire des réserves sur l’utilisation de la biomasse, dont le caractère décarboné laisse un peu à désirer, voir notamment les biocarburants et le bois énergie, et que dire de l’huile de palme !).

Au niveau mondial les chiffres ne sont pas meilleurs.

Entre 1990 et 2017 la consommation d’énergies fossiles est passée de 32 000 TWh à 53 000 TWh, soit une croissance soutenue  de +1,5% par an, et qui ne donne aucun signe d’essoufflement.

Ce passage de  32 000 TWh à 53 000, soit + 65% donne la mesure de l’inefficacité totale de l’effort mondial de lutte contre les émissions de CO2.

 

Certes il existe une production mondiale d’énergie renouvelable, mais qui peine à tâcher de suivre le marathon des fossiles, et marque même, selon l’AIE, une pose dans la croissance des puissances installées.

 

La fin du pétrole ne marquera pas la fin des fossiles. Les réserves de Gaz naturel sont encore abondantes et rendent possibles une conversion de nombreuses applications.

Selon le BP Statistical review de 2016, les réserves conventionnelles de gaz naturel seraient de 52 ans à demande stable, durée portée à 230 ans si l’on ajoute les réserves non conventionnelles, qui restent à prouver bien entendu.

Mais par ailleurs les mêmes analystes prévoient un accroissement de la demande d’énergie pour accompagner la croissance des pays du Sud.

En croisant ces prévisions il apparaît que les fossiles auront bien du mal à subsister au-delà de la fin de ce siècle.

A moins que d’ici là des méthodes de séquestration du carbone  ne permettent de donner une nouvelle vie au charbon, peut-être une génération de plus.

 

Un siècle, c’est à la fois peu et beaucoup.

C’est peu si l’on ne fait rien pour remplacer les fossiles, car c’est notre civilisation qui est condamnée.

C’est beaucoup si l’on en juge par ce qui fut fait au cours du siècle écoulé  avec des petits moyens et des connaissances limitées. La science d’aujourd’hui est capable du meilleur comme du pire ; le choix qui nous est proposé n’est ni technologique, ni financier, ni économique, il est simplement Humain, mais c’est peut-être le plus difficile, car dans ce domaine tout est à inventer…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 08:57
25 Octobre 2019

 

L’éolien offshore, une mauvaise affaire…Pour le contribuable français.

 

L’éolien offshore posé est une technologie déjà largement implantée en Europe du Nord, dans les régions disposant de grands espaces littoraux de faible profondeur et d’un régime de vents à la fois forts et réguliers.

En association avec une production hydroélectrique abondante, certains pays de cette zone affichent déjà un mix électrique largement décarboné.

 

La France métropolitaine, qui dispose d’un littoral étendu et diversifié (Manche, Atlantique, Méditerranée), ne possède encore aucune éolienne offshore.

La raison en est simple:

Notre électricité est produite à plus de 90% par les centrales nucléaires, les centrales hydroélectriques, l’éolien terrestre, et le solaire  photovoltaïque, qui sont des technologies décarbonées, donc non concernées par les exigences de la lutte contre les émissions de CO2.

De ce point de vue, le recours à l’éolien offshore n’est donc pas une urgence absolue.

(Rappelons que les technologies électronucléaires satisfont les critères du GIEC, qui ne les a jamais désapprouvées).

 

Dans ce contexte, le programme initial français de lutte contre les émissions de CO2 devait  porter essentiellement sur les économies d’énergies fossiles dans le résidentiel-tertiaire, le développement de l’électromobilité, de la cogénération, des transports collectifs, la filière Hydrogène (Power to Gaz) et la pile à combustible (entre autres).

En témoignent la pression des pouvoirs publics pour la promotion de la voiture électrique et la lutte contre les « passoires thermiques ».

Il était prévu par ailleurs de renouveler le parc électronucléaire vieillissant, grâce à la nouvelle génération de réacteurs ( EPR-2) dont l’EPR de Flamanville est le prototype.  

 

Mais les temps ont changé.

Les opposants au nucléaire, montés en puissance déjà depuis Tchernobyl, ont vu leur audience démultipliée par Fukushima et ont acquis un poids politique incontournable.

Le Gouvernement devait lâcher du lest.

C’est ainsi que fut inscrit au PPE l’objectif de réduction à 50% de la part du nucléaire dans le mix électrique, soit une réduction de  production électronucléaire d’environ 150 TWh, à consommation électrique finale stabilisée, selon les prévisions moyennes.

(Les prévisions d’évolution de la consommation d’énergie électrique affichent une quasi stabilité, autour de 500 TWh , les facteurs d’augmentation étant compensés par l’amélioration des rendements énergétiques et  une meilleure gestion des usages).

Cette réduction devrait en principe concerner deux douzaines de réacteurs REP de la première génération  900 MW.

 

Décision non encore actée, faut-il le rappeler, car à ce jour aucun réacteur n’a encore été mis définitivement à l’arrêt.

(Ce qui autorise certains à considérer cette annonce plutôt comme une posture que comme un programme industriel ; l’avenir dira qui est dans le vrai).

Les deux réacteurs de Fessenheim « devraient » être mis à l’arrêt en 2020 selon les derniers engagements du Gouvernement. Mais EDF demande une forte indemnité, dès lors qu’il s’agit de stopper un outil industriel productif. L’aval de l’ASN sera nécessaire.

Affaire à suivre…

 

Le planning de cette opération de réduction du nucléaire n’a jamais été clairement défini, pour l’excellente raison qu’il faudra d’abord trouver ailleurs les 150 TWh d’électricité renouvelable qui feront défaut lorsque ces réacteurs seront arrêtés.

(Sauf à créer sciemment  une pénurie d’électricité, ce qui est évidemment exclu)

Le planning de la réduction du nucléaire dépend donc étroitement de celui de la croissance des renouvelables, lequel dépend lui-même de facteurs non totalement maîtrisés aujourd’hui.

(On parle de l’horizon 2035 , mais sans grande conviction).

 

On pourrait certes envisager d’importer cette énergie; il existe des programmes EDF pour rendre possibles des transferts d’énergie électrique par câbles depuis des régions favorisées pour l’hydroélectricité, l’éolien ou le photovoltaïque, comme aujourd’hui nous importons pétrole et gaz naturel de différentes contrées.

Des câbles électriques sous-marins existent déjà vers les pays nordiques et bientôt vers l’Afrique du Nord, en sus des liaisons transfrontalières terrestres actuelles qui nous relient à nos voisins immédiats.

Il est prévu d’augmenter ces moyens d’échange dans la prochaine décennie, pour les passer de 10 GW aujourd’hui à 20 GW en 2030.

(Ce programme est l’un des éléments de l’enveloppe de 33 Milliards évaluée par EDF pour moderniser les réseaux et permettre l’accueil des énergies renouvelables intermittentes).

 

Mais systématiser une telle dépendance à l’étranger n’est évidemment pas souhaitable. Les échanges transfrontaliers doivent être réservés à l’équilibrage du réseau interconnecté européen.

Il nous faudra donc fabriquer nous-même ces 150 TWh d’électricité verte manquante, qui viendront s’ajouter aux 100 TWh que nous fabriquons déjà ( 70 TWh d’hydroélectricité et 30 TWh d’éolien terrestre et de photovoltaïque).

 

Cette croissance de notre production d’électricité renouvelable ne pourra pas se trouver dans le développement de l’Hydroélectricité*; en effet, le temps n’est plus où l’on pouvait inonder des vallées et noyer des villages pour établir des barrages, et les principaux cours d’eau sont déjà équipés.

* L’hydraulien pourra constituer un apport, mais son potentiel est limité, de même que les implantations marémotrices.

 

C’est donc au couple Eolien + Solaire que reviendra la tâche de compenser la baisse de production nucléaire.

En France, ces deux technologies ne produisent aujourd’hui que 30 TWh . Demain, à l’horizon 2030-2040, elles devront donc fournir 180 TWh, et beaucoup plus évidemment si la décision est prise de sortir complètement du nucléaire.

(Décision logiquement attendue car en effet, la réduction du nucléaire à 50% du mix électrique ne peut être évidemment qu’une étape vers l’abandon total de cette technologie. S’arrêter au milieu du gué n’aurait aucun sens. Cependant le Gouvernement n’a jamais précisé ses intentions à ce sujet)

 

Pour produire ces quantités considérables d’électricité verte il faudra mobiliser toutes les ressources technologiques modernes, dont l’éolien offshore et le solaire à concentration devront faire partie. 

 

Note :

[Il faut insister sur le fait que ce programme de remplacement d’une partie du nucléaire par de l’éolien et du solaire n’aura évidemment aucun impact sur nos émissions de CO2, puisque le nucléaire est déjà décarboné.

Nos émissions de CO2 ne seront réduites que grâce à un autre programme, qui porte sur les économies d’énergie fossiles et le basculement de certaines applications vers l’électricité, comme les transports, et les pompes à chaleur.

Cette nécessité de tenir deux fers au feu va nous coûter très cher, d’autant plus que les dépenses de démantèlement des réacteurs arrêtés ne génèreront aucun chiffre d’affaire, pas plus que le stockage géologique des déchets, donc aucun retour sur investissement].

 

Pour apporter un peu de crédit à son annonce de réduire la production électronucléaire, le Gouvernement se devait donc de « booster » les programmes de production à partir des renouvelables.

Et quelle meilleure preuve que la mise en chantier de plusieurs parcs éoliens offshore dont l’incontournable visibilité attesterait du dynamisme de l’Etat.

 

C’est dans ce contexte qu’il fut décidé, en 2011 (Grenelle de l’Environnement), de promouvoir le lancement d’un « vaste » programme de construction de parcs éoliens offshore sur les littoraux Manche et Atlantique.

Ce programme comporte six parcs de 500 MW chacun, dont la description figure dans toutes les bonnes publications.

 

Depuis deux décennies le marché de l’éolien offshore posé s’est développé en Europe du Nord et en Allemagne, la technologie est devenue mature, et les coûts de production sont désormais compétitifs.

Le marché de l’électricité est devenu interconnecté et européen, le négociant en électricité se fournit auprès du moins disant. L’électricité ne se stocke pas ; il faut la produire au prix du marché pour ne pas la vendre à perte, ou bien trouver un mécène pour l’acheter au-dessus du cours.

Aujourd’hui le cours se situe autour de 50 euros le MWh.

Démarrer sans expérience dans une technologie déjà arrivée à maturité chez les concurrents d’Europe du Nord, et de plus le faire dans des conditions environnementales difficiles, est un challenge dans lequel le succès n’est pas garanti.

 

Les études préliminaires au programme offshore Manche-Atlantique ont mis en évidence un certain nombre de contraintes propres au littoral français, susceptibles de rebuter les investisseurs privés:

Contrairement aux littoraux nordiques, le littoral français ne dispose pas de vastes étendues en eaux peu profondes et libre de fortes contraintes environnementales, indispensables à l’éolien posé.

Les sites disponibles sont d’une part peu nombreux, et d’autre part très proches des côtes à cause de la profondeur et donc vulnérables aux recours des riverains et autres usagers.

En clair, le littoral français conviendrait davantage à l’éolien flottant, qui peut être installé loin des côtes, mais nécessite une technologie innovante et onéreuse.

(Technologie cependant très prometteuse, dont les premières implantations prototypes sont attendues pour 2020, et qui pourraient concurrencer sérieusement l’éolien posé).

 

D’autre part, l’ambiguïté sur le programme nucléaire, et donc sur le futur marché des renouvelables, crée une incertitude sur la future demande d’électricité éolienne.

En effet, le programme gouvernemental de réduction de la participation du nucléaire à 50% du mix électrique est assorti d’une décision sur la limitation de la puissance max du parc nucléaire à sa valeur actuelle de 63,2 GW, qui laisse planer une ambiguïté sur l’évolution effective de la puissance du parc nucléaire au cours des prochaines décennies.

Il y a une contradiction entre la tolérance de 63,2 GW quant à la puissance du parc nucléaire, et la limitation de sa production à 50% du mix électrique :

Un parc de 63,2 GW peut produire annuellement près de 500 TWh d’électricité, ce qui est incohérent avec la limitation à 50% du mix électrique, sauf à considérer un mix électrique de 1000 TWh, ce qui n’est envisagé dans aucune prévision.

Ce type d’incohérence de la part du Gouvernement est pernicieux.

D’abord pour la légèreté des propos ; l’incohérence à ce niveau n’est pas de nature à rassurer l’industriel sur le sérieux du Politique.

Ensuite pour le flou résultant de ces déclarations pour le moins bizarres, quant aux intentions réelles du Gouvernement concernant la future politique nucléaire, et donc la politique des énergies renouvelables puisque les deux sont intimement liées.

Les premières réponses aux appels d’offres furent le reflet de cette incohérence, et les exigences financières ont entraîné le blocage des projets offshore.

 

Par ailleurs, de nombreux obstacles juridiques se sont présentés ; l’espace choisi étant  partagé avec d’autres activités comme la pêche, la navigation commerciale, la plaisance, il a fallu faire face à des actions de la part des associations de riverains, et des groupes de protection de la nature, de la biodiversité et de l’environnement.

 

Et puis, comme nous l’avons rappelé plus haut, l’éolien offshore n’est pas vraiment  l’urgence du Gouvernement dès lors que le Nucléaire et l’Hydraulique suffisent à la tâche, avec l’appoint de quelques turbines à gaz.

En fait ce projet offshore répond surtout à un besoin d’afficher un intérêt pour les renouvelables davantage dans l’air du temps.

Aujourd’hui les investissements lourds sont plutôt réalisés dans le nucléaire pour prolonger la durée d’exploitation des réacteurs (Investissements post-Fukushima notamment), et dans le réseau qui doit être modernisé.

Voir en particulier les travaux programmés à la centrale du Blayais à l’occasion du grand carénage, concernant la mise en sécurité de l’enceinte « anti-inondations » et le renforcement des radiers pour contenir une éventuelle fuite de corium.

Rappelons que ce grand carénage aura pour objet de prolonger la durée d’exploitation au-delà des quarante ans qui seront bientôt atteints. Tout cela n’est pas de nature à rassurer quant à la volonté réelle d’arrêter les vieilles centrales.

Voir également le chiffrage de 33 Milliards pour le réseau.

 

Pour éviter de laisser le projet éolien offshore moisir dans les cartons, ce qui confirmerait le désintérêt du Gouvernement pour cette technologie, les négociations ont repris récemment pour trouver un compromis entre les industriels désireux d’entrer sur ce marché et l’Etat soucieux d’économiser les deniers publics.

Après sept longues années d’observation et de séjour dans les tunnels juridiques et administratifs, les six projets de parcs éoliens offshore de la côte Atlantique et de la Manche refont surface.

Cette fois c’est juré, on y va.

 

Mais, même si le financement a été revu, la note restera salée…

 

En effet, la Commission Européenne a ratifié en Août les tarifs d’achat de l’électricité produite sur une durée de vingt ans, au prix moyen de 143 euros le MWh, ce qui représente une subvention totale de 22,3 Milliards.

 

Cette manne est supposée compenser la différence entre le coût de production et le prix de marché, évalué à 51 euro.

 

Notons en passant que 22 Milliards, c’est deux fois le coût du prototype EPR de Flamanville.

 

L’ensemble des installations offshore (six parcs) est prévu pour une puissance installée de 3000 MW. La  production annuelle moyenne sera donc de 10 TWh pour un facteur de charge de 0,4.

L’ensemble des six parcs ne produira donc « que » 7%  des 150 TWh nécessaires pour compenser la baisse de 150 TWh prévue de la production nucléaire.

 

Pour mémoire, 10 TWh c’est à peine la production d’un seul réacteur nucléaire de la dernière génération REP en service (réacteurs de 1 400 MW).

Par ailleurs, la durée d’exploitation d’un parc éolien offshore est estimée à 25 ans, au terme desquels les installations doivent être remplacées, alors qu’une installation nucléaire peut fonctionner cinquante ans voire davantage.

(Ces remarques n’ont pas pour objet de promouvoir le nucléaire, mais simplement de donner la mesure de l’effort à accomplir pour le remplacer).

 

On peut se demander quel est l’intérêt d’investir aujourd’hui dans des installations éoliennes offshore « classiques » dont le coût de production sera trois fois celui du marché utilisant la même technologie, d’ailleurs déjà en passe d’être remplacée ( turbines deux fois plus puissantes, et plateformes flottantes) et avec des prix encore plus bas.

Par exemple la nouvelle turbine Haliade-X de General Electric France, qui développe 12 MW avec un facteur de charge annoncé de 0,6 contre 0,4 pour les turbines de 6 MW.

Et bien entendu la technologie flottante dont quelques prototypes sont en évaluation.

 

Voilà donc beaucoup d’argent qui sera apporté par vous et moi comme d’habitude, sous forme d’augmentation du tarif du kWh, et des taxes associées.

 

Il va vraiment falloir choisir entre Nucléaire et Renouvelables.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 juillet 2019 5 26 /07 /juillet /2019 08:33

Les EnR, il n'y a pas que l'Eolien et le Solaire.

26 Juillet 2019

Dans la panoplie des énergies renouvelables, l'Eolien et le Solaire photovoltaïque tiennent en France le haut du pavé, un peu à tort comme nous allons tenter de le montrer.

Aujourd'hui, après dix années de croissance soutenue par les aides de l'Etat, ces deux sources nouvelles d'énergie électrique cumulaient en 2 018 une production de 38 TWh, ce qui représente 2,1 % de la consommation finale nette d'énergie de la France, qui s'élève à environ 153 Mtep, soit 1 800 TWh.

Cette faible part de 2,1 % doit nous inciter à une certaine modestie, d'autant plus qu'il s'agit d'une production dépendante de l'ensoleillement et du régime des vents, toutes choses évidemment hors de contrôle.

Donc non, l'éolien et le solaire ne sont pas (pas encore) le centre de nos efforts pour une transition énergétique. Leur participation dans le mix énergétique demeure très minoritaire, ce qu'on peut regretter, eu égard au tapage médiatique dont ils sont l'objet.

Heureusement, l'effort du Pays en matière d'énergies renouvelables ne se limite pas à l'éolien et au solaire, loin s'en faut.

Le rapport 2 018 du Commissariat Général au Développement Durable nous présente l'état réel des EnR; en voici les grandes lignes.

(Pour plus de clarté toutes les valeurs énergétiques sont exprimées en TWh, avec l'équivalence 1 Mtep = 11, 628 TWh.

Les valeurs pour l'énergie électrique sont actualisées à partir des données du rapport de RTE/ Panorama de l'Electricité renouvelable 2018.

De même nous indiquons seulement les valeurs d'énergie finale nette, qui représentent les besoins réels hors besoins internes du secteur de l'énergie).

La consommation annuelle d'énergie finale renouvelable se répartit ainsi :

109 TWh Electricité ( Hydraulique + Eolien + Solaire PV + Biomasse + Géothermie)

160 TWh Chaleur ( Biomasse solide, Biogaz, Pompes à chaleur, Géothermie)

36 TWh Biocarburants (84% Biodiesel et 16% Bioéthanol).

Pour un total de 305 TWh, sur un total de 1800 TWh toutes énergies confondues renouvelables ou pas.

La part des énergies renouvelables est ainsi de 17%, bien au-dessus des seules énergies éolienne et solaire.

Le piètre bilan des énergies éolienne et solaire est généralement attribué à deux causes principales :

D'une part le maintien de la production d'électricité nucléaire qui fournit, avec l'hydraulique, l'essentiel de nos besoins en électricité, qui plus est presque totalement décarbonée .

(Rappelons que l'électricité des centrales nucléaires est licite du point de vue des émissions de CO2, même si on peut le regretter par ailleurs).

D'autre part le caractère intermittent, voire sporadique, des production éolienne et solaire qui ne peuvent être gérées en grands volumes qu'à la condition de disposer des moyens de stockage appropriés, lesquels n'existent pas encore à hauteur des besoins.

Il est évident que, lorsque l'on dispose d'une production électrique déjà décarbonée, le besoin de développer l'éolien et le solaire se fait moins pressant, d'autant moins que les moyens de stockage associés n'existent pas...

(Les moyens de stockage actuels sont déjà utilisés, et comme disait feu ma grand mère, il ne faut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul).

Dans les 305 TWh d'énergies renouvelables, la production de chaleur est de loin le poste le plus important :

115 TWh Bois énergie ( Bûches, bois de trituration, granulés, résidus)

25 TWh PAC ( Chaleur seule, hors électricité nécessaire).

11 TWh Déchets renouvelables incinérables.

3,4 TWh Biogaz et Bio Méthane injectable.

2,9 TWh Résidus agricoles et agroalimentaires.

2,7 TWh Géothermie

1,1 TWh Solaire thermique.

Pour un total de 160 TWh, soit quatre fois plus que l'éolien et le solaire réunis.

Ce secteur en plein développement, qui produit déjà plus de 50% du total de notre énergie renouvelable, ne fait pas la une des média et c'est bien dommage.

On comprend certes que produire de l'énergie avec de la m..., ce n'est pas très sexy, et que le bois-énergie traîne un fort relent de déforestation, fléau dénoncé par ailleurs.

Mais ne retenir des EnR que la vitrine de l'éolien et du solaire, c'est un peu réducteur.

L'électricité n'arrive qu'en seconde place :

63 TWh Hydroélectricité

28 TWh Eolien

10 TWh Solaire PV.

8 TWh Filière bois-énergie

Soit 109 TWh, constitués pour 60% par l'Hydraulique historique.

En dernier viennent les biocarburants, pour 36 TWh, qui sont en retrait en raison de la politique européenne d'introduction de ce type de carburants, dont les vertus écologiques ne sont pas démontrées.

Les biocarburants de troisième génération, satisfaisant tous les critères, ne sont pas encore disponibles à des coûts compétitifs.

Cette situation peut changer selon la politique européenne de taxation du Carbone.

Ce rapide bilan permet se situer les efforts déjà accomplis, et peut-être de rectifier des fausses impressions induites par la focalisation des média sur les seules énergies éolienne et solaire, oubliant le travail effectué dans les autres secteurs tout aussi importants, voire davantage.

La part des renouvelables dans la consommation finale d'énergie a donc été de 17 % en 2 018.

Le PPE prévoit de porter cette part à 23 % en 2 020, c'est-à-dire demain matin, objectif tout à fait réalisable.

L'après 2 020 dépendra de la Politique mise en œuvre dans les différents domaines sensibles :

(Nous parlons de la « real politique » et non pas des promesses papier qui n'intéressent plus personne depuis longtemps).

- Réduction, ou non, de la production électronucléaire.

On « parle » aujourd'hui de réduire, à l'horizon 2040, voire plus tard, la part de cette production à 50% du mix électrique, mais sans préciser le niveau de production électrique à cette époque, ce qui n'est pas très sérieux.

- Succès, ou échec, de la politique d'incitation aux économies d'énergie, dont dépendra évidemment le besoin énergétique de 2040 et au-delà.

- Evolution de la politique de soutien aux EnR à travers des participations de l' Etat et/ou des tarifs d'achat et répercussions sur la CSPE.

On a vu l'influence de la variation des tarifs d'achat sur le photovoltaïque.

- Evolution de la taxe Carbone, dont le montant sera déterminant pour le développement de la mobilité électrique, donc de la demande d'énergie du même nom.

- Disponibilité, ou non, de biocarburants pouvant remplacer les produits pétroliers.

- Evolution des cours du pétrole et du gaz naturel.

- Politique d'approvisionnement extérieurs en électricité, biogaz, biocarburant, et bois énergie, fonction de l'importance donnée à l'indépendance énergétique.

Ce dernier point, à l'évidence primordial, n'a jamais été évoqué dans le PPE.

Aujourd'hui notre dépendance énergétique aux approvisionnements extérieurs est de 83 %, essentiellement produits fossiles et Uranium.

Notre transition énergétique comportera deux volets :

D'une part le remplacement des produits fossiles et de l'Uranium par des sources renouvelables.

D'autre part utiliser ces sources renouvelables pour fabriquer nous-mêmes l'énergie dont nous aurons besoin.

Le premier volet correspond à nos engagements sur la transition énergétique, nous avons obligation « morale » de nous y conformer.

(Obligation peu contraignante au demeurant).

Le second volet est facultatif dans la mesure où il sera possible (licite) d'acheter des énergies renouvelables sur les marchés internationaux. Les biocarburants et le biogaz se transportent comme les carburants pétroliers et le gaz naturel, l'électricité verte circule aussi bien sur les câbles classiques, et la biomasse est également transportable sans problème.

L'idée de fabriquer sur le territoire toute l'énergie dont nous aurons besoin n'a jamais été clairement exprimée par le Gouvernement.

Tant que ce point n'aura pas été précisé, l'importance de l'effort à fournir pour réaliser la transition énergétique restera indéterminé, du moins en France.

Cette indétermination, jointe à celle de la politique nucléaire, explique en grande partie nos piètres performances en productions solaire et éolienne, et l'absence quasi totale de nouvelles réalisations hydroélectriques.

Face à cet avenir bien incertain nous n'avons à opposer qu'une dette de l'Etat de 100% du PIB, un chômage de masse, une désindustrialisation préoccupante, un budget de crise, une situation sociale critique, des services publics en déroute, et bien d'autres sujets tout aussi alarmants.

Mais rassurez-vous, nous ne manquerons pas d'énergie, avec nos trente-cinq fournisseurs d'électricité et nos quinze fournisseurs de Gaz (chiffres provisoires), le marché de l'énergie s'apparente au souk de jemaa el-Fna, charmeurs de serpents en moins.

Quoi que ….

 

 

 

 

 

 

 

 

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