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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 18:24
 
1er Juin 2012
Triste anniversaire:
Le 19 Mai 2011 la Commission Européenne a renvoyé la France devant la Cour de justice de l’UE pour
« Non respect des valeurs limites …applicables aux particules en suspension connues sous le nom de PM10 ».
Ce retard de la France dans la prise en compte du risque de santé publique créé par la pollution atmosphérique en milieu urbain est à mettre sur le compte d’une certaine exception culturelle, celle-là même à qui nous devons notre retard en matière d’énergies nouvelles.
Dans les deux cas la compétence de nos chercheurs et ingénieurs n’est pas en cause; ce qui nous fait défaut c’est la courroie de transmission entre les laboratoires et le terrain, la chaîne décisionnaire qui permet de passer d’un prototype à l’application.
Cette chaîne est Politique.
Et la Politique n’est pas le meilleur matériau pour fabriquer une chaîne efficace.
Pourtant, en matière de connaissance de la nature, des sources, et de la mesure de la pollution atmosphérique ainsi que de l’étude de ses effets, nous avons les meilleurs experts.
Citons simplement l’ouvrage exhaustif publié sous l’égide de l’INRS sous la direction de Benoît Hervé-Bazin:
« Les nanoparticules, un enjeu majeur pour la santé au travail »
EDP Sciences, 2007, ISBN 978-2-86883-995-4
Et, pour la mesure de la pollution atmosphérique, nous conseillons au lecteur la synthèse publiée par AIRPARIF.
La plupart de nos données chiffrées sont extraites de ces deux documents.
Il existe des normes européennes fixant des limites à la concentration de particules polluantes dans l’atmosphère.
Aujourd’hui, pour faire simple, la limite en vigueur est de 50 micro gramme par mètre cube pour les PM10.
(Les PM10 sont les particules dont le diamètre équivalent est inférieur à 10 microns).
Cette limite ne doit pas être dépassée pendant plus de 24 Heures, et plus de 35 jours par an, la moyenne annuelle devant rester inférieure à 40 micro gramme par mètre cube.
La France n’a pas respecté ces limites, et se trouve exposée à des sanctions financières.
En pratique, ce sont les particules fines et ultrafines qui sont les plus nocives pour la santé. Ces particules, inférieures à 2,5 microns, pénètrent à l’intérieur des voies respiratoires, s’y déposent, et causent les ravages que l’on imagine.
La lutte contre ces particules est difficile car on imagine aisément que leur taille leur permet de s’insinuer partout.
Par exemple les filtres à particules dont sont équipés les moteurs modernes laissent passer les particules inférieures à 2,5 microns ( PM2,5).
Les PM10 font l’objet de mesures de concentration massique, et les limites sont données en masse par mètre cube.
Cette méthode n’est pas valable pour les PM2,5 car ce n’est pas leur masse qui est importante, mais leur nombre.
La mesure dans ce cas est difficile à mettre en œuvre, longue, et son automatisation pose problème.
La Commission Européenne a pourtant introduit des limites pour la pollution par les PM2,5, qui seront en principe applicables à partir de 2015 .
Les valeurs courantes mesurées pour la pollution atmosphérique par les PM2,5 en concentration massique ne semblent pas alarmantes. On trouve des moyennes de 20 microgrammes par mètre cube.
Mais il est important d’insister sur l’importance du nombre des particules correspondant à ce chiffre.
20 microgrammes de particules dont le diamètre équivalent massique moyen est de 100 nanomètres correspondent à une concentration de 20000 particules par cm3 ( entre 10 000 et 50 000 ).
En 24 heures un individu en milieu urbain inhale donc un volume d’air contenant environ 1000 Milliards de particules polluantes!
Un certain nombre de ces particules se déposent dans les voies respiratoires selon leur grosseur. Voies supérieures, trachée, bronches, et jusqu’aux alvéoles pour les plus petites ( nanoparticules).
La plupart sont évacuées par les mécanismes de défense ( macrophages, clairance pulmonaire) , mais ces mécanismes peuvent être débordés. Dans ce cas apparaissent des problèmes respiratoires chroniques et parfois des cancers.
Il a été établi de manière indiscutable un rapport entre la concentration des particules dans l’atmosphère et la fréquence des maladies respiratoires et des cancers.
D’autre part, il n’a pas été mis en évidence de seuil en-dessous duquel les particules seraient inoffensives.
Nous sommes donc en présence d’un problème majeur de santé publique susceptible de causer des dégâts comparables à ceux de l’amiante.
Les sources anthropiques d’émission de particules sont diverses, comme en témoignent des graphiques ci-dessous:
 
Origine-des-particules.png 
Tous les secteurs d’activité contribuent à la pollution. Les transports sont souvent montrés du doigt mais ils n’apportent pas la plus forte contribution.
Les mesures de dépollution des moteurs de nos automobiles seront insuffisantes si des mesures comparables ne sont pas appliquées aux autres sources, particulièrement le résidentiel/tertiaire pour le chauffage, et l’industrie.
A suivre…
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commentaires

E
samedi 2 juin<br /> Bonjour,<br /> Excellemment clair (et vif) merci !.<br /> "Y'a du boulot" ...<br /> ED
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