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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 18:25

 

13 Septembre 2012

 

Dans un article précédent ( 07/12/2011, rubrique énergie, «Un compteur (trop) intelligent » ) nous avons présenté le nouveau compteur Linky destiné à équiper la totalité des usagers professionnels ou particuliers raccordés au réseau électrique.

 

Une phase de validation sur le terrain a permis d’obtenir l’approbation du système, qui a pris une existence officielle par la parution au JO de l’arrêté du 4 Janvier 2012 autorisant le déploiement des compteurs intelligents.

 

Jusqu’à présent, le fournisseur d’énergie se bornait à raccorder l’abonné à un réseau commun, par l’intermédiaire d’un dispositif de comptage d’énergie. Quelques signaux rudimentaires étaient transmis par CPL (Courants Porteurs en Ligne) afin de commuter le mode tarifaire et d’actionner un contact Heures creuses.

 

Il n’existait aucun canal de communication de données permettant au fournisseur d’énergie d’interfacer avec l’installation d’usager en aval du compteur.

 

Ce système très rustique présentait l’avantage de garantir la protection de la vie privée dans son aspect utilisation de l’énergie. Seule la quantité d’énergie était mesurée périodiquement et facturée, la manière d’utiliser cette énergie ( comment et quand) demeurait du domaine privé.

 

Mais le monde de l’énergie est en train de changer:

 

Le vieux système de distribution de l’énergie électrique était fondé sur un concept dépassé, celui de l’adaptation de l’offre à la demande, quelle que soit cette demande et quelle que soit son augmentation d’une année sur l’autre. Le fournisseur d’énergie devait prévoir des surcapacités déraisonnables pour être en mesure de satisfaire les pointes de consommation.

 

L’arrivée des énergies nouvelles, essentiellement solaire et éolienne, ne permet plus cette gestion à sens unique d’adaptation de l’offre à la demande. En effet, les énergies nouvelles sont intermittentes par définition et la courbe de la demande n’est pas superposable à la courbe de l’offre.

 

Il est donc devenu indispensable de développer un véritable système de gestion de l’énergie, sur un nouveau concept qui introduit la possibilité d’adapter la demande à l’offre.

 

La gestion de la distribution de l’électricité doit alors être conçue en tant que réseau de communication bidirectionnelle entre les fournisseurs d’énergie et les usagers.

 

Pour des raisons évidentes de simplicité et de coût le support physique de la communication est le réseau de distribution lui-même. Les données échangées utilisent la technologie CPL déjà largement en usage par ailleurs.

 

Les nouveaux compteurs intelligents intègrent les interfaces nécessaires à la communication avec les fournisseurs d’énergie d’une part, et avec l’installation de l’usager d‘autre part, selon le niveau communicant des matériels installés.

 

L’installation d’un nouveau compteur n’oblige en aucune façon l’usager à remplacer ses matériels, la rétro-compatibilité est assurée.

 

Les fonctionnalités nouvelles rendues possibles grâce à ces nouveaux compteurs n’entreront en service que très progressivement, il s’agit d’une démarche long terme. Dans un premier temps l’usager ne verra pas de différence avec l’ancien système et pourra se demander à quoi cela peut servir. Un gros travail de communication auprès du public sera nécessaire pour expliquer qu’en fait il s’agit de préparer l’après 2020-2030 et qu’une transition énergétique réussie suppose des investissements programmés longtemps à l’avance.

 

Par contre, ce qui changera immédiatement, c’est la fin du secret sur l’utilisation de l’énergie électrique. Le quand et comment le client consomme son électricité cessera d’être du domaine privé puisque les fournisseurs sauront en temps réel quelle est la consommation instantanée.

 

Ces informations permettront de définir un profil d’utilisateur, sans pour autant connaître le détail de sa consommation énergétique.

 

Sauf si l’usager accepte de s’équiper en matériels communicants, chaque appareil possédant une interface capable de dialoguer avec une centrale domotique et avec le ou les fournisseurs d’énergie à travers le compteur intelligent.

 

Par le biais d’une politique tarifaire incitative, les fournisseurs d’énergie pourront alors négocier avec l’usager des contrats incluant des possibilités de délestage sur certains matériels et/ou le démarrage programmé d’appareils gros consommateurs tels que chauffe-eau, machine à laver, secteurs de chauffage, chargement de batterie de véhicule électrique, etc…

 

Cette gestion distribuée permettra de lisser la consommation globale et d’atténuer fortement les pointes de consommation à l’échelon régional ou national.

 

Ce réseau communicant est perçu par certains comme une violation de la vie privée. Il existe une crainte, en partie justifiée, de voir les données particulières tomber entre des mains indésirables et de les voir utilisées à des fin commerciales ou frauduleuses.

 

Contre ce risque, le protocole de communication est crypté. Il reste bien sûr à faire la preuve de l’efficacité de cette protection.

 

Le CEPD ( Contrôleur Européen de la Protection des Données) se préoccupe de l’évaluation de ce risque de détournement de données.

 

En France, l’UFC Que choisir a engagé un recours devant le Conseil d’Etat dans le but d’obtenir l’annulation de la généralisation du compteur intelligent Linky.

 

La CNIL a émis bien sûr des recommandations pour renforcer la protection et surtout le contrôle de l’usage de ces données.

 

Ce problème, qui devrait trouver une solution assez rapidement, est une retombée inattendue de la transition énergétique. D’autres retombées, autrement dérangeantes, sont à attendre car nos habitudes de consommation devront être révisées drastiquement.

 

 

 

 

 

 

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