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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 18:20

 

12 Avril 2013

Vous avez aimé les réacteurs nucléaires et admiré leurs prestations notamment à Tchernobyl et Fukushima, et à ces occasions vous avez pu apprécier le sérieux apporté à la conception et à l’exploitation de ces magnifiques réalisations.

Vous serez alors comblés par le spectacle que nous promet la prochaine version conçue par le Docteur Folamour, il s’agit du réacteur Flexblue.

Rappelons d’abord que, malgré les mouvements d’opinion exigeant la sortie du nucléaire, les objectifs de développement de la filière sont confortés et donc que les travaux continuent pendant la crise.

En France, ITER, ASTRID, EPR, se portent bien , merci.

Le fournisseur avisé d’électricité doit avoir un catalogue complet pour être en mesure de s’imposer sur le marché mondial.

Pour les pays développés, qui disposent d’une infrastructure de distribution électrique très complète, la solution choisie ( à tort ou à raison) est celle des grosses centrales équipées de réacteurs de 1 500 MWe du type de l’EPR.

Cette solution ne convient pas pour équiper des pays dépourvus d’infrastructure électrique. Il faut alors proposer des petites unités ( 50 à 250 MWe) pour alimenter des réseaux locaux.

Ce projet de dissémination de petites unités nucléaires dans des zones à stabilité politique précaire et souvent en proie à des conflits locaux, a bien sûr soulevé le problème de la sécurité. La vulnérabilité des petites installations terrestres à des attaques terroristes est un obstacle à leur implantation, et peut-être contraire à l’esprit de lutte contre la dissémination de la technologie nucléaire..

Pour tourner la difficulté, le Docteur Folamour a proposé tout simplement d’installer ces réacteurs au fond de la mer !

C’est le projet Flexblue de la DCNS.

Il s’agit en gros de placer le réacteur dans une sorte de sous-marin sans équipage, et de déposer la chose sur des fonds de 50 à 100 mètres de profondeur, à peu de distance de la côte à alimenter.

L’étude est quasiment terminée. Il reste maintenant à évaluer la validité du concept par rapport aux risques de sécurité.

Pour cette phase, essentielle dans le contexte actuel, on aurait pu penser que l’industriel aurait fait appel à ses meilleurs ingénieurs. En fait c’est un stagiaire qui est recruté !

On trouvera ci-après un extrait de l’annonce pour le recrutement de la personne qui travaillera sur le problème:

« Stage Performances de sûreté d'un réacteur immergé à sûreté passive (Flexblue) (1 poste)

Employeur : DCNS

…L’architecture préliminaire des systèmes ayant été définie, il s’agit désormais de valider et de quantifier les performances de ces systèmes, afin de s’assurer du respect des exigences de sureté.

Le/la stagiaire simulera des scénarios accidentels du réacteur Flexblue en s'appuyant sur des codes thermo hydrauliques de type CATHARE (et neutroniques si besoin). Les scénarios d'intérêt seront à déterminer en début de stage : par exemple accidents de perte de réfrigérant primaire (APRP), rupture de tuyauterie vapeur (RTV) et station blackout.

Le stagiaire évaluera les performances de sûreté de Flexblue dans ces scénarios, notamment à travers diverses études de sensibilité sur certains paramètres physiques et émettra des recommandations aux concepteurs du réacteur. On comparera ces performances avec celles des réacteurs terrestres.

Le/la stagiaire travaillera avec l'équipe conception du réacteur Flexblue, les équipes de dimensionnement et de fabrication des composants nucléaires DCNS et les spécialistes de codes de calcul….. » .

Bien sûr, on n’imagine pas que le stagiaire sera laissé seul en face d’un problème aussi primordial, mais on aurait quand même préféré un ingénieur sénior confirmé, et mieux encore une équipe pluridisciplinaire.

Quant à évaluer la sureté d’une telle installation sous-marine par rapport aux risques de sabotages terroristes, le Docteur Folamour ignore probablement qu’il est plus facile d’aller poser une mine magnétique sur une cible fixe aux profondeurs envisagées que de s’attaquer en terrain découvert à une installation terrestre qui peut être bunkerisée et gardée.

D’autre part, en l’absence de personnel permanent dans la centrale sous-marine, toute intervention de première urgence est impossible et c’est l’accident de niveau 7 assuré, avec les conséquences sur l’environnement que l’on peut aisément imaginer.

Décidément les leçons de Fukushima n’ont pas été comprises, le déni du risque reste ancré dans les esprits.

Il nous reste à espérer que les réductions budgétaires viendront à bout de ce projet démentiel.

Et de quelques autres du même tonneau.

 

 

 

 

 

 

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commentaires

E
Bonsoir,<br /> Belle démonstration d'une nouvelle "folie" oui, très probablement.<br /> En principe, cela devrait se soigner mais ...<br /> En tous cas, une nouvelle preuve que "la mer est une poubelle" hélas.<br /> PS 1 - Pour Fukushima, la presse (dont Ouest-France et Le Télégramme) signale de nouvelles fuites radioactives ... en "brève" donc quelques lignes ... Qui s'en soucie ????<br /> <br /> Cordialement.<br /> ED
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