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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 18:08

 

 

3 Mars 2012

Les circonstances dramatiques que l’on sait ont placé le Japon dans une situation involontaire de sortie brutale du nucléaire. Depuis la catastrophe, la plupart des réacteurs ont été arrêtés pour travaux d’entretien réguliers, et personne ne veut prendre la responsabilité de les remettre en service eu égard à la forte opposition des populations. Seuls deux réacteurs demeurent encore en service sur un parc de cinquante-quatre avant la catastrophe, ces deux réacteurs devant d’ailleurs être arrêtés au mois de Mai pour les habituels travaux d’entretien programmés.

Cette sortie impromptue du nucléaire s’est donc effectuée spontanément sans décision gouvernementale, évènement sans précédent.

Devant le fort mouvement d’opinion contre la remise en service des réacteurs arrêtés, même après une inspection poussée et des travaux de consolidation, le gouvernement ne prendra pas le risque de passer en force.

Le pays se prépare donc à une année 2012 difficile au plan énergétique.

C’est 28% de la production d’électricité qui fait défaut, et qu’il faut compenser d’une manière ou d’une autre, en attendant une solution définitive.

Dans l’immédiat une trithérapie est appliquée:

- Augmentation de l’activité des centrales thermiques à charbon, gaz et fuel, qui assuraient déjà 68% de la production électrique, accompagnée de la remise en service de vieilles centrales thermiques déclassées.

- Augmentation des importations de combustibles fossiles, pour alimenter les centrales en fuel et gaz naturel.

- Mise en place d’une politique imposée de réduction des consommations.

Ce traitement ne peut être que transitoire, car il est un retour à des pratiques condamnées d’usage des énergies fossiles dont l’épuisement est inéluctable, il est aussi un renoncement aux engagements de réduction des émissions de CO2, et une aggravation de la dépendance énergétique. Sans compter la charge sur le bilan du commerce extérieur.

Le suivi de la mise en oeuvre de cette trithérapie de choc sera du plus grand intérêt pour les Etats susceptibles d’être confrontés à un problème similaire dans les prochaines années. Il permettra de mesurer l’aptitude du gouvernement nippon à résister à la solution de facilité que serait une relance des réacteurs nucléaires, plutôt que de choisir la voie étroite du développement massif des énergies durables. Il sera également intéressant de mesurer le niveau d’adhésion des populations aux consignes de modération.

Un an après le séisme, les programmes nucléaires dans le monde ne semblent pas significativement affectés: L’Agence Internationale de l’Energie maintient ses prévisions d’accroissement de 60% des capacités nucléaires en 2035 pour l’ensemble de la planète.

Tchernobyl et Fukushima n’auront donc pas suffit à « régler son compte » au nucléaire, sauf dans certaines régions du monde où l’opinion des populations possède encore quelque influence, et bien sûr sous la pression des circonstances comme au Japon.

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