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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 11:16

20 Novembre 2015

Contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, la pollution atmosphérique par les émissions automobiles est une préoccupation affichée de la Commission Européenne depuis un demi siècle. Oui, vous avez bien lu, un demi siècle…

Cette préoccupation s’est traduite par d’innombrables travaux accomplis par de non moins innombrables commissions d’où sont issues un certain nombre de directives fixant des limites aux émissions polluantes, et précisant les conditions dans lesquelles ces émissions doivent être mesurées.

Le choix d’une procédure de test d’homologation est évidemment la clé du système. Un test trop exigeant serait efficace du point de vue de la santé publique mais pénaliserait lourdement les industriels. L’Europe étant d’abord un « marché » commun, le test retenu se devait donc d’être le moins contraignant possible tout en restant un gage de sérieux pour le consommateur.

Parmi les 256 procédures alors existantes de par le monde, soit en labo soit sur le terrain, un cycle de test « européanisé » fut établi, c’est le NEDC ( New European Driving Cycle). La directive 70/220/ EEC , publiée au JO le 6.4 1970, est une des premières réglementations dans ce domaine, elle est basée sur ce cycle, qui est resté en usage depuis 1970.

Il n’a jamais été modifié depuis, malgré les bouleversements de la technologie automobile et des conditions de circulation qui sont intervenus en plus de quarante ans.

Pourtant, dès son introduction, son inadéquation à traduire le vrai comportement des véhicules en usage « normal » était connue de tous. On imagine sans peine qu’aujourd’hui, quarante-cinq ans plus tard, les résultats donnés par ce cycle n’ont plus que de lointains rapports avec la réalité de la circulation routière de 2015.

Cette « tricherie » sur les consommations, les émissions de CO2 et de polluants CO, NOx, COV, etc, est donc généralisée et ce depuis quarante cinq ans.

Admirons au passage la puissance sans faille du lobby automobile qui a réussi, quarante-cinq ans durant, à faire avaler cette couleuvre aux autorités Européennes, aux Gouvernements nationaux, et bien sûr aux consommateurs.

Pour cacher ce tour de bonneteau, les différents acteurs-bénéficiaires de la supercherie ont communiqué sur des « travaux » visant à définir une méthode universelle de mesure de consommation et des émissions polluantes qui soit aussi conforme que possible aux conditions réelles d’utilisation. Il s’agit du fameux cycle RDE « Real world Driving Emission » qui, comme l’Arlésienne, fait beaucoup parler de lui mais n’apparaît jamais ailleurs que dans des rapports d’études souvent largement financés.

Il y eu ainsi le projet Européen ARTEMIS: « Assessment & Reliability of Transport Emission Models & Inventory Systems » Projet réunissant 50 participants de 17 Pays, sur une période 2 000 - 2 004 et avec un financement de 9 millions d’euros.

Ces travaux ont accouché entre autres de plusieurs spécifications de cycles de test « réalistes » des véhicules ( Urbain, Rural, Autoroutier 130 km/h, Autoroutier 150 km/h) baptisés CADC ( Common Artemis Driving Cycles). De nombreuses campagnes de mesures ont permis de créer un outil fiable de caractérisation des performances des véhicules dans différentes situations, et notamment d’établir des comparaisons entre les vraies valeurs des émissions polluantes et les valeurs délivrées par le vieux test NEDC.

A ces travaux il faut associer la base de données HBEFA ( HandBook of Emission Factors for road transportation). Cette base de données est établie en collaboration entre L’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, la Suède, la Norvège, la France, et le JRC ( Joint Research Center of Européan Commission). Elle est basée sur des campagnes de mesures multinationales. La première parution date de 1995, avec une mise à jour continue. Le support de la base est le MICET version 2.1 ( Manuel d’Information des coefficients d’émission du trafic routier ).

Il est donc établi sans aucun doute possible que le problème des divergences entre les résultats des tests d’homologation officiels et les performances réelles des véhicules en usage normal est connu de l’ensemble des acteurs de l’Industrie Automobile depuis des décennies.

A ce stade il ne faut même plus parler de tromperie mais plutôt d’un consensus de tous les acteurs, avec la complicité bienveillante des autorités Européennes et Nationales.

Il faut reconnaître que durant cette période, près d’un demi-siècle tout de même, le consommateur n’a pas eu lieu de se plaindre. Les consommations de carburant ont globalement diminué, de même que les odeurs et les fumées. Les émissions de CO2 ont également chuté puisqu’elles sont corrélées avec les consommations. Quant aux NOx, au CO, aux COV, et aux nanoparticules, et autres poisons non encore identifiés, nous sommes priés de les respirer en silence.

c’était du moins le cas jusqu’à présent.

Sous la protection bienveillante de la déesse Artemis, et du cycle NEDC, les constructeurs pouvaient se lacher et produire des véhicules émettant à peu près n’importe quoi pourvu que les apparences soient respectées lors du test d’homologation. On peut voir ainsi en 2015 sur nos routes des véhicules sortant d’usine émettant sans vergogne toute sorte de gaz polluants en quantités largement supérieurs à la norme.

L’affaire Volkswagen est venue inopinément perturber ce « jeu ». Les constructeurs sont désormais tenus d’afficher ( toujours l’affichage) des comportements vertueux, et de jurer, la main sur le cœur, que tout sera fait pour redresser une situation devenue scabreuse car sujette à des actions juridiques.

C’est ainsi que le nouveau cycle étalon WLTC, indéfiniment retardé, se voit bénéficier d’une promotion anticipée. Il serait introduit en 2017. C’est toujours un test de laboratoire, qui doit impérativement être complété d’un test routier.

Pour ce test routier l’ACEA ( Association des Constructeurs Européens d’Automobiles) prend les devants et propose un programme de développement d’une procédure de test routier RDE ( Real world Driving Emissions).

Ce programme est étalé sur cinq ans, il faudra donc attendre encore un peu pour savoir officiellement combien nos voitures consomment réellement et ce qu’elles émettent comme polluants.

En attendant il faudra faire confiance au cycle WLTC…lorsqu’il sera adopté.

Les détails sont consultables dans les document suivants:

« AECC Clean Diesel Euro 6 Real Driving Emissions Project »

Brussels, 29 Avril 2015.

Et:

« Introduction scenario for RDE development and industrialisation »

EUROPEAN PARLIAMENT / ENVI Commity + ACEA.

Et:

« Manipulation of fuel economy test results by car makers : Further évidence, cost and solutions » Transport & Environment, November 2014.

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