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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 17:58

28 Juillet 2015

La France accueillera la COP 21 en Décembre. Cette échéance est importante car il s'agit cette fois non plus de parlotes mais bien de décisions sur lesquelles les 196 Etats participants devront s'engager.

C'est du moins l'esprit de ce meeting.

L'objectif est d'obtenir un accord juridiquement contraignant pour tenter de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C.

25 000 délégués officiels seront réunis à Paris dans ce but.

Bien sûr les sceptiques ne manqueront pas de rappeler que moult réunions du même genre se sont déjà tenues dans un passé récent ( 20 depuis 1995, sans compter les conférences périphériques) dont il n'est jamais rien sorti de consistant, ou si peu...

Par le nombre extravagant des participants ( On parle de 40 000, plus 3000 journalistes) cette 21è conférence s'apparente plus à un jamboree qu'à un groupe de travail.

Le peu de résultats acquis précédemment ne doit cependant pas inciter à jeter le bébé avec l'eau du bain. Peut-être suffit-il de changer l'eau ou d'y ajouter quelque ingrédient régénérateur, il semble que telle est la démarche entreprise.

Chaque Etat participant est donc prié d'arriver avec des propositions d'engagements concrètes et si possible des preuves de réalisations déjà obtenues ou d'actions entreprises.

En tant que puissance invitante, la France se doit de donner l'exemple et de présenter un dossier solide et crédible. Nos représentants, et le chef de l'Etat en particulier, en sont pleinement conscients, du moins on l'espère.

L'époque est donc révolue des programmes mirifiques dont la réalisation est reportée aux calendes grecques. L'horizon 2030, voire même 2050, ne fait plus rêver personne, il faut maintenant présenter des décisions arrêtées, des programmes en cours, des financements clairement identifiés, des modèles économiques solidement construits.

Logiquement le sujet central sera la transition énergétique, puisque le réchauffement du climat est attribué pour l'essentiel à la consommation frénétique des énergies fossiles.

Or en ce domaine la France présente un tableau peu glorieux qu'il sera difficile de valoriser et de présenter comme un exemple à suivre.

Notre Président devra faire appel à toutes ses ressources diplomatiques, qui sont certes grandes, pour réussir à vendre la peau d'un ours dont jusqu'à présent personne n'a encore vu une oreille.

A des projets papier nous promettant pour 2050 un monde décarboné, dépollué, désintoxiqué du pétrole, il serait facile d'opposer des constats d'actualité prouvant le peu de crédibilité dans la volonté réelle de faire changer les choses.

Comment justifier des situations comme celles-ci :

- Disposer du plus vaste littoral maritime, sans une seule éolienne offshore, alors que notre voisin allemand, peu gâté en matière de littoral, en possède déjà des centaines.

- Annoncer une baisse de la part de l'électronucléaire à 50% de la production électrique, sans pouvoir annoncer l'objectif de cette production.

- Se poser en champion des énergies renouvelables et dans le même temps développer une filière électronucléaire nouvelle.

- Annoncer un programme de rénovation thermique des bâtiments à hauteur de 500 000 logements par an sans avoir identifié le modèle économique de financement.

- Combattre le diesel au nom de la lutte contre le CO2 alors que les véhicules diesel n'émettent pas plus de CO2 que les véhicules à essence, voire moins ( 10% de moins en général ).

- Prôner l'usage du véhicule électrique et n'offrir encore que 600 prises de recharge rapide pour un parc de 30 millions de voitures.

- Promouvoir des transports propres et dans le même temps annoncer le remplacement de certaines liaisons ferroviaires par des autocars, diesel bien entendu.

- Promettre des "ZAPA" sans se donner les moyens de les mettre en service.

- Etc…

Il faudra l'adresse d'un prestidigitateur pour transformer ces vessies en lanternes et obtenir les applaudissements du public.

A l'échelon planétaire la lutte contre le réchauffement est un challenge de très haut niveau.

Si l'on accepte la relation de cause à effet entre la consommation d'énergies fossiles et le réchauffement, la solution évidente réside dans une décroissance de cette consommation, avec un objectif de réduction drastique impliquant même le renoncement à court terme aux réserves existantes.

Hors de ce douloureux choix il n'y a point de salut.

Il semble que notre ministre ait eu la même idée puisqu'il court des rumeurs de surtaxation prochaine des carburants routiers. Il serait effectivement de la première logique de faire supporter le financement des énergies nouvelles par les énergies fossiles que l'on prétend combattre, et non pas par l'électricité qui est le carburant de l'avenir. La CSPE n'est-elle pas faite pour cela ?

Le renoncement aux énergies fossiles doit intervenir alors que, par ailleurs, les besoins énergétiques des pays émergents sont croissants.

Si les pays développés peuvent, à la rigueur, supporter le coût d'une transition énergétique, fut-ce au prix de quelques "sacrifices" consentis grâce à la perspective de beaux retours sur investissements, les autres pays, qui peinent déjà à garder la tête hors de l'eau, ne pourront accéder au monde décarboné qu'avec des aides financières plus que substantielles.

Ils ont d'ailleurs déjà annoncé la couleur…

Le principal challenge de la COP21 sera d'obtenir et de gérer ce financement, qui s'annonce colossal.

Le second volet de la COP21 est l'engagement des Etats sur un programme de mitigation des effets du réchauffement.

Ces effets, déjà largement identifiés et médiatisés pour l'édification des foules, sont annoncés par le GIEC comme ceux d'une catastrophe cosmique dont l'ampleur sera à la mesure de l'importance du réchauffement. Deux degrés seront paraît-il gérables, cinq degrés et nous n'y réchapperont pas, du moins en tant que civilisation.

Le laisser-aller n'est donc plus de mise.

Sur le front de la lutte contre les énergies fossiles la situation actuelle est peu encourageante:

Selon les prévisions de l'EIA International Energy Outlook 2013, la consommation mondiale du trio pétrole-charbon-Gaz naturel aura augmenté de 30% en 2030 par rapport à 2010, et ceci malgré une augmentation concomitante de 66% des énergies renouvelables et de 100% de l'électronucléaire.

On mesure à ces chiffres l'ampleur de la tâche qui attend les "régulateurs" de la COP21 face à cet appétit vorace de peuples qui veulent désormais obtenir des standards de vie décents comparables à ceux des pays de l'OCDE, et qui les en blâmerait ?

Les pays de l'OCDE ne représentent aujourd'hui que 18% de la population mondiale, et 13% en 2050 lorsque nous serons 9 Milliards sur la planète.

Il ne suffira pas que ces 13% là adoptent un comportement énergétique vertueux, la face du climat n'en serait pas significativement changée. Ce sont bien les autres 87% qui devront être tenus à bout de bras pour les dissuader de suivre le même chemin qui nous a conduit à cette impasse.

Tel est le défi qui attend les participants à la COP 21.

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